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En 2024, l’agence de publicité et de communication BETC a été élue l’agence la plus créative du monde par le World Advertising Research Center. Un travail reconnu, notamment pour la manière dont elle arrive à mettre en avant l’engagement de ses clients sur les sujets RSE. Mercedes Erra, cofondatrice et présidente de la société, nous explique comment elle y arrive. Elle nous présente aussi les raisons de son engagement pour inclure la diversité en France.

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00:00Prête pour l'impact, c'est la question que je pose chaque semaine à une personnalité qui compte dans l'économie française.
00:10Je reçois aujourd'hui Mercelle Essera. Bonjour.
00:12Bonjour.
00:13Ravi de vous accueillir ici. Vous êtes la cofondatrice, la présidente de l'agence BETC qui fête ses 30 ans.
00:19Depuis quand les questions de RSE ? On va évidemment beaucoup parler de ça ici. L'émission s'appelle Smart Impact.
00:24Depuis quand c'est stratégique ?
00:26Je crois que c'était stratégique avant qu'on parle de RSE.
00:29Sans utiliser ces mots-là.
00:31Oui, bien sûr. Parce que BETC, en fait, on est nés, on était dans les équipes de Havas.
00:39On est sortis pour aller rejoindre le Xe, pour habiter Passage du Désir, qui est quand même un nom assez génial pour une agence.
00:49Mais dans le Xe, il n'y avait personne. Je me souviens, tout le monde nous disait qu'est-ce que vous allez faire là-bas.
00:54Et là, c'est très, très, on va dire, c'est devenu très mode. Mais ça n'était pas du tout à l'époque.
01:01Donc c'était déjà une démarche RSE d'une certaine façon ?
01:04Oui. Notre obsession, c'était d'aller d'abord de créer un lieu. De créer un lieu quelque part où ça pouvait être utile.
01:11De créer un lieu intéressant pour nos équipes. On était très sensibles à leur donner du beau, à rénover.
01:20On parlait de rénovation à l'époque. Tout le monde parlait tours, création de lieux et tout.
01:26Nous, on a rénové. On a rénové dans le Xe un lieu qui était le premier grand magasin parisien.
01:34Quand on a gratté les murs, il y avait marqué « haut classe laborieuse ». On s'est dit c'est vraiment pour nous.
01:40Et donc on est arrivé dans ce Xe. Les voisins nous ont mis merci BETC parce qu'il n'y avait personne qui s'installait là.
01:48D'ailleurs, les grands magasins, c'est devenu un lieu culturel, de coopération.
01:53Ici, il y a plein d'événements.
01:55Dans le Xe, on a déjà créé ce qu'on appelait le passage du désir qui était un lieu de culture ouvert à tous.
02:02L'idée, c'était d'investir dedans et pas de faire de l'argent.
02:06Et nos démarches pro bono, nos démarches d'engagement, elles ont commencé à ce moment-là.
02:12Mais ça, c'est d'un point de vue extérieur. Notre vision de la com, c'était déjà une vision très RSE.
02:19Nous, on pensait que la com, c'était là pour faire bouger les entreprises.
02:23Souvent, les entrepreneurs, les patrons nous disaient « mais on n'est pas prêts à parler », etc.
02:30Et on a toujours expliqué que le langage, il était fondamental. Il fallait d'abord dire où on allait.
02:35Et même si on n'était pas prêts, ça donnait un chemin.
02:38Donc on a toujours dit de nos communications, que ce soit sur Air France, sur Danone,
02:44où moi j'ai recommandé la santé, bien avant que ce soit à la mode, qu'on était concerné par le fond des entreprises.
02:53Mais je crois qu'on a la publicité pour Air France, qui est une des plus belles que j'ai vue depuis que je suis en âge de comprendre ce qu'est une publicité.
03:02On va en voir les images de cette pub pour Air France.
