🔴 Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1
👉 Notre site internet : http://www.publicsenat.fr
▶️ Découvrez l'ensemble de nos replays : https://www.publicsenat.fr/replay
📬 Abonnez-vous à notre newsletter : https://bit.ly/NewslettersPublicSenat
🚀 Suivez-nous sur les réseaux sociaux :
Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat
X : https://twitter.com/publicsenat
Instagram : https://instagram.com/publicsenat
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00— Donc M. Jaumier, le dernier baromètre de la confiance politique du Cevipos, POF,
00:04montre que la France serait une espèce d'îlot de pessimisme au sein de l'Europe,
00:08notamment par rapport à l'Allemagne, à l'Italie, aux Pays-Bas. C'est vrai que ces derniers mois,
00:13on a beaucoup parlé de crise politique, de crise des institutions. Est-ce que la crise de la confiance
00:18en la vie politique, c'est quelque chose qu'on a peut-être aussi sous-estimée ?
00:23— En tout cas, moi, je crois que cette crise de confiance envers la vie politique,
00:27envers les responsables politiques, elle est très profonde, c'est-à-dire qu'elle vient
00:32d'une crise du pays qui s'interroge sur lui-même. La France est un pays, maintenant,
00:37qui a du mal à regarder vers l'avenir, qui a du mal à se projeter sur qu'est-ce qu'elle sera,
00:42qu'est-ce que nous serons dans 20 ans ou dans 50 ans. Et ce pays qui est tiraillé par des fractures,
00:48comme ça a été décrit, par des questionnements qui sont profonds, qui sont identitaires,
00:53eh bien n'a plus confiance en ses responsables politiques pour gérer la situation
00:58et pour proposer des solutions. Et ça touche tout le monde politique.
01:01— Alors on voit que les indicateurs de la confiance en la vie politique se sont très fortement dégradés
01:05cette année. Est-ce que c'est quelque chose qui peut être aussi imputable à ce qui s'est passé
01:09avec, selon vous, la dissolution et derrière la difficulté à trouver une majorité,
01:15à constituer un ou des gouvernements ? — Dans un pays qui est en crise, qui s'interroge
01:20sur lui-même, qui ne sait pas où il va, dont beaucoup de professions s'interrogent sur le sens
01:25de leur métier maintenant, et même des professions évidentes comme les agriculteurs qui nourrissent
01:30le pays ou les infirmières qui nous soignent, eh bien le fait que le chef de l'État ait ajouté
01:36du chaos au chaos au lieu d'apporter de la stabilité a probablement compté, a probablement pesé
01:42et a probablement transformé ce sentiment latent de ne plus savoir exactement où on va
01:49en une défiance accrue. Et le chef de l'État le paye cher, puisque dans toutes les enquêtes
01:54d'Auprès de Mignon, les Français disent qu'ils n'ont plus confiance en lui pour mener le pays
01:58et qu'ils ne veulent plus de lui pour mener le pays. Donc ça, ça doit nous interroger,
02:02parce qu'au-delà de la personne d'Emmanuel Macron et de ce qu'il a fait, est-ce que nous sommes,
02:08nous, les responsables politiques, en capacité de proposer au pays une nouvelle stabilité
02:13et des projets pour l'avenir qui soient motivants et qui redonnent sens à ce que nous sommes
02:18ensemble ? Moi, je crois que oui, mais c'est un chemin qui est difficile et il faut le reconnaître,
02:23il faut l'aborder en humilité. Les Français sont décontenancés, sont désemparés et nous
02:29n'apportons pas de réponses suffisamment structurées. Est-ce que pour vous, plus de six
02:33mois après, la dissolution vous apparaît toujours comme une décision politique mystérieuse et
02:41incompréhensible où vous envoyez quand même aujourd'hui malgré tout les tenants et les
02:45aboutissants ? Non, je crois que le chef de l'État a sous-estimé ce qui se passait, ce qu'il provoquait
02:52avec la dissolution. Son élection était déjà un séisme, puisqu'elle a complètement bouleversé
02:58l'organisation de la vie politique dans notre pays avec la droite, le centre et la gauche.
