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Lundi 17 février 2025, SMART TECH reçoit Laurent Ovion (Directeur Innovation, Groupe DLPK) , Pierre Chassigneux (PDG, b.connect) , Jonathan Elkaim (avocat en propriété intellectuelle, HIRO Avocats) et Françoise Cadol (comédienne, auteure et metteure en scène)

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00:00Bonjour à tous. L'annonce avait fait l'effet d'une bombe, comme une concrétisation finalement assez
00:13brutale du remplacement de l'homme par l'intelligence artificielle. C'est une plateforme spécialisée
00:18dans le clonage de voix par l'intelligence artificielle qui, il y a quelques semaines,
00:22avait annoncé que la voix du doubleur historique de Silverstein, Stallone,
00:26seraient recréées artificiellement pour le prochain film Armor. Il faut savoir qu'en France,
00:31le secteur du doublage, c'est 15 000 emplois, que près de 9 spectateurs sur 10 en France regardent
00:37les films et téléfilment en version française. Alors cette question, à la une aujourd'hui de
00:42Smartech, IA et doublage, les artistes sont-ils menacés ? Ce sera donc notre grand débat. On
00:47aura aussi rendez-vous avec l'actualité des cryptos, on parlera du retard pris par la France
00:51dans la mise en application du règlement MICA. Mais d'abord, trois questions sur
00:57l'authentification. Authentification sans mot de passe, c'est tout de suite dans Smartech.
01:01Je suis en compagnie de Pierre Chassigneux, bonjour. Vous êtes le PDG de la société
01:10Biconnect dont les actionnaires sont cinq grandes banques françaises que tout le monde connaît,
01:14BNP Paribas, le groupe BPCE, Crédit Agricole LCL, Crédit Mutuel et Société Générale. Vous êtes à
01:21l'origine d'une nouvelle solution d'authentification en ligne, ça s'appelle donc Biconnect. Je voulais
01:27déjà qu'on revienne sur la genèse du projet. Qu'est-ce qui a motivé la création d'une nouvelle
01:33solution d'authentification ? Parce qu'il en existe déjà, mais tellement, Pierre. Alors il en existe,
01:38mais la plupart d'entre nous, on utilise encore les logins mot de passe. Les mots de passe,
01:42c'est 50 milliards de mots de passe qui sont saisis chaque année en France. Et c'est un
01:46véritable cauchemar. Un cauchemar en termes d'expérience utilisateur, mais aussi en termes
01:50de sécurité. Puisqu'on le sait, on n'arrête pas d'être fiché, on n'arrête pas de chercher à
01:54nouveler nos mots de passe. Et derrière, ce sont des fraudes qui sont là, à la clé. Et donc pour
01:59nous, il était fondamental d'apporter une réponse, je dirais, de nature universelle à cette
02:05problématique de l'utilisation des mots de passe. Donc Biconnect, c'est une solution d'authentification
02:10mass market, universelle pour l'ensemble du secteur privé, pour laquelle on n'aura plus
02:16jamais à utiliser le moindre mot de passe. Moindre mot de passe dont aucun mot de passe
02:21est une bonne sécurité. Vous savez Pierre, j'ai souvent entendu cette promesse. Alors expliquez-nous
02:25comment ça va fonctionner, votre solution. Alors en fait, c'est très simple. On a déjà tous Biconnect
02:29dans la poche sans le savoir. C'est-à-dire ? En fait, vous savez, quand vous faites des achats sur
02:34internet, quand vous payez par carte, vous êtes authentifié par votre banque. L'idée de Biconnect,
02:38c'est ça. C'est réutiliser l'infrastructure que les banques ont déployée depuis cinq ou six ans
02:42dans le monde des paiements, la réutiliser pour sécuriser le check-in, c'est-à-dire les entrées
02:48en relation. Donc en fait, on a déjà tous Biconnect, mais à la différence de ce qu'on fait
02:53aujourd'hui pour les paiements, on a aussi un moteur d'intelligence artificielle qui fait que dans 80%
02:57des cas, il vous suffira de cliquer sur le bouton Biconnect pour accéder à votre service protégé
03:03sur internet sans avoir à saisir ni un login, ni un mot de passe. Ni me connecter sur mon
03:09application bancaire et saisir mon identifiant. Dans 80% des cas, vous n'aurez strictement rien
03:13d'autre à faire que de cliquer sur le bouton Biconnect. Qu'est-ce qu'elle repère cette
03:17intelligence artificielle qui lui permet de dire que c'est vraiment moi qui suis en train de
