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Avec Jacques Baud, ancien colonel de l'armée suisse, analyste stratégique...

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2025-02-19##

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News
Transcription
00:004 février 2022, cela fera 3 ans, que les armées russes ont envahi l'Ukraine.
00:13Avec le résultat que l'on sait, et beaucoup de choses ont changé depuis un mois, la situation s'est renversée.
00:25Jacques Beau, bonjour, ça fait quelques temps, presque 3 ans, que nous exécutons de la guerre Russie-Ukraine,
00:36ensemble, ici avec Sud Radio, et nous accueillons toujours avec plaisir, parce que vous avez été l'un des premiers,
00:42sinon le premier, en tout cas, à dire certaines choses qu'à l'époque étaient peu dites sur le rapport des forces,
00:50sur le réel, alors qu'on avait tendance, ici et là, et je ne parlerai pas de certaines chaînes ou autres,
00:57à faire un merveilleux rideau de fumée sur ce qui se passait vraiment.
01:02Avec vous, ça n'a pas été le cas, c'est le moins que l'on puisse dire.
01:06Mais aujourd'hui, Jacques Beau, on est dans une situation totalement différente.
01:12Je rappelle très rapidement, pour nos éditeurs, que depuis hier, et ça faisait 2 ans que ça n'était pas arrivé,
01:20la Russie et l'Amérique parlent face à face, c'est-à-dire d'un côté avec Lavrov, l'inexpugnable ministre des Affaires étrangères russe,
01:30avec Marco Rubio, le nouvel arrivant au secrétariat d'État des USA, ça parle, ça a l'air d'avancer,
01:37en tout cas, l'isamébilité l'emporte sur les Orions.
01:42En même temps, à l'Élysée, Emmanuel Macron recevait hier un arrêt aux pages de 6 à 7 chefs d'État,
01:52avec Ursula von der Leyen et le représentant de l'OTAN, pour dire, écoutez, il faut qu'on fasse quelque chose,
01:58ça ne peut pas continuer comme ça, on doit être présent, on réclame au moins un strapontin.
02:04Malheureusement, apparemment, ça ne marche pas comme ça, Zelensky, lui aussi, s'agit de son côté,
02:10et je veux dire que Donald Trump n'a pas envers Zelensky les yeux de Chimène pour le CIDE, ça c'est très clair.
02:18Tout ça est une situation qui a complètement changé, alors Jacques Beau, première question,
02:23est-ce qu'on est vraiment au commencement, et je dirais plus qu'au commencement de la fin de cette guerre, ce qu'on peut dire aujourd'hui ?
02:30Oui, je pense qu'on peut le dire, on ne sait pas encore comment elle va se terminer exactement, ni quand,
02:36mais il y a un pas décisif qui a été entrepris, c'est comme vous l'avez très justement dit,
02:42c'est les Américains et les Russes se parlent, et c'est la première fois depuis trois ans qu'on considère qu'il est possible de parler aux Russes,
02:51et ça c'est évidemment un pas déterminant, et puis il y a eu la réunion de Riad hier,
02:58où une première délégation de Russes et d'Américains ont pu mettre un peu des conditions cadre à la négociation,
03:07parce qu'on n'était pas encore dans la négociation, ils l'ont dit d'ailleurs eux-mêmes,
03:10mais on était dans l'établissement de conditions cadre d'une certaine manière,
03:14mais il y a quand même un certain nombre d'éléments qui en sont ressortis, qui montrent qu'on avance sur ce dossier,
03:21la première c'est qu'il y a une normalisation des relations entre la Russie et les États-Unis qui se mettent en place,
03:29c'est-à-dire une réouverture des ambassades et d'un dialogue diplomatique qui n'existait pas jusqu'à présent,
03:35ensuite de ça, il y a l'établissement de groupes de travail de chaque côté sur la question des négociations,
03:43ce qui est aussi un élément important, et puis il y a quelque chose qu'on n'a pas beaucoup évoqué dans la presse,
03:50mais qui est quand même assez significatif, c'est que les deux parties se sont mises d'accord
03:57sur le fait qu'il doit y avoir des élections en Ukraine comme partie intégrante du processus de paix.