03:06Elle est sublime et en même temps, elle ne répond pas à la question, mais c'était sans doute pas ce que vous avez demandé,
03:13mais qu'est-ce qu'on fait de l'aviation ? Est-ce qu'on continue de prendre l'avion ? Est-ce que l'aviation pollue trop la planète ?
03:18Est-ce que cette pub-là, aujourd'hui, vous la feriez de la même façon ?
03:21Oui, parce qu'il y a deux choses dans l'entreprise, et d'ailleurs les consommateurs, le public,
03:28moi j'ai beaucoup de respect pour le public parce qu'il est beaucoup plus brillant que nous tous.
03:32D'ailleurs, lui, ce qu'il pense dans les entreprises, c'est que la première chose c'est de bien faire son métier.
03:37Et il n'a pas aimé les entreprises qui ont inventé une RSE avant même de mettre la RSE dans leur propre métier.
03:45Je vous donne un exemple, moi je fais de la publicité, la première chose que je dois faire c'est vous expliquer pourquoi la publicité c'est formidable.
03:51Si je pense que la publicité c'est pas bien, il ne faut pas que je fasse ça.
03:55Donc l'aviation, d'abord ça a un rôle, et il y avait un enjeu, un très très important, faire du ciel le plus bel endroit de la Terre.
04:03Je vous rappelle qu'aujourd'hui on pourrait, si on était toujours l'agence d'Air France, faire du ciel le plus bel endroit de la Terre
04:10en donnant des éléments de RSE, d'environnement, etc.
04:15Mais là l'enjeu c'était de positionner Air France et de faire que tout le public d'Air France,
04:21c'est-à-dire les gens qui travaillent dans Air France, soient fiers de travailler dans Air France.
04:26Et ça c'est aussi de la RSE.
04:28Créer de la fierté française au jour d'aujourd'hui, c'est encore plus important que jamais.
04:34Je dirais créer de la fierté européenne face à ce qui arrive dans le monde, c'est quand même une chose importante.
04:40Oui, évidemment.
04:41BETC qui est devenue l'an dernier l'agence la plus créative au monde, c'était une première pour une agence française ?
04:48C'est extrêmement dur, vous imaginez.
04:50Vous savez comment ça se passe en fait ?
04:52C'est tous les prix du monde, tous ceux qu'on a reçus qui sont cumulés.
04:56La vérité c'est que la France c'est petit et que les Américains c'est gros.
05:01Donc en général ils se donnent des prix à eux-mêmes parce qu'ils aiment bien.
05:05Donc pour qu'une agence française franchisse ce nationalisme qui existe
05:11et cumule les prix au point d'être nommée la meilleure agence créative du monde, oui on est fiers.
05:17On est fiers et c'est important que la France et l'Europe réagissent en se disant qu'on est formidables en Europe.
05:26On arrête de dire des choses négatives sur la France et l'Europe, on construit de la force.
05:31Il n'y a que ça qui va nous défendre dans nos démocraties.
05:34L'importance de l'imaginaire, on va y consacrer de longues minutes dans cette interview,
05:41ça me semble essentiel par rapport à ces enjeux de transformation environnementale et sociétale dont on parle.
05:46C'est justement le sens de la question de celui qui était à votre place la semaine dernière,
05:50Cyril Pouet, le DG de SPI Facilities. On écoute tout de suite Cyril Pouet.
05:55Dans mon métier le RSE est présent partout, les clients nous attendent sur des engagements RSE
06:03et si jamais ce n'est pas le cas, on fait des propositions de manière instinctive sur ces données-là.
06:09Dans votre monde de la publicité, je suis intéressé de savoir si c'est quelque chose qui est systématiquement en demande de vos clients
06:18ou si même vous, systématiquement, vous en faites un sujet pour eux, pour les alerter sur ces sujets-là.
06:25Et je pense que dans le monde de la publicité, ça peut effectivement avoir changé les choses.
06:29Voilà, merci.
06:31Une grande question parce qu'en fait il y a beaucoup de niveaux dans cette question.
06:35Il y a le niveau de... Nous, on est souvent montré du doigt comme si on était responsable de tout.
