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Le bracelet électronique de Nicolas Sarkozy a été posé en début d'après-midi. Le 18 décembre dernier, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Nicolas Sarkozy, rendant définitive sa condamnation pour corruption et trafic d'influence à un an de prison ferme dans l'affaire des écoutes, aménagé sous bracelet électronique. Laurent Valdiguié, grand reporter à "Marianne", est dans RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 07 février 2025.

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Transcription
00:00RTL Soir, avec Yves Calvi et Vincent Derosier.
00:03Il est 18h18, bonsoir Laurent Valdiguier, vous êtes grand reporter à l'hebdomadaire Marianne.
00:09Vous subissez depuis des semaines le procès libyen de Nicolas Sarkozy,
00:12l'ex-chef de l'État vient par ailleurs d'être équipé d'un braseté électronique,
00:15on ne parle que de cela, dans une autre affaire, celle des écoutes.
00:18L'ancien président ne peut désormais quitter son domicile qu'entre 8h et 20h.
00:23On connaît, comment dirais-je, la nervosité, pour ne pas dire l'agitation de Nicolas Sarkozy,
00:27vous l'imaginez vivre avec ça ?
00:30Oui, d'ailleurs il est déjà sorti cet après-midi pour faire un footing,
00:33pour montrer que rien ne l'affectera, c'est ce qu'il dit toujours.
00:39Ça fait le cinquième procès qu'il affronte en ce moment,
00:42il a affronté deux procès qui lui valent aujourd'hui cette condamnation à un enfermé, ce bracelet électronique.
00:47Il a toujours dit, je me battrai jusqu'au bout.
00:51Donc avec ou sans bracelet, il se battra jusqu'au bout.
00:54On est bien d'accord, un agent de surveillance de l'administration Pays-Tensile
00:58est donc venu à son domicile pour lui poser le bracelet ?
01:01Oui, c'est ça.
01:02Vous savez, le bracelet, c'est d'abord dans un premier temps,
01:04l'administration pénitentiaire vient poser un boîtier,
01:07c'est comme un GPS, un bracelet électronique en réalité,
01:09mais c'est assez précis, c'est très précis au mètre près.
01:12Et le boîtier fait que quand vous sortez de la zone aux horaires défendus,
01:18en l'occurrence après 8h le soir et avant 8h le matin,
01:23ça sonne quelque part dans l'administration pénitentiaire.
01:25Alors quand ça sonne, l'administration pénitentiaire s'en rend compte immédiatement.
01:30Un agent appelle pour savoir ce qui se passe.
01:33Là, la personne sous bracelet est obligée de s'expliquer
01:36la raison pour laquelle elle n'est pas chez elle.
01:38Alors des fois, ça peut être une défaillance,
01:40ça peut être quelqu'un qui est sorti...
01:43Isabelle Balkany, elle allait fréquemment chercher ses chiens au fond du jardin.
01:47Ça sonnait.
01:49Donc au bout d'une fois, deux fois, trois fois, si ça sonne,
01:52à ce moment-là, vous êtes convoqué chez le juge d'application des peines.
01:54J'imagine ensuite que le dispositif est paramétré une fois qu'on l'a installé ?
02:00Le dispositif est paramétré et c'est le juge d'application des peines qui décide.
02:04Alors là, il a décidé une plage de liberté du matin 8h au soir 20h,
02:09avec un aménagement les jours de procès justement,
02:11puisque le lundi après-midi, mercredi et jeudi après-midi,
02:16la plage de 20h est étendue à 21h30
02:19pour permettre à l'ancien président d'assister à son procès.
02:22C'est la moindre des choses.
02:24Et ensuite, c'est le juge d'application des peines qui dira quand tout ça se termine.
02:29C'est une plage normale, celle que vous venez d'évoquer,
02:32ou c'est particulier pour Nicolas Sarkozy ?
02:34Oui, c'est une plage normale pour quelqu'un qui...
02:36Alors c'est vrai que sur le papier,
02:38vous pouvez avoir des personnes sous écrou, sous brasser l'électronique
02:41qui ne peuvent sortir de chez elles qu'une heure dans l'après-midi.
02:45Mais pour Nicolas Sarkozy, qui travaille, qui a une activité,
02:49c'est une plage tout à fait normale.
02:51Ce qu'il y a aussi, c'est que je crois que l'ancien président
02:53s'est aussi engagé à ne plus représenter la France
02:55dans les cérémonies officielles sous brasser l'électronique.
02:58Ça veut dire qu'on saura en permanence où il est ?
03:02Alors ça veut dire que l'administration pénitentiaire sait en permanence où il est, oui.