04:07Donc on commence à entrer dans la matière, si vous voulez, et puis avec des pas qu'on n'a jamais osé faire,
04:17et d'ailleurs, comme vous l'avez évoqué, la réunion de l'Élysée, avant-hier, par Emmanuel Macron,
04:24témoigne d'ailleurs de cette résistance de l'Union Européenne, il y a évidemment une résistance de l'Ukraine, ça on peut s'y attendre,
04:33mais la résistance de l'Union Européenne, ou en tout cas de certains de ses membres,
04:36et c'est la raison pour laquelle d'ailleurs Trump ne veut pas que ces gens fassent partie du problème, si vous voulez.
04:43— Voilà, de la négociation, et ça va très loin, très loin, Jacques Beau, parce qu'hier encore,
04:49Donald Trump, on se rappelait quand même comment Zelensky était reçu en Amérique, d'ailleurs en Europe,
04:53le héros de la résistance, le Churchill, selon certains, et voici, en deux mots, ce que dit Donald Trump,
05:00quand même, il n'y va pas avec le dos de la cuillère, Zelensky est un président complètement incompétent,
05:05il fait des déclarations ridicules, son leadership n'a pas permis la guerre de continuer,
05:09il n'a pas eu, vous venez de le rappeler, il n'y a pas eu d'élection en Ukraine depuis longtemps, ça ne va pas,
05:15Zelensky ne sait pas, il l'a dit lui-même d'ailleurs, ne sait pas où se trouve la moitié de l'argent
05:19que les États-Unis ont alloué à l'Ukraine, l'Ukraine devrait payer ou découvrir où est passé l'argent,
05:26la Russie est capable de détruire très rapidement 100% des villes ukrainiennes, y compris Kiev,
05:31mais ne veut pas le faire, le conflit en Ukraine aurait pu être résolu, etc.,
05:35si j'avais été président, il aurait été résolu, mais dites-moi, chaque mot, on a presque l'impression,
05:40je caricature à peine que Trump se met à parler comme Poutine, pratiquement.
05:46Non, il ne fait que constater une réalité, il y a d'ailleurs une phrase que vous n'avez pas citée,
05:51mais qu'il a dit à Zelensky, il a dit, finalement, vous avez cette guerre, vous auriez pu l'arrêter bien avant,
05:58vous auriez pu l'arrêter il y a 3 ans, et vous ne l'avez pas fait, et puis c'est une guerre que vous n'auriez pas dû commencer.
06:07– Oui, mais attendez, je peux vous répondre, mais attendez,
06:10qui est entré le 24 février 2022 en Ukraine ? Ce n'est pas Zelensky.
06:17– Pourquoi ? Oui, non, non, bien sûr, de tout ça on est d'accord, mais pourquoi ?
06:21Et c'est là où on est un peu prisonnier de notre narratif, il y a eu une provocation de l'Ukraine,
06:31d'ailleurs ce n'est pas pour rien, quand on parle aujourd'hui de Pokrovsk et toutes ces zones qui sont fortifiées,
06:37qui ont été fortifiées dès 2021, donc les Ukrainiens savaient très très bien
06:42qu'ils allaient s'engager dans quelque chose qui allait provoquer l'intervention russe,
06:46et on est exactement, d'ailleurs les rapports de l'OSCE de l'époque témoignent de cette préparation,
06:53et pas seulement les rapports de l'OSCE, mais également les fondations de Georges Soros en témoignaient,
07:02donc voilà, non, je ne pense pas que Trump répète ce que dit Poutine,
07:07mais il se base, à la différence des Occidentaux, il se base sur la réalité des faits,
07:13et vous pouvez penser ce que vous voulez, est-ce que Poutine aurait dû attaquer, pas attaquer,
07:17on peut discuter cette chose-là, toutefois le fait est qu'aujourd'hui la situation est telle qu'elle est,
07:23et il faut partir, si vous commencez à avoir une négociation, il faut partir de la réalité du terrain,
07:29vous ne pouvez pas partir d'une réalité fictive que vous imaginez.
