Le compte à rebours est lancé pour le gouvernement Michel Barnier. Regardez le sentiment de Jean-François Copé, maire de Meaux, ancien ministre du Budget.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 04 décembre 2024.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 04 décembre 2024.
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00:007h42, l'heure de l'invité d'RTL Matin, il y a quelques heures de la tempête politique annoncée à l'Assemblée
00:10et peut-être une tempête économique et financière, François l'évoquait à l'instant, Thomas.
00:14Vous recevez ce matin Jean-François Copé, ancien patron de la droite et maire Les Républicains de Maux.
00:18Bonjour et bienvenue sur RTL, Jean-François Copé.
00:20Bonjour.
00:21Pensez-vous, comme l'a dit encore le Premier ministre Michel Barnier hier soir,
00:24qu'il est possible qu'il y ait un réflexe de responsabilité pour éviter la censure et la chute du gouvernement tout à l'heure ?
00:29Bah écoutez, on l'espère tous.
00:31Michel Barnier a fait preuve, je trouve, de beaucoup de pugnacité hier pour expliquer les enjeux,
00:37les rappeler une dernière fois avant cette journée fatidique.
00:41Et c'est vrai que la décision de Marine Le Pen est totalement incompréhensible.
00:47Pourquoi ?
00:48Totalement incompréhensible.
00:49Elle n'est pas d'accord ? Elle censure un gouvernement ?
00:50Non, mais c'est incompréhensible.
00:51Elle estime que le gouvernement ne l'écoute pas ?
00:53Non, mais c'est incompréhensible parce que, d'abord déjà,
00:58voter avec Mélenchon, dont le parti a l'un de ses membres il y a encore quelques jours,
01:05qui a été interpellé en train d'acheter de la drogue,
01:08qui a demandé la semaine dernière à ce qu'on abroge le délit...
01:12Mais c'est individuel, ça n'engage pas le parti.
01:13Non mais d'accord, mais enfin, vous avez quand même bien vu
01:16le silence gêné de toutes les députés et les filles sur ce sujet.
01:22De la même manière qu'ils ont redit qu'il fallait dépénaliser le cannabis.
01:26Je n'ai jamais entendu Madame Le Pen dire une chose pareille,
01:28ou alors je me suis trompé.
01:29Deuxièmement, qui a demandé, là aussi de manière très collective,
01:34l'abrogation du délit concernant l'éloge du terrorisme, l'apologie du terrorisme.
01:40Donc elle va voter avec eux.
01:42Deuxièmement, elle va voter quelque chose qui va bloquer
01:46tout le processus budgétaire du pays, le processus gouvernemental.
01:50C'est-à-dire provoquer forcément, François Lenglet le dit,
01:53mais tout le monde le dit, un choc économique.
01:55Non, tout le monde ne le dit pas.
01:56Emmanuel Macron hier, il dit qu'il ne faut pas faire peur aux Français
01:59avec ces choses-là, on a une économie forte.
02:01La France est un pays riche, un pays solide, qui a fait beaucoup de réformes
02:04et qui les tient.
02:05Écoutez, il a eu une phrase terrible, François Lenglet.
02:07Je ne suis pas là pour le paraphraser, mais il a dit que ce n'est pas celui
02:09qui est à l'origine de la crise qui va nous expliquer comment on l'évite.
02:12Bon, donc je crois qu'il faut qu'on arrête de se mentir.
02:15C'est un théâtre d'ombre dans lequel on est aujourd'hui.
02:20On a des acteurs politiques qui sont complètement dysfonctionnels.
02:23Marine Le Pen en faisant ça...
02:25Mais vous voyez bien que plus personne n'est dans son rôle.
02:28Il y a une crise de gouvernance comme on n'en a jamais eue
02:31sous la Ve République, alors que tout a été conçu par le général De Gaulle
02:34pour un fonctionnement solide avec un président et une majorité absolue.
