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Mardi 21 janvier 2025, SMART TECH reçoit Claire Balva (directrice stratégie, Deblock) , Ghislain de Pierrefeu (expert IA, cabinet Wavestone) , Jean-Baptiste Bouzige (président et fondateur, Ekimetrics) et Marc Royer (directeur données non structurées et analytics, DELL Technologies France)

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00:00Bonjour à tous, dans son coming out vidéo sur l'arrêt du fact-checking et de la censure
00:14politique, Mark Zuckerberg commence sa démonstration par un constat, il nous dit, pour lutter contre
00:20les contenus illicites, on a conçu des systèmes complexes pour modérer les contenus et le
00:25problème c'est qu'avec ces systèmes complexes et bien ils font des erreurs et on a atteint un point
00:30où il y a trop d'erreurs. Alors la modération de contenus, est-ce que c'est une mise en échec de
00:36l'intelligence artificielle et des algorithmes ? Ce sera l'un de nos sujets aujourd'hui avec ce grand
00:41rendez-vous de l'IA dans Smart Tech. On parlera aussi des restrictions américaines sur les puces
00:45d'IA et de l'investissement massif dans les data centers. On aura également dans cette édition un
00:51rendez-vous sur l'actu des cryptos mais d'abord je vous propose trois questions sur l'IA et le
00:56stockage de données. C'est parti pour un nouveau Smart Tech. Pour adresser ce sujet je suis en
01:05compagnie de Mark Royer, bonjour. Bonjour Delphine. Vous êtes directeur données non structurées
01:09analytique chez Dell Technologies France. Votre travail consiste à accompagner les entreprises
01:13dans la gestion de stockage de leurs données et aussi dans leur stratégie d'intelligence
01:19artificielle. Dell a dévoilé ses prédictions pour 2025 en matière d'IA avec notamment l'essor
01:25de l'IA agentique, tous ces agents qui vont nous aider très opérationnellement finalement dans nos
01:31métiers et notamment aussi parmi ses prédictions en entreprise le passage du concept à la réalité.
01:38Qu'est-ce que ça engage d'abord comme transformation au niveau de l'IT ? Alors c'est plusieurs éléments,
01:45il y a un changement de posture parce qu'on parle souvent de l'IT comme un outil technologique pour
01:49accompagner la transformation des entreprises mais il y a aussi un changement de posture par
01:53rapport aux personnes finalement qui composent cette entreprise. Donc c'est le mélange ou en tout
01:59cas la conjointure d'un savoir-faire technologie, de méthodologie et puis d'accompagnement humain
02:04pour pouvoir accompagner cette transformation. Et si je rentre plus précisément sur notre sujet,
02:09sur la question du stockage, de la gestion des données, qu'est-ce qui doit changer aujourd'hui ?
02:15Aujourd'hui on accompagne chez Dell Technologies les sociétés à se mettre dans une posture de
02:19raffinerie, c'est-à-dire qu'on a une matière première qui est présente et toutes les entreprises
02:24en ont. Elle est soit de provenance externe soit de provenance interne mais ce qui est sûr c'est
02:28que la matière est là. La première difficulté ou en tout cas le premier challenge pour les
02:34entreprises c'est d'y accéder sans restriction mais aussi de se conformer aux différentes
02:40réglementations. Et ça c'est un des points de challenge les plus majeurs pour les entreprises.