03:21m'authentifier ? Alors, trois cylindres sur ce moteur d'intelligence artificielle. Un premier
03:25cylindre, ce qu'on appelle l'enregistrement technique de votre device. Quand vous allez
03:29utiliser votre device, bien sûr avec votre consentement, on va enregistrer une signature
03:34numérique de votre device. Ça, c'est le premier cylindre. Deuxième cylindre, ça va être
03:38ce qu'on appelle un cookie d'authentification intelligent, ce qui va vous permettre d'être
03:42authentifié sans vous en rendre compte. Et troisième moteur, je dirais, cylindre de
03:48l'intelligence artificielle, c'est ce qu'on appelle le scoring transactionnel. Vos habitudes de
03:52connexion. Est-ce que vous avez l'habitude d'aller sur tel site ? Est-ce que vous avez l'habitude de
03:55vous connecter à telle ou telle heure ? Et bien ça, où est-ce que vous avez l'habitude de le faire
04:00depuis chez vous avec l'adresse IP ? Donc en fait, on va récupérer toutes ces informations. On va
04:05calculer un score de confiance et en fonction de ce niveau de confiance, à peu près dans 80% des
04:10cas, on vous ouvre la porte et dans les 20% restants, on passe la main à l'application
04:15d'authentification bancaire qui, de manière tellement tout à fait transparente, va vous
04:19authentifier via un Face ID ou un Touch ID comme on le fait aujourd'hui. Mais quand on a les cinq
04:27grandes banques françaises comme ça dans son portefeuille d'actionnaires, j'imagine que ça
04:32impose une exigence de sécurité quand même maximale. Est-ce qu'aujourd'hui, on peut vraiment
04:38faire confiance à l'IA pour reconnaître qui on est ? Oui, on peut faire confiance à l'IA et c'est
04:44peut-être un peu contre-intuitif, ce que je vais dire, mais on a remarqué que quand on fait
04:49confiance uniquement à l'intelligence artificielle, bien sûr, une intelligence artificielle qui est,
04:54je dirais, totalement maîtrisée à partir de ce moment-là. Enfin, entièrement dédiée en fait.
05:00C'est pas de l'intelligence artificielle générative, non, c'est des réseaux de neurones, etc. C'est du
05:06machine learning. Quand on est effectivement sur ces technologies, eh bien, on a des résultats
05:11supérieurs alors que quand on est avec une action humaine. Pourquoi ? Parce qu'en fait, le maillon
05:18faible, c'est toujours nous. Et on le voit bien dans toutes les actions de phishing, c'est le
05:22social engineering. À partir du moment où on est face à une machine, eh bien, la machine, on ne peut
05:28pas, entre guillemets, la contourner. Et donc, on a des résultats, et ça c'est factuel, de sécurité
05:33plus fort quand on est avec un moteur d'intelligence artificielle plutôt qu'avec une action d'un
05:38utilisateur. Et puis, c'est une technologie 100% française ? C'est une technologie 100% française.
05:44Les algorithmes, vous les avez développés ? Les algorithmes, ils sont développés par nous. On
05:48est hébergé sur un cloud de confiance. Ça, c'est aussi un point très important. Vous avez entendu
05:52Thales, qui a lancé il y a trois ans maintenant, avec Google, la société Sense, qui sera le premier
05:59cloud de confiance, qui sera certifié par la NSSI. On est hébergé dans cette plateforme.
06:04D'accord, lancement prévu ?
06:05Lancement prévu l'été prochain, avec 42 millions de personnes qui pourront dès l'été prochain
06:12bénéficier du service Biconnect.
06:13Merci Pierre Chassigneux. Je rappelle que vous êtes donc le PDG de cette société Biconnect.
06:18Et puis, on verra ça cet été alors ensemble.
06:21Merci.
06:26Intelligence artificielle et doublage. Est-ce qu'on est face aujourd'hui à une profession menacée ?
06:31Y a-t-il urgence à protéger les artistes ? On en parle tout de suite avec Françoise Cadol.
06:35Bonjour. Comédienne, auteure, metteur en scène. On a vu récemment au théâtre La Femme qui ne vieillissait
06:41pas. Adaptation que vous avez faite du roman de Grégoire Delacour, et mise en scène par Tristan
06:47Petitgérard. Vous prêtez votre voix à de nombreuses comédiennes, dont Angelina Jolie, Sandra Beloc,
06:54Patricia Arquette. Que des noms que j'adore. Mais également, votre voix, on l'entend aussi dans des
07:00documentaires, dans des livres audios. A côté de vous, Jonathan El-Khaim. Bonjour.
