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00:0013h14, l'Europe 1 13h. Avec Céline Giraud sur Europe 1, il est 13h18, l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour.
00:08Céline pour décrypter l'actualité, le journaliste Yvan Youfolle et le chroniqueur politique Olivier Dartigolle.
00:12Bonjour les amis, c'est lundi, ravi de retrouver mon tandem préféré de cette Europe 1 13h du lundi.
00:19Et je vous parle de cette claque retentissante pour la France insoumise, ça ne vous a pas échappé hier soir à Villeneuve-Saint-Georges,
00:25c'est dans le Val-de-Marne, élection municipale anticipée et le député insoumis Louis Boyard a donc été largement battu
00:31par la candidate à l'air Christelle Niasme avec 10 points d'avance, écoutez-la.
00:36J'ai lu en détail le programme de la France insoumise pour les communes et c'est un programme qui est mortifère pour les territoires.
00:41Je ne peux pas imaginer qu'on laisse demain une ville tomber entre les mains de ce type d'idéologie.
00:48Sur un des territoires qui sont gangrénés par des problèmes d'insécurité, on ne peut pas envisager.
00:53Clairement, ce sont des candidats qui ont promis, je vais vous retirer les caméras de vidéosurveillance.
00:57C'est aller à contre-courant aujourd'hui de la logique générale sur nos territoires qui est d'assurer la protection.
01:03Et aujourd'hui, on est face à des candidats qui n'hésitent pas à promettre des choses qui sont intolérables
01:08et qui mettent en difficulté les populations qu'ils prétendent défendre, les plus fragiles sur des territoires comme l'Amérien.
01:13Donc non, ce n'est pas possible.
01:14Voilà la candidate à l'air Christelle Niasme, élue avec 10 points d'avance.
01:19C'était ce matin sur CNews au programme de LFI.
01:23Mais on va écouter la réponse justement de Louis Boyard.
01:25Louis Boyard qui a pris la parole hier soir après sa défaite.
01:28On avait tout le monde contre nous.
01:30Je le dis aussi, où étaient nos camarades ?
01:32Où étaient les écologistes ?
01:33Où étaient les communistes ?
01:34Où étaient les socialistes ?
01:36Où étaient-ils quand on a imploré la fusion ?
01:38Ils n'étaient pas là.
01:38Où étaient-ils quand on a eu besoin d'avoir du soutien ?
01:41Quand on a qualifié notre liste de communautaristes ?
01:44Ils n'étaient pas là.
01:44Où étaient-ils quand on avait besoin de leur voix aujourd'hui pour battre l'extrême droite ?
01:48Ils n'étaient pas là.
01:49Voilà la réponse de Louis Boyard.
01:51Alors ça devait être une vitrine, Yvan Rioufol, cette ville de Villeneuve-Saint-Georges.
01:57Une première étape pour LFI avant de conquérir l'an prochain d'autres villes au municipal.
02:02C'est un échec ? Un avertissement pour Jean-Luc Mélenchon ?
02:05Oui, à tout le moins, Villeneuve-Saint-Georges est considérée comme étant la ville la plus pauvre du Val-de-Marne, je crois.
02:12Donc LFI s'était autopromu comme étant porte-parole de ces quartiers populaires.
02:17On est là dans un quartier populaire.
02:19Et d'autre part, LFI, pour justifier sa défaite, nous dit que la gauche ne l'a pas soutenue.
02:24Mais la gauche n'avait pas mis de liste face à LFI malgré tout.
02:27Même s'il y avait eu une distance en effet de la gauche, il n'y avait pas eu de liste concurrente.
02:32En revanche, la droite qui se présentait face à LFI était, elle, divisée.
02:36Il y avait celle qui a gagné.
02:39L'extrême-du-caine et un divers droite, effectivement.
02:41Et un divers droite. Il n'y avait pas de rassemblement national.
02:43Donc malgré tout, malgré ce handicap d'une droite divisée,
02:46et malgré le fait que la gauche n'avait pas mis d'obstacle dans le fond à la liste de LFI,
02:52LFI se prend une raclée.