07:33– Non mais ça on est bien d'accord, vous savez très bien que je ne l'imagine pas,
07:37que je ne suis pas sur cette position, le réel frappe à la porte et c'est bon,
07:41mais juste une chose, vous rappelez, et vous avez raison, vous avez rappelé ce qui s'est passé
07:46au moment de l'accord qui devait se passer en Turquie, en mars-avril 2022,
07:54qu'effectivement, on ne va pas revenir là-dessus,
07:57que Boris Johnson est venu dire à Zelensky, de la part de Biden, voilà ce qui se passe,
08:03mais ce qui est étonnant Jacques Bouy, je voudrais vraiment vous faire réagir là-dessus,
08:08votre réflexion là-dessus, c'est que le contraste, le bouleversement,
08:13entre l'attitude de l'Europe qui restait celle qu'elle est, et des États-Unis,
08:17où effectivement Zelensky, c'était le combat de notre civilisation,
08:21contre l'envahisseur, contre Poutine égal Hitler et compagnie,
08:25et puis en un mois, ça m'est merveilleux, c'est pour ça que j'ai fait exprès de dire
08:31Trump parle comme Poutine évidemment, c'est pas ça,
08:34mais c'est extraordinaire le changement de situation, en un mois quand même.
08:38– Mais vous comprenez, les États-Unis ont dit, et d'ailleurs Marco Rubio l'a répété à plusieurs reprises,
08:44ils agissent en fonction de leur intérêt national,
08:47on peut discuter sur cet intérêt, mais c'est la perception de la nouvelle administration,
08:51quoi qu'il en soit, et dans cette perspective, les Américains voient leur intérêt national
08:59en priorité dans une lutte contre la Chine,
09:03et par conséquent, tous les conflits annexes qui se déroulent,
09:09sont finalement à la fois des ressources, du temps et de l'énergie perdue,
09:14et qui ne rapportent rien, donc si vous voulez, l'Ukraine,
09:17vu avec les yeux de l'administration Trump, c'est un conflit qui manifestement
09:23ne va pas évoluer dans le sens que les Européens rêvent,
09:29il n'y aura pas de victoire de l'Ukraine, on va continuer à voir,
09:33à assister à un effondrement progressif de l'Ukraine,
09:36et par conséquent, il n'y a aucun intérêt du point de vue américain
09:39à continuer à s'investir dans un conflit qui ne va finalement rien changer,
09:44ni à la situation générale, parce que personne n'est dupe,
09:48personne ne pense sérieusement que les Russes vont commencer,
09:52après l'Ukraine, à s'attaquer à d'autres pays ou même à l'Europe.
09:55Oui, comme certains disent, les Russes vont envahir l'Europe,
09:59the Russians are coming.
10:01Oui, c'est totalement absurde, alors que parallèlement,
10:04on dit qu'ils ont une économie qui ne fonctionne pas,
10:07qu'ils n'ont pas les chars qu'il faut, enfin bref, on est dans le narratif,
10:10les Américains ne sont pas dans le narratif, ils sont dans leur réalité,
10:15alors de nouveau, c'est leur perception des choses,
10:18c'est leur réalité, on peut la contester,
10:21mais ça explique ce changement de perspective.
10:24Le conflit en Ukraine était un peu le conflit personnel de Biden,
10:28pour différentes raisons, probablement d'ailleurs dans la continuité
10:31de ce qui s'était passé de l'époque Obama,
10:34on a retrouvé d'ailleurs beaucoup d'acteurs,
10:36comme Victoria Nuland, etc., qui étaient impliqués dans ce conflit,
10:39donc il y a une affaire, une chose très personnelle,
10:42et on l'a vu que pratiquement tout le mandat de Biden
10:46s'est concentré sur cette question ukrainienne,
10:50la lutte contre Poutine, etc.
