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La production de chaleur est présentée comme un levier essentiel dans la baisse d’émissions de gaz à effet de serre. Les développements de la géothermie ou de la biomasse représentent donc des enjeux évidents. Pourraient-ils même constituer des moyens pour regagner une souveraineté énergétique ?

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Transcription
00:00L'invité de ce Smart Impact, c'est Pascal Guillaume. Bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Bienvenue, heureux de vous accueillir. Vous êtes le président de la FEDEN depuis 4 mois, la Fédération des entreprises de services pour l'énergie et l'environnement.
00:19On va commencer par présenter combien d'entreprises en France ?
00:22Merci pour votre invitation tout d'abord. La FEDEN, la Fédération des services énergie et environnement, c'est 1500 entreprises d'établissement.
00:30C'est 50 000 professionnels présents sur l'ensemble du territoire français avec deux grands métiers de la transition énergétique.
00:37Le métier de l'efficacité énergétique, c'est réduire les consommations d'énergie.
00:42C'est dans les logements collectifs, les copropriétés, le logement social. C'est dans le tertiaire, des tours de bureaux, des écoles, des piscines, des hôpitaux bien sûr.
00:52Et puis également sur les sites industriels.
00:54Et puis le deuxième grand métier de la FEDEN, c'est la production de chaleur et de froid renouvelable.
00:59En France, la chaleur est produite essentiellement à partir d'énergies fossiles.
01:04Qu'est-ce qu'on va faire ? On va remplacer ces énergies fossiles par des énergies vertueuses qui n'impactent pas le réchauffement climatique.
01:13Alors ça peut être de la chaleur qu'on va puiser dans le sol, plus ou moins profondément, ça c'est la géothermie.
01:18Ça peut être de la chaleur qu'on récupère sur des sites industriels, parce qu'il y a beaucoup de sites qui ont un process qui a besoin de chaleur, qui ne peuvent pas totalement l'épuiser.
01:25Nous on va aller la récupérer plutôt de la disperser dans l'atmosphère et puis on va chauffer d'autres sites, des bâtiments.
01:31La dernière des énergies renouvelables que je voudrais mentionner, c'est la plus ancienne et aussi la première énergie renouvelable en France, c'est la biomasse.
01:38Et ce sujet de la décarbonation de la chaleur, c'est vraiment central dans l'atteinte de nos objectifs climatiques.
01:43On voit bien que les entreprises représentées par la FEDEN sont vraiment au cœur de cette transition écologique.
01:48Est-ce qu'on a déjà des résultats à mettre en avant ces dernières années dans la baisse de notre consommation d'énergie fossile ?
01:55Parce qu'on a toujours tendance en France à être toujours dans le négatif et dans le pessimisme, mais on voit que les indicateurs commencent à bouger quand même.
02:03Alors il y a un vrai défi, c'est exact, c'est que quand on regarde nos objectifs pour 2030, ce qu'on doit faire, c'est baisser encore nos émissions de 30%.
02:12On a 6 ans pour le faire et c'est l'équivalent de ce qu'on a fait sur les 30 dernières années.
02:16Donc effectivement on peut se dire...
02:18On n'y arrivera pas, le défi est intenable.
02:20Et d'ailleurs c'est bien pour ça que la chaleur est un des sujets centraux.
02:23Et ce qu'on observe, c'est qu'une des conséquences de la crise énergétique qui a suivi les événements en Ukraine, c'est une vraie prise de conscience que ces énergies renouvelables,
02:34notamment cette chaleur renouvelable qui est produite localement,
02:37elle avait non seulement la vertu d'être bonne au plan environnemental,
02:41mais également elle ne fluctuait pas comme les énergies fossiles importées.
02:47Et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a vu énormément d'acteurs se mobiliser dans tous les territoires.
02:51Je pense à l'efficacité énergétique.
02:54On a vu émerger beaucoup de projets d'efficacité, de sobriété énergétique.
