Citroën demande, ce lundi 17 février 2025, à 236.000 clients du nord de la France de ne plus rouler avec des modèles C3 et DS3, immatriculés entre 2008 et 2013.
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00:00Avec nous en plateau, Pauline Ducamp, journaliste BFM TV, spécialiste de l'automobile, maître Charles-Henri Copé, vous êtes avocat, l'avocat de victimes des airbags Takata, on va en parler,
00:16et Maryse Hélène Malroux, fondatrice du collectif Scandale Airbags Takata, qui compte aujourd'hui quand même 7100 membres.
00:24On va poser une question très simple pour commencer. Le patron de Citroën, il demande à 240 000 propriétaires de Citroën de surtout pas rouler, d'arrêter de rouler ce matin.
00:34Mais de quel véhicule, Pauline, on parle ?
00:37En fait, on parle des C3 et des DS3. Ce sont des petites citadines qu'on connaît bien.
00:42Et en fait, ils demandent à ne pas rouler parce que la technologie d'airbag qui est à l'intérieur de ces véhicules, en fait, elle vieillit mal.
00:48Il y a un élément chimique, un gaz, du nitrate d'ammonium, et en fait, cet élément-là, il va très mal vieillir dans le temps et en fait, ça peut exploser tout seul
00:59et donc, du coup, causer des dommages extrêmement importants, des accidents, des blessures très graves, voire pire.
01:04Ce qu'on ne comprend pas, maître, c'est que Citroën avait déjà rappelé au mois de mai 247 000 C3 et DS3 au sud d'une ligne, Clermont-Ferrand-Lyon.
01:14À quoi correspondait d'abord cette ligne de démarcation ? Qui avait décidé de ça ?
01:18Ça a été décidé par le fabricant. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'aujourd'hui, notre réglementation, elle découle effectivement des instances européennes.
01:25Aujourd'hui, il y a un règlement de 2018 qui donne le pouvoir aux fabricants, à ceux qui fabriquent les véhicules, de décider de la gestion du rappel tout seul.
01:33Mais quelle était la justification de ce rappel au sud de cette ligne ?
01:36Il n'y a aucune justification scientifique, il n'y en a aucune.
01:38C'est simplement un séquençage qui est fait par rapport aux capacités de remplacement et par rapport aux possibilités financières de se dénoncer à l'époque,
01:45de faire face à ce problème qui est véritable.
01:47Dernier argument de climat.
01:49Ce qui avait été noté par un certain nombre de constructeurs, par Citroën, mais aussi par d'autres constructeurs, notamment aux États-Unis,
01:53puisque cette histoire d'airbag Takata, en fait, elle empoisonne l'industrie automobile depuis une bonne dizaine d'années,
01:58c'est qu'en fait, dans les climats plutôt chauds, plutôt humides, ces airbags se dégradaient dans le temps,
02:03plus que, finalement, dans des climats plus tempérés, plus de la moitié nord.
02:08Mais c'est vrai que l'idée de la ligne Clermont-Ferrand-Lyon est une ligne totalement arbitraire, finalement.
02:14Il n'y avait pas eu d'incident au nord de cette ligne jusqu'à récemment.
02:17Il y en a eu un, et là, le patron de Citroën dit, comme il y a eu un incident, on rappelle.
02:22En fait, ce qu'explique Citroën, c'est qu'aujourd'hui, on ne sait pas ce qu'il y a eu comme accident,
02:26puisqu'il y a eu des accidents qui se sont produits, mais on n'avait pas forcément fait le lien, en fait, avec ces problèmes d'airbags.
02:32C'est petit à petit, en fait, en remontant la chaîne, un problème, deux problèmes, une enquête qui a pu être faite,
02:37où maintenant, on commence à faire, en fait, le lien petit à petit, et notamment au bureau de Maître Copé,
02:42sur ces différentes... Il y a des actions qui sont aussi lancées en justice.