10:53Trump n'est pas du tout sur cette ligne-là,
10:55il est pour reconstituer, à tort ou à raison,
10:58on peut discuter ça, mais son objectif,
11:01c'est de donner la grandeur aux États-Unis,
11:04et il voit comme principal obstacle à la mise en œuvre de cette politique
11:09la compétition que la Chine offre,
11:12et par conséquent, pour les Américains,
11:15pour atteindre la priorité qu'ils ont définie,
11:19eh bien il faut neutraliser la Chine.
11:21A tort ou à raison, hein,
11:23parce que je pense qu'on risque bien d'avoir d'autres problèmes
11:26par l'administration Trump, avec la Chine,
11:29et puis on ne va pas sortir de cet hégémonisme américain.
11:33Oui, ce que vous dit Jacques Beau,
11:35c'est que les États-Unis, attendez,
11:37nous on a à reconstituer un certain nombre de choses,
11:39Make America Great Again,
11:41passe par la résolution de ce conflit
11:43qui ne nous apporte rien,
11:45surtout qui nous a beaucoup coûté,
11:47sans parler des pertes humaines, bien sûr.
11:49Jacques Beau, on reste ensemble,
11:51c'est très intéressant parce qu'on va parler du rôle et l'Europe,
11:54et que devient l'Europe là-dedans,
11:57l'Europe qui a aussi joué son rôle,
12:00à tort ou à raison, voyons le voir,
12:03restez avec nous,
12:05juste après cette petite pause,
12:07on continue cet inventaire
12:09de ce bouleversement actuellement à l'Est.
12:20Marco Rubio discute avec Sergei Lavrov,
12:23dans une semaine ou dix jours,
12:25Donald Trump va parler en face-à-face
12:28avec Vladimir Poutine,
12:30et l'Europe, et l'Europe, et on en parle,
12:32et ça nous concerne tous évidemment,
12:34avec Jacques Beau, ancien colonel de l'armée suisse,
12:36analyse stratégique,
12:38et il faut lire tous les livres de Jacques Beau
12:40qui sont publiés aux éditions Max Milot,
12:42sur cette guerre notamment,
12:44sur le terrorisme et tout le reste.
12:46Alors Jacques Beau, vous avez vu
12:48qu'on en a parlé d'ailleurs de la réunion
12:50qu'il y a eu en Europe autour d'Emmanuel Macron,
12:52mais il en prépare d'autres,
12:54il va recevoir d'autres pays européens,
12:56et Emmanuel Macron qui dit voilà,
12:58je ferai d'ailleurs demain une série de réunions
13:00dans des formats bilatéraux et multilatéraux
13:02avec plusieurs autres états membres et des non-européens,
13:04attention, il a dit,
13:06la Russie, a dit Emmanuel Macron,
13:08pose un danger existentiel,
13:10je voudrais qu'on en parle de ce danger existentiel,
13:12je ne parle pas ce que dit Bayrou,
13:14effectivement,
13:16alors tous y vont de leur commentaire,
13:18bien sûr,
13:20alors Peskov
13:22d'ailleurs dit,
13:24il n'y a pas de problème si
13:26l'Ukraine veut rentrer demain dans l'Union Européenne,
13:28mais pas à l'OTAN, évidemment pas à l'OTAN,
13:30et voilà,
13:32tout cela est dit
13:34et redit,
13:36et en fait, l'Europe en même temps,
13:38on le sent, ils le sentent eux-mêmes,
13:40on se dit, mais l'Europe, quel rôle y joue,
13:42c'est-à-dire que eux qui auraient dû être
13:44au milieu de la médiation, même géographique,
13:46et bien ils sont
13:48massivement et de façon assourdissante
13:50absents.
