L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, était l'invité de "C'est pas tous les jours dimanche" ce dimanche 23 février 2025 sur BFMTV.
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00:00Concrètement, demain, le Président de la République va donc échanger avec Donald Trump.
00:04Qu'est-ce qu'il peut lui dire ?
00:06Et au fond, est-ce qu'il peut, à la place qui est la sienne, réussir à le convaincre ?
00:10Puisqu'on voit bien que Donald Trump est rentré dans une sorte de négociation
00:14en disant d'ores et déjà que l'Ukraine ne rentrerait pas dans l'OTAN,
00:17qu'il n'y aurait pas de retour à la souveraineté territoriale avant 2014,
00:20en disant par ailleurs pique-pendre de Volodymyr Zelensky
00:23qu'il qualifie, je cite, de dictateur sans élection.
00:25Est-ce qu'Emmanuel Macron peut réussir à obtenir quelque chose ?
00:29Au fond, je ne vais pas vous demander ce que vous lui diriez à Donald Trump
00:31si vous étiez à la place d'Emmanuel Macron, mais précisément,
00:33dans cet art de la diplomatie que vous avez défendu sur le sujet précédent,
00:36que peut obtenir Emmanuel Macron ?
00:39Alors d'abord, nous sommes dans une séquence, comme le disent les diplomates,
00:45où plusieurs pays européens vont être reçus à Washington.
00:48Le président viendra le britannique jeudi.
00:52Le Président de la République a réuni les partis politiques.
00:56Le Président de la République s'est exprimé sur les réseaux sociaux
01:00pour dire ce qu'il dirait à Donald Trump,
01:02et en particulier qu'il ne fallait pas être faible.
01:04Je crois qu'il faut aller plus loin.
01:06Il faut aller plus loin dans la précision nécessaire vis-à-vis de Donald Trump,
01:10qui ne sera pas ébranlé par le conseil que pourrait lui donner son ami Emmanuel Macron,
01:15soit plus fort, soit plus intransigeant.
01:20Tu ne peux pas être faible avec Vladimir Poutine, voilà ce qu'il a dit.
01:23Je ne sais pas ce que le reprochera et que ce sera un signe de faiblesse.
01:25D'ailleurs, le tutoiement en anglais a quelque chose de curieux.
01:29Il y a deux éléments qui me paraissent déterminants dans le message
01:33que nous devons adresser aux États-Unis.
01:35C'est un message qu'il faudrait pouvoir porter entre Européens et avec les Ukrainiens.
01:41Le premier, c'est que nous ne pourrons pas cautionner un accord
01:50signé par les États-Unis et la Russie si l'Ukraine et l'Europe n'y sont pas associées.
01:59Ça, c'est quelque chose, c'est un verrou et un langage
02:03que, dans l'esprit du deal, Donald Trump peut comprendre,
02:07parce qu'il s'agit clairement de poser un verrou.
02:10Nous ne l'accepterons pas.
02:12Deuxièmement, nous ne participerons pas à un accord de sécurité ou à un accord de paix,
02:19c'est-à-dire que nous ne déploierons pas de force de sécurité en Ukraine, autour de l'Ukraine,
02:25dans le cadre d'un éventuel cessez-le-feu,
02:27ou d'un accord de paix,
02:29si nous ne sommes pas partie prenante de cet accord avec les Ukrainiens
02:35et avec l'accord des Ukrainiens.
02:37C'est-à-dire que nous marquons clairement à Donald Trump
02:41qu'il peut s'engager lui-même,
02:44mais il ne peut pas nous engager dans la négociation avec la Russie.
02:47Vous voyez, il y a quelque chose de très humiliant dans ce qui s'est passé,
02:50à la fois dans le coup de fil de Donald Trump à Vladimir Poutine
02:53et en même temps, dans le premier round de négociation qui s'est déroulé en Arabie Saoudite,
02:57de très humiliant.
02:58Il est humiliant pour la France, pour l'Europe ?
03:00Pour nous tous.
03:01C'est que nous sommes manifestement, dans l'esprit de Donald Trump,
03:04une variable d'ajustement,
03:06ce qui constitue un véritable régal pour Vladimir Poutine.
03:09C'est une aubaine.