02:38Là, tout a volé en éclats, alors que nous avons des périls
02:41dans le monde entier et un pays qui est en pleine interrogation.
02:45Vous savez, moi, en tant que maire de Rouen, je vois bien.
02:48On a des entrepreneurs, on a un tissu de PME chez nous
02:51qui ne savent absolument pas combien de charges
02:54elles vont payer pour la fin de l'année et pour l'année prochaine.
02:57Qui ne savent absolument pas comment parler à leurs donneurs d'ordre
03:00parce que les donneurs d'ordre arrêtent de solliciter les sous-traitants.
03:03Ils ne savent pas comment ça va se passer.
03:05Vous avez peur de cette motion de censure ?
03:07Mais bien sûr, elle fait peur à tout le monde. Pourquoi ?
03:10Parce que vous avez, en l'occurrence, Marine Le Pen
03:13qui nous explique depuis des mois et des mois
03:16dans la notabilité que ses députés mettent des cravates
03:19que tout le monde est bien élevé, bien gentil, veut s'en sortir
03:22veut aider le pays et est responsable.
03:24Et qui, tout d'un coup, fait sauter le système
03:27pour des problèmes d'égo.
03:29Tout ça parce qu'elle a reproché à Michel Barnier
03:32de ne pas suffisamment avoir dit que c'était grâce à elle
03:34qu'on avait fait l'une des énièmes concessions sur ce budget.
03:37Est-ce que Michel Barnier n'a pas fait la faute politique
03:39de se mettre dans la main de Marine Le Pen ?
03:41Est-ce qu'il n'a pas fait trop de concessions ?
03:43Je ne sais pas s'il en a fait trop ou pas assez
03:45mais de toute façon, visiblement, ça n'a jamais suffi à Mme Le Pen
03:48puisqu'elle a toujours considéré qu'on ne l'avait pas suffisamment
03:51rendu hommage du succès qu'elle avait obtenu
03:55sur, en l'occurrence, le déremboursement des médicaments.
03:59Qu'est-ce qu'elle veut de plus ?
04:01Qu'on aille coller ses affiches aussi ?
04:03Il y a un moment où tout ça devient fou et irresponsable.
04:06Est-ce qu'il aurait fallu céder sur la non-indexation
04:09des pensions de retraite à partir du 1er janvier ?
04:12Il y a un moment où on ne peut plus s'en sortir.
04:15Ce n'est plus la peine de faire un budget.
04:17Tout le monde a établi la situation de nos finances publiques.
04:20Des efforts ont été faits dans l'urgence.
04:22M. Barnier a eu 15 jours pour faire un budget
04:24dans des conditions épouvantables
04:26avec un été qui n'a servi à rien
04:28parce qu'Emmanuel Macron a été incapable de nommer
04:30un Premier ministre après le désastre de la dissolution.
04:33Pendant trois mois, pas de gouvernement.
04:35Il a 15 jours pour faire le budget.
04:37J'ai été ministre des Finances, il faut une année entière pour faire un budget.
04:40Tout ça s'est fait dans des conditions d'improvisation et d'urgence.
04:43Tout le monde le sait et en fait,
04:45il n'y a aucune raison particulière
04:47de renverser Michel Barnier aujourd'hui sur un coup de tête
04:50alors qu'on sait pertinemment qu'il n'y a pas de solution politique derrière.
04:53Il faut du temps et il faut des troupes derrière soi pour faire un budget.
04:56Vous avez des nouvelles de Laurent Wauquiez, de Gabriel Attal
04:58qui sont censés être les deux socles, les deux piliers du socle commun ?
05:02Il faut lancer un avis de recherche, qu'est-ce qui se passe ?
05:04Je vois la boutade, Thomas Soto.
05:06Je vais vous dire, je ne suis pas parlementaire.
05:09Je ne suis pas le maire de mots.
05:11Je veux aussi ici donner cette voie-là, celle d'acteur de terrain
05:15qui aujourd'hui essaie de tirer une dernière fois la sonnette d'alarme
05:19en disant aux parlementaires, mais attendez, regardez dans quel pays vous vivez.
