La Commission mixte paritaire (CMP), composée de 7 députés et 7 sénateurs, a trouvé un compromis vendredi 31 janvier après deux jours de discussions. Cet accord sera présenté la semaine prochaine aux deux chambres du Parlement. Faute de majorité à l'Assemblée, le gouvernement pourrait recourir au 49.3 lundi 3 février. Les Socialistes ont voté contre cet accord. Après la CMP, Boris Vallaud, le leader des députés socialistes, a annoncé qu'il ferait un point avec ses collègues et le parti avant de revenir à l'Assemblée la semaine prochaine. Écoutez le sentiment de Philippe Brun, député PS de la 4e circonscription de l'Eure.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 31 janvier 2025.
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00:00RTL 18h16, bonsoir Philippe Brun, vous êtes député socialiste de Boulheur,
00:07vous êtes aussi membre de la commission mixte paritaire qui vient de trouver un accord sur le budget 2025.
00:12Merci beaucoup de nous rejoindre sur RTL et en direct.
00:14Vous avez voté contre ce projet de loi de finances, pourquoi ?
00:18Écoutez, nous avons dit quel était notre état d'esprit.
00:21Ce que nous souhaitions, c'est obtenir un certain nombre de concessions.
00:25Ces concessions sont insuffisantes par rapport à ce que nous voudrions voter pour.
00:29Cela voudrait dire que ce budget ne nous convient pas assurément.
00:34Nous avons obtenu un certain nombre de concessions, et donc la question qui se pose à nous,
00:39c'est est-ce que nous censurons ou pas le gouvernement s'il active le 49.3 ce lundi ?
00:45Dans toutes les dates causes, le compte n'y est pas de notre point de vue,
00:48même si nous avons remporté des victoires...
00:51Mais oui, vous revendiquez des victoires arrachées à la droite et aux macronistes.
00:56Du coup, on a du mal à comprendre ?
00:58Si vous voulez, l'équilibre global du projet de loi de finances,
01:01c'est un équilibre lycée, très faible mise à contribution des hauts revenus et des hauts patrimoines
01:06par rapport à tout ce qui est fait en termes d'austérité dans les services publics.
01:10Il y a, on le sait, beaucoup d'imperfections dans ce budget.
01:13C'est un mauvais budget.
01:14Toutefois, nous, notre volonté dans une période très difficile que connaît le pays aujourd'hui,
01:19une période d'effondrement et avec les difficultés économiques,
01:22notre volonté c'était d'épargner au maximum les Français dans cette difficulté de manière très constructive.
01:26C'est la raison pour laquelle, depuis un mois maintenant,
01:28nous négocions, nous discutons, nous mettons tout autour de la table
01:31en essayant de mettre fin à cette bagaille qui désespère les Français.
01:35Alors, on a trouvé un certain nombre de compromis sur des sujets.
01:38J'en suis très heureux.
01:39On a augmenté de 300 millions le budget de l'écologie,
01:42le fonds vert pour aider les collectivités face à la transition énergétique.
01:45On a obtenu l'augmentation de la taxation des transactions financières.
01:49On a obtenu 4000 postes de profs de plus dans l'éducation nationale.
01:52On a obtenu des postes de plus supplémentaires à France Travail.
01:54On a obtenu des moyens supplémentaires pour les collectivités locales.
01:57On a obtenu 600 millions d'euros pour ouvrir les petites lignes de train.
02:00Ça, c'est positif.
02:01Alors, excusez-moi, parce que là, vous êtes en train de nous dire que c'est merveilleux,
02:04que tout s'est bien passé.
02:06Excusez-moi, on va reprendre les choses une par une si vous le voulez bien.
02:09Qu'avez-vous obtenu notamment sur l'aide médicale d'État
02:12que les Républicains voulaient raboter de 200 millions d'euros ?
02:15Écoutez, dans le texte du Sénat, il y avait un article
02:19qui effectivement restreignait l'aide médicale d'État.
02:23Pour se faire soigner, il demandait l'avis d'une commission de contrôle médical
02:29qui pouvait décider ou pas de soigner quelqu'un.
