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Dans C'est Excellent, Judith Beller reçoit Yannick Bestaven, vainqueur du Vendée Globe 2020-2021 & Olivier Norek, ancien capitaine de police judiciaire et auteur de la BD "Impact" chez Michel Lafon

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##C_EST_EXCELLENT-2025-02-16##

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Transcription
00:00Bonsoir à toutes et à tous, c'est excellent l'émission qui crée le lien comme tous les
00:08dimanches. Je suis bien contente de vous retrouver sur Sud Radio. C'est un aventurier des mers que
00:13vous connaissez bien, vainqueur 2020-2021 du Vendée Globe. Yannick Bestaven, même hors concours,
00:18nous fascine par sa force et sa persévérance. Yannick, vous avez tenu à aller au bout du
00:23Vendée Globe de cette année malgré l'importante avarie qui vous a obligé à vous arrêter au
00:26Cap Horn avec votre bateau Maître Coq 5. Vous avez finalement franchi la ligne d'arrivée dimanche
00:31dernier au sable d'Olonne et vous avez été accueilli en héros. L'excellence, c'est aussi
00:35la persévérance et c'est excellent. Bienvenue sur Sud Radio. Bonjour. Bonjour. C'est un ancien
00:39capitaine de police judiciaire devenu auteur à succès. Olivier Norek aime aborder des sujets de
00:44société brûlante, ce qu'il a réitéré avec l'adaptation en bande dessinée de son roman
00:47Impact. Olivier Norek, votre littérature accompagnée des illustrations de Fred Pontarolo
00:52souligne notre malaise en vous lisant et donne une nouvelle dimension à ce récit percutant sur
00:56l'écoterrorisme. J'ai envie de dire bravo pour le titre. Impact, c'est chez Michel Laffont et vous
01:02vous êtes sur Sud Radio. Bienvenue. Merci. C'est excellent. Bienvenue chez vous, chères auditrices,
01:06chers auditeurs. Alors Yannick Bestaven, on vient de le dire, vous aviez gagné le Vendée Globe en
01:152021 et cette année, vous avez été victime d'une importante avarie sur votre système de bars,
01:19précisément. Vous avez pris la décision de faire escale à Ushuaïa en Argentine pour réparer.
01:25Quand vous êtes arrivés, vous étiez en 11e position, mais vous étiez un peu plus en retrait,
01:31j'ai envie de dire. Vous étiez vers la 5e, 7e position au départ et vous veniez de passer le
01:36Cap Horn dans la nuit avec votre bateau Maître Coq 5. On imagine que c'est une décision la plus
01:40difficile que vous ayez eue à prendre en tant que skipper, d'arrêter une course pour laquelle vous
01:45donnez toute l'année. Oui, c'est des décisions difficiles, c'est des longues préparations,
01:50quatre ans de préparation pour cet objectif qui est de faire le tour du monde sans escale. Et puis
01:54surtout, quand j'arrive au Cap Horn, ça fait déjà pratiquement deux mois qu'on est en mer,
01:57donc j'ai fait quand même le gros du parcours, j'ai passé les trois caps. Je suis en train de me
02:01battre aux avant-postes de ce Vendée Globe et de décider de tout arrêter parce qu'on ne peut pas
02:07aller plus loin. J'étais à la dérive dans les 60e sud avec un système de bars cassé,
02:11donc je n'avais pas trop de solutions, plus une coque délaminée sur le côté, ça faisait beaucoup
02:16de choses et qui mettait en péril le bateau et ma vie aussi. Donc je n'allais pas continuer le
02:23Vendée Globe pour envoyer des secours, pour me sauver s'il y avait un souci. Vous pouvez nous
02:28raconter ce qui s'est passé exactement ? J'ai dû toucher quelque chose avec mon bateau ou une
02:36pièce métallique a touché le bateau, j'ai tout le livret sur le côté, le bord du bateau en fait,
02:40qui était délaminé. Donc ça j'étais au courant, j'avais déjà prévu de m'arrêter, mais de m'arrêter
02:44et de réparer par moi-même. Et à 600 000 nautiques du Cap Horn, deux jours avant de passer le Cap
02:49Horn, j'ai le système de bars qui me posait problème déjà depuis longtemps, depuis les assorts
02:55à l'aller, donc ça faisait longtemps que j'avais un souci, ça n'a fait que se dégrader, jusqu'à ce
02:58que le système casse, le bateau était indirigeable, je ne pouvais plus barrer le bateau, j'avais plus
03:02de safran, c'est comme si j'avais une voiture sans volant. D'accord, ça doit être particulièrement
03:06stressant. Oui, parce que la nuit tombant, il y avait quand même beaucoup de mer, du vent assez
03:11fort et je ne savais pas comment remettre le bateau sur la bonne route pour aller dans le bon sens.
03:16Le cerveau est bien fait, parce que je crois que quand on est au bout des situations, on trouve
03:22toujours une solution pour rentrer. Il fallait trouver une solution, parce qu'il n'y avait
03:27personne qui pouvait venir me chercher. Comment vous avez fait ? J'ai fait un système un peu
03:32ingénieux avec des bouts de ficelle, des poulies, j'ai renvoyé, j'ai fait des renvois, ça n'a pas
03:35marché du premier coup. Tout seul au milieu de la mer. Au bout d'un moment, la solution ne s'avérait
03:39pas trop mal, donc j'ai essayé de la améliorer au fur et à mesure et à petite vitesse, j'ai pu
03:43rejoindre le Cap Horn pour m'abriter à Ushuaïa. J'ai découvert la Patagonie. Vous dites ça avec
03:49le sourire, mais on sent quand même que, parlons vrai, vous avez un peu les boules. Oui, bien sûr,
03:54parce que l'objectif sportif n'était pas atteint. En plus, en tant que vainqueur du Vendée Globe,
03:57j'avais de grosses ambitions sur ce nouveau tour du monde. C'est la déception du sportif,
04:04c'est mon égo qui en prend un coup. Après, l'aventure a repris le dessus. J'ai rencontré
04:11des gens merveilleux en Patagonie qui m'ont aidé à réparer le bateau. Une région magnifique,
04:14tout ce qu'on a fait en une semaine pour pouvoir réparer le bateau avec mon équipe qui est venue
04:17me rejoindre. Repartir en mer, continuer à l'aventure. Pourquoi vous êtes reparti alors ?
04:20Parce que je me devais déjà vis-à-vis de moi-même, parce que je voulais finir ce tour du monde en
04:26solitaire. Et par rapport à mes partenaires qui me font confiance depuis de longues années,
04:32par rapport à mon équipe qui a bossé toute l'année, par rapport à tous les gens qui me
04:35suivaient sur les réseaux sociaux, déjà pour partager cette aventure. J'arrête pas de dire,
04:41notamment dans le film Les rêves ne meurent jamais, qu'on a le droit aux échecs avant de gagner. On
04:46apprend beaucoup de ces échecs. J'avais envie de finir cette aventure parce qu'il y avait encore
04:51beaucoup de choses à raconter et à partager. Cette aventure-là, je ne la fais pas que pour
04:56moi. On imagine que hors course, ce n'est pas du tout la même navigation. Ce n'est pas la même
05:01navigation, mais j'étais tellement frustré que je voulais être rendu le plus vite possible au
05:04Stade de l'Aune. Vous étiez déjà quand même en course. J'ai quand même rattrapé quelques bateaux
05:07puisque je dois finir à la 15e position avec dix jours d'arrêt. Je mets 84 jours. Il y a quatre
05:13ans, je gagnais en 80 jours. Au niveau temps passé en mer, j'étais plutôt dans des bonnes moyennes.
05:21Le Vendée Globe, c'est quand même une course qui vous envoie seul en mer pendant des semaines,
05:25des mois, face aux éléments. Qu'est-ce qui vous porte ou qui vous transporte dans ce que certains
05:30pourraient presque appeler une forme de folie douce, tellement on en est nous-mêmes incapables
05:34de faire ce que vous faites ? C'est dépassant de soi, mais ce n'est pas que ça, parce que vous
05:37êtes seul quand même. Vous mettez votre vie en danger. Oui, tous les jours, on met sa vie en
05:42danger, même ici à Paris. C'est ma zone de confort. C'est vrai que c'est ce que j'ai
05:50habitué de faire. J'aime être en mer, j'aime naviguer sur ces IMOCA, sur ces bateaux à foil.