02:46Et puis de prendre aussi j'allais dire la qualification de ces données pour pouvoir
02:51adresser des sujets. Donc en fait il faut commencer principalement par le pourquoi on veut mettre en
02:56place de l'IA et pas par le comment. Parce qu'en fait on se retrouve dans les entreprises, on a
03:01quand même passé l'ère du big data, on se retrouve avec une masse d'informations. Comment
03:05est-ce que ça on peut le transformer en atout stratégique parce qu'on nous dit les entreprises
03:11demain avec l'IA vont gagner en valeur ? Alors c'est vraiment la donnée, c'est la touche
03:16stratégique. C'est vraiment ça qu'il faut retenir. Pourquoi ? Parce que c'est ce qui donne une
03:20singularité à chaque entreprise. Il y a la donnée mondiale, d'ailleurs on l'a vu avec l'avènement
03:24en 2022 et depuis 2022 des LLM, chat GPT mais ce n'est pas le seul. Finalement on sait que d'ici
03:312026-2027 l'ensemble de la donnée publiquement disponible sur internet sera consommée par ces
03:36éléments là. Qu'est-ce qui va différencier finalement un acteur, une entreprise ? C'est la
03:41manière dont elle va utiliser ses propres données, son propre savoir-faire pour pouvoir
03:45adresser des besoins spécifiques liés à son activité, son secteur, son industrie. Et ça c'est
03:50vraiment le game changer pour moi. Et est-ce qu'il y a aujourd'hui des offres d'infrastructures, des
03:55offres de stockage qui sont adaptées justement à cette nouvelle ère ? Alors c'est ce qu'on a
04:01mis en place chez Dell Technologies. J'ai souvent tendance à dire qu'on est un industriel qui a mis
04:05en place des solutions industrialisées pour pouvoir consumériser l'information au sens large. Et c'est
04:11vraiment ça le métier qu'on a mis en place pour épouser l'IA. Vous avez vu certainement un certain
04:16nombre d'annonces sur l'IA Factory que Dell a promue. Alors ça les IA Factory, c'est le mot de 2025
04:23j'ai envie de dire. Parce que c'est chez Dell mais c'est aussi au niveau européen, au niveau des Etats
04:28membres. On ouvre des IA Factory, c'est au niveau de chaque entreprise qui crée sa petite usine de
04:34fabrication d'IA générative. Mais encore une fois, qu'est-ce que ça engage comme transformation sur
04:39la gestion de ces données ? Alors ce qu'on veut faire avec les différentes entreprises, puisqu'on
04:43adresse à la fois des ETI, des PME, du secteur public, du secteur privé et puis de grandes
04:48entreprises, c'est de leur permettre d'avoir vraiment l'outillage et les formations, puisqu'il
04:53y a l'accompagnement humain, pour pouvoir s'approprier ces outils et en faire quelque
04:58chose d'aussi simple à utiliser que ce qui s'est passé avec l'LLM pour le grand public. Et c'est
05:04vraiment ça. Et derrière ça veut dire mettre en place des infrastructures dédiées ? Exactement,
05:08donc c'est des infrastructures dédiées avec des spécificités pour pouvoir utiliser, consommer
05:14l'information et pouvoir prendre de la décision de manière impactante. Parce qu'une entreprise
05:19cherche à avoir un impact sur son business et donc il faut derrière un KPI pour pouvoir le mesurer.
05:24Et ces infrastructures, c'est des infrastructures pas seulement d'accès à la donnée, c'est des
05:29infrastructures de stockage ? Alors ça va être des infrastructures de stockage, d'accès au sens
05:33large à la ou au silo de données, parce qu'une entreprise possède plusieurs, j'allais dire,
05:39lieux de données. Et ce stockage c'est quoi ? C'est du cloud hybride aujourd'hui ? Alors on va
05:42se retrouver dans des approches assez cloud hybride, c'est-à-dire qu'on peut faire du
05:46off-premise et puis on voit aussi que dans certaines industries, il y a du edge. C'est
05:50typiquement pour vulgariser les choses, lorsque vous êtes dans une ville, si vous devez faire par
05:55exemple la gestion des déchets, vous pouvez avoir une remontée par des capteurs disant que telle ou
06:02telle poubelle est pleine, mais vous pouvez aller plus loin. On parlait tout à l'heure d'IA avec
06:06les agents, l'idée derrière c'est de dire qu'on va peut-être optimiser au jour le jour les
06:13finalement cheminement du ramassage des déchets par exemple. Donc c'est vraiment d'aller sur non
06:20seulement la compréhension de l'information, la prise de décision et l'accompagnement dans
06:26cette prise de décision de manière très opérationnelle. C'est presque du sur-mesure.
06:30On fait du sur-mesure. Merci beaucoup Marc Royer pour vos conseils, vos éclairages sur ce sujet.
06:35Je rappelle que vous êtes le directeur données non structurées analytique chez Dell Technologies
06:39France. Merci Delphine. Allez c'est la place maintenant à notre grand rendez-vous sur
06:44l'intelligence artificielle justement. Pour ce grand rendez-vous de l'IA aujourd'hui, j'ai convié
06:52Guylain de Pierrefeu, bonjour. Vous êtes partenaire au sein du cabinet de conseil WaveStone en charge
06:57des activités intelligence artificielle et valorisation des données et avec vous Jean-Baptiste
07:03Bousige, bonjour. Vous êtes président fondateur d'Equimetrix, grand spécialiste français de la
07:08data science et des solutions IA. Merci beaucoup. On va commenter trois principales actualités que
07:14nous avons retenues. La première c'est une question, est-ce que l'IA est en échec et mise en
07:19échec sur ces sujets de modération de contenu sur les réseaux sociaux ? Je propose qu'on réécoute
07:25Marc Zuckerberg à ce propos.