03:03Et il en a tiré une forme de fierté en disant, moi je vais transformer ce pays, je vais le projeter
03:08dans l'avenir. Et un an plus tard, ça a été le mouvement des Gilets jaunes qui l'a ramené
03:13aux réalités du pays. Il aurait pu le comprendre, il aurait pu se transformer et rechercher une
03:20nouvelle stabilité, une nouvelle forme au moins de compréhension par les Français de qui fait
03:27quoi dans notre vie politique et qui organise les réponses. La droite, la gauche, le centre,
03:33comment ça fonctionne ? Et avec la dissolution, il a choisi de donner un coup de pied dans la
03:38fourmière. Et ce coup de pied a tout bouleversé une nouvelle fois. Et là, c'était le coup de pied
03:43de trop. C'est-à-dire que vraiment les gens ne comprennent plus et lui en veulent. Moi je crois
03:48qu'Emmanuel Macron sous-estime et ne comprend pas qu'un pays doit s'ancrer dans des réalités
03:56territoriales, dans des réalités de représentation. Il faut respecter l'organisation du pays, il faut
04:01respecter ce qu'on appelle les corps intermédiaires et que lui a beaucoup décrié. Alors voilà, on est
04:07dans cette situation et je crois qu'Emmanuel Macron ne comprend pas au fond ce dont a besoin
04:12notre pays et ça c'est inquiétant. Je reviens sur un dernier chiffre. Toujours selon ce baromètre
04:17politique, 45% des Français pensent que des élections ne peuvent pas changer les choses.
04:23Le CIVIPOF estime que c'est l'un des chiffres les plus inquiétants, parle même d'anomalie par
04:26rapport à nos voisins européens. Je ne sais pas ce que vous pensez de ça. Je crois que ce chiffre,
04:35ce n'est pas que les Français ne croient plus en la démocratie. Ça, ce serait une
04:38surinterprétation dont il faut se méfier parce qu'on voit bien vers où elle nous mène. Mais je
04:43crois que ça traduit le fait que les Français ont compris que la crise qui nous traverse est
04:47beaucoup plus profonde, que c'est en quelque sorte une crise identitaire. Nous sommes un vieux pays
04:52qui a beaucoup apporté au monde, qui s'est projeté vers le monde, vers l'international, qui a eu des
04:58territoires ultramarins, qui a porté la notion de progrès, la notion de justice sociale, qui a
05:05porté la construction européenne. Et tous ces acquis, tous ces projets sont en difficulté. L'Europe
05:13est en grande difficulté actuellement. Il n'y a pas que la France. Notre relation avec nos
05:17territoires ultramarins est devenue très compliquée et devrait être réinterrogée. Et donc ce pays qui
05:24ne sait pas exactement maintenant vers où il doit aller, eh bien les Français le ressentent.
05:29Évidemment qu'ils le ressentent. Évidemment que quand on leur dit au fil des années « nous sommes
05:34la cinquième puissance économique », « nous sommes la sixième puissance économique », « nous sommes la
05:38septième puissance économique maintenant », ils voient bien que la France, le mythe de la France
05:43surpuissante qui a un siège au Conseil de sécurité de l'ONU est un mythe maintenant. Et donc il faut
05:49que nous nous adaptions en réalité. Oui, nous avons beaucoup d'atouts. Oui, nous devons porter ces
05:54atouts. Mais la classe politique ne doit pas vivre dans le passé, ne doit pas faire croire aux Français
05:59que la France peut continuer à être ce qu'elle était. Et ce défaut de projection vers l'avenir,
06:04évidemment, il questionne les Français sur la capacité des responsables politiques et donc
06:10d'aller aux urnes pour résoudre les problèmes de la France.
06:13Je vous remercie.