La 6e édition 2025 de la foire 1-54, la foire spécialisée dans l’art contemporain africain, vient d’avoir lieu à Marrakech. La foire, qui met en avant une scène locale attirant des collectionneurs internationaux, a suscité l'enthousiasme.
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00:00La Foire consacrée à l'art contemporain africain, 1.54, vient tout juste de fermer ses portes à Marrakech.
00:09Oui, c'est M'Barbouchi qui est fondateur de la galerie Ob Afrikaat et membre de l'association collectionneur Adiaf et notre invité pour dresser un bilan de la foire.
00:17Merci beaucoup d'être avec nous.
00:19Merci Sybille de m'accueillir.
00:20Est-ce que tout d'abord vous pouvez nous décrire un petit peu l'ambiance générale de la foire, l'énergie qui émanait des couloirs de cette foire ?
00:28C'était la sixième édition à Marrakech. C'est une foire qui existe depuis plusieurs années, qui a lieu à Marrakech, qui a lieu à Paris, qui a lieu à Londres.
00:38Il y a eu une session également à New York.
00:40C'est une foire qui cette année a réuni un peu moins de 30 galeries.
00:44Chaque année ce sont des galeries plus ou moins différentes.
00:49C'est ça qui est aussi intéressant dans cette foire.
00:51On a eu des galeries qui étaient d'Afrique subsaharienne, avec la galerie Farafakri par exemple, ou des galeries européennes comme le Venko qui étaient présentes.
01:03Et ce qui est intéressant dans cette foire, c'est qu'elle s'inscrit aussi dans un cadre culturel autour de la ville de Marrakech,
01:11qui est aujourd'hui une ville qu'on peut qualifier de hub culturel au Maroc,
01:16puisque en même temps que la foire à 54 se tenait le festival du livre de Marrakech,
01:21et en parallèle aussi avait lieu la réouverture du Macal, qui restait fermé pendant quelques années,
01:27et qui présentait la collection du groupe Allianz, de la famille Lasrak.
01:32Il y a eu tout un événement aussi autour de cette ouverture.
01:37Tout ça pour vous dire qu'il y avait une très belle énergie dans le cadre de cette foire,
01:42et que Marrakech, plus que jamais, est aujourd'hui, au-delà d'un hub touristique, aussi un hub culturel.
01:48En termes de collectionneurs, est-ce qu'on sait qui étaient présents ?
01:50Est-ce que ce sont des collectionneurs de toute l'Afrique qui viennent, ou vraiment très internationaux ?
01:55La particularité de cette foire, c'est que c'est une foire qui attire des profils très différents.
02:00Il y a beaucoup de locaux qui participent à la foire, mais aussi des experts qui viennent du centre Pompidou, de la Tate,
02:07des collectionneurs internationaux, des collectionneurs locaux.
02:11Ce serait difficile pour moi de vous donner un descriptif exhaustif des personnes qui participaient en tant que collectionneurs.
02:17Dans les personnes qui achètent les œuvres d'art, est-ce que ce sont plutôt des collectionneurs internationaux,
02:23ou vraiment ça parle à une scène locale avec des collectionneurs locaux ?
02:27Je crois que de plus en plus, il y a une vraie volonté dans le cadre de ces foires, aussi bien à 54 que les autres foires
02:33qui sont en rapport avec son art africain contemporain, même si je trouve que cette expression est parfois un peu galvaudée.
02:38Il y a une vraie volonté d'universalisme et d'universalisation.
02:42C'est-à-dire que...
02:43Pas forcément parler à une cible précise.
02:45Voilà, exactement.
02:46On présente des artistes, d'abord des artistes qui ont certaines particularités, pour certains qui vivent sur le continent,
02:51d'autres de la diaspora, mais c'est d'abord des artistes avec des visions du monde différentes,
02:55des techniques différentes, des façons d'exprimer certains messages qui leur sont propres.
03:01On va revenir sur le marché.
