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À 9h20, Jamel Debbouze est l'invité de Léa Salamé. Le comédien sera à l'affiche de "Mercato", le nouveau long-métrage de Tristan Séguéla, en salle le mercredi 19 février prochain. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-13-fevrier-2025-9383219

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00:00Bonjour Djamel Debbouze. Bonjour Léa. Merci d'être avec nous ce matin sur Inter.
00:04Si vous étiez un personnage historique, une émotion et un pays, vous seriez quoi ?
00:09Un personnage, ou qui ? Un personnage historique d'abord.
00:12Il y en a plein. J'ai envie de dire Napoléon pour m'empoiriser moi-même.
00:17Non, il y en a plein que j'aime beaucoup.
00:21Léon Blum.
00:24Ah, Léon Blum. Ou Jean Jaurès, un truc comme ça.
00:26Ah ok. Une émotion ?
00:29La joie.
00:31Vous êtes toujours joyeux ? Non.
00:33Justement, c'est l'émotion vers laquelle vous aimez tendre.
00:36Et un pays ?
00:38Dure celle-là.
00:39Ah ouais, un pays, waouh.
00:42Non, je peux choisir un continent ?
00:44Allez.
00:44L'Afrique.
00:45Pourquoi ?
00:46Parce que c'est un des continents les plus vivants, un des plus beaux, un des plus riches,
00:51le plus vieux et certainement le plus expérimenté.
00:55Parce que je trouve que c'est le continent où il y a le plus de joie, bizarrement.
00:59J'ai trouvé une phrase d'Albert Camus qui m'a fait penser à vous.
01:01Vous me dites si elle résonne.
01:03« Le peu de morale que j'ai appris, je l'ai appris sur les scènes de théâtre
01:06et dans les stades de football qui resteront mes vraies universités. »
01:10Waouh. Il a dit ça, Albert Camus ?
01:12Oui, il a dit ça.
01:13Ben ouais, mais c'est pour ça qu'il est algérien.
01:14Mais oui, bien sûr.
01:15Mais oui, je comprends complètement parce qu'effectivement,
01:19les valeurs qu'il y a sur un terrain de foot, je m'en sers encore aujourd'hui.
01:23Elles me permettent de passer plein de capes.
01:27La scène, non parlons pas, ça vous permet de vous transcender,
01:30de faire connaissance avec vous-même et de prendre confiance
01:32et de passer des messages.
01:36Ouais, c'est deux terrains de jeu extraordinaires pour apprendre la vie.
01:40Qu'est-ce que vous avez appris sur les stades de foot ?
01:43Quelles sont les valeurs qu'on apprend ?
01:45Il parle de morale, lui, il dit qu'il a appris la morale sur les stades de foot.
01:49Est-ce qu'il y a de la morale sur les stades de foot, dans les stades de foot ?
01:51Bien sûr, évidemment.
01:52Il y a le foot comme on l'entend,
01:54mais allez sur n'importe quel stade de foot amateur
01:57et vous verrez la solidarité, vous verrez la franchise.
02:01Il y a une vérité sur un terrain.
02:04On est obligé de composer avec.
02:05Quand on est dans un vestiaire, on est obligé de faire bloc.
02:09On est obligé d'être ensemble face à l'adversité.
02:11Et quand il y en a un qui tombe, on le relève.
02:13Quand il y en a un qui se fait attaquer, on fait bloc.
02:16On fait en sorte d'avancer, d'avancer, d'avancer jusqu'au but.
02:19Il y a quelque chose de très humain là-dedans, bizarrement.
02:24Jamel Debbouze, on connaît l'humoriste, le roi du stand-up, des comédies populaires.
02:28Mais là, c'est un autre Jamel qu'on connaît moins et qu'on découvre dans Mercato,
02:32le nouveau film de Tristan Seguela qui est en salle le 19 février prochain.
02:36Mercato, comme son nom l'indique, nous fait pénétrer dans l'univers du foot.
02:39Et c'est pour ça que je vous parle du foot depuis cinq minutes.
02:41Dans les coulisses du foot, à travers un personnage essentiel de cet univers
02:45qui est souvent décrié, qui n'a pas bonne presse, pas bonne réputation.
02:48C'est l'agent de footballeur que vous incarnez.
