Bruno Retailleau/Laurent Wauquiez : la guerre des chefs est déclarée chez Les Républicains. Écoutez l'interview de Jean-François Copé, maire LR de Meaux.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 17 février 2025.
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00:007h43 sur RTL, l'invité d'RTL Matin et Thomas, vous recevez aujourd'hui Jean-François Copé,
00:09ancien ministre et actuel maire Les Républicains de Maux.
00:12Bonjour et bienvenue sur RTL Jean-François Copé.
00:14Bonjour.
00:14On est tous traumatisés.
00:16Cinq jours après l'agression en marge d'un match de foot du dimanche entre Damari Lellis et Maux, votre ville.
00:21Les spectateurs de Damari s'en étaient pris à des joueurs de Maux.
00:24Le gardien de Maux avait riposté en blessant grièvement un jeune de 18 ans avec une arme blanche.
00:28Les deux clubs avaient décidé ce week-end d'annuler toutes leurs rencontres.
00:32C'est ça la solution ? Il faut aujourd'hui en France renoncer à tout ?
00:35Renoncer au sport pour éviter la violence ?
00:37Non, il faut évidemment, comme dans bien d'autres sujets, remettre de l'ordre.
00:40C'est la responsabilité de l'État, des collectivités locales, de la fédération et des ligues régionales.
00:48C'est tout ça qui est en cause.
00:50Et ce que nous avons vécu à Damari Lellis est effroyable.
00:54L'enquête permettra d'avoir tous les éléments des fragilités et des vulnérabilités gigantesques
01:02dans l'organisation de ce match à Damari et qui nécessite qu'on partage nos expériences.
01:07Nous à Maux, nous sommes extraordinairement vigilants sur le déroulement des matchs,
01:11à tous égards, avec une police municipale armée qui est présente,
01:14avec des caméras vidéo qui sont là,
01:17qui font en sorte que toutes les équipes, tout le monde est préparé à ce genre de choses.
01:20Ce que nous avons vu à Damari, c'est tout l'inverse.
01:23Une bande de voyous, probablement près d'une quarantaine de voyous,
01:27qui sont descendus d'un coup et qui ont délibérément voulu agresser l'équipe de foot de Maux.
01:33Il y a cet exemple, mais le problème c'est qu'il y en a tellement d'autres dans l'actualité ces derniers jours.
01:37Et on peut bien sûr citer Elias, tu es à la machette pour son portable.
01:40La société est-elle en train de vriller les mots « décivilisation » ou « ensauvagement »
01:45qu'employaient certains en choquant tout le monde ?
01:47Est-il aujourd'hui notre réalité ?
01:49Ce n'est pas « ils sont en train de vriller », ça fait des années, Thomas Soto, des années,
01:53qu'un certain nombre de maires, dont je suis alerte sur tous les tons,
01:56qu'on ne peut pas continuer comme ça.
01:58Mais il faut faire quoi ?
01:59Mais reprendre en main la politique d'ordre dans ce pays.
02:03L'ordre dans la rue, l'ordre à l'école.
02:06Il y a des missions majeures qu'on ne peut pas mettre en œuvre,
02:10parce qu'il y a une bien-pensance qui empêche d'avancer.
02:13On a des débats à Paris stupides, genre « doit-on développer les polices municipales armées ou pas ? »
02:19« doit-on mettre des caméras ? »
02:21« qu'est-ce qu'on fait avec les mineurs, délinquants ? »
02:25Vous vous dites quoi ? Tour de ville généralisée maintenant ?
02:28Evidemment, mais qu'est-ce qu'on attend ?
02:30La réalité, c'est que nous avons besoin de rétablir ce que les Français demandent depuis des années,
02:35et il faut bien le dire qu'il correspond à une attente d'une politique plutôt de droite que de gauche,
02:40c'est le rétablissement de l'ordre.
02:42On ne touche en rien l'autre ADN de la droite française qui est le progrès,
02:45économique, social, scientifique, on doit être positif.