07:38Complètement fluente en anglais. Le principal qu'il faut retenir de cette toute petite partie de la
08:01déclaration de l'arrêt du fact-checking et des nouvelles règles de modération chez META aux
08:06Etats-Unis, c'est qu'il commence par nous expliquer que pour lutter contre les contenus illicites, ils
08:11ont mis en place des algorithmes, des systèmes complexes et que ces systèmes complexes font des
08:15erreurs et que même si c'est un pourcentage, un seul pourcent des publications qui est affecté,
08:21ce sont des milliers, millions même d'utilisateurs que cela concerne et il nous dit on a atteint un
08:27point où il y a trop d'erreurs, trop de censures avec ces algorithmes. Alors est-ce que vous êtes
08:33de cet avis-là ? Aujourd'hui on a une mise en échec de l'IA ou pour vous bon c'est un petit
08:38prétexte balancé par Marc Zuckerberg pour changer de politique ? Option 2. Globalement en fait l'IA a
08:47permis des gains énormes sur le fact-checking, sur le contrôle des contenus d'une façon générale et
08:53que ce soit avec la computer vision, avec le NLP, les LLM etc. Il y a aujourd'hui une capacité à
08:59analyser les contenus qui est phénoménale et qu'on ne pourrait absolument pas faire avec des
09:03humains. Donc aujourd'hui on ne peut pas dire que l'IA est en échec. Pour un premier filtre ? Voilà
09:07pour un premier filtre, je crois que c'est 94% chez Meta qui est filtré par des IA aujourd'hui,
09:13donc c'est absolument énorme et on se doute bien que si on devait mettre un homme derrière chaque
09:16image ou chaque texte, un homme ou une femme, pour contrôler le contenu, on ne pourrait pas le faire.
09:22Donc aujourd'hui ça apporte énormément, après comme tout l'IA a des biais, a des insuffisances
09:30et n'est pas capable de tout voir. Donc effectivement il y a des trous dans la raquette, je pense que
09:34sans l'IA il y en aura encore plus. Mais ce n'est pas la première fois qu'on entend, avant ce revirement
09:41politique de Zuckerberg, ce n'est pas la première fois qu'on entend qu'il semblait déjà, Meta, dépasser
09:47par les couches et les surcouches algorithmiques pour la modération des contenus. Mais en fait je
09:51pense que plus qu'une question technique, c'est une question économique voire politique et qui
09:56renvoie au péché originel des réseaux sociaux, c'est qu'ils n'ont pas été considérés comme des
10:03éditeurs de contenu. Et donc ils n'ont pas internalisé le coût de gestion et de modération des
10:10contenus, donc c'est un coût absolument énorme pour eux. Et c'est ça ce qu'il y a derrière en fait,
10:14ils cherchent à externaliser ce coût, mais le coût aujourd'hui il est social.
10:21Vous ne voulez pas du tout remettre en question l'utilisation de la technologie pour la modération.
10:27C'est quand même un questionnement aussi sur le problème de transparence des algorithmes. Quand je vous dis qu'il nous
10:32avait déjà annoncé qu'il y avait trop de couches d'algorithmes, en fait on ne comprenait plus pourquoi
10:37le logiciel pouvait bannir telle image et pas telle autre. Parce que ce que ça montre aussi
10:43c'est que c'est extrêmement difficile et notamment à cette échelle de déployer des algorithmes
10:49hyper précis. Donc la question elle est plutôt sur comment les architectures, quel est leur purpose,
10:55et en fait ce qui est très dur pour les algorithmes c'est de prendre en compte notamment les différences
11:00culturelles. On a notamment beaucoup cité à une époque les œuvres d'art qui étaient censurées
11:04pour cause de nudité alors qu'il y avait des contenus d'apologie du terrorisme qui passaient.
11:10C'est extrêmement difficile d'avoir des outils qui seuls vont être capables de s'adapter, de
11:17comprendre l'ironie, de comprendre les différences culturelles, etc.
11:21Même si on a dû, j'imagine, faire énormément de progrès.
11:25C'est pour ça que la technique, si on la laisse à sa place, elle est extraordinaire. Il y a maintenant sur le multimodal,
11:33c'est-à-dire la capacité à traiter du texte, de l'image, du son, etc. On fait des trucs incroyables et bluffants.
11:39Mais c'est se mentir que de dire que ça va résoudre les problèmes tout seul. Donc forcément ça va être
11:44en échec. Et forcément ça a un coût d'architecture, de technologie autour pour bien le contrôler.
