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Alain Destexhe prend la parole alors que le recours de C8 a été rejeté par le Conseil d’État : «Il y aura des conséquences incalculables qu’on n’imagine pas».

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00:00Dans les deux cas, il s'agit de censure et dans le cas de C8, c'est une censure d'Etat et à ma connaissance, c'est la première fois dans un pays démocratique européen qu'une chaîne est interdite.
00:10Ça va avoir des conséquences incalculables qu'on n'imagine pas parce que G.D. Vance, la semaine dernière, il a pris comme exemple l'Allemagne et l'Angleterre,
00:17mais maintenant, il va pouvoir prendre la France. Et pourquoi est-ce que les États-Unis, dans le cadre de l'OTAN, viendraient encore soutenir et défendre l'Europe
00:25si on n'est plus d'accord sur une valeur aussi fondamentale que la liberté d'expression ? Donc cette affaire de C8 va avoir des répercussions dans le monde occidental,
00:33en tout cas pendant longtemps. Alors c'est une censure, mais la différence avec le cordon sanitaire belge, c'est que dans le cas de C8, c'est une censure d'État,
00:42alors que le cordon sanitaire, c'est une censure organisée par les médias et par les journalistes eux-mêmes. Ça consiste en quoi ?
00:49Ça consiste à ne pas donner la parole ou à ne parler que négativement des partis considérés, entre guillemets, comme d'extrême droite.
00:58Mais en Belgique francophone, le champ de l'extrême droite, c'est extrêmement vaste. C'est parler d'immigration, parler de l'islam, contester le pacte vert européen,
01:08dire du bien de Donald Trump, avoir le moindre doute par rapport à l'avortement et même, à une époque, être en faveur de l'énergie nucléaire et faisait partie du cordon sanitaire.
01:19Donc c'est vraiment une façon, si vous voulez, d'étouffer tout débat public et de mettre un certain nombre de sujets carrément hors du champ de la discussion.
01:28Alors c'est d'autant plus grave en Belgique qu'il n'y a pas de pluralisme des médias, si vous voulez. En Belgique, ce sera un peu pour que les Français comprennent bien,
01:38comme s'il n'y avait pas Le Figaro, CNews, bien entendu, Valeurs Actuelles, le JDD, et qu'au niveau télévision, il n'y avait que deux télévisions, BFM TV et France 5, par exemple, que M. Bocoté...
01:51Mais personne ne s'élève contre ça en Belgique.
01:53Alors c'est ça qu'il y a d'extraordinaire, c'est que les journalistes sont les premiers à revendiquer le cordon sanitaire. Et c'est même l'association des journalistes qui l'organise.
02:02Et si vous me permettez de vous donner quelques exemples, ils édictent des manuels avec la façon dont on doit parler de ces sujets.
02:09Alors les mots « clandestin », « illégal », « étranger » sont à connotation péjorative et donc interdits. On ne peut pas parler non plus d'immigrés.
02:18On doit parler de personnes issues de l'immigration, mais pas d'immigrés.
02:23Dans le domaine des LGBTQIA+, parce que c'est comme ça qu'ils disent, là ils édictent un dictionnaire dans lequel vous avez des mots comme « asexuel », « agenre », « diadique », « pansexuel » et « ambiphobie ».
02:37Alors je ne sais pas si vous savez, Christine, ce qu'est l'ambiphobie.
02:41Je ne sais pas si j'ai envie de savoir.
02:45Oui, mais écoutez, il paraît que c'est très répandu dans la société.
02:48Donc c'est la haine ou l'intolérance envers les personnes non-binaires et, ajoute-t-il, c'est très répandu dans la société, on ne le savait pas.
02:55Il ne faut pas non plus confondre la bisexualité avec la pansexualité.
03:00On ne sait pas ce que c'est la pansexualité, mais on imagine que c'est une sexualité avec des objets ou des animaux, mais en tout cas c'est à ne pas confondre avec la bisexualité.
03:08Et puis il y a, toujours dans ce guide édité par l'association des journalistes, l'homonationalisme.
03:16L'homonationalisme, je vous cite la définition, c'est un instrument de soutien aux personnes LGBTQ dans une perspective raciste, xénophobe ou islamophobe.
03:26Ça c'est la Belgique.
03:27Alors je pourrais continuer, je ne vais pas vous assommer avec des exemples, mais Mathieu Bocoté fait souvent référence à Big Brother de George Orwell en 1984.
03:39Eh bien nous, en Belgique, on sait qui est Big Brother, il est journaliste éolien.
03:44Non mais pardon, ce que vous dites là, avec un certain calme, avec les journalistes...
03:48Pas si calme que ça, parce que ça me révolte.
03:50Non mais vous êtes en train de nous dire qu'on est un pays de grande liberté, qu'on va peut-être tendre vers ça ?
03:56Alors je ne crois pas que vous êtes un pays de grande liberté, la preuve par C8 aujourd'hui.
04:01Mais la différence quand même, c'est que la censure chez vous, elle est organisée par le pouvoir central ou en tout cas par les autorités,
04:08alors que chez nous, ce sont les journalistes qui la mettent en oeuvre avec enthousiasme.
04:13Et ce qu'il y a quand même de frappant, c'est qu'il n'y a aucun journaliste belge qui conteste ce cordon sanitaire.
04:19Par exemple, vous avez fait référence à la RTBF qui a diffusé, en différé, le discours inaugural de Donald Trump.
04:27Eh bien tout le monde a trouvé ça normal et il n'y a eu aucune contestation en Belgique par rapport à ce différé qui a fait rire le monde entier.
04:35Dernière question. Rire, mais ça n'a pas changé la réalité, c'est ça, c'est-à-dire qu'on rigole mais la réalité, elle ne change pas.
04:42Dernière question. La RTBF avait aussi créé la polémique, notamment à l'Indestex, dans la façon dont elle a traité l'attaque du Hamas le 7 octobre.
04:49Et ce qui fait penser aux services publics sur le même sujet, mais ce sont des chambres que l'on ne ferme jamais.
04:57Oui, alors le 7 octobre, la RTBF a invité un soi-disant universitaire déguisé en activiste ou l'inverse,
05:05qui est venu comme seul invité sur le plateau de la RTBF justifier les massacres par ce qu'il appelle le contexte.
05:11Un peu comme si le contexte de la seconde guerre mondiale faisait que Hitler finalement avait le droit de massacrer des juifs parce qu'il y avait un contexte de guerre.
05:19Eh bien c'est exactement ça qui s'est passé et le conseil de déontologie des journalistes a estimé qu'il n'avait rien à redire de ce point de vue.
05:28Vous savez, la RTBF, c'est un peu comme votre service public, mais c'est encore pire.
05:32Parce qu'elle existe depuis 1977 et depuis 1977, tous ses directeurs ont été des socialistes.
05:41Alors il y a peut-être un cordon sanitaire en Belgique, mais aussi, depuis sa naissance, un cordon ombilical entre la RTBF et le parti socialiste belge.
05:53Merci beaucoup Alain Destex pour votre regard.
05:55Merci à vous pour votre invitation.

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