02:50Vous incarnez un agent, Driss.
02:53Les agents, ce sont ceux qui gèrent les contrats.
02:55Ce sont ceux qui gèrent la communication et l'image des joueurs.
02:58On va parler de lui parce que c'est un personnage qui va mal au début du film.
03:03Vous dites que ce projet, ce film autour du football, vous a hanté toute votre vie.
03:08Pourquoi ?
03:10Alors, hanté, oui, c'est des projets, c'est vrai.
03:15C'est des projets tiroirs, c'est des projets qui entraînent toute notre vie
03:17jusqu'au jour où on rencontre quelqu'un qui fait en sorte que ça existe.
03:21C'est un projet de fantasme.
03:25Aussi loin que je me souvienne, j'ai joué au foot
03:27et je pense que c'est un des premiers moyens de communication que j'ai eus.
03:30On prend une balle, n'importe où vous la jetez, quelqu'un vous la rendra.
03:34Et la chance que j'ai eue, c'est de côtoyer ce milieu professionnel très vite
03:40grâce à Nicolas Anelka.
03:42Qui était votre voisin de palier à Trappes.
03:47Bien sûr, tout à fait.
03:48Et quand on l'a vu arriver avec le maillot de l'équipe de France, ça nous a percuté.
03:52Ça a été un choc émotionnel très, très fort.
03:54D'abord, on s'est dit que c'était possible, que tout était possible.
03:57Et vraiment, ça a cristallisé quelque chose chez moi.
04:00Ensuite, j'ai eu la chance, grâce à Canal+, de fréquenter les coulisses de ce sport.
04:05Grâce à Zizou Christ, j'ai pu continuer à fréquenter ce milieu.
04:10Kylian Mbappé et sa famille, que je connais bien maintenant.
04:14C'est un univers que j'ai tout le temps fréquenté.
04:16D'abord parce que j'aime le foot et parce que c'est un jeu où on est nombreux.
04:22On n'a pas d'autres alternatives.
04:23Vous dites que c'est Shakespearean, le foot.
04:25Ah oui, bien sûr.
04:26Pourquoi ?
04:27Je ne sais pas, c'est plus fort que le théâtre.
04:32Il y a une intensité folle.
04:34Le tir au but, par exemple.
04:36Vous voyez, il n'y a...
04:37C'est la trosse, le tir au but.
04:39Moi, je ne peux pas les regarder, par exemple.
04:40C'est dingue.
04:41Il n'y a aucun spectacle qui fait lever 80 000 personnes comme un seul homme.
04:45Je n'en connais pas.
04:46Et c'est en ça qu'on ne peut pas rivaliser.
04:48C'est pour ça qu'on appelle ça l'opium du peuple.
04:51Ce n'est pas pour rien.
04:52C'est vraiment un sport extrêmement, je ne sais pas, c'est plus que grisant.
04:56Mais vous dites aussi, en fréquentant les footballeurs, en les connaissant, Zidane,
05:01Mbappé ou Anelka, évidemment, j'ai aussi découvert la part sombre du football.
05:06C'est surtout ça qui m'a intéressé de raconter.
05:08Et c'est ça qui se raconte aussi dans ce film-là.
05:11Ce n'est pas que beau.
05:12Non, bien sûr, évidemment.
05:13C'est toute l'humanité qui s'en dégage.
05:15On ne se rend pas compte à quel point, évidemment, on connaît le spectacle comme on le voit
05:18à la télévision, mais on ne se rend pas compte des coulisses qui sont tout autant
05:20spectaculaires.
05:21Et qui peuvent être dégueulasses.
05:22C'est les cuisines.
05:24Les cuisines, c'est dégueulasse.
05:26Oui.
05:27C'est vrai.
05:28Mais plus encore peut-être le foot de tous les sports à cause de l'argent.
05:33Oui.
05:34Les enjeux sont tellement fous, c'est tellement faramineux que les situations, elles sont
05:42proportionnelles.
05:43On parle de milliards.
05:45Donc là, la vie d'un homme n'a pratiquement plus de valeur, quasiment, à ce niveau-là,
05:49j'ai le sentiment.
05:50Mais est-ce que vous regrettez justement, on l'a souvent dit, que le foot de votre
05:54enfance, il y avait peut-être moins de pression économique, peut-être moins de pression
05:58capitalistique, médiatique également.