07:05Bonjour.
07:05Vous êtes avocat en propriété intellectuelle au sein du cabinet Iroh Avocat. Vous êtes un passionné
07:11du secteur du doublage, si j'ai bien compris. Très présent sur ces sujets d'intelligence artificielle,
07:17en tout cas de développement dans le secteur artistique. Vous avez déjà montré votre mobilisation.
07:22Donc on a deux experts qui peuvent nous éclairer sur la menace aujourd'hui de l'IA dans ce secteur.
07:29Je voulais d'abord vous faire commenter cette information qui, pour moi, a fait l'effet d'une bombe.
07:34C'était comme cette matérialisation très brutale de l'IA peut remplacer aujourd'hui des humains dans des
07:42professions. Et donc c'est cette annonce d'Eleven Labs, plateforme spécialisée dans le clonage de
07:47voix par IA, qui avait dit que la voix du doubleur historique de Sylvester Stallone serait recrée
07:54artificiellement pour être utilisée dans le prochain film Armour. La fille du doubleur avait
08:00soi-disant donné son accord. Finalement, elle nous dit que c'était uniquement pour l'essai,
08:04pour un essai. Je voulais avoir votre réaction, vous, au moment où vous avez entendu parler de
08:07cette affaire.
08:09Je suis tout de suite allée voir ce que ça donnait. J'ai écouté la bande-annonce, j'ai regardé la bande-annonce.
08:16C'est le comédien qui s'appelle Alain Dorval, dont on a pris la voix. Alain est décédé l'année dernière.
08:22C'est médiocre, c'est absolument médiocre. Et je tiens aussi à dire que le film avait été doublé par un comédien vivant.
08:35Par un comédien vivant, c'est un peu un pléonase.
08:38Dont c'était la profession.
08:39Voilà, et donc il y a déjà doublé Sylvester Stallone, qui est Michel Vignier, qui est formidable.
08:44J'ai juste vu cet essai de bande-annonce. J'avais entendu dire aussi que le film était doublé par une IA,
08:52mais pas du tout. Il y a juste eu un essai sur la bande-annonce.
08:56Ou un rétro-pédalage, on ne sait pas exactement.
08:59Justement, votre réaction, vous en tant qu'avocat très sensibilisé sur ces sujets.
09:04Est-ce que vous vous êtes dit, ça y est là, on y est ?
09:07Alors oui, je pense qu'on se l'est dit tous à un moment, on y est effectivement.
09:11Mais ça démontre aussi les limites, malheureusement, de notre droit aujourd'hui.
09:14Puisqu'on sait que la voix des personnes décédées n'est pas soumise à une autorisation express.
09:19Puisque le principe est très clair, c'est que de votre vivant, vous avez des droits personnels,
09:23comme un droit à l'image, comme un droit à la voix.
09:25À partir du moment où vous décédez, malheureusement, vous n'en avez plus.
09:28Et la famille ne peut rien faire.
09:30Alors justement, c'est ça toute la particularité.
09:32C'est que la jurisprudence nous dit qu'effectivement, les ayants droit peuvent,
09:35ou les ayants cause, c'est-à-dire les héritiers directs,
09:38peuvent effectivement agir lorsqu'il y a une atteinte à la mémoire de la personne défeinte.
09:42Mais cette atteinte est appréciée de manière extrêmement restrictive.
09:45Donc ce qui fait qu'en réalité, on permet généralement un usage un petit peu libre
09:52de la voix ou de l'image d'une personne décédée.
09:54Mais pour les besoins quand même, on demande l'autorisation de ses ayants droit.
09:58Et on s'aperçoit également des limites que cela peut générer,
10:01puisqu'à Ancroix, en tous les cas, ce que disaient Aurore Bergé et sa mère,
10:04il s'agissait d'un essai, et uniquement d'un essai,
10:08pour voir effectivement, pour rendre, entre guillemets, justice à tous les fans de M. Alain d'Orval,
10:13et leur montrer effectivement que, dans le cadre d'une éternité artistique,
10:19nous pourrions un petit peu essayer de recréer cette magie.
10:22Mais on voit bien, et Françoise l'a très bien rappelé,
10:24qu'artistiquement, on n'y est absolument pas.
10:26Oui, ce n'est pas tellement un bel hommage finalement.
10:28Pas du tout.
10:29Donc ça, cette limite technologique que vous constatez,
10:33ça vous rassure, ou pas totalement ?
10:37On reste vigilants, voilà.
10:40Je sais que ça va aller très vite, ça va très vite.
10:44Les mouvements des lèvres, tout ça, ça va le faire.
