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Jeudi 6 mars 2025, retrouvez Matthieu Crepin (Directeur général adjoint, DEMGY), Guillaume Cledat (Responsable du commerce mondial, Arkema), Claude Despierres (Vice-présidente vente et marketing, Hexcel) et Adrien Marchandise (Responsable technique, Avel robotics) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

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Transcription
00:00Smart Impact vous est présenté par Jack World, le rendez-vous mondial dédié aux composites.
00:16Bonjour à toutes et à tous, Smart Impact est au 60e Jack World, le salon international, l'événement mondial des matériaux composites.
00:251300 exposants, une centaine de pays représentés, plus de 44 000 visites professionnelles attendues.
00:33Les composites qui sont évidemment au cœur des enjeux de transformation environnementale, de décarbonation de l'industrie.
00:39On en parle tout de suite avec mes invités.
00:47L'invité de ce Smart Impact depuis le Jack World, c'est Claude Despierre. Bonjour.
00:51Bonjour.
00:52Bienvenue. Vous êtes vice-présidente de vente et marketing de Excel Corporation. Vous nous présentez Excel en quelques mots.
00:59Oui, bien sûr. Excel est le leader mondial dans le domaine du composite haute performance.
01:06Qu'est-ce que ça veut dire haute performance ? Principalement des produits à base de fibres de carbone, donc des renforts, des prêts imprégnés.
01:13Mais Excel, c'est aussi l'inventeur du nid d'abeille, un autre matériau qui permet d'alléger les structures.
01:19Nid d'abeille, hexagonal cells, Excel.
01:22D'accord. D'où le nom de l'entreprise.
01:24D'où le nom. Elle a été créée à peu près il y a 76 ans aux États-Unis.
01:27Et avec des utilisations dans plein de secteurs d'activité, certains plus que d'autres.
01:34Tout à fait. Alors aujourd'hui, pour Excel, le secteur d'activité est principalement l'aéronautique, l'aéronautique civile, militaire, le spatial.
01:41Et aussi beaucoup de secteurs industriels, principalement l'automobile, la marine, le médical.
01:48Beaucoup d'activités. Dès que vous avez besoin d'allègements, de performances, vous faites appel à des matériaux fournis par Excel.
01:56Oui. Alors évidemment, on va revenir à la base. La fibre de carbone, c'est quoi ? Ça sert à quoi ?
02:01La fibre de carbone, en fait, ces matériaux, il faut vous dire que le concurrent principal, c'est le métal.
02:09Donc notre but, c'est de remplacer le plus souvent du métal dans les structures.
02:13Et pour vous donner un exemple, la fibre de carbone est 5 fois plus résistante que de l'aluminium, tout en étant 30% plus légère.
02:22Donc aujourd'hui, on cherche de l'allègement, de la performance. C'est un matériau qui a effectivement de plus en plus, qui trouve de plus en plus d'application dans beaucoup de domaines.
02:34Et au fur et à mesure des dizaines d'années d'existence du composite, de nouvelles applications ont été trouvées.
02:42Et on attend les prochaines. On est sûr qu'on n'est pas encore au bout.
02:44Oui. Avec une dimension qui est une dimension évidemment majeure dans ce GECWorld et puis dans le secteur des composites depuis plusieurs années,
02:51qui est la durabilité, les enjeux de transformation environnementale. Comment vous répondez à ces défis ?
03:01Déjà peut-être sur le carbone lui-même, c'est-à-dire sur son utilisation, le fait d'en perdre le moins possible, je ne sais pas.
03:08J'imagine qu'il y a déjà une réflexion de ce côté-là.
03:10Oui, il y a une réflexion. C'est vrai qu'aujourd'hui, jusqu'à présent, il y a beaucoup de pertes quand le carbone est utilisé chez nos clients.
03:17Mais en fait, le carbone intrinsèquement est excellent pour l'environnement. On oublie de le dire.