06:01Il y avait quelque chose de plus amateur.
06:03Aujourd'hui, c'est vrai que c'est devenu des chevaux de course.
06:06Oui.
06:07Bien sûr.
06:08Et quand même, il paraît qu'avec Tristan Séguéla, vous avez imaginé la somme la
06:11plus folle qu'on pourrait donner pour acheter un joueur.
06:14Un milliard ? Vous avez dit ça, c'est pas possible, on ne peut pas l'attendre.
06:17Et bien Vinicius, l'Arabie Saoudite lui a proposé un milliard.
06:20Mais un milliard, qu'est-ce que ça veut dire un milliard ?
06:23Ça ne veut plus rien dire.
06:24Ça ne veut absolument plus rien dire, c'est vrai.
06:26Ça dépasse l'entendement et c'est ça qui est intéressant, je trouve.
06:29Parce que, où on met l'humain à cet endroit-là ? Il n'a plus sa place.
06:32Et c'est ça qu'on a raconté dans ce film, c'est que l'humain passe au second plan,
06:37que ce soit cet agent ou ce footballeur, c'est l'argent qui prime et c'est les clubs qui
06:42font la pluie et le beau temps.
06:43Quand on voit comment a été pressurisé récemment Kylian Mbappé, il arrête d'être performant
06:522-3 semaines, il a été mis au banc, on l'a accusé de tout et n'importe quoi.
07:00Je trouve qu'on devient complètement déraisonnable face à ce sport et à ses enjeux.
07:05Et de voir combien on peut pier très facilement dans cet univers, c'est assez spectaculaire.
07:12On a voulu raconter cet agent parce que l'agent est un personnage médian, il a affaire aux
07:15joueurs, au club, à l'entourage, il est vraiment au milieu de tout, c'est lui qui cristallise,
07:22c'est un peu l'abcès de ce sport.
07:23Et dans ce film, je campe un agent précaire, moyen.
07:28C'est-à-dire un agent qui était un peu le roi du monde quand il était l'agent de grands
07:31joueurs comme Matuidi, mais qui a tout perdu, il s'est fait virer et c'est la galère,
07:36c'est la loose.
07:38Et il a, et ça c'est le début du film, il a 7 jours, les 7 jours qui restent avant
07:43la fin du mercato pour trouver 300 000 euros parce que d'anciens collègues le font chanter
07:47et qu'il doit rembourser 300 000 et qu'il n'a plus rien.
07:50Et il lui reste 7 jours avant la fin du mercato.
07:53Cette phrase-là que je prononce sur France Inter, ma mère, elle ne sait pas ce que ça
07:56veut dire.
07:57C'est quoi la fin du mercato ?
07:58Alors le mercato, c'est ce laps de temps où on vend et on achète des joueurs.
08:04C'est là où la planète football est le plus en ébullition.
08:07C'est vraiment le moment le plus urgent de la saison quelque part.
08:11Et à ce moment-là, pour un agent, c'est le moment le plus important de sa saison.
08:18S'il ne réussit pas son mercato, il perd son année et il n'est pas payé.
08:21Alors évidemment, je ne vous parle pas des agents comme Monsieur Mendès qui a son cigare
08:27et qui représente Cristiano Ronaldo.
08:28Non, là c'est un agent moyen, voire vraiment moyen moins.
08:32Il vit dans une précarité depuis qu'il est moindre.
08:35Et il représente un joueur qui est sur le banc au PSG, qui ne joue plus depuis des mois
08:41parce qu'il a glissé pendant la Ligue des champions, il a pris du poids, il a pris
08:46de la drogue et il se gâche.
08:48Et ils en sont finalement presque socialement au même niveau.
08:51Et ce mercato va être le moment le plus important de leur existence parce qu'en dehors de
08:56la pression qu'ils mettent, ces voyous, il y a leur vie d'agent et de sportif qui
09:02est en jeu.
09:03On s'est préparé pendant 17 ans et 20 ans à devenir un sportif de haut niveau, il suffit
09:08de trois matchs pour être oublié.
09:10Et c'est ça que vous racontez, c'est-à-dire que même ceux qui n'aiment pas forcément
09:13le foot peuvent se reconnaître parce que c'est des parcours et ça, c'est ce qui
09:17rend le film intelligent et touchant.