02:48Mais aujourd'hui, l'attente première, c'est le rétablissement de l'ordre.
02:51Et c'est vrai aussi, d'ailleurs, pour la sécurité.
02:54J'entends François Langlais parler de matière de défense.
02:56Nous sommes en risque majeur en Europe,
02:59parce qu'effectivement, tout l'argent est parti dans les budgets sociaux.
03:03On a basculé vers une impuissance du politique, disait Laurent Wauquiez hier soir.
03:06Les discours sont forts, les actes sont faibles.
03:09C'est un euphémisme.
03:11C'est un euphémisme que les actes sont faibles.
03:13Même avec Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur ?
03:15Mais vous avez vu comment, en quelques mois,
03:18Bruno Retailleau a réussi à réincarner un message d'ordre ?
03:22Enfin ! Mais qu'est-ce qu'on paye depuis des années ?
03:25On paye une politique de gauche qui a été menée depuis 2012,
03:28et qui quand même, qu'on le veuille ou non,
03:31était une incarnation de laxisme, il ne faut pas se raconter des blagues.
03:34Même avec Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur ?
03:36Mais j'y arrive, Gérald Darmanin a fait ce qu'il a pu,
03:39et de mon point de vue, il a été un remarquable ministre de l'Intérieur,
03:42mais dans une politique générale de « en même temps ».
03:45Je rappelle que pour Emmanuel Macron, ces sujets,
03:47ce ne sont pas des sujets qui sont valorisants pour lui.
03:50Et donc la politique centriste, c'est une politique de « surtout, on n'en fait pas trop ».
03:54On en fait un petit peu, mais pas trop.
03:56Alors on fait des grandes déclarations quand il y a un drame,
03:58et puis ensuite, on ne fait plus rien.
04:00Et c'est ça que nous payons aujourd'hui.
04:02Donc, pourquoi est-ce que j'ai été de ceux qui ont souhaité
04:04plaider pour que la droite rentre au gouvernement ?
04:06C'est pour commencer à donner un message d'alternance,
04:09de se mettre au service des Français.
04:11C'est évident que ce qui se fait aujourd'hui n'est pas suffisant,
04:14parce que malheureusement, le désordre politique dans lequel nous sommes,
04:17et qui est une honte absolue,
04:19cette Assemblée Nationale où l'extrême droite et l'extrême gauche
04:22donnent une image lamentable et bloquent complètement
04:24toute possibilité de faire des réformes,
04:26ne peut pas durer éternellement.
04:28Retaillot-Wauquiez, Wauquiez-Retaillot, on a l'impression que la droite
04:30se lance dans une nouvelle saison de sa série préférée,
04:32La Guerre des Chefs, lequel sera le candidat,
04:35enfin le président des Républicains ?
04:37Déjà, est-ce que vous avez choisi votre candidat, vous, ou pas, entre les deux ?
04:39Oui, bien sûr, je vais d'ailleurs vous le dire,
04:42mais juste avant, je voudrais juste tordre le cou à cette histoire de Guerre des Chefs.
04:45Enfin, je sais que c'est ça.
04:47Ça, c'est Laurent Wauquiez qui utilise ce terme.
04:48Oui, je sais, mais écoutez, vous avez devant vous,
04:50j'ai eu l'occasion d'ailleurs de le dire il y a quelques jours à mes amis,
04:52vous avez devant vous un des spécialistes mondiaux de la Guerre des Chefs.
04:54Un grand brûlé, 2012, million copé.
04:56Je peux vous en parler longuement.
04:58Je voudrais juste appeler l'attention sur le fait que
05:00ce qui peut créer une Guerre des Chefs,
05:02c'est une fois que le gagnant a gagné,
05:04que le perdant soit mauvais joueur.