06:42C'est facile de nous montrer du doigt parce qu'en gros il n'y a personne qui vient nous défendre.
06:46Quand vous embêtez des journalistes, on peut avoir une bonne réaction.
06:50Vous embêtez des publicitaires, ce n'est pas un problème.
06:52Pas de publicité, merci, dit mon associé avec son livre.
06:57Donc, c'est facile.
06:59La vérité, c'est que, et c'est ce que j'ai essayé d'expliquer, il y a plusieurs niveaux à la RSE.
07:05Il y a le niveau qui est, est-ce que BETC est RSE ?
07:09BETC, c'est pire que la RSE, c'est une ONG.
07:12Je rentre de temps en temps, je leur dis mais calmez-vous, il va falloir qu'on fasse aussi notre métier.
07:20Après, il y a la filière de la communication.
07:24Elle est très engagée au niveau de la RSE.
07:26Donc, globalement, on est très engagé.
07:28On a pris des engagements.
07:30On surveille la logique de qu'est-ce qu'on peut faire en impact de climat.
07:35Ça veut dire qu'on tourne un peu moins de publicité à l'autre bout de la terre quand on peut les tourner près de chez nous ?
07:40Ça veut dire qu'on évalue une campagne, non seulement la production mais les médias.
07:46Parce que les médias, c'est beaucoup plus lourd que la production.
07:49Donc, on évalue l'impact des campagnes.
07:51On a mis au point des calculateurs, des choses très précises pour rendre compte de ça.
07:57Franchement, on est peanuts dans l'histoire de l'environnement mais ce peanut nous intéresse.
08:04Ça nous intéresse.
08:06Après, il y a une problématique hyper simple.
08:11Quand on fait de la production, si c'est plus cher de produire en France,
08:17c'est rarement une solution qu'adorent nos clients.
08:21Donc, il faut être raisonnable.
08:23Il faut dire la vérité.
08:25On a toujours des propositions RSE.
08:28Elles ne sont pas toujours acceptées.
08:30Et moi, je pense qu'il faut réfléchir autrement la communication.
08:33La vraie réflexion sur la communication, qui m'importe, c'est de dire
08:39ça suffit d'agresser des gens avec des pubs imbéciles qui sont trop présentes, trop nombreuses.
08:49Ça ne sert à rien.
08:51Il faut leur parler correctement à des moments clés.
08:54Donc, moi, je crois à une communication qui serait moins fatigante,
08:59à une communication moins présente mais plus qualitative.
09:04Et ça, ça ne va pas exactement dans le sens du monde d'aujourd'hui.
09:07Mais je crois que, par exemple, des campagnes peuvent durer très longtemps.
09:11Donc, la question de la production, produisons très bien.
09:15Mais moi, je pourrais sortir des campagnes Air France, des vieilles, maintenant.
09:19J'ai déjà sorti des vieilles campagnes Evian qui avaient 8 ans d'âge.
09:23Et vous croyez qu'elles ne m'ont pas fait vendre ?
09:25Elles ont fait vendre.
09:27Tout se laissant trop vite.
09:29Alors que la tête des gens, ça ne marche pas comme ça, la tête des gens.
09:33Les gens, ils aiment les choses pour longtemps.
09:35Ils ne se lassent pas.
09:37Donc, je pense qu'il y a vraiment des enjeux de communication différents à planter
09:43pour que la RSE devienne chaque jour plus importante.
09:46Quand vous nous parlez, on revoit justement l'une des campagnes Evian.
09:49C'est celle-là que j'ai remise à l'antenne.
09:52C'est tellement magique.
09:53Ça s'est très bien passé.
09:54Parce que vous croyez que ça, ça a changé ?
09:56Que le fait qu'on ne vieillit pas.
09:59Nous, on n'est pas vieux.
10:00On a juste un bébé dans nous qui dit qu'on n'est pas vieux.
10:03Qui ne demande qu'à sortir.
10:05Qu'est-ce qu'on nous raconte ?
