Le corps sans vie de la journaliste indépendante Marine Vlahovic, 39 ans, a été retrouvé sur le toit terrasse de son appartement marseillais. Une autopsie ordonnée par le parquet de Marseille déterminera les circonstances de sa mort. Après avoir longuement enquêté sur le décès du militant écologiste Rémi Fraisse (tué par une grenade offensive lancée par un gendarme lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens), Marine Vlahovic était devenue correspondante à Ramallah, en Cisjordanie. Marine Vlahovic avait été correspondante de plusieurs radios francophones, et en particulier RFI et Radio France, à Ramallah, en Cisjordanie, de 2016 à 2019.
De son expérience, elle a tiré ses Carnets de correspondante diffusés sur Arte Radio. Ces Carnets lui ont d’ailleurs valu d’être lauréate du Prix Scam du podcast documentaire en 2021.
Marine Vlahovic était ensuite revenue en France où elle s’était installée à Marseille, aimantée comme toujours par la Méditerranée. Après les massacres du 7 octobre 2023, suite auxquels Israël a entamé la guerre toujours en cours contre Gaza, elle avait tenté de s’y rendre, en vain. Elle était restée bloquée au Caire.
Elle n’avait pas cessé, ces derniers mois, de relayer les voix de ses confrères journalistes gazaouis, tout en essayant de leur envoyer des colis de produits de première nécessité.
Après 15 ans de métier, dégoûtée par le traitement médiatique de la guerre à Gaza par les médias français, elle n’avait pas demandé le renouvellement de sa carte de presse, note Télérama.
De son expérience, elle a tiré ses Carnets de correspondante diffusés sur Arte Radio. Ces Carnets lui ont d’ailleurs valu d’être lauréate du Prix Scam du podcast documentaire en 2021.
Marine Vlahovic était ensuite revenue en France où elle s’était installée à Marseille, aimantée comme toujours par la Méditerranée. Après les massacres du 7 octobre 2023, suite auxquels Israël a entamé la guerre toujours en cours contre Gaza, elle avait tenté de s’y rendre, en vain. Elle était restée bloquée au Caire.
Elle n’avait pas cessé, ces derniers mois, de relayer les voix de ses confrères journalistes gazaouis, tout en essayant de leur envoyer des colis de produits de première nécessité.
Après 15 ans de métier, dégoûtée par le traitement médiatique de la guerre à Gaza par les médias français, elle n’avait pas demandé le renouvellement de sa carte de presse, note Télérama.
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00:00Alors, il y a une belle histoire dans Maghreb Orient Express aujourd'hui.
00:02C'est que dans votre documentaire, Le souffle de Beyrouth, Marine Vlahovic,
00:06vous racontez l'histoire de Rana Aïd, l'histoire du Liban aussi.
00:09Alors, Rana Aïd, c'est une sound designer.
00:11Elle collectionne des sons depuis qu'elle est toute petite,
00:13depuis qu'elle est enfant et elle a travaillé sur votre film.
00:15Exactement. Elle a fait le son de Costa Brava à Liban.
00:18Oui, je me disais, le son est quand même excellent.
00:19Et j'avais remarqué un peu qu'il y avait une passerelle entre vos deux oeuvres.
00:22Comment vous vous êtes intéressée à elle et pourquoi étiez-vous autant fascinée
00:25par sa démarche pour en faire un documentaire sonore ?
00:29Moi, je faisais des allers-retours entre la France et le Liban en 2014.
00:32C'était ma découverte de Beyrouth, en fait.
00:35Et très vite, je me suis retrouvée en difficulté
00:37parce que je n'arrivais pas à enregistrer les sons de Beyrouth.
00:40Je n'arrivais pas à faire des ambiances de Beyrouth.
00:42C'est mon travail. Moi, je suis documentariste sonore.
00:44Donc, le son, voilà, j'y suis particulièrement sensible.
00:49Et en fait, j'ai contacté Rana Aïd simplement pour en discuter au début,
00:53pour lui dire, je n'arrive pas à enregistrer le son de cette ville.
00:56Il y a trop de basses fréquences.
00:57J'ai l'impression que tout se mélange.
00:59Je n'arrive pas à isoler des moments, des endroits.
01:01Oui, vraiment.
01:02Et on a été boire un café.
01:04Elle m'a dit, c'est tout à fait normal.
01:06C'est tout à fait normal.
01:06Il faut bien connaître et bien parcourir.
01:08Vous êtes tombée sur la bonne personne, pour le coup.
