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00:007h-9h, Europe 1 Matin, l'éditoire politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villières, bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:08Vincent, à l'assemblée hier, Boris Vallaud a accusé François Bayrou d'employer les mots de l'extrême droite en parlant, au sujet de l'immigration, d'impression de submersion.
00:17Depuis, l'EPS a rompu les négociations pour le budget. Est-ce prévisible ?
00:22La gauche française est la plus prévisible du monde, congelée dans les années 80, elle est frappée du syndrome d'hibernatus.
00:28Alors pour la mettre au goût du jour, je voudrais rappeler au groupe PS à l'assemblée une conversation qui a eu lieu entre Jean Daniel et François Mitterrand, c'était au milieu des années 90.
00:37Jean Daniel est alors l'éditorialiste du Nouvel Observateur, c'est une grande conscience de la gauche morale. Écoutez Dimitri ce qu'il dit à Mitterrand.
00:43« Il y a en ce moment, en Occident, une islamisation de la vie quotidienne dont l'extension est inquiétante. »
00:50Mitterrand fait alors la moue et Jean Daniel poursuit « Votre affiche électorale du petit village avec son clocher, dans peu de temps, vous le verrez entouré par deux minarets. »
00:59Et que lui répond Mitterrand ? « Vous parlez comme Le Pen. »
01:02Trente ans plus tard, que dit Boris Vallaud au Premier ministre ? « Vous parlez comme Le Pen. »
01:07« Vous parlez comme Le Pen. » Ces cinq mots résument la paresse intellectuelle, le manque de courage et l'aveuglement de la gauche en France.
01:14Jean Daniel, encore lui, l'a exprimé mieux que personne en écrivant à la fin de sa vie « Je ne pardonnerai jamais à la gauche, ma famille, de ne s'être pas inquiété de ce que devenait le visage de la France. »
01:25Alors, est-ce que ce mot de submersion est quand même très chargé historiquement et symboliquement, surtout pour des socialistes ?
01:30Si on ouvre le Larousse, la submersion c'est une inondation, une invasion par la mer, invasion par la mer, c'est ce que vivent les Mahorais à Mayotte.
01:37C'est vrai que ce mot est impressionnant puisqu'il renvoie aux périodes tragiques de notre passé, aux registres militaires, à l'intégrité du territoire.
01:43Mais François Bayrou l'a employé à dessein pour décrire le malaise de ces quartiers et de ces villes qui, en quelques années, ont vu la population, l'art de vivre, les codes culturels changer intégralement.
01:53Et il n'est pas le premier à faire ce constat. Et si on raisonne comme Boris Vallaud, ils sont beaucoup à parler comme Le Pen.
01:59Mitterrand en 1988 qui disait « Le seuil de tolérance a été atteint dans les années 70. »
02:04Giscard d'Estaing en 1991 « Le type de problème se déplace de l'immigration vers l'invasion. »
02:09Daniel Cohn-Bendit, Daniel Cohn-Bendit au début du mois « À Mayotte, il faut rendre impossible cette immigration qui est un grand remplacement de population. »
02:18Alors, trop longtemps, la parole publique s'est baillonnée sur un bouleversement démographique vérifiable par un simple trajet quotidien en RER.
02:25Et pourtant, la justesse sémantique, c'est le début du courage, c'est une des conditions pour mener une bonne politique.
02:31Vous pensez, Vincent, que cette déclaration de François Bayrou prépare une politique vigoureuse en matière d'immigration ?
02:36Je crois que, surtout, cette déclaration a pour objet et pour effet de rassurer l'aile droite du gouvernement après les concessions faites aux socialistes sur le budget.
02:43Alors, c'est au tour des socialistes d'être inquiets et de brandir la menace de la censure, une censure improbable.
02:49On ne voit pas le RN faire tomber un premier ministre parce qu'il a dit les choses sur l'immigration.
02:54Alors, oui, cette affaire est d'abord verbale, mais on aurait tort de mépriser la force du verbe en politique.
02:59Il contient en lui une dynamique propre qui peut dépasser celui qu'il emploie.
03:03Si on la prend au mot, cette déclaration légitime et encourage le travail que veut faire le ministre de l'Intérieur.
03:08Et elle rejoint aussi le sentiment de deux Français sur trois.
03:11Contenir la possible submersion, maintenir l'immigration dans des proportions acceptables par le pays d'accueil,
03:17c'est en quelque sorte la feuille de route donnée par François Bayrou à Bruno Retailleau.
03:21Parler de submersion, c'est installer de fait l'immigration comme une urgence absolue.
03:25Et cela oblige à prendre des décisions radicales avec ou sans les socialistes.
03:30Un politique qui, devant une possible submersion, ne bâtirait aucune digue, serait coupable devant ses électeurs et surtout devant l'histoire.
03:37L'édito politique sur Europe 1, merci Vincent Trémolet de Villers.
03:40À la ligne du Figaro ce matin, face à Trump, l'Europe promet enfin un choc de simplification. Merci beaucoup Vincent.