11:52Et humain pour le piloter, ajuster. C'est comme en cyber-security. C'est en gros ce qu'on appelle des managed services
12:00parce que constamment il faut s'adapter à la menace, au changement, etc. Et ça c'est un coût énorme humain.
12:04Et en fait, quand même, moi je vois dans les propos de Mark Zuckerberg une façon d'externaliser ce coût humain.
12:11Si personne s'en charge, ce sera un coût social, qu'on voit déjà. Et si quelqu'un s'en charge, qui ? Le régulateur.
12:18Enfin ça pose plein de questions d'économie politique.
12:20Les utilisateurs, il y a répondu.
12:22Oui, voilà, eux qui vont eux-mêmes modérer.
12:24Avec les community notes, oui.
12:26Mais c'est vrai que cette question économique, elle est intéressante parce qu'on entend aussi beaucoup dans les discours
12:32d'appropriation de l'intelligence artificielle en entreprise, ça va permettre de faire des économies.
12:36Finalement, c'est pas si évident.
12:38Tout dépend de ce qu'on veut faire.
12:40Quand on parle de complexité des algorithmes, de complexité de l'architecture de ces algorithmes,
12:44ça ne lui pose pas de problème pour faire du marketing et du ciblage.
12:48Donc il a des algorithmes beaucoup plus complexes pour faire ça.
12:50Ciblage pour des publicités politiques, par exemple.
12:52Ouais, par exemple, au hasard.
12:54Donc on sait faire des choses importantes.
12:58Encore une fois, sur le fact-checking, l'IA leur a permis effectivement de ne pas voir exploser les coûts de contrôle humain.
13:04Donc ça dépend d'où on part.
13:06Quand on parle de cybersécurité, aujourd'hui, il y a beaucoup de choses qui sont faites par des humains.
13:10Et on voit que l'IA apporte énormément pour réduire la charge humaine et surtout concentrer les humains sur les trucs les plus complexes.
13:16Et donc ça, on le voit concrètement dans les entreprises, les équipes cybersécurité utilisent de plus en plus ces outils
13:22pour regarder les fuites de données, etc.
13:24Et honnêtement, c'est un gain énorme opérationnel.
13:28Donc après, souvent, les gens sont occupés à d'autres choses parce qu'il y a encore des choses plus complexes à investiguer, etc.
13:32Donc ça ne fait pas forcément des économies de masse salariale.
13:34Ça peut le faire si on le souhaite.
13:36Mais souvent, c'est réfléchir vers autre chose.
13:38Mais ce n'est pas aussi simple.
13:40Et puis la question de voir l'IA comme un outil pour faire de la productivité, c'est probablement le mauvais combat.
13:44Il faut penser valeur ajoutée.
13:46Sinon, on s'enferme dans un système qui ne tiendra pas à sa promesse.
13:52On va soit couper des coûts humains, mais du coup dégrader la qualité.
13:56Donc en fait, il faut bien se rendre compte que l'IA magique plug and play, c'est qu'une partie du coût.
14:02Il y a un coût de passage à l'échelle qui est important.
14:06Et il y a un coût aussi de ce que j'appelais « manage services », de manager les modèles,
14:10d'être sûr qu'on va toujours se dire où est-ce qu'il y a de la valeur ajoutée à créer, comment on apporte plus de valeur, etc.
14:16Si on ne se concentre que sur la productivité, on n'aura pas le héroïne l'IA.
14:20Oui, on va dans le mur.
14:22Je vous propose qu'on adresse notre deuxième sujet.
14:24Ce sont des restrictions américaines sur les puces d'IA.
14:28Alors, j'ai mis un point d'interrogation parce qu'aujourd'hui, c'est un texte qui est porté par l'administration Biden
14:35et que 20 janvier, on change d'administration.
14:38Que va-t-il se passer ?
14:40Ça, on n'aura pas la réponse. J'imagine que vous ne l'avez pas non plus.
14:43En tout cas, dans sa dernière ligne droite, l'administration Biden a présenté un texte
14:47qui impose des restrictions sur l'exportation de technologies qui sont capables d'accélérer les traitements d'intelligence artificielle.
14:53Première concernée, ce sont les puces, les GPU d'NVIDIA.
14:57NVIDIA, c'est 90% du marché, je crois, sur l'accélération IA.
15:01La raison invoquée par les Etats-Unis, c'est la sécurité nationale.
15:07On aurait pu penser que c'était la Chine qui était visée, mais finalement, c'est le monde entier.
15:11C'est-à-dire que dans ce texte, on a vraiment le monde entier qui est adressé sur ces restrictions.