02:58Pour vous donner un exemple, sur un échantillon de bâtiments exploités et gérés par des membres de la FEDEN,
03:04les consommations de chaleur en un an ont baissé de 8%, alors que c'était des bâtiments qui étaient déjà très optimisés.
03:09Et puis on a vu également énormément de projets de chaleur renouvelable,
03:14donc cette géothermie avec des pompes à chaleur, la biomasse, la chaleur de récupération.
03:18On a vu beaucoup de ces projets émerger, avec bien sûr le lien entre tous ces projets, c'est les réseaux de chaleur.
03:24Et ça veut dire quoi ? C'est-à-dire que notre consommation de gaz d'origine fossile a clairement baissé depuis 2-3 ans ?
03:32Il y a eu un signal très net de baisse de ces consommations d'énergie fossile et conséquemment de baisse des émissions.
03:38Alors on sent qu'on atteint aussi un plateau parce que le choc qui a été fait par ces prix qui avaient été multipliés par 3, par 5, par 10,
03:47eh bien il est moins violent. Pour autant, on a réussi à stabiliser et maintenant il faut aller plus loin.
03:53Vous alertez la FEDEN sur la baisse annoncée du budget de l'ADEME, baisse annoncée autour de 30-35%.
04:01On ne sait pas encore parce que le budget n'a toujours pas été voté.
04:04Pourquoi vous alertez ? Est-ce que vous avez peur que l'ambition environnementale, finalement,
04:08elle soit sacrifiée sur l'autel d'économies budgétaires qu'il va bien falloir faire d'une façon ou d'une autre ?
04:13Alors on ne nie pas du tout la contrainte budgétaire. Pour être réaliste, on est aujourd'hui dans une situation extrêmement contrainte.
04:19Pour autant, comme je le disais tout à l'heure, on voit énormément de projets émergés et c'était bien pour ça que nous on a alerté
04:28parce qu'on a dit qu'on a aujourd'hui, plus que jamais, énormément de ces projets de chaleur renouvelable qui sont en train de naître.
04:36Ces projets, il faut vraiment les soutenir. Pour donner un ordre de grandeur, le budget de l'année dernière, c'était 820 millions pour le fonds chaleur.
04:45On avait 500 millions qui n'ont pu être débloqués parce que le budget n'était plus là pour soutenir des projets qui étaient identifiés,
04:54qui étaient déjà soumis à l'ADEME et le pipeline de projets pour 2025, ça représentait un milliard d'aides.
05:03Donc on voit bien que si on additionne tout ça, un milliard et demi, le compte n'y était pas, d'autant plus que ce budget devait baisser de 30% et redescendre à 500.
05:13Mais ça veut dire que ces projets, ils ne peuvent plus voir le jour ou alors ils vont essayer de trouver d'autres compléments de financement ?
05:19Alors, premier élément, déjà, comme vous l'avez sans doute vu récemment, le précédent gouvernement avait révisé sa copie et s'était dit
05:27effectivement, ces projets de chaleur, ils ont une vraie pertinence parce que d'une part, ils décarbonent énormément, parce qu'ils ont une grande efficacité des fonds publics.
05:40Je rappelle qu'un euro du fonds chaleur, plus exactement une tonne de CO2 évité, coûte entre 36 et 38 euros au fonds chaleur, alors que d'autres axes de décarbonation
05:53coûtent beaucoup plus cher. Et puis enfin et surtout, un euro investi dans le fonds chaleur, c'est 4 euros d'investissement dans les territoires.
06:00Donc pour toutes ces raisons, le budget a été maintenu. Maintenant, ce qu'il faut qu'on fasse, c'est qu'effectivement, déjà, on s'assure que ce budget qui a été validé par le précédent gouvernement,
06:11eh bien, il est maintenu. Et puis, bien sûr, qu'on en fasse le meilleur usage possible.
06:16Est-ce qu'il y a le même débat autour de MaPrimeRénov' par exemple ?