10:49Et ça le fait déjà.
10:52Maintenant, l'émotion, ce petit supplément d'âme qu'il y a.
10:56Nous, on travaille, si vous voulez, quand on double un comédien à l'image,
11:00fatalement, c'est avec notre sensibilité, notre mémoire, notre expérience, il y a une empathie.
11:05Vous voyez, il y a un fruston, il y a tout ça.
11:08Justement, on parle souvent de la qualité du doublage français.
11:12Qu'est-ce qu'il a de particulier ? Qu'est-ce qu'il apporte de plus ?
11:16La qualité.
11:17La qualité est là.
11:18Il y a toujours cette recherche de la qualité.
11:20Vous savez, il y a vraiment une équipe énorme.
11:22On parle des comédiens qui doublent, et c'est toute une équipe qui est là.
11:25Vous avez le directeur artistique, vous avez l'ingénieur du son, que je remercie mille fois.
11:30Vous avez l'adaptateur, qui a fait cette traduction du texte original vers l'adaptation française.
11:37Vous avez les studios, tout ça compte.
11:39C'est toute une chaîne de personnes vivantes qui est là pour faire le doublage.
11:45Donc il y a une qualité, on prend le temps d'eux.
11:49Je pense que le maître mot est justement la qualité et le frisson, le supplément d'âme qu'on peut donner à ce métier.
11:58La sensibilité.
11:59Quel impact ça pourrait avoir demain ?
12:02Parce qu'il y a quand même une mobilisation aujourd'hui des artistes autour de cette question.
12:07Est-ce qu'il y a un impact conséquent sur la profession, sur le secteur ?
12:13Françoise ?
12:14Quel impact ?
12:14Oui.
12:15Moi, je ne sais pas, comme vous voulez.
12:16Les deux.
12:18L'impact, ça peut être au niveau des auteurs-adaptateurs, ça touche tout le monde.
12:23Donc l'impact, c'est que ça pourrait, je dis bien, mettre plein de personnes de côté.
12:30Et c'est pour ça qu'on est là avec toutes les associations, les syndicats, l'ADAMI, les voix.fr.
12:38On est accompagnés par des avocats, on fait des tables rondes.
12:42Tout le monde est là, tout le monde est très présent pour justement regarder en face.
12:47Comment faire pour ?
12:48Et puis je crois que notre ministre de la Culture a dit qu'elle nous accompagnait.
12:54Et donc voilà, on attend les actes maintenant.
12:57Est-ce que je parlais de 15 000 emplois qui seraient menacés ?
13:01Ça va au-delà, si j'entends ce que vous me dites, sur finalement l'ensemble de l'accompagnement.
13:06Bien sûr.
13:06C'est une séance de doublage.
13:07Mais vous savez, ça touche le doublage, mais ça touche tous les métiers de l'audiovisuel, de l'écriture, les journalistes.
13:16On dépasse, ce sont des dizaines de milliers de personnes que ça touche.
13:19Et alors, qu'est-ce qui nous manque aujourd'hui ?
13:22Vous avez commencé à évoquer les limites, par exemple, pour les voix d'une personne décédée.
13:28Qu'est-ce qui nous manque aujourd'hui dans l'arsenal législatif pour protéger les artistes ?
13:32Alors je pense que déjà on a un arsenal législatif qui est assez bien fourni.
13:36D'une part, on a d'un côté l'interprétation de ces comédiens qui est protégée au titre des droits voisins du droit d'auteur.
13:42Et de l'autre côté, on a la vie privée qui encadre strictement le droit à la voix ou le droit à l'image.
13:47C'est un droit personnel.
13:49Donc vous avez le RGPD qui est aussi présent et qui aujourd'hui constitue le fer de lance.
13:54Vraiment de la défense de la voix en tant que telle, stricto sensu.
13:57En tant que données personnelles ?
13:58Exactement, c'est une donnée personnelle biométrique, donc dite sensible aussi, qui est soumise à un régime très particulier.
14:04Je ne peux pas utiliser votre voix, ni celle de Françoise, pour mon bon plaisir.
14:08Il faut une autorisation expresse.
14:10Il faut que je vous informe effectivement de l'intérêt légitime que je vais avoir à l'exploiter, pour quelles finalités.
14:16Et si vous n'êtes pas d'accord pour les finalités que je vous expose, vous pouvez largement vous y opposer.
14:21Et je crois qu'aujourd'hui, le RGPD est devenu un petit peu la défense vraiment par excellence.
14:27Et à tel point d'ailleurs que le Conseil supérieur de la propriété littéraire artistique s'est emparé aussi de ce sujet.