15:15Alors, il y a vraiment les pays amis sur lesquels il n'y a pas de limite à l'exportation,
15:22mais il y a quand même un contrôle qui sera fait.
15:25La France est dans cette catégorie de pays amis.
15:28Il y a évidemment les pays ennemis qui, eux, n'ont rien du tout.
15:31Et puis, ceux qui sont entre deux.
15:33Et là-dedans, on a des pays, notamment de l'Union européenne,
15:38qui vont voir les exportations être pas seulement contrôlées, mais limitées.
15:43Comment, pour vous, est-ce que c'est une véritable menace sur la compétitivité mondiale dans le domaine de l'IA ?
15:52En premier lieu, pour l'instant, c'est une menace pour NVIDIA.
15:55En tout cas, c'est comme ça qu'ils l'expriment, parce qu'effectivement,
15:57ils exportent beaucoup et c'est une part importante des exportations, même pour les États-Unis.
16:03Donc, c'est un choix compliqué.
16:05Et c'est un choix compliqué parce que la chaîne de valeur de l'IA est beaucoup plus complexe que ça.
16:09On l'a déjà vu post-Covid.
16:11Les Chinois avaient arrêté, ou en tout cas baissé les approvisionnements en terres rares et en métaux rares,
16:16qui servent aussi à construire les puces, etc.
16:19Cette chaîne de valeur est hyper imbriquée.
16:21La fabrication dans les fonderies, c'est surtout à Taïwan et en Chine.
16:26Donc, on voit qu'il peut y avoir un retour de bâton.
16:28Donc, toute la question, ça va être la réaction des pays asiatiques, chinois,
16:32qui ont une place très importante aussi dans cette chaîne de valeur
16:35et qui peuvent aussi contraindre pas mal de monde.
16:38Donc, on a effectivement la guerre États-Unis-Chine.
16:42C'est toujours ce rapport de force.
16:44Je ne sais pas ce que fera Trump.
16:46Il ne s'est pas encore prononcé, à ma connaissance, sur le sujet.
16:48Peut-être à ton avis.
16:50Mais en tout cas, c'est dans la ligne de ce qu'il veut faire sur le protectionnisme
16:53et sur le fait de protéger des choses.
16:55Tous ces pays ne pourront pas utiliser les puces.
16:58Alors, c'est effectivement sa ligne sur le protectionnisme.
17:00D'un autre côté, sa ligne, c'est aussi de favoriser ces grandes entreprises américaines,
17:06ces big tech, dont fait partie Nvidia aujourd'hui.
17:08Oui, mais c'est aussi une façon.
17:10Il y a les utilisateurs des puces, ensuite.
17:12Et donner accès à la puissance de calcul prioritairement aux entreprises américaines.
17:17Clairement, aujourd'hui, le sujet de l'IA est perçu comme un sujet géopolitique,
17:22y compris pour les acteurs économiques.
17:25Le CEO de Palantir disait que les États-Unis n'avaient pas eu un tel avantage stratégique depuis la bombe atomique.
17:31Donc, mettre ça dans une même phrase, c'est dire la façon dont, y compris les acteurs économiques le percevaient,
17:36en disant qu'on a une chance.
17:38C'est la première révolution depuis la bombe atomique,
17:40où les États-Unis sont seuls au monde à être dotés d'une technologie.
17:44Et donc, je pense que ça doit nous amener plutôt à repenser à cette question de l'impact,
17:50et de se dire, en fait, tout n'est pas sur la pleine puissance.
17:53Bigger is not better.
17:55Ça, c'est démontré par plein de papiers super intéressants.
17:58Il ne faut pas se laisser entraîner par le narratif de la Silicon Valley,
18:02qui dirait toujours plus, toujours plus d'investissement, toujours plus de processeurs, etc.
18:07Et se dire, qu'est-ce qu'on a à jouer quand on voit ce qu'on doit déployer dans les entreprises ?
18:10La frugalité, par exemple, c'est un sujet extrêmement important.
18:14Donc, bien sûr qu'il faut que l'Europe travaille sur sa souveraineté,
18:19sur le haut de la chaîne de valeur, parce que, quand même, il faut se préparer à ça.
18:23On peut changer de catégorie de pays assez rapidement, visiblement.
18:27Oui, et puis, il faut savoir quelles sont nos solutions de repli.
18:30Mais, en même temps, sur l'aval, il y a des questions de leadership à prendre sur les applications d'IA,
18:37et avec une singularité européenne qui peut être une IA plus frugale, plus responsable,
18:41et donc moins dépendante de l'accès au GPU, ou d'un accès linéaire, voire même exponentiel au GPU.