02:32Nous avons obtenu la suppression de cet article
02:35qui changeait les règles sur l'aide médicale d'État.
02:38Donc, il n'y aura aucun changement sur l'aide médicale d'État.
02:41C'est une victoire de notre point de vue.
02:43Vous savez que le député insoumis Éric Coquerel
02:45affirme que rien n'a été retenu de vos propositions.
02:47En tout cas, rien de plus que ce que le Sénat avait déjà obtenu.
02:51Ça ne résiste pas à l'analyse des faits.
02:53Tout ce que je viens de vous dire n'était pas dans la copie du Sénat.
02:55Ce sont des choses que nous avons obtenues en commission mixte paritaire.
02:58Des amendements socialistes, nombreux, ont été adoptés.
03:00Des amendements aussi des rapporteurs qui avaient été négociés avec nous.
03:04Dans un esprit, si vous voulez, constructif,
03:06nous sommes dans l'opposition, l'opposition ne vote pas le budget.
03:09Mais ce que nous souhaitions, en tout cas,
03:11c'était d'obtenir le meilleur budget,
03:13en tout cas le moins mauvais budget possible
03:16pour essayer de sortir le pays de l'ornière.
03:18Mes collègues feront l'analyse de ce budget
03:21et décideront ce qu'ils feront lundi dans l'hémicycle.
03:24Mais en tout cas, on peut satisfaire qu'il y a un certain nombre de concessions
03:27qui nous aient été accordées.
03:29Et en cela, je crois que c'est très positif.
03:31Je rappelle que le budget, c'est l'avis du pays.
03:33Éric Coquerel explique aussi que cette loi de finances
03:35est pire que le budget barnier.
03:37Vous comprenez le message ?
03:39Écoutez, je crois que ça ne résiste pas non plus à l'analyse.
03:42Dans le budget barnier, il y avait l'augmentation des prix d'électricité.
03:45Nous, les socialistes, on a obtenu la suppression.
03:47Dans le budget barnier, il y avait l'indexation des retraites.
03:49Nous avons obtenu leur suppression.
03:51Dans le budget barnier, il y avait la suppression de 4 000 postes de profs.
03:53Nous avons obtenu leur maintien.
03:55Dans le budget barnier, il y avait également des 5 milliards sur les collectivités.
03:58On a réduit l'effort à 2 milliards.
04:00Dans le budget barnier, il y avait des coupes immenses dans l'écologie.
04:03Nous les avons rétablies en partie.
04:05Dans le budget barnier, il y avait une mise à contribution importante
04:08des classes populaires et des classes moyennes.
04:10Aujourd'hui, elles sont totalement exonérées d'efforts.
04:12Donc, on a rééquilibré.
04:14Faut qu'on choisisse. C'est un bon budget de droite ou un mauvais budget de gauche ?
04:18Ecoutez, je pense que ce budget, en vérité, ne satisfait personne totalement.
04:23C'était d'abord le budget de Gabriel Attal,
04:25qui est devenu ensuite, en 15 jours, celui de Michel Barnier,
04:27qui n'avait pas eu tellement le temps de le travailler.
04:29Puis ensuite, c'est devenu très rapidement celui de François Bayrou.
04:33Et maintenant, c'est l'objet d'un compromis entre forces politiques
04:38qui, difficilement, essaient de trouver une solution.
04:41Pour nous, évidemment, ce n'est pas le budget de rêve
04:43que nous ferions si nous étions au pouvoir.
04:45Ce n'est pas un budget de gauche.
04:47Ce n'est pas un budget socialiste, assurément.
04:49En tout cas, il y a des concessions qui ont été faites.
04:51Il y a d'autres choses qui nous dérangent fortement dans ce budget.
04:54On va faire l'analyse, entre nous, de ce que nous ferons ce lundi.
04:57En tout cas, ce qu'on peut noter de positif, c'est que ça a bougé.
05:00Et je crois que c'est une bonne nouvelle,
05:02dans un moment où les gens désespèrent un peu
05:04de l'image que renvoie la classe politique.
05:06Monsieur le député, notre déficit public est abyssal.
