Avec Frédéric Petit, Député MoDem des Français établis hors de France (Allemagne et Europe centrale)
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00:00— SUDRADIO, le grand matin-week-end, 7h-10h, Jean-Marie Bordry.
00:04— Il est 7h14 sur SUDRADIO, alors qu'une bonne partie de la France se rue au Salon de l'agriculture.
00:10Une autre grande partie de l'Europe se rue aux urnes. C'est l'Allemagne, élection extrêmement importante aujourd'hui,
00:16à fort enjeu et avec probablement un résultat historique. Bonjour Frédéric Petit. — Bonjour.
00:22— Soyez le bienvenu sur SUDRADIO. Vous êtes député modem des Français établis hors de France,
00:26et notamment de ces Français établis en Allemagne et dans le reste de l'Europe centrale. J'ai dit « élection historique »
00:34probablement par son résultat. Vous le confirmez ? — Oui, on risque d'avoir une poussée de l'extrême-droite historique,
00:44qui n'est pas qu'en Allemagne, qui est un peu partout. Voilà. On a des gens qui considèrent qu'ils vont pas vers des parlements,
00:54mais ils se contentent de hurlements, et donc qu'on flatte et qu'on construit pas. Et dans un pays aussi démocratique que l'Allemagne,
01:04avec des élections à la proportionnelle à un tour, c'est-à-dire où tout le monde arrive au Bundestag et a le droit de parler,
01:10eh bien ceux qui hurlent sont dans une période où la société est un peu perdue. Donc ils vont faire une poussée, mais ils vont pas gagner.
01:20Ce n'est pas possible. Il y a des résistances très fortes en Allemagne, pas uniquement comme chez nous dans la société,
01:25mais également dans les entreprises. — Alors la CDU, le parti conservateur allemand chrétien-démocrate, est donnée largement
01:31favorite, en tout cas pour conduire une coalition. Le deuxième parti devrait donc être l'AFD, l'alternative für Deutschland,
01:40alternative pour l'Allemagne, classée donc à l'extrême-droite. Vous le dites, c'est un peu comme dans toute l'Europe, sauf que...
01:46Pardon, mais c'est vrai que c'est une nouveauté en Allemagne. Un parti classé à l'extrême-droite avec un tel poids pendant longtemps,
01:52il y avait un microclimat germanique qui faisait que les parties à la droite de la droite ne pouvaient pas percer les 5 %, quoi.
01:59— Oui, oui, c'est nouveau. C'est lié à deux choses. D'abord la poussée de ceux qu'on voit dans les sociétés qui sont un peu perdus
02:08par ce monde, et donc des partis qui, au lieu d'expliquer à leurs concitoyens ce qu'il se passe, les flattent et se mettent
02:14sous leur pression. Et puis il y a quelque chose qui est assez particulier en Allemagne. L'Allemagne, je dis souvent, elle doit se réunir
02:20sur la réunification, c'est-à-dire que la réunification a été très rapide. Ça a été un choc. On pourrait comparer ça un peu à un coup de foudre, quoi.
02:29C'est-à-dire qu'on a tout joué en disant « il faut le faire vite » dans les années 90. Et après, il y a eu une espèce de difficulté à en parler.
02:40Et aujourd'hui, on a commencé à créer une opposition entre les nouveaux länders. Donc les nouveaux lenders, c'est l'ancienne Allemagne de l'Est
02:48et les anciens lenders. Alors que ce qui est en jeu, c'est pas ça ce qui est en jeu. Tout le monde reconnaît qu'il fallait le faire comme ça,
02:55que c'était très bien, comme quand on a un coup de foudre. Au bout de 20 ans, on se dit « bah si, c'était quand même pas mal ».
03:01Mais maintenant, il faut que les Allemands en parlent ensemble et comprennent que tout n'était pas aussi simple et qu'il faut qu'ils avancent
03:08pour faire l'histoire de cette réunification. L'AFD est très forte dans ces nouveaux lenders.
03:13– Oui, c'est ce qu'on voit sur les sondages, justement. Vous avez raison de le souligner.
03:15C'est que les Allemands ne votent pas pareil selon qu'ils sont dans l'ancienne Allemagne de l'Est ou alors dans l'ancienne Allemagne de l'Ouest.
03:21J'ai une question presque égoïste, mais elle est importante parce que vous êtes mieux placé que nous pour l'observer, Frédéric Petit.
03:28En fonction du résultat de ce soir, est-ce que les relations franco-allemandes seront meilleures que celles qui avaient lieu,
03:35qui existaient entre Emmanuel Macron et le chancelier social-démocrate Olaf Scholz ?
03:41– Alors, avoir des meilleures relations humainement avec Olaf Scholz qu'avec quelqu'un d'autre, c'est facile.
03:46Ce n'est pas quelqu'un qui a un grand charisme, je le reconnais. Mais au-delà de ça, oui, la CDU a une plus grande tradition franco-allemande,
03:56en particulier dans les grands zones politiques CDU de l'Ouest.
04:02Schäuble, par exemple, était du bas de Werthenberg.
04:06Tous ces gens qui portent le franco-allemand de manière évidente dans leur...
04:10– On est plus francophile à droite qu'à gauche en Allemagne, c'est ce que vous dites ?
04:14– Non, ça c'est un peu trop simplifié. C'est un peu géographique et puis ce sont des traditions de personnes.
04:22Il y a énormément de francophiles au SPD, donc c'est dans le parti de monsieur Scholz.
04:27Mais il y en a beaucoup, mais on a des carrières chez les gens de la CDU, par exemple autour de Mertz.
04:35Mertz est très francophile et Mertz veut absolument travailler avec la France de manière beaucoup plus allante.
04:42Il est prêt à des ruptures dans ce cadre-là, mais je pense à mon ami André Assioung qui est du lac de Coblence.
04:50Il y a des régions où le franco-allemand est beaucoup plus évident que dans d'autres régions.
04:55– Précisément, et c'est pour ça qu'on suivra ce résultat en tout cas avec attention.
04:59Merci pour ce décryptage matinal, Frédéric Petit, député MoDem des Français établis hors de France
05:05et notamment en Allemagne et dans le reste de l'Europe centrale.