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00:00Sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le sénateur du Rhône et co-auteur du rapport sur le narcotrafic, Étienne Blanc.
00:07Bonjour Étienne Blanc.
00:08Bonjour Monsieur Pavlenko.
00:09Bienvenue sur Europe 1.
00:10Comment sortir la France du piège du narcotrafic ?
00:13C'est le titre de l'une des deux propositions de loi que vous avez portées ce jour au Sénat avec votre collègue socialiste de Saône-et-Loire, Jérôme Durin,
00:22avec qui vous avez déjà rédigé ce fameux rapport sur le narcotrafic l'an dernier, un rapport qui a vraiment marqué les esprits.
00:28Vous y dressiez, je rappelle, le constat d'une France submergée par le trafic de stupes, la drogue, par les dealers,
00:34et le portrait aussi d'un État dépassé qui manque de moyens, de cohérence et de lucidité.
00:39Vos deux propositions de loi, elles ont vocation, vous pensez qu'elles vont réussir à remettre l'État au niveau de la menace, Étienne Blanc ?
00:46C'est l'objectif. Aujourd'hui on a un État qui est démuné, il manque de moyens, c'est une évidence.
00:52On a travaillé avec Jérôme Durin sur ce qui se passe dans les Caraïbes, il faut plus de bateaux, il faut plus de surveillance, il faut de meilleures interceptions,
00:59et pour ça c'est des moyens absolument considérables, sur nos océans et aussi sur le territoire métropolitain.
01:04Et puis nous manquons de moyens juridiques, on n'est pas à la hauteur.
01:07Les narcotrafiquants, ils ont créé des entreprises, en bas vous avez quelqu'un qui consomme et tout en haut vous avez quelqu'un qui organise la livraison.
01:16C'est une entreprise, donc il faut rentrer dans l'entreprise, et pour rentrer dans l'entreprise il faut les infiltrer, il faut les repentir pour la comprendre et la détruire.
01:24Parmi les points forts de votre proposition de loi, il y a deux textes, il y en a un qui crée spécifiquement le fameux PNACO, le Parquet National Anti-Criminalité Organisé,
01:32qui va être à large spectre, globalement ce n'est pas que pour les stups mais pour tout ce qui va autour.
01:36La criminalité.
01:37La criminalité, et puis il y a cette idée de transformer l'OFAST, c'est l'Office Anti-Stupéfiants, en une DEA à la française.
01:44Alors je rappelle la DEA c'est la DEA, l'agence américaine de lutte contre la drogue, que fait la DEA qu'on ne fait pas en France ?
01:51Ils ont des moyens d'investigation absolument considérables, ils ont une autonomie qui est une autonomie très importante, et puis ils ont des objectifs qui sont des objectifs bien affichés.
02:01Et quand ils sont sur une affaire ils vont jusqu'au bout, et ils ont des moyens absolument considérables, quasiment illimités.
02:07Et ça va être le cas pour l'OFAST ?
02:09Nous allons essayer de faire, le droit anglo-saxon ce n'est pas le droit continental qui est le nôtre, donc il faut garder de la mesure, mais on va renforcer l'OFAST, c'est indispensable.
02:21Alors vous disiez aussi en substance, vous êtes déjà venu plusieurs fois nous en parler sur l'antenne d'Europe 1,
02:27on pêchait un petit peu par angélisme aussi dans la législation française par exemple l'infiltration des policiers dans les réseaux de stups.
02:34C'était très contraint, parce que si le policier devait à un moment vendre de la drogue pour sa couverture, il n'avait pas le droit, et donc ça ne pouvait pas bien marcher.
02:41Ça va changer ça.
02:42Ça c'est ce qu'on appelle les coups d'achat.
02:44Vous êtes sur internet, vous avez une commande, vous avez livré, et quand au moment de la livraison vous sortez votre carte vous pouvez interpeller le délinquant.
02:52Alors c'est pas beau, c'est pas bien.
02:54Mais il faut le faire, on n'a pas le choix.
02:56Mais qu'est-ce qu'on veut ? On veut continuer à accepter que sur internet on commande et qu'ensuite on livre en scooter.
03:02Mais il faut se salir la main, c'était dit là, il faut accepter ça.
03:05Il faut rentrer dans le système.
03:06Et c'est pareil pour les infiltrés.
03:08Vous avez un policier qui recueille des informations par une personne qui est dans un réseau.
03:12Mais le policier peut être poursuivi pour complicité, ou pour avoir favorisé l'infraction, il peut même mettre le co-auteur.
03:20Ce système-là ne peut pas durer.
03:22Il faut savoir ce que l'on veut.
03:24Est-ce que la France aujourd'hui veut détruire ce système, ou est-ce qu'elle le laisse prospérer ?