05:54Je prends vraiment du plaisir. En plus, je suis un marathonien. Plus les courses sont longues,
06:01plus ça me plaît. Faire le tour du monde par les trois caps sans assistance, passer 80 jours en
06:07mer seul, même si maintenant, avec les moyens de télécommunication, on dort peu. On dort par
06:14séquence, par fractionnaire. Ça, vous vous entraînez pour faire ça ? Non, il n'y a pas
06:18d'entraînement. L'expérience compte beaucoup. Il faut arriver à se reposer pour être lucide et
06:24prendre les bonnes décisions. On peut faire la bonne stratégie météo aussi. Mais moi,
06:30c'est des défis qui m'animent et qui me font me sentir vivant. C'est pour ça que j'aime faire ça.
06:35Quand vous êtes entré dans le chenal des Sables d'Olonne dimanche dernier,
06:39vous aviez la foule qui vous accueillit avec enthousiasme. Qu'est-ce que c'est,
06:46votre première émotion, votre première pensée ? Parce que vous n'aviez pas eu ça quand vous
06:48l'avez gagné le Vendée Globe, vu qu'on était en plein Covid. Là, tout d'un coup, c'est la couleur.
06:52Oui, on était en plein Covid. Il y a quatre ans, je suis arrivé de nuit à 4 heures du matin. Il
06:57y avait quand même un peu de monde malgré les interdictions. Mais là, c'est vrai que d'arriver
07:01un dimanche après-midi aux Sables d'Olonne avec l'aventure à raconter, le fait d'avoir terminé hors
07:07course, je pense que les gens ont été très sensibles à ça aussi. Le fait que vous ayez
07:11terminé et que vous soyez allé jusqu'au bout aussi, je me souviens. En tant qu'ancien vainqueur,
07:15je n'ai pas baissé les bras. Je suis allé au bout de mon histoire et les gens m'ont accueilli
07:18vraiment avec beaucoup de ferveur. Je pense que l'arrivée était encore plus belle que quand j'ai
07:23gagné il y a quatre ans. Ça me donne raison d'avoir continué. Est-ce que ce n'est pas dans l'échec
07:28qu'on réussit parfois ? Souvent, je pense. Et cet échec, il se transforme en des choses hyper
07:34positives derrière. Même sur les retombées médiatiques que j'ai eues, même par rapport à
07:37mes partenaires. J'aurais terminé peut-être cinquième, sixième, on aurait peut-être moins
07:40parlé de moi. Le fait d'avoir réparé le bateau, d'avoir vécu cette aventure en Patagonie,
07:44d'être parti en solitaire, a fait que l'histoire sera marquée dans les livres du Vendée Globe.
07:50Olivier Honorek, je rappelle votre roman graphique Impact qui est sorti chez Michel Lafond. Vous
07:54vous explorez un univers marqué par l'adrénaline, par l'endurance de vos personnages. Ça résonne
07:58tout particulièrement quand on écoute Yannick Bestaven qui nous raconte sa solitude face aux
08:02éléments, sa détermination aussi jusqu'au bout malgré les obstacles. On imagine que ça résonne
08:06tout à fait particulièrement chez vous. Oui, et puis c'est surtout que je vois une histoire qui,
08:10pour un romancier, est juste parfaite. Il y a absolument tout. Il y a le côté outsider. Les
08:16gens aiment beaucoup les outsiders. C'est-à-dire que celui qui est promis A, qui va casser, qui va
08:21chuter et qui va remonter. Et ça, c'est quelque chose que les gens aiment beaucoup parce que ça
08:25s'appelle la sublimation. Chez les Finlandais, il y a un mot pour ça. C'est un mot valise. Ça
08:29parle du feu intérieur. Ça parle de la ténacité, de l'abnégation, du courage, de la volonté. Et
08:34tout ça en un seul mot. Ça s'appelle le Sisu. Ça vous reflète parfaitement. Sisu, on a appris un
08:40nouveau mot aujourd'hui, Yannick Bestaven. Après tant d'émotions, de défis, Yannick, l'histoire
08:45entre vous et le Vendée Globe, on imagine qu'elle n'est pas terminée. Il y a un autre rendez-vous
08:49en 2028. Je ne sais pas. On m'en parle beaucoup. Non, moi, ce que j'ai envie, je l'avais dit avant
08:52le départ que c'était ma dernière course en solitaire. Ce n'est pas pour rien que je vous
08:55pose la question. Vous allez être obligés de recommencer. J'ai envie de transmettre aussi.
08:59J'ai envie d'accompagner des jeunes. J'ai envie de permettre à des jeunes de vivre ce que j'ai
09:02vécu. Moi, Yves Parly, à l'époque, m'a mis le pied un peu à l'étrier. Et je pense que mon tour
09:06est venu d'aider les jeunes aussi à arriver au plus haut niveau. Concrètement, qu'est-ce que ça
09:11va donner? Moi, j'ai envie de continuer à naviguer, mais sur des formats doubles ou équipage. Il y a
09:15le tour du monde en équipage aussi qui m'intéresse. Et d'amener avec moi des jeunes skippers, des
09:19jeunes talents pour les amener au plus haut niveau et qui prennent ma place pour le Vendée
09:22Globe 2028. Ça, c'est mon projet de fond. D'accord. Oui, parce qu'un savoir ne meurt pas quand il est
09:27transmis. C'est ça qui est important. Exactement. Et puis, c'est important aussi de transformer,
09:32de se réaliser au travers des autres. Et moi, de voir des jeunes. On parle beaucoup de Violette
09:36d'Orange en ce moment. Il y a tous ces jeunes skippers qui arrivent. Je trouve ça magnifique.
09:39C'est des projets qui sont compliqués à monter quand même, quand on a 23 ans. À la 23 ans? Oui,
09:44à la 23 ans, des côtés financiers, des côtés techniques. On ne se rend pas compte de tout ce
09:48que ça implique. Non, non, c'est pas juste prendre un bateau. C'est une vraie petite entreprise.
09:51Exactement. Racontez à vos auditeurs tout ce qu'il y a à faire. Déjà, il y a monter son équipe. Moi,
09:56c'est 15 personnes qui bossent avec moi à l'année. Donc, c'est une vraie entreprise. Il y a des
10:01ressources humaines à gérer. Il y a des budgets à trouver, des budgets qui sont de plus en plus
10:04importants parce que c'est un projet très technique. C'est de la Formule 1 que l'on fait.
10:08Il y a toute la partie communication parce que les partenaires, les financiers qui misent sur vous,
10:12ils attendent un retour sur l'investissement. Donc, il y a beaucoup de choses qui font que
10:17lorsqu'on est jeune, ce n'est pas évident ni à convaincre ni à réaliser. Aller voir des
10:21banquiers pour financer des bateaux quand on en a 20 ballets, ce n'est pas gagné.
10:24Si Yannick Pestavet est derrière, ça peut marcher un peu mieux.
10:28Moi, j'ai mis beaucoup de temps. J'étais le plus ancien vainqueur du Vendée Globe il y a
10:30quatre ans. Donc, ce n'est pas pour rien. Donc, si je peux aider et si je peux transmettre,
10:34ça sera avec beaucoup de plaisir. Donc, je réfléchis un peu à tout ça. Mais repartir en
10:39solitaire, je n'en sais rien parce que les bateaux sont très durs physiquement. Parce que si je ne
10:44repars pas pour gagner, je pense que je serai déçu. Donc, c'est toutes ces questions-là qu'il faut se
10:48poser. Est-ce que j'ai le bon bateau ? Est-ce que physiquement, je suis toujours prêt pour gagner des
10:53courses ? Là, ce n'était pas un problème physique. Non, non, mais peut-être que ça le deviendra avec
10:56les années. Donc, il ne faut pas réfléchir. Allez, vous êtes bien sur Sud Radio. On vous
11:00revient tout de suite avec le skipper, le marin chevronné Yannick Bestaven et l'ancien policier
11:05devenu écrivain Olivier Norek. C'est excellent. Vous l'aurez compris à tout de suite.
11:09Sud Radio, c'est excellent. Judith Bélair.
11:13Merci d'être avec nous sur Sud Radio. C'est un bon choix, je dirais même plus. C'est excellent.
11:18Alors, avec moi ce soir, pour vous, le skipper Yannick Bestaven et son bateau Maître Coq 5 qui
11:23vient de terminer son Vendée Globe hors compétition ainsi que l'ancien policier,
11:26capitaine de police devenu écrivain primé Olivier Norek et sa très belle version graphique du
11:31roman Impact. Alors, Olivier Norek, on va faire un petit pitch quand même pour les auditeurs.