01:11Et elle m'a raconté cette histoire qu'elle a commencée.
01:14Elle a enregistré des sons de la guerre sigile sur radiocassettes.
01:17Quand elle était toute enfant, elle avait six ans.
01:20Et puis, c'est quelque chose ensuite qu'elle a oublié pendant son adolescence
01:23avant de reprendre des études d'ingénieur du son à la fac de cinéma
01:29et avant d'en faire finalement son métier.
01:31Donc, c'est devenu une ingénieure du son, une sound designer quand même assez reconnue.
01:34Et puis, elle a aussi réalisé un film où le son prend toute son importance.
01:40Et donc, elle m'a fait découvrir ces archives en 2014.
01:42J'ai enregistré ces séquences-là.
01:45C'était assez intéressant,
01:46parce que pour moi, je voulais enregistrer quelqu'un qui écoute et qui explique.
01:50Donc, ça forme la trame finalement du documentaire.
01:53J'ai poursuivi ma route. J'ai été correspondante en Palestine.
01:56Je n'allais plus au Liban. Je ne suis pas retournée au Liban pendant sept ans.
01:59Et le projet avec Rana était inachevé.
02:01Mais je l'avais toujours dans un coin de ma tête.
02:02Et puis surtout, je continuais à surveiller ce qui se passait au Liban.
02:06J'étais à côté. C'était un peu inaccessible, mais voilà.
02:10Et c'est vrai que...
02:12On va voir ce que ça donne à l'image et au son plutôt, pardon.
02:15Même s'il y a une image, forcément, on va voir la silhouette de Rana.
02:18Regardez.
02:20Le souffle dont on parlait, c'était un souffle.
02:24C'était surtout, surtout les ponts, les voitures, le son des voitures.
02:29Et pfff...
02:33Après, des voix.
02:34C'est le brouhaha des gens.
02:36C'est les gens qui s'appellent pour vendre leurs marchandises.
02:40Comme tu vois, tu ne peux pas distinguer.
02:42Sauf s'il y a des cris.
02:44Les cris, c'est comme les klaxons spécifiques.
02:47Mais en général, c'est du brouhaha.
02:53Mais il n'y avait jamais un silence paisible.
02:56Jamais.
02:59Beaucoup trop de son.
03:01Voilà pour l'expérience sonore.
03:03Vous l'avez dit, elle a pris des sons de la guerre civile.
03:07Il y a l'explosion du port de Beyrouth aussi.
03:09Votre documentaire sonore, c'est au fond aussi l'histoire du Liban que vous avez voulu retracer.
03:14Oui, exactement.
03:15En fait, c'est un portrait de Rana Aïd.
03:17Mais c'est surtout un portrait de Beyrouth et du Liban.
03:20En choisissant de le traiter par ce sens et ce média qui est finalement sous-estimé.
03:26On ne fait pas attention au son.
03:28Et là, le documentaire dure une quarantaine de minutes.
03:32C'est très rapide à l'écoute.
03:34Ça passe très rapidement.
03:35Parce qu'il y a cette histoire du Liban qui est vraiment en filigrane.
03:39Et qui est mélangée aussi avec le récit intime de Rana Aïd.
03:43Elle raconte notamment les massacres de Sabra et Châtilet.
03:45Un moment dans votre documentaire où elle dit qu'elle voit un bras d'un enfant.
03:48Et que sa mère lui dit que c'est une poupée.
03:49Elle dit, ce jour-là j'ai compris que ma mère m'a menti.
03:52Un moment, il y a le clic-clac d'un on-ne-en-sait-quoi.
03:55Elle dit, c'est les panneaux publicitaires.
03:56Elle dénonce aussi le capitalisme.
03:58Selon elle, incarné par l'ancien Premier ministre assassiné Rafi Kariri.
04:01Elle a une vraie démarche.
04:03Pour moi, ce documentaire, c'est un manifeste politique du son.
04:06C'est-à-dire qu'elle explique au travers de sa passion par le son.
04:10Tout le délitement du Liban et les différentes étapes.
04:15Il y a des séquences qui sont consacrées à cette illusion post-guerre civile.
04:20Qui a gagné le Liban.
04:22Les dollars, les faux dollars plutôt.
04:24L'illusion de la reconstruction de Beyrouth.
04:28Et je trouve que c'est très important.
04:30Parce qu'au travers du son, on arrive finalement à reconstruire une mémoire collective.
04:35Et c'est un dénominateur commun aussi.