05:06Mais une campagne,
05:08et je me souviens très bien de celle que nous avons eue avec François Fillon,
05:10c'était une campagne de fond,
05:12une campagne dans laquelle il y avait une incarnation différente
05:14de deux personnalités, et que tout ça s'était bien passé
05:16jusqu'au jour où j'ai gagné
05:18et où ça n'a pas plu à ceux qui avaient perdu.
05:20Mais restons bien au clair là-dessus.
05:22La situation est très grave.
05:24La France a entamé, hélas,
05:26une véritable descente aux enfers
05:28depuis cette fichue dissolution,
05:30avec un président de la République
05:32qui s'accroche à un poste
05:34de manière lunaire,
05:36alors qu'il n'a plus aucun levier de pouvoir.
05:38Vous demandez toujours de son départ ?
05:40Je vais le dire autrement,
05:42parce que je pense qu'il faut qu'on entende bien tout ça.
05:44Il n'a pas les moyens aujourd'hui de faire passer une seule réforme,
05:46une assemblée, je vous l'ai dit à l'instant,
05:48qui donne un spectacle lamentable avec
05:50Marine Le Pen qui vote la censure avec l'extrême-gauche
05:52pendant que l'extrême-gauche
05:54sable le champagne à la mort de son père.
05:56Tout ça est délirant,
05:58et le tout dans une ambiance
06:00de dangerosité partout.
06:02Dans ce contexte-là, qu'est-ce que je vois ?
06:04Que la droite, pour la première fois,
06:06va pouvoir sortir la tête de l'eau.
06:08Et comment elle va le faire ?
06:10À travers un travail de retour de leadership.
06:14Qu'est-ce que je vois ? Je vois qu'aujourd'hui,
06:16Bruno Retailleau est au gouvernement,
06:18comme ministre de l'Intérieur,
06:20extrêmement populaire,
06:22incarnant ce que des millions de Français veulent,
06:24c'est-à-dire l'autorité.
06:26Au sens premier du terme.
06:28Le rétablissement de l'ordre.
06:30Il y a deux minutes, vous décriviez une situation chaotique
06:32en France de la sécurité.
06:34Est-ce que quand on est en gestion de cette
06:36situation chaotique, on a le temps
06:38et on a le droit de faire campagne
06:40pour devenir président d'un parti ? Est-ce qu'on peut cumuler les deux ?
06:42C'est d'ailleurs ce que lui reproche Laurent Wauquiez.
06:44Si tu fais ce job-là qui est le plus important du monde,
06:46c'est à 200%, t'as pas le temps d'être patron de parti.
06:48Oui, enfin, moi je propose
06:50que chacun ait des arguments positifs.
06:52Parce qu'on peut pas dire d'un côté qu'on a peur de la guerre des chefs
06:54et de l'autre tabasser
06:56son concurrent avec des arguments
06:58qui honnêtement ne tiennent pas la route.
07:00Jacques Chirac a été président
07:02de parti et il était
07:04Premier ministre.
07:06Nicolas Sarkozy,
07:08François Bayrou
07:10aujourd'hui, il est président du MoDem, il est maire de Pau.
07:12Faut arrêter de se raconter des choses fausses.
07:14Pendant très longtemps, on était
07:16ministre et maire, ça a été mon
07:18cas et ça m'a pas empêché
07:20quand j'étais ministre des Finances de faire baisser
07:22le déficit, les impôts, les dépenses publiques
07:24et la dette. Et j'étais maire en même temps. Donc faut arrêter de raconter
07:26des choses qui ne sont pas vraies.
07:28Pourquoi est-ce que je soutiens Bruno
07:30Retailleau ? C'est parce que je constate
07:32que c'est le seul
07:34qui, à droite, est capable d'incarner
07:36ce que les Français attendent, des millions de Français,
07:38le retour de l'ordre. Bon, il a des valeurs
07:40qui sont claires, des idées qui sont claires
07:42et il est dans tous les sondages
07:44très au-dessus de tous les
07:466 ou 7 autres candidats virtuels
07:48à droite.