09:18C'est-à-dire que c'est des vrais parcours de gens qui ont été et qui ne sont plus.
09:24Hakim Jemili, qui joue le joueur que vous représentez, qui était le grand talent
09:28du PSG et soudainement, comme vous dites, il tombe, il fait trois erreurs, il sort en
09:33boîte de nuit, il prend un peu de drogue, etc.
09:35Et il passe la saison sur le banc de touche et il est presque fini.
09:39Et c'est aussi l'histoire de la renaissance.
09:41On ne veut pas spoiler le film, mais c'est l'histoire de ces deux types qui sont un peu
09:47à côté et qui vont se battre pour remonter.
09:50Ils vont donner tout ce qu'ils ont pour survivre, tout simplement survivre.
09:53Et s'ils n'y arrivent pas, ils meurent.
09:54Et puis, il y a autre chose aussi qu'il raconte ce film, c'est une histoire père-fils.
09:58Ça aussi, c'est assez beau.
09:59Votre fils, vous avez un fils de 15 ans.
10:02Cet agent a un fils de 15 ans incarné par Milo Machado-Graner, qui est ce gamin qui
10:06jouait dans l'Anatomie d'une chute.
10:08Il est incroyable.
10:09Il a vraiment quelque chose.
10:10Oui, vraiment.
10:11Il est différent.
10:12Vraiment.
10:13Il est différent, ce garçon.
10:14Oui, oui.
10:15Il est vraiment différent.
10:16Il a une vieille âme.
10:17Exactement.
10:18C'est un vieil enfant, déjà.
10:19Il est meilleur que plein d'acteurs de mon âge.
10:22D'ailleurs, quand on a présenté le film, on a fait deux ou trois projos.
10:27Ce qui m'a le plus touché, ce sont les témoignages de certaines femmes qui nous ont dit « j'aime
10:31pas le foot, ça m'intéresse pas du tout, c'est pas mon univers.
10:34Mais pour autant, j'ai été touché de la relation avec votre fils.
10:37J'ai été touché par l'urgence et ce thriller haletant, parce que malgré tout,
10:41il y a une urgence folle.
10:42Oui, on a 7 jours pour trouver les 300 000.
10:43Et c'est vrai que cette relation avec le fils, elle est universelle.
10:46On court tous.
10:47Si on a des enfants, on peut aisément comprendre.
10:49On est tous partagés entre nos obligations.
10:51Et ce qu'on aimerait faire est partager avec eux.
10:53Et il nous échappe très souvent parce que le métier, parce que le travail, parce que
10:57la société.
10:58Et ce qui est très touchant là-dedans, c'est que son fils est plus intelligent que lui,
11:03il est beaucoup plus outillé.
11:04Et le rejette.
11:05Totalement.
11:06Et il lit dans le regard de ce gamin de 15 ans que c'est un pauvre type.
11:09Et c'est terrible.
11:10C'est ça, c'est l'humiliation.
11:11Moi, ce qui m'a le plus touché, c'est qu'il se fait humilier, il perd sa dignité
11:16complètement devant le regard de son fils.
11:18Je pense que pour le père que je suis, c'est ce qui m'a le plus bouleversé.
11:23Parce que se prendre la honte devant ses enfants, c'est terrible.
11:26Il n'y a rien de plus humiliant que d'être humilié devant ses enfants.
11:29Et il n'a pas le choix.
11:31Sa passion, elle le dévore tellement que de toute façon, il va y aller.
11:33Il espère de toute son âme que son fils va le comprendre un jour.
11:37Il doit gagner le respect de son milieu, regagner la dignité auprès de son fils et sauver
11:45sa vie.
11:46En 7 jours.
11:47C'est un peu compliqué.
11:49Vous vous êtes inspiré, il y a une inversion du rapport père-fils, c'est-à-dire qu'à
11:53un moment, le fils, le gamin de 15 ans, devient le père de son fils.
11:56Vous avez eu ça, vous, avec votre fils Léon qui a 16 ans ? Est-ce que parfois il y a une
12:01inversion du rapport ?
12:02Bien sûr, évidemment.
12:03Surtout à 16 ans.
12:04Tous les 15 jours, je suis obligé de lui dire, je te rappelle que c'est moi qui suis
12:06ton père.