13:52Jacques Bou.
13:54D'abord, on a très bien vu, durant la conférence de Munich,
13:56ce qui est assez frappant,
13:58c'est de voir la surprise
14:00des pays européens
14:02par rapport aux différents discours
14:04qui ont été faits par les représentants
14:06américains, notamment J.D. Vance.
14:08Donc,
14:10il y a eu Pete Hexhead avant,
14:12à la réunion
14:14de Manch Rammstein,
14:16qui a suscité le même émoi parmi
14:18les Européens. Alors, ce qui est surprenant là-dedans,
14:20c'est que
14:22on sait que Trump est candidat
14:24à la présidence, maintenant en tout cas depuis
14:26une année, il a été élu
14:28au mois de novembre, ça fait donc deux, trois mois
14:30maintenant, peu plus de trois mois,
14:32et malgré tout cela,
14:34les Européens ne sont
14:36jamais adaptés ou n'ont
14:38jamais préparé un plan
14:40de bataille, si vous voulez, à la fois
14:42politique ou diplomatique.
14:44Oui, parce que Trump avait tout dit.
14:46Donc, on savait déjà tout.
14:48Et puis, ça fait une année qu'on sait
14:50exactement la position de Trump.
14:52Et, à part peut-être quelques virgules
14:54qui ont changé de ci de là,
14:56en gros, il a exactement la même position.
14:58Or, l'Europe ne s'est absolument pas préparée
15:00pour cette situation. Et des
15:02différentes propositions ou déclarations
15:04qui ont été faites à la conférence de Munich,
15:06on s'aperçoit que l'Union européenne
15:08n'a pas été en mesure d'apporter
15:10je dirais un plan B, en quelque sorte,
15:12ou des alternatives
15:14à ce qui a été dit.
15:16Et c'est d'ailleurs ce qui a motivé
15:18cette réunion dans
15:20l'urgence, avec frénésie
15:22d'ailleurs, d'Emmanuel Macron,
15:24avec seulement une partie de l'Union européenne
15:26et on voit que, d'ailleurs,
15:28et pas seulement l'Union européenne puisqu'il y avait les Britanniques,
15:30où il a choisi en réalité
15:32les plus bellicistes
15:34de tout le camp, donc ceux qui...
15:36Il n'a même pas tenu compte de ceux
15:38qui pourraient éventuellement s'opposer à ça.
15:40Il y a des propositions qui ont été faites
15:42dont on savait. Les Américains,
15:44depuis, d'ailleurs même sous
15:46Biden, les Américains ont déclaré qu'ils
15:48ne veulent pas mettre de troupes
15:50en Ukraine. Et que par conséquent
15:52toutes les initiatives, et c'est déjà
15:54l'année passée lorsque
15:56Emmanuel Macron
15:58avait évoqué la possibilité d'envoyer des troupes,
16:00c'était en février, il y a une année,
16:02il avait proposé d'envoyer des troupes
16:04en Ukraine. Les Américains avaient dit
16:06si vous y allez, c'est à vos risques et périls, parce que nous
16:08n'interviendrons pas. L'article 5
16:10ne s'applique pas.
16:12Et aujourd'hui, on a
16:14Emmanuel Macron qui revient exactement
16:16avec la même préposition, qui revient
16:18exactement avec le même plan.
16:20Alors peut-être un peu plus de soldats,
16:22un peu moins, peut-être c'est les Britanniques au lieu
16:24d'être les Allemands, etc. Mais toujours
16:26est-il que c'est le même plan. Et les Américains
16:28disent exactement la même chose.
16:30Pete Hexhausse a dit exactement la même chose.
16:32Vous pouvez faire ce que vous voulez,
16:34mais nous, on n'intervient pas.
16:36Pour nous, ce n'est pas un cas d'article 5.