18:50Vous n'êtes pas inquiet, face à ce texte, aujourd'hui ?
18:54Parce que ça va limiter aussi la manière dont nos entreprises, finalement, exportent leurs propres technologies.
19:00En fait, ça pose quand même des questions.
19:02Leurs propres services à base de technologies américaines, pour être plus précis.
19:06En fait, il y a une chose qu'on ne dit pas, c'est que ces restrictions sont vraies si vous achetez directement les GPU.
19:12Si vous passez par AWS, GCP, Microsoft, dans les data centers qu'ils ont en Europe,
19:17ils ont le droit d'avoir autant de GPU qu'ils veulent, et vous pouvez les utiliser.
19:20Donc, c'est aussi, quelque part, un geste qui favorise ces gros acteurs technologiques aux États-Unis,
19:27aux dépenses, c'est vrai, de Nvidia, en l'occurrence.
19:30Mais, du coup, on pourra continuer à l'utiliser.
19:32Pour moi, ça pose une question plus globalement.
19:34Je suis complètement d'accord avec ce qui vient d'être dit sur la frugalité.
19:37On doit se différencier là-dessus, et on doit aller vers quelque chose d'un peu plus intelligent que la course au gigantisme.
19:43Pour autant, on voit qu'on est hyper dépendant d'une chaîne de valeur qu'on ne maîtrise absolument pas.
19:49Donc, il y a une guerre Chine-États-Unis, ils maîtrisent tous des composants.
19:52Nous, on maîtrise, et c'est déjà pas mal, le haut, avec notamment les large-language models,
19:57sur lesquels on a des trucs très bien en France, etc.
20:01Mais, du coup, on n'a pas tout le reste.
20:04Et ça pose des questions sur comment, même si on fait des datacenters un peu plus petits,
20:08si on a besoin d'un peu moins de puces, etc.,
20:11comment on devient un tout petit peu souverain sur cette partie-là, au niveau européen.
20:15À quel moment on se réveille ?
20:16Et là, ça pose des questions assez lourdes.
20:18Et pour l'instant, on n'est pas prêt.
20:20Bon, on n'a plus beaucoup de temps, mais on a quand même un troisième sujet.
20:22Je voulais vous faire réagir sur l'investissement dans les datacenters.
20:25McKinsey estime que la demande en datacenters va augmenter de 20% par an d'ici à 2030.
20:30Et puis, on voit les milliards qui pleuvent, que ce soit justement du côté d'AWS avec Amazon,
20:37du côté de Microsoft, qui a annoncé 80 milliards de dollars consacrés aux datacenters pour l'IA,
20:42dont la moitié investi aux Etats-Unis.
20:44Donald Trump aussi a été très clair là-dessus.
20:48Il a annoncé notamment un investissement de 20 milliards de dollars
20:51de la part du milliardaire émirati Hussein Sawani.
20:54Aujourd'hui, on est dans la course au gigantisme.
20:58Les installations, elles ont changé totalement de dimension.
21:03C'est évidemment un gouffre énergétique.
21:06Comment on va faire pour absorber toute cette consommation ?
21:10Je pense que c'est un sujet grave et pas assez documenté,
21:13qui est justement dans la lignée du bigger is better.
21:16Je pense qu'on marche sur la tête.
21:20Si je prends l'exemple d'Equimetrix,
21:24nous, on est un des acteurs principaux sur le déploiement en modèle d'IA
21:27pour les entreprises en France.
21:29L'année dernière, on a grossi de 45% et on a réduit notre empreinte carbone.
21:35C'est possible de déployer des modèles d'IA frugales.
21:38Ça fait partie de notre job.
21:40Et encore une fois, le scientifique, il ne finit pas son job
21:43quand il a trouvé la solution superpuissante.
21:45Il prend le temps de voir comment on l'affine pour qu'elle soit la plus efficace possible.
21:48Et d'ailleurs, c'est une condition nécessaire pour les entreprises
21:51pour être capable de les déployer à l'échelle.
21:53Et donc, ce boulot-là, si le haut de la chaîne de valeur
21:59et les producteurs de LLM disent « ce n'est pas notre job,
22:02nous, on va financer des centrales nucléaires, etc. »,
22:05on va impacter la planète.
22:07Et en fait, ils ne font pas leur job.
22:09Ils considèrent que les externalités négatives de leur activité,
22:12ce n'est pas leur job.
22:13Faire société, c'est s'occuper aussi des externalités négatives de son boulot.
