Regardez "On refait le monde" avec Bruno Jeudy, directeur délégué de "La Tribune Dimanche", Patrick Martin-Genier, spécialiste des questions internationales,, Philippe Corbé, ancien correspondant de RTL aux Etats-Unis, et Bénédicte Tassart, cheffe du service international de RTL.
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 03 février 2025.
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 03 février 2025.
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00:00Yves Calvi, on refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
00:04Il est 19h14, bienvenue à vous tous qui nous rejoignez sur RTL.
00:08Les bourses mondiales ont toutes fini dans le rouge aujourd'hui après l'annonce de nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump
00:15aux principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis.
00:1725% sur les biens importés depuis le Canada, 10% supplémentaires sur les produits chinois
00:22en attendant de connaître le sort réservé aux produits européens.
00:25Car Donald Trump a déjà prévenu, l'Union Européenne sera la prochaine sur la liste.
00:30Quelles conséquences pour nos producteurs ? Pouvons-nous riposter face aux Etats-Unis ?
00:34Et quelles ripostes adopter ?
00:35Oeil pour oeil, dents pour dents, avec nous pour en débattre ce soir Bruno Jeudy
00:39qui est journaliste politique et directeur délégué de la Tribune Dimanche.
00:42Bienvenue Bruno Jeudy.
00:43Bonjour Yves.
00:44Patrick Martin-Jeunier, spécialiste des questions internationales.
00:46Soyez le bienvenu Patrick Martin-Jeunier.
00:48Merci, bonsoir.
00:49Philippe Corbet à distance, ancien correspondant d'RTL aux Etats-Unis.
00:52Vous êtes en direct de New York Philippe.
00:53Je précise qu'on peut retrouver vos récits et toute l'actualité des Etats-Unis
00:59dans votre newsletter et votre podcast qui s'appelle, alors j'espère que je le prononce correctement,
01:03Zeitgeist, c'est bon ?
01:04Zeitgeist.
01:05Ah bah voilà, tant mieux, valait mieux que ce soit vous.
01:07Et Bénédicte Tassard, chef du service international d'RTL qui est en ligne avec nous depuis Bruxelles.
01:12Bonsoir Yves.
01:13Bonsoir Bénédicte, merci infiniment de nous rejoindre.
01:15Écoutons le président Trump.
01:17Je peux vous dire que cela va se passer avec l'Union Européenne.
01:21Ils profitent réellement de nous, vous savez.
01:23On a un déficit de 300 milliards de dollars.
01:26Ils ne prennent ni nos voitures, ni nos produits agricoles, quasiment rien.
01:31Et nous prenons tout, des millions de voitures, des niveaux énormes de produits agricoles.
01:35L'UE dépasse les bornes.
01:39C'est une atrocité.
01:42Le président américain hier soir qui dénonce donc un déséquilibre commercial de 300 milliards de dollars
01:48en faveur des produits européens.
01:51Il a raison sur le constat, Patrick Martin-Jeunier ?
01:54Je crois qu'il y a un déficit en effet de cet ordre.
01:58Mais ce n'est pas la catastrophe.
02:00Ce n'est pas une invasion des produits agricoles ou autres aux Etats-Unis.
02:04Vous savez, il fait une obsession en réalité.
02:07Il fait une obsession sur les grosses berlines allemandes qui défilent à New York par exemple.
02:11Et il estime qu'il n'y a pas assez de voitures américaines.
02:13Il veut un deal.
02:14Oui, il y a un déficit commercial avec l'Union Européenne.
02:17Mais ce qu'on oublie fréquemment, c'est que nous, nous n'importons pas du poulet au chlore.
02:21Vous voyez, on n'importe pas des produits qui ne respectent pas les normes de traçabilité,
02:25les normes sanitaires.
02:27Nous essayons de manger correctement et proprement.
02:30Ce qui n'est pas toujours le cas des Etats-Unis.
02:33Et donc, il y a une sorte de barrière.
02:35Oui, on protège.
02:36Mais nous sommes un des premiers pôles commerciaux au monde.
02:39Et donc, nous échangeons avec les Etats-Unis.
02:42Si désormais, il nous impose un certain nombre de taxes,
02:45forcément que l'Europe devra répliquer.
02:48Et ça se fera également au détriment des Etats-Unis.
02:50Philippe Corbet, le point de vue du président américain est partagé par une majorité d'habitants des Etats-Unis ?
02:57Ah non, c'est un sujet que porte Donald Trump, lui, depuis très longtemps.
03:01Qu'il a réussi à répandre peu à peu au sein du parti républicain,
03:03mais qui n'est pas majoritaire dans le pays.
03:05Et d'ailleurs, ce week-end, le président Trump s'est énervé contre un éditorial du Wall Street Journal.
03:10Alors, le Wall Street Journal, c'est le grand journal qui est un peu l'équivalent à la fois du Figaro et des Échos en France,
03:15les deux cumulés, c'est-à-dire le grand journal économique et aussi le grand journal conservateur.
03:18Et donc, un journal qui a beaucoup soutenu Trump et qui a fait un éditorial,
03:22mais vraiment presque moquant Donald Trump en disant que c'était la guerre commerciale la plus idiote de l'histoire.
03:28En disant que s'attaquer au Canada et au Mexique,
03:30dont les deux principaux voisins, dont les économies sont extrêmement liées avec les Etats-Unis, c'était d'absurde.
03:35Et le Wall Street Journal, c'était un exemple, l'exemple des voitures.
03:38La plupart des voitures qui sont fabriquées aux Etats-Unis, les Chrysler ou les Ford,
03:42en fait, il y a une partie des pièces qui sont faites au Mexique, une partie des pièces qui sont faites au Canada.
03:47Et en fait, les voitures sont des voitures faites sur les trois pays.
03:49Et donc, c'est Bloomberg qui a calculé qu'une voiture américaine, une voiture produite au CNI, coûtera en moyenne pour les Américains 3000 dollars de plus.
03:57Là, je vous parle des voitures, mais beaucoup de produits agricoles viennent du Mexique.
04:01Le prix de l'avocat va exploser, le prix des légumes va exploser.
04:04Et donc, vraiment, vous savez que la plupart des habitants du Canada habitent à tout près de la frontière américaine.
04:10Ça n'a pas beaucoup de sens d'un point de vue économique d'établir des barrières de 25 %, 25 %, c'est gigantesque.