03:22On nous dit souvent que nous consommons beaucoup d'énergie par rapport à d'autres matériaux.
03:27Donc, vous n'êtes pas si sustainable que ça. Mais en fait, non, on est léger. Donc, par définition, à l'origine, on apporte à l'environnement.
03:38On est tellement léger que bien sûr, peut-être qu'au moment où nos clients produisent, il y a de la perte au feu, je veux dire.
03:47Mais par contre, dès que vous commencez à utiliser dans le transport nos matériaux, vous économisez tellement dans votre consommation de carburant, d'énergie,
03:59qu'en un claquement de doigt, vous avez récupéré tout le malus.
04:03D'accord.
04:04Ça, c'est aujourd'hui. Bien sûr, notre industrie ne s'arrête pas là. Donc, on a à cœur d'améliorer l'empreinte carbone de nos produits.
04:12C'est faisable. Il suffit déjà d'utiliser une énergie renouvelable. En France, on est bien placé pour ça.
04:22Oui. On a une énergie décarbonée, une électricité décarbonée.
04:24Exactement. En produisant davantage en France.
04:26Donc, la fibre de carbone qu'on produit en France, elle aura un meilleur bilan.
04:28En France, en Europe, voilà. Mais les États-Unis ne s'arrêtent pas non plus à cela.
04:32Et il y a des tas de possibilités, des tas de routes qui sont regardées par Excel et bien sûr d'autres partenaires pour donc améliorer l'empreinte carbone
04:41des produits de la façon dont on les fait.
04:43Maintenant, après, bien sûr, vous avez tout à fait raison, amélioration des pertes à tous les niveaux de la supply chain.
04:50Donc, chez nous, chez nos clients, c'est quelque chose qui est en cours et qui va être, je pense, un point d'axe pour tout ce qui est innovation majeure.
05:00Il faut aussi savoir, par exemple, que le composite permet de faire des pièces beaucoup plus complexes que le métal.
05:07Donc, au lieu de faire 10 pièces en métal, vous allez faire 3 pièces en composite pour la même chose.
05:12Ça vous permet aussi d'avoir des designs plus flexibles, d'avoir plus de créativité dans le design parce que le composite vous permet des pièces plus complexes.
05:22Donc là aussi, quand vous cherchez, vous pouvez trouver également énormément d'apports, de bénéfices liés au composite par rapport à d'autres matériaux
05:33dans le cadre d'une amélioration de l'empreinte carbone de nos clients.
05:38Alors, on va parler de l'aéronautique, évidemment, mais aussi de l'automobile.
05:42Tiens, je commence par l'automobile.
05:44Il y a beaucoup de voitures, en fait, dans un salon comme celui-là.
05:47Donc, j'en déduis qu'on retrouve des composites un peu partout dans les automobiles.
05:51Vous devez le voir, c'est quand même la voiture de luxe.
05:54Il y a un peu de composites haute performance.
05:57Et là, je vais parler pour Excel qui est haute performance.
05:59Donc, c'est tout à fait approprié aux voitures de luxe.
06:03D'accord. Et on les trouve où, ces matériaux composites dans les voitures ?
06:07Vous avez aussi bien les structures, c'est-à-dire tout le monocoque, tout le châssis, une partie du châssis.
06:14Ça peut être, sur certains véhicules, ils vont faire une sorte de cellule de sécurité.
06:20Et puis, si vous avez en tête la Formule 1, qui est à l'origine, bien sûr, tout en carbone,
06:27c'est cette idée de la coque dans laquelle le pilote va être totalement sécurisé.
06:32Et ça peut être la même chose dans une voiture de luxe, avec beaucoup plus de place.
06:35Ce n'est plus du tout le même design.
06:37Et puis, vous avez tout ce qui est l'esthétique, ce qu'on appelle l'esthétique.
06:41Donc, tout ce qui est le body, tout ce qui est la carrosserie.