10:07Ce sont des campagnes qui font du bien, que les gens aiment.
10:10Vous pouvez les ressortir.
10:11Il y a tous ces leviers que vous avez détaillés.
10:16Il y en a un qui est intégré à tout ça.
10:19C'est le rôle de la publicité pour rendre la transformation environnementale et sociétale acceptable.
10:26Parce que c'est ça, l'enjeu d'aujourd'hui.
10:28Qu'est-ce qu'on voit ?
10:29On a vu un certain nombre d'élections, que ce soit en Europe,
10:31que ce soit aux Etats-Unis, ou même en France d'ailleurs,
10:34où les candidats ou les candidates qui disent qu'il faut appuyer sur le frein,
10:39sur la transformation environnementale, il y en a marre, il y a trop de contraintes, etc.
10:43Ils remportent des voix.
10:44Est-ce que ce n'est pas parce que nous, médias, mais peut-être aussi publicitaires,
10:49on a pas su donner envie de cette transformation ?
10:52Moi, je pense qu'il n'y a pas de problème.
10:53Moi, je pense que si vous écoutez les Français, les consos,
10:56ils sont beaucoup plus impliqués qu'on ne le dit.
10:59Je pense qu'on leur dit trop de choses désagréables, qui ne sont pas bêtes.
11:03Eux, ils ont une vision de la consommation très précise.
11:06Par exemple, ça les énerve quand vous leur dites qu'on consomme trop, etc.
11:11Celui qui va chez Leclerc et qui, le 14 du mois, n'achète plus de viande, plus de légumes,
11:18vos histoires de riches, ça les énerve.
11:21Quand vous faites le pétrole, il y en a marre, etc.,
11:25les gilets jaunes se disent de quoi ils nous parlent, ces gens-là.
11:28Moi, je ne peux pas faire autre chose que prendre ma voiture.
11:30Donc, je pense qu'il faut être raisonnable.
11:33Eux sont beaucoup plus raisonnables.
11:35En revanche, quand vous leur dites,
11:37est-ce que vous pensez que les entreprises doivent faire un effort d'un point de vue environnemental,
11:42ça leur paraît évident, doivent le communiquer ? Oui.
11:45Quand vous leur dites, est-ce que vous, vous faites des efforts ? Oui.
11:49Quand vous leur demandez en quoi la notion de durabilité, c'est important,
11:55le fait de réutiliser des produits, des vieux produits, c'est important.
11:59Mais si vous regardez maintenant ce qu'ils font,
12:02alors, parfois, c'est un peu contradictoire.
12:05Il y a plein de gens qui achètent de la fashion pas cher.
12:09Oui, mais on a tous nos contradictions.
12:11Il faut toujours, c'est normal.
12:13Personne ne fait tout en fait.
12:14C'est logique.
12:15Mais en revanche, si vous regardez que les galeries Lafayette, le printemps,
12:20ils ont aujourd'hui des étages consacrés à des produits de seconde main.
12:25Quand j'appelle mon grand garçon qui, lui, me dit, pourquoi tu grognes ?
12:30Moi, je n'ai jamais acheté un vêtement neuf à ma fille.
12:33C'est moi qui achète les vêtements neufs.
12:35Lui, il l'habille de vêtements vieux.
12:38Ça ne le gêne pas du tout. Il adore sa fille.
12:41Donc, je pense qu'il faudrait être plus respectueux sur ce que font les gens
12:46parce qu'ils font déjà beaucoup
12:48et après, prendre les grandes décisions comportementales
12:51de façon lourde au niveau politique.
12:54Est-ce que quand vous discutez évidemment avec des très grandes marques,
12:58est-ce que cette question-là, la question de comment on parle de ce qu'on fait bien,
13:05c'est vous qui le mettez sur la table des discussions ?
13:11Parce que moi, j'ai vu beaucoup d'entreprises venir ici
13:13et nous dire, on n'ose pas trop communiquer sur ce qu'on fait bien
13:16parce qu'on va venir nous chercher sur ce qu'on fait moins bien.
