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Avec Alex Taylor, Journaliste franco-britannique

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2025-02-01##

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Transcription
00:00— C'était donc un anniversaire, hier, un anniversaire, l'anniversaire du Brexit, je le disais.
00:06Cet anniversaire était particulièrement morose. Est-ce que vous confirmez cette impression ?
00:11— Je dirais que c'est plutôt une célébration qui n'a pas eu lieu. Il y a eu très peu de choses.
00:16Il y a quelques personnes qui l'ont remarqué, quelques personnes qui ont tweeté là-dessus.
00:21Il y a un petit débat à la BBC hier soir. Mais ce qu'on peut dire, c'est que 5 ans après,
00:26si le Brexit avait vraiment été la grande réussite promise par les Brexiteurs, on aurait fait une plus grande fête.
00:36En fait, c'est quelque chose dont, en gros, tout le monde ne veut plus parler en Grande-Bretagne.
00:41C'était une telle cicatrice, ce referendum. Ça a duré pendant des années.
00:45Rappelez-vous le referendum même, la déchirure dans la société britannique.
00:50Ensuite, les négociations, les tractations avec Michel Barnier qui ont duré 3-4 ans, la rupture même.
01:00Et maintenant, enfin, le consensus... Vous n'avez qu'à regarder par exemple le gouvernement trabailliste.
01:04Il refuse de parler même du Brexit et des effets que ça a pu avoir sur l'économie britannique.
01:12Donc en fait, c'est un non-lieu tellement le sujet est difficile. Ça a laissé des cicatrices.
01:19Et aussi pour le simple fait qu'il y a très peu de bons résultats à citer pour les Brexiteurs.
01:25— Alors, on va revenir aussi sur les promesses qui étaient celles des partisans du Brexit.
01:29Elles étaient nombreuses, la maîtrise de l'immigration notamment.
01:32Est-ce que l'immigration a été réduite en Grande-Bretagne aujourd'hui ?
01:37La réponse est catégoriquement non. Alex Taylor.
01:40— C'est clair et net. Si depuis que le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne,
01:46l'immigration a quadruplé. C'était aux alentours de 300 000 quand le Royaume-Uni était dans l'Union européenne vers 2016-2017.
01:59Maintenant, c'est plus d'un million. Pourquoi ? Il y a plusieurs raisons.
02:02C'est vrai qu'il y a des raisons qui n'ont rien à voir avec le Brexit. Par exemple, il y a des réfugiés ukrainiens.
02:07Mais qu'est-ce que le Brexit a fait ? Il y avait beaucoup d'infirmiers, par exemple.
02:13C'est un bon exemple. Beaucoup d'infirmiers qui venaient de l'est de l'Europe.
02:18Donc c'est des gens qui sont venus pour peu de temps et qui sont repartis après ou qui pouvaient repartir
02:23parce que c'était des gens plus ou moins solitaires, des jeunes.
02:25Eh bien puisque ces gens-là sont repartis, parce qu'ils n'ont plus le droit de travailler en Grande-Bretagne,
02:31ils ont été remplacés par des familles qui viennent de beaucoup plus loin.
02:35Mais c'est des familles. Si vous demandez à un Indien de venir travailler comme infirmier,
02:40c'est un déplacement qui est beaucoup plus long pour lui. Il ne vient pas sans sa famille.
02:45Donc c'est un simple exemple qui vous montre pourquoi dans le service de santé,
02:50là où il y avait peut-être un Polonais qui était là pendant un ou deux ans,
02:54il y a maintenant des Indiens ou des Africains qui viennent s'établir avec leur famille.
02:59Donc l'immigration était aux alentours de 1,2 million maintenant depuis le Brexit,
03:06alors que c'était 200-300 000 avant.
03:09Voilà, alors parlons maintenant de l'économie. C'est important parce qu'effectivement,
03:13l'économie britannique semble un brin morose. Sauf que pardon, mais l'économie française aussi l'est en ce moment.
03:19On a annoncé une catastrophe en Grande-Bretagne. Cette catastrophe, elle n'a pas vraiment eu lieu.
03:24On ne peut pas dire qu'il y ait eu une catastrophe économique en Grande-Bretagne. Si, Alex Taylor ?
03:28Non, mais personne n'a parlé de catastrophe. Même les gens qui disaient qu'il fallait quitter l'Union européenne,
03:34enfin il y a quelques-uns qui essaient de faire peur comme on le fait toujours dans les élections,