06:44Alors, pas toutes, mais certaines parties en carrosserie,
06:46avec des parties visuelles et des parties non visuelles, donc sous la peinture.
06:51Encore une fois, visuelle, parce que vous avez quand même, dans une voiture de luxe, envie du carbone, de le voir.
06:57C'est quelque chose qui est quand même très attractif, qui marche très bien.
07:00Et puis, peinture, les pièces peintes, parce qu'à nouveau, vous apportez de l'allègement.
07:06Donc, il y a énormément de pièces.
07:08Et après, c'est suivant les modèles, suivant les voitures, suivant le positionnement du modèle, du choix du constructeur.
07:14Et alors, dans le secteur de l'aéronautique, c'est sans doute la partie de l'activité d'Excel la plus importante aujourd'hui, c'est ça ?
07:23Oui. L'aéronautique commerciale, c'est à peu près 65-70% chez Excel.
07:30La feuille de route, c'est de faire des avions de plus en plus légers, si je comprends bien.
07:33Voilà. La feuille de route, c'est l'avion plus léger.
07:36Il faut voir qu'au départ, il y avait peut-être 20% d'un avion avec du carbone.
07:43Et là, 350 ou 787 sont à 50% de carbone.
07:47Vous avez des voilures complètes en carbone.
07:49Vous avez des fuselages, vous ne l'imaginez peut-être pas, quand vous rentrez dans un avion.
07:53Mais les dernières générations d'avions, vous ne rentrez pas dans un fuselage en métal, vous rentrez dans un fuselage en carbone.
08:00Donc, vous avez des problématiques autres et vous avez quelque chose de très fin, très léger et très fin.
08:06Là aussi, c'est quelque chose que le composite vous permet.
08:08Vous pouvez être rigide et fin, tandis qu'en métal, souvent, c'est une des difficultés.
08:12Si vous êtes trop fin, vous pouvez essayer sur une voiture, mettre le doigt sur une portière, ça va s'enfoncer.
08:18Pas le composite.
08:20Pas avec le composite.
08:21Et donc, l'aéronautique, les avionneurs, ils vous demandent de continuer jusqu'où on peut aller dans l'allègement des avions ?
08:29C'est l'allègement et il y a quand même le côté économique à moindre coût.
08:34C'est-à-dire que prenant de plus en plus de place dans un avion, de plus en plus de poids dans le sens par dans l'avion,
08:42vous avez quand même un côté économique, c'est-à-dire comment avoir les matériaux.
08:47Ce n'est pas forcément d'ailleurs des matériaux moins chers, c'est aussi des solutions pour eux, pour produire, qui sont moins chères.
08:52C'est-à-dire, encore une fois, moi, je crois que j'étais au début des GEC.
08:57Dans le temps, vous aviez beaucoup de gens qui faisaient quelques pièces par an et produisaient dans un garage.
09:03Maintenant, le composite est devenu un milieu industriel.
09:05Vous avez beaucoup d'automatisation.
09:07L'IA est quelque chose que tout le monde regarde.
09:09Comment faire intégrer l'IA dans notre future façon de produire, nos clients, etc.
09:15Donc, en devenant plus industriel, on cherche aussi l'optimisation des coûts.
09:21L'optimisation des coûts, moins de pertes, produire plus vite, produire avec moins de complexité, moins de risque d'erreur, meilleure qualité.
09:30Parce qu'encore une fois, non qualité dit perte.
09:32Et encore une fois, si on revient au sujet environnemental, la meilleure façon d'améliorer notre impact, c'est de réduire nos déchets, effectivement.
09:46C'est de ne pas faire de déchets, de n'en faire aucun.
09:50C'est un de nos axes.
09:52Et un des défis d'aujourd'hui et de demain.
09:54Un des défis.
09:55Et il y en a de multiples.