16:38Et à la réunion de Paris,
16:40d'ailleurs,
16:42Scholz est ressorti furieux,
16:44parce que les Allemands ont dit qu'ils ne voulaient pas
16:46mettre de troupes en Ukraine.
16:48En tout cas, pas
16:50officiellement, parce qu'évidemment,
16:52il y a les Annalena Baerbock,
16:54qui sont un peu
16:56plus
16:58à la fois hystériques et différentes,
17:00mais en gros,
17:02on voit bien que
17:04l'Union européenne
17:06est dans un sort de combat
17:08d'arrière-garde, avec
17:10Emmanuel Macron qui essaie de se profiler
17:12dans cette affaire, alors que finalement,
17:14il essaie de mener
17:16un combat qui est perdu d'avance,
17:18parce que les Américains ne veulent pas
17:20d'une solution comme ça.
17:22Et ce qui est aussi étonnant dans cette affaire,
17:24c'est que les Européens,
17:26et ça on l'a déjà dit à plusieurs reprises
17:28sur votre chaîne également,
17:30que les Européens n'ont jamais
17:32dit ce qu'ils voulaient atteindre
17:34en soutenant l'Ukraine.
17:36Oui, on parle de la victoire de l'Ukraine,
17:38mais tout le monde voit bien que
17:40cette idée de victoire de l'Ukraine,
17:42c'est une vision de l'esprit.
17:44On ne sait pas comment elle se matérialiserait.
17:46Qu'est-ce qui définit la notion de victoire ?
17:48Qu'est-ce qui nous ferait
17:50penser que la Russie
17:52est défaite, par exemple ?
17:54Quelle est la définition de la défaite pour la Russie ?
17:56Ce n'est même pas ça.
17:58On est sur une politique déclaratoire,
18:00sur des narratifs,
18:02et on a l'impression,
18:04mais c'est aussi très macronien dans certains sens,
18:06on se gargarise
18:08du narratif qu'on a,
18:10mais il n'y a aucun plan concret
18:12qui ressort de ça.
18:14Les Américains sont agacés de ça.
18:16Justement, Jacques Beau,
18:18vous le décrivez,
18:20effectivement,
18:22on peut se demander, d'ailleurs,
18:24comment il se fait
18:26que les Européens,
18:28sachant depuis un an
18:30les intentions de Trump,
18:32et évidemment, le 20 novembre,
18:34dès le 20 novembre, ils auraient pu
18:36essayer de concocter,
18:38que vous dites, une contre-proposition,
18:40ou au moins une proposition.
18:42Mais ce qui est quand même pire,
18:44et d'ailleurs, vous avez vu que
18:46Trump va jusqu'à dire,
18:48et excède son secrétaire d'État à la Défense,
18:50son ministre de la Défense, et Rubio,
18:52il dit, écoutez, la reconstruction de l'Ukraine,
18:54c'est vous qui la payerez.
18:56Et quand il parle d'Azelenski,
18:58il dit, attention, moi je veux,
19:00j'ai donné 100 milliards et plus,
19:02et je voudrais vos terres rares,
19:04sauf que les terres rares sont en Donbass,
19:06le fameux minerai de sous-sol.
19:08Mais je voudrais revenir à cela.
19:10Est-ce que ça marque aussi,
19:12au commencement de la fin, en tout cas de la guerre,
19:14est-ce que ça ne marque pas, quand même aussi,
19:16une espèce de,
19:18je ne dirais pas d'effondrement,
19:20mais qu'est-ce que c'est que cette Union européenne ?
19:22Quel rôle elle joue,
19:24et quel rôle elle peut jouer ? Parce que là,
19:26on sent de façon, je dirais presque physique,
19:28une certaine impuissance,
19:30sinon une impuissance certaine.
19:32– C'est-à-dire,
19:34depuis le début du conflit,
19:36et pas seulement celui-ci d'ailleurs,
19:38parce qu'on voit dans d'autres conflits,
19:40même d'ailleurs le conflit avec la Chine,
19:42ou le conflit en Palestine,
19:44par exemple,
19:46la diplomatie européenne est totalement absente.