07:50Donc je me dis, et je dis
07:52même aux militants qui vont voter,
07:54attention, on a une responsabilité
07:56énorme dans ce vote, parce qu'on
07:58va pouvoir peut-être permettre de clarifier les choses
08:00à droite et enfin d'incarner
08:02à terme une possibilité d'alternance.
08:04Est-ce que ça veut dire, compte tenu du contexte,
08:06compte tenu du fait que personne
08:08n'est sûr qu'Emmanuel Macron ira au bout de son mandat,
08:10que celui qui sera chef de LR
08:12deviendra le candidat naturel de LR
08:14pour la prochaine présidentielle, quel que soit
08:16le moment où elle arrive ? Mais ça, on verra bien.
08:18Maintenant, on ne verra pas bien. Il faut répondre.
08:20Mais pour ça, il faut déjà, dans un premier temps,
08:22Thomas Soto, qu'on ait déjà un chef.
08:24Aujourd'hui, on n'en a pas à LR. Les Républicains,
08:26ils ont besoin d'un président de parti.
08:28Il y en aura un au mois de mai.
08:30Et moi, j'invite les militants
08:32qui partagent cette idée qu'on doit
08:34réincarner l'ordre, évidemment,
08:36de se mobiliser pour Bruno Retailleau
08:38et à ceux qui, de droite,
08:40ne sont pas militants, peut-être d'adhérer à LR.
08:42D'ici au 15 avril ou au 10 avril,
08:44ça doit être possible, d'après les règles,
08:46pour pouvoir voter pour quelqu'un
08:48qui va incarner enfin
08:50cette alternance dont on a besoin.
08:52C'est l'homme providentiel de la droite, Bruno Retailleau ?
08:54En tout cas, de mon point de vue,
08:56c'est la meilleure personne,
08:58the right man, comme on dit en anglais,
09:00pour réincarner
09:02un leadership aux Républicains
09:04et à droite. Ensuite,
09:06viendra le temps de la présidentielle.
09:08Ce qui, moi, m'intéresse aussi dans la personnalité de Bruno Retailleau,
09:10c'est qu'il dialogue,
09:12il est ouvert, il accepte de rassembler
09:14les gens, de mettre les meilleurs autour de lui.
09:16Et donc, quelque part, c'est aussi
09:18cette capacité à dialoguer
09:20dont on aura forcément besoin
09:22dans les temps qui viennent. D'autant que
09:24tout peut arriver à tout moment.
09:26Compte tenu de la colère des Français, tout peut arriver
09:28à tout moment, il faut qu'on soit prêt.
09:30Laurent Wauquiez veut que les députés LR
09:32s'opposent à la nomination de Richard Ferrand
09:34à la présidence du Conseil constitutionnel.
09:36La décision formelle sera prise demain par les Républicains.
09:38Est-ce que vous le soutenez, cette question-là ?
09:40Est-ce que vous dites, non, Richard Ferrand n'est pas
09:42the right man pour représenter
09:44comme vous, at the right place au Conseil constitutionnel ?
09:46Écoutez, c'est vraiment
09:48une question assez difficile, puisque derrière ça,
09:50il y a un débat qui est de savoir quel est le bon
09:52profil pour le Conseil constitutionnel. Est-ce que ça doit être
09:54un homme de droit, une femme
09:56de droit, ou politique ?
09:58Moi, ce que je vois
10:00aujourd'hui, c'est que le contexte
10:02politique est éruptif.
10:04Moi, je ne suis pas parmi ceux qui vont voter,
10:06donc c'est délicat pour moi de m'exprimer.
10:08Mais ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a aujourd'hui
10:10une tension très forte de beaucoup de Républicains
10:12par rapport au fait que Richard Ferrand
10:14est considéré comme l'homme le plus
10:16proche qu'il soit d'Emmanuel Macron, dans un moment
10:18où Emmanuel Macron est très contesté.
10:20Et c'est ça qui rend le débat quand même
10:22assez biaisé.