Dans son édito du 13/12/2024, Gauthier Le Bret revient sur la nomination d'un nouveau Premier ministre.
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00:00Oui, à la farce, ça devient grossier, parce qu'imaginez s'il n'y a toujours pas de Premier ministre ce matin,
00:05on va finir par se tenir les côtes, alors on va repousser à midi,
00:09on nous dira bon, c'est ce soir, puis ça sera le week-end prochain.
00:11Ça fait une semaine que le Premier ministre doit être nommé.
00:14Je vous rappelle, parce qu'on l'oublie, qu'au départ, on voulait un Premier ministre,
00:18Emmanuel Macron voulait un Premier ministre de plein exercice face à Donald Trump
00:22et pas Michel Barnier, Premier ministre démissionnaire.
00:25Et puis c'est sans cesse se repousser. Alors pourquoi ?
00:28Parce qu'Emmanuel Macron, il a une méthode, il fait fuiter des noms dans la presse,
00:31du moins son entourage, soit avec une réelle volonté de le nommer,
00:35soit ce qu'on appelle un leurre.
00:36En fait, vous testez un nom que vous balancez dans la presse pour voir un peu les réactions.
00:40Et hier, celui qui s'est retrouvé dans la presse, c'est Roland Lescure,
00:44ancien ministre de l'Industrie, qui est resté plus de deux ans à Bercy.
00:48Et alors là, ça a été une véritable levée de bouclier, parce que c'est très dur pour eux.
00:51François Bayrou, c'est pareil, il se retrouve propulsé comme ça dans la presse.
00:55François Bayrou, on peut dire qu'il mène une véritable campagne.
00:57Ils se font hacher menu par tous leurs opposants pour, au final, peut-être ne pas se retrouver à Matignon.
01:03Donc l'exercice est assez compliqué.
01:04Donc Roland Lescure, il s'est retrouvé, je le disais, cité pour Matignon, soutenu,
01:09ça on l'a appris par Alexis Colère, le secrétaire général de l'Elysée,
01:13qui fait et défait les premiers ministres.
01:15C'était lui qui soutenait Michel Barnier il y a trois mois.
01:18C'est lui qui a soutenu la nomination d'Elisabeth Borne au profit de Catherine Vautrin il y a deux ans.
01:24Et Roland Lescure, alors levée de bouclier XXL, l'entourage de Bruno Rotaillot,
01:27pourquoi ? Parce qu'il a critiqué ouvertement Bruno Rotaillot expliquant qu'il faisait des poutous à Marine Le Pen.
01:33C'était les propos de Roland Lescure.
01:35Les macronistes, Roland Lescure étant de l'aile gauche,
01:38toutes l'aile droite se disent « c'est pas possible, on ne peut pas nommer cet homme-là à Matignon ».
01:42En fait, la volonté, c'était de prendre quelqu'un de l'aile gauche pour ouvrir vers les socialistes.
01:46Mais qu'a fait Olivier Faure hier ?
01:47Il a fait une déclaration pour dire que tout socialiste qui entrerait dans un gouvernement
01:51où le premier ministre n'est pas lui-même issu du nouveau Front populaire, de la gauche, serait exclu.
01:56Donc, c'est là où on voit qu'avoir les socialistes comme partenaires, ça peut poser question pour Emmanuel Macron.
02:01Emmanuel Macron qui compte sur le Parti socialiste, sur le PS.
02:04C'est ça. En fait, il veut changer de partenaire.
02:07Il faut reconnaître les choses.
02:08Les partenaires du gouvernement Barnier, c'était le Rassemblement national, c'était eux les arbitres.
02:13De fait.
02:14Et là, il veut que les arbitres soient les socialistes.
02:17Et il ne se pose pas la bonne question, Emmanuel Macron, il ne se dit pas qui a le moins de chances d'être censuré.
02:21Parce que s'il se posait cette question-là, il arriverait peut-être au nom de Sébastien Lecornu
02:25avec le RN qui garderait son pouvoir de vie ou de mort.
02:28Non, il se dit comment je peux faire pour enlever son pouvoir de vie ou de mort sur le gouvernement à Marine Le Pen
02:34et qui a le plus de chances de plaire aux socialistes.
02:36Mais les socialistes peuvent être des partenaires encore plus précaires et encore moins fiables que le Rassemblement national.
02:42Je prends un exemple hyper concret.
02:44Bruno Rotailleau.
02:45Vous pensez que ça tient combien de temps un gouvernement avec Bruno Rotailleau, ministre de l'Intérieur, non censuré par les socialistes ?
02:51Dès que Bruno Rotailleau fera une déclaration dans l'hémicycle pour dire qu'il faut modifier l'état de droit ou l'état du droit,
02:57qu'il faut augmenter l'application des obligations de quitter le territoire, qu'il ne faut régulariser qu'au compte-gouttes,
03:02vous aurez un tollé chez les socialistes et un risque de censure très rapide.
03:06Donc c'est sans doute, là, la mauvaise stratégie d'Emmanuel Macron, c'est de choisir les socialistes comme partenaires
03:11plutôt que le Rassemblement national.
03:12C'est sans doute un mauvais choix tactique.
03:14Un Premier ministre, quel qu'il soit, va pouvoir tenir dans ces conditions ou pas ?
03:19C'est vraiment de l'ordre du miracle.
03:22Il n'y a pas de formule magique.
03:23Il n'y a personne qui peut arriver avec une majorité absolue au Parlement.
03:28Emmanuel Macron devant les chefs de groupe et les chefs de parti cette semaine.
03:33L'objectif, il a dit, ce n'est pas de 49-3, pas de censure, pas de dissolution, pas de démission.
03:39Au bout d'un moment, c'est beau de rêver.
03:40Qui a le profil pour tenir 30 mois ?
03:42Parce que c'est l'objectif d'Emmanuel Macron, tenir Premier ministre 30 mois.
03:46Aujourd'hui, absolument personne.
03:48Dès que le RN ou les socialistes décideront d'appuyer sur le bouton, le gouvernement tombera.