11:36Un thriller, Impact, c'est un thriller écologique visuel, puissant, alors très visuel évidemment
11:41parce que là, on est sur un roman graphique, mais je pense qu'on se fait les images aussi
11:44quand on lit. Enfin, moi, ça m'a touché. Il nous raconte l'histoire de Virgile Solal. C'est un
11:49ancien militaire qui est devenu éco-terroriste prêt à tout pour forcer les puissants à agir
11:53contre la destruction de la planète. Face à lui, une capitaine de police et un négociateur qui
11:57tente de l'arrêter. Je n'en dirais pas plus par peur de spoiler, mais on est quand même dans un
12:01monde dystopique. Pas tant que ça, en fait, dystopique, puisque son état catastrophique,
12:05on parle de la disparition des espèces, du réchauffement climatique, etc. J'ai envie de
12:09dire, nous pend au nez, Olivier Norek. C'est un peu flippant. C'est pas que ça nous pend au nez,
12:13c'est qu'en fait, c'est déjà là. On est dedans. Le serial killer le plus prolifique de l'humanité,
12:17c'est la pollution. 10 millions de morts par an, c'est un génocide annuel, tout simplement. Et on
12:23attend normalement des gouvernements, de la justice ou des grandes entreprises de prendre la
12:27responsabilité. On voit qu'on n'est pas défendu. Ça va être le problème de Virgile Solal. Virgile
12:31Solal, à la base, si je l'ai créé comme un militaire, c'est que j'ai voulu en fait créer
12:35l'image d'un obéissant. Et nous, on a été obéissant pendant longtemps, pendant des générations. On
12:40pensait que tout ça était prévu, contrôlé, géré et qu'on n'allait pas aller dans le mur. Et pourtant,
12:46ça fait depuis 1972, avec le premier rapport du MIT qui nous alerte justement sur l'aspect fini des
12:52énergies fossiles et aussi leurs dangers. Et pourtant, on ne fait rien. Pourquoi ? C'est une
12:56histoire d'argent ? Alors, c'est évidemment une histoire d'argent, mais il y a aussi un point
12:59économique qui est assez intéressant. C'est-à-dire que si vous voulez que notre système économique
13:05s'intéresse à quelque chose, il faut qu'il crée de l'argent. Notre système économique, c'est le
13:08capitalisme. Donc le capitalisme, c'est gourmand. Et donc, il faut que le projet soit sexy, c'est-à-dire
13:14créer de la richesse. Aujourd'hui, c'est les énergies fossiles qui créent de la richesse. Et
13:18encore aujourd'hui, pour un euro investi dans les énergies vertes, il y a 8 euros qui est investi
13:22dans les énergies fossiles. Pour l'instant, on dit tout le temps, il faut passer aux énergies
13:26vertes. Malheureusement, on n'est pas prêt. C'est-à-dire que si demain, on devait tous passer
13:29aux énergies vertes, on se chaufferait à la bougie parce qu'il n'y en a pas assez pour tout le monde.
13:31C'est à ce point qu'on est en retard. On est tellement en retard qu'aujourd'hui, le premier
13:36truc qu'il faudrait pour faire de l'écologie, c'est ouvrir des universités pour réfléchir aux
13:40énergies vertes de demain parce qu'on ne les a pas. Les éoliennes, les panneaux solaires,
13:43ce n'est pas suffisant. Donc, on est tellement en retard que pour l'instant, on n'a même pas
13:47quelque chose à proposer. Donc, il faut faire ce mix et il faut surtout inviter toutes ces
13:52gigantesques entreprises multimilliardaires à investir, à investir toujours plus pour que
13:56l'écologie et pour que les énergies vertes fassent de l'argent, donc qu'elles intéressent
14:00le capitalisme et que le capitalisme les intègre dans sa boulimie, dans sa gourmandise. Mais de
14:06toute façon, à la base, il va falloir qu'elles soient intéressantes. Je vais les citer parce que
14:11vous en parlez. Il y a Total, par exemple. On ne voit pas Total investir à 100% dans les énergies
14:16vertes, clairement. Non. Et puis, ce serait dommage de ne cibler que eux parce qu'il y a
14:20les énergies de là, il y a les industries de la mode, les industries automobiles, les industries
14:26pétrolières. Il y a aussi l'intelligence artificielle. L'intelligence artificielle
14:30va dévorer encore plus d'énergie. 80% de ce qu'on crée, de ce qu'on fabrique, de ce qu'on
14:35consomme, ça vient des énergies fossiles. Donc, on est dans une sorte d'ornière qui est
14:40habituelle depuis des décennies et des décennies et c'est très, très difficile de changer. L'humanité
14:45et nos habitudes, c'est un peu comme un supertanker. Vous voyez ces gigantesques bateaux sur l'océan
14:49qui pèsent des milliers de tonnes et quand on leur demande de faire demi-tour, ça leur prend
14:53un kilomètre, deux kilomètres parce qu'ils sont gigantesques. L'humanité, c'est un million de
14:57supertankers accrochés les uns aux autres. Les décisions qu'on prend aujourd'hui seront opérantes
15:01dans 20 ou 30 ans. Mais qui, aujourd'hui, réussit à réfléchir dans 20 ou 30 ans ? C'est quelque
15:06chose qui n'est presque pas humain de réfléchir à 30 ans. Surtout, on est trop le nez devant le
15:09mur, j'ai envie de dire, pour aller voir plus loin. Et puis aussi, on a des habitudes qui sont
15:12difficiles à changer. Et puis oui, quand vous dites qu'on est le nez dans le mur, c'est alarmant.
15:19On se demande même s'il y a des solutions. Je pense qu'il y a des solutions. Il est très inquiétant
15:23votre livre, je vous le dis, Olivier Norek. Et je n'ai rien caricaturé. Donc, ce que j'ai fait
15:30aussi, c'est que j'ai emmené le lecteur ailleurs qu'en Europe. Parce qu'aujourd'hui, on nous parle
15:35d'écologie. Alors oui, on voit une canicule ici, une sécheresse ici, une inondation ici. Mais on
15:39bricole encore, parce qu'on a le temps de bricoler, parce qu'on peut encore bricoler. Viendra un jour,
15:43on ne pourra pas bricoler. Comme en Inde, en Afrique, en Chine, on ne peut plus bricoler. Il
15:47y a des endroits en Afrique, dans le delta du Niger, où il y a 4000 marées noires, qui sont
15:52déjà impropres à la vie. Il y a des endroits sur la planète qui sont déjà impropres à la vie. Ce
15:56qui fait que j'ai dû emmener le lecteur, presque le spectateur, dans les plus grands drames
16:01climatiques qui sont hors d'Europe. Parce que ce qui se passe aujourd'hui hors d'Europe, c'est ce
16:06qui va se passer demain chez nous. Donc je les emmène en Sibérie pour voir que les ours ne peuvent
16:11plus traverser la banquise et qu'ils se retournent vers les villages et qu'ils essaient de voir si la
16:15chair humaine n'est pas moins mauvaise que celle des phoques. Il y a une image impressionnante là-dessus,
16:19où vous voyez les gens qui ont tué les phoques se faire eux-mêmes dévorer par les ours. C'est
16:22exactement ça. On part en Inde aussi, où la crue des rivières libère des milliers de
16:26crocodiles qui envahissent les villages. Mais ça, c'est pour le côté presque spectaculaire. On
16:30assiste à la découverte du continent de plastique. Mais ça, c'est presque du... Je veux dire, c'est
16:35terrible, mais c'est du spectaculaire divertissement. C'est pour parler de quelque chose de
16:38beaucoup plus grave. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, oui, il y a 10 millions de morts à cause de la
16:42pollution. Imaginons que vous avez un enfant, qu'il vive à la campagne ou qu'il vive à la ville.