14:33Puisque notre ministre de la Culture l'a dépêché fin d'année pour nous rédiger un rapport sur l'impact de l'intelligence artificielle au sein effectivement du milieu artistique.
14:44Mais également plus loin, puisque ça concerne effectivement les comédiens aujourd'hui.
14:47Mais demain, ça nous concernera tous, vous comme moi.
14:50Et effectivement, l'un des premiers points sur lesquels ce Conseil s'est attardé, c'est également sur la défense de ces données personnelles et justement le respect de ce RGPD.
15:00Et la CNIL, donc la Commission Nationale Informatique et Liberté, suit également ce mouvement puisqu'elle a rendu là très récemment, début février, le 7 février je crois,
15:08deux recommandations très utiles sur l'exploitation des intelligences artificielles génératives en indiquant effectivement qu'aujourd'hui, lorsque vous allez...
15:17Sur la collecte de données ?
15:18Exactement, la collecte, la transmission de ces données, savoir exactement où elles vont.
15:21Mais là, on ne vous les mettra plus dans des conditions générales d'utilisation.
15:24Vous savez, ces espèces de gros pavés que vous lisez vraiment à la va-vite pour justement accéder aux services.
15:30Que l'on valide.
15:30Et que vous validez justement rapidement.
15:32Là ici, vous devrez normalement avoir un courriel, un message vocal, voire un formulaire qui vous expliquera effectivement l'intégralité des données qui pourraient être collectées à des fins d'entraînement.
15:44Donc c'est aussi ça qui est important.
15:45De l'autre côté, on a quand même un principe.
15:47C'est qu'aujourd'hui en droit, depuis 2019, la fouille de données pour entraîner une IA générative est un principe.
15:53Principe que l'on peut considérer à tort ou à raison comme étant légitime, voilà.
15:57Mais il y a une exception, c'est qu'il y a aujourd'hui un droit d'opt-out.
16:01Ce droit d'opt-out vous permet de refuser aujourd'hui que votre contenu soit exploité.
16:06Le vrai problème, et c'est ce qu'on nous dit dans le code de la propriété intellectuelle, c'est que ce droit d'opt-out, en fait, il doit être aisément compréhensible et lisible.
16:14Ce qui n'est pas toujours le cas.
16:15Moi, je m'interroge aujourd'hui en pratique, comme beaucoup de juristes, sur la possibilité pour une IA aujourd'hui de se dire « Ah non, ce contenu, je n'y touche pas. »
16:21Tandis que celui-là, je peux.
16:23Donc aujourd'hui, la vraie problématique, c'est surtout d'encadrer ce droit d'opt-out.
16:27Et puis, si je veux faire rebondir François, sur les contrats, on pourrait exiger que la voie ne soit pas réutilisée de manière artificielle, à des fins numériques et tout ça.
16:39Sauf que quel est le rapport de force aujourd'hui quand vous signez des contrats ?
16:43Sachez qu'il y a des studios qui, dans leurs contrats, c'est bien spécifié que notre voie ne sera pas utilisée pour autre chose.
16:54Donc il faudrait vraiment un modèle de contrat.
16:58Il n'y a pas de pression, à l'inverse, de studios qui vous demandent, par défaut, d'accepter cette utilisation ?
17:03Je ne vais parler que pour moi, on ne m'a jamais proposé ça.
17:06D'accord, on n'en est pas encore là.
17:08Je sais que ça a été proposé par certaines boîtes à certains comédiens, mais en ce qui me concerne, ça n'a jamais été le cas.
17:16Et qu'est-ce que vous demandez, précisément ? Quelles sont vos revendications ?
17:21Je pense qu'il faut légiférer.
17:25Je pense que l'IA est un outil formidable, magnifique, qui permet plein de choses dans plein de domaines.
17:33Et je pense qu'il faut en faire un partenaire plutôt que de lutter contre.
17:37Mais pour ça, il faut légiférer, il faut que, par exemple, quand quelque chose a été fait par une IA ou par un humain, que ce soit dit.
17:44Que les gens sachent, quand ils entendent ou quand ils voient quelque chose, ça c'est généré par une IA.
17:50Ça, c'est généré par un humain.
17:52Vous savez, juste un petit souvenir que j'ai.
17:55Le premier jour où je suis rentrée dans un studio de doublage, j'étais sur le pas du studio et j'ai entendu la voix de la mère de ma sorcière bien-aimée.
18:04Or, cette série, je l'écoutais toute petite avant d'aller me coucher.
