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Vendredi 7 février 2025, ART & MARCHÉ reçoit Ouissem Barbouchi (Fondateur, Obafricart) et Mari Linnman (codirectrice et médiatrice, Société des Nouveaux commanditaires)

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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Art et Marché, votre émission hebdomadaire
00:12consacrée au marché de l'art, édition Week-end.
00:14Pour commencer cette émission, nous recevons Wissem Barbouchi qui est fondateur de la galerie
00:19spécialisée dans la promotion de l'art africain contemporain, ObAfricart, afin de
00:23réaliser un bilan de la foire 154, la foire spécialisée dans l'art contemporain africain
00:28qui vient tout juste de fermer ses portes à Marrakech.
00:31En deuxième partie, nous nous intéressons à la Société des nouveaux commanditaires,
00:35une association qui accompagne les citoyens à formaliser leurs commandes d'oeuvres d'art
00:40auprès d'artistes.
00:41Plus de détails tout de suite dans Art et Marché, édition Week-end.
00:44La foire consacrée à l'art contemporain africain, 154, vient tout juste de fermer
00:53ses portes à Marrakech.
00:54Wissem Barbouchi qui est fondateur de la galerie ObAfricart est membre de l'association
00:58collectionneur Adiaf et notre invité pour dresser un bilan de la foire.
01:02Merci beaucoup d'être avec nous.
01:03Merci Sybille de m'accueillir.
01:04Est-ce que tout d'abord vous pouvez nous décrire un petit peu l'ambiance générale
01:08de la foire, l'énergie qui émanait des couloirs de cette foire ?
01:13C'était la sixième édition à Marrakech, c'est une foire qui existe depuis plusieurs
01:19années, qui a lieu à Marrakech, qui a lieu à Paris, qui a lieu à Londres, il y a une
01:23session également à New York.
01:25C'est une foire qui cette année a réuni un peu moins de 30 galeries.
01:29Chaque année ce sont des galeries plus ou moins différentes, c'est ça qui est aussi
01:34intéressant dans cette foire.
01:36On a eu des galeries d'Afrique subsaharienne avec la galerie Farafakri par exemple, ou
01:44des galeries européennes comme le Venko qui étaient présentes.
01:47Et ce qui est intéressant dans cette foire, c'est qu'elle s'inscrit aussi dans un
01:52cadre culturel autour de la ville de Marrakech, qui est aujourd'hui une ville pour qualifier
01:59de hub culturelle au Maroc, puisque en même temps que la foire à 54 se tenait le festival
02:04du livre de Marrakech, et en parallèle aussi avait lieu la réouverture du Makal qui restait
02:10fermée pendant quelques années et qui présentait la collection du groupe Alliance de la famille
02:16Lazrak.
02:17Donc il y a eu tout un événement aussi autour de cette ouverture.
02:20Tout ça pour vous dire qu'il y avait une très belle énergie dans le cadre de cette
02:27foire et que Marrakech, plus que jamais, est aujourd'hui, au-delà d'un hub touristique,
02:32aussi un hub culturel.
02:33En termes de collectionneurs, est-ce qu'on sait qui était présent ? Est-ce que ce sont
02:35des collectionneurs de toute l'Afrique qui viennent ou vraiment très internationaux ?
02:39La particularité de cette foire, c'est que c'est une foire qui attire des profils très
02:44différents.
02:45Il y a beaucoup de locaux qui participent à la foire, mais aussi des experts qui viennent
02:49du centre Pompidou, de la Tate, des collectionneurs internationaux, des collectionneurs locaux.
02:56Ce serait difficile pour moi de vous donner un descriptif exhaustif des personnes qui
03:01participent en tant que collectionneurs.
03:02Non, mais juste de savoir, dans les personnes qui achètent les œuvres d'art, est-ce que
03:06ce sont plutôt des collectionneurs internationaux ou vraiment ça part à une scène locale
03:09avec des collectionneurs locaux ?
03:12Je crois que de plus en plus, il y a une vraie volonté dans le cadre de ces foires, aussi
03:16bien à 54 que les autres foires qui sont en rapport avec son art africain contemporain,
03:20même si je trouve que cette expression est parfois un peu galvaudée, il y a une vraie
03:23volonté d'universalisme et d'universalisation.
03:27C'est-à-dire que...
03:28Pas forcément parler à une cible précise.
03:30Voilà, exactement.
03:31On présente des artistes, d'abord des artistes, qui ont certaines particularités pour certains
03:35qui vivent sur le continent, d'autres de la diaspora, mais c'est d'abord des artistes
03:38avec des visions du monde différentes, des techniques différentes, des façons d'exprimer
03:45certains messages qui leur sont propres.
03:46On va revenir sur le marché, mais est-ce que vous savez si les galeries étaient contentes
03:50de leur vente ? Est-ce que vous savez vers qui elles ont vendu ?
03:53C'est une question à laquelle je n'ai pas de réponse, malheureusement, mais bon, ce
03:59que je pense, et là aussi pour avoir échangé avec quelques personnes, ce genre d'événements-là,
04:04ce sont aussi souvent des événements qui, pour les galeries, sont des événements qui
04:07vont générer des ventes à postérieurie.
