• il y a 22 heures
Anne-Claire Hochedel, déléguée régionale de la FAS

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00:00Bonjour Anne-Claire Rochedel, c'est un sujet que vous connaissez malheureusement très bien puisque vous êtes déléguée régionale de la Fédération des Acteurs de la Solidarité.
00:10Le plan Grand Froid n'est pas encore déclenché en Garonne alors qu'il fait il moins 3 degrés ce matin à Toulouse. Est-ce que ça vous choque ?
00:18Bien sûr que oui, c'est choquant puisqu'on sait qu'il y a énormément de personnes, d'hommes, de femmes et d'enfants qui sont à la rue aujourd'hui à Toulouse.
00:27Nous avions déjà été étonnés de la faible mobilisation pour la première fois cette année rien qu'au début de l'hiver.
00:36Et en effet il n'y a pas non plus de capacités supplémentaires alors qu'il fait à nouveau extrêmement froid sur la ville de Toulouse.
00:43Est-ce que vous avez les chiffres ? Est-ce que vous savez combien de personnes dorment chaque nuit à la rue à Toulouse en haut de Garonne ?
00:51Les chiffres que je peux vous partager c'est que de manière régulière depuis plusieurs mois on a environ 1800 personnes différentes qui chaque mois appellent le 115.
01:011800 personnes c'est environ 500 personnes isolées, c'est environ 130 femmes isolées.
01:08C'est aussi plus de 500 mineurs, c'est-à-dire d'enfants de moins de 18 ans qui vivent ou à la rue ou dans des conditions extrêmement précaires
01:19qui justifient le fait d'appeler le 115 puisqu'on n'appelle pas le 115 quand on est en sécurité dans un logement quel qu'il soit.
01:26Et quel pourcentage de ces appels obtiennent une réponse positive, obtiennent de l'aide du 115 ?
01:31On est environ à une moyenne de 7%.
01:34Donc sur ces 1800 personnes, simplement 7% pourront avoir une réponse positive à leur demande.
01:41C'est donc extrêmement faible et les réponses qu'on peut leur apporter ne sont pas non plus des réponses pérennes, naturelles.
01:50Justement, quelle est la règle ? A quelles conditions le plan Grandfroid qui permet d'ouvrir notamment des places d'hébergement supplémentaires est déclenché par la préfecture de la Haute-Garonne et par les préfectures ?
02:01Le plan Grandfroid est à l'initiative du préfet.
02:05En tout cas, c'était les règles qu'on avait connaissances.
02:09Puisque je précise quand même que cette année, pour la première fois, le préfet n'a pas réuni les associations à l'aube de l'hiver pour savoir comment nous allions pouvoir fonctionner et pour faire aussi un bilan des mois précédents.
02:22Donc en principe, c'est à la main du préfet, selon les éléments, les alertes météorologiques que donne Météo France.
02:30Vraisemblablement, aujourd'hui, l'analyse des services de l'Etat en Haute-Garonne ne justifie pas pour eux l'ouverture de capacités supplémentaires.
02:41Surtout, le fait de mettre à l'abri des personnes en situation de grande vulnérabilité.
02:46Il faut être en vigilance même jaune. Dès la vigilance jaune, le plan Grandfroid est déclenché par la préfecture ou pas ?
02:54Alors, il y a un premier plan hivernal qui est déclenché, en général, début novembre.
02:59Aujourd'hui, c'est plutôt mi-décembre avec des capacités supplémentaires.
03:04Et ensuite, je crois qu'il faut vraiment insister sur le fait qu'il y a des alertes météorologiques.
03:09Il y a des éléments qui sont donnés par Météo France, donc des éléments tout à fait scientifiques.
03:14Et ensuite, ce sont les services de la préfecture qui décident de transformer cette alerte en capacités supplémentaires ou pas.
03:25À un moment donné, c'est quand même les services de l'Etat, puisque de toute façon, c'est leurs compétences qui décident.
03:31On a des territoires où il y a déjà eu des plans Grandfroid, et puis pas chez nous.
03:36Est-ce que vous demandez solennellement au préfet qui écoutera ou qui écoute très certainement cette interview l'activation de ce plan Grandfroid,
03:43même si on n'est pas en vigilance météo en Haute-Garonne ?
03:46Oui, tout à fait. On lui demande solennellement, on va lui demander solennellement,
03:51parce que ce qui est vécu aujourd'hui, ce sont, encore une fois, des personnes qui sont à la rue lorsqu'il fait moins 4, moins 5.
03:59Il faut imaginer ce que c'est, dormir à la rue ou dans des conditions très très précaires, dans des habits précaires,
04:05plusieurs nuits de suite, alors même qu'on a déjà dormi à la rue pendant des semaines, alors qu'il faisait moins froid.
04:13Donc là, aujourd'hui, la situation est extrêmement importante et il faut qu'on puisse protéger ces personnes.
04:18Et vous qui nous écoutez, je suis sûre que vous avez un avis sur la question.
04:21Venez réagir à notre quart d'heure toulousain sur la prise en charge des personnes vulnérables en ces conditions météo particulièrement froides.