19:48Elle est totalement absente.
19:50Elle était absente avec Joseph Borrell,
19:52avec Kayakala, c'est encore pire,
19:54parce que Borrell était moins sot qu'elle,
19:58disons,
20:00il faut dire les choses telles qu'elles sont.
20:02Et on a une diplomatie
20:04qui est aux abonnés absents.
20:06C'est-à-dire qu'il n'y a jamais eu l'idée même
20:08qu'à un moment donné,
20:10parce qu'on sait que,
20:12quelle que soit la situation,
20:14quelles que soient les inimitiés
20:16ou amitiés qu'on puisse avoir
20:18pour l'un et l'autre des parties au conflit.
20:20On doit bien se rendre compte
20:22qu'à un moment donné,
20:24ce conflit devra se terminer.
20:26Et qu'à un moment donné,
20:28il faudra, d'une manière ou d'une autre,
20:30renouer une forme de dialogue.
20:32Ne serait-ce que pour discuter
20:34les conditions de la défaite de la Russie,
20:36par exemple.
20:38– Oui, on ne discute pas qu'avec ses alliés, bien sûr.
20:40– Bien entendu, la diplomatie,
20:42elle est précisément là
20:44pour arrondir les angles
20:46et pour discuter
20:48avec vos adversaires.
20:50C'est précisément
20:52pour essayer de ramener
20:54sur des terrains communs.
20:56– Alors quid de l'Europe, franchement ?
20:58Ou quid de cette Union européenne aujourd'hui ?
21:00Parce que là, elle vient de donner
21:02une manifestation éclatante
21:04du fait qu'elle est hors-jeu.
21:06Alors pour le moment, je ne dis pas
21:08qu'aucune situation n'est définitive,
21:10mais c'est quand même assez préoccupant, non ?
21:14On est en train d'enfoncer
21:16des portes ouvertes, on l'a répété
21:1850 fois, les sanctions
21:20qui ont été prises par l'Union européenne.
21:22Et je rappelle qu'au tout début,
21:24les sanctions, on a commencé
21:26à aborder la question des sanctions
21:28en 2021, alors qu'il y avait
21:30cette montée en puissance de part et d'autre,
21:32et il y avait déjà
21:34le narratif que la Russie
21:36voulait attaquer l'Ukraine,
21:38et donc
21:40on a déjà échafaudé
21:42un certain nombre d'options
21:44pour des sanctions. Et à ce moment-là,
21:46les Américains étaient venus
21:48pour dire aux Européens, parce que les Européens
21:50voulaient sanctionner les produits pétroliers,
21:52etc., ce sont les Américains qui ont dit
21:54non, ne sanctionnez pas les produits pétroliers,
21:56vous allez vous tirer une balle dans le pied.
21:58Et les Américains
22:00ont freiné au début, après
22:02ils ont dit, après, allez-y,
22:04c'est un peu votre affaire,
22:06ils ont laissé faire ça, mais au début,
22:08les Américains étaient contre.
22:10Et la même chose pour SWIFT,
22:12SWIFT, c'est les Américains
22:14— Le gel des avants russes,
22:16le gel des avants russes, oui. — Le gel des avants russes,
22:18c'est autre chose, ça c'est un autre...
22:20— Ah oui, vous parlez de SWIFT, des transactions, oui.
22:22— Je parle des transactions.
22:24— Oui, transactions, oui, d'accord.
22:26— De gestion des transactions avec la bancaire.
22:28Et par conséquent, les Américains
22:30étaient beaucoup plus prudents que les Européens,
22:32par conséquent, on voit que les Européens
22:34se sont laissés emporter
22:36par une rhétorique
22:38à la fois belliciste
22:40mais aussi irréfléchie.