16:47S'il vit à la ville, il faut estimer qu'il aura 11 ans d'espérance de vie en moins. Alors regardez
16:52ceux que vous aimez, regardez les enfants qui sont autour de vous et estimez que s'ils vivent
16:55dans une ville, ils auront 11 ans d'espérance de vie en moins. Moi, ça ne me convient pas. Je ne suis
16:59pas d'accord. Je n'en ai pas, mais je ne suis pas d'accord. Et alors, mettre à faire un roman
17:04graphique, c'est un livre qui existe. Il y a déjà un pacte, on l'a dit. Vous avez fait faire des très
17:07belles images par Fred Pontarolo. Ça donne de la puissance au cri d'alarme et puis ça permet de
17:13voir, en fait. C'est ça, c'était important, ce livre en particulier, de le montrer à voir. Oui,
17:17alors ce n'est pas tant de montrer à voir parce qu'en fin de compte, quand vous lisez quelque
17:20chose, vous êtes votre propre réalisateur. Et si je vous parle d'une tornade, alors vous allez
17:24imaginer une tornade et vous allez réaliser votre film. Donc, vous avez déjà les images et en plus,
17:27c'est des images qui appartiennent à votre propre banque d'images personnelles. Donc,
17:30elles sont encore plus fortes. L'intérêt de passer en illustration, en bande dessinée,
17:35c'est que s'il reste un tout petit morceau d'espace de cerveau de libre et que dans cet
17:40espace de cerveau libre, il y a un espace qui est enclin à écouter un discours qui va vous parler
17:46d'écologie. Eh bien, je voudrais que ce message soit accessible à tous sur tous les médias. Vous
17:50avez 3 ou 4 jours, il y a le livre. Vous avez 3 ou 4 heures, il y a l'audio livre. Vous avez 2
17:55heures, il y a une pièce de théâtre qui a été faite par Alexis Michalik. Et vous avez 45 minutes,
17:59il y a la bande dessinée. Qui que vous soyez, quel que soit votre mode de consommation de
18:03culture, ça fait partie de ces histoires dont le message est plus fort que le narrateur et plus
18:09fort même que le livre ou que la bande dessinée. Et c'est pour ça que ce message, je veux qu'il
18:12soit accessible à toutes et à tous. Alors, il y a un parallèle aussi entre les choix extrêmes de
18:17votre personnage Virgile et puis certaines des actions réelles menées notamment par nos
18:21activistes aujourd'hui. On pense évidemment à Sea Shepherd que vous citez d'ailleurs, connu pour ses
18:27actions coup de poing de son dirigeant Paul Watson qui vient d'être libéré en héros enfin. On
18:34imagine que finalement, leurs actions violentes, elles sont nécessaires. Et c'est un peu ça que
18:42vous nous dites aussi, c'est-à-dire qu'on leur pardonne, on ne peut pas leur en vouloir. Parce
18:45que finalement, ils nous défendent. Alors, on ne peut pas leur en vouloir pour plusieurs raisons.
18:48La première, c'est que débattre avec les mots, se battre avec les points. Quand la parole est
18:55muselée, quand la parole est silenciée, quand on a beau hurler, hurler et prévenir et que personne
19:01n'écoute absolument personne, la seule chose qui reste, ce sont les points. Et vous le voyez par
19:06exemple dans les cours de récréation, quand un garçon ou une fille a le dessus sur un autre
19:10verbalement, on appelle ça casser. Et quand il réussit à se moquer et se moquer et se moquer et
19:15que l'autre n'a pas le vocabulaire, n'a pas les arguments, très rapidement, ça dégénère en
19:19violence. Parce que débattre avec les mots, mais une fois qu'on n'écoute plus les mots, la seule
19:23chose qui reste, c'est se battre avec les points. Et puis, il y a le concept de légitime défense.
19:26Comme je le disais, on est en face du serial killer le plus efficace de l'humanité et pourtant,
19:31on ne fait rien contre lui. Dix millions, c'est énorme. Dix millions, c'est énorme. Mais c'est
19:35surtout aussi que j'ai le droit à être défendu, à être vengé et celui qui me punit, celui qui me
19:42blesse, doit être puni. C'est le seul droit fondamental et inaliénable qu'on a laissé à
19:47quelqu'un d'autre, à la justice. J'ai le droit de croire, j'ai le droit de me déplacer, j'ai le
19:51droit d'aimer, j'ai le droit de parler. Tous ces droits là sont mes droits fondamentaux et
19:54inaliénables. Ils sont à moi et je les délègue à personne. Par contre, le droit à la défense,
19:59le droit à la punition, il a été donné à la justice. Tout simplement pour que ce ne soit pas
20:03le chaos. Parce que si on m'attaque et que je fais 1m20 et que je réponds, c'est pas comme si on
20:06m'attaquait et que je mesure 2m20 et que je réponds. La sentence n'est pas la même. Donc il
20:09fallait que la sentence soit équitable. C'est pour ça qu'on a inventé la justice, pour qu'à chaque
20:13fait criminel ou délictuel, la réponse soit la même. Mais si la justice ne me défend pas,
20:17est-ce que je n'ai pas le droit de reprendre ce droit inaliénable qu'est celui d'être défendu ?
20:22C'est un ancien policier qui nous parle.
20:23Oui, alors j'invite pas à kidnapper tous les patrons des grandes entreprises polluantes et
20:28à dire vrai, j'ai inventé un monstre, Virgile Solal, un monstre qui va avoir recours à la
20:34violence physique jusqu'à l'homicide. Pas parce que j'ai envie qu'il arrive, mais justement parce
20:38que je crains qu'il arrive. C'est un peu comme si je décris le pire et j'invente le pire en
20:45espérant peut-être que ce pire puisse être évité. Yannick Bestaven, vous vous sillonnez
20:49les mers. Est-ce que vous avez constaté cette évolution aggravée des dégâts ? Est-ce que
20:54vous le voyez dans l'océan ? Oui bien sûr, on constate. Est-ce que par exemple la pièce de
20:59métal qui a chopé votre bateau c'est de la pollution ? Je ne sais pas ce que ça peut être,
21:02ça peut être de la glace, ça peut être un growler parce qu'il y a la fonte des glaces aussi,
21:05l'Antarctique fond énormément, sur l'endéglobe on a des parcours qui sont beaucoup plus longs
21:10parce qu'on a des limites de glace pour ne plus aller dans les icebergs par rapport à la
21:13dangerosité à nos vitesses. Mais oui, bien sûr, on observe le réchauffement, on observe des tempêtes
21:19ou des phénomènes climatiques beaucoup plus puissants avec des tempêtes beaucoup plus fortes,
21:23le plastique, le trafic maritime qui est hyper important sur notre planète. Mais comme vous le
21:29disiez, on est régi par le commerce international et le commerce international ça fait déplacer
21:34beaucoup de monde, beaucoup de cargos, c'est énorme le trafic maritime pour notre consommation. Donc
21:38comment le gérer ? On réfléchit à des nouvelles solutions. François Gabart travaille sur des
21:42transports véhicles à voile. Il y a plein de solutions comme ça qui vont voir le jour et on
21:47sera obligé de passer par là de toute manière parce que les énergies fossiles... On va vous
21:50répondre, ça prend trop de temps. Aujourd'hui ça prend trop de temps mais quand ça va devenir
21:53obligatoire il va falloir se dépêcher de trouver des solutions. Heureusement qu'il y en a qui
21:57réfléchissent déjà pour nous à ça. En deux mots, Olivier Norek, on l'a dit, vous êtes ancien
22:03policier, est-ce que vous l'auriez arrêté Solal ? C'est dur, oui évidemment je l'aurais arrêté et
22:09d'ailleurs dans mon roman il est arrêté. Parce que je ne peux pas valider l'acte homicidaire,
22:16c'est le dernier acte tabou. Tuer c'est se tuer un peu soi-même et puis moi j'ai eu un métier de
22:23capitaine de police donc voilà j'étais un obéissant et si j'avais été en face de Virgile Solal j'aurais
22:27dû très probablement l'interpeller. Mais ce qui est rassurant c'est que je n'ai pas été en face
22:32de lui et que je n'ai pas eu à me poser ce dilemme. J'ai eu d'autres dilemmes dans mon métier de
22:36policier qui ont fait que parfois je n'ai pas agi selon le code pénal. Ça y est c'est bon j'ai été
22:41policier il y a dix ans je peux le dire parce que la chose était juste. Il y a prescription c'est ça ?
22:46Oui mais attention attention je décide que la chose est juste sauf que si j'ai un cerveau un
22:50peu fatigué ou malade et que je décide qu'une autre chose est juste, attention l'adaptation de
22:56la loi c'est pas pour tout le monde et qui va décider que telle ou telle peut adapter la loi ?
23:00C'est une vraie question. Sud Radio c'est excellent on est avec le marin Yannick Bestaven
23:05et puis l'écrivain Olivier Norek. Vous restez avec nous c'est pas fini on revient.