09:56Et c'est ce qui rend ce secteur extrêmement attractif, toujours innovant, toujours cherchant plus de performances pour quelque chose de toujours plus abordable.
10:10Et donc, il va peut-être permettre là aussi d'atteindre, de rentrer dans les nouveaux secteurs.
10:15Merci beaucoup.
10:16Et c'est ce qui rend effectivement ce salon, ce GEC World, également passionnant.
10:20Merci Claude-Pierre.
10:21Et bon salon.
10:22On passe tout de suite à notre débat.
10:25Notre édition spéciale continue.
10:27On va voir comment la chimie permet de créer des matériaux composites durables.
10:31Smart Impact au GEC World.
10:40Et on continue de découvrir des innovations qui animent les allées de ce salon international des matériaux composites.
10:46Je vous présente mes invités.
10:47Guillaume Cleda, bonjour.
10:48Bonjour.
10:49Bienvenue.
10:50Vous êtes responsable du commerce mondial chez Arkema.
10:53Mathieu Crépin, bonjour.
10:54Bonjour.
10:55Bienvenue à vous aussi, directeur général adjoint de DMJ.
10:58Quelques mots de présentation Arkema pour commencer.
11:01Arkema est un grand chimiste mondial avec son siège ici à Paris.
11:06Une société qui est issue de la longue tradition de la chimie française.
11:12Trois grands métiers.
11:13Les matériaux de spécialité dont les composites.
11:16Les produits pour le revêtement, pour formuler tout type de peinture et de revêtement plus ou moins technique.
11:24Et les adhésifs sous le nom de marque Bostik.
11:26Vous inventez des matériaux ?
11:28Tous les jours.
11:29A travers nos 16 labos à travers le monde, on développe des nouveaux matériaux sans cesse, plus performants, plus légers, recyclables.
11:39Évidemment, on parlera de cet enjeu de recyclabilité.
11:43Présentez-nous DMJ en quelques mots, Mathieu Crépin.
11:45DMJ est une ETI française spécialisée dans la transformation de matières plastiques et composites
11:51avec différentes technologies à son portefeuille qui vont de l'usinage en passant par l'injection, le thermoformage, la fabrication additive.
11:59Aujourd'hui, on combine un peu toutes ces technologies dans le but de travailler sur des solutions d'allègement pour substituer le métaux par des plastiques et des composites.
12:07C'est vraiment l'enjeu majeur, l'allègement.
12:10On parle aussi de polymère.
12:12On va faire un peu de pédagogie.
12:13C'est quoi un polymère ou des polymères ?
12:15Pour faire un composite, il faut au moins deux constituants.
12:18Le renfort, la fibre de verre, de carbone, et une matrice, un polymère, une résine qui vient enrober ces fibres pour leur donner leur cohérence, leur constitution.
12:33Des polymères que vous utilisez aussi, ça fait partie des matériaux que vous utilisez ?
12:36Tout à fait. Nous, nous transformons les matériaux de chez Arkema.
12:39On travaille au développement aussi de procédés pour pouvoir mettre en œuvre des nouveaux matériaux comme des composites à matrice thermoplastique avec les résines de chez Arkema qu'on va mélanger avec de la fibre de lin, des fibres naturelles.
12:52On combine une résine biosourcée avec une fibre de lin.
12:55Est-ce qu'on vient toujours au jack world avec des innovations ? Et si oui, lesquelles ?
13:00Bien évidemment, je viens d'en parler.
13:03Aujourd'hui, on travaille beaucoup sur le développement de ce qu'on appelle les biocomposites, des composites à faible impact environnemental et qui vont combiner des résines biosourcées avec des fibres naturelles ou des matériaux recyclés qui peuvent réduire largement l'empreinte carbone des produits que l'on fabrique.
13:23C'est une préoccupation du secteur qui date de quand, la durabilité ?
13:31La durabilité est vraiment un tournant important.
13:36Il y a eu différentes vagues dans le secteur depuis maintenant un peu plus de 25 ans.
