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Avec Wassim Nassr, journaliste France 24

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2025-01-02##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Il est 7h38, merci d'être avec nous.
00:07Nous avons la chance de recevoir Wassim Nasser. Bonjour.
00:11Bonjour.
00:12Vous êtes journaliste à France 24, mais pas que.
00:14Vous êtes aussi chercheur et chercheur au Souffrance Center New York.
00:18Wassim Nasser, vous connaissez parfaitement Daesh, l'État islamique.
00:23Dans l'attentat de la Nouvelle Orléans, on a retrouvé dans la voiture du terroriste
00:28un drapeau de l'État islamique, c'est clair, son allégeance à Daesh.
00:32Maintenant, on semble confirmer, Wassim Nasser,
00:36ce genre d'attentat terroriste aux États-Unis, c'est exceptionnel.
00:41C'est vrai, c'est exceptionnel. Ce n'est pas la première fois.
00:43C'est déjà arrivé plusieurs fois.
00:45On se rappelle de l'attentat contre une boîte de nuit il y a quelques années.
00:48On se rappelle même avant la création de l'État islamique,
00:51les frères d'origine tchétchène qui ont fait attentat à Boston.
00:56Ça arrive, c'est assez récurrent.
00:58Le dernier attentat d'Al-Qaïda aux États-Unis, c'était en 2009 à Pensacola.
01:03C'est un pilote de chasse saoudien retourné par Al-Qaïda
01:06qui a tiré sur ses collègues américains.
01:08Mais concernant cette dernière attaque, on peut dire juste que 2024
01:12était une année où il y a eu beaucoup d'arrestations aux États-Unis
01:15liées à des gens qui ont des affinités pour l'État islamique.
01:19Mais cette dernière attaque, jusqu'à l'heure, n'a pas encore été revendiquée.
01:24Donc ça aussi il faut le prendre en considération.
01:27Même si les Américains ont dit que probablement il y aura même des complices
01:34de cette personne qui a commis cette attaque avec une voiture à bélier.
01:39– Alors, Wassim Nasser, voilà que l'État islamique ressurgit.
01:43On avait l'impression, on avait la sensation, on n'en parlait plus,
01:46que l'État islamique Daesh avait disparu.
01:49Or ce n'est absolument pas le cas.
01:52– Ah non, non, pas du tout.
01:53D'ailleurs, on en a parlé, rappelez-vous, pour l'attentat de Moscou il y a quelques mois,
01:58l'attentat en Iran il y a quelques mois.
02:00Et quand on parle de la série, l'État islamique était toujours présent,
02:04que ce soit à l'ouest ou à l'est de l'Euphrate,
02:07avec des opérations de manière assez récurrente.
02:10Donc il n'était pas fini, mais il était bien contenu, on va dire écrasé,
02:14surtout par la force militaire américaine.
02:18Parce que bon, c'est des Américains qui sont à cheval entre l'Irak et la Syrie
02:22et qui font cette guerre toujours en cours contre l'État islamique,
02:26avec une aide française certes,
02:29mais le gros de l'effort militaire reste quand même américain.
02:32– Oui, le gros effort reste américain.
02:34Alors, l'État islamique contrôle quelques territoires entre la Syrie et l'Irak,
02:39côté syrien comme côté irakien, à la frontière là,
02:42vous avez dit, de chaque côté de l'Euphrate, Wassim Nasser.
02:47Il y a des opérations, effectivement, dont la dernière opération française,
02:52bombardement, et Sébastien Lecornu en a parlé,
02:56et puis il y a eu polémique avec Jean-Luc Mélenchon,
02:59qui dit on bombarde la Syrie, mais non, on ne bombarde pas la Syrie.
03:02– Non, pas du tout, d'ailleurs, il faut juste remettre un peu le contexte.
03:07Les zones qui ont été frappées, ont déjà été frappées par les Américains
03:11aussi dès juin dernier, et ce sont des zones qui étaient
03:15sous contrôle de l'armée syrienne, milice iranienne, armée d'Assad,
03:19plus sous couvert aérien russe.
03:21Mais bon, ils n'avaient pas les capacités américaines,
03:24donc l'État islamique continuait à fructifier, on va dire,
03:26et à contrôler des zones, c'est un désert, mais quand même,
03:29des zones là, pour le coup, à l'ouest de l'Euphrate.