05:23Nous avons un pays merveilleux, avec des atouts extraordinaires.
05:27Chaque jour qui passe, on est en train de casser un peu plus notre pays.
05:31Ils ne le voient pas ?
05:32Je ne sais pas.
05:33Le fait qu'ils n'aient plus le droit d'être maire,
05:35je pense que ça les déconnecte un peu de tout ça.
05:37Encore une fois, une patronne du Rassemblement National
05:40qui me semble partie dans un espèce de TGV,
05:43elle ne veut plus rien entendre,
05:45elle est dans un sujet d'ego qui est devenu irresponsable.
05:49C'est chasser le naturel, il revient au galop finalement.
05:52Ce n'est pas une boutade que je vous pose sur le patron du groupe des députés macronistes
05:55et le patron du groupe des LR.
05:57C'est censé être les deux piliers de ce socle commun.
06:00Est-ce qu'ils ont fauté par manque de soutien ?
06:02Est-ce qu'ils ont une responsabilité dans tout ça ?
06:05De toute façon, on ne peut pas leur imputer la responsabilité
06:08de voir Mme Le Pen censurer le gouvernement
06:10après avoir joué avec le feu pendant des semaines et des mois.
06:13C'est incroyable et indigne de l'avoir voté avec Mélenchon.
06:18Vous voyez ce que je veux dire ?
06:19Il y a un moment où tout ça est délirant,
06:20c'est de la politique politicienne,
06:21elle qui prétend être en dehors du système,
06:24elle fait une alliance très choquante,
06:27des deux extrêmes.
06:30Je vais vous dire, je dis aux français qui votent pour l'ORN,
06:35faites attention, regardez ce que fait de votre vote Mme Le Pen.
06:40C'est-à-dire qu'elle va mettre le pays par terre
06:42à quelques semaines de Noël,
06:44à un moment clé pour notre vie familiale et aussi économique.
06:48On n'aura pas de budget.
06:50Tout ça est irresponsable.
06:52On va se plonger un peu dans la journée.
06:54Il est 19h30 ce soir.
06:55Selon toute probabilité, en tout cas au moment où on se parle,
06:57le gouvernement Barnier est tombé, n'existe plus.
06:59Que doit faire Emmanuel Macron derrière ?
07:01Qui doit-il nommer en espérant avoir un Premier ministre
07:03qui tienne plus de trois mois ?
07:04D'abord, je suis obligé de vous dire que jusqu'à la dernière seconde,
07:07il faudrait tout faire pour essayer de convaincre,
07:09de préserver la stabilité de notre gouvernement.
07:11Ça parait quand même très mal parti.
07:13En tout cas, on verra ce qui pourra être fait, il faut le faire.
07:16La chute du gouvernement est une hypothèse sérieuse.
07:18Je ne vais pas faire de la fiction.
07:19Je vais juste vous dire la chose suivante.
07:21Pour l'instant, c'est de la fiction.
07:23Thomas Soto, je vais vous dire ce que je pense.
07:25C'est qu'un changement de gouvernement ou de Premier ministre
07:29ne changera strictement rien à la problématique.
07:31Qu'est-ce qui peut conduire Mme Le Pen à trouver que,
07:35puisque c'est les noms qui circulent,
07:37M. Lecornu ou M. Bayrou,
07:39au pretexte que maintenant, il serait réputé plus aimable avec elle,
07:42va changer quelque chose ?
07:43M. Cazeneuve ?
07:44Attendez, M. Cazeneuve, il va plaire à Mme Le Pen ?
07:47Elle renverse M. Barnier ?
07:49Il va avoir un maître socialiste qui...
07:51Non mais écoutez, tout ça, c'est bien gentil.
07:53Je rappelle un petit détail.
07:55Les Français, ils demandent quoi ?
