Le terme "kakistocratie" – littéralement, le gouvernement des pires – semble plus que jamais faire écho à l'époque actuelle. Si autrefois la méritocratie était l'idéal d'une société en quête d'excellence, aujourd'hui, la question se pose : la France risque-t-elle de tomber dans les mains des moins compétents, des plus opportunistes, voire des plus nuisibles ? [...]
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00:00Le terme kakistocratie, littéralement le gouvernement des pires selon la racine grecque,
00:15semble plus que jamais faire écho à l'époque actuelle.
00:19Si autrefois la méritocratie était l'idéal d'une société en quête d'excellence,
00:26aujourd'hui la question se pose.
00:29La France risque-t-elle de tomber dans les mains des moins compétents,
00:33des plus opportunistes, voire des plus nuisibles ?
00:37Dans son ouvrage percutant sur le management, la kakistocratie ou le pouvoir des pires,
00:43Isabelle Barthes, professeure des universités et chroniqueuse régulière pour Cercle Canal,
00:49a exploré comment certaines entreprises, rongées par le court-termisme et les intérêts particuliers,
00:55favorisent la promotion des individus les moins compétents.
01:00Elle explique que ce phénomène repose sur une alliance tacite entre incompétence et complaisance.
01:08Des dirigeants sans vision stratégique privilégient des collaborateurs dociles,
01:14plutôt que talentueux, afin de préserver leur propre position.
01:21Hélas, nous voilà face à la menace kakistocratique en politique.
01:27Des auteurs comme Pierre Rosanvalon, professeur au Collège de France et auteur du livre
01:33« La légitimité démocratique » et précédemment d'un autre livre « Le siècle des populismes »,
01:39remettent en question les fondements du démocratie,
01:43où les choix électoraux reposent sur des citoyens souvent mal informés.
01:50Rosanvalon nous met en garde contre les dérives d'un système qui privilégie l'apparence de représentation,
01:58au détriment de la compétence et d'un débat public de qualité.
02:05Qu'il s'agisse de politiques publiques déconnectées des réalités,
02:09de décisions absurdes ou de scandales répétés, les exemples abondent.
02:15Le système éducatif, longtemps fleuron de la République,
02:19forme trop souvent des élites déconnectées ou des générations désabusées.
02:26Pendant ce temps, les hautes sphères politiques voient fleurir des démagogues,
02:31accompagnés de profils sans expérience notable, mais armés d'un entrejean implacable.
02:39Isabelle Barthes souligne un autre aspect crucial.
02:43L'institutionnalisation de l'incompétence.
02:47En France, les mécanismes de cooptation et de clientélisme se renforcent à mesure que le débat public s'affaiblit.
02:55Résultat, la médiocrité n'est plus un accident, mais une stratégie.
03:01La caquistocratie française n'est pas une fatalité.
03:06Mais en tolérant l'incompétence et en applaudissant la démagogie,
03:11la société ne fait qu'accélérer sa propre dégringolade.
03:15Il est temps de réclamer un retour à la méritocratie, à la vraie,
03:20au savoir, au débat républicain et à la responsabilité collective.
03:26Car si nous continuons ainsi, nous serons gouvernés par les pires,
03:31les plus dangereux et les moins efficaces, sans parler des risques d'atteinte à nos libertés.
03:41Sous-titrage Société Radio-Canada