03:05C'est une vraie privation de liberté.
03:07Non, ça donne tout son sens au brasser l'électronique.
03:09Enfin, si je peux dire, à la punition rude qu'il représente.
03:14On croit toujours que le brasser l'électronique, c'est des vacances.
03:16Pas du tout.
03:16Alors évidemment, c'est mieux d'être sous brasser l'électronique chez soi qu'en prison.
03:20Mais c'est une énorme contrainte.
03:21Vous n'êtes plus libre de votre liberté.
03:23Vous ne pouvez pas prendre de bain, par exemple.
03:25Si vous prenez un bain, le bracelet doit rester hors de l'eau.
03:27Ça va pour les douches.
03:29Ça ne marche pas pour les bains.
03:32Isabelle Balkany, encore elle, faisait sonner son bracelet
03:34parce qu'elle prenait des bains quand même.
03:36Vous voyez, c'est quand même une grosse contrainte, le bracelet.
03:38C'est d'ailleurs pour ça que vous êtes, une fois que vous êtes sous bracelet,
03:42vous êtes sous écrou, vous dépendez de l'administration pénitentiaire.
03:45En tout cas, ça n'a pas empêché d'aller faire son jogging.
03:48Brasser l'électronique, aller agir.
03:49En fait, c'est quoi ?
03:51Il envoie un message, il dit « je continue de vivre ».
03:53Ce n'est pas vous qui…
03:54Il envoie un message, tout ça ne va pas m'arrêter.
03:57C'est vrai qu'il est le premier ancien président à avoir été en garde à vue.
04:00Le premier ancien président à avoir été mis en examen.
04:02Le premier ancien président à avoir été condamné en première instance,
04:05condamné en appel, confirmé en cours de cassation.
04:07Aujourd'hui, il est le premier ancien président à être sous bracelet électronique,
04:11après avoir été condamné à une peine de prison ferme.
04:14Aujourd'hui, il affronte, dans ce procès libyen qui a démarré depuis le 6 janvier,
04:19il affronte une bataille dantesque, il faut bien le dire.
04:24On sent bien qu'il y a une tension dans ce procès
04:27qui n'a jamais été atteinte dans les procès précédents.
04:30Parce que tout le monde a compris dans cette salle
04:32qu'il n'y aurait pas de juste milieu à l'arrivée.
04:35Soit il sera relaxé, comme il le demande, faute de preuves, c'est son lettre motif.
04:40Soit s'il devait être condamné au nom du faisceau d'indice,
04:43comme lui a dit la présidente la semaine dernière,
04:46tout le monde a bien compris dans cette salle
04:48que la condamnation risquait, risquerait dans ce cas-là d'être assez lourde.
04:52J'imagine qu'il y a un climat de tension incroyable dans ce procès ?
04:56Il y a un climat de tension incroyable, la salle est pleine chaque jour.
05:00Ça commence à 13h30, ça se termine à 20h, 20h30, sans pause.
05:06Il s'est défendu l'autre jour 6 heures durant.
05:10Il a compté, il a fait 20 heures d'interrogatoire à la barre.
05:13À la barre, il se défend, alors il faut lui reconnaître cette énergie folle.
05:17Il se défend comme un lion à la barre.
05:19Mais la toile de fond qui est dessinée par la présidente Gavarino,
05:24qui tient d'ailleurs ses audiences avec un mélange de calme et de très grande fermeté.
05:28Cette toile de fond est par moment une plongée dans les coulisses de son quinquennat
05:34et des plongées dans un monde d'intermédiaires, de morts suspectes et de valises de billets.
05:39De plongées qui n'ont rien à envier à une série de films noirs parfois.
05:45Comment affronte-t-il ça ?
05:47Comment vous le ressentez-vous humainement ?
05:50C'est ça le sens de ma question.
05:51Il est tout seul au milieu d'un drôle d'aéropage.
05:54Puisque vous savez qu'il est aux côtés, ils sont 13 prévenus.
05:57Taquédine est en fuite, le fameux Taquédine intermédiaire.
06:00Alexandre Joury, l'autre intermédiaire, est là.
06:03Fort en gueule quand il est à la barre, assez arrogant avec les magistrats.
06:07Et puis il est flanqué de ses deux anciens ministres et fidèles.
06:11Ses deux plus proches fidèles, Brice Sortefeu et Claude Guéant.
06:14C'est très tendu pour eux, puisqu'ils ont dû reconnaître qu'ils avaient rencontré
06:19l'homme qu'il ne fallait pas rencontrer en Libye, Abdallah Senoussi,
06:23condamné à perpétuité par une justice française
06:25pour avoir commis l'attentat du décédisse d'UTA en 1989.