05:09Quelles sont les économies que ce budget propose ?
05:12Ce budget prévoit des économies.
05:14En vérité, grâce à ce qu'on a adopté,
05:16le déficit est inférieur encore à la version du Sénat.
05:20Parce que, dans la discussion de la commission liste paritaire,
05:24nous avons adopté un certain nombre de recettes nouvelles.
05:26Je vous parlais de la taxe sur les transactions financières.
05:28Je vous parlais de la mise à contribution
05:30d'un certain nombre de secteurs d'activité.
05:32Une taxe sur les rachats d'actions.
05:34Et donc, le déficit va être un peu moins élevé
05:37à la suite de ce travail en commission mixte paritaire qu'avant.
05:40Donc, ça fera un déficit autour de 5,4-5,3% du PIB.
05:46C'est beaucoup, mais c'est une réduction très forte
05:48par rapport à l'année dernière où on était allé jusqu'à 6%.
05:52C'est le budget que nous avons trouvé,
05:54qui avait été laissé par Bruno Le Maire.
05:56Donc, c'est un effort considérable,
05:58dont on va voir d'ailleurs les résultats dans les services publics.
06:02Mais il y a un effort à faire, et de notre point de vue,
06:04il faut une mise à contribution plus importante
06:07de ceux qui ont été exonérés d'efforts depuis 7 ans.
06:0950 milliards d'euros de baisse d'impôt non financée,
06:12non pas pour les riches, mais pour les très, très, très, très riches.
06:15Ceux qui ont des patrimoines financiers très importants
06:18et qui ne payent aujourd'hui quasiment pas d'impôt sur le revenu,
06:21pas d'impôt sur les capitales, pas d'impôt sur les dividendes.
06:24Et ça, ce n'est pas acceptable.
06:25Philippe Brun, le texte sera soumis au vote des députés en début de semaine prochaine.
06:28François Bayrou pourrait avoir recours au 49.3 pour le faire adopter.
06:32Allez-vous voter la motion de censure qui devrait être déposée
06:35notamment par la France Insoumise ?
06:37Écoutez, nous en discuterons entre nous.
06:40Je ne peux pas parler au nom de mes collègues.
06:41Ce que je souhaite, c'est qu'on ait une position collective.
06:43Donc, pardonnez-moi, vous n'êtes pas prêt à censurer le gouvernement ?
06:46Moi, j'ai mis tout mon cœur et toute mon âme dans ces discussions.
06:49Il y a des choses positives que nous avons tenues, des choses plus négatives.
06:52Nous allons faire cette analyse avec mes collègues
06:54et nous annoncerons dans la semaine ce que nous comptons faire
06:57sur une éventuelle censure la semaine prochaine.
07:00Je reviens sur le mot de « submersion migratoire »
07:03employé par François Bayrou.
07:04Vous attendez toujours des excuses ?
07:06Écoutez, il y a eu une clarification qui a été faite par François Bayrou
07:10qui a écrit une lettre qui a été lue par le ministre des Relations avec le Parlement
07:14ce mercredi au Sénat.
07:17Je regrette cette expression malheureuse en vérité
07:20qui d'ailleurs ne trompe personne.
07:22Moi, je vois bien sur le terrain, je suis en duplex depuis.
07:25Chez moi, dans l'heure, les gens ne sont pas trompés par ces mots.
07:29Il y a beaucoup de mots, il y a assez peu d'actions sur ce sujet
07:32comme sur beaucoup d'autres.
07:33Je crois que ce n'est pas du niveau d'un Premier ministre.
07:35On n'aurait pas imaginé Lionel Jospin, Dominique de Villepin
07:38ou Mitterrand ou De Gaulle utiliser des mots comme ceux-là.
07:41Je crois que c'était une erreur, que ce n'était pas du niveau du Premier ministre
07:44d'utiliser ces mots qui divisent, ces mots qui discriminent.
07:48Je crois qu'en vérité, c'était une erreur de sa part.
07:51Il a dit que ce n'était pas ce qu'il voulait dire,
07:53que ces mots dépassaient sa pensée.