03:39mais personne ne disait que c'était une catastrophe. Mais en même temps, ce n'est pas très bon non plus.
03:43Vous ne pouvez pas couper les liens avec votre principal marché. C'est-à-dire que c'est à 30 kilomètres de leur frontière,
03:50ils ont un marché libre de 450 millions de consommateurs avec qui ils font des affaires quand ils citent des gens à Birmingham chez eux.
04:00Ils ont créé beaucoup de barrières. Vous prenez par exemple les exemples, il y avait des Marks & Spencer,
04:06par exemple la boutique anglaise à Paris, maintenant il n'y en a plus parce qu'ils ne peuvent plus,
04:12et eux, c'est une grande société avec beaucoup de moyens, ne peuvent plus importer des produits frais en Europe.
04:18Les pêcheurs à qui on a promis monde et un merveille, la seule chose qu'il y a partout sur les chaînes britanniques,
04:25c'est un témoignage d'un pêcheur qui a dit « moi on m'a promis que ce serait beaucoup plus facile,
04:29j'ai perdu mon principal marché parce que je ne peux pas exporter mes poissons frais », ils ont envoyé au Venezuela.
04:37Donc surtout, ils ont coupé les conditions qui étaient très favorables, qu'il y avait avec le marché unique, pour retrouver quoi ?
04:46En fait, les Brexitas avaient promis un grand deal avec l'Inde, on a eu un premier ministre d'origine indienne, Rishi Sunak,
04:54ça n'a pas eu lieu avec la Chine, et puis on verra bien ce que ça donne avec le gentil monsieur Trump,
05:01qui va bouffer les Britanniques si jamais ils veulent faire un deal avec lui, donc ce n'est pas glorieux.
05:06– Alors justement, parlons des relations américano-anglaises, c'est une relation spéciale,
05:12comme vous dites normalement, en anglais, pour reprendre l'expression consacrée.
05:17Est-ce que l'Angleterre, le Royaume-Uni pardonnez-moi, s'est rapproché des États-Unis depuis qu'il a quitté l'Union Européenne ?
05:23– C'est un peu difficile parce que c'est un gouvernement travailliste qui part franchement du même bord que Donald Trump,
05:32et dont certains des principaux membres, surtout le ministre des Affaires étrangères, a traité Donald Trump de fasciste dans le passé,
05:40donc la base n'est pas là, Donald Trump a aussi dit pique-pendre, et surtout il y a l'affaire Musk,
05:48Musk a beaucoup critiqué Keir Starmer, le premier ministre britannique, à propos d'une affaire de pédocriminalité,
05:57donc les bases ne sont pas là, et si vous voulez, on voit comment agit Trump depuis qu'il est là, Trump n'est pas un gentil.
06:09S'il exclut, si jamais les Britanniques ont exclu des tarifs avec lesquels Trump menace l'Union Européenne,
06:18eh bien c'est à quel prix ? Parce que Trump a des visées sur plusieurs choses en Grande-Bretagne,
06:22il a des visées sur les rayons des supermarchés parce qu'il veut imposer des produits américains,
06:28et surtout il a aussi des visées sur le système de santé en Grande-Bretagne parce que c'est un marché très intéressant pour Trump,
06:36et pour les grosses sociétés pharmaceutiques américaines, donc penser que les Britanniques ne vont pas pouvoir faire énormément de concessions
06:47s'ils font un deal avec Trump, c'est pour ça que Starmer tente quand même de revenir un peu avec des relations beaucoup plus sympathiques
06:55avec son propre continent, l'Union Européenne, et selon tous les sondages, c'est ça que je voulais vous dire pour répondre à votre première question,
07:04il n'y a pas eu un seul sondage où les Britanniques ne regattent pas, il y a un sondage qui est sorti hier qui disait quand même que seulement 11% pensaient que le Brexit était une réussite plutôt qu'un échec.
07:14Et ça semble catégorique, effectivement, on en reparlera avec vous Alex Taylor, merci de nous avoir rejoints sur Sud Radio,
07:21on vous retrouvera peut-être à Twickenham dans quelques semaines pour le match Angleterre-France.
07:25Moi j'ai beaucoup plus Eurovision, je suis désolé.
07:27C'est pas grave, on se retrouvera à l'Eurovision alors dans ce cas-là, merci à vous Alex Taylor, journaliste franco-britannique.

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