07:57Ils ne demandent pas la proportionnelle qu'on entend toute la journée,
08:00qui va sanctuariser l'instabilité parlementaire.
08:04Ils demandent qu'on remette de l'ordre dans le pays.
08:06Et on est en train de le faire.
08:07C'est-à-dire que vous avez un ministre de l'Intérieur
08:09qui prépare une loi sur la lutte contre le trafic de drogue,
08:14sur les polices municipales, sur l'immigration.
08:16On est en train d'essayer de remettre de l'ordre dans les comptes.
08:19Et Mme Le Pen explique, elle, à des Français qui demandent qu'on rétablisse l'ordre,
08:22non, non, non, moi je mets tout par terre,
08:24parce que je voudrais qu'on passe la loi sur la proportionnelle.
08:26Enfin, à l'Assemblée.
08:27Vous voyez un peu le décalage.
08:29C'est de la folie.
08:30Jean-François Copé, vous avez mis sur la table, la semaine dernière,
08:33ce qui était assez surprenant de la part d'un chiracien historique comme vous,
08:36la question de la démission du chef de l'État, d'Emmanuel Macron.
08:39Michel Barnier en a d'ailleurs parlé hier.
08:41Réponse du chef de l'État, j'honorerai cette confiance
08:43avec toute l'énergie qui est la mienne jusqu'à la dernière seconde.
08:46Oui, mais vous savez, d'abord, vous avez raison de le rappeler,
08:50je suis plutôt considéré comme quelqu'un d'assez modéré.
08:53Donc si j'ai pris la responsabilité de poser cette question,
08:56c'est pas par hasard.
08:57C'est parce que, comme je vous le disais au début de notre entretien,
09:00la gouvernance que nous vivons aujourd'hui est totalement dysfonctionnelle.
09:03C'est-à-dire que plus personne n'est à sa place.
09:05Et qu'il n'y a donc plus personne pour véritablement commander ce pays.
09:08Et nous n'avons pas d'autre solution que de remettre dans le bon ordre
09:12le calendrier présidentiel et législatif.
09:15Or, nous ne pouvons pas tenir comme ça jusqu'en 2027.
09:18C'est impossible, vous le voyez.
09:19Donc il faudra qu'à partir du mois de février, mars,
09:22il y ait la question d'une présidentielle anticipée.
09:25Ça dure 50 jours.
09:26Et pourquoi je dis mars ?
09:27Parce qu'à partir du mois de mars, 50 jours,
09:29ça nous amène au délai possible d'une nouvelle dissolution
09:32après une présidentielle qui remettrait les institutions dans le bon ordre.
09:35Et permettrait aux Français, enfin, de trancher normalement cette question.
09:40J'ai une toute dernière question.
09:41Pendant que le gouvernement va s'y, voire s'effondre,
09:43le ministre de la fonction publique, lui, nous raconte sa vie
09:45et parle d'amour dans Paris Match, qui sortira demain.
09:47Guillaume Casbarian pose avec son compagnon.
09:49Alors, le sujet n'est pas de savoir avec qui il vit,
09:51mais le moment est-il bien choisi ?
09:53Est-ce que c'est le moment, alors qu'il y a une grève de la fonction publique demain,
09:56pour le Premier ministre, de nous raconter sa vie,
09:58et son chien, et ses amis, et tout ça, dans Paris Match ?
10:01Écoutez, tel que vous posez la question comme ça,
10:04oui, bien sûr, non.
10:05La réponse est non, mais en même temps,
10:07j'ai envie de vous dire, la situation est tellement grave,
10:11on n'a même pas envie de commenter d'autres choses, en fait.
10:13Vous voyez, pardon de vous le dire comme ça,
10:14mais moi, je pense qu'on est dans une journée vraiment grave pour notre pays.
10:19Voilà, je suis désolé, je vous le dis comme ça.
10:21Merci Jean-François Copé d'être venu sur RTL ce matin.
10:23On va commenter d'autres choses.