François Bayrou a convié un conseil interministériel sur l'immigration ce mercredi, avec plusieurs enjeux, dont la maîtrise des flux migratoires ou l'efficacité de la politique d'éloignement.
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00:00Mathieu, François Bayrou réunis à 14h à Matignon, un conseil interministériel de contrôle de l'immigration
00:06qui va être largement consacré à la relation entre la France et l'Algérie.
00:09Hier soir sur BFMTV, le ministre des Affaires étrangères a révélé que la France avait déjà pris des mesures de restriction,
00:15des nouvelles sanctions. On écoute Jean-Noël Barraud.
00:18Nous avons pris des mesures de restriction de circulation et d'accès au territoire national pour certains dignitaires algériens.
00:26Ce sont des mesures qui sont réversibles et qui s'éteindront dès lors que la coopération à laquelle nous appelons reprendra.
00:33C'est efficace ce genre de sanctions, Mathieu ?
00:34C'est surtout symbolique parce qu'en tant que telle, la mesure ne résoudra absolument rien au problème des OQTF en France.
00:42Mais elle a été réclamée par les partisans d'une ligne dure avec Alger, comme le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau,
00:47qui n'écarte pas, comme d'autres, la possibilité de restreindre même le nombre de visas en général
00:52et pas seulement des restrictions pour les dignitaires du régime.
00:56Le problème, c'est que le ministre des Affaires étrangères le reconnaissait lui-même le week-end dernier.
01:00Dire « j'arrête les visas pour un pays donné », ça ne fonctionne pas, disait Jean-Noël Barraud,
01:04qui racontait que lorsqu'on l'avait fait, parce qu'on l'a fait au début des années 2020,
01:08on était à 800 expulsions par an, alors que quand on a noué un accord de coopération,
01:13pour le coup, on avait multiplié par trois les expulsions.
01:16Mais alors il reste quoi comme levier d'action ?
01:18Tout dépend de l'objectif, en fait. Est-ce qu'il faut répondre à des considérations politiques intérieures ou extérieures ?
01:23Les Français, ils sont légitimement choqués par le refus des autorités algériennes de reprendre leurs ressortissants sous OQTF.
01:30Ils sont choqués aussi par la détention aussi scandaleuse qu'arbitraire de l'écrivain Boilem Sansal en novembre dernier.
01:38Ils sont choqués enfin par les propos très anti-français tenus par le régime algérien qui, je le rappelle,
01:43« ce régime écrase la dissidence, verrouille l'espace civique, réprime les voix critiques
01:47et restreint les libertés d'expression de la presse, d'association, de réunion et de mouvement ».
01:51Ça, c'est ce que dit l'ONG Human Rights Watch.
01:54Or, François Bayrou et son ministre de l'Intérieur Bruno Rotaillot, ils ont mis la barre haut, très haut.
01:59« C'est inacceptable », a dit François Bayrou à propos des OQTF.
02:02« On a été assez gentils, aucun pays n'a un droit de tirage pour humilier la France », a dit de son côté Bruno Rotaillot.
02:08Mais le problème, c'est qu'aucune mesure à elle seule n'est en mesure de faire plier Alger.
02:13C'est toute la relation qu'il faut repenser. Et ça, ça ne dépend pas de François Bayrou, mais ça dépend du président.
02:18Et justement, Emmanuel Macron, il en pense quoi ?
02:20La dernière fois qu'il a parlé de l'Algérie, c'était début janvier, pour dire qu'elle se déshonorait, c'était ses mots,
02:25en ne libérant pas Boilem Sanssal, ce qui a été très, très mal vécu, évidemment, par Alger.
02:30Selon nos confrères de L'Express, le chef de l'État a voulu réunir dans la foulée les ministres concernés,
02:35chacun étant tenu de préparer une liste de sanctions contre l'Algérie.
02:38Mais la réunion, elle a été reportée une fois, puis deux, puis au final, elle n'a jamais eu lieu.
02:42En fait, l'Algérie, c'est un dossier sur lequel Emmanuel Macron a pas mal bougé.
02:45Vous vous souvenez, en 2017, il parlait de la colonisation comme un crime contre l'humanité, une vraie barbarie.
02:50Au cours de son mandat, il a même mis en place toute une série de commissions, de travaux d'historiens
02:54pour essayer de faire toute la lumière sur cette période.
02:57On sait aussi qu'en 2021, il accusait le système politico-militaire algérien d'entretenir une rente mémorielle
03:03en servant à son peuple une histoire officielle, ce qui avait provoqué la colère d'Alger.
03:08C'était une petite phrase qu'il avait lâchée dans un dîner, ce n'était pas une déclaration officielle,
03:10mais Alger avait rappelé son ambassadeur.
03:12En fait, Emmanuel Macron et l'Algérie, c'est surtout l'histoire d'une déception.
03:15Le président français, il a cru pouvoir nouer une nouvelle relation avec l'Algérie.
03:20Ça s'est quitté, même à se fâcher avec le Maroc qui était le partenaire historique de la France.
03:26Mais il s'est fait rouler dans la farine, à voir par le régime algérien qui continue de faire de la France
03:31le bouquet émissaire de tous ses problèmes et de ses propres turpitudes.
03:36Ça va être un dossier vraiment compliqué à gérer pour le président.