02:45Et là, ce que nous dit Citroën, c'est qu'en gros, comme ils ont une grande campagne de rappel,
02:49puisqu'en fait, au nord de la France, le rappel était lancé depuis janvier,
02:52mais pas avec cette obligation de dire, vous ne prenez pas votre voiture.
02:55Ils ont testé un certain nombre de véhicules, ils ont découvert un véhicule où là, ils ont vraiment vu qu'il y avait un problème,
03:00et du coup, principe de précaution ultime, on dit à tous les conducteurs, arrêtez de prendre votre C3 ou votre DS3.
03:05Citroën a fait preuve de légèreté, Maître ?
03:07Alors, Citroën agit tardivement, et a fait preuve de légèreté, mais comme tous les constructeurs automobiles.
03:11Comme tous les constructeurs.
03:12La difficulté avec Citroën, c'est que leur modèle, la C3, est très diffusée.
03:15Plus de 50 000 C3 vendues en France par année, ce qui explique qu'aujourd'hui, par exemple,
03:19que sur la vingtaine de victimes que nous défendons, avec 9 victimes décédées, 11 blessées,
03:25ils représentent environ la moitié.
03:27Mais d'autres marques, le groupe Volkswagen, Toyota, sont impliqués dans des décès, dans des morts,
03:32et ceux-ci, effectivement, ne font rien, ou tous réagissent toujours après coup.
03:38On est dans la réactivité.
03:39Par exemple, Volkswagen va lancer ses rappels en Outre-mer après le décès d'une victime en décembre 2024,
03:46alors qu'ils sont informés, ils savent que l'hydrate d'ammonium est instable.
03:50Citroën sait depuis le départ, par exemple, que son hydrate d'ammonium est instable et qu'il ne va pas tenir.
03:54Mais simplement, on voit qu'il y a une gestion qui consiste à faire courir un danger aux gens
04:00en attendant que ça se passe, que ça ne se passe pas, dans le but, manifestement,
04:04d'un souci économique et financier, manifestement.
04:06Marie-Hélène Malroux, comment vous réagissez à cette décision de Citroën ? Elle arrive tard ?
04:12Elle arrive, effectivement, très tard, parce qu'en ce qui nous concerne, au niveau du collectif Scandal, Airbag, Atacata,
04:18ce n'est pas un scoop qu'effectivement, Citroën, aujourd'hui, et le groupe Stellantis,
04:22ouvrent cette campagne de rappel StopDrive dans le nord de la France.
04:27Nous l'avons toujours, effectivement, annoncé, qu'effectivement, c'était une hérésie totale
04:32de pouvoir engager un rappel StopDrive sous cette fameuse ligne inventée par Stellantis, Clermont-Ferrand et Lyon.
04:39Pourquoi ? Parce qu'ils ont annoncé, effectivement, qu'il y avait, pour un taux d'humidité,
04:44et effectivement, pour certaines autres raisons, la possibilité seulement d'avoir des risques avérés,
04:52selon, effectivement, le patron de Citroën, de M. Koskas, qui l'a annoncé, d'ailleurs, très ouvertement, devant les journalistes.
04:59Il n'y a pas de risque avéré au-dessus de cette fameuse ligne.
05:03Il s'avère qu'aujourd'hui, bien évidemment, bien sûr qu'effectivement, il y a des risques avérés.
05:08Et force de constater, c'est qu'en plus, il me semble qu'ils sont dans une particulière mauvaise foi,
05:14parce que ça fait plus de 10 ans qu'effectivement, ils avaient connaissance de cette situation,
05:19puisque c'était, effectivement, le plus gros scandale aux États-Unis en 2014.
05:23Même M. Koskas, d'ailleurs, le dit lui-même, que depuis 2016, effectivement, les tests étaient en cours.
05:29Quand on lui a demandé, d'ailleurs, en l'occurrence, de fournir ces tests-là, nous sommes toujours dans l'attente, effectivement, des résultats.