13:43À la fin des années 2000, on avait eu déjà une belle tendance avec beaucoup de biosourcées déjà à l'époque qui avaient été un peu stoppées avec la crise financière à la fin des années 2000.
13:56Et on a vu depuis 6-7 ans vraiment un regain d'intérêt.
14:02Une demande est à la fois portée par le consommateur final qui nous pousse dans ces innovations-là et puis quelque part, peut-être pas encore avec assez de force, aussi portée par la réglementation, notamment autour du recyclage.
14:16Oui, parce qu'on voit effectivement avec la responsabilité élargie des producteurs le fait qu'il y ait des circuits, des filières de recyclage, de valorisation finalement des matériaux en fin de cycle de vie qui se sont mis en place.
14:31Qu'est-ce que vous proposez ici ? Votre stand est juste à côté comme innovation.
14:36Notamment sur un produit dont je m'occupe plus particulièrement autour des résines Helium qui est une résine, une matrice, un polymère qui a été conçu dès le départ pour être recyclé.
14:47On annonce un partenariat avec Beneteau, avec une start-up suisse Composite Recycling, Veolia et puis d'autres acteurs de la chaîne de valeur des Composites, Owens Corning et Chomara.
14:58Pour faire des bateaux encore plus légers, c'est ça ?
15:00Pour faire des bateaux recyclables.
15:02Et depuis un peu plus de deux ans que Beneteau a adopté nos résines pensées pour être recyclées, Veolia collecte les déchets, héberge les premières installations industrielles de Composite Recycling pour vraiment recycler en profondeur le composite.
15:20En dépolymérisant le polymère, on retrouve la brique élémentaire de base qui nous permet de refaire de nouvelles résines sans aucune perte de propriété quasiment à l'infini.
15:31Et puis la chaîne de valeur de la fibre de verre récupère cette fibre, la refond et les tisseurs en refont des textiles pour refaire de nouveaux des bateaux.
15:39Alors ce que je comprends, c'est passionnant ce que vous nous dites, c'est que finalement si on veut créer un matériau recyclable, il faut qu'il y ait la filière qui anticipe et qui soit prête à réutiliser ces matériaux et à les remettre dans un circuit économique, sinon ça ne fonctionne pas.
15:54C'est vraiment une démarche qui est issue de la volonté de ces 6 acteurs qui sont réunis pour mener à bien, aller plus vite que la réglementation, aller plus vite que les REP pour vraiment industrialiser la circularité dans les composites.
16:11Mathieu Crépin, vous travaillez pour l'aviation beaucoup notamment ?
16:15Oui effectivement, on travaille pour pas mal de domaines dont l'aéronautique, c'est un des secteurs où la contrainte d'allègement est la plus prégnante.
16:24Et on travaille sur le développement de matériaux de nouvelle génération, des matériaux composites à matrice thermoplastique qui présentent l'avantage de pouvoir être facilement recyclables si je puis dire.
16:33Il suffit de les rebrouiller pour leur redonner une nouvelle forme et une nouvelle vie.
16:37Aujourd'hui, on travaille énormément sur ces sujets-là pour pouvoir amener de nouvelles fonctionnalités à des matériaux qui auraient été par le passé enfouis et développer des nouveaux procédés pour pouvoir mettre en œuvre ces matériaux.
16:49Est-ce que ça vous rend optimiste ? Est-ce qu'il y a beaucoup de marge de progression ?
16:53Oui énormément, mais c'est ça qui est passionnant aujourd'hui. Nous, originellement, on travaille pour des secteurs comme l'aéronautique et l'automobile.
17:01Et le fruit de notre R&D aujourd'hui, elle a commencé par profiter à l'industrie de la chaussure.
17:06On fabrique des chaussures en composites pour Décathlon, on fabrique des coques de bagages où on va venir recycler des chutes de matière pour fabriquer des composants du même bagage.