12:07Cette phrase, elle revient.
12:09En fait, il est plus raisonnable que vous.
12:11Oui, il est plus construit, on va dire, il est plus sensé, mon fils, parce que je suis
12:20un artiste, je suis un troubadour, qui est formé pour être père de toute façon.
12:25Il y a un peu de ça dans cette relation avec Milo.
12:28Il passe son temps à lui expliquer que c'est un sport capitaliste, que c'est de l'esclavagisme
12:35quelque part.
12:36Son fils ne comprend absolument pas le métier de son père et c'est ça qui est touchant,
12:41c'est que, non seulement son père a tout sacrifié, notamment sa famille pour son métier,
12:46et il est en train de sacrifier devant son fils, son fils.
12:48Et ça, c'est inacceptable.
12:53Il a vu le film, votre fils ? Il a vu Mercato ?
12:55Il a vu Mercato.
12:56Est-ce que vous l'avez un peu fait aussi pour lui ? Parce que lui, il joue au foot,
13:00il espère être joueur professionnel, on verra s'il le sera, vous l'avez un peu
13:03fait pour lui aussi ?
13:05Oui, je pense aussi.
13:06Oui, je pense aussi parce qu'évidemment, on cherche tous à briller.
13:12La seule chose qui compte vraiment, c'est de vivre en harmonie avec sa famille, en tout
13:18cas pour moi, et son avis compte énormément.
13:20Il aspire à être footballeur, pour mon grand malheur.
13:23Parce que c'est dur, parce que c'est très rare d'y arriver.
13:27Mais oui, parce qu'ils sont très peu d'élus.
13:30Un seul sur des milliers.
13:31Et quand bien même ils y arrivent et qu'ils sont au sommet, il suffit de trois matchs
13:34pour redescendre, il faut être extrêmement fort psychologiquement.
13:37Et ça dépend tellement pas d'eux, c'est tellement aléatoire qu'on n'a pas envie
13:41de ça pour ses enfants.
13:42Mais je le suivrai corps et âme jusqu'au bout, là où il a envie d'aller.
13:46Oui, je l'ai fait aussi un peu pour lui, je l'ai fait aussi un peu pour moi, et je
13:49l'ai fait aussi un peu pour tous les gens que j'ai croisés.
13:51Le foot, je vous dis, m'a construit, m'a forgé.
13:55J'ai été président du football club de Trappes à un moment donné, et j'ai vu
13:57combien c'était important pour certaines personnes.
14:02Quelle est la différence entre un très bon joueur et un immense champion ?
14:05L'entourage.
14:06Alors ça c'est très important, on vous lit d'ailleurs pour les artistes comme pour
14:11les footballeurs, vous dites que c'est l'entourage qui pète les plombs.
14:13L'entourage.
14:14On a vu des joueurs extraordinaires, fabuleux, bien plus forts que Messi, je ne vais pas
14:18les citer, mais qui se sont foirés parce que malheureusement ils étaient soit mal
14:21entourés, soit mal avertis, et c'est ce qu'il y a de pire, je le vois aussi, on
14:25l'a vu avec certains comédiens.
14:27L'entourage est extrêmement important.
14:28Si on n'est pas bien accompagné, il est dur d'affronter le succès.
14:32On pense que, évidemment c'est très agréable le succès, mais je peux vous dire que c'est
14:37aussi une tare.
14:40Il faut savoir porter le succès.
14:41Le succès est bien plus pernicieux que l'argent, parce qu'on a envie d'être avec vous,
14:47on a envie de vous toucher, de passer du temps, et on confond les rapports forcément à ce
14:51moment-là.
14:52Quand on a 16 ans et qu'on arrive dans ce monde et que d'un coup on est couvert de
14:55gloire et d'argent, il est impossible de s'en sortir.
14:57Vous, vous étiez bien entouré quand ça a commencé à marcher pour vous au début
15:00de Canal, au début de tout ça, ou vous étiez parfois mal entouré ?
15:04Au début j'étais très mal entouré.
15:05Très très mal entouré, enfin très mal entouré, j'étais pas entouré, pas très
15:09mal entouré.
15:10On choisit pas son entourage à ce moment-là, on va, on essaye de se la lommer tant bien
15:15que mal.