13:18Oui, je passe du temps à ça.
13:20Je passe du temps à expliquer que les gens demandent des comptes.
13:24Ils sont clairs. Ils demandent d'abord des comptes sur le métier
13:28mais ensuite, ça les intéresse.
13:30Qu'est-ce qui les intéresse ?
13:32De comprendre comment une entreprise fait des efforts
13:35pour aller sur des problèmes environnementaux importants.
13:39Ils ne lui demandent pas de tout régler.
13:41Et aussi des efforts d'un point de vue sociétal.
13:44Parce que si vous gagnez beaucoup d'argent,
13:46peut-être que vous devez rendre un peu à la société.
13:49C'est ce que nous, on fait chez BETC.
13:51C'est ce qu'ils doivent tous faire.
13:53Et dans ce cas-là, ils leur demandent de parler
13:55parce que sinon, comment ils le savent ?
13:57Et le silence n'est pas d'or aujourd'hui.
13:59Le silence est soupçonné.
14:01Donc, ce n'est pas du caritatif.
14:03Vous poussez à une forme de transparence.
14:05Sans que ce soit la dictature de la transparence,
14:07mais vous poussez à une forme de transparence.
14:09Mais je voudrais vous dire une chose sur un client difficile qui est le mien.
14:11Pour qui je travaille un peu.
14:13Qui est Total.
14:15Total, ce n'est pas sérieux ce qu'on leur dit.
14:19Ce n'est pas courageux.
14:21Ils font du pétrole.
14:23Mais aujourd'hui, c'est la seule entreprise pétrolière
14:25qui investit lourdement sur le soleil,
14:31sur l'électricité.
14:33Mais lourdement.
14:35Et on dit non, mais plus de pétrole.
14:37Oui, ça représente encore 95 ou 96% du chiffre d'affaires de Total.
14:41Non, l'investissement est à 50%.
14:45Je parle du chiffre d'affaires.
14:47Et moi, je vous parle de l'investissement.
14:49Et je vous parle du fait que
14:51je pense que Pouyanné ne va pas craquer.
14:53Sous le diktat.
14:55BP a craqué, a dit c'est fini.
14:57C'est fini, on va faire que du pétrole.
14:59Vous inquiétez pas, etc.
15:01Ce n'est pas du tout le cas.
15:03Mais si vous l'écoutez aussi, comment est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
15:05C'est-à-dire qu'on arrête un total sur le pétrole en France.
15:09Et on va racheter le pétrole ailleurs.
15:11Il faut être un peu intelligent.
15:13C'est quoi la transition ?
15:15C'est quoi la réflexion autour de la transition ?
15:17Après, je voudrais parler de la France, de nos dictates.
15:19Il faut quand même qu'on fasse attention.
15:23C'est pas nous qui détériorerons tous la planète.
15:25La France, c'est pas mal.
15:27D'un point de vue écologique, la France, c'est pas mal.
15:29Oui, on voit d'ailleurs, si on regarde les baisses d'émissions de gaz à effet de serre depuis quelques années...
15:33Il faut qu'on ait un équilibre qui nous permette d'avoir une économie solide.
15:37Là, c'est moins bien.
15:39La France, c'est moins bien sur l'économie solide.
15:41Et pourquoi l'économie solide, elle est importante ?
15:43Parce que pour les gens, le chômage, c'est important.
15:45Pour les gens, ce qu'ils gagnent, c'est important.
15:47Et pour le monde, dans l'écologie...
15:49Moi, j'aime beaucoup l'écologie.
15:51Mais la défense de la démocratie, j'adore ça.
15:53Donc là, il nous faut aussi être solide en France, être solide en Europe.
15:57Pour défendre notre démocratie.
15:59Sur la défense de la démocratie,
16:01l'une des publicités pro bono dont on peut parler...
16:05Alors, pro bono, ça veut dire évidemment que vous n'êtes pas payé pour les faire.
16:09C'est pour Reporter sans frontières.