17:17Il y a plein de réflexions qui nous amènent à développer des innovations pour pouvoir répondre aux enjeux de réduction de l'impact environnemental des produits de nos clients.
17:28Est-ce que c'est aussi un levier de compétitivité pour vos clients ?
17:32Je l'espère pas suffisamment aujourd'hui. Ma grande frustration, c'est qu'on ne parle pas encore en coût carbone complet.
17:40Parce qu'on parle du coût direct, du coût de production, du coût de main d'oeuvre, du coût de la matière.
17:45Mais on ne parle pas du bilan carbone, même si ça vient de plus en plus.
17:48Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai répondu à une première consultation pour le domaine de l'autobile.
17:53On exigeait de fournir le bilan carbone du produit qu'on allait fabriquer pour que ça soit consolidé chez le constructeur et qu'il puisse lui-même évaluer l'impact environnemental de son véhicule.
18:04Donc ça bouge trop lentement à mon goût, mais on y arrive petit à petit.
18:08Même question, Guillaume Cléda, sur le lien entre innovation et levier de compétitivité.
18:14Ces innovations, évidemment, on est dans une émission qui met le spartan-pat autour de l'environnement.
18:20C'est déjà, pour les acteurs qui sont pionniers dans le domaine, un driver de différenciation.
18:28Dans une offre qui est souvent pléthorique, tout particulièrement un marché qui n'est pas forcément très dynamique en ce moment,
18:39c'est une façon de se différencier et de montrer qu'on peut avoir des produits, des approches qui sont un peu différentes.
18:46En ça, c'est aussi une façon d'être compétitif.
18:49Et puis, en même temps qu'on apporte des solutions de développement durable, nous, on travaille aussi beaucoup sur la productivité.
18:55Donc on est un acteur un peu différent dans le métier des composites puisque, comme tu l'as dit, on est, nous, spécialisés dans les...
19:02Alors, je ne vais pas vous tuer aujourd'hui avec de la chimie très pointue, mais dans les composites thermoplastiques ou dans les matrices thermoplastiques,
19:10qui sont naturellement peut-être plus faciles à recycler.
19:12Et au-delà de ça, on travaille encore la chimie pour aller encore plus loin dans le recyclage.
19:17Et surtout, en même temps qu'on vend souvent des solutions pour le développement durable, on essaie de proposer des innovations sur le process,
19:26des gens qui mettent en œuvre pour gagner du temps, pour alléger les moyens qui sont requis pour la mise en œuvre.
19:32Et l'innovation, justement, ça représente la R&D, ça représente quelle part du budget d'un groupe comme Arkema ?
19:38On a publié la semaine dernière, donc les chiffres sont tout neufs. 2,9% de notre chiffre d'affaires reconsacré à la R&D, plus de 240 brevets par an.
19:50Et plus de 90% de ces brevets ont une contribution positive aux objectifs de développement durable.
19:58Plus de 90% des nouveaux brevets ?
20:00Oui, tout à fait.
20:01Ça veut dire que c'est une demande générale ?
20:03C'est vraiment une mobilisation de toute l'entreprise à tous les niveaux, d'être vraiment tourné vers le développement durable et c'est vraiment la marque d'Arkema.
20:11Dernière question toujours sur ces enjeux de développement durable, Mathieu Crépin. Moi, ce que je retiens, c'est une logique de partenariat aussi, beaucoup.
20:20Vous, vous travaillez, mais les autres interlocuteurs que j'ai pu recevoir dans les émissions ici me disent tous un peu la même chose.
20:26Bien sûr, quand on travaille sur le développement écoresponsable, on résonne généralement sur l'analyse du cycle de vie.
20:33Donc, on va considérer la production d'une pièce depuis l'extraction des matières premières jusqu'à la fin de vie du produit.