22:18Et là, je pense que les régulateurs devraient jeter un œil à ce sujet de l'énergie.
22:23On a Luc Julia qui nous prédit que les IA génératives, d'ailleurs,
22:25c'est bientôt terminé parce que de toute façon,
22:27on n'aura pas suffisamment de ressources.
22:29Si on imagine autant de requêtes sur ChatGPT que dans Google aujourd'hui,
22:33ce n'est pas possible.
22:34C'est techniquement possible.
22:36On va être limité par l'énergie.
22:37C'est vrai qu'aujourd'hui, il y a déjà plein de datacenters
22:39qui sont obligés de se mettre à l'arrêt
22:40parce que les fournisseurs d'énergie ne sont pas capables de produire.
22:43L'eau, j'en parle pas.
22:44On en a parlé beaucoup avec la Californie et les incendies.
22:46Donc, ça pose beaucoup de questions sur l'environnement de ces datacenters.
22:50Et oui, il y a des limites planétaires,
22:52mais aussi il y a des limites locales,
22:54des limites des producteurs d'énergie.
22:56Relancer une centrale nucléaire, c'est bien,
22:58mais on ne peut pas le faire tous les quatre matins.
23:00Et donc, il va y avoir des vraies questions de se dire
23:02comment on limite ça et comment on est capable de faire la même chose avec moins.
23:07Mais pas gagné.
23:09Merci beaucoup à tous les deux.
23:10Guylain de Pierrefeu, expert IA chez WaveStone,
23:12et Jean-Baptiste Bouziche, président et fondateur d'Equimetrix.
23:15Merci beaucoup.
23:16Tout de suite, c'est l'actu des cryptos.
23:24On termine cette édition avec le regard de Claire Balva,
23:27directrice stratégie chez Débloque.
23:29Bonjour Claire.
23:30Bonjour.
23:31Alors, on va parler évidemment de cette actu des cryptos
23:32avec deux focus principalement aujourd'hui.
23:34On commence avec la nouvelle réglementation,
23:36Travel Rule, appliquée aux crypto-monnaies qui visent à tracer nos portefeuilles.
23:42Exactement.
23:43La Travel Rule, on en parle beaucoup parce que ça a des conséquences
23:45très concrètes sur la manière dont les utilisateurs vont se servir des plateformes crypto.
23:50Concrètement, toutes les plateformes réglementées et régulées en Europe
23:54vont avoir l'obligation de vérifier où leurs utilisateurs envoient leurs cryptos.
23:59Donc, par exemple, si j'ai un compte chez Kraken ou chez Coinbase
24:03et que je veux envoyer mes cryptos sur mon ledger, sur un portefeuille crypto,
24:07la plateforme va me demander à qui je veux les envoyer
24:10et de confirmer mon identité, de prouver que c'est bien moi
24:13qui détient l'adresse sur laquelle j'envoie mes cryptos.
24:16Ça, forcément, ça fait un peu râler dans la communauté des utilisateurs de cryptos
24:21parce que ça pose plusieurs risques.
24:23Le premier risque, c'est un risque concernant la vie privée.
24:26C'est-à-dire que les informations que la plateforme va détenir sur moi,
24:29elle va de plus être obligée de les partager avec d'autres plateformes.
24:32Si j'envoie l'argent sur ces plateformes-là.
24:34Et donc, ça veut dire que des données personnelles vont circuler potentiellement
24:37entre ces entités.
24:39Et le deuxième risque qui en découle, c'est un risque de sécurité financière.
24:42Vous savez que dans la crypto, on en parle régulièrement.
24:45Et on se dit, si mes données personnelles sont amenées à liquer,
24:49à fuiter par ces moyens-là, ça pourrait poser des risques quant à ma propre sécurité.
24:53Comme dans le système bancaire traditionnel, j'ai envie de dire.
24:56Exactement. En fait, cette règle est en place dans la finance traditionnelle
24:59depuis plus d'une dizaine d'années maintenant.
25:01Et ce qui frappe, c'est qu'on n'a pas de preuves que ça marche.
25:04C'est-à-dire qu'évidemment, l'objectif, on s'en doute bien,
25:07c'est de lutter contre le blanchiment, lutter contre l'afro, lutter contre le terrorisme.
25:10Mais quand on regarde ce qui s'est passé dans les dix dernières années
25:13dans le secteur financier, et qu'on essaye de se dire,
25:16est-ce qu'il y a des études, par exemple, pour prouver que cette règle a porté ses fruits,
25:19qu'on a réussi à arrêter les crimes grâce à ça ?