03:28Vous savez, il y a des termes qui sont utilisés, la mexicanisation.
03:31Les magistrats mexicains qui sont venus en France nous disent attention.
03:34En France, vous avez un certain nombre de signes qui laissent entendre que vous êtes en train de basculer.
03:39Racontez-nous peut-être, c'est quoi le Mexique aujourd'hui ?
03:42Etienne Blanc, vous êtes allé voir ce qu'il se passe là-bas ?
03:44C'est un pouvoir colossal des narcotrafiquants.
03:46Aujourd'hui, c'est une puissance qui s'impose à l'État.
03:49Ce sont des dizaines de milliers de morts chaque année.
03:51C'est des dizaines de milliers de morts.
03:52Ils contraignent les juges, ils contraignent les policiers, ils contraignent les politiques.
03:56Qu'est-ce que l'on veut en France ?
03:58Est-ce que dans notre pays aujourd'hui, on est capable d'identifier les risques ?
04:02Il n'y a pas que le sujet des stupéfiants.
04:06Le risque financier, il est là aussi.
04:08Le risque de faillite.
04:09Est-ce qu'on est capable de les identifier et d'y apporter réponse ?
04:13En matière de stupéfiants, je crois que le Sénat a fait le job
04:16et qu'aujourd'hui, il va présenter un texte qui a du sens.
04:18Il y a aussi un sujet qui est intéressant.
04:20C'est sur le volet, la technique juridique.
04:23Il y a un sujet sur les nullités.
04:25Vous avez des détenus qui envoient des dossiers de plus de 150 pages au magistrat instructeur.
04:29A l'intérieur, il y a une phrase pour demander leur mise en liberté.
04:32Si on ne voit pas, si on n'y répond pas dans les délais, le détenu peut sortir.
04:37Ça, ça ne sera plus possible après.
04:38C'est ce qu'on a appelé les stratagèmes judiciaires.
04:41C'est-à-dire que vous avez des conseils ou même des prévenus qui connaissent très bien le droit
04:45et ils utilisent des stratagèmes...
04:47L'évasion juridique, on parle de ça.
04:49L'évasion judiciaire, c'est autre chose.
04:51C'est un système de narcotrafiquants qui va corrompre un greffier.
04:56Le greffier ne va pas faire les diligences qu'il doit effectuer.
04:59Et à ce moment-là, la procédure tombe.
05:01Ça, c'est ce qu'on appelle l'évasion judiciaire.
05:03Mais au-delà de ça, il y a toute une série de stratagèmes qui sont déloyaux.
05:08Il faut lutter contre ça.
05:10Il y a deux méthodes.
05:11La première méthode, c'est de dire...
05:13Quand vous avez étudié les stratagèmes, il y a une nullité qui est encourue.
05:17Mais comme c'est un stratagème, elle ne sera pas prononcée.
05:20Et puis, il y a une deuxième méthode qui consiste à mettre des règles beaucoup plus claires.
05:24La demande de mise en liberté doit être déposée auprès d'un magistrat bien identifié.
05:29Et quand on change d'avocat, il faut que le magistrat en soit informé.
05:33Faire en sorte que tous ces stratagèmes ne puissent pas aboutir à une nullité.
05:37Vous êtes sûr que votre texte, il va passer Étienne Blanc ?
05:40Vous êtes d'une grande confiance ce matin.
05:42Alors moi, je suis confiant. Pourquoi ?
05:44D'abord parce que j'ai travaillé avec Jérôme Durin, qui n'est pas de ma famille politique.
05:48Il est socialiste, il était proche d'Arnaud Montebourg,
05:51avec lequel j'ai souvent croisé le fer quand j'étais député.
05:54Et qu'est-ce que nous avons réussi à faire ? Et ça, c'est la marque sénatoriale.
05:59On a compris qu'il y avait un enjeu pour la sécurité du pays,
06:04et on s'est mis d'accord sur toute une série de sujets.
06:07J'ai fait des pas en direction de ces prises de position et réciproquement,
06:12et on aboutit à un rapport consensuel.
06:14Moi, je pense que la France, aujourd'hui, sur des sujets graves, elle a besoin de consensus.
06:18Et ça, c'est une très belle expérience sénatoriale.
06:22On se parle, on discute, on fait un pas l'un vers l'autre,
06:25et on trouve la voie commune pour apporter une réponse aux soucis des Français.
06:28Merci beaucoup Étienne Blanc d'être venu ce matin sur l'antenne d'Europe 1.
06:31Vous êtes sénateur Duron et donc auteur de ce rapport,
06:34et de cette proposition de loi à étudier aujourd'hui au Sénat sur le narcotrafic.
06:37Bonne journée.

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