06:19Alors, il y a également un débat. La différence entre MaPrimeRénov' et le fonds chaleur, c'est qu'aujourd'hui, comme je l'expliquais il y a un instant,
06:27on a déjà plus que le nécessaire pour consommer ce fonds chaleur. Alors sur MaPrimeRénov', nous...
06:34Elle n'était pas bien née, cette prime. Elle a été compliquée. Elle n'a pas bien décollé, on peut dire ça comme ça.
06:41Si on regarde l'écopropriété, qui sont un des grands sujets dont nous nous occupons, c'est vrai qu'il y a encore de la capacité à faire plus décoller l'utilisation de cet outil qui est très pertinent.
06:53Donc nous, on recommande un certain nombre de mesures, dont le fait de cibler, parce que quand on est en situation de budget contraint, il faut cibler vos interventions.
07:02Donc ciblons sur les bâtiments qui ont la plus mauvaise performance énergétique. Et là, faisons un réel effort. Et puis sur les bâtiments qui, eux, sont dans une meilleure situation,
07:14eh bien il faut s'axer non plus tant sur les économies d'énergie que sur la décarbonation. Et là, on revient à l'autre métier de la FEDEN.
07:23Effectivement. Alors il y a un autre enjeu pour les entreprises, le service de l'énergie et de l'environnement, mais peut-être aussi pour beaucoup, beaucoup d'autres secteurs.
07:30C'est le recrutement. Les mettez en tension. Vous êtes en recherche, enfin les entreprises que vous représentez, elles sont en recherche de salariés, de salariés sur des métiers spécifiques ?
07:40Je vous le confirme. Nous avons... Alors c'est des métiers qui sont des métiers de la technique. Donc traditionnellement, ils ne sont pas assimilés à la transition énergétique.
07:48Or nos métiers sont vraiment au cœur de cette transition. Et pour donner un exemple, on a fait une enquête de branche. Sur 2023, on a recruté plus de 5 500 professionnels.
08:00Et on n'arrive pas aujourd'hui à avoir le bon rythme. Et ce rythme, il va s'accélérer parce que les projets aussi s'accélèrent. Donc pour nous, c'est très très important de faire mieux connaître nos métiers
08:12parce que lorsqu'on les connaît, eh bien non seulement ils attirent, mais aussi ils retiennent. Vous êtes en concurrence avec qui ? Alors d'une façon générale, tous les métiers techniques, y compris ceux du bâtiment.
08:22Mais notre sujet, il n'est pas tant d'être en concurrence. Notre sujet, c'est d'amener plus de gens dans les métiers techniques. Je vais vous donner un exemple. Non seulement nous recrutons des jeunes.
08:30Donc il faut les attirer, les jeunes qui cherchent une carrière porteuse de sens. Et nos métiers sont porteurs de sens. Mais aussi des gens en reconversion. J'ai deux beaux exemples que j'aime beaucoup.
08:40Une personne qui avait une formation de bac comptabilité finance qui maintenant est technicienne en maintenance. Et une personne qui avait fait un master d'histoire de la philosophie et qui maintenant fait un master de transition énergétique.
09:00Donc vous voyez qu'on est à la fois sur les jeunes et sur les personnes qui cherchent une reconversion. Est-ce que vous-même, vous activez des plans de formation pour accélérer ce que vous venez de nous décrire ?
09:12Effectivement, nous avons un centre de formation qui est un centre de formation par apprentissage parce qu'on croit beaucoup à la formation aussi opérationnelle. Et chaque année, il y a 150 personnes qui suivent ce cursus.
09:26Et puis on travaille bien sûr avec des acteurs comme France Travail. On travaille beaucoup avec les écoles parce qu'on se rend compte que quand vous rencontrez des jeunes et que vous leur expliquez, vous faites le lien entre ces métiers de la technique et ces métiers de la transition énergétique, immédiatement vous éveillez leur attention et d'ailleurs l'attention de leurs parents.
09:45Merci beaucoup Pascal Guillaume et à bientôt sur BeSmart for Change. On passe à notre débat la pollution plastique, l'efficacité des négociations internationales. En question.

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