• il y a 19 heures
Ils accompagnent vers la mort plusieurs centaines de patients chaque année. Les soignants de l'unité des soins palliatifs de Rennes nous ont ouvert les portes de leur quotidien

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Transcription
00:00Je ne peux plus être traitée du tout, je ne peux plus avoir de soins en fait, et donc du coup ça arrive au bout de neuf ans de bataille, et neuf ans c'est long, mais c'est ça de gagner.
00:23Oui les soins palliatifs bonjour, oui Nathalie.
00:31A tout à l'heure.
00:42Pour info, chambre 5, ce week-end on a fait une entrée, monsieur qui est arrivé samedi soir vers 20h et qui est décédé à 23h30 le samedi soir.
00:52Soins palliatifs, Blandine bonjour.
00:54Non il n'est pas douloureux et on serait plutôt anxieux.
00:58La première fois que j'ai vu quelqu'un mourir j'avais 17 ans, c'était dans mon premier travail.
01:02Ce qui m'a interpellée ce jour là c'est que j'ai senti dans le regard de la dame qu'elle attendait quelqu'un pour pas mourir seule.
01:11Donc là il y a quelqu'un qui sonne, chambre 7, cette sonnette là c'est quelqu'un qui a besoin rapidement.
01:23Où est-ce que ça fait mal ?
01:27Je vous tire les hanches.
01:39C'est un monsieur qui a des risques de chute, c'est pour ça que plutôt que de mettre des barrières on met un matelas par terre.
01:45Ça n'empêche pas la chute mais ça amortit, ça empêche les blessures.
01:49Parce que quand on met les barrières les gens tombent de plus haut.
01:53Aujourd'hui le temps est tout gris.
01:59Dans notre rôle d'aide-soignant on apprend, derrière une chambre il y a une histoire, il y a une vie, il y a une personne différente.
02:04Donc on apprend à pouvoir s'ouvrir à tout ça.
02:09On est vraiment au plus proche et on peut s'autoriser à pouvoir accueillir que ce soit la douleur, que ce soit l'angoisse,
02:18que ce soit aussi un beau moment.
02:22On vit vraiment des beaux moments de partage où on est témoin des fois de jolies choses.
02:29Ce temps qu'on a vraiment il est utilisé pour nos patients et ça change tout.
02:40Moi en ce moment je suis vraiment en recherche de sérénité.
02:46Donc en introspection.
02:50J'ai pas le temps d'écrire mon histoire mais j'aurais voulu.
02:54J'ai pas eu le temps, là j'ai plus l'énergie.
02:58Et parler de sa fin de vie aussi, des fois c'est pas facile.
03:03Ce que je ne veux pas, pour moi c'est très important,
03:09c'est ne pas montrer une déchéance dont j'ai pas forcément moi envie de montrer.
03:23Alors évidemment, à mes proches.
03:40Dès que j'ai un moment, je suis à la page des obsèques et je regarde les noms.
03:46Parce qu'en général je me rappelle des personnes qui ont été hospitalisées chez nous et qui sont décédées.
03:51Et je regarde s'ils parlent de nous.
03:53Et si c'est le cas, j'attends le lendemain.
03:56Je prends ma paire de ciseaux et je découpe les obsèques.
04:02Et si c'est le cas, j'attends le lendemain.
04:04Je prends ma paire de ciseaux et je découpe les obsèques.
04:09Et quand la personne décède, je complète un document au nom du directeur d'astreinte.
04:16Je signe à la place du directeur d'astreinte pour que je sache quelle pompe funèbre prenne en charge le corps.
04:21Je fais le relais entre les familles et mes collègues infirmières, médecins ou aides-soignantes.
04:27Oui, les soins palliatifs, bonjour.
04:29Oui, Nathalie.
04:31Monsieur le président, le prénom, c'est comment ?
04:33Alors, l'unité de soins palliatifs, ici au CHU de Rennes, on a 16 lits d'hospitalisation.
04:40Sachant qu'il y a une 17ème chambre, parce qu'il y a une chambre double.
04:44On peut accueillir des familles. Il y a une porte qui communique avec l'autre.
04:48Les soins palliatifs, ça fait souvent peur.
04:51Ici, c'est un lieu de vie.
04:53Ici, c'est un lieu de vie, on écoute de la musique, on rigole, on mange, on pleure.
04:57On vit, quoi.
04:59Moi, je trouve que c'est bien.
05:01Ce n'est pas l'hôpital avec les odeurs.
05:05Oui, il y a, mais ça n'a rien à voir.
05:07Oui, c'est un lieu de vie.
05:12Je mets de l'huile, je la chauffe dans mes mains.
05:16Et après, on y va.
05:21Et j'ai été formée à ce qu'on appelle le toucher-massage.
05:28C'est comment intégrer le massage dans les soins quotidiens.
05:32Est-ce que c'est là que ça fait mal ?
05:34Plus bas.
05:38Là ?
05:39Oui.
05:40Quand on a une douleur, le muscle se contracte autour.
05:44Plus le muscle est contracté, plus on va ressentir la douleur.
05:49Un antidouleur, c'est très bien.
05:52Mais le muscle va toujours être contracté et va garder la mémoire de cette douleur.
05:56Parce que quand on est malade, le corps change.
06:01Et du coup, ça permet aussi de se réapproprier le corps et l'esprit,
06:06que les deux soient associés.
06:10Parfait.
06:12À tout à l'heure ?
06:14Oui.
06:18Du coup, je vous ramène des petits magazines.
06:20Donc, les chevaux, j'ai trouvé sur Vienne.
06:23On est un petit maillon.
06:24Mais c'est vrai qu'ici, moi, c'est ce qui m'a au départ dans l'équipe surprise
06:28quand je suis arrivée.
06:29La parole de l'aide-soignante, je ne dis pas qu'ailleurs elle n'est pas entendue,
06:32mais il y a une certaine hiérarchie ailleurs.
06:35Et ici, même si la hiérarchie est là, on va s'autoriser à aller parler,
06:41interpeller le docteur, poser des questions aussi.
06:44Ici, ce qu'il faut être aussi capable peut-être d'accueillir,
06:50c'est parfois la douleur, parfois la tristesse, parfois la peur.
06:55Ce n'est pas si simple que ça.
07:00Moi, j'aurais préféré, effectivement, choisir le moment
07:06pour en faire quelque chose finalement peut-être de positif.
07:14Ça sert bien, c'est agréable aussi de savoir que vous vous sentez bien avec nous
07:19et que ça aide aussi à avancer dans votre tête, à vous soulager.
07:28D'ailleurs, vous ne pouvez plus avancer si vous y pensez.
07:33J'étais dans la vie, même avec la maladie.
07:37Je vous ai mis la poudre là.
07:39Vous avez mis les deux dedans ?
07:40Oui.
07:41J'aime pas et je suis partie sans dire quand c'est pas bon.
07:45J'ai bien compris.
07:48En fait, ça ne me surprend pas du tout.

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