20:40Et donc, pour pouvoir travailler les différents volets de la chaîne de valeur, on est obligé de travailler en partenariat avec des fournisseurs de matières,
20:46des fournisseurs de technologies, des producteurs, des donneurs d'ordre qui vont nous aider à travailler chaque maillon de cette chaîne de valeur.
20:56Et des centres de recherche au point de départ ? C'est quelque chose d'avoir une idée dans une entreprise, mais est-ce que vous avez, vous, les moyens de la développer tout seul
21:06avec un centre de recherche et d'innovation ou est-ce que vous avez là aussi des partenaires ?
21:10Non, on est intégré, on a nos propres centres de R&D, on a près de trois centres de R&D sur différents sites.
21:16On a des doctorants aussi qui travaillent par exemple sur des modèles pour pouvoir calculer le bilan carbone d'un produit.
21:23Donc, un des enjeux aussi c'est de pouvoir développer ces modèles pour pouvoir fournir rapidement des bilans carbone des produits que nous fabriquons.
21:33Il faut pouvoir aussi travailler des matières recyclées, biosourcées, travailler les process.
21:39Donc, tout ça c'est le fruit de notre R&D pour pouvoir développer les solutions de demain.
21:44Et ce salon-là, ce rendez-vous mondial, c'est un rendez-vous de business aussi ? Vous signez les contrats ici ?
21:52C'est aussi beaucoup de réseaux, l'occasion de rencontrer des clients habituels, des quatre coins du monde qui se réunissent ici pour cette occasion-là.
22:03Et puis de faire connaître aussi beaucoup des innovations qu'on révèle souvent au moment d'Ejac.
22:10On vous a pris un quart d'heure de votre temps, vous pouvez retourner sur le salon, sur le stand Arkema pour voir éventuellement de futurs clients.
22:16Merci beaucoup, merci à tous les deux, à très bientôt sur Bsmart.
22:20On continue de découvrir dans cette édition spéciale des innovations le salon des matériaux composites.
22:33Smart Impact au 60e Salon JEC World.
22:35On continue de découvrir les innovations proposées, présentées cette année avec Adrien Marchandise.
22:41Bonjour.
22:42Bonjour, merci de m'accueillir ici aujourd'hui.
22:44Bienvenue.
22:45Vous êtes le cofondateur d'Avel Robotics.
22:47Vous l'avez créé en 2017 avec Luc Talbourdet.
22:50Racontez-moi, c'était quoi l'idée de départ ?
22:52Alors, on a créé Avel avec Luc après qu'il ait géré le projet de Vendée Globe de Jean-Pierre Dick pendant 16 ans.
23:00Et quand les foils sont arrivés dans le milieu des Imocars, les techniques de fabrication qui permettaient de fabriquer les pièces de ces bateaux, les dérives, les safrans, etc.
23:11étaient plus suffisamment fiables pour pouvoir répondre aux enjeux avec tous les efforts qui arrivaient.
23:17On a donc souhaité avec Luc imaginer des méthodes de production nouvelles.
23:23Et je ne sais pas si vous connaissez ces robots que la société Coralis Composites a développé pour l'aéronautique.
23:29Ce sont des robots qui servent à produire des pièces en série.
23:32Nous, on y a vu aussi la possibilité de les utiliser comme une imprimante 3D géante ultra adaptée pour la fabrication de prototypes, qui est le cœur des pièces qu'on fabrique dans la course au large.
23:45Donc, vous fabriquez ces foils qu'on voit sur les bateaux nouvelle génération les plus rapides, qui battent les records autour du monde, avec des robots créés pour un autre usage.
23:57C'est ça l'idée de départ, ce que je comprends.
23:59Tout à fait. L'idée, c'était de s'appuyer sur cette technologie qui avait été développée et prouvée, de l'utiliser pour un usage qui n'avait pas été imaginé initialement.
24:09Et en fait, assez paradoxalement, le savoir-faire qu'on arrive à développer grâce à la fabrication de prototypes.