04:17Mais pour Donald Trump, c'est une manière d'intimider ses voisins et ça marche en partie.
04:22En tout cas, lui pense que ça marche puisqu'il a obtenu ce matin de la présidente mexicaine,
04:27le Mexique a obtenu un report d'un mois et le Mexique va déployer 10 000 forces de l'ordre, 10 000 militaires supplémentaires à la frontière.
04:35Donc, Donald Trump dit regardez, j'ai gagné, on gagne un mois, il y a des militaires supplémentaires à la frontière.
04:39Et dans deux heures maintenant, il aura un coup de fil avec le premier ministre canadien pour essayer d'obtenir la même chose du Canada.
04:45Donc, l'intimidation marche du point de vue de Trump.
04:48On va y revenir, mais on est quand même très perturbé Bénédicte Tassar.
04:52Quand on entend, enfin je dirais, on a l'impression que d'ores et déjà, il est en train de terroriser une partie de ses partenaires commerciaux.
04:59Il a commencé à les terroriser, vous avez bien vu un petit peu la tétanie européenne.
05:05Depuis que Trump a été intronisé président des Etats-Unis, Christine Lagarde, la présidente de la Banque Centrale Européenne a dit que
05:15oui, on pouvait faire quand même des concessions aux Etats-Unis.
05:18Pareil pour Ursula von der Leyen au début qui s'est dit pourquoi ne pas acheter du GNL, du gaz liquéfié aux Américains.
05:28On a essayé de les calmer, mais il y a eu un changement de ton.
05:31On voit que la fermeté canadienne porte ses fruits.
05:37On voit que la présidente mexicaine, comme l'a dit Philippe, a réussi à avoir un sursis d'un mois en promettant.
05:48Alors c'est pareil, je pense qu'elle prend le même temps que Donald Trump.
05:52Elle promet n'importe quoi, elle promet 10 000 gardes sur la frontière mexicaine pour empêcher les migrants de passer.
05:58Et puis ça passe, Trump y croit.
06:02On est toujours impressionné par cet aspect impulsif.
06:06Vous avez l'air songeur, j'ai l'impression.
06:09Non, je ne suis pas du tout songeur par rapport aux explications de mes confrères.
06:13Moi, je me place du point de vue européen puisque vous avez commencé en disant l'Europe va bientôt y avoir droit aussi.
06:19C'est ce qu'a dit Trump en substance.
06:22Je suis plus dubitatif sur l'attitude des Européens qui me paraissent pour l'instant divisés.
06:27François Bayrou disait ce week-end dans la tribune dimanche que si nous ne sommes pas capables de faire front commun face à la menace des barrières douanières américaines,
06:38nous disparaîtrons d'un point de vue commercial.
06:41Donc l'Europe, chacun va jouer un peu sa partition.
06:45Évidemment, la France, de ce point de vue là, est un petit peu moins touchée que l'Allemagne par exemple.
06:51L'Allemagne, évidemment, les aventures et tout ça.
06:55L'Italie est également très touchée.
06:57Mais l'Italie va peut-être jouer sa carte.
06:59Le front commun européen, pour l'instant, je ne le vois pas.
07:03L'Europe manque actuellement de leadership.
07:08Et on voit bien que Trump peut vraiment enfourcher les divisions européennes pour mieux arriver à ses fins.
07:21Et là, il y a vraiment un test pour l'Europe.
07:23On est à ce point affaibli, Patrick Martin-Jeunier, nous européens.
07:25Ah oui, je suis persuadé que nous sommes affaibli.
07:28On va bien voir ce qu'il sort de ce conseil européen informel qui s'est tenu aujourd'hui à Bruxelles.
07:33Les chefs d'État et de gouvernement se sont réunis.
07:35Oui, la France est affaiblie pour la situation politique que l'on connaît, sur le plan budgétaire, sur le plan politique.
07:40J'ai entendu Olaf Scholz, le chancelier allemand, tout à l'heure dire, nous allons répliquer de manière forte.
07:45Mais Olaf Scholz, dans quelques semaines, ne sera sans doute plus chancelier.
07:49L'Allemagne est considérablement affaiblie.
07:51Et notamment parce qu'elle licencie par milliers dans les fleurons de son industrie.
07:56Qu'il s'agisse de Bosch, de Volkswagen, même Ford, en Allemagne, licencie.
08:00Et donc, nous sommes affaibli parce que Donald Trump est un excellent négociateur.
08:04Il sait qu'il va pouvoir diviser.
08:06Il va d'abord aller voir ce que disait Bruno.
08:08Il va aller voir l'Italie, avec Giorgia Meloni.
08:11Il va aller voir Viktor Orban, qui sont des gens qui sont idéologiquement proches.
08:15Et même Ursula von der Leyen, qui est présidente de la commission,
08:18qui est en charge des traités et donc le respect des règles commerciales,
08:21a dit qu'il fallait aborder cette crise de façon pragmatique.
08:26Ce qui veut dire qu'elle a d'ores et déjà dit qu'elle négocierait avec le président des Etats-Unis.
08:31Donc, elle enterrine un coup de force du président américain.
08:35Un coup de force.
08:36Parce que nous sommes trop faibles ou parce qu'elle pense que c'est nécessaire pour l'Europe ? Vous comprenez ma question.
08:39Ah, elle pense que c'est nécessaire pour l'Europe, mais aussi pour l'Allemagne.
08:42Car Ursula von der Leyen sait très bien que l'Allemagne est affaiblie, c'est son pays.
08:47Elle défend l'intérêt européen, mais elle sait que l'Allemagne joue gros dans cette affaire.
08:51Notamment pour l'exportation de ses industries automobiles aux Etats-Unis.
08:56L'Allemagne est importante, mais également la France.
08:59L'exportation de vin, de champagne, de produits agricoles.
09:02Donc, on sait que l'Europe est en situation de faiblesse.
09:05Elle enterrine en quelque sorte, elle l'a dit à Davos, il faut être ferme et en même temps pragmatique.
09:10Ce qui veut dire que d'ores et déjà, elle a fait savoir au président des Etats-Unis
09:14qu'il fallait négocier avec lui.
09:16Et c'est d'ores et déjà un signe de faiblesse, alors que Justin Trudeau vient de nous montrer
09:20que le seul langage qui vaille avec Donald Trump est le langage de fermeté.
09:24Premier ministre du Canada.
09:25Voilà.
09:26Bénédicte Tassard, de loin, si j'ose dire, on a parfois l'impression d'être envahi par la culture et les produits américains.