16:11On va l'avoir, je ne sais pas de quand elle date, cette campagne,
16:13puisque c'est un Vladimir Poutine très jeune.
16:15Il n'a pas encore été botoxé.
16:19Sans liberté de l'information, pas de contre-pouvoir.
16:21Et on voit un Poutine qui nous fait un très joli droit d'honneur.
16:25Un bonheur.
16:27Pourquoi...
16:29Vous nous avez proposé un certain nombre de pubs pro bono comme celle-là.
16:33On enregistre cette émission quelques heures après le discours de Donald Trump devant le Congrès,
16:39où il part en guerre contre le wokisme.
16:41C'est un combat pour des valeurs qu'on est en train de mener, là ?
16:45Bien sûr.
16:47Pour le droit, un truc incroyable.
16:49Il n'y a plus d'État de droit bientôt.
16:51On a l'Inde, les grands pays.
16:55La Chine, l'Inde, la Russie, maintenant les États-Unis,
16:59qui font comme si le droit n'existait pas.
17:01Ça ne nous intéresse pas.
17:03Donc c'est ce combat-là.
17:05Et ce combat-là, nous, il y a longtemps qu'on le mène,
17:07dans les pro bono qu'on mène, on choisit nos combats.
17:09Les femmes, vous le savez.
17:11Un combat important.
17:13Mais les droits humains, un combat essentiel,
17:15qui d'ailleurs rejoint le droit des femmes.
17:17Et dans le droit des humains, pour nous,
17:21le combat pour la liberté, pour la liberté des journalistes,
17:25pour le droit à une parole de vérité,
17:29elle est importante.
17:31D'où Reportage sans frontières.
17:33Sur les droits des femmes.
17:35On a déjà reçu plusieurs fois Sista ici.
17:37Donc on va vraiment voir cette pub que vous faites pour Sista.
17:39Pour lever des fonds, faut-il devenir un homme ?
17:41Et on voit une jeune femme, qui s'appelle Tatiana Jama,
17:43qui est entrepreneur,
17:45que vous avez transformée en garçon.
17:47Ça marche, vous voyez.
17:49Et quand t'es un garçon,
17:51elle va lever plus facilement des fonds.
17:53Pas plus facilement.
17:5595% !
17:57C'est hallucinant.
17:59Alors, ça a un petit peu changé.
18:01Non, non, ça n'a presque pas changé.
18:03Un tout petit peu, mais bon.
18:05Elle est à quoi ? 80% ?
18:07Oui, c'est sûr qu'on n'est pas à 50%.
18:09Ça, on est bien d'accord.
18:11Il y a quand même eu un certain nombre de...
18:13Ça sert à ma campagne.
18:15Oui, bien sûr.
18:17Il y a eu des leviers réglementaires
18:19qui ont été activés, notamment sur la place des femmes dirigeantes.
18:21Et on voit que la France est plutôt bien placée, là aussi.
18:23Vous disiez qu'il faut qu'on arrête
18:25de battre sa coupe en permanence.
18:27Donc la loi,
18:29l'aiguillon réglementaire, il peut faire bouger les lignes ?
18:31Evidemment.
18:33En fait, on n'a pas l'égalité
18:35parce qu'on ne la veut pas.
18:37Si on la voulait, on peut faire beaucoup de choses.
18:39Donc il faut des quotas.
18:41La France n'a pas imposé des quotas.
18:43Nous avons tout fait
18:45pour qu'il y ait des quotas, et il y a des quotas.
18:47Les quotas du Conseil d'administration,
18:49avant ces quotas,
18:51il n'y avait pas de femmes quasiment au Conseil d'administration.
18:53Ce n'est pas admissible.
18:55Cette histoire de l'égalité
18:57femmes-hommes, ce n'est pas un petit sujet.
18:59Ce n'est pas un petit ministère
19:01qui change trop souvent de femmes.
19:03C'est un grand sujet
19:05parce que je pense que le jour où on arrivera
19:07à l'égalité, on sera beaucoup
19:09mieux sur la logique des droits humains.