24:15Ensuite, on le transfère vers l'aéronautique qui est friand des petites astuces qu'on vient imaginer pour fabriquer.
24:23Ça marche dans les deux sens. Il y a un aller-retour passionnant.
24:26Et donc, j'ai lu en préparant cette interview qu'il y a une de vos innovations qui va bientôt être testée pour la Mini Transat.
24:33Notamment, de quoi on parle alors ?
24:34Nous, on fabrique des foils. C'est un des produits qui est le plus connu chez Avel.
24:39On est ultra fier d'avoir eu les deux skippers sur le podium du Vendée Globe qui avaient nos foils, Charlie Dalin et Yohann Richaume, et d'équiper la moitié des foils de la classe IMOCA.
24:50Il y a un enjeu environnemental dans la production de ce type de pièces composites.
24:55Le fait d'utiliser un outil de placement de fibres automatisé, ça nous permet d'économiser énormément de matière par rapport à de la fabrication traditionnelle.
25:04Ça crée une différence de taille.
25:06Les foils qu'on produit sont à 45 kg de CO2 équivalent par kg de foils alors que notre compétition fait des foils à 100 kg de CO2 par kg de foils.
25:15On voulait garder cette avance.
25:17Pour cela, on a imaginé avec nos partenaires Compositique, Irma, Victrex, Diab et Minilab de fabriquer des foils recyclables en intégrant des matériaux qui peuvent avoir une seconde vie et au sein de notre produit en mettant des matériaux recyclés.
25:33Avant de fabriquer des foils qui vont faire le tour du monde, on veut déjà être capable de fabriquer des foils qui vont traverser l'Atlantique.
25:40On va tester sur un Mini 650 cette année les premiers foils recyclables, voir s'ils sont aussi endurants et fiables.
25:48C'est d'abord leur premier usage.
25:50Qu'est-ce qu'ils deviendraient après ces foils recyclables ?
25:54Ils vont redevenir d'autres foils ou partir dans une autre chaîne de valeur ?
25:58Pour ne pas attendre que des filières industrielles de recyclage composite se mettent en place et on sait qu'elles vont arriver, nous, on dispose de moyens à l'Orient pour recycler du composite.
26:08Ce n'est pas aussi vertueux que les solutions qui seront opérationnelles dans 5 ou 10 ans.
26:13On a imaginé que dans notre propre produit, on allait mettre des matériaux recyclables et recycler des matériaux pour composer d'autres structures de ce même produit.
26:22Dans le même produit, on a de la matière recyclée et de la matière recyclable.
26:26On parle de fabrication 100% française ?
26:29Les partenaires avec lesquels on travaille ne sont pas 100% français, ils sont 100% européens.
26:36Aujourd'hui, les foils qu'on a sur le Vendée Globe, on les développe avec des partenaires qui sont français.
26:43La génération de demain ne sera pas 100% française, mais on a énormément de partenaires qui sont dans une proximité géographique.
26:52Parce que la voile, c'est une activité, il y a des industriels, il y a des grandes marques.
26:57Peut-être plus facile de développer des produits dans ce secteur-là en restant assez majoritairement français ?
27:04Absolument. En Bretagne, on a un tissu industriel extrêmement développé autour de la course au large qui est regardé par l'international.
27:14On a des équipes de tous les pays qui viennent produire leurs bateaux, qui viennent s'entraîner autour de l'Orient.
27:21Et puis, la France, c'est un territoire fort du composite.
27:24On travaille avec différents fabricants de fibres de carbone, notamment qui sont implantés en France.
27:30Ce qui est top, ça nous permet de rester en circuit court.
27:33Merci beaucoup Adrien Marchandise, bon vent à Avel Robotics et bon salon Jacques World.
27:39C'est la fin de ce Smart Impact depuis le salon mondial des matériaux composites.
27:44A très vite sur Be Smart For Change. Salut !
27:46Merci.