09:31Est-ce que ça se vérifie dans les chiffres ?
09:34Écoutez, l'Europe, elle est visée par Trump, car on dégage quand même un excédent commercial.
09:39L'Union Européenne exporte plus qu'elle n'importe.
09:43Le déficit commercial avec les Américains est donc de 150 milliards d'euros pour les biens.
09:49Pour les services, c'est le contraire, on importe plus.
09:51Maintenant, qu'est-ce qu'on achète aux Américains ?
09:53Vous achetez des Boeing, vous achetez des smartphones si vous avez un Apple,
09:57vous achetez des ordinateurs, des composants électroniques, des Tesla, des Ford, des voitures, des médicaments.
10:04Mais maintenant, il y a beaucoup de produits américains qui sont fabriqués sur le sol européen.
10:08Regardez le Coca-Cola. En France, on a des usines Coca-Cola.
10:11Regardez le McDo.
10:14Donc ça, ça ne fait pas partie, ce n'est pas bon pour la balance commerciale américaine.
10:21Et Donald Trump, il veut qu'on achète des produits fabriqués sur le sol américain.
10:26Et c'est pour ça d'ailleurs que Stellantis a décidé d'investir sur le sol américain.
10:32Ils vont installer des usines, c'est ce qu'ils ont annoncé.
10:35Les voitures Stellantis, davantage de voitures Stellantis vont être produites aux Etats-Unis.
10:39Philippe Corbet, ça peut paraître un peu caricatural, mais on a parfois l'impression qu'ils nous vendent du Coca-Cola,
10:44mais que nous, nous exportons quand même nos grands vins et des champagnes beaucoup plus chers.
10:48C'est caricatural, ce que je viens de vous dire ?
10:50Non, ce n'est pas caricatural parce que c'est un vrai sujet.
10:54C'est l'une des raisons d'ailleurs pour lesquelles Bernard Arnault traite beaucoup Donald Trump.
10:58C'est important. L'autre jour, j'étais dans une rue ici à Manhattan.
11:02C'est un hasard, mais je suis passé devant un magasin qui vend du vin, des spiritueux.
11:08Et il y avait une publicité pour Moët & Chandon, qui appartient à LVMH,
11:12champagne produit en France, en champagne, mais aussi juste à côté pour Chandon,
11:16qui est une marque américaine de vin californien pétillant, assimilé, du faux champagne si vous voulez,
11:22mais qui appartient aussi à LVMH.
11:24Donc vous voyez que ça fait longtemps que LVMH et d'autres groupes savent, comme le disait Bénédicte,
11:29qu'il y a une partie des activités qui doit se faire aux États-Unis.
11:32Donc c'est ça qu'ils cherchent à faire venir Trump.
11:34Mais ils pensent qu'il faut comprendre ce que veut Trump.
11:36Trump n'aborde pas ce sujet-là uniquement par une question économique.
11:40Évidemment, il y a un côté rapport de force commerciale, le déficit, tout ça,
11:44mais en fait, il voit ça dans un contexte plus large.
11:46De son point de vue, les États-Unis dépensent beaucoup d'argent pour l'Europe,
11:50pour la défense européenne, pour l'OTAN, pour l'Ukraine.
11:54Et donc, de son point de vue, quand il fait le total, il dit, il y a un déséquilibre.
11:58Nous, on paye la défense des Allemands, mais eux, ils profitent du marché américain.
12:03Qu'est-ce qui passe ? Ça n'est pas normal.
12:05Donc c'est pour ça que ce n'est pas seulement un sujet économique.
12:07Quand il y a un rapport de force avec le Mexique, c'est pas juste sur des questions commerciales,
12:10c'est aussi sur la question de l'arrivée de la drogue, la question des migrants, la protection de la frontière.
12:16Donc les Européens savent ça, ils savent que dans le rapport de force avec Trump,
12:19Trump va leur parler de dépense, de défense.
12:22Il va leur dire, mais il va falloir acheter des avions, il va falloir acheter des armes américaines.
12:27C'est dans un contexte global qu'il faudra prendre Trump.
12:29On se retrouve dans un instant avec nos invités.
12:58Après les 2,493 dégrinées cet après-midi, François Bayrou s'est engagé sur le budget,
13:03sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
13:06Les socialistes déposeront par contre leur propre motion de censure la semaine prochaine
13:10pour sanctionner le Premier ministre après ses propos polémiques sur la submersion migratoire.
13:15Le parvis de la gare d'Austerlitz, toujours fermé à Paris, cet après-midi,
13:19un homme taguant des croix gammées a pointé une arme factice sur la police ferroviaire.
13:23Les forces de l'ordre ont ouvert le feu.
13:25L'homme est grièvement blessé, victime collatérale.
13:28Un voyageur a été légèrement blessé.
13:30Deux enquêtes ont été ouvertes.
13:32Les avocats de Christophe Ruggia appellent, annoncent faire appel.
13:36Le réalisateur condamné à 4 ans de prison,
13:38deux fermes qu'il va effectuer sous bracelet électronique.
13:42Il a été reconnu coupable cet après-midi d'agression sexuelle sur l'ex-actrice Adèle Haenel,
13:46entre ses 12 et 14 ans.
13:48Rachel, dans moins de 30 minutes, on retrouve Faustine Bollard pour son émission Héros.
13:51Et ce soir, un témoignage très surprenant à 57 ans,
13:55parce qu'elle a oublié toute sa vie, du jour au lendemain,
13:58sa femme, ses enfants, ses amis, sa carrière de footballeur professionnel.
14:01Une étrange amnésie qui, paradoxalement, lui a fait beaucoup de bien.
14:05Rendez-vous dès 20h avec Faustine Bollard.
14:07Et on vous retrouve également à 20h, Rachel, pour d'autres titres de l'actualité.
14:12Yves Calvi jusqu'à 20h.
14:14On refait le monde sur RTL.
14:17Les mauvais, difficiles rapports, en tout cas, entre l'Europe, la France et les Etats-Unis,
14:22avec un Président Trump extrêmement... Comment doit-on le qualifier ?
14:26En tout cas, autoritaire, d'une certaine façon, non, je crois ?
14:29Oui, et puis même faisant preuve d'une assez grande agressivité.
14:32Oui, oui, il est agressif.
14:33D'abord des Canadiens, des Mexicains, et très bientôt des Européens.