04:09Il y a deux intérêts de participer à ce genre de foire.
04:12Le premier, évidemment, pour une galerie, c'est un élément de notoriété relativement
04:16important de pouvoir être présent dans ce genre de foire, et puis ensuite, tout un
04:21carnet d'adresses qui se met en place, des relations qui se mettent aussi en place, aussi
04:24bien entre les galeries et les collectionneurs que les galeries et les conservateurs, que
04:27les conservateurs et les collectionneurs.
04:29Donc tout cet écosystème-là va permettre ensuite de bâtir des ponts par la suite qui
04:34vont permettre éventuellement à des galeries de vendre des œuvres ou à des acheteurs
04:37de s'intéresser à ces artistes qui, au départ, étaient des artistes qui n'étaient pas forcément
04:41connus par ces collectionneurs.
04:42Comment est-ce que vous voyez l'évolution du marché de l'art de ces artistes contemporains
04:49africains ? C'est vrai qu'on a beaucoup parlé des portraits il y a plusieurs années, maintenant
04:53peut-être que ça se voit un petit peu moins, comment est-ce que ça évolue ?
04:56Alors là aussi, ce qui est intéressant dans cette foire, c'est qu'il y a une évolution
05:00effectivement, d'une part, dans la dimension temporelle des œuvres qui sont présentées.
05:05C'est-à-dire que, historiquement, c'était une foire qui était vraiment dédiée aux
05:08artistes contemporains.
05:09Donc on voit apparaître de plus en plus de modernité dans cette foire.
05:13Et on a vu des artistes tunisiens comme Ali Ben Salem, par exemple, qui étaient présents.
05:18On a vu des artistes comme Abderrahman Raoul aussi qui étaient représentés et qui, lui,
05:25fait partie de l'école de Casablanca.
05:27Donc des courants artistiques qui, historiquement, n'étaient pas présentés dans ce genre de
05:32foire et qui, aussi, malgré le fait que ce soit des artistes modernes, permettent aux
05:37collectionneurs et aux artisanats de découvrir parfois des artistes qui étaient un petit
05:41peu sous les radars.
05:42Ça, c'est le premier élément.
05:43Ensuite, le second élément que vous évoquiez, c'est que, historiquement, le thème du portrait
05:50noir a été un thème qui a été très présent dans le cadre des foires, aussi bien à 54
05:53que la Foiraka.
05:54C'est vrai que, dans l'art africain contemporain, dès qu'on s'intéresse aux quelques artistes
06:01qui ont percé ces dernières années, souvent, il y a ce thème de portrait qui est représenté.
06:07Et là, on est plus, j'ai l'impression en tout cas, sortis un petit peu de tout ça
06:12et on est plus dans des scènes peut-être un peu plus engagées ou des scènes de genre
06:16ou en tout cas, peut-être des messages qui tournent peut-être autour aussi du sujet
06:24migratoire.
06:25On le voit bien aussi, par exemple, à Paris, avec les nombreuses expositions qu'on peut
06:27avoir autour de ce sujet-là.
06:29Du portrait noir, on va dire, il y a eu beaucoup de nouveaux affluents qui sont nés et plus
06:36de diversité, effectivement, d'œuvres qui ont été présentées dans ces foires.
06:40Merci, Mouisse M.
06:41Parbouchi, de nous avoir fait un bilan de cette foire 154.
06:44Et tout de suite, on passe à l'interview du week-end.
06:46L'œuvre Réaspiration de l'artiste enseignant-chercheur Samuel Bianchini vient d'être inaugurée
06:57à la Pitié-Salle-Pétrière dans le cadre d'un projet porté par les nouveaux commanditaires.
07:01Marie Linnemann, co-directrice et médiatrice de la Société des nouveaux commanditaires
07:06est notre invitée.
07:07Merci beaucoup d'être avec nous.
07:08Merci de m'avoir invitée.
07:10Alors tout d'abord, est-ce que vous pouvez nous parler tout simplement des missions principales
07:14des nouveaux commanditaires ?
07:16Bien sûr.
07:17Alors, les nouveaux commanditaires, c'est donc les personnes qui prennent l'initiative
07:23de porter une commande.
07:24Dans le cadre de l'action nouveau commanditaire, on ouvre cette possibilité à tous les citoyens,
07:31toutes les citoyennes qui portent le désir de s'engager dans une commande artistique.
07:36Et ça, c'est vrai, c'est une commande artistique qui est forcément dans l'espace public ?
07:42C'est la question que je me posais.
07:43Pas forcément dans l'espace public, mais toujours en lien avec une question d'intérêt
07:47général et toujours dans un espace qui reçoit des publics, un espace non privatisé, on
07:54va dire.
07:55D'accord.
07:56Et comment est-ce que ça se passe au niveau du citoyen ? Parce que les citoyens, c'est
07:58énormément de monde.
07:59Ce sont des personnes qui créent un groupe et qui font leurs demandes ensemble ou des
08:06personnes qui ne se connaissent pas et que vous rassemblez au sein de l'association ?