03:33Une fois le régime syrien tombé, évidemment, les cellules de l'État islamique
03:38qui restent là-bas en ont profité pour collecter de l'armement
03:41qui était abandonné par l'armée syrienne,
03:44et cet armement a été rassemblé à certains endroits de ce désert,
03:48et on peut imaginer que ce sont ces rassemblements d'armement
03:51qui ont été frappés par l'armée française, et avant elle,
03:55par l'armée américaine.
03:58Donc avant, les Américains et les Français ne frappaient plus
04:01dans cette zone jusqu'en juin dernier, parce que c'était une zone
04:04de déconfliction avec les Russes, donc ils les évitaient.
04:07Mais en juin dernier, et je terminerai là-dessus,
04:09parce que c'est très important, on a découvert des complots
04:13et des tentatives de commettre des attentats en Occident,
04:16et particulièrement en France, avant les JO, avec des ramifications
04:20qui ramenaient à des djihadistes présents dans le désert syrien,
04:23ce qui a justifié que les Américains recommencent à les frapper dès juin,
04:26alors que l'armée syrienne était toujours là-bas,
04:28faisant fi de la déconfliction avec les Russes,
04:31et ce qui explique aujourd'hui ce qui a eu lieu il y a quelques jours,
04:33que l'armée française retape aussi dans cette même zone désertique en Syrie.
04:38Wassim Nasser, parlons de la Syrie, que vous connaissez bien,
04:41vous avez rencontré, évidemment, on a déjà beaucoup parlé,
04:45vous avez rencontré Mohamed Al-Joulani, nom de guerre,
04:49Abou Mohamed Al-Jouani en fait, il s'appelle Ahmed Al-Shara,
04:52vous l'avez rencontré, la Syrie.
04:55J'ai vu que le ministre des Affaires étrangères syrien
04:58était parti pour son premier voyage en Arabie Saoudite,
05:01ça a une signification, Wassim Nasser.
05:04Oui absolument, donc moi, Shara, je l'avais rencontré en 2023,
05:09et cette année, il y a quelques jours, j'étais encore en Syrie.
05:14Donc évidemment, ce que vous dites, c'est important
05:17que le premier voyage officiel soit vers l'Arabie Saoudite,
05:20mais il faut imaginer ça comme, on va dire,
05:23une manœuvre diplomatique de l'Arabie Saoudite,
05:25pour justement faire un équilibre avec la Turquie, le Qatar,
05:28qui sont quand même aussi très proches, on va dire,
05:31du nouveau pouvoir en Syrie.
05:33Donc c'est assez intelligent de la part des Saoudiens aussi,
05:36de faire ce pas, et de les inviter chez eux,
05:38sachant qu'il n'y a pas qu'une ministre des Affaires étrangères qui a été,
05:41il y a aussi le chef des renseignements,
05:43qui est quand même aussi un personnage très clé et très important,
05:47et le ministre de la Défense, et qui tous les trois d'ailleurs,
05:50y compris Joulani, n'étaient pas du tout en bon terme
05:53avec les Saoudiens jusqu'à encore un mois,
05:56parce que quand HTS et Jolani ont lancé leur opération
05:59attaque contre Alep, les médias saoudiens,
06:02qui ont fini par interviewer Joulani il y a 2-3 jours,
06:05ont qualifié l'offensive d'offensive terroriste.
06:09Donc il faut juste remettre en contexte
06:11que les Saoudiens essaient de raccrocher les wagons,
06:13et ça arrange évidemment le nouveau pouvoir syrien,
06:16parce que dans ce jeu d'équilibre régional,
06:18il vaut mieux avoir plusieurs marrons au feu,
06:20pour dire les choses.
06:21Évidemment, évidemment.
06:23Quelques mots pour terminer, Wassim Nasser,
06:26sur justement le nouveau régime syrien,
06:28qui essaie de donner des gages à tout le monde,
06:32évidemment, pour montrer son ouverture d'esprit.
06:35Wassim Nasser, qu'en pensez-vous ?
06:39Que pensez-vous des premières semaines de ce nouveau pouvoir ?