15:16Et heureusement j'ai eu une chance formidable de tomber sur des gens comme Jean-François
15:19Bizeau, des gens comme Alain De Greff, comme Jean-Pierre Bacry, comme Alain de Gois, comme
15:24Marie-Pierre Galera, comme Agnès Jaoui.
15:27Qui vous ont canalisé ?
15:29Oui, qui m'ont permis de…
15:31De pas péter les plombs ?
15:32Oui, de prendre les bonnes directions en tout cas.
15:34Il y a un homme que vous avez cité, c'est Zinedine Zidane, qu'est-ce qu'il a de
15:39plus que les autres ?
15:40On parle de Zizou Christ ?
15:41Oui, Zizou Christ.
15:42Est-ce que j'ai besoin de rajouter quoi que ce soit ?
15:44On va l'entendre, on va l'écouter.
15:45Zizou Christ, comme vous dites, qui a été à la fois joueur et entraîneur, on l'écoute
15:49parler de ses deux métiers.
15:51C'est vrai que ce n'est pas du tout la même chose, ça c'est sûr.
15:55Joueur, entraîneur, c'est totalement différent.
15:57J'ai pris du plaisir de toutes façons dans les deux, énormément quand j'ai joué,
16:03et beaucoup aussi quand je suis devenu entraîneur, parce que c'est quand même un métier incroyable.
16:07C'est un métier dur, mais le quotidien d'un entraîneur, ce n'est pas facile.
16:12J'ai pris du plaisir dans les deux, quand j'étais joueur et entraîneur, mais la
16:16difficulté c'est celle-ci.
16:18Là, tu t'occupes d'un groupe, tu le sais, 23 mecs, je sais ce qu'est un vestiaire,
16:24je suis passé par là, et je suis maître aussi, je n'ai pas forcément l'ego de
16:30montrer que c'est moi qui commande, quoi que ce soit.
16:32J'avais des convictions de joueur, que j'ai après transmises en tant qu'entraîneur,
16:38et les joueurs m'ont suivi, parce que tu sais très bien que les joueurs, il faut qu'ils te suivent.
16:44À chaque fois que je l'entends, j'ai envie de pleurer.
16:48J'espère qu'il vous fait d'autres effets !
16:50Non mais il me touche terriblement à chaque fois, c'est vrai !
16:53Bon, il nous a amenés quand même sur le toit du monde.
16:56Moi, je me souviens de cette joie qu'on a eue pendant France 98, c'est pas comparable
17:02à la Libération, mais pas loin.
17:04On se souvient tous de ce moment incroyable, on était unis, unis.
17:08Mais est-ce que ce n'est pas quelque chose d'un peu triste aussi, vous voyez, de ce
17:11que vous dites ? C'est-à-dire qu'évidemment, on le répète, c'est une tarte à la crème,
17:15le foot, le sport, et on l'a vu avec les JO, ça cimente une société, ça nous permet
17:19de faire société, de faire nation.
17:21Et puis, dès que ça se finit, le monde se fracture.
17:25Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose d'un peu triste dans ça ?
17:28Évidemment que c'est terriblement triste, mais ça ne se fracture pas tant que ça, pardonnez-moi.
17:33Il en reste quelque chose tout le temps.
17:35Évidemment que quand on est en banlieue, les grandes écoles ne sont pas forcément
17:39accessibles, et ça c'est terriblement dommage.
17:41Alors on fait avec ce qu'on peut.
17:43J'ai eu la chance d'avoir accès à la culture, d'autres ont eu la chance d'avoir accès
17:47au sport, c'est encore deux portes grandement ouvertes pour eux.
17:50C'est le talent qui prime à cet endroit-là, et heureusement.
17:53Après, évidemment, moi je regrette qu'on ne continue pas dans cet élan, et cette France
17:59qu'on appelait black, blanc, beurre, et qu'on portait au nu, aujourd'hui, on l'exhibe
18:05moins, c'est vraiment dommage.
18:07Mais ce n'est pas uniquement de notre fait.
18:09En tout cas, ce qu'ils nous ont laissé est resté, et ça a été transmis.
18:13Et aujourd'hui, si on a un Kylian Mbappé, si on a cette équipe de France aussi chamarrée,
18:20aussi colorée encore, c'est parce qu'il y a eu un Patrick Vieira, il y a eu un Zinedine Zidane.
