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Antoine Oberdorff, journaliste au service politique, revient sur les relations tendues entre François Bayrou et le Parti socialiste

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00:00François Bayrou peut-il encore acheter sa survie auprès des socialistes ?
00:03Et surtout, à quel prix ?
00:09S'il n'opère pas un virage sur la gauche et vite,
00:11le patron du Bodem risque de connaître le même sort que son prédécesseur.
00:14Dans la boîte noire dont a hérité François Bayrou
00:17après le crash de Michel Barnier, il y avait un message.
00:19Il faut d'urgence se tirer des griffes de Marine Le Pen,
00:22ne plus avoir à dépendre du vote des 142 députés du RN et siotistes.
00:27Pour survivre dans cet hémicycle réputé ingouvernable,
00:30il n'y a pas 36 solutions, il faut tâcher la neutralité des 66 députés PS.
00:34Après tout, ils comptent dans leur rang un ancien président de la République,
00:37François Hollande, et puis beaucoup de grands-mères à l'échelle du territoire.
00:40Ils ne peuvent pas durablement se faire les agents du chaos
00:43à l'inverse de leurs camarades de la France Insoumise.
00:45Mais on ne peut pas dire que les premières entrevues à Matignon
00:48avec les responsables socialistes aient été concluantes.
00:50Bien au contraire, Olivier Faure, Boris Vallaud et Patrick Cannaire,
00:53le triumvirate de la direction socialiste,
00:55est sorti pour le moins déçu, voire dépité, de ce premier échange avec le BRN,
01:00qui, arrivant à Matignon, n'avait en réalité rien à leur dire.
01:03Ils n'avaient surtout aucune concession à leur faire sur le fond,
01:06ni sur la réforme des retraites dont ils demandent l'abrogation ou à minimal le gel,
01:10ni sur la revalorisation des salaires,
01:11ni même sur une nouvelle répartition de la charge fiscale.
01:15Rien qui ne leur permette de sceller cet accord de non-censure.
01:18Rien de nature à aller dissuader d'appuyer une deuxième fois sur le bouton rouge
01:21en l'espace de quelques semaines.
01:23Notre trio socialiste est sorti extrêmement déçu de Matignon,
01:26nous confier lundi à un conseiller proche d'Olivier Faure.
01:28Ils nous ont décrit un Bayrou prétentieux
01:30qui se prenait pour De Gaulle sans aucune idée ni projet.
01:34On peut appeler ça un faux départ.
01:35Et pourtant, la direction socialiste s'est présentée à ces négociations
01:39avec le visage d'une opposition constructive, responsable, ouverte aux compromis.
01:43S'ils sont aussi souples et qu'ils s'éloignent de l'intransigeance programmatique
01:46du nouveau Front populaire,
01:47c'est que les socialistes d'Olivier Faure veulent à tout prix éviter
01:50la perspective d'une présidentielle anticipée.
01:52Cette présidentielle anticipée qui ferait suite à une éventuelle démission d'Emmanuel Macron
01:57et qui précipiterait le cours des événements,
01:59créant les conditions d'un face-à-face entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.
02:02Bien sûr, face caméra, les porte-parole du Parti socialiste ne vous diront pas cela.
02:05Ils vous diront que cet accord de non-censure,
02:07c'est la garantie d'obtenir des avancées concrètes pour la vie des Français,
02:11de ramener des victoires à la maison, comme ils le disent.
02:13La stabilité, les socialistes la veulent et la recherchent,
02:16mais l'affaire paraît bien mal embarquée.
02:17Avant même qu'il n'ait obtenu la moindre garantie
02:21ou la moindre satisfaction sur l'un des points du programme du No Front Populaire,
02:24toute la gauche s'est trouvée de bonnes raisons
02:27de ne pas donner sa confiance, ou sa neutralité en tout cas, au gouvernement Bayrou.
02:30Voir le Bernay grimper à bord d'un Falcon pour s'envoler vers le conseil municipal de Pau
02:35en pleine crise humanitaire à Mayotte a eu le don de les mettre en rogne.
02:38Mais ce n'est rien, à côté des embardés de Bruno Retailleau,
02:41le ministre de l'Intérieur démissionnaire,
02:44quasiment assuré d'être reconduit dans le futur gouvernement,
02:46qui a marqué son territoire depuis l'île dévastée
02:49en parlant d'un symbole de la dérive des politiques migratoires.
02:53Des propos qui ont suscité un tollé général dans les rangs de la gauche,
02:55une croisade contre les migrants indécente et inconséquente
02:59a réagi le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
03:01Et pour ne rien arranger à l'affaire,
03:03pour ses premiers pas à l'Assemblée nationale,
03:05mardi, lors d'une séance de questions au gouvernement,
03:08François Bayrou a exprimé son émotion de retrouver la Chambre basse,
03:11mais aussi, sans le vouloir, sa profonde solitude.
03:14Pour l'heure, il n'a aucune base parlementaire consolidée,
03:18son socle est en réalité encore plus étroit,
03:21encore plus étriqué que ne l'était celui de Michel Barnier,
03:24puisque même les Républicains conditionnent aujourd'hui
03:27leur entrée au gouvernement et font monter les enchères sur le fond.
03:30Ce que François Bayrou pourrait perdre parmi les troupes de Laurent Wauquiez,
03:33il ne les a pas encore trouvées dans celles d'Olivier Faure.
03:36De plus en plus, à gauche, les a priori de censure
03:38deviennent des censures a priori pour François Bayrou
03:41qui doit encore prononcer son discours de politique générale
03:44le 14 janvier prochain.
03:45L'homme de 73 ans devait s'attaquer à l'Himalaya par la face nord.
03:49Il fait face aujourd'hui à un effet boule de neige.
03:52On ne gravit pas l'Himalaya en espadrille,
03:54l'a prévenu le patron des sénateurs écologistes,
03:56Guillaume Gontard, à l'issue de la séance de questions au gouvernement mardi.
04:00Un pilier du groupe socialiste confié à l'opinion,
04:02ça finira comme l'istreuse.
04:04François Bayrou n'aura même pas le temps d'être censuré.
04:07Pour lui, comme pour nous, c'est bientôt les vacances de Noël, et heureusement.

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