Horaires de travail atypiques et santé avec Marine Swaton, collaboratrice, Taylor Wessing.
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00:00On poursuit l'émission, on va parler horaire de travail atypique et santé des salariés
00:15avec mon invitée Marine Swaton, collaboratrice au sein du cabinet Taylor Vessing.
00:20Marine Swaton, bonjour.
00:21Bonjour Arnaud.
00:22Le travail en horaire atypique engendre des risques pour la santé des salariés.
00:27On va en parler ensemble, mais tout d'abord, quelles sont les différentes typologies d'horaires
00:32atypiques et quels sont les secteurs concernés ?
00:35Alors, en effet, savez-vous déjà Arnaud, qu'en France, plus de 60% des salariés
00:43français, soit deux travailleurs sur trois, travaillent selon des horaires atypiques de
00:49travail.
00:50Je n'avais pas ce chiffre en tête, c'est impressionnant.
00:52C'est assez étonnant et en fait, ça fait partie de la réalité puisque, alors que sont
00:58les horaires atypiques de travail ?
00:59Eh bien, tout simplement, c'est tout ce qui n'est pas horaire de travail dit standard,
01:04c'est-à-dire des modalités qui vont avoir un impact, des conséquences sur le repos
01:09journalier ou le repos hebdomadaire.
01:11Parmi les horaires atypiques les plus connus, on connaît notamment le travail de nuit,
01:17donc entre 21h et 6h du matin, le travail les week-ends et les jours fériés.
01:22On connaît également le travail flexible, c'est-à-dire qu'on a soit du temps partiel,
01:28soit au contraire du travail long sur des longues semaines.
01:33Ensuite, on a également le travail fragmenté, c'est-à-dire le matin très très tôt et
01:39le soir très très tard, par exemple, et également tous les travaux types réguliers, cycliques,
01:44les 3-8, les 2 x 12 qu'on connaît également, notamment dans les usines, et le travail sur
01:51horaire d'astreinte que l'on connaît également.
01:54Toutes ces horaires atypiques sont une majorité, comme je le disais, des travailleurs en France.
02:00Au contraire, la semaine standard, qu'on connaît plus, elle est du lundi au vendredi,
02:06de 8h à 20h, avec un repos de 2 jours consécutifs, on ne travaille pas les jours fériés.
02:12Voilà, ça c'est l'horaire standard de travail.
02:14Et finalement, ça concerne plutôt peu de personnes.
02:17Et quels sont les secteurs concernés ?
02:19Alors, on connaît principalement le secteur public, puisqu'il s'agit d'assurer la sécurité
02:25des personnes et des biens, et également d'assurer un suivi de santé et de permanence
02:31de soins.
02:32Donc on pense à la gendarmerie, à la police, aux hôpitaux notamment, mais dans le secteur
02:37privé également, cette organisation de travail est très répandue, et surtout dans les secteurs
02:43ayant une nécessité d'assurer les besoins de la continuité de la vie sociale.
02:48On pense notamment pour le travail de nuit à l'hôtellerie, la restauration, les commerces,
02:53les transports qui sont en permanence en activité, les journées fragmentées par des coupures
03:00longues, on pense notamment aux prestataires de ménage qui viennent lorsqu'il n'y a personne
03:03au bureau, le matin très tôt ou le soir très tard, et les travaux cycliques et réguliers,
03:08le travail à l'usine, la manufacture, les ateliers de fabrication, et également le
03:12secteur automobile qui est très concerné.
03:15Voilà donc Arnaud, toutes les branches qui sont concernées par cette typologie d'horaire
03:20de travail.
03:21Alors maintenant on a une bonne vision des horaires atypiques et des acteurs concernés,
03:26mais quelles sont les conséquences de cette organisation du travail sur la santé des
03:30salariés ?
03:31Alors à cette organisation du travail en effet sont associées plusieurs conséquences,
03:36et ce sont des conséquences tant d'un point de vue physique que d'un point de vue psychologique.
03:41Concernant les conséquences sur la santé physique, alors moi je ne suis pas une spécialiste,
03:45Arnaud, ce n'est pas moi qui vais vous apporter la réponse, mais de par les recherches qu'on
03:50a pu avoir, des spécialistes, et parmi eux la médecine du travail qui a un rôle fondamental
03:56dans cette typologie d'organisation du travail, les experts notent des risques pour la santé
04:01puisqu'ils désynchronisent les rythmes biologiques et va créer des troubles fonctionnels.
04:06L'être humain en fait il est programmé pour vivre le jour, donc si on le fait travailler
04:12sur des horaires qui sont différents, forcément il va y avoir des conséquences.
04:16Si on prend le travail de nuit par exemple, on ne dort plus la nuit, on dort le jour,
04:20on va pouvoir augmenter notre dette de sommeil.
04:22Ensuite on ne mange plus à des horaires standards et réguliers, mais du coup on va pouvoir
04:29avoir des perturbations digestives.
04:31Ensuite on a de plus en plus d'addictions au tabac et aux substances psychoactives pour
04:37tenir le coup.