18:25Et de toute façon, chaque capitaine de l'équipe de France, je ne sais pas si vous avez remarqué,
18:29correspond à la vague d'immigration.
18:31La vague polonaise avec Raymond Coppa, la vague italienne avec Platini, la vague maghrébine
18:36avec Zidane.
18:38Ce que je veux dire, c'est que le foot est quand même un espèce de polaroïde de la France,
18:43qu'on le veuille ou non.
18:44Vous avez raison.
18:45Qui doit remplacer Didier Deschamps ?
18:47Allez, dites-le !
18:50Zizou Christ, il peut y avoir que...
18:52Pourquoi Zizou Christ ? Parce que Didier Deschamps a été le meilleur entraîneur qu'on ait jamais eu.
18:58Évidemment, il y a eu Aimé Jacquet, mais Didier, quand même, une intelligence folle.
19:02Et il n'y a qu'une seule personne pour remplacer un mec aussi incroyable que Didier,
19:06c'est Zizou Christ.
19:07Rhalass.
19:08Rhalass.
19:09Djamel Debbouze, ça vous a plu de jouer un rôle dramatique ?
19:12C'est une des premières fois qu'on vous voit avec un visage adulte.
19:17Moi, c'est ça qui m'a marqué en voyant Mercato, c'est qu'il y a quelque chose, une gravité,
19:21un truc du temps qui passe, qui se dessine sur votre visage et qu'on n'avait jamais vu.
19:25Pardon, ne le prenez pas mal !
19:27Non, non, au contraire !
19:28Je ne vous dis pas que vous avez perdu votre visage de gamin, mais...
19:32Il y a quelque chose, une gravité qui vous rend plus beau, d'ailleurs.
19:36Waouh !
19:38C'est enregistré, ça ?
19:39Oui, c'est enregistré, ça.
19:40Mais en tout bien, tout honneur.
19:41Ce n'est pas une flatterie, mais il y a quelque chose de différent qu'on n'a pas vu dans vos autres films
19:45ou qu'on ne voit pas dans le Djamel à la télé qui vient faire le sketch, qui vient faire le show.
19:51Il y a quelque chose de différent dans ce film.
19:53Vous l'avez vu quand vous l'avez regardé ?
19:56Euh...
19:58Plus ou moins, je suis à l'intérieur de moi.
20:00Donc, évidemment, j'ai beaucoup de mal à avoir cette distance et à me regarder comme vous me regardez.
20:05Mais une chose est sûre, c'est que je l'ai abordé différemment.
20:10J'ai plus d'expérience.
20:12J'avais envie de transmettre d'autres émotions.
20:14J'avais envie que ce soit plus nuancé, plus complexe.
20:16Ça, j'avais rarement fait.
20:18Et j'ai le sentiment que c'est là où je m'éclate le plus, presque.
20:23Évidemment, la comédie, je l'ai faite et bien faite.
20:26J'ai adoré faire Astérix et faire le Martiaux Pyramide.
20:30Mais je m'éclate tout autant à jouer des émotions fortes et profondes
20:34et à raconter des sujets qui me paraissent extrêmement importants.
20:39Vous allez avoir 50 ans, Djamel Debouze.
20:41Qui a dit ça ? Comment ?
20:42Je suis désolée, mais c'est comme ça.
20:44Ça vous angoisse ?
20:45Qui vous fait vos fiches ?
20:47Vous allez avoir 22 ans, Djamel Debouze.
20:49Merci.
20:50Ça vous fait quoi d'avoir 50 ans ?
20:52Ça vous angoisse ?
20:53Non, je vous jure que non.
20:56Je m'en aperçois au fur et à mesure des gens qui m'en parlent.
20:59À l'intérieur de moi, je vous jure.
21:01On regarde Wikipédia et on se dit « Ah merde, Djamel a 50 ballets ».
21:04Ouais, grave !
21:05Ça nous vieillit aussi, je vous rassure.
21:06J'imagine, bien sûr, on a grandi ensemble.
21:08Mais à l'intérieur de moi, j'en ai 25.
21:11Et je ne vous dis pas ça pour…
21:14J'adore voir le temps qui passe.
21:16J'adore vieillir avec ma famille.