02:54Donc cela veut bien dire que la stratégie de LFI qui se proclame déjà vainqueur,
02:59on y reviendra tout à l'heure peut-être avec le discours de Mélenchon,
03:01en disant que Mélenchon reflète ce qu'est aujourd'hui cette France de demain,
03:05cette France de demain d'abord reste très minoritaire, Dieu merci,
03:08et puis surtout elle ne se reconnaît pas dans les discours de rupture qui sont portés par LFI.
03:12Et ceci est assez rationnant.
03:14Je ne dis pas que dans quelques années cette stratégie sera payante,
03:19mais pour l'instant elle a subi une grave défaite.
03:23Et vous avez raison de le rappeler, Yvan Riaufolle,
03:24ils n'avaient pas choisi cette ville par hasard,
03:26parce que c'est une ville où les électeurs sont plus pauvres, plus jeunes,
03:28et souvent plus immigrés qu'ailleurs, Olivier Dartigold.
03:32Alors c'est un échec quand même retentissant pour la France insoumise.
03:36Oui c'est un échec, et c'est dans le continuum d'une première défaite
03:42sur des élections législatives en Isère à la mi-janvier,
03:46où là aussi la défaite avait été rude pour la France insoumise.
03:53Là aujourd'hui sur une élection municipale partielle
03:56qui avait été présentée par les Insoumis comme quasiment un laboratoire national
04:01d'une future expérience, d'une future stratégie pour les municipales de 2026.
04:06Ça veut dire que l'opération séduction ne fonctionne plus auprès des quartiers ?
04:10Ça veut dire qu'il y a eu dix points de mobilisation électorale en plus
04:14par rapport au premier tour, il n'y a pas eu de fusion entre les deux listes de gauche.
04:18Le candidat Boyard ayant dit au premier tour
04:23mais de toute façon il n'y aura pas besoin de fusion
04:24étant donné qu'on va écraser la liste concurrente de gauche,
04:27on sera élu dès le premier tour.
04:29Bon, il y a eu une campagne très frugueuse,
04:33avec les soutiens des chapeaux à plumes de la France insoumise.
04:38C'est donc un échec sur le plan stratégique.
04:40Mais je le relis aussi en contexte national
04:43où on voit dans les enquêtes d'opinion que l'électorat de gauche
04:47ne veut pas la conflictualité tout azimut, ne veut pas le chaos.
04:51On le voit sur le fait que cet électorat de gauche
04:53ne souhaite pas une censure sur les textes budgétaires Bayrou.
04:59Il y a donc là peut-être quelque chose qui est en train de s'installer
05:02concernant la France insoumise
05:04qui est le parti le plus rejeté de tous les ventailles politiques.
05:08Et quand Louis Bayard dit faites comme nous,
05:11assumez d'être une gauche de rupture,
05:13quand on voit la stratégie grossière, un peu radicale carrément
05:16de Jean-Luc Mélenchon, électoraliste dans les quartiers,
05:19on sent qu'il a atteint un point de but.
05:22En tout cas, pour l'instant, la France insoumise
05:25mise sur le grand remplacement,
05:27c'est un terme qui a été employé par Mélenchon,
05:29on y reviendra peut-être tout à l'heure.
05:30Oui, on n'en reviendra pas quelques minutes.
05:31Mélenchon prône une sorte de recolonisation de cette vieille France
05:36qui, de son point de vue, a disparu.
05:38Mais on voit bien que ce n'est pas vrai,
05:40que sociologiquement ce n'est pas vrai.
05:41Et Mélenchon est mise naturellement sur la remobilisation des abstentionnistes.
05:45Or on voit que là, ça a été dit,
05:47les abstentionnistes se sont malgré tout remobilisés.
05:49Il y a eu 10 points de plus, 40% de participation,
05:52c'est assez faible quand même malgré tout.
05:53Mais avant c'était 30%.
05:55Et donc on voit bien que cette remobilisation
05:57n'a pas profité non plus à la France insoumise,
06:00alors qu'elle misait précisément sur le fait
06:02que tous ces abstentionnistes voteraient pour lui, pour elle.
06:05Alors justement, est-ce qu'il ne se trompe pas de colère
06:06quand il dit, Louis Bayard on l'a entendu,
06:08qu'il dit que c'est à cause des socialistes,
06:09des communistes et des écologistes
06:10qu'il aurait dû le soutenir et ne pas se retirer
06:12et c'est à cause de ça qu'il a perdu ?
