Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Emmanuelle Ducrot, bonjour c'est à vous !
00:02Bonjour Dimitri ! Bonjour à tous !
00:04Vous nous parlez des cours du café...
00:05Oui, rien à voir avec tout ce qu'on vient de se raconter...
00:07Ah bah non, mais il en faut en ce moment du café justement pour...
00:10C'est sûr que je peux vous dire que ça va...
00:13Je pense qu'on va en boire quelques-uns...
00:15Quelques tasses, effectivement.
00:16Les cours mondiaux volent de record en record.
00:18Nous devons nous attendre à le payer beaucoup plus cher le petit noir
00:22et ça doit nous servir d'alerte, vous nous dites, sur la souveraineté alimentaire.
00:26Oui, les cours du café crèvent le plafond.
00:28L'Arabica, c'est-à-dire le café supérieur, est à son plus haut depuis près de 50 ans.
00:33Il se négocie désormais 3,30$ la livre, donc on parle de livre américaine,
00:37à 450 grammes quand on parle de café.
00:39C'est un record depuis qu'on est dans une époque d'échanges mondiaux massifiés du café.
00:43C'est un produit dont la consommation ne cesse de croître.
00:47On en a consommé 10,7 millions de tonnes en 2023 dans le monde.
00:51C'est 20% de plus qu'il y a 10 ans
00:53et ce sera 20% de plus encore d'ici à la fin de la décennie.
00:56Comment on explique cette flambée des cours ?
00:58Le café, c'est un concentré des grandes questions planétaires dans une simple tasse.
01:03D'abord, c'est une culture qui est heurtée par le changement climatique.
01:06Le Brésil, qui est le plus important producteur mondial, le plus grand exportateur aussi,
01:11est frappé par une des pires sécheresses depuis le début des relevés nationaux, il y a 70 ans.
01:16Ça fait 4 ans que c'est très compliqué pour la culture du café
01:19et ça s'est doublé cette année d'incendies d'une ampleur hors normes
01:22pour la plupart d'origines criminelles.
01:24Vous savez, c'est cette grande lutte pour la terre qui se fait au détriment de l'Amazonie.
01:27À ça, il faut rajouter des maladies toujours plus nombreuses avec les pluies déréglées,
01:31un typhon dévastateur au Vietnam, un autre producteur important,
01:34et la tasse est pleine et ça ne va pas s'arranger.
01:37D'ici à 2050, la moitié des surfaces actuelles de caféiers
01:40seront sans doute devenues trop chaudes pour être cultivées.
01:43On va devoir remonter les cultures en altitude ou tout simplement renoncer.
01:47Le café est aussi très sensible à la géopolitique mondiale.
01:51Oui, tous les indicateurs montrent que le café va rester durablement cher.
01:54À court terme, les perturbations dans le transport maritime,
01:57dans la mer Rouge du fait des attaques des outils,
02:00ça renchérit le prix du café.
02:02Le futur règlement de l'Union Européenne sur la déforestation, ça pèsera aussi.
02:06Comme la soif de la Chine qui en consomme de plus en plus le café,
02:10ça va avec le développement de la classe moellienne.
02:12Je ne vous fais pas de dessin.
02:13Offre sous pression, demande qui croit, des prix qui grimpent, qui grimpent, qui grimpent.
02:17Et il n'y a pas que le café qui flambe.
02:19Non, c'est aussi le cas de tout ce qu'on appelle les matières premières du petit-déjeuner.
02:23Et toujours avec plus ou moins les mêmes raisons.
02:25Production perturbée, appétit qui augmente avec la population mondiale.
02:29Le cacao par exemple, il a augmenté de 120% depuis le début de l'année.
02:32C'est un record historique. Pourquoi ?
02:34Parce que la Côte d'Ivoire, qui représente 40% de la production mondiale,
02:38a enregistré en octobre des précipitations anormales.
02:40Et ça a entraîné le développement de maladies.
02:43On les appelle les maladies des cabosses noires et ça abîme la récolte.
02:46Et idem pour le jus d'orange.
02:47Oui, là aussi, la production est à son plus bas niveau depuis des décennies.
02:51Et les cours à des niveaux jamais vus.
02:53Les ouragans ont arraché les trois quarts des plantations de Floride.
02:57Et puis une maladie, celle du dragon jaune, ravage les orangers.
03:00Alors pourquoi je vous raconte tout ça ?
03:02Parce que là, on parle de cultures pour lesquelles on n'a aucune souveraineté.
03:05On est dépendant à 100% et on n'a aucune façon d'amortir les hausses.
03:10En revanche, on en a sur la plupart des autres grandes productions alimentaires.
03:14Si on veut, dans un monde en plein bouleversement, sécuriser nos quantités nécessaires,
03:19et puis aussi les prix, ça se prépare maintenant.
03:22Avant de devenir dépendant, comme pour le café, le chocolat ou le jus d'orange.