06:29Cet homme était infréquentable, les deux ministres l'ont vu.
06:33On ne sait pas pourquoi, on ne comprend pas bien pourquoi cette rencontre.
06:36Alors Senoussi devant les juges et Taquédine devant les juges,
06:39ont dit que c'était pour préparer le financement de la campagne de 2007.
06:43Guéant et Sortefeu le démontent pied à pied.
06:46Mais c'est vrai qu'on ne comprend pas bien ces rendez-vous.
06:48Et c'est vrai que ces rendez-vous donnent à ce procès une dimension quasi terroriste.
06:53Puisqu'il y a eu un énorme moment aussi à cette audience,
06:56quand les familles des victimes du décédisse sont venues une à une.
07:01Ils étaient douze, témoigner de leur chagrin, de leur colère aussi,
07:04quand Nicolas Sarkozy en 2007 a reçu Kadhafi à Paris.
07:09On est frappé ce soir par le silence de Nicolas Sarkozy et de son avocate Jacqueline Laffont,
07:13qui comme l'entourage de notre ancien président, n'ont absolument pas voulu réagir.
07:17C'était prévisible ?
07:19Oui c'est prévisible parce que c'est pas...
07:20C'est quand même pas le genre de la maison non ?
07:22Non c'est prévisible, en plus peut-être qu'il réagira lundi à l'arrivée à l'audience.
07:29Peut-être qu'il réagira dans l'audience.
07:32D'ailleurs j'imagine que la présidente Gavarino du procès libyen sera informée
07:36qu'à partir de 21h30, il doit désormais impérativement être chez lui.
07:41C'est vrai que ce petit boîtier électronique à sa cheville, lundi,
07:45en plus dans sa disposition au sein du tribunal, il est de profil.
07:50On voit très bien ses jambes, elles se croisent, elles se décroisent,
07:53et puis il les agite beaucoup Nicolas Sarkozy.
07:55Il se lie visage à visage, à livre ouvert.
08:00Il bout dans ce procès libyen.
08:03Il veut souvent parler, une fois la présidente a dit
08:06« Monsieur Sarkozy, vous parlerez quand je vous donnerai la parole ».
08:09Il veut se défendre, il se défend, il se défend même assez bien, vivement.
08:13C'est vrai que maintenant il va devoir se défendre avec un bracelet électronique à la cheville.
08:18Ça va donner encore un supplément d'intensité à cette audience qui est déjà folle.
08:22Une toute dernière question, j'ai envie de vous demander ce qu'on ne sait pas de cet homme
08:25que l'on croit connaître par cœur pourtant nous Français,
08:28et que peut-être vous avez perçu vous en l'observant tous les jours en justice.
08:32Est-ce que vous avez une curiosité particulière le concernant ?
08:36C'est vrai que ce qui est terrible le concernant, c'est qu'il a tous ses amis à côté de lui.
08:40Brice Hortefeux, c'est vraiment son plus vieil ami.
08:43Ça ne l'a pas empêché de dire que Brice Hortefeux,
08:46à Brice comme il l'appelle, avait commis une erreur, une faute en voyant Taquédine.
08:51Il y a aussi Thierry Gaubert qui est un de ses anciens proches.
08:54Ils étaient intimes autrefois.
08:56Thierry Gaubert s'est défendu l'autre jour très péniblement
08:59d'avoir reçu 440 000 euros de Taquédine.
09:02On a l'impression dans ce dossier libyen que beaucoup de choses s'effondrent autour de lui
09:06et que lui est un peu tout seul à tenir son drapeau,
09:10persuadé qu'aucune preuve ne viendra l'atteindre mais que
09:14c'est toute une cordée sous lui qui a l'air de dévisser
09:18et c'est ce qui donne à ce procès, encore une fois, une dimension assez dantesque.
09:22Merci infiniment Laurent Valdiguet et grand reporter au magazine Marianne
09:26de nous avoir donné toutes ces informations à la une du dernier numéro
09:29Macron comme on ne vous l'a jamais raconté.
09:33Macron comme on ne vous l'a jamais raconté.
09:34Merci d'avoir pris la parole ce soir sur RTL.
09:37Dans un instant, les toutes dernières informations avec notre journal de 18h30,
09:40puis à 18h40, nous reviendrons sur cet immense data center
09:43qui va être construit en France par les Émirats Arabes Unis.
09:47Pourquoi faire concrètement ?
09:48Est-ce une bonne chose dans la guerre de l'intelligence artificielle qui se prépare ?
09:52Nous posons toutes ces questions au spécialiste Thomas Solignac dans moins d'un quart d'heure.

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