18:09Et quand je suis rentrée, je me disais « Oh ! Elle est où ? Je l'aime ! »
18:13Maintenant, on me dirait « Non, mais cette personne n'est pas vivante. Ça change tout. Je ne peux pas aller boire un café avec elle. »
18:22Vous voyez ce que je veux dire ? Il y a tout un lien. Il y a quelque chose d'intime.
18:26Et la voix réelle est intime.
18:29On voit bien qu'il y a tellement de gens qui nous accompagnent, qui nous aiment, qui nous demandent, avec lesquels on parle.
18:35Il y a un vrai besoin. Cette intimité-là ne peut pas être remplacée. Cette complicité, pardon.
18:42Il y aura sans doute des secteurs, on citait par exemple la publicité, où là, ça peut s'accélérer, peut-être poser moins de problèmes.
18:52Mais ça fait quand même un impact économique important.
18:56D'un autre côté, je voulais aussi vous faire réagir.
18:58Parce que je ne sais pas si vous défendez aussi des studios ou si vous travaillez des deux côtés, du côté des artistes et du côté des maisons de production.
19:06Mais elles affichent aussi des problématiques de coût. Et l'IA fait faire des économies, visiblement.
19:13Alors, pour répondre à votre question, effectivement, lorsqu'on a le plaisir de travailler aussi avec, par exemple, des boîtes qui travaillent dans la publicité ou des sociétés de production,
19:22je crois que le problème est pris très au sérieux, au contraire.
19:24C'est pour ça aussi que je voudrais profiter de cette antenne pour alerter aussi peut-être les téléspectateurs sur le fait que les acteurs de ce métier,
19:30avec un grand A, sont très sensibilisés aussi, en tout cas pour partie ceux que j'ai eu le plaisir de fréquenter, sur le sort du clonage des voix.
19:38Et notamment aussi de conserver une certaine identité vocale et une authenticité dans les publicités.
19:45Et nous avons eu aussi le plaisir de pouvoir consulter certaines autorisations, certains projets, puisque des sociétés viennent nous voir en disant
19:52« Écoutez, voilà, on serait intéressé par la voix d'un tel ou un tel. Nous avons aujourd'hui un projet d'autorisation.
19:57Qu'est-ce que vous en pensez ? Quelles seraient les limites ? Qu'est-ce que nous pourrions faire aujourd'hui ? »
20:01Voilà, pour donner de la confiance aussi. Parce qu'aujourd'hui, il y a une vérité d'évidence, c'est que, et je parle peut-être aussi pour ça, Françoise,
20:07mais aujourd'hui, quand vous avez besoin pour une publicité, de refaire ne serait-ce qu'un enregistrement pour changer un prix, une virgule ou quelque chose.
20:15Bon, un comédien n'est pas toujours disponible, ils ne sont toujours pas à mon épargnement.
20:19C'est quand même peut-être un peu plus facile de le payer, évidemment, et en lui disant « Voilà, je t'enregistre là et je réutilise ta voix,
20:26je la clone, effectivement, pour pouvoir refaire simplement cette boucle-là, d'accord, et uniquement cette boucle-là, il n'y aura plus d'exploitation ensuite,
20:33plutôt que de le refaire revenir, de perdre du temps, et effectivement, dans ce cas-là, d'accroître un petit peu les difficultés.
20:38Là, dans ce cas précis, l'intelligence artificielle peut trouver toute son utilité.
20:42La vraie difficulté qu'on a, par contre, c'est qu'aujourd'hui, on n'a pas de sécurisation très claire sur la conservation et l'hébergement des données.
20:49Et l'Even Labs, aujourd'hui, par exemple, qui est un petit peu l'ennemi numéro un à la suite de l'affaire Dorval, si vous voulez, elle est utilisée par beaucoup de sociétés,
20:58qui, en toute confiance, commencent à parler avec elle, et effectivement, lorsqu'on entend ce nom, en tant que juriste, on met un peu le frein en disant « Écoutez, non, puisqu'il n'y a pas de garantie ».
21:06Et c'est pour ça que c'est une transition aussi toute trouvée, c'est que la Commission européenne, là récemment, a fait un appel d'offres pour créer une espèce d'énorme registre,
21:15qui doit normalement se terminer fin février, pour permettre, justement, de garantir le fameux opt-out dont je vous parlais tout à l'heure, et de lister, effectivement, celui-ci,
21:22afin de garantir que les personnes qui ont consenti ou non à ce que leur voie puisse être réexploitée, par exemple, soient dans ce fameux registre.