14:38L'expression, la semaine dernière, était vraiment très agressive, j'ai trouvé.
14:42Ça va au-delà du coup de menton.
14:45À vous, vous avez été surpris, mais non, je dis, par la forme que ça a pris.
14:49Oui, la forme, prise de parole, ils vont avoir droit à ce qu'ils doivent recevoir.
14:56Enfin, vraiment, c'était genre...
14:57C'est même des menaces et du harcèlement.
15:00C'est du harcèlement international, je peux le dire aujourd'hui.
15:04Menacer les gens de taxes comme ça, alors qu'il le fait en réalité en toute illégalité,
15:09étant un peu juriste, je vois bien qu'il est en train, effectivement,
15:12de violer les accords internationaux, et que cela relève normalement du Congrès des Etats-Unis.
15:16On a l'impression qu'il se comporte comme un dictateur qui peut gouverner par décret,
15:21ordre exécutif, sans demander l'aval du Congrès des Etats-Unis,
15:24alors que ça met en cause toute l'économie américaine.
15:27Lorsqu'il appelle le Premier ministre canadien la présidente mexicaine,
15:32oui, c'est des coups de force, et donc c'est véritablement une vraie agressivité.
15:36Il met la pression, comme si, en réalité, il allait dire
15:40je vais vous couler si vous ne respectez pas mes engagements ou mes demandes.
15:44Bénédicte Tassar ?
15:46Oui, c'est une logique politique, pas économique, que suit Donald Trump.
15:50C'est l'ADN du mouvement Make America Great Again,
15:54le protectionnisme, le nationalisme,
15:57bon, le rejet de l'immigration, ça c'est encore une autre histoire,
16:00mais c'est ça, c'est exactement ça, et ce n'est pas terminé,
16:03parce que la prochaine étape, on l'attend pendant 15 jours,
16:06Donald Trump va annoncer des taxes, cette fois par secteur,
16:10pas par pays, les semi-conducteurs, la pharmacie, le cuivre, l'aluminium,
16:14il veut continuer dans cette phase agressive.
16:18Philippe Corbet, vu des Etats-Unis,
16:21est-ce que les américains soutiennent leur président
16:25et aiment cette espèce d'autoritarisme,
16:28ces semi-crises d'honneur auxquelles ils nous confrontent en permanence ?
16:32En tout cas, l'ex-électeur de Donald Trump ne lui reproche pas
16:35d'exercer un rapport de force avec le Mexique, le Canada ou l'Union Européenne,
16:38pas du tout. En revanche, il y a un impensé de la campagne électorale,
16:41ou quelque chose qui n'a pas percolé pendant la campagne électorale,
16:44qui était cette question de l'effet que pourraient avoir les taxes douanières
16:48sur les prix à court et moyen terme.
16:51C'est un grand échec de Kamala Harris de ne pas avoir été capable
16:55d'expliquer de façon simple aux américains
16:58qu'il y a un effet mécanique quasi immédiat de l'augmentation des taxes douanières.
17:03Les taxes douanières, enfin les tarifs douaniers, ce sont des taxes,
17:06c'est une taxe sur les consommateurs du pays.
17:09Certes, ça peut-être avoir un effet à long terme de réindustrialisation,
17:13de relocalisation d'un centre d'industrie, et ça peut avoir un intérêt dans certains cas,
17:17et c'est pour ça que les tarifs douaniers, les taxes douanières ont été utilisées,
17:20dans le passé il n'est pas le premier à l'utiliser, mais à court terme,
17:23il y a d'abord un effet de vous augmenter les prix,
17:25vous intimider d'une certaine manière vos consommateurs
17:27pour qu'ils n'achètent pas des produits à l'étranger.
17:29Et ça, ça va avoir un effet.
17:31Et c'est d'autant plus important que la campagne ici s'est faite,
17:34enfin le vote Trump, ou plutôt la cristallisation du vote Trump
17:37chez un certain nombre d'électeurs qui n'avaient pas forcément voté pour lui en 2020
17:40ou qui hésitaient jusqu'au bout, s'est faite sur la question du prix des courses,
17:43le prix du bacon, le prix des œufs.
17:45Et je peux vous assurer qu'hier après-midi, quand Fox News,
17:48j'ai relé tout l'après-midi, et quand j'ai déroulé,
17:50c'était des dizaines de produits qui allaient augmenter très rapidement.
17:53Il y a un petit effet visuel qui est quand même assez impressionnant.
17:55Pour l'instant, les américains n'ont pas tout à fait compris,
17:57mais ça va arriver très vite dans le prix des courses.
18:01Et ça, ça peut avoir un effet politique.
18:03En tout cas, les américains n'ont pas voté pour que le président engage une guerre commerciale
18:07contre le Mexique et contre le Canada.
18:10Bénédicte Tassar ?
18:12Oui, Philippe parlait dans la première partie de l'émission des avocats,
18:16des avocats mexicains.
18:1890% des avocats qui arrivent aux États-Unis viennent du Mexique.
18:24Et déjà, la presse américaine dit, attention, bientôt, c'est le Super Bowl.
18:28Attention, le guacamole va être super cher.
18:31Très très cher.
18:32Donc, il y a hausse de l'inflation, pénurie de main-d'oeuvre,
18:36et cette taxation, bien sûr, elle risque de toucher, si vous voulez,
18:40les profits des entreprises américaines.
18:42Les raffineurs, ceux qui raffinent le pétrole.
18:44Gros impact aussi sur les constructeurs automobiles américains.
18:48Il y a une étude américaine qui dit que les nouvelles taxes
18:51peuvent entraîner une perte de pouvoir d'achat pour un ménage américain
18:55en moyenne de 1200 dollars par an.
18:581200 dollars par an pour un foyer américain.
19:0110% de droits de douane supplémentaires pour les produits chinois,
19:0425% pour les produits canadiens,
19:06autant pour le Mexique, même si les deux pays semblent s'être entendus
19:10aujourd'hui pour se donner un peu de répit.
19:12Sait-on à hauteur de combien le président américain aimerait taxer les européens ?
19:17Patrick Martin-Jeunier ?
19:18Alors, c'est le grand mystère, si vous voulez.
19:20Oui, parce qu'il lance des menaces, mais il n'explique pas ce que sont ces armes.
19:24Mais il est un peu prudent parce que, voyez,
19:26il peut compter sur des connivences idéologiques en Europe.
19:30Elon Musk s'entend parfaitement avec Georgia Melanie.