04:28Le numéro du standard d'ici Occitanie, c'est le 05 34 43 31 31.
04:33Anne-Claire Rochedel, Thomas Coudret, du collectif d'entraide et d'innovation sociale à Toulouse,
04:38dit ce matin sur Ici Occitanie que le plan grand froid est activé de plus en plus rarement,
04:43notamment pour des raisons budgétaires. Est-ce que vous êtes d'accord avec lui ?
04:47Alors qu'il est activé de plus en plus rarement, oui, en effet, ce sont des faits.
04:51Je n'ose pas imaginer que ce soit pour des questions budgétaires, puisque malgré tout, l'impact budgétaire,
04:59il n'est pas phénoménal quand on voit le nombre de places qui pourraient être ouvertes.
05:04En revanche, à un moment donné, des choix budgétaires, c'est aussi la conséquence de choix politiques.
05:09Donc aujourd'hui, on est sur une tension extrêmement forte entre l'offre et la demande pour les personnes à la rue,
05:17et en effet, une offre qui, sans forcément se réduire, mais n'évolue plus au regard des besoins.
05:26Est-ce que les conditions d'accueil ont été durcies pour certains publics ?
05:30Pas forcément qu'en Haute-Garonne, d'ailleurs. En effet, on a des conditions qui sont de plus en plus difficiles.
05:38Aujourd'hui, on peut accueillir des personnes qui sont à la rue pour une durée limitée, pour 15 jours,
05:46et puis après, ce sont d'autres personnes, donc c'est une manière de gérer la pénurie.
05:50C'est aussi une manière, ou en tout cas ça a pour conséquence, de mettre une très grande pression sur les personnes.
05:55Et ce qui est aussi très important, c'est quand on met la pression sur les personnes à un moment,
05:59il y a un épuisement qui est vécu par elles, qui vivent déjà à la rue et dans des conditions difficiles,
06:05et quand je dis qu'il y a 1800 personnes différentes qui appellent chaque mois le 115,
06:11c'est très compliqué d'imaginer toutes celles qui n'appellent plus, donc qui sont devenues invisibles.
06:19Et le risque de ne pas avoir de place, c'est de rendre un peu plus invisibles ces personnes.
06:23L'hiver dernier, à ce même micro, vous parliez de 2200 places d'hébergement pour les personnes à la rue en Haute-Garonne.
06:29Combien se sont ouvertes pour l'instant en ce 15 janvier 2025 ?
06:34On est resté à peu près sur les mêmes volumes, et donc là c'est aussi important de dire que depuis plusieurs années,
06:42on a eu des efforts importants de l'État pour augmenter la capacité d'accueil à Toulouse,
06:49qui pendant de nombreuses années était faible au regard de la population.
06:53Donc on a toujours un niveau important, on n'a pas fermé de places, si ce n'est les places de l'hiver dernier,
07:01mais on a un volume intéressant.
07:03Mais encore une fois, malgré tout, on a encore beaucoup de besoins non pourvus.
07:10Et on va terminer cet échange par un témoignage qui nous arrive de l'Union.
07:14De l'Union, au nord de Toulouse, 05-34-43-31-31, avec Sylvie. Bonjour Sylvie !
07:19Bonjour !
07:20Bienvenue, bienvenue en direct.
07:21Est-ce que vous avez le sentiment, vous Sylvie, qu'on ne prend pas correctement en charge les sans-abri en cet hiver ?
07:27Alors complètement, nous on a l'exemple sur l'Union.
07:30Malheureusement, ce n'est pas moi qui ai vraiment pris les choses en main pour cette personne-là,
07:33mais il y avait un SDF que les gens ont abordé et ont discuté avec lui,
07:38et il n'avait pas de solution de l'hébergement.
07:42Et du coup, il y a eu une cagnotte qui a été faite et un élan de solidarité autour de ce monsieur
07:46qui a permis qu'il passe les fêtes à l'abri.
07:49Et là maintenant, la cagnotte va être terminée,
07:53et la question que les gens se posaient, c'est qu'est-ce qu'on allait faire pour lui ?
07:56On n'a pas de solution en fait, on n'a pas de réponse positive pour hébergement,
08:00donc on va devoir le laisser repartir dans la rue.
08:04Et c'est assez dommageable de notre époque.
08:06Et il a tenté d'appeler le 115, imagine ce monsieur ?
08:08Alors apparemment, ils n'ont trouvé aucune réponse.
08:11Je ne sais plus trop qui ils ont contacté, mais ils n'ont trouvé aucune réponse.
08:15Donc c'est l'élan de solidarité qui a permis ça.
08:17Mais bon, c'est grave ici, je pense que c'est grave.
08:20Et notre invité, merci beaucoup Sylvie pour votre appel.
08:23Notre invité, Anne-Claire Hochedel, disait que 7% des appels au 115 en Haute-Garonne
08:30obtiennent une réponse positive.
08:32Merci beaucoup Madame Hochedel d'avoir participé à notre quart d'heure Toulousain sur ITV.

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