21:30Donc ça peut être important, si vous voulez, d'ailleurs, d'apporter une espèce de garantie européenne, en tous les cas, sur l'usage qu'on pourra faire et le respect du RGPD qui sera ensuite accordé.
21:41Donc on a toutes les lois nécessaires aujourd'hui pour encadrer ces usages, mais le diable se cache dans les détails, il va falloir quand même mieux préciser les choses.
21:50Vous le disiez d'ailleurs, Françoise, l'IA, c'est un outil formidable, on n'est pas contre par principe, il faut aussi travailler avec,
21:59parce que comment la profession peut s'emparer aussi de cette question, peut-être, qui va se poser, de cet outil, pour elle-même ?
22:10Il y a beaucoup de travail qui est fait par rapport à ça, comme je vous le disais, il y a des tables rondes, il y a des AG, tout le monde en parle.
22:19Il faut de la transparence et légiférer, voilà, et ça se fait à plusieurs, mais il faut vraiment, enfin je ne pense pas qu'il le faut,
22:28mais que l'IA soit un partenaire et même nous aide, justement, à faire tout ça, à poser tout ça, à faire un cadre, pourquoi pas.
22:38Il y a des comédiens aujourd'hui qui prêtent leur voix pour entraîner des IA, comment vous regardez ça ?
22:47Pas de commentaire ?
22:48Non commentaire.
22:49Après, il y a une liberté contractuelle, je ne pense pas que ce soit à nous de juger cela, chacun fait comme il l'entend,
22:54l'important, ce qu'on voudrait, je pense, c'est surtout qu'il y ait une IA qui soit vraiment régulée et qui préserve ce magnifique travail qui est celui du doublage,
23:01je pense que c'est vraiment ça le plus important.
23:03Donc il y a une mobilisation, touche pas à ma VF.
23:05Oui, tout à fait.
23:06Aujourd'hui, elle rassemble combien de personnes ?
23:08Vous avez l'impression qu'il y a vraiment...
23:10Écoutez, il y a énormément, énormément de personnes, dire là tout de suite ça ne fait que bouger, être évolutif,
23:17donc voilà, tout le monde est là en tout cas et tout le monde avec sa sensibilité, tout le monde regarde dans la même direction
23:23et c'est ça qui est vraiment très bien, il y a tout un groupe d'artistes qui est là.
23:30Merci beaucoup, bravo aussi pour votre mobilisation.
23:34Merci à Jonathan et Kaïm pour vos éclairages de héros avocats, je le rappelle, et Françoise Cadol, donc comédienne et doubleuse, on dit doubleuse ?
23:42Non, non, non, on dit comédien qui double, qui prête sa voix.
23:46Désolée.
23:47Je vous en prie.
23:48Merci encore à tous les deux à suivre dans l'émission, c'est le rendez-vous des cryptos.
23:52On va regarder justement ce qui se passe du côté des règlements.
24:01On termine cette édition avec Laurent Ouvillon, bonjour.
24:03Bonjour.
24:04Vous êtes, je le rappelle, le président de l'ADAN qui représente les acteurs du Web3 et puis le directeur innovation du groupe DLPK.
24:10Alors aujourd'hui, on va faire un coup de projecteur sur un règlement dont on a beaucoup parlé, le règlement MICA, Règlement Européen sur les Marchés de Cryptoactifs,
24:17parce que la France a pris un peu de retard.
24:20La France prend un peu de retard, alors c'est un petit peu embêtant parce que la France avait beaucoup d'avance depuis 2019 et la loi Pacte,
24:27avec la mise en place du régime SAN pour les acteurs, la France a vraiment mis en place et permis l'émergence d'un écosystème français sur les travaux autour des actifs numériques,
24:38que ce soit des plateformes d'échange, que ce soit des plateformes de détention, de custody, de Bitcoin et autres cryptomonnaies, de conseils, de mandats de gestion.
24:46On a vraiment un certain nombre d'acteurs.
24:48Il y a 120 SAN qui ont été enregistrés auprès de l'AMF en cinq ans.
24:52Donc on a vraiment cette émergence-là.
24:53Et puis, la loi Pacte a fortement contribué et inspiré la directive MICA qui est donc en application depuis le 30 décembre de l'année dernière.
25:03Et l'énorme intérêt de MICA pour les acteurs français, c'est qu'un agrément MICA en France qui correspond peu ou prou à l'agrément MSAN,
25:13donc on peut imaginer une certaine facilité d'accéder à cet agrément.
25:17Quand je dis facilité, c'est compte tenu des travaux qui sont faits avec les autorités de place depuis trois ans.