19:34On sait qu'Elon Musk veut investir en Italie avec Starlink ou d'autres,
19:38et même pour ses voitures Tesla.
19:40Il sait qu'il peut compter également sur la Pologne,
19:43qui achète des avions américains.
19:45Et il pense qu'il peut négocier avec Victor Orban également,
19:49qui sont très proches d'un point de vue idéologique avec lui.
19:52Donc, il se demande ce qu'il doit faire.
19:54Est-ce qu'il doit taxer de façon indistinctement tout le monde,
19:58négocier avec Bruxelles, ou est-ce qu'il va négocier pays par pays ?
20:01Et donc, c'est la difficulté.
20:03Il a dit qu'il allait mettre des taxes,
20:05mais effectivement, on voit qu'il hésite
20:07parce qu'il pense qu'il y a certaines personnalités avec qui il est proche.
20:12On peut citer des grands hommes d'affaires français
20:15qui exportent des produits de luxe aux États-Unis.
20:17Bernard Arnault ?
20:18Bernard Arnault, qui était à l'investiture,
20:21dans les premiers rangs de l'investiture.
20:24Il était avec Georgia Meloni, avec Victor Orban.
20:28On l'a senti un peu en famille, pour dire les choses.
20:30Il était en famille.
20:31Il connaît mieux Arnault que d'autres dirigeants.
20:33Et donc voilà, c'est ça la difficulté.
20:34Mais on le saura à l'issue de quelle façon il veut taxer les Européens.
20:38En tout état de cause, il nous traite presque comme des ennemis commerciaux,
20:42alors que nous sommes des alliés.
20:44Oui, mais ça fonctionne un peu ce que fait Donald Trump,
20:47parce qu'on voit bien que c'est l'espoir,
20:49vous parliez là des différents secteurs qui peuvent être concernés en Europe,
20:53on voit bien que c'est ça qui va sans doute peut-être provoquer une forme de division.
20:58Parce que chacun se disant,
20:59moi peut-être que je peux m'en sortir parce que la taxe sera un peu moins élevée
21:02pour les produits, tel ou tel produit.
21:04Et puis elle sera au maximum pour d'autres.
21:06Et du coup, c'est ça qui risque d'organiser la division en Europe.
21:10Alors que la bonne réplique,
21:13c'est celle que sans doute les Canadiens et les Mexicains feront,
21:16c'est-à-dire d'abord une réplique ferme,
21:18et puis peut-être ensuite rentrer dans une forme de négociation.
21:20Or là, les Européens, ils partent plutôt déjà,
21:23non mais nous ça va s'arranger, il ne va pas tout à fait nous mettre le maximum.
21:27Les menaces Trump, on continue d'en débattre dans un instant
21:29avec nos invités Bruno Jeudy, Patrick Martin-Jeunier,
21:32Philippe Corbet et Bénédicte Tassar.
21:34A tout de suite.
21:44Si nous étions attaqués sur les sujets commerciaux,
21:47l'Europe, comme une puissance qui se tient,
21:50devra se faire respecter et donc réagir.
21:53L'Europe a-t-elle les moyens de se faire respecter, Bénédicte Tassar ?
21:57En tout cas, oui, elle a une boîte à outils qui est prête.
22:00Parce que cette boîte à outils, elle a commencé à l'élaborer
22:02lors du premier mandat de Donald Trump.
22:05Elle peut faire comme le Canadien l'a annoncé aujourd'hui, Justin Trudeau,
22:10elle peut empêcher les entreprises américaines, par exemple,
22:13à postuler sur les contrats publics.
22:16C'est ce qu'a fait l'Ontario aujourd'hui,
22:19en bannissant les entreprises américaines des contrats publics.
22:22Elle peut aussi augmenter les droits de douane, bien sûr.
22:25Et puis, elle peut aussi réglementer les subventions étrangères,
22:29octroyer moins de licences à des entreprises américaines.
22:32Il y a pas mal de choses à faire.
22:34Alors, vous évoquez la province de l'Ontario, Patrick Martin-Jeunier,
22:38qui est le cœur économique du pays.
22:40Elle a annoncé bannir dès aujourd'hui, c'était évoqué par Bénédicte à un instant,
22:44les entreprises américaines des contrats publics.
22:46Ce qui va leur faire perdre des dizaines, semble-t-il,
22:48de milliards de dollars de nouveaux revenus.
22:50Les chiffres vous semblent vraisemblables ?
22:54En tout cas, c'est ce que déclare le Premier ministre de la province.
22:56Oui, et il a fait retirer également les spirituels, les vins, les alcools des Etats-Unis,
23:00des étagères, des magasins.
23:02Il les a fait dans les magasins ?
23:03Oui, dans les magasins.
23:04C'est-à-dire que les Canadiens qui vont faire leur course ce soir,
23:06ils ne trouvent plus de whisky américain ?
23:08Ils n'en trouvent plus parce qu'il y a du patriotisme au Canada, y compris dans l'Ontario.
23:12Et donc, le whisky, moi j'ai vu une image d'un magasin
23:15où il y a du whisky américain et devant il y a une pancarte.
23:17On leur dit, n'achetez pas américain, achetez canadien, premièrement.
23:22Et le Premier ministre de la province, Doug Ford,
23:25a rompu un contrat avec Starlink, donc Elon Musk,
23:29de 100 millions de dollars, qui était destiné à instaurer
23:33le Internet à haut début dans sa province,
23:35qui borde la baie d'Hudson,
23:37qui est une très très grande province,
23:39et donc ça va faire très très mal.
23:41Très très mal à l'économie américaine,
23:43aux entreprises américaines,
23:45et naturellement à Elon Musk,
23:47puisque c'est le principal concerné.
23:49Donc, effectivement, on voit que le langage de fermeté
23:51est celui qui doit payer,
23:53et après, il vaut mieux négocier.
23:55Mais là, Trump et Elon Musk vont, je crois,
23:57comprendre que les mesures qu'ils prennent
23:59ne vont pas aller sans rétorsion,
24:02Ça veut dire, Philippe Corbet,
24:04que l'Europe a des moyens de se faire respecter ?
24:06Oui, parce que l'exemple que vous citez est intéressant.
24:08Le Premier ministre de la province de l'Ontario
24:10a été surnommé au Canada le Trump canadien.
24:13Donc, il sait aussi, d'une certaine manière,
24:15jouer l'intimidation.