19:11Et je pense que l'équilibre
19:13femmes-hommes, les hommes vont changer,
19:15les femmes vont changer
19:17pour un monde meilleur, je pense que c'est fondamental.
19:19Tiens, une citation
19:21extraite d'une interview que vous aviez donnée
19:23au mois de novembre dernier à France Info.
19:25Quand vous vendez des yaourts, vous n'allez pas faire un discours féministe.
19:27Vous prenez les femmes telles qu'elles sont aujourd'hui.
19:29En revanche, on peut utiliser la pub
19:31pour changer le monde, ça rejoint tout ce qu'on est en train de nous dire.
19:33Je pense que l'État doit réfléchir à ça.
19:35C'est ça qui m'intéresse.
19:37Est-ce que vous avez été contacté
19:39par un ministère, les services de l'Élysée,
19:41que sais-je, Matignon, pour
19:43une grande campagne sur les droits des femmes ?
19:45On fait des choses.
19:47On fait des choses avec le SIG.
19:49On a fait avancer des choses
19:51sur le droit des femmes.
19:53Je pense que le sujet doit être
19:55pris très sérieusement.
19:57Il doit être pris dans l'école. Vous connaissez
19:59le problème des femmes et de la science.
20:01Les gamines, elles n'ont aucun
20:03problème culturel. Elles sont très douées.
20:05Elles sont meilleures que les garçons en masse.
20:07Les résultats des filles sont meilleurs jusque loin.
20:09J'avais rencontré le proviseur de Louis-le-Grand
20:11qui m'avait dit, vous savez,
20:13qui est responsable de tout ça ?
20:15Je lui ai dit, je ne sais pas.
20:17Les parents et les professeurs.
20:19C'est-à-dire la vision que les parents,
20:21et ce n'est pas qu'ils n'aiment pas leurs filles,
20:23c'est qu'on a des kilos de stéréotypes.
20:25Le monde, il vient à peine
20:27de changer pour les femmes.
20:29Donc, il faut lutter autour de ça
20:31et que si on veut, si l'éducation
20:33veut, elle se met dans l'idée
20:35qu'elle va arriver à une égalité
20:37de la présence des filles et des garçons
20:39dans les sciences,
20:41qui est fondamentale, parce que la science
20:43a besoin des femmes.
20:45Donc, ce n'est pas qu'une histoire de...
20:47Non, on est plus fort
20:49quand les femmes scientifiques sont là.
20:51On est plus fort.
20:53Et donc, cette campagne, elle n'existe pas encore ?
20:55Elle pourrait exister ?
20:57On a fait des campagnes dans ce sens.
20:59Par exemple, il y a un travail de L'Oréal
21:01sur Women and Science
21:03qui est très intéressant.
21:05Ce n'est pas suffisant.
21:07D'abord, il faut avoir une politique à long terme.
21:09Vous avez vu le nombre
21:11de ministres à l'éducation.
21:13À long terme, ça n'existe pas
21:15de changer sans arrêt
21:17d'actes, de points.
21:19Si les entreprises faisaient ça, elles iraient très mal.
21:21Donc, c'est des plans à long terme.
21:23Si on veut l'égalité,
21:25il faut le prévoir et voir.
21:27Et comment est-ce qu'on enlève aussi
21:29les stéréotypes, le manque de confiance
21:31des filles ? Rendez compte qu'à l'agence,
21:33c'est moi la patronne avec Rémi.
21:35Donc, on fait ce qu'on veut.
21:37On est arrivé à établir une égalité.
21:39Mais quand je regarde
21:41l'état des jeunes femmes
21:43au même moment que l'état
21:45des jeunes hommes, il y a 10%
21:47de plus de stress pour les femmes.
21:49Et quand vous les analysez, c'est très simple.
21:51Elles font tout.
21:53Quand vous tenez la maison
21:55quasiment seule, que les garçons...