25:23Et surtout, cet agrément européen permet à un acteur qui est agréé dans un des pays de l'Union européenne de pouvoir opérer dans l'ensemble des pays européens.
25:31Donc c'est un formidable accélérateur de business, de croissance et de développement pour l'ensemble des acteurs.
25:36Or, nous sommes mi-février et nous n'avons toujours pas d'acteurs français qui aient été agréés.
25:41Ce n'est pas l'ordre du jour aujourd'hui à l'Assemblée nationale ?
25:43Alors, ce n'est pas forcément... Enfin, ça ne dépend pas pour le coup de l'Assemblée nationale.
25:48La transposition a été faite, mais on sent du côté notamment de l'AMF un petit peu d'atermoiement en se disant
25:57qu'on va quand même voir ce qui se passe du côté de l'ESMA, s'il n'y a pas une interprétation des textes qui soit un petit peu différente.
26:03Et en attendant, vous avez Malte, l'Allemagne et la Lettonie qui avancent, qui ont agréé des acteurs,
26:08donc des acteurs qui maintenant peuvent venir opérer sur le marché français et mettre en concurrence nos acteurs un peu historiques
26:15et qui, eux, sont contraints de continuer d'opérer sur le seul marché français.
26:19Et comment expliquer qu'après une transposition de directive, on en soit encore à se poser des questions ?
26:23Parce qu'il y a toujours une interprétation des textes, la notion de transposition.
26:26C'est le principe de la transposition ?
26:28Exactement. Je suis bien d'accord avec vous et c'est pour ça qu'on regrette sincèrement les travaux qui existent depuis 3 ans
26:36autour du statut PSAN avec les acteurs. Il y a énormément d'échanges entre les acteurs en France, avec l'ESMA,
26:42avec les députés européens et malgré tout, il y a une forme d'inertie.
26:49Alors je ne parlerai pas de non-volonté parce qu'il y a toujours un discours volontariste de la part des autorités de régulation et de contrôle,
26:58mais force est de constater qu'il y a quelque chose qui coince et c'est dommage.
27:01Vraiment, pour l'émergence du secteur d'activité, c'est quelque chose qui est un petit peu embêtant.
27:05Très concrètement, pour un acteur français PSAN, s'il veut aller sur un autre marché européen, que doit-il faire aujourd'hui ?
27:13Il doit s'installer dans le pays où il souhaite s'installer et puis attendre d'avoir l'autorisation de la part du pays de s'installer.
27:23Est-ce que ce n'est pas plus simple quand même du fait de Mika ?
27:25On peut se poser la question. Maintenant, les acteurs qui ont été agréés dans les différents péris, il faut faire attention dans le discours.
27:33Je ne suis pas en train de dire que l'Allemagne, la Lettonie ou le Mal sont plus laxistes et plus, on va dire, la gâchette un peu facile pour donner des agréments.
27:41Ce sont des acteurs qui existent dans ces pays-là depuis un certain nombre d'années, qui travaillent, mais j'ai envie de dire exactement comme ce qui se passe en France.
27:48On a des acteurs qui ont plus de dix ans, PEMIUM, Stakings Art, Con House, des acteurs plus récents mais qui ont aujourd'hui Pinon sur rue comme Alpha Cap,
27:58Going et deux blocs qui ont reçu l'agrément MSAN. Pour autant, on est toujours dans cette attente.
28:07Je ne pense pas que l'AMF dispose de moins de ressources, de moins de capacités d'interprétation et de transposition que ses voisins et confrères européens.
28:18On est un petit peu dans l'attente et je ne cache pas qu'il y a une petite forme d'agacement qui monte du côté des PSAN parce qu'à côté de Mika,
28:26il y a tout un tas d'autres réglementations européennes qui se mettent en place. Certains acteurs ont un peu l'impression de jouer le jeu depuis que le régime PSAN existe
28:35et de ne pas forcément récolter les fruits de ce travail qui a été opéré depuis trois ou cinq ans pour certains.
28:41Ils se sont pliés aux contraintes bien avant le règlement européen et aujourd'hui, ils n'en tirent pas les bénéfices.
28:46Aujourd'hui, ils n'en tirent pas les bénéfices.
28:47C'est bien entendu. Merci beaucoup, Laurent Envion, de nous avoir expliqué cela. Je rappelle que vous êtes le président de l'ADAN.
28:53Merci à tous de nous avoir suivis. C'était Smartech aujourd'hui. Beaucoup de débats très différents, comme on aime.
28:59Dans Smartech, on traite vraiment de tous les sujets, de tous les secteurs. A très bientôt.