24:16Et il y a un autre homme politique canadien
24:18qui est aussi surnommé un Trump canadien,
24:20c'est Pierre Poilièvre,
24:21qui est le chef du Parti conservateur.
24:22Il sera probablement, dans quelques semaines,
24:24le nouveau Premier ministre,
24:25et qui est passé, en quelques semaines,
24:26d'un soutien à Trump,
24:27en tout cas, il avait salué la victoire de Trump,
24:29à une sorte de...
24:31Il y a une dimension presque nationaliste,
24:33en tout cas, d'identité canadienne,
24:35d'identité de la nation canadienne,
24:37autour de cette question du rapport de force
24:39avec le Canada.
24:40Et je pense, comme vous le disiez,
24:42que ça peut être une sorte de guide
24:44pour ce que les Européens peuvent faire.
24:45Déjà, pendant le premier mandat Trump,
24:47il y avait déjà eu une sorte de bras de fer commercial,
24:49et à l'époque, les Européens avaient été assez astucieux
24:51en ciblant des produits
24:53qui faisaient mal aux Américains,
24:55qui faisaient mal notamment aux États
24:57avec certains responsables
24:59du congrès républicain influents.
25:01Par exemple, les Européens avaient ciblé
25:03les Harley Davidson. Pourquoi ?
25:05Parce que c'est fabriqué dans le Wisconsin,
25:07et que le chef des Républicains à la Chambre
25:09venait du Wisconsin.
25:10Ils avaient ciblé du Bourbon du Kentucky,
25:12parce que le chef des Républicains au Sénat
25:14venait dans le Kentucky.
25:15Et donc, c'est en train de faire les Canadiens
25:17de viser tel ou tel produit
25:19qui concerne tel ou tel secteur,
25:21et donc tel ou tel élu influent éventuellement
25:23autour de Trump,
25:24et les Européens seraient bien avisés
25:25de s'inspirer de ce modèle.
25:26Mais c'est légal tout ce qu'on est en train de décrire,
25:27Bénédicte Tassar ?
25:28C'est possible dans le cadre des relations internationales
25:30avec les États-Unis ?
25:31Et notamment entre pays voisins, là ?
25:34Ah ben oui, c'est légal.
25:36Oui, oui, la boîte à outils, elle est prête.
25:38Alors, ce qui n'est pas légal,
25:40parce qu'il y a par exemple un traité
25:42de commerce entre les États-Unis
25:44et le Canada,
25:45le traité Alena,
25:46qui a été donc dénoncé par Trump.
25:48Là, Justin Trudeau a dit
25:50qu'il allait dénoncer
25:52ce qui est en train d'être fait
25:54à l'OMC,
25:56l'Organisation Mondiale du Commerce.
25:58Bon, maintenant, on va voir,
25:59on va voir ce que ça va donner.
26:00Mais c'est sûr qu'on est rentrés
26:02dans des discussions,
26:04des négociations incroyables.
26:06Philippe disait
26:08qu'il y a le Trumpiste
26:10de l'Ontario.
26:12Moi, je vais chercher le Trumpiste européen.
26:14Alors, qui va se mettre face
26:16à Donald Trump pour répondre
26:18avec autant de force que Donald Trump ?
26:20Je vais souligner quand même
26:22qu'ici à Bruxelles,
26:24Trump a nommé son ambassadeur
26:26américain auprès de la Commission européenne.
26:28Il paraît que ce n'est pas brillant.
26:30C'est Andrew Putzer.
26:32C'est un ancien patron d'une chaîne
26:34de fast-food.
26:36Il est très connu pour ses positions
26:38anti-avortement.
26:40C'est pour vous dire que ça va discuter sec.
26:42J'ai compris.
26:44On a des moyens
26:46de toucher les États-Unis
26:48aujourd'hui en Europe.
26:50De sortir nos armes.
26:52L'Europe est un
26:54grand marché
26:56et a les moyens de se défendre.
26:58La question est toujours éternelle.
27:00Pour l'Union européenne, il faut afficher
27:02de la solidarité. Il faut pour ça
27:04que les grands pays européens
27:06en gros, la France,
27:08l'Allemagne, parlent d'une même voix.
27:10C'est le cas ?
27:12Je n'ai pas l'impression.
27:14La France est dans une situation
27:16politiquement affaiblie.
27:18Emmanuel Macron a une voix
27:20qui porte nettement moins pour ne pas
27:22pour euphémiser.
27:24En Allemagne, on est dans une situation
27:26électorale.
27:28Dans quelques semaines, il y a les élections.
27:30Ensuite, le système des coalitions font
27:32qu'en gros, le prochain chancelier
27:34ne sera pas opérationnel avant le mois de mai.
27:36Par là, le mois de juin.
27:38Le temps que tout ça soit en place.
27:40Forcément, l'Union européenne
27:42va manquer de leaders.
27:44Objectivement, la présidente
27:46de la commission, Ursula von der Leyen,
27:48au-delà d'être allemande,
27:50elle n'a pas fait monde
27:52jusqu'à présent, dans son mandat précédent,
27:54d'une grande autorité sur beaucoup de dossiers.
27:56C'est pour ça qu'elle est discutée. Elle a bien vu ce qui s'est passé.
27:58Quand vous écoutez Thierry Breton,
28:00qu'on entend assez fréquemment
28:02tiré à boulet rouge
28:04notamment sur elle et sur d'autres,
28:06Thierry Breton est l'un des rares
28:08à s'être un peu dressé
28:10par rapport à la question
28:12du numérique, d'Elon Musk,
28:14des réseaux sociaux,
28:16de toutes ces questions
28:18qui sont différentes
28:20de celles des barrières commerciales.
28:22On voit bien qu'on n'a pas pour l'instant le leader.
28:24Juste un dossier, le dossier du Groenland,
28:26on n'a pas entendu beaucoup
28:28de voix européennes
28:30sur ce dossier-là.
28:32Trump a avancé comme ça,
28:34là-dedans.
28:36Si on a vraiment parlé en Europe ?
28:38Effectivement, il y a eu
28:40des réactions assez importantes
28:42du côté danois,
28:44mais pas trop, je trouve.
28:46Vous savez, quand je parlais
28:48de harcèlement tout à l'heure,
28:50il a eu la première ministre danoise au téléphone,
28:52ça s'est très mal passé, il l'a menacé,
28:54il lui a dit combien je vous achète le Groenland
28:56alors que personne n'a envie d'être amici.