22:42On voit bien que ce qui a dominé
22:44la politique étrangère de l'UE
22:46ces trois dernières années,
22:48on pourrait même dire ces quatre dernières années,
22:50et je pourrais même l'étendre jusqu'à 2014,
22:52à vrai dire, c'est cette idée
22:54que la Russie
22:56est opposée à l'UE
22:58et que l'UE est donc opposée
23:00à la Russie. Je rappelle
23:02qu'en 2013,
23:04lorsqu'il y a eu les négociations
23:06entre l'Ukraine et l'UE,
23:08ce qui a d'ailleurs
23:10été un des éléments
23:12déclencheurs de Maïdan,
23:14ce sont les Européens qui ont refusé
23:16que l'Ukraine garde
23:18des liens avec la Russie.
23:20La Russie avait proposé
23:22que l'Ukraine puisse entrer
23:24dans l'UE,
23:26mais qu'ils voulaient conserver
23:28évidemment les liens qu'ils avaient
23:30historiquement et techniques aussi
23:32d'ailleurs avec l'Ukraine.
23:34Manuel José Barroso
23:36qui a dit non,
23:38ils ont dit à l'Ukraine,
23:40non, c'est pas...
23:42— Vous ne gardez aucun lien avec la Russie.
23:44— C'est soit vous coupez tout,
23:46soit vous n'êtes pas avec nous.
23:48Et les Russes n'ont jamais été
23:50opposés à l'entrée
23:52ou du rapprochement
23:54entre l'Ukraine... — Ils ne le sont toujours pas d'ailleurs.
23:56— Ils ne le sont toujours pas d'ailleurs.
23:58Ils l'ont encore dit hier.
24:00Ils ont dit si
24:02l'Ukraine veut se rapprocher de l'UE,
24:04c'est pas un problème. Le problème, c'était
24:06l'OTAN, mais ça n'est pas
24:08l'UE et ça ne l'a jamais été
24:10d'ailleurs.
24:12Donc l'UE,
24:14si vous voulez, n'a jamais réussi
24:16à sortir de son
24:18narratif et
24:20de l'influence, parce qu'il faut dire
24:22aussi, c'est pas pour rien d'ailleurs,
24:24que Kaya Kalas, qui est pratiquement
24:26représentante, qui était ancienne ministre
24:28d'un des plus petits pays de l'UE,
24:30l'Estonie, qui doit faire 1,5 million
24:32d'habitants à peu près,
24:34elle est aujourd'hui
24:36ministre des Affaires étrangères de l'UE.
24:38Donc on voit très bien qu'on a
24:40l'influence de ces pays qui sont
24:42fortement antirusses
24:44dans une politique étrangère
24:46qui normalement
24:48devrait être dominée déjà par ceux qui
24:50payent l'UE, parce qu'il y a
24:52des pays payeurs comme la France,
24:54l'Allemagne, l'Italie, qui sont
24:56les pays qui payent. Puis il y a des pays qui reçoivent
24:58l'argent. C'est pratiquement les pays de ce que
25:00Donald Rumsfeld appelait la nouvelle Europe,
25:02c'est-à-dire les pays de l'Est,
25:04notamment les pays baltes.
25:06Donc on a une incohérence ici,
25:08on voit bien que l'UE s'est
25:10engagée dans une
25:12politique étrangère qui
25:14cherche à écarter
25:16tout dialogue
25:18avec la Russie.
25:20Et aujourd'hui, la réalité
25:22vient au contact du narratif,
25:24et on voit qu'on est pris de court.
25:26La réalité enfonce le narratif,
25:28et on voit bien pourquoi votre fille est muette,
25:30comme disait Molière, et votre Europe
25:32est absente, comme on le constate
25:34aujourd'hui. Merci Jacques Beaux, on continuera
25:36d'en parler bientôt.
25:38Et lisez les livres de Jacques Beaux, encore une fois,
25:40aux éditions Max Milot.
25:42A bientôt.

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