03:03Mais est-ce que vous savez si les galeries étaient contentes de leur vente ?
03:06Est-ce que vous savez vers qui elles ont vendu ?
03:08Alors, c'est une question à laquelle je n'ai pas de réponse, malheureusement.
03:11Mais bon, ce que je pense, et là aussi, pour avoir échangé avec quelques personnes,
03:17ce genre d'événements-là, ce sont aussi souvent des événements qui, pour les galeries,
03:21sont des événements qui vont générer des ventes a posteriori.
03:24Il y a deux intérêts de participer à ce genre de foire.
03:27Le premier, évidemment, pour une galerie, c'est un élément de notoriété relativement important,
03:32de pouvoir être présent dans ce genre de foire.
03:35Et puis ensuite, tout un carnet d'adresses qui se met en place, des relations qui se mettent aussi en place,
03:39aussi bien entre les galeries et les collectionneurs que les galeries et les conservateurs,
03:42que les conservateurs et les collectionneurs.
03:44Donc tout cet écosystème-là va permettre ensuite de bâtir des ponts, par la suite,
03:49qui vont permettre éventuellement à des galeries de vendre des œuvres
03:52ou à des acheteurs de s'intéresser à ces artistes qui, au départ,
03:55étaient des artistes qui n'étaient pas forcément connus par ces collectionneurs.
03:58Comment est-ce que vous voyez l'évolution du marché de l'art de ces artistes contemporains africains ?
04:05On a beaucoup parlé des portraits il y a plusieurs années.
04:08Maintenant, peut-être que ça se voit un petit peu moins.
04:10Comment est-ce que ça évolue ?
04:12Là aussi, ce qui est intéressant dans cette foire, c'est qu'il y a une évolution, effectivement,
04:16d'une part dans la dimension temporelle des œuvres qui sont présentées.
04:20C'est-à-dire qu'historiquement, c'était une foire qui était vraiment dédiée aux artistes contemporains.
04:24Donc on voit apparaître de plus en plus de modernité dans cette foire.
04:28Et on a vu des artistes tunisiens comme Ali Ben Salem, par exemple, qui étaient présents.
04:34On a vu des artistes comme Abderrahman Raoul aussi qui étaient représentés,
04:40qui lui fait partie de l'école de Casablanca.
04:42Donc des courants artistiques qui, historiquement, n'étaient pas présentés dans ce genre de foire
04:47et qui aussi, malgré le fait que ce soit des artistes modernes,
04:52permettent aux collectionneurs et aux institutionnels de découvrir parfois des artistes
04:56qui étaient un petit peu sous les radars.
04:58Ça, c'est le premier élément.
04:59Ensuite, le second élément que vous évoquiez, c'est que, historiquement,
05:03le thème du portrait noir a été un thème qui a été très présent dans le cadre des foires,
05:07aussi bien à 1954 que la foire à Ca.
05:11C'est vrai que dans l'art africain contemporain,
05:14dès qu'on s'intéresse aux quelques artistes qui ont percé ces dernières années,
05:19souvent, il y a ce thème de portrait qui est représenté.
05:23Et là, on est plus, j'ai l'impression en tout cas, sortis un petit peu de tout ça
05:27et on est plus dans des scènes peut-être un peu plus engagées ou des scènes de genre
05:32ou en tout cas, peut-être des messages qui tournent peut-être autour aussi du sujet migratoire.
05:40On le voit bien aussi, par exemple, Paris avec les nombreuses expositions qu'on peut avoir autour de ce sujet-là.
05:44Donc voilà, du portrait noir, on va dire, il y a eu beaucoup de nouveaux effluents qui sont nés.
05:51Plus de diversité.
05:52Et plus de diversité, effectivement, d'œuvres qui ont été présentées dans ces foires.
05:55Eh bien, merci, Moïse M. Parbouchi, de nous avoir fait un bilan de cette foire 154.
06:00Et tout de suite, on passe à l'interview du week-end.