06:13Oui, c'est-à-dire qu'il ne veut pas avouer
06:16que la France insoumise n'est pas le représentant de cette nouvelle France.
06:19Mais est-ce qu'il prenne la mesure, selon vous,
06:21la France insoumise aujourd'hui,
06:22que cet échec cuisant qui représentait une vitrine,
06:25on le rappelle, pour Jean-Luc Mélenchon,
06:27est plus qu'un avertissement ?
06:28C'est difficile à dire,
06:30parce que malgré tout ça reste sur le périmètre d'une commune
06:32qui reste ce qu'elle est d'une manière géographique.
06:34Donc on ne peut pas en tirer des conséquences,
06:36on ne peut pas en faire un théorème,
06:37mais malgré tout c'est un coup d'arrêt, me semble-t-il,
06:39en tout cas un coup de semence,
06:40face à cette prétention qu'a la France insoumise
06:42d'avoir à représenter aujourd'hui cette contre-société
06:45qui est une contre-société islamisée.
06:47Vous l'avez dit, c'est en plus une ville
06:49qui a une forte population immigrée,
06:52donc musulmane, disons les choses comme elles sont.
06:56Et il faut ajouter à tout ça
06:57que le calendrier politique premier pour Jean-Luc Mélenchon
07:01ne sont pas les prochaines municipales,
07:04mais véritablement une présidentielle anticipée.
07:07C'est pour cette raison que dans ses dernières interventions,
07:11il est toujours sur un discours très colérique,
07:16très anxiogène...
07:19Une gauche divisée,
07:20mais est-ce qu'elle a vraiment envie de faire l'union autour d'elle ?
07:22Rappelez-vous, il y a eu une campagne pour appeler à la destitution,
07:24on l'oublie, mais d'Emmanuel Macron...
07:27Donc vraiment, l'agenda de Jean-Luc Mélenchon
07:32est un agenda d'une présidentielle anticipée.
07:35C'est ce qu'il souhaite obtenir.
07:37Et la manière dont ils ont abordé ce climat de campagne à Villeneuve-Saint-Georges
07:42participe à cette mise sous tension permanente du débat politique.
07:45Et en même temps, il est incapable d'élargir sa base électorale.
07:48Hier, il y a plus de 60% des électeurs qui se sont déplacés donc à Villeneuve-Saint-Georges
07:52pour des candidats de droite qui ont voté pour des candidats de droite.
07:55Oui, c'est ça qui est très intéressant,
07:56c'est que la stratégie de LFI était de flatter le communautarisme musulman,
08:00enfin de flatter l'islam,
08:02parce que c'est carrément l'islam qui est maintenant revendiqué
08:05également par Mélenchon dans son discours de samedi.
08:07On y reviendra peut-être tout à l'heure.
08:08Il s'est lui-même représenté comme étant l'enfant du Maghreb
08:12parce qu'il est né au Maroc.
08:14Or, on pourrait imaginer qu'en effet, cette stratégie
08:17de vouloir coller à la nouvelle identité musulmane
08:22puisse intéresser les Français musulmans eux-mêmes.
08:25Or, visiblement, par la force des évidences en tout cas,
08:28une partie de cet électorat musulman ne se reconnaît pas,
08:30n'a pas envie de se reconnaître en tout cas
08:32dans cet électoralisme-là porté par LFI
08:36avec en plus effectivement un discours très agressif,
08:39un discours de rupture et de mon point de vue, un discours de guerre civile.
08:42C'est ceci aussi peut-être qui effraie une partie de l'électorat
08:45et également de l'électorat musulman, ce que l'on peut bien comprendre.
08:48Et dans quelques instants, on va continuer à parler justement
08:51de cette défaite cuisante pour LFI
08:53et de ce grand remplacement dans les campagnes françaises
08:57que revendique Jean-Luc Mélenchon.
08:59Et on reviendra aussi évidemment sur le budget
09:01et ce risque de censure pour François Bayrou
09:03qui brandit donc le 49-3 pour le passer en force.
09:06A tout de suite.
09:06Europe 1, il est 13h27.