25:21Eh bien, on n'a absolument aucune donnée.
25:23Et forcément, les critiques aujourd'hui, elles s'élèvent contre ça
25:26parce qu'elles disent, bitcoin, ce n'est pas comme l'euro.
25:29Il y a une très grande traçabilité sur les blockchains.
25:31Tout est transparent.
25:32Et donc, il y a des moyens d'effectuer cette traçabilité
25:34qui sont complètement différents des infrastructures plus traditionnelles.
25:38OK. On passe à notre deuxième actus.
25:40Et cette fièvre, justement, cette fièvre du bitcoin,
25:43les entreprises imitent de plus en plus micro-stratégies,
25:46vous nous dites, en achetant du bitcoin.
25:48Oui. Alors, c'est une autre grosse tendance.
25:50Et on voit que tous les verrous, en fait, sont en train de sauter
25:52pour les entreprises qui veulent se mettre au bitcoin.
25:55Le premier verrou, en fait, qui existait depuis des années,
25:57c'était un verrou opérationnel.
25:59C'est-à-dire que ce n'était pas évident pour une entreprise d'acheter du bitcoin.
26:02Est-ce qu'on crée un compte sur une plateforme ?
26:04Comment on le détient légalement, juridiquement, comptablement ?
26:06Tout ça est très compliqué.
26:07Aujourd'hui, ça s'est beaucoup facilité.
26:09Déjà, les plateformes ont désormais des comptes entreprises.
26:11Mais surtout, on a ces fameux ETF, notamment aux Etats-Unis,
26:14qui permettent aux institutions de s'exposer très facilement au bitcoin.
26:17Donc, ça libère beaucoup opérationnellement les entreprises.
26:20Le deuxième frein, c'était un frein réputationnel.
26:23C'est-à-dire que les entreprises n'osaient pas acheter du bitcoin
26:26parce qu'elles avaient peur qu'on les pointe du doigt et qu'on dise
26:29« Attendez, vous avez acheté du bitcoin, c'est quand même très mal vu,
26:32vous participez au financement du terrorisme, de la drogue, etc. »
26:35Aujourd'hui, ce verrou-là, il est en train de sauter
26:37parce qu'on voit que la réputation de bitcoin est en train de changer.
26:40Alors, on ne le ressent pas forcément beaucoup en Europe,
26:42mais quand on regarde les études sur cette réputation outre-Atlantique,
26:45aux Etats-Unis et même en Asie,
26:47on se rend compte que bitcoin a une réputation beaucoup plus positive.
26:50Vous voulez dire que c'est lié à l'élection de Donald Trump ?
26:53Pas que. C'est lié à l'élection de Donald Trump
26:56qui a permis de parler plus ouvertement du sujet,
26:59mais c'est lié tout simplement à cette crypto qui a fait son bout de chemin
27:03et aux visions qui sont assez différentes.
27:05Dans ces pays-là, on est peut-être un peu moins attaché à sa monnaie nationale
27:09parce qu'elle est moins performante,
27:11ou alors on a un rapport à l'innovation qui est différent aux Etats-Unis.
27:14Forcément, on a une vision un peu plus positive de bitcoin.
27:17Et donc, vous pensez que ça va aussi se passer en Europe ?
27:21Alors, on attend de voir.
27:23Aujourd'hui, les entreprises qui achètent du bitcoin,
27:25c'est plutôt des entreprises américaines.
27:27On a Semler Scientific, par exemple, dans la santé,
27:29ou en Asie, je pense à Boya, par exemple,
27:31dans le monde du jeu vidéo qui est coté à Hong Kong.
27:34Donc, pas encore vraiment en Europe,
27:36même si on voit un intérêt qui arrive.
27:38Et moi, je vois chez Desblocs, par exemple,
27:40de plus en plus d'entreprises nous contacter pour nous dire
27:42« Est-ce que vous avez des comptes pour les entreprises ? »
27:44Parce que nous aussi, on a envie de placer un petit peu notre trésorerie en bitcoin.
27:46Donc, ça bouge.
27:47Merci beaucoup, Claire Bacla, d'être venue ici dans Smartech.
27:50Je rappelle que vous êtes la directrice stratégique de Desblocs
27:52pour nous faire un petit point sur cette actu dans le monde des cryptos.
27:55Merci à tous de nous avoir suivis.
27:56C'était Smartech.
27:57Merci de nous suivre sur la chaîne BeSmart for Change
28:00et également en podcast sur les réseaux sociaux.
28:02À très vite pour de nouvelles histoires sur la tech.

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