21:21Mais pour autant, cette notion de vieillesse, du temps qui passe, du flétrissement, je ne l'ai pas.
21:29Je n'ai pas le sentiment que ça m'amoindrit.
21:32Au contraire, ça me renforce.
21:34On termine par les impromptus.
21:35Vous répondez rapidement sans trop réfléchir.
21:37Le monde de l'humour ou celui du foot ?
21:39Lequel est le plus impitoyable ?
21:41Le foot.
21:42Vous avez créé le Marrakech du rire.
21:43Vous pourriez faire un festival, le Paris du rire, par exemple ?
21:46J'adorerais.
21:47C'est dans les tablettes.
21:48C'est vrai ?
21:49Oui, vraiment.
21:50J'adorerais faire un festival international à Paris.
21:52Le PSG gagnera-t-il un jour la Ligue des champions ?
21:54Évidemment, Léa.
21:55C'est quoi cette question ?
21:56C'est vous qui avez rédigé cette question ?
21:57Oui, c'est moi.
21:58Parce que ça, on l'attend.
21:59Évidemment.
22:00Mais cette année-là ?
22:01Oui, bien sûr.
22:02Le succès guérit-il les blessures de l'enfance ?
22:05Absolument pas.
22:06L'argent fait-il le bonheur ?
22:08Parfois.
22:09J'ai lu quelque part que vous aimez, dans Fémina d'ailleurs, que vous aimez être seul
22:13et que vous pouvez passer des heures sous un tronc d'arbre, seul, à regarder le paysage.
22:18Et je n'arrive pas à y croire.
22:19C'était pour la promo que vous avez dit ça ?
22:21Ou c'est vrai ?
22:22Oui, j'ai plein de talents cachés.
22:23En vrai, vous aimez être seul ?
22:24J'adore ça.
22:25Vous êtes contemplatif ?
22:26Oui, c'est ce que je fais de plus, je pense.
22:30Parce que si je n'ai pas des sens de rien, je n'arrive pas à me régénérer.
22:34C'est impossible.
22:35Il faut qu'on passe par des sens de rien du tout.
22:37Ni son et de la lumière.
22:39Elon Musk, il vous fascine ou il vous angoisse ?
22:41Non, il me vénère.
22:43Enfin, je trouve incroyable qu'il envoie des fusées et qu'elles reviennent se garer toutes seules.
22:50Mais franchement, tout le reste, je trouve ça pitoyable.
22:54Je trouve ça petit.
22:55Je l'ai vu hier, il a été prendre un café au Café de la Paix.
22:59Il aurait dû aller prendre un café dans un autre café d'ailleurs.
23:02Il ne correspondait pas.
23:03Il y avait 62 bagnoles.
23:07C'est ça pour moi le gâchis d'Elon Musk.
23:11C'est avoir un tel cerveau et malheureusement s'en servir pour fracturer, pour diviser.
23:20C'est ce que je vois aujourd'hui.
23:22L'amour dure 3 ans, 30 ans ou toute la vie ?
23:25Ça dépend de qui vous êtes accompagné.
23:27Alors ?
23:28Moi, toute la vie j'espère.
23:29Je ne peux pas imaginer ma vie sans ma femme.
23:32D'ailleurs, si elle m'écoute, je t'aime ma chérie.
23:34Merci beaucoup pour tout.
23:36Merci beaucoup pour tout.
23:38Et Dieu dans tout ça ?
23:39La question Jacques Chancel pour terminer.
23:40Il est dans le cœur des hommes.
23:43Chacun fait ce qu'il veut.
23:44Jamel, comme vous ne l'avez jamais vu, dans un thriller sur les coulisses du foot.
23:48Ça s'appelle Mercato.
23:49Et même si vous n'aimez pas le foot, c'est un bon film.
23:52C'est le 19 février en salle.
23:53Et puis je précise que vous êtes en tournée pour le Jamel Comedy Club.
23:56Vous faites la tournée des Zénith et vous avez encore deux dates.
23:58Oui, exactement.
23:59Lille, Bordeaux, Poitiers et Nice.
24:01C'est un peu plus que deux dates.
24:02Merci Jamel.
24:03Merci Léa, c'était super.
24:04Belle journée.
24:05Merci beaucoup.

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