04:38Et ensuite il y a aussi une réduction de la vigilance, et réduction de la vigilance
04:43égale erreur, et égale erreur égale accident du travail, donc mise en jeu de la responsabilité
04:49de l'entreprise.
04:50Donc ça c'est pour les premiers risques physiques.
04:53On a également un risque en matière psychologique qui concerne beaucoup de salariés aussi,
04:59c'est notamment l'isolement, puisque beaucoup de travailleurs par exemple la nuit vont se
05:04retrouver tout seuls puisqu'on essaie de réduire les effectifs qui travaillent de
05:07nuit.
05:08Donc on a ce phénomène d'isolement avec des difficultés à suivre le rythme de l'entreprise,
05:14ne pas pouvoir participer à des formations sur des horaires qui sont plus classiques
05:19entre guillemets, ou alors avoir des restrictions d'évolution éventuellement sur la carrière
05:24professionnelle.
05:25Et enfin on a des difficultés à avoir des activités extra-professionnelles, puisque
05:30on vit sur un rythme qui est complètement différent.
05:32Et enfin dernière conséquence psychologique, la difficulté d'articulation entre la vie
05:37privée et la vie professionnelle, puisque comment on fait Arnaud quand on a un rythme
05:41de travail qui ne permet pas d'aller chercher mes enfants à l'école, ou si mon conjoint
05:46l'est également, de ne pas pouvoir les faire garder, etc.
05:49Évidemment tout autant de conséquences sur l'aspect physique et l'aspect psychologique.
05:54Alors vous venez d'évoquer les conséquences pour le salarié, on va se mettre du côté
05:58maintenant de l'employeur.
05:59Quelles sont les obligations de l'employeur et les mesures à prendre sur ces horaires
06:05atypiques pour les salariés concernés ?
06:07Alors en effet vous le soulignez, de manière générale l'employeur est tenu d'assurer
06:11la sécurité, de protéger la santé de ses salariés au sein de l'entreprise.
06:16Comment est-ce qu'il peut s'y prendre ? Première étape, il identifie les risques
06:21qu'on vient d'évoquer à travers notamment le document unique d'évaluation des risques
06:25professionnels, qu'il fait avec le médecin du travail qui va l'accompagner, faire des
06:29études de poste pour identifier les risques et ensuite les classer d'une part en fonction
06:34de la fréquence de réalisation de ce risque et leur niveau de danger.
06:38Une fois qu'on a identifié ces risques, on peut mettre en place différentes mesures
06:43pour éviter que les risques ne se réalisent.
06:46De manière générale on peut assurer un suivi individuel des salariés par des visites
06:52périodiques auprès de la médecine du travail pour assurer leur suivi, mais également les
06:57former pour les informer des conséquences que peuvent avoir leur organisation du travail
07:03sur leur santé et des mesures que l'on prend en entreprise pour éviter tout risque.
07:09C'est important de sensibiliser les salariés sur ces questions ?
07:11Exactement et ça régulièrement et puis de toute façon ça fait partie de l'obligation
07:14générale de l'employeur.
07:17Deuxièmement, de manière plus spécifique, on peut aussi auprès des salariés essayer
07:21de privilégier des rotations rapides par exemple pour limiter le travail de nuit, adapter
07:27les horaires des travailleurs sur les transports en commun, s'assurer qu'il va y avoir une
07:33bonne transmission des éléments entre les équipes et en plus de ça, ça pourra éviter
07:39l'isolement, de pouvoir leur permettre de travailler ensemble et surtout d'impliquer
07:43les salariés dans la mise en place de leur planning car leur implication va favoriser
07:49leur tolérance.
07:50Et enfin, on peut aussi agir via la négociation en entreprise puisqu'on sait pour les entreprises
07:56de plus de 300 salariés, elles sont tenues d'informer et de communiquer sur l'organisation
08:02de travail des salariés, qui est concerné par du travail de nuit, etc.
08:05auprès de leur comité social et économique ou alors par la voie de la négociation via
08:09les négociations annuelles obligatoires sur le bloc qualité des conditions et de la vie
08:14au travail.
08:15Et là, j'ai pu le voir à travers plusieurs entreprises, je vois beaucoup d'accords qualité
08:20de vie au travail dans lequel on a mis en place certaines mesures, notamment des campagnes
08:23périodiques ponctuelles qui sont organisées directement par des services de santé en
08:28travail et la mise en valeur, par exemple, de points d'attribution pour pouvoir avoir
08:32accès à des places en crèche.
08:33Et notamment, on a plus de points quand on est en travail en horaire atypique de travail.
08:38D'accord, on va conclure là-dessus.
08:40Merci Marine Swaton d'être venue sur notre plateau.
08:42Je rappelle que vous êtes collaboratrice au sein du cabinet Taylor Vessing.
08:46Merci beaucoup.
08:47C'est le moment de se quitter.
08:49Merci pour votre fidélité.
08:51Restez curieux et informés.
08:52À très bientôt sur BeSmart for Change.