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François Bayrou bientôt prêt à rendre sa copie au Président ? Regardez l'interview de Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 18 décembre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:04Et je ne doute pas, tiens, que l'édito de François fasse réagir votre invité, Thomas, puisque vous recevez Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti Communiste, qui avait rendez-vous hier soir avec le nouveau Premier Ministre.
00:14Bonjour et bienvenue sur RTL, Fabien Roussel.
00:16Bonjour Thomas Soto.
00:17Quand il n'aime pas, il n'aime pas. François Langlut, je vous ai vu un peu...
00:19Il exagère.
00:20Il exagère sur le pass culture ?
00:21Oui, il exagère.
00:22Ça reste une bonne chose ?
00:23Je pense que tous les jeunes que je rencontre sont bien contents d'avoir un pass culture qui leur permet effectivement de pouvoir accéder à des activités culturelles.
00:31Il n'y a pas que les mangas, et d'ailleurs les mangas c'est... il faut le respecter, mais il y a aussi des musées, des festivals. Ils sont bien contents.
00:41Emmanuel Macron partira pour Mayotte dans les prochaines heures, Fabien Roussel, le ministre de l'Intérieur et celui de l'Outre-mer y sont allés dès ce week-end.
00:47L'État est-il au rendez-vous à la hauteur de l'immense tragédie à laquelle on assiste à Mayotte ?
00:52L'État commence à prendre du retard. L'État commence à prendre du retard parce que ça va faire 5 jours, 5 nuits pour des dizaines de milliers, peut-être plus de 100 000 personnes qui dorment toujours dehors.
01:06Il manque d'eau, il manque de vivres, il manque de toits, de bâches.
01:11Normalement, dans une catastrophe de ce type qui est exceptionnelle, énorme, n'importe quel pays ferait appel à des organisations internationales qui ont l'habitude de gérer ce type de catastrophe
01:25et qui seraient venues installer des campements exceptionnels, rapidement installés pour 10, 15 000, 30 000 personnes pour pouvoir les accueillir, les héberger et héberger en même temps les secours.
01:35Vous dites qu'il faut que l'État demande de l'aide aujourd'hui, se fasse aider ?
01:38J'ai le sentiment que par péché d'orgueil, il n'ose pas le faire, que cela repose essentiellement sur les services de secours français mais aussi sur l'île de La Réunion qui est aussi un département en difficulté, pauvre.
01:50Et donc ce n'est pas suffisant et ça ne peut pas suffire. Je ne comprends pas pourquoi on ne va pas plus vite.
01:57On dit que chaque heure compte mais on entend aussi que les secours arrivent au compte-gouttes.
02:03On risque d'avoir encore plus de drame, un risque épidémique, tout simplement avec le choléra qui risque de se développer.
02:12Et donc il y a urgence et j'exhorte le Président de la République à faire appel à l'aide internationale, aux ONG qui ont l'habitude de gérer ce genre de situation.
02:22Il a raison d'y aller maintenant le chef de l'État Emmanuel Macron, il y sera demain ?
02:25Oui, oui, on pourrait dire que ça va perturber parce qu'il faut l'accueillir mais on ne peut pas se rendre compte tant que l'on n'y met pas les pieds et tant que l'on ne touche pas du doigt ce qui se passe là-bas.
02:36Et il faut qu'il le fasse et c'est le chef de l'État, c'est un département français pour qu'il puisse prendre la mesure et j'espère prendre conscience qu'il y a urgence à apporter les secours à ceux qui vivent là-bas, nos concitoyens
02:53parce que la situation est extrêmement dramatique.
02:56Il y a deux degrés de lecture de ce drame, le premier c'est l'urgence absolue que vous évoquiez, les secours à apporter aux habitants.
03:01Et puis il faudra réfléchir aux causes de ce drame, ce qui a provoqué l'ampleur de ce drame.
03:05Mayotte ne pourra pas être reconstruit sans traiter la question migratoire, a dit Bruno Retailleau qui veut faire une loi sur le sujet.
03:11Est-ce que vous êtes prêt à en discuter avec le ministre de l'Intérieur ?
03:15Je pourrais en discuter avec lui et lui expliquer que sur les 100 000 personnes de cette île que l'on traite d'étrangers, 80% sont Anjouanais.