07:57Il aura l'occasion sans doute de s'en expliquer davantage dans la semaine qui vient.
08:00Le Premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure,
08:02sera candidat à sa propre succession.
08:04Il affirme, je cite, avoir « réancré le PS là où il doit l'être ».
08:08Vous avez compris ce que ça veut dire ?
08:13Oui.
08:17Oui.
08:18Ce que je veux dire, c'est que de toutes nos forces,
08:19nous essayons de redonner à la France l'espoir.
08:23Je crois que le Parti Socialiste a longtemps déçu les Français
08:26et que nous sommes en train de lui donner un nouveau visage.
08:29Nous avons, je crois, vocation à réenchanter un peu l'espoir
08:33dans un moment où les gens ne voient pas très bien l'alternative
08:35entre l'extrême droite et le gouvernement.
08:38Je crois qu'il faut qu'aujourd'hui, nous soyons cette alternative.
08:40C'est une reconstruction qui démarre.
08:42En fait, la vraie question en ce moment, c'est de savoir
08:44si vous allez oui ou non rompre avec les insoumis, non ?
08:47C'est l'avenir de la gauche qui est en jeu.
08:50Ah, alors nous sommes...
08:53Pardon, je vous en prie, est-ce que vous m'entendez correctement ?
08:56Visiblement.
08:57Ah, merci.
08:58Non, je vous disais que la vraie question en ce moment,
09:00c'est de savoir si vous allez oui ou non rompre avec les insoumis, non ?
09:04Écoutez, en tout cas, il y a une divergence entre nous
09:06sur la conduite à tenir dans ce moment très difficile
09:08que rencontre notre pays.
09:09Nous sommes amenés à faire des choix.
09:11Soit le choix de faire tomber chaque gouvernement
09:13qui se succède comme un château de cartes
09:15pour espérer une démission du Président de la République,
09:18qui n'est pas certaine, celui-ci est élu jusqu'en 2027
09:20et rien ne peut l'obliger à démissionner.
09:23Soit nous essayons tant bien que mal
09:25de ne pas désespérer les gens
09:26et de nous mettre autour de la table
09:27malgré nos divergences, malgré nos programmes différents,
09:30malgré nos valeurs différentes,
09:31pour défendre l'intérêt du pays.
09:33On a fait le choix de l'intérêt du pays
09:35devant toute autre considération.
09:37L'intérêt des gens qui travaillent dur
09:38et qui sont en train de perdre leur emploi
09:39à cause de l'instabilité généralisée.
09:41Et c'est cela qui a été notre boussole.
09:44Je crois qu'en choisissant l'intérêt du pays,
09:46les gens nous en seront un jour reconnaissants.
09:48Une toute dernière question, Philippe Brun.
09:50Trois semaines après son inhumation,
09:52la tombe de Jean-Marie Le Pen a été vandalisée cette nuit
09:54à la Trinité-sur-Mer.
09:55Quelle est votre réaction ?
09:57Écoutez, c'est un mot que Jean-Marie Le Pen
09:59avait eu lui-même à l'égard de Jean-Jacques Chirac.
10:01Il avait dit « Même mort, l'ennemi a droit au respect ».
10:03Je crois que personne, même la plus monstrueuse des personnes,
10:07ne doit voir sa sépulture être vandalisée.
10:10Quand on est mort, on ne peut pas se défendre.
10:12Un homme politique, nous l'avons combattu très fortement
10:15quand il était en politique et vivant.
10:17Aujourd'hui, il est mort et il a le droit au respect
10:19comme tout être humain.
10:21Merci infiniment Philippe Brun, député socialiste de l'Eure,
10:23d'avoir pris la parole ce soir sur RTL.
10:25Dans un instant, les toutes dernières informations
10:27avec notre journal de 18h30.
10:29Puis à 18h40, à qui profite vraiment l'augmentation
10:32du prix des péages qui démarre demain ?
10:34Nous poserons la question à Pierre Chasserey,
10:36délégué général de 40 millions d'automobilistes.
10:38Rendez-vous dans moins de 15 minutes.