Michel Barnier renonce à augmenter les taxes sur l'électricité, l'une des principales demandes de Marine Le Pen pour ne pas le censurer dans les prochains jours. Mais le chef du gouvernement reste toujours sous la menace d'une motion de censure. Jordan Bardella estime que "des lignes rouges demeurent".
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00:00La politique, Mathieu Croissando, Marine Le Pen a donc fixé un ultimatum à Michel Barnier.
00:05Il a jusqu'à lundi, dit la patronne des députés RN, sinon ce sera la censure.
00:10Mais jusqu'à lundi, pour quoi faire en fait ?
00:12Alors il a jusqu'à lundi, pour céder.
00:14Céder aux quatre lignes rouges fixées par le Rassemblement national.
00:18Vous savez, il y avait la hausse des taxes sur l'électricité,
00:21il y avait la question des allégements de charges sur les bas salaires,
00:24il y avait aussi la revalorisation à minima des retraites au 1er janvier,
00:29et puis il y avait la baisse du remboursement des médicaments.
00:31Alors pour les deux premières, c'est chose faite, on en vient à en parler,
00:34la hausse des taxes sur l'électricité et puis les allégements de charges,
00:38ça c'est un geste qui avait été fait notamment pour Gabriel Attal aussi, qui le réclamait.
00:43Mais pour le reste, ça paraît plus compliqué pour les deux qui restent,
00:46parce que faire un geste supplémentaire pour les retraites,
00:48c'est-à-dire indexer comme il était prévu tout au départ les retraites à l'inflation au 1er janvier,
00:53d'abord ça coûte cher et puis ça torpillerait la victoire qu'avait revendiquée,
00:56vous vous souvenez qui, Laurent Wauquiez, il y a deux semaines, à la télé.
00:59Quant à la baisse du remboursement des médicaments, ça aussi ça coûte cher,
01:03puisqu'on prévoit d'essayer de limiter le dérapage des comptes de la sécu,
01:07pas que avec ça, mais ça représente quand même entre 900 millions et 1 milliard cette seule mesure.
01:12Alors pour faire bon poids, Michel Barnier a ajouté de lui-même une refonte de l'aide médicale d'État,
01:19qui est plutôt symbolique qu'économique, mais qui va évidemment satisfaire le Rassemblement national,
01:25et puis l'instauration de la proportionnelle, vous savez, il a prévu de faire réfléchir Pascal Perrineau,
01:30le politologue, et puis d'essayer d'en introduire pour les législatives,
01:34mais je vais vous dire, le problème pour Michel Barnier, c'est qu'il a surtout mis le doigt dans un engrenage infernal.
01:38Alors je vais te poser la question naïvement, parce que le Rassemblement national va continuer à faire monter les enchères ?
01:41On ne voit pas pourquoi il s'arrêterait en si bon chemin, c'est d'ailleurs pour ça que tous les négociateurs
01:45vous disent qu'il ne faut jamais céder à la menace ou au chantage,
01:50parce qu'on voit déjà surgir d'autres lignes rouges du Rassemblement national qui va étoffer sa liste de courses au fil des jours.
01:57Le Rassemblement national demande par exemple, ok, c'est bon pour la hausse des taxes sur l'électricité qui est supprimée,
02:03mais comment vous allez financer tout ça ? Donc maintenant, on voit bien que les demandes vont surgir et vont réapparaître au fil des jours.
02:11Cerise sur le gâteau, Marine Le Pen demande même que Michel Barnier reconnaisse publiquement
02:15qu'il s'agit d'une concession au Rassemblement national. Bah oui, pourquoi se gêner ?
02:20Et là, il y a ce côté, il a jusqu'à lundi, ça fait un peu demande de rançon quand même.
02:23Est-ce que Michel Barnier, il a commis une erreur ?
02:26Ça interroge en tout cas sur les qualités de celui qu'on présentait comme un grand négociateur,
02:31vous savez le Brexit, mais on se dit à quoi bon avoir résisté à Boris Johnson si c'est pour se coucher devant Jean-Philippe Tanguy et Marine Le Pen ?
02:37Il aurait pu négocier avec eux quand il les a reçus lundi dernier, il ne l'a pas fait.
02:43Il est venu au 20h, vous vous souvenez, le lendemain à TF1 pour ne rien dire,
02:48et puis tout ça pour céder deux jours plus tard au Rassemblement national, mais sans le reconnaître.
02:53En fait, Michel Barnier, il tente de s'acheter un sursis, c'est un moyen de faire retomber la pression,
02:57et on verra lundi si ça a marché, mais on rappelle qu'il y a aussi le budget de l'État cette fois-ci, 15 jours plus tard.
03:03Mais le Premier ministre va y laisser beaucoup de plumes, politiquement je l'ai dit,
03:06parce qu'il apparaît aujourd'hui dans la main du Rassemblement national sans même avoir négocié avec eux l'assurance dans une forme de compromis politique.
03:13On comprend pourquoi il ne le fait pas, et puis ça pose problème aussi économiquement,
03:16parce que toutes ces concessions coûtent cher, alors il y a celles qui ont été annoncées hier,
03:20mais ça s'ajoute à d'autres qui avaient été prises auparavant,
03:23et on voit mal comment on va ramener les déficits publics à 5% du PIB comme le gouvernement s'y était engagé.
03:29L'arbitrage de Matignon, c'est qu'il vaut mieux un mauvais budget que pas de budget du tout,
03:33et puis surtout, il vaut mieux que Michel Barnier reste plutôt qu'il tombe.