Dans son édito du 17/10/2024, Gauthier Le Bret revient sur le dérapage au niveau des finances publiques françaises.
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00:00Oui, parce qu'en neuf mois, on est passé d'un déficit de 4,4% du PIB à 6,1%.
00:05Alors comme ça, ça ne veut pas dire grand-chose.
00:07C'est 50 milliards.
00:08En neuf mois, on a creusé les choses de 50 milliards.
00:12Et le rapporteur Jean-François Husson du budget au Sénat parle de potentiels
00:18grands mensonges d'État et d'une situation totalement inédite
00:23dans l'histoire de la Ve République.
00:25Passer d'un déficit, gagner deux points de déficit en neuf mois,
00:30c'est totalement inédit.
00:31Alors la vérité apparaîtra plus tard.
00:33Ce n'est pas moi qui le dis, ça.
00:34C'est un texto de Bruno Le Maire qui, il y a une semaine, a envoyé ce message
00:39à un journaliste du service public.
00:42Et là, ça a mis le feu aux poudres.
00:44Parce qu'on se dit, s'il y a une vérité à faire apparaître,
00:47ça veut dire qu'il y a eu mensonge.
00:49C'est ce que sous-entend Bruno Le Maire en disant,
00:52c'est pas de ma faute, le mensonge, la dissimulation potentielle,
00:55ce n'est certainement pas moi qui l'ai voulu.
00:58Alors, il faut savoir que Bruno Le Maire était à Paris,
01:00puisqu'il donne des cours en Suisse maintenant, on le sait,
01:01mais il était à Paris cette semaine et il a réuni ses proches députés
01:05dans un restaurant, tout en prévenant la presse pour que la presse
01:09puisse filmer son arrivée et puisse montrer qu'il est entouré
01:12et qu'il a des soutiens.
01:14D'ailleurs, vous avez dit, le rapporteur, ça va être Éric Ciotti,
01:17le président, Éric Coquerel, donc c'est complètement transpartisan,
01:20la France Insoumise est le nouveau parti de l'ancien patron des Républicains.
01:24Mais il y a un autre rapporteur, Mathieu Lefèvre, qui est lui,
01:27macroniste, et lui, il jure que cette commission d'enquête
01:30va être très utile pour montrer qu'il n'y a jamais eu de complot
01:33et jamais eu de dissimulation.
01:35Donc ça, c'est ce que va devoir prouver ou non cette commission d'enquête.
01:38La relation entre Bruno Le Maire et le président de la République,
01:42Emmanuel Macron, s'est sérieusement refroidie.
01:44Elle est tout bonnement catastrophique,
01:46parce que quand Bruno Le Maire sous-entend, c'est pas de ma faute,
01:49c'est pour charger le président de la République, évidemment.
01:51Alors pourquoi les relations se sont tendues ?
01:54Déjà, Bruno Le Maire, après il faisait de nombreux déjeuners avec la presse
01:57pour dire qu'il n'avait jamais compris les raisons de cette dissolution,
02:00que c'était une folie.
02:01La stratégie d'Emmanuel Macron, c'était de prendre de surprise tous les députés,
02:06parce que, selon lui, il y aurait eu une censure sur le budget,
02:10actuellement, au mois d'octobre.
02:12Bruno Le Maire dit partout qu'il n'y aurait jamais eu de censure,
02:14c'était une pure folie de dissoudre, il n'aurait jamais dû dissoudre.
02:17Évidemment, quand Bruno Le Maire dit ça, c'est tout de suite rapporté à l'Elysée,
02:20vous vous en doutez.
02:21Et puis Bruno Le Maire, il avait fait la une du JDD pour la promotion de son livre,
02:26et il proposait de grandes mesures économiques.
02:29Emmanuel Macron avait fait fuiter dans la presse,
02:31dommage qu'il ne soit pas ministre depuis 7 ans.
02:33Donc vous voyez comment les relations s'étaient tendues.
02:36Et enfin, Bruno Le Maire, il avait proposé un projet de loi de finances rectificative,
02:41en disant qu'il faut faire de sérieuses économies.
02:43Éric Coquerel l'a reconnu, le patron de cette nouvelle commission d'enquête,
02:46en disant que c'est vrai que Bruno Le Maire avait tiré la sonnette d'alarme.
02:49Sauf que l'Elysée lui avait dit non, hors de question,
02:52de faire un projet de loi de finances rectificative.
02:53Je vois exactement, vous me précédez, la raison que sous-entend Bruno Le Maire,
03:00c'est qu'on ne m'a pas laissé faire de projet de loi de finances rectificatives
03:03parce qu'il y avait les européennes et qu'il ne fallait pas dire à tout le monde
03:06que c'était complètement un dérapage incontrôlé.
03:10Il y a un enjeu très important pour Bruno Le Maire dans cette affaire.
03:13Oui, l'ancien ministre André Valigny l'a dit sur cette antenne,
03:17tout cela peut mener à la Cour de justice de la République.
03:19Vous savez que la Cour de justice de la République,
03:21elle juge les ministres et les anciens ministres
03:24pour ce qu'ils ont fait durant leur fonction de ministre.
03:28On se souvient que le dernier procès retentissant,
03:30c'était celui d'Éric Dupond-Moretti.
03:32Donc, s'il est prouvé par cette commission d'enquête,
03:36évidemment tout cela est au conditionnel,
03:38qu'il y a eu une dissimulation volontaire de l'état des comptes publics,
03:42comme ce que sous-entend le rapporteur général du budget au Sénat.
03:46Cela peut aller très loin.
03:47Il peut y avoir effectivement des conséquences judiciaires.
03:50Et là, pourquoi Bruno Le Maire a tout intérêt à charger le président de la République ?
03:53Parce que le président de la République, il a une immunité.
03:56Donc, lui, il n'y aura aucune conséquence judiciaire pour lui.
03:58Donc, si vous voulez, les destins ne sont pas du tout les mêmes.
04:00Peu importe ce qui se passe,
04:02Emmanuel Macron ne sera jamais embêté pour le dérapage des comptes publics,
04:06alors que Bruno Le Maire, lui, il peut se retrouver
04:08devant la CGR, la Cour de justice de la République.
04:11Donc, c'est pour ça aussi que c'est important,
04:13parce qu'il y a une épée de Damoclès au-dessus de la tête
04:14de l'ancien ministre de l'économie et des finances.
04:16Mais il s'est passé quelque chose ?
04:17Voilà, est-ce que c'est un mensonge d'État ?
04:20Est-ce que, voilà, il s'est passé quelque chose ?
04:21Ah, ça, c'est sûr.
04:22Il y a eu un dérapage.
04:23En fait, il y a deux possibilités, amateurisme ou mensonge.
04:26Voilà, ou mensonge.