28:58Non mais c'est avéré ces propos.
29:00Combien je vous achète le Groenland ?
29:02Oui, oui, je le veux.
29:04Non mais c'est ça.
29:06En fait, il ne respecte pas les règles.
29:08Il ne respecte rien surtout.
29:10La séparation des pouvoirs aux Etats-Unis,
29:12la seule chose qu'il veut.
29:14Il ne connaît même pas Bruxelles.
29:16Les règles européennes, ce n'est pas son problème.
29:18Il y a quand même une dirigeante qu'il trouve grâce à ses yeux.
29:20C'est Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien
29:22parce que c'est la favorite d'Elon Musk.
29:24Elle était à son investiture.
29:26Il pense qu'à travers elle,
29:28c'est elle qui sera son cheval de Troie,
29:30si j'ose dire, en Europe avec
29:32Victor Orban. Mais ces dirigeants
29:34videront bien un jour par partir.
29:36Les Hongrois et les Italiens comme cheval de Troie
29:38du président Trump pour entrer en Europe.
29:40On se retrouve dans un instant avec nos invités.
29:42Jusqu'à 20h,
29:44Yves Kelvin refait le monde
29:46sur RTL.
29:48Yves Kelvin
29:50On refait le monde jusqu'à 20h
29:52sur RTL. Avec Bruno Jeudy,
29:54directeur délégué de la Tribune dimanche,
29:56Patrick Martin-Jeunier, spécialiste
29:58des questions européennes, Philippe Corbet,
30:00notre correspondant aux Etats-Unis
30:02et Bénédicte Tassar, chef du service
30:04international d'RTL en ligne depuis
30:06Bruxelles. Les Européens
30:08sont-ils vraiment divisés ?
30:10On évoquait il y a quelques instants quand même
30:12la prise volontaire
30:14ou en tout cas l'emprise volontaire
30:16du président américain sur la
30:18première ministre italienne.
30:20C'est une réalité ? Ca donne des tensions ?
30:22Ca crée des tensions entre Européens
30:24aujourd'hui, Bénédicte ?
30:26Ah oui, ça crée des tensions. Je pense qu'il y a des discussions
30:28entre Giorgia Meloni et le reste
30:30des pays de l'Union Européenne,
30:32entre Victor Orban surtout.
30:34Victor Orban qui ne fait pas
30:36dans la dentelle à chaque fois qu'il
30:38parle de l'Union Européenne et notamment
30:40sur le rôle de l'Union Européenne
30:42dans la guerre en Ukraine.
30:44Victor Orban trouve qu'on est beaucoup
30:46trop allant avec
30:48Zelensky, il voudrait bien
30:50profiter du gaz russe et il n'est pas
30:52très content. Mais c'est sûr que de toute façon
30:54si l'Europe doit
30:56entrer dans le rapport de force avec les Etats-Unis,
30:58c'est aujourd'hui, sinon après ça sera fichu.
31:00Pourquoi ?
31:02Pour expliquer à nos auditeurs justement.
31:04Parce que si Trump...
31:06Vous connaissez la chanson
31:08de Abba, The winner takes it all.
31:10Voilà.
31:12S'il gagne maintenant, il va tout gagner Trump.
31:14Donc c'est maintenant qu'il faut agir, sinon après
31:16ça sera trop tard et l'Union
31:18Européenne qui affaiblit
31:20économiquement
31:22peut être une victime de la politique
31:24américaine. C'est pour ça
31:26d'ailleurs que Kaya Kalas, qui est la cheffe de la
31:28diplomatie européenne, a réuni
31:30aujourd'hui tous les ambassadeurs
31:32qu'envoient Bruxelles dans le
31:34monde entier pour leur dire
31:36l'Union Européenne doit
31:38maintenant être respectée dans tous
31:40les pays que vous visitez.
31:42Il faut être...
31:44Il faut accélérer vos
31:46efforts pour renforcer les liens avec le reste
31:48du monde. Et d'ailleurs la Commission
31:50Européenne, les 27
31:52commissaires vont se déplacer
31:54ce mois-ci en Inde
31:56pour parler avec Modi et pour
31:58faire du commerce avec l'Inde. Et pour
32:00dire aux Etats-Unis, voyez, on peut se débrouiller
32:02sans vous. Alors justement,
32:04Patrick Martin-Jeunier, est-ce que les Européens
32:06ont des vrais moyens de se faire respecter
32:08et quelles sont les éventuelles mesures
32:10de rétorsion dont on peut disposer vis-à-vis des Etats-Unis ?
32:12En tout cas de
32:14la déstabilisation qu'essaie de créer en
32:16Europe en ce moment le président des Etats-Unis.
32:18Alors je crois que, vous savez,
32:20la politique commerciale, la politique douanière
32:22c'est de la responsabilité exclusive de
32:24l'Union Européenne. C'est Ursula von
32:26der Leyen, présidente de la Commission, qui est en charge
32:28du respect des traités, le respect des règlements
32:30et donc des règlements douaniers.
32:32J'ai l'impression que vous la trouvez pas très motivée.
32:34Non, elle n'est pas très motivée, parce qu'elle n'a pas
32:36envie de partir en guerre contre les Etats-Unis.
32:38On ne pourra pas se passer d'un commerce
32:40important avec les Etats-Unis. Ce sont nos alliés
32:42et nos amis. Ils ont des moyens de pression.
32:44Donc oui, comme l'a
32:46dit Emmanuel Macron ce matin en arrivant
32:48à Bruxelles, il ne faut pas se laisser marcher
32:50sur les pieds. Nous répliquerons. Le problème
32:52c'est quels sont les outils à long terme que nous
32:54allons utiliser, sachant que
32:56même théoriquement, si c'est la commission
32:58en droit qui est en charge de la
33:00politique commerciale et douanière, bien évidemment
33:02que ce sont les ministres en charge
33:04de l'industrie et du commerce qui
33:06devront décider de la politique à adopter
33:08vis-à-vis des Etats-Unis. Et donc
33:10il y aura certainement un langage de
33:12fermeté, mais derrière c'est pas
33:1427 commissaires par-ci par-là qui vont
33:16pouvoir négocier avec les Etats-Unis
33:18et c'est pas non plus notre marché avec
33:20la Chine qui va remplacer tout cela.
33:22Vous savez que la Chine c'est quand même un danger
33:24existentiel pour l'Europe,
33:26pour la démocratie. Et donc
33:28oui, il va falloir négocier avec les Etats-Unis.