21:57Ça ne change pas quand même
21:59avec la génération des 20,
22:01des 35...
22:03Prenez des chiffres. Voyons dans les statistiques.
22:05C'est une catastrophe.
22:07C'est-à-dire, non.
22:09On va se féliciter. Oui, ça a changé.
22:11Avant, ils avaient honte de pousser un landau.
22:13Maintenant, ils sont fiers.
22:15Donc, nous avons évolué.
22:17Ils accompagnent parfois les enfants à l'école.
22:19Ils vont faire des courses avec des lisses,
22:21des mamans. Mais qui s'occupe des enfants malades ?
22:23Mais qui s'occupe de la réalité ?
22:25Comment on change ça ? Parce que comme vous dites,
22:27c'est ancré dans le cortex profond
22:29depuis des générations.
22:31On reprend des mesures égalitaires.
22:33C'est quoi une mesure égalitaire ?
22:35Le congé paternité. C'est une mesure égalitaire.
22:37Il faut que les papas, qui sont merveilleux,
22:39vont s'habituer à l'enfant.
22:41Et vous allez voir, ça va très bien se passer.
22:43Ils ne vont pas tout d'un coup
22:45ne pas y arriver. Ils vont y arriver.
22:47Et là, il y a des règles.
22:49Si vous les mettez en même temps que les femmes,
22:51c'est les femmes qui font tout.
22:53Mais si vous les mettez successivement,
22:55le monde bouge. Il va bouger.
22:57Ils ne sont pas non plus responsables
22:59de ce qui arrive complètement.
23:01Le monde va bouger.
23:03Il nous reste les 3 minutes.
23:05C'est passé beaucoup trop vite.
23:07Je voudrais qu'on les consacre à un autre thème.
23:09Vous êtes présidente du Musée National de l'Histoire de l'Immigration.
23:11Pourquoi ?
23:13Je ne suis plus présidente.
23:15Parce que j'ai atteint ma limite d'âge.
23:17Allons bon !
23:19Je continue à faire
23:21toute la communication.
23:23Les titres ne sont pas la chose
23:25la plus importante de ma vie.
23:27Effectivement, on est bien d'accord.
23:29La question que je me posais,
23:31ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure
23:33sur les élections.
23:35Pourquoi la voix de celles et ceux qui disent
23:37que l'immigration, c'est une chance pour la France,
23:39elle pèse de moins en moins ?
23:41On a dit n'importe quoi depuis 10 ans
23:43en français. On a joué le jeu
23:45du Front National. Je suis désolée.
23:47Je pense qu'il vaut mieux dire la vérité.
23:49Ça fait 14 ans que je travaille
23:51pour ce musée. Pour une seule raison,
23:53c'est Jacques Toubon qui m'a appelé.
23:55Il a été un défenseur des droits incroyables.
23:57Il m'a appelé.
23:59On a pu raconter
24:01un peu de l'histoire, de la vérité
24:03de ce qu'a fait la France.
24:05La France, c'est un des grands
24:07pays de l'immigration. Dès le XVIIIe
24:09siècle, on a eu besoin des autres.
24:11C'est un pays intéressant
24:13parce que ça a créé un vivre-ensemble.
24:15Ce vivre-ensemble, il est un peu
24:17cassé. C'est ça qu'il faut se poser
24:19en question. Après, il ne faut pas raconter
24:21qu'ils envahissent la France. Il n'y a plus personne
24:23qui a envahi la France.
24:25On a menti sur les chiffres,
24:27sur les données. On n'a pas mis en perspective.
24:29Ça finit par créer.
24:31C'est tellement facile
24:33d'inventer qu'il y a quelqu'un qui est
24:35responsable et que ça va tout changer.
24:37Je vous promets que ça ne changera pas grand-chose.
24:39C'est une technique politique d'inventer un bouc émissaire.
24:41En tout cas, ce n'est pas ça qui va
24:43changer grand-chose. L'industrie, ça va
24:45changer quelque chose. Changer l'école
24:47parce que l'école, aujourd'hui