06:42Écoutez, évidemment, il faut juger sur la pièce,
06:46mais moi ce que je peux vous dire,
06:47c'est que quand j'étais l'année dernière en 2023 à Idlib,
06:50personne n'y allait,
06:51et j'ai vu ce qu'ils étaient en train de faire,
06:53que ce soit avec les minorités,
06:55que ce soit sur les questions de mixité,
06:57de gouvernance, etc.
06:59Je suis resté une semaine,
07:01je suis revenu,
07:02et maintenant, quand ils ont fait cette nouvelle opération,
07:05et je suis retourné en Syrie,
07:07j'ai vu que ce qu'ils ont appliqué à Idlib,
07:09ils l'ont fait à Lép,
07:10ils l'ont fait à Homs, Hamas et Damas,
07:12de manière beaucoup plus soft, on va dire.
07:14Parce qu'ils n'ont pas le choix,
07:15il y a beaucoup plus de minorités,
07:17il y a beaucoup plus de diversité.
07:18On a vu les fêtes de fin d'année à Damas,
07:20ça n'a rien à envier à une fête en Europe.
07:23Donc, pour l'heure,
07:25ils sont sur ce même registre,
07:28qui renie, évidemment, le djihad international,
07:31ce qu'il m'avait dit déjà l'année dernière,
07:33et qui est sur une démarche, plutôt,
07:35de rassurer les pays voisins,
07:37y compris Israël.
07:39Parce que, Juliani l'a dit clairement la dernière fois
07:42que je l'ai interviewé,
07:44j'avais la chance d'être le seul journaliste français présent,
07:46il a dit, Israël, on ne veut pas la guerre avec Israël,
07:49les Syriens sont fatigués,
07:50on veut juste commencer notre pays,
07:52et il l'a répété à plusieurs reprises après.
07:54Donc, la démarche est la suivante,
07:56évidemment, les obstacles sont nombreux,
07:58y compris dans l'aile la plus dure du nouveau pouvoir,
08:01jusqu'à l'aile la plus soft de la société syrienne.
08:04Donc, c'est un jeu d'équilibriste,
08:06et évidemment, lever les sanctions
08:08qui ont été mises sur le pays sous Assad,
08:11envoyer de l'aide,
08:12ça va aider quand même le nouveau pouvoir
08:14à continuer sur cette démarche,
08:17parce qu'encore une fois,
08:18les obstacles sont nombreux,
08:20et ils viennent de l'intérieur plutôt que de l'extérieur,
08:22sans oublier les Iraniens,
08:24qui voudraient quand même faire échouer cette expérience,
08:27les autres acteurs qui voudraient le faire aussi.
08:29Donc, on est dans une période, on va dire, d'observation,
08:33mais les gages qui sont donnés sont suivis d'actions,
08:36et sont très coûteux pour l'actuel pouvoir en Syrie,
08:39parce que tout ce qu'il entreprend lui coûte en interne.
08:42Juste pour terminer là-dessus,
08:43le numéro 2 du groupe, par exemple,
08:45que j'avais rencontré l'année dernière,
08:47a été tué cette année en avril par un kamikaze,
08:49à cause de cet éloignement du djihad global,
08:52kamikaze de l'État islamique,
08:53et tous ces gages d'ouverture,
08:55comme vous l'avez très bien décrit,
08:56qu'ils étaient déjà en train d'appliquer à l'Égypte,
08:59et continuent d'appliquer maintenant sur toute la Syrie.
09:01Merci Wassim Nasser,
09:03merci pour votre expertise,
09:05et vos informations, c'est passionnant.
09:07Oui, et Nassim avait raison,
09:09parce que Twitter et les réseaux sociaux,
09:11vous avez dû le voir,
09:12sont remplis de ces platines,
09:14et ces DJs qui mixent en plein air,
09:16avec un sapin de Noël.
09:18Absolument.
09:19On se dit, non mais pense-moi, je rêve.
09:22Non mais vraiment,
09:23on sent quand même que Jolani donne des gages,
09:25je ne sais pas s'il ne sera pas abattu par l'intérieur, justement.
09:27Merci beaucoup Wassim, merci.
09:29Merci beaucoup, bonne année.

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