23:08Sud Radio c'est excellent Judith Belair. Merci d'écouter Sud Radio c'est excellent comme tous
23:15les dimanches vous êtes ici chez vous avec Yannick Bestaven le skipper qui vient de terminer son
23:19Vendée Globe hors compétition avec son bateau Maître Coq 5 et Olivier Norek l'ancien policier
23:24maintenant écrivain appris, attention primé, avec la belle version graphique de son roman Impact
23:29qui est sorti chez Michel Laffont. Alors Yannick Bestaven on en a parlé un petit peu tout à l'heure
23:34le Vendée Globe c'est un défi technologique aussi autant qu'une course. On imagine que
23:38l'innovation en matière de bateaux elle est dingue ça avance très très très vite. Quelle
23:43innovation notable vous pouvez nous raconter aujourd'hui qui fait que les bateaux vont de
23:47plus en plus vite parce que le gagnant là il a fait 14 jours de moins c'est ça ? Il a fait 14 jours
23:53de moins que moi mais surtout dix jours de moins que le record absolu qui était celui d'Armel Le
23:56Clech. 74 jours il est passé à 64 jours. Hallucinant quoi. Qui est quand même énorme. Bon il y a aussi
24:02les conditions météo qui ont été ultra favorables pour lui. Mais qu'est-ce qui fait que ça va aussi
24:07vite ? La technologie des bateaux a énormément évolué. On est passé en dix ans de bateaux qui
24:12fonctionnaient en archimédia qui flottaient sur l'eau, qui poussaient de l'eau à des bateaux
24:16volants. Maintenant on a des ailes, on a des foils, on vole au dessus de l'eau, les bateaux vont très
24:20très vite et c'est pour ça je disais tout à l'heure que physiquement ils deviennent de plus en plus
24:23durs parce que la vitesse n'est pas égale. Ça complique la chose finalement. Ça n'apporte pas du
24:27confort. Donc c'est des bateaux qui deviennent ultra violents, on a des vitesses moyennes
24:32importantes. C'est quoi la vitesse moyenne ? En kilomètres heure s'il vous plaît ? On arrive à
24:37aller à plus de 40 km heure de moyenne sur l'eau, voire 50 km heure avec ces bateaux-là. Mais surtout
24:41en fonction de l'état de la mer on arrive à tenir ses vitesses. On pensait que dans des mers fortes
24:45formées on n'y arriverait pas. Et là on a démontré que 4-5 mètres de mer c'est pas grave, les bateaux
24:49ils passent et ils volent au dessus. Donc vous devez vous prendre des sacrés envolées et des
24:54sacrées descentes. Sacrées accélérations. Maintenant on commence à être casqués dans
24:57nos bateaux. On commence à avoir des ceintures de sécurité, commandes automobiles, des gilets
25:02impact. Il y a des blessures qui arrivent qui n'arrivaient pas avant, des traumatismes notamment.
25:07Donc c'est vrai que le côté pépère de la voile où on sortait avec la pipe au bec à regarder la
25:15météo c'est un peu fini. Vous avez vécu des aventures solitaires en mer mais vous êtes aussi
25:23un ambassadeur de la navigation, de la protection de l'environnement. Est-ce que vous pensez que les
25:27marins sportifs ont un rôle à jouer là-dedans et pour plus valoriser cette préservation de la
25:34planète qui devient incontournable ? Bien sûr. Nous notre terrain de jeu c'est la mer en plus.
25:39Donc on a intérêt à le protéger, à le défendre et à trouver des solutions. C'est pour ça que tout
25:44à l'heure je parlais du projet de François Gabart. Ce qui est beau, comme nous on a fait
25:47aussi avec Watansy, c'est qu'on a développé des systèmes pour la compétition et qu'on a
25:52adapté après pour la plaisance ou pour le transport maritime. Expliquez ce que c'est Watansy.
25:58Watansy c'est un hydrogénérateur. Maintenant on fait nos énergies soit avec du solaire soit avec
26:01l'hydrogénération. C'est à dire que plus le bateau va vite, plus l'hélice qu'il y a sous le bateau
26:05va tourner vite, plus elle fera d'électricité pour le bateau. Jean Le Cam a fait un très bon
26:09commentaire l'autre jour où il disait qu'il avait fait tout son tour du monde sans jamais allumer
26:12son groupe électrogène. Et quand on voit que nos bateaux sont devenus plus performants, plus gourmands
26:16en énergie, qu'on va de plus en plus vite, on arrive à être en autonomie totale. Ça veut dire
26:20que les énergies renouvelables, il n'y a pas de contradiction avec la vitesse de la société à
26:25laquelle on vit maintenant qui va toujours de plus en plus vite. Voilà une piste Olivier Norek. Est-ce
26:29que vous en avez d'autres ? Vous avez parlé on imagine avec des scientifiques, comme c'est un
26:33univers qui vous intéresse beaucoup, sur des solutions potentielles de ce type ? Oui, il y avait
26:39un jeune homme qui avait prévu l'inondation d'une vallée entre la Suisse et la France qui
26:44s'appelle la vallée de l'abondance et qui aurait pu justement avec la force de l'eau pouvoir donner
26:49assez d'énergie pour la moitié de la France. Donc oui, il y a des projets, il y a des possibilités.
26:53On parle beaucoup aussi aujourd'hui d'hydrogène. D'ailleurs, Jules Verne en parlait déjà, lui,
26:59dans l'île mystérieuse. Il nous invitait justement à réfléchir, à changer d'énergie et de réfléchir
27:05à l'hydrogène. C'est ce que je disais tout à l'heure. C'est-à-dire qu'on en est encore au point
27:10où il faut les inventer. C'est-à-dire qu'il faut encore des universités, il faut des fondations,
27:14il faut des investissements autour de ça. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues,
27:19évidemment. C'est vrai que l'océan est un témoin, évidemment, de ces changements. Il y a sur une
27:28grande partie de l'océan, près de 5 à 6 mètres de plastique avant de toucher le sable. Et d'ici
27:3420 ou 30 ans, il n'y aura plus aucun poisson comestible. Déjà, tous les nutritionnistes
27:38nous disent le saumon, oui, une fois par semaine. Vous imaginez, c'est-à-dire que c'est quand même
27:41compliqué. Moi, quand j'étais petit, il fallait manger du poisson. Maintenant, on découvre que
27:45non, on ne peut manger du saumon qu'une fois par semaine, tellement ils sont plombés,
27:47tellement ils sont chargés de... Il n'y a pas que le saumon d'ailleurs. Non, je crois que le saumon,
27:52c'était pour parler d'un seul poisson. C'est vrai que c'est moins sain de manger du poisson
27:57aujourd'hui. Et en fait, c'est la théorie de la grenouille dans le bocal. Si vous mettez une
28:04grenouille dans un bocal à 15 degrés et que vous augmentez cette température d'un demi-degré toutes
28:08les heures, en fait, elle va se laisser brûler. Parce qu'elle va se laisser dans une sorte
28:12d'habitude. Elle va s'adapter jusqu'au moment où son corps ne va plus pouvoir survivre. C'est
28:17exactement ce qui se passe aujourd'hui. C'est-à-dire qu'au fur et à mesure, on apprend une nouvelle,
28:20puis une autre nouvelle, puis une autre nouvelle. Et on va s'adapter à ces nouvelles-là. Si on les
28:24avait prises toutes d'un coup, comme cette grenouille, si on l'avait plongée directement
28:27dans un bocal à 50 degrés, elle aurait eu un réflexe immédiat de sortir du bocal, au lieu
28:31d'y rester et d'assimiler, d'assumer... C'est tout ce qu'il faut pour qu'on prenne conscience. Il
28:36faut qu'on se prenne une catastrophe de plus. La même chose que pour les fumeurs. C'est pas bien
28:39compliqué. Vous pouvez essayer d'arrêter de fumer toute votre vie. Ça ne marchera jamais
28:44aussi bien que votre pneumologue qui vous dit « tiens, il y a une tâche sur la radio ». Et là,
28:47bizarrement, vous retrouvez toute l'énergie. Mais le problème, c'est que j'en parlais tout à l'heure...
28:51« Il y a une tâche sur la tâche ». Il n'y en a pas qu'une, d'ailleurs.