03:28Les Anjouanais sont les habitants de l'île d'Anjouan qui est à quelques kilomètres de Mayotte et qui sont aujourd'hui à Mayotte, beaucoup sous les tôles.
03:38Ce sont eux qui sont souvent pourchassés par la police, la gendarmerie.
03:43Mais il y a quand même un problème d'immigration à Mayotte.
03:45Ce ne sont pas des étrangers, ce ne sont pas des immigrés.
03:49Ces Anjouanais font partie du peuple comorien, c'est un seul et même peuple.
03:54Ils parlent la même langue, ils ont la même couleur de peau, ils ont la même culture, ils sont tous musulmans.
04:01Il est hors sujet Bruno Retailleau ?
04:03Il faut considérer que ce ne sont pas des étrangers les uns vis-à-vis des autres.
04:08Et j'étais encore ce matin même avec une habitante de Pamanzi justement qui me disait qu'on ne fait pas de différence parmi ceux qui sont sous les débris, parmi ceux qui sont blessés.
04:21Les habitations endurent, ils accueillent tout le monde.
04:26Oui mais on ne peut pas commencer aujourd'hui à dire que c'est de la faute des immigrés, il faudra reconstruire que pour les Français et les autres dehors c'est le même peuple.
04:35Ils vivent ensemble, ce sont des cousins, des cousines, des frères, des soeurs.
04:39Donc il est hors sujet Bruno Retailleau ?
04:40Mais il ne connaît rien au sujet, il n'y connaît rien.
04:44Ils ne dorment même pas sur place.
04:46Vous savez quoi ? Les ministres ne dorment pas à Mayotte parce qu'il n'y a pas d'hôtel 4 étoiles, c'est la honte de la République.
04:52Qu'ils y passent un petit peu de temps, qu'ils les écoutent, qu'ils mangent comme eux, qu'on leur raconte les histoires de ces familles qui appartiennent tous à ces îles qui forment un archipel.
05:02Et cet archipel a été brisé, brisé par la France en 1974 à cause de ce référendum et le choix d'extraire Mayotte de cet archipel.
05:12Et aujourd'hui ils sont divisés par cela, mais en fait c'est un seul et même peuple.
05:19On va parler politique ici à Paris, hier on a vu le nouveau Premier ministre François Bayrou qui a répondu seul aux députés à l'Assemblée.
05:27Vous êtes allé le rencontrer ensuite à Matignon. Quelle impression il vous a fait François Bayrou ? Parce que là on a l'impression que le Bayrou-bashing a commencé.
05:35D'abord, Monsieur Bayrou souffre toujours d'illégitimité pour nous.
05:41Pourquoi ?
05:42Il souffre toujours d'illégitimité parce qu'il représente le camp du Président de la République, il est à ses côtés depuis le début.
05:49Et le Président de la République a fait le choix de nommer encore une fois quelqu'un qui fait partie de son camp et qui a été battu lors des dernières élections.
05:56Et nous, nous demandons un changement de cap, ce changement de cap aurait pu être exprimé par un Premier ministre de gauche, il n'a pas fait le choix, il s'en fait dans...
06:05Pardon, mais illégitime ça veut dire que vous allez tout faire pour le faire sauter le plus vite possible ?
06:08Non, parce qu'on n'est pas comme ça, on n'est pas en train de se dire on va tout faire pour... on n'est pas venu pour lui dire ça.
06:15On est venu pour lui dire que nous serons dans l'opposition.
06:19Nous serons dans l'opposition parce qu'il représente le camp de M. Macron et que la politique qu'il mène est une politique qui est dure pour les Français.
06:28Donc nous lui avons demandé, malgré tout, de changer de politique.
06:31Vous le censurez si vous le souhaitez ou vous dites non, pendant quelques mois, dans l'intérêt du pays, dans l'intérêt des Français, nous ne le ferons pas, même si nous ne sommes pas d'accord avec lui.
06:39S'il vient pour nous proposer le même budget qu'avait proposé M. Barnier, c'est-à-dire on change juste les personnes mais on a les mêmes budgets, les mêmes difficultés pour les Français, nous censurons ce budget-là.
06:51Donc ce que nous demandons, ce sont des mesures de justice fiscale, sociale.