08:09Généralement, ce n'est pas à nous de les rassembler.
08:13Il y a souvent une initiative qui émerge peut-être par un petit noyau de personnes,
08:21salariés d'un hôpital, si on parle de l'œuvre Réaspiration, à la Pitié, à la Petrière.
08:30C'est un groupe de personnel qui réfléchissait ensemble sur comment mieux faire connaître
08:40les problèmes d'insuffisance respiratoire.
08:44Ils considèrent que c'est des pathologies assez méconnues en France qui font souffrir
08:51pas loin de 10 millions de personnes en France.
08:55Il y a un caractère très particulier, c'est que la respiration est en quelque sorte un
09:04peu contaminante.
09:06Si vous faites face à quelqu'un qui respire très très mal, vous allez peut-être vous
09:12mettre vous-même à petit à petit respirer au même rythme que lui et à sentir une forme
09:18de malaise.
09:20Cela peut être une double peine pour les personnes qui souffrent d'insuffisance respiratoire.
09:25L'intérêt de ce groupe de personnel était de voir si cette chose assez négative pouvait
09:31être utilisée dans un sens positif et d'imaginer une œuvre avec un artiste qui permet à travers
09:41la contemplation d'une œuvre d'art, à la personne qui fait face à l'œuvre, de se
09:47mettre à respirer en même rythme que l'œuvre d'art et étant petit à petit amené à
09:54respirer autrement, peut-être plus calmement.
09:57Cet mimétisme respiratoire est très peu étudié donc l'œuvre et son installation
10:07au sein de l'hôpital va nous permettre aussi de faire des tests et de savoir plus sur ce
10:15phénomène.
10:16Comment ça s'est passé ? C'est ce groupe de médecins qui est venu vers vous, qui vous
10:23ont sollicité pour vous mettre en relation avec cet artiste.
10:26Comment ça se passe ?
10:27Généralement ça se passe comme ça.
10:29Le groupe de commanditaires se tourne vers l'association des nouveaux commanditaires
10:35qui regroupe une quarantaine de médiateurs et de médiatrices.
10:38Ces personnes vont réfléchir avec le commanditaire pour essayer de voir avec qui est-ce qu'il
10:49ou elle peut s'associer, comment est-ce qu'un groupe peut-être un peu plus élargi peut
10:54se composer, comment rédiger collectivement un cahier de charge et ensuite définir la
11:02discipline artistique qui pourrait répondre à la commande et pour finir déterminer le
11:08choix de l'artiste.
11:09Et le protocole c'est vraiment on vous sollicite et puis après c'est étape par étape qu'on
11:15définit l'artiste.
11:16C'est ça ?
11:17Étape par étape, exactement.
11:18Et après l'artiste aussi, il suit un cahier de charge qui a été demandé par les citoyens
11:23?
11:24Alors le groupe de commanditaires rédige collectivement un cahier de charge et l'artiste c'est pas
11:30un prestataire de service donc il ou elle n'a pas permission de répondre frontalement
11:37mais de participer à la réflexion on va dire, augmenter les questionnements et faire
11:43une proposition, il ou elle a un temps d'étude pour élaborer un projet en fait, en concertation
11:51avec le groupe de commanditaires.
11:53Et là par rapport au projet c'est Samuel Bianchini qui a été choisi parce que dans
11:57ses recherches aussi il faisait, qui est enseignant-chercheur à la fois artiste, dans ses recherches c'était
12:04en lien avec cette question de la respiration ?
12:06Alors il avait commencé une réflexion en lien avec un supercalculateur qui était
12:13en commande et qui allait s'appeler Jean C, on nomme les supercalculateurs publics on
12:19va dire selon des personnalités importantes et il avait déjà commencé à réfléchir
12:27sur comment utiliser la respiration de supercalculateur en lien avec la respiration qui pourrait être
12:37calculée en lien avec les données que nous avons encore des discours et de la physionomie
12:45de Jean C.
12:46Donc je savais que Samuel travaillait déjà sur ces questions-là et par conséquent c'était
12:53assez intéressant de partager ce travail déjà entamé par l'artiste Samuel Bianchini
12:59avec le groupe de commanditaires.
13:00Et là il nous reste quelques secondes, la Société des nouveaux commanditaires ça a
13:05plus de 30 ans, est-ce que vous savez déjà quel bilan vous tirez de ces 30 ans de travail
13:11avec à la fois des citoyens et des artistes ?
13:13Le bilan c'est aujourd'hui 500 processus et créations réalisés partout en France,
13:21l'action nouveau commanditaire se développe en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Suisse
13:28et j'en oublie, en Belgique bien sûr, donc ça fait des milliers de commanditaires aujourd'hui
13:35qui ont participé, s'engager en fait, s'engager auprès des artistes, s'engager pour faire
13:43en sorte que les œuvres soient réalisées, donc je pense que c'est un bilan extrêmement
13:49intéressant et on aimerait que ça s'amplifie.
13:52Merci beaucoup Marie Linemann, je rappelle que vous êtes co-directrice et médiatrice
13:56de la Société des nouveaux commanditaires et c'était Art et Marché, édition Week-end.

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