Dans son édito du 27/02/2025, Paul Sugy revient sur les relations entre la France et l'Algérie.
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00:00Oui, et c'était l'urgence de le faire, Romain, parce que l'escalade verbale entre les deux pays, de chaque côté de la Méditerranée,
00:06commençait à prendre une ampleur telle que si elle n'était pas suivie des faits, la séquence entière aurait paru ridicule.
00:12C'est un petit peu comme les parents qui promettent 100 fois à leur enfant une punition qui ne vient jamais.
00:16Au bout d'un moment, c'était finalement l'autorité, la crédibilité même de la parole de la France qui était en jeu.
00:21Donc François Bayrou a fini par lancer cet ultimatum. L'Algérie a donc six semaines pour répondre aux exigences du gouvernement français,
00:27notamment sur le fait de reprendre sur son territoire un certain nombre de ressortissants algériens,
00:33qui posent des difficultés ou qui sont des dangers publics sur notre sol.
00:37Et évidemment, en cela, l'attentat de Mulhouse a joué le rôle d'électrochoc.
00:41Et donc, si l'Algérie ne donne pas satisfaction aux autorités françaises, on a bien compris que tous les accords,
00:47y compris et surtout celui de 1968, qui est devenu un petit peu le symbole, l'emblème des mesures de rétorsion que la France pourrait prendre vis-à-vis de l'Algérie,
00:55bien tous les accords pourraient être entièrement remis en question, c'est-à-dire, en langage diplomatique, dénoncer la France sortirait de ses accords.
01:02Alors ceux qui espéraient une décision ferme et rapide du Premier ministre en seront tout de même pour leurs frais.
01:07C'est vrai qu'on commence un petit peu à être habitué. C'est la méthode Bayrou. On parle d'abord et on décide ensuite.
01:12François Bayrou qui a donc donné une conférence de presse entourée d'Elisabeth Borne, de Bruno Retailleau et de Jean-Noël Barreau, le ministre des Affaires étrangères.
01:20Oui, c'est vrai. Et pour Bruno Retailleau, on sait très bien qu'il s'y joue gros, puisque l'attentat de Mulhouse, c'était évidemment décisif pour le ministre de l'Intérieur qui a fait de la sécurité des Français,
01:29on l'a bien compris, sa priorité, mais aussi un enjeu de crédibilité personnelle, y compris dans sa course pour la présidence des Républicains.
01:36Et donc, évidemment, il fallait une réaction. La convocation de cette réunion ministérielle, c'était l'occasion de remettre sur la table certaines des priorités ministérielles de Bruno Retailleau.
01:46Donc, effectivement, le fait que la France s'engage dans un chemin avec l'Algérie était le minimum que Bruno Retailleau devait obtenir lors de cette réunion.
01:53Voilà. Est-ce qu'il faut être plus ferme ? Est-ce qu'il faut être très ferme vis-à-vis de l'Algérie ?
01:57On a bien compris qu'il y a des injonctions contraires qui s'accumulent sur le bureau du Premier ministre François Bayrou.
02:02C'est-à-dire que vous avez d'un côté les diplomates qui disent « attention, il ne faut pas éveiller une crise diplomatique trop importante, on n'aurait trop à y perdre, ce n'est pas comme ça qu'on fait dans les relations entre pays ».
02:10Alors, on a bien compris, au contraire, que la méthode forte était plaidée par certains, Bruno Retailleau le premier.
02:15Mais enfin, il y a quand même compris, en arrivant au ministère, qu'il y a des équilibres qu'il faut respecter.
02:18On l'a vu, par exemple, sur l'octroi de visas à des imams étrangers, y compris algériens, pour la période du ramadan.
02:23Lorsque l'on arrive aux affaires, il y avait des choses qui se faisaient avant que l'on ne peut pas défaire d'un coup.
02:28Et puis, il y a les craintes des services. Mais ça, évidemment, François Bayrou n'en parle pas, personne n'en parle.
02:33Mais vous voyez, quand vous discutez avec les services, certains vous disent « Oui, mais attention, par exemple, sur la prévention de la radicalité et du terrorisme.
02:39Les Algériens nous donnent beaucoup d'informations, ce sont des gens qui savent beaucoup de choses et dont on peut difficilement se passer ».
02:44Et tout cela n'est pas exposé clairement aux Français.
02:47Peut-être que pour que la situation soit davantage lisible et pour que ce temps de répit gagné par François Bayrou,
02:52qui, en définitive, c'est un ultimatum et c'est une façon de différer la décision,
02:56peut-être que, par transparence, les Français gagneraient à savoir un petit peu plus ce qui se joue.
03:00Ça nous donnerait l'impression aussi que l'avis des Français compte, que leur compréhension est importante
03:06et que ce ne sont pas simplement des gens au-dessus de vous qui décident un peu dans leur coin et dans votre dos.