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00:00Bon, à propos d'Elon Musk, Charlotte d'Ornella s'est avec nous ce matin sur Europe 1. Bonjour Charlotte.
00:04Bonjour Dimitri.
00:05Et meilleur vœu pour cette nouvelle année.
00:06Vous aussi.
00:06Alors, depuis quelques jours, le patron de X Elon Musk est accusé d'ingérence dans les affaires européennes,
00:12notamment en raison de ses attaques vis-à-vis du Premier ministre britannique, Kerst Armer,
00:16ou de son soutien à l'AFD en Allemagne.
00:19Qu'est-ce qu'on lui reproche exactement à Elon Musk ?
00:21Jusqu'à maintenant, de donner son avis bruyamment,
00:24un avis qui ne passe pas du tout si l'on en juge par le temps avec lequel le chef de la diplomatie française,
00:29Jean-Noël Barraud, a exhorté la Commission européenne à agir avec la plus grande fermeté.
00:35Il a évoqué l'idée de bannir X en Europe, et même expliqué que si la Commission ne le faisait pas,
00:40il faudrait qu'elle consente, je cite, à rendre aux États membres de l'UE la capacité de le faire.
00:46Bon, l'avantage, c'est que l'idée pourrait être réutilisée contre le Mercosur par exemple.
00:50Mais concrètement, de quoi parle-t-on ?
00:52On n'accuse pas Elon Musk d'avoir censuré des contenus en Europe, on lui reproche même le contraire.
00:57On ne lui reproche pas d'avoir trié les informations sur instructions politiques,
01:01comme vient de le reconnaître Mark Zuckerberg à propos du Covid ou du fils de Biden,
01:06sans que personne ne réagisse vraiment.
01:08On ne l'accuse pas non plus d'avoir promu des profils plutôt que d'autres,
01:11mais d'avoir donné son avis, attaqué, critiqué ou soutenu.
01:15Or les accusations ont de quoi étonner, venues d'un continent dont toutes les autorités, ou à peu près,
01:19ont donné leur avis parfois cinglant sur la récente élection américaine, et tant d'autres.
01:25Alors c'est vrai qu'Elon Musk pourrait se mêler de ce qu'il regarde,
01:27mais notons par souci d'honnêteté qu'il n'est pas le seul dans ce cas-là.
01:31En 2017, Emmanuel Macron avait par exemple posté lui-même sur Twitter,
01:36à la veille de l'élection présidentielle,
01:38une vidéo de l'ancien président américain Barack Obama lui apportant son soutien.
01:42Personne n'y avait vu une quelconque ingérence, plutôt un réseau international solide.
01:47Bon, à l'époque quand même certes, Charlotte, il faut dire que Barack Obama était un ancien président des Etats-Unis,
01:52Elon Musk, lui, c'est le patron d'un réseau social.
01:54Alors, Emmanuel Macron récemment s'inquiétait de le voir s'impliquer dans une internationale réactionnaire.
02:00C'est l'expression du président de la République, est-ce que c'est pas quand même un peu différent ?
02:04Beaucoup s'inquiètent d'ingérence étrangère en Europe, sans succès, ces dernières années.
02:08Et nombreux sont ceux qui ont vu dans la puissance des GAFAM un risque de déstabilisation ou de manipulation politique,
02:14sans que le sujet ne déchaîne vraiment les passions.
02:16Or la seule différence, la nouvelle différence, ce sont les idées qui sont défendues.
02:21Car reprenons la vidéo de soutien de Barack Obama, dont Emmanuel Macron était si fier.
02:25Il n'était plus président, mais il le fut, certes.
02:28Mais le journal Le Monde expliquait alors que l'intervention s'inscrivait dans un projet de longue haleine,
02:33qu'Obama voulait conduire sous l'égide de sa fondation pour, je cite,
02:38« redonner un second souffle aux valeurs progressistes et de la social-démocratie aux Etats-Unis comme ailleurs ».
02:45Constituer une internationale en somme, qui celle-ci ne dérangeait pas grand monde.
02:50C'est parce que progressiste donc.
02:51Certains notent toutefois qu'Elon Musk est aussi l'homme le plus riche du monde, patron d'un réseau social très puissant,
02:56qu'il pourrait s'en servir pour influencer les votes en Europe.
03:00Ça reste une inquiétude recevable tout de même.
03:03Alors ce serait encore plus crédible si les mêmes s'étaient insurgés quand George Soros, un autre américain richissime,
03:08s'était par exemple engagé dans le soutien financier d'une campagne anti-Brexit en Grande-Bretagne.
03:13Ou quand il a décidé de financer des campagnes, des études, des associations,
03:17ou qu'il a cherché avec succès à placer ses militants dans les circuits de décision de la Cour Européenne des Droits de l'Homme.
03:24Qui s'est inquiété qu'il finance une étude sur les discriminations dont seraient victimes les musulmans à Marseille par exemple ?
03:29Qui a critiqué le don au collectif contre l'islamophobie en France ?
03:33Le financement d'une université, d'une campagne d'affichage du collectif qui se bat pour imposer le burkini en France ?
03:39Là ça n'était pas des craintes, mais une réalité.
03:42Ce n'est donc pas le principe de l'ingérence qui gêne, mais les idées qui sont défendues, et c'est un autre combat.
03:47Remettons l'église au milieu du village. Merci beaucoup Charlotte Dornet.