33:30Danger existentiel ?
33:32Oui, bien sûr.
33:34Dites-vous pour nous Européens, la menace
33:36chinoise ? Ah oui, la menace chinoise
33:38parce que la route de la soie est
33:40une menace pour nos industries.
33:42Ils prêtent de l'argent à
33:44certains Etats Européens. Ils investissent
33:46considérablement dans les infrastructures
33:48publiques. C'est ça la route de la soie.
33:50Le commerce, mais en même temps c'est un
33:52instrument d'asservissement de l'Europe
33:54vis-à-vis de la Chine. Tous nos
33:56médicaments sont fabriqués là-bas. Et depuis
33:58le Covid, nous n'avons pas tiré les leçons.
34:00Le président de la République parlait de la souveraineté
34:02européenne. Elle n'existe toujours pas.
34:04Je croyais qu'on avait rapatrié le Doliprane, moi.
34:06Le Doliprane, il va partir, je crois, aux Etats-Unis.
34:08Il devrait être racheté par une entreprise américaine.
34:10Donc on voit bien que la souveraineté européenne
34:12elle est loin encore d'être acquise.
34:14Philippe Corbet, à l'inverse, est-ce qu'on peut envisager
34:16des deals ? Je sais pas. On achète davantage
34:18des armes américaines et Donald Trump lâche
34:20un petit peu sur les droits de douane.
34:22Je pense que
34:24la négociation entre l'Union
34:26européenne et les Etats-Unis de Donald Trump
34:28se fera en grande partie sur les questions
34:30de défense. Pas seulement les ventes d'armes
34:32mais aussi les dépenses
34:34budgétaires qui sont engagées par les Etats-Unis
34:36chaque année depuis maintenant plus de
34:3870 ans.
34:40J'allais même dire quasiment
34:4280 ans.
34:44Pour protéger,
34:46pour assurer la défense européenne.
34:48Du point de vue américain,
34:50je me place du point de vue de Donald Trump,
34:52du point de vue américain,
34:54pourquoi est-ce que
34:56l'Italie, pourquoi est-ce que l'Allemagne,
34:58pourquoi est-ce que d'autres pays européens qui sont
35:00prospères et qui sont
35:02des pays puissants économiquement
35:04n'engagent pas des dépenses
35:06militaires à la hauteur de leur
35:08poids économique ? La France et le Royaume-Uni
35:10sont dans des situations un peu différentes.
35:12Mais du point de vue américain, c'est cette question-là.
35:14Il porte Trump depuis très longtemps, bien avant
35:16d'entrer en politique. Donc c'est une vraie conviction
35:18profonde de Trump et la question portera là-dessus.
35:20Moi je regarderais quand même deux choses qui sont un peu
35:22périphériques, mais d'abord le Royaume-Uni.
35:24Le Royaume-Uni n'est plus dans l'Union Européenne, donc n'est plus
35:26concerné par les rapports commerciaux Bruxelles-
35:28Washington. La nuit dernière,
35:30alors dans le même moment où il tapait
35:32sur l'Union Européenne, il était
35:34étonnamment ouvert
35:36au Premier ministre travailliste de gauche
35:38Sturmer-Britannique.
35:40Je ne sais pas exactement ce qu'ils se sont dit, je ne sais pas comment
35:42Sturmer s'y prend,
35:44mais visiblement il est en train de réussir quelque chose que les Européens
35:46n'arrivent pas à faire. Donc il faudra regarder ce qui se passe là.
35:48Et puis par ailleurs, vous avez parlé droit de douane vis-à-vis de la
35:50Chine tout à l'heure, parce que en
35:52annonçant 25% pour le Canada et le Mexique,
35:54il a annoncé 10% sur la Chine. Mais 10%
35:56seulement. Et en fait, la vraie
35:58question c'est, est-ce qu'il va engager
36:00une vraie guerre commerciale avec la Chine ? Parce que
36:02là, si la guerre commerciale passait de...
36:04si les tarifs douaniers passaient de 10 à 20 ou 25%,
36:06la nature
36:08des échanges commerciaux entre les États-Unis
36:10et la Chine, c'est vrai que ça aurait des conséquences
36:12sur l'économie mondiale qui seraient
36:14majeures. Et donc il y a un effet sur la croissance.
36:16Bénédicte Totasser, vous vouliez réagir ?
36:18Oui, parce que
36:20c'est vrai que le commerce entre la
36:22Chine et les Américains, c'est
36:24là le plus dangereux pour nous. La Chine,
36:26c'est la plus puissante. Et s'il y a des droits
36:28de douane sur les produits
36:30chinois, le Pékin va
36:32réorienter son marché vers l'Europe.
36:34Et notamment tout ce qui est éolien, tout ce
36:36qui est industrie des
36:38énergies renouvelables, si
36:40elles n'arrivent plus à entrer sur le marché américain,
36:42ils vont arriver en
36:44force en Europe. Et ça, c'est mauvais pour
36:46notre industrie. Merci infiniment
36:48à vous quatre, Patrick Martin-Jeunien, Philippe Corbet,
36:50Bruno Jeudy et Bénédicte Totasser
36:52de nous avoir éclairés sur
36:54nos rapports de force avec le nouveau président
36:56des États-Unis. Demain à 7h40,
36:58l'invité de la matinale est le député France Insoumise
37:00de Seine-Saint-Denis, Éric Coquerel.
37:02Tout de suite, les grands titres de l'actualité avec
37:04Rachel Sadolin. Puis c'est Faustine Bollard que vous
37:06retrouverez pour son émission Héros.
37:08Bonsoir Faustine, qui est votre invitée ce soir ?
37:10Bonsoir Yves. Ce soir, vous allez écouter un témoignage
37:12extrêmement rare. On va donner la parole
37:14à Pascal. Pascal a
37:1657 ans, a tout oublié
37:18du jour au lendemain. Sa famille,
37:20ses amis, son métier,
37:22sa carrière de footballeur
37:24professionnel, il a dû tout
37:26réapprendre. Et vous savez quoi ?
37:28Je crois qu'il n'est pas du tout nostalgique
37:30du Pascal d'avant. Il va nous raconter
37:32son cheminement personnel qui est
37:34très porteur d'espoir. Il y a beaucoup de leçons de vie.
37:36Finalement, est-ce qu'on devrait tous
37:38être amnésiques ?