28:53Oui. Je comprends ce que vous dites. Et c'est vrai. Mais pas en Europe. En Europe,
28:58on arrive encore à bricoler. On a chaud, je mets la clim. On a froid, je mets le chauffage. C'est
29:03pollué. J'achète un radiateur qui fait aussi assainisseur d'air. On est encore sur le moment
29:11du bricolage. En Inde, il y a des cafés à oxygène. En Inde, il y a des gens qui s'arrêtent dans des
29:16cafés pour respirer de l'air pur pendant cinq minutes. En Inde, on a interdit les marathons.
29:20C'est terminé. Vous faites un marathon, vous mourrez. C'est-à-dire que c'est déjà là. Mais
29:27en Europe, c'est encore timide. Parce qu'aujourd'hui, en Europe, notre confort, il s'achète avec des
29:31euros. Mais à travers le monde, de l'autre côté, en fait, ce confort-là que nous, on utilise,
29:35il se paye avec du sang. Il se paye avec des vies humaines. Mais ce qui se passe aujourd'hui aux
29:40frontières de l'Europe va se passer demain chez nous. Et très rapidement, d'ici 20, 30 ans,
29:44avec la montée des eaux, c'est entre 150 millions et 300 millions de réfugiés climatiques qui vont
29:50remonter vers l'Europe, vers l'Amérique du Nord. Alors, j'ai vu comment on traitait 10 000 réfugiés
29:54dans la jungle de Calais. On les a mis sur une décharge. On les a entourés de barbelés avec des
29:57CRS et des chiens. Voilà, j'ai des doutes sur le fait qu'on prenne tous la main quand 500 millions
30:03de réfugiés climatiques vont remonter vers nous. Et ce sera l'arrivée des... On va élever des murs.
30:08On va utiliser des paramilitaires, des para-armées. Et ça va être terrible. Ça va être une guerre de
30:13ceux qui ont tout contre ceux qui ont rien. On va la gagner, évidemment, parce qu'on a les armes,
30:17parce qu'on a tout. Mais c'est une guerre dont on ressortira pas humainement indemne. On sera
30:22tâchés, on sera brisés. On n'en sortira pas de ça. Donc... C'est quoi l'espoir dans tout ça ?
30:27Ah, l'espoir, j'en parlais tout à l'heure. C'est réussir à... Oui, je sais, c'est un peu plombant.
30:32Et c'est toujours difficile parce qu'en fait, il n'y a aucun projet qui marche sur la menace,
30:35la culpabilisation et le doigt tendu. C'est très compliqué à part les dictatures. C'est très
30:40compliqué. Donc il faut toujours ce point de non-retour. Il faut que vraiment, il y ait quelque
30:44chose. Il faut vraiment qu'il y ait un train qui se plante sur nos pompes pour qu'à un moment donné,
30:47on se décide à faire un pas en arrière. Donc c'est très difficile de demander maintenant de changer
30:53notre confort. Mais finalement, permettez-moi, il y a plein de gens comme Yannick Bestaven, etc. qui
30:58ont des petites initiatives. C'est la théorie du colibri, c'est-à-dire que plus il y en a qui
31:01s'y intéressent, plus ça va faire une masse de gens qui vont commencer à vraiment agir, etc. Il y a
31:05quand même énormément d'initiatives dans le monde entier de gens qui prennent à bras le corps les
31:09problèmes, que ça soit pour nettoyer les océans, que ça soit pour recycler, que ça soit pour l'eau,
31:14etc. Pas de geste inutile. Et puis c'est surtout qu'à force de recommencer et à force de montrer
31:20que des gens font ça, il va y avoir une sorte d'habitude. Et cette habitude, elle n'est pas
31:23dirigée vers nous. Moi, je suis foutu. Mes parents sont foutus. On ne va pas arriver à changer. On est
31:28trop dans un logiciel mauvais, nocif. Mais pour les nouvelles générations, il faut que ça devienne
31:34une habitude. Je prends l'exemple de la ceinture de sécurité. De temps en temps, moi, ceux qui ont
31:3950 ans, 60, 70 ans, ils arrivent dans une voiture. La ceinture, oui, non, on hésite. Pour les gamins,
31:44c'est pas du tout, pour les nouvelles générations, c'est pas du tout un problème. Ils s'asseillent,
31:47ils mettent la ceinture de sécurité. C'est devenu un geste réflexe. On n'y pense même pas. Il faut
31:50que l'écologie et que les gestes écologiques deviennent un geste réflexe. Il faut pas qu'il y ait
31:54d'hésitation. Il faut même pas qu'ils y pensent. Et pour ça, c'est à nous d'instaurer ces nouveaux
32:00gestes et d'instaurer aussi ces nouveaux combats, ces nouveaux projets. Qu'est ce que ça vous
32:03inspire, Yannick, ce que nous dit Olivier Norex ? Beaucoup de choses. J'en ai eu des débats sur le
32:08sujet. Il y a plein de sujets là-dedans. On parle des jeunes. Bien sûr que les jeunes seront plus
32:12sensibilisés que nous à l'écologie. Ils sont déjà, de toute manière, toutes leurs démarches,
32:15toutes leurs formations qu'ils font. Mais c'est vrai qu'il y a aussi les fashion victimes dont
32:18on parlait. Parce que l'industrie du textile, en termes de polluants, je crois qu'il y a aussi,
32:21c'est pire que les hydrocarbures dont on parlait tout à l'heure. Je pense que les gros,
32:26les gros pétroliers, les Total et autres, se réfléchissent beaucoup sur les énergies
32:30renouvelables. Et heureusement, parce que c'est l'énergie de demain, donc ils sont en train de
32:34placer leur bille là-dedans. Et c'est eux qui ont les moyens en plus de les développer, parce
32:37qu'il faut des moyens pour développer cela. Et il y a un autre sujet aussi qui est compliqué à
32:42résoudre. C'est que sur notre planète, on est de plus en plus nombreux et on nécessite de plus
32:46en plus de ressources. Donc où on va chercher ces ressources pour une moyenne de la population
32:50qui grandit ? Je ne sais pas, moi j'ai deux enfants. La moyenne internationale, je ne sais pas de
32:54combien elle est, mais dans les pays en voie de développement, c'est 4, 5, 10 enfants. Donc on
32:58est de plus en plus nombreux sur Terre, il faut faire vivre tout le monde de façon équitable. Là,
33:02je crois que c'est un dossier vraiment, vraiment compliqué à résoudre. Donc quelles sont les
33:05solutions ? Je n'en sais rien, mais c'est sûr qu'il va falloir qu'on trouve des solutions.
33:07Déjà dans l'action, qu'est-ce que vous en pensez ?
33:10Dans l'action, oui, bien sûr. Et dans l'action tous les jours. Proposer des solutions. Moi,
33:14à ma petite échelle, dans mon sport, j'essaie de naviguer mieux. Dans la construction de nos
33:17bateaux, on réfléchit aux matériaux qu'on utilise, à la recyclabilité, à la durabilité de nos bateaux
33:21pour ne pas changer aussi. On écrit des règles de jauge pour que les bateaux soient performants
33:25pendant longtemps et qu'on les renouvelle pas à chaque Vendée Globe, par exemple. Trouver des
33:30solutions d'énergie alternative, c'est ce qu'on fait. Comme je le disais tout à l'heure, on peut
33:34continuer à aller vite, pour moi, et trouver des solutions alternatives. Les hydrogénérateurs pour
33:38produire de l'énergie sur nos bateaux en sont l'exemple. Et ça pourrait être aussi une manière
33:42de produire de l'énergie. Réfléchir à transporter les marchandises en utilisant un peu plus le vent,
33:45ça aussi c'est des solutions d'avenir. Vous écoutez cet excellent sur Sudradio,
33:50on est avec le skipper et marin Yannick Bestaven, même si c'est la même chose. Et puis l'ancien
33:54policier devenu écrivain, Olivier Norek. Vous, vous restez là, nous on revient tout de suite.
33:58Sudradio, cet excellent, Judith Belaire.
34:02C'est bientôt la fin de votre émission autour de l'excellence française. Cet excellent sur
34:08Sudradio, je suis en compagnie de Yannick Bestaven, skipper du bateau Maître Coq 5,
34:12qui vient de terminer son Vendée Globe hors compétition, ainsi que de l'ancien policier
34:15qui est devenu écrivain primé, Olivier Norek, et la très belle version graphique de son roman
34:19Impact. Alors on va parler un peu de vous messieurs, on va détendre l'atmosphère parce
34:23qu'on s'est bien pris la tête quand même aujourd'hui. Yannick Bestaven, vous venez de
34:27la région bordelaise, pas très proche des côtes maritimes à la base.