05:37Et comme par enchantement, alors que nous le disons depuis maintenant le mois de mai de l'année dernière,
05:43ça y est, enfin, ils prennent conscience de la gravité de la situation
05:47en ouvrant un stop-drive au-dessus de cette fameuse ligne inventée par Stellantis.
05:52Bien sûr que les risques étaient avérés.
05:54Au sein même de notre collectif, aujourd'hui, nous avons des cas,
05:58deux propriétaires qui, effectivement, étaient tout juste un petit peu au-dessus de la ligne
06:02et qui ont vu leurs airbags exploser de manière intempestive.
06:06Donc, qu'ils ne nous en racontent pas aujourd'hui, que c'est pour la sécurité de leurs clients
06:11qu'ils sont en train, là, maintenant, de procéder au rappel stop-drive dans le nord de la France.
06:17Ils avaient plus de 10 ans pour, effectivement, s'organiser.
06:21Ils ne l'ont pas fait.
06:22Là, on entend qu'aujourd'hui, donc, il y a effectivement près de 240 000 véhicules
06:28qui vont être rappelés dans le nord et qui n'ont donc, d'ailleurs, toujours pas reçu les propriétaires leur courrier.
06:34Ça, c'est déjà beaucoup plus grave.
06:36Et ils nous expliquent...
06:37Alors, bon, moi, je pense qu'ils ont des problèmes de dyscalculie chez Stellantis.
06:41Ils nous expliquent qu'ils ont 40 000, aujourd'hui, pièces de disponibles
06:46et qu'en deux mois, écoutez bien, en deux mois, tout va être traité dans le nord de la France
06:52alors que nous, en ce qui nous concerne, dans le sud de la France,
06:56sur les près de 250 000 propriétaires concernés,
06:59il y a encore des propriétaires qui sont toujours dans l'attente du changement de leurs airbags.
07:04Et ça va faire face au Nord.
07:06Tout ça est très concret.
07:08Est-ce que le gouvernement, le ministre des Transports, a pris conscience de la dimension,
07:12j'allais dire, du problème, mais c'est peut-être pire que ça, du scandale ?
07:16Je le crois parce que j'ai eu un échange avec lui et il a fait des déclarations.
07:20Tout à fait, au cours desquelles, pour la première fois, un personnage de l'État,
07:23quelqu'un qui a un pouvoir décisionnel, a indiqué que c'était anormal,
07:26que c'était un véritable scandale et qu'il fallait que ça cesse.
07:28Nous lui avons demandé effectivement des sanctions, mais avant tout des injonctions.
07:34Il faut prendre des injonctions pour toutes les marques.
07:36Toutes les marques de se conformer.
07:38Vous savez qu'à la Réunion, il y a eu un rappel StopDrive pour les 38 000 véhicules.
07:41StopDrive, c'est-à-dire qu'il faut absolument ne pas rouler avec votre voiture.
07:44Pour toutes les marques à la Réunion, concernées par un airbag Taketa.
07:48On n'est pas moins en danger dans une Polo, dans une Tesla, comme disait Pauline, que dans une Citroën.
07:52Le danger est le même puisque c'est le même principe.
07:55Aujourd'hui, quand on est logique, la manière dont cette ligne n'avait pas de sens,
07:58la manière dont tenait le StopDrive Castellantis n'a pas de sens.
08:01Ce que je comprends, c'est qu'il y a de nombreuses voitures équipées de cet airbag défectueux qui circule toujours.
08:05Comment savoir si on est concerné, Pauline, d'un mot ?
08:07En fait, il y a un petit numéro d'identification sur la carte grise.
08:10Il faut aller sur le site du gouvernement, sur ecology.gouv.fr,
08:13qui recense tous ces rappels, rentrer le numéro de sa carte grise.
08:17On sait ainsi, si on est concerné, il faut aussi se rapprocher de son garagiste ou de son concessionnaire.
08:23Un dernier mot, 30 marques sont concernées sur le site.
08:26Il y en avait 19 le 7 janvier. Il faut être prudent vis-à-vis de ça et être attentif.
08:30Et vérifier si on est concerné.