06:56Nous demandons à ce qu'il n'y ait aucune atteinte au pouvoir d'achat des Français, qu'on n'augmente pas leurs factures, c'est essentiel.
07:04Nous demandons à ce qu'il y ait des mesures fortes pour nos services publics, la santé, l'école en priorité.
07:09Et enfin, nous demandons, et ça c'est nous le parti communiste français qui mettons beaucoup l'accent là-dessus, un plan pour l'industrie.
07:16300 000 emplois industriels.
07:18Vous avez dit quoi ? Il vous a écouté ou il vous a entendu ? Il vous a dit oui on va le faire ou il vous a dit on verra bien ?
07:23On a un dialogue franc, on se connaît, donc on se dit franchement les choses sans détour.
07:27Et quand je lui parle de l'industrie, je le prends d'ailleurs presque au mot, en citant des rapports qu'il a pu commettre en tant que commissaire au plan,
07:36et sur le fait qu'il est nécessaire aujourd'hui d'investir en France, d'avoir un plan d'investissement public.
07:41C'est d'ailleurs le débat qui a lieu en ce moment en Allemagne.
07:44Il faut 100 à 200 milliards d'euros d'investissement public tout de suite que la France pourrait mettre sur la table au service des entreprises,
07:53autant les PME que les grands groupes, avec des critères précis qui permettraient d'accorder des prêts à taux zéro ou négatif,
08:00pour justement relocaliser notre industrie, baisser le coût de l'énergie, avoir un choc d'investissement.
08:06C'est ce que défend M. Scholz aussi en Allemagne.
08:09Regardez les débats qu'il y a là-bas, si on ne fait pas ça, l'Europe est en très mauvaise situation face aux Etats-Unis et face à l'Asie.
08:19S'il n'y a pas un choc d'investissement, si on ne se redresse pas, si on ne baisse pas le coût de l'énergie,
08:24on va voir toute notre industrie finir de partir à l'étranger comme dans les années 90.
08:29On va dire aussi à Marine Le Pen, elle ce matin dans le Parisien, elle semble être déjà passée à autre chose.
08:33Elle dit Macron c'est fini ou presque.
08:35Est-ce que vous aussi, comme elle, comme Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise, vous vous préparez à une présidentielle anticipée ?
08:42Je ne pense pas qu'avoir une élection présidentielle en 2025 va améliorer la situation.
08:51Tout simplement d'abord parce que quand on repart en élection présidentielle, l'économie, tout s'arrête encore une fois.
08:57Parce qu'on ne sait pas qui sera le nouveau président, quelle sera sa politique.
09:01Et donc, pas d'investissement, pas de décision.
09:04Ça fait déjà six mois qu'on est dans cette situation-là.
09:08Mais je pense à mon pays.
09:10Moi, je me bats pour le changement.
09:12Je me bats pour le changement et je suis pour l'obtenir le plus possible aujourd'hui.
09:16Macron doit aller au bout de son mandat pour vous ?
09:18Il doit surtout écouter les Français.
09:21Macron, je vais vous dire, le problème aujourd'hui, c'est que Macron il se prend pour Dieu.
09:30Il marche sur l'eau, sauf qu'il ne multiplie pas les petits pains et les Français ont faim.
09:34Alors entre Dieu d'un côté et Henri IV de l'autre, je peux vous dire qu'effectivement, on est mal sortis.
09:39Mais tout simplement qu'ils reviennent sur terre et qu'ils écoutent ce que disent nos concitoyens.
09:43J'ai une dernière question concernant Nicolas Sarkozy.
09:45Il va savoir dans la journée si son pourvoi en cassation est rejeté ou pas dans l'affaire dite des écoutes téléphoniques.
09:50Si c'est le cas, il sera définitivement condamné, l'ancien chef de l'État.
09:53Il devra purger sa peine et donc porter un bracelet électronique.
09:57C'est arrangé à la rubrique fait divers ou c'est un sens politique ?
10:01C'est un sens politique si la justice s'applique à lui comme à tout le monde.
10:08Et c'est ce que je souhaite. Personne ne doit être au-dessus de la justice.
10:12Et donc si la justice le condamne parce qu'il a commis des fautes, il doit être sanctionné comme tout le monde.
10:17Il ne peut pas y avoir de justice dans ce pays.
10:19Merci beaucoup Fabien.

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