34:31Si, le bassin d'Arcachon. Oui, oui c'est vrai, pardonnez-moi. Vous avez commencé la voile en
34:37amateur et puis vous êtes passé à la compétition de haut niveau. C'est une passion pour l'océan
34:44qui est née à travers ça. Comment ça s'est passé ? Comment vous avez opéré cette transition ? Comment
34:48vous avez décidé que c'était votre route en fait ? Moi j'ai toujours aimé, la mer a toujours été
34:52attirée par la mer. Je commençais par la planche à voile, par le surf, par tous ces sports-là.
34:58Et dépasser la ligne d'horizon m'a toujours fait rêver. Quand je regardais sur la
35:03plage ce qu'il y avait derrière, quand je voyais ces grands marins qui partaient, quand je voyais les
35:06retours du Vendée Globe, je me rappelle de Christophe Auguin ou Yves Parlier ou tant d'autres,
35:09Titouan Lamazou, ils m'ont tous fait rêver parce que pour moi c'était des vrais aventuriers.
35:13Ils sortaient de leur zone de confort pour aller faire le tour du monde à la voile, pour aller
35:18raconter des histoires, pour aller se dépasser, pour aller voyager. Moi le voyage ça m'a toujours
35:22attiré. Je crois que je fais de la compétition à la voile surtout pour le voyage. C'est aussi pour ça
35:26que vous êtes rentré malgré tout. C'est surtout pour ça que j'ai fait un Vendée Globe et je me
35:31suis arrêté en Patagonie. Donc là c'était un vrai voyage parce qu'il faut savoir que le Vendée Globe,
35:33on part des sables d'Olonne, on revient au sable d'Olonne et on ne voit rien à part la mer. Et moi
35:38j'ai eu la chance de découvrir le canal de Beagle. Et alors c'est beau la Patagonie ? C'est très très
35:43beau. C'est magnifique et on parlait d'environnement, d'écologie tout à l'heure. Mais c'est vrai qu'il y a
35:47encore plein plein d'endroits sur la planète qui sont magnifiques, qui sont protégés, qui sont
35:50préservés. Où il n'y a personne. Je vous promets qu'il y a quelques îles autour du Cap Horne.
35:54Il ne faut pas trop le dire aux auditeurs, sinon on va tous se retrouver là-bas.
35:57Néanmoins vous creusez quand même quelques ferries de passagers qui vont en surpopulation visiter l'Antarctique.
36:04Ça devient des croisières touristiques aussi. Olivier Norek, vous vous avez été policier, on l'a dit,
36:11mais avant ça vous avez été bénévole avec Farmacien Sans Frontières en Guyane et en ex-Yougoslavie.
36:17Puis deux ans dans l'armée aussi. Il y a un gap entre le métier d'écrivain et vos expériences
36:22passées et en même temps pas trop chez vous j'ai l'impression ? Non pas vraiment. Alors déjà un
36:26écrivain c'est un contenant. Donc j'estime qu'il faut avoir vécu un peu avant, avant de raconter des
36:30histoires. Sinon on écrit des histoires de son salon. Sinon il y a Arthur Rimbaud aussi. Pardon, excusez-moi.
36:37Donc non c'est pas des métiers différents parce qu'ils ont été faits de la même manière.
36:42C'est-à-dire que j'ai rapidement compris que si j'étais utile à l'autre alors il me renverrait
36:48dans son regard une justification. J'ai toujours eu du mal à trouver ma place et j'ai toujours
36:53l'impression d'avoir vécu en salle d'attente jusqu'à ce que je puisse être utile à quelqu'un.
36:56Et donc l'armée pour défendre mon pays, flics pour défendre les citoyens, les missions
37:03humanitaires en Ex-Yougoslavie, sur les zones de front, dans les camps de réfugiés. Le but c'était
37:08d'aider les gens quoi. Alors je départie jamais la générosité d'un acte de l'égoïsme qui l'a
37:13provoqué. Et je sais très bien que quand je suis parti en Ex-Yougoslavie pour apporter des médicaments
37:16du matériel médical, j'ai pas sauvé l'Ex-Yougoslavie. Non mais vous aviez envie de. Mais c'est moi qui me
37:20suis trouvé. Alors si en plus de ça il peut y avoir quelque chose de positif pour la personne
37:24qui fait un geste vers l'autre, alors c'est win-win situation, c'est gagnant-gagnant.
37:28Mais de toute façon je sais très très bien que tout ce que je fais c'est juste rechercher dans
37:33le regard de l'autre une justification, une place pour expliquer, pour dire que j'ai le droit d'être
37:37là. Et le flic ça a été la même chose, la victime a été mon moteur et ça m'a permis d'avoir une vie
37:42magnifique en police judiciaire, en tant qu'enquêteur, de me lever le matin et de me dire aujourd'hui
37:46qu'est ce que je peux faire pour l'autre. Et quand j'écris mes livres c'est exactement la même chose.
37:49Alors j'ai choisi les romans policiers parce que je connais un peu la procédure et je sais comment
37:52les écrire, parce que je les ai vécu en fait ces romans policiers. Mais en fin de compte l'enquête
37:57c'est un alibi, c'est un alibi pour raconter un sujet méta, quelque chose de plus important, un
38:01combat, quelque chose qui me touche. Donc sur les policiers, la justice, les prisons ça a été ma
38:06première trilogie. Puis après j'ai écrit Entre deux mondes qui est une enquête dans la jungle de
38:10Calais pour savoir à peu près où on en était de l'accueil des réfugiés aujourd'hui puisque je suis
38:13petit fils de migrant. Et puis il y a eu Surface, l'histoire d'une capitaine de police défigurée,
38:19on parle du regard de l'autre et du rapport superficiel de nos relations. Toujours il y a
38:24toujours un thème dans mes romans, dans celui-là Impact, donc cette lutte pour l'humanité. Il y a
38:30toujours quelque chose qui me dépasse, toujours quelque chose de plus grand parce que j'ai besoin
38:32de moteur, parce que justement en fait je veux mettre en place un thème important pour pouvoir
38:36en débattre avec l'autre, pour pouvoir avancer avec l'autre, m'éveiller avec l'autre. Et donc
38:40l'autre devient encore plus important même que quand j'étais flic. En gros j'avais une névrose à
38:44la base, je l'ai rendue encore plus importante, disons que je chéris mes névroses.
38:49Ça résume bien l'histoire. Yannick Bestaven, quand on l'écoute parler, Olivier Norek, de ce quelque chose qui
38:55dépasse un peu ça aussi vous, c'est-à-dire que c'est une détermination, une persévérance qui
38:59presque on a l'impression vous dépasse parfois et vous a emmené sur votre chemin depuis toujours,
39:04quelque chose comme ça qui vous guide, espèce de force comme ça qui est presque indéfinissable.
39:08Oui bien sûr l'envie de se dépasser et puis surtout la vie est tellement courte qu'il faut la vivre à
39:12fond et qu'on la vive à fond pour soi ou pour les autres et en aidant les autres c'est aussi pour
39:17soi comme vous le dites. Et voilà, moi je pars de ce principe là, c'est que chaque minute de ma
39:24vie est importante, il faut que je la vive à 100%. Et c'est ce qui nous permet de vous dépasser aussi.
39:28Oui, de me dépasser, de faire des choses entre guillemets exceptionnelles, enfin auxquelles je ne pensais pas être capable un jour de faire le tour du monde à la voile, de gagner le Vendée Globe,
39:37toutes ces choses-là quand j'étais jeune, pour moi c'était très loin.
39:40Ah bon ? Vous n'étiez jamais projetant ? Vous vous êtes comme dit, un jour je le rêve.
39:44Oui mais le rêve, réaliser ses rêves c'est loin, c'est pas que simple.
39:47Ça prend du temps.
39:48Ça prend beaucoup de temps, voilà. Il y a beaucoup de sacrifices avant.
39:51La différence entre quelqu'un qui réalise son rêve et quelqu'un qui ne le réalise pas, c'est la persévérance.
39:55La persévérance, ne pas avoir peur de perdre encore une fois, ne pas avoir peur des échecs, de tomber, de se relever plein de fois jusqu'à ce que ça marche.
40:01Et même quand ça marche, on tombe encore.
40:03Et même quand ça marche, la première année on peut pleurer encore et se relever et encore aller plus loin.
40:07Et comment vous vous sentez alors aujourd'hui ?
40:08Super, en pleine forme. Moi je suis très content de mon histoire, de mon parcours de vie.
40:12Ce résultat, même si sur le Vendée Globe c'est un peu décevant au niveau sportif,
40:16mais c'est un très bon résultat humain.
40:17Au niveau personnel et enrichissement personnel, c'est énorme tout ce que j'ai appris pendant ce tour du monde.
40:21Donc ça c'est important, ouais.
40:23Et alors finalement, c'est une question que je vais vous poser à tous les deux.
40:27C'est quoi la principale leçon que vous ayez appris, si on avait une qui vous vient comme ça, Olivier Norek ?
40:31Ah c'est rapide et c'est justement en écoutant Yannick, il y a quelque chose d'assez fabuleux.
40:35C'est-à-dire qu'il y a assez peu de personnes dans nos milieux urbains, dans nos milieux citadins, à connaître ce qu'il a connu.
40:41Et moi j'ai eu la chance de le connaître une seule fois.
40:43C'est de retrouver sa place infinitésimale d'être humain dans cette gigantesque et puissante nature.
40:51J'étais en Finlande pour mon dernier bouquin, dans le nord de la Laponie, par moins 40 degrés.
40:55Mon portable a gelé et j'ai réalisé que tout ressemblait à tout.
41:00Et qu'à gauche, la forêt ressemblait à la forêt de droite et que je ne savais plus du tout où j'étais.
41:04Et à ce moment-là, pendant quelques secondes, j'ai ressenti toute la puissance de la nature.
41:09J'ai ressenti au combien j'étais minuscule.
41:13Au combien je ne valais pas mieux que le moindre sapin ou le moindre rocher.
41:18J'ai vécu aussi cette sensation quand j'étais en Islande et qu'on a crevé deux pneus et qu'il nous en restait qu'un.
41:23Et qu'on était à 80 km de la première habitation et qu'il faisait moins de 30 degrés.
41:27Et qu'on s'est dit que si on crevait encore une fois, 80 km par moins de 30 degrés, on ne les ferait pas.
41:31Et donc il y a ce moment où tout revient à la bonne place.
41:36Et on n'est pas plus que le bébé sans protection du premier jour.
41:42Et vous, ce que vous vivez à chaque fois, c'est qu'à un moment donné, quand vous êtes dans l'océan absolu où vous ne voyez que de l'eau
41:48et que votre seule protection, c'est votre courage et votre bateau,
41:52vous retournez à la place exacte que devrait avoir l'être humain.
41:56Et pas cet être humain qui maltraite la nature, qui maltraite son environnement pour qu'il se plie à son propre confort.
42:02Il y a assez peu de sociétés qui ont décidé de ne pas plier l'environnement et la nature à leur propre confort.
42:06Les Finlandais l'ont fait.
42:08Ils ne plient pas la nature à leur confort.
42:10Ils s'adaptent à cette nature-là.
42:12Et c'est en ça que ça a été un voyage incroyable.
42:14Mais peu de gens...
42:16D'ailleurs, moi le dernier, je plie la nature à mon confort.
42:20En conscience en plus.
42:22Evidemment en conscience.
42:24Mais se retrouver à cette place minuscule qu'on n'aurait jamais dû perdre,
42:29ça ramène une sorte de respect envers la nature,
42:31une sorte de respect envers notre environnement.
42:33En fait, on n'a pas le choix que de mettre un genou à terre
42:35et que de s'avouer vaincu
42:37par rapport à la fois à cette force, à cette beauté,
42:39à cette grandeur, à cette immensité qu'est la nature.
42:41Bravo. Yannick Bestaven, votre première leçon à vous, c'est quoi ?
42:45Oui, c'est vrai, ça résume beaucoup de choses.
42:47C'est vrai que moi je ne me suis jamais senti aussi vivant que quand je suis en mer.
42:49Et puis c'est vrai que les océans, c'est les trois quarts de notre planète quand même.
42:51On a tendance à l'oublier ça.
42:53On l'oublie, ouais.
42:55Il y a des océans pacifiques, l'Océan Indien,
42:57loin de toute terre, à 2 000, 3 000 kilomètres de toute terre,
42:59qu'il faut se débrouiller.
43:01Lorsqu'on relève la tête, qu'on regarde le ciel, qu'on voit les dépressions arriver,
43:03il y a le côté instinct de survie qui revient.
43:05Et je pense que dans notre vie d'assisté de tous les jours urbaine,
43:07on perd tous nos instincts animaux,
43:09nos instincts de survie, nos instincts humains.
43:11Et lorsqu'on est en mer, comme ça,
43:13en solitaire, sans assistance,
43:15et qu'il faut se débrouiller par soi-même,
43:17on est obligé d'être à l'écoute de la nature,
43:19d'être à l'écoute du bateau.
43:21Et il y a un petit côté mystique aussi.
43:23On va parler à notre bateau, on va parler au ciel,
43:25on va parler au vent, on va parler à plein de choses.
43:27Et des choses qu'on ne veut pas dire.
43:29Ils vous répondent ou pas ?
43:31Ouais, ils me répondent. Alors des fois, je n'entends pas trop bien,
43:33parce qu'il faut vraiment les écouter.
43:35Mais ça, c'est hyper important.
43:37Et puis cette notion de voyage aussi,
43:39quand on arrive dans des lieux comme Ushuaïa,
43:41on rencontre des gens qui vivent dans des conditions difficiles,
43:43parce que l'hiver à Ushuaïa, c'est des conditions qui sont rudes,
43:45dans des paysages magnifiques.
43:47Il y a plein d'endroits sur la planète
43:49qui veulent être découverts
43:51avec des populations qui sont hyper enrichissantes.
43:53Il faut sortir de chez soi.
43:55La leçon que je garde de tout ça,
43:57c'est le voyage, sortir de chez soi,
43:59aller rencontrer des autres, partager,
44:01apprendre des autres.
44:03Finalement, si je résume,
44:05votre meilleure leçon à tous les deux, c'est l'humilité.
44:07Devant la grandeur de la nature.
44:09Oui, et puis
44:11de la petite étincelle qu'on est
44:13au niveau universel.
44:15Notre vie, c'est 80-90 ans.
44:17Une vie normale, ça devait être 600 ans.
44:19100 ans sur chaque continent et 100 ans sur le continent qu'on a préféré.
44:21Il y a la réincarnation pour ça.
44:23Vraiment,
44:25je fonde beaucoup d'espoir sur tout ça.
44:27Mais oui, évidemment,
44:29le temps passe tellement vite qu'on n'a pas une seule seconde
44:31à perdre encore, pas une seule seconde à écouter les critiques,
44:33pas une seule seconde, quand elles ne sont pas constructives,
44:35à rentrer dans des conflits stériles,
44:37pas une seule seconde
44:39à perdre son temps en colère.
44:41Ça ne tient pas.
44:43Yannick Bestaven, croire en ses rêves,
44:45c'est à suivre quoi qu'il arrive.
44:47C'est ce que je dis à tous les jeunes que je croise.
44:49Déjà, ayez des rêves, rêvez fort,
44:51et donnez-vous les moyens d'y arriver à vos rêves,
44:53même si on vous les interdit,
44:55même si on vous dit que ce n'est pas pour vous,
44:57vous n'y arriverez pas, vous n'êtes pas fait pour ça.
44:59Continuez à foncer, n'ayez pas peur de tomber
45:01plusieurs fois avant de vous relever.
45:03Merci messieurs, merci Olivier Noraix,
45:05merci Yannick Bestaven.
45:07Toutes les infos sur Yannick Bestaven sont à suivre
45:09sur votre site, yannickbestaven.fr.
45:11Vous avez autre chose à dire aux auditeurs ?
45:13Les réseaux sociaux ?
45:15Oui, les réseaux sociaux, enfin je ne suis pas trop,
45:17ce n'est pas votre équipe,
45:19Instagram, Facebook, tous ces trucs-là.
45:21Et puis l'excellent et dérangeant roman graphique
45:23Impact de Olivier Noraix,
45:25avec les illustrations de Fred Pontarolo,
45:27est à courir acheté chez tous les bons libraires.
45:29Merci à tous de votre fidélité,
45:31on se retrouve samedi 13h30 pour Destin de Femme,
45:33dimanche prochain à 19h aussi pour C'est Excellent.
45:35Merci à Julien qui réalise pour vous aujourd'hui,
45:37et puis vous pouvez tout retrouver sur le site
45:39la chaîne YouTube du Sud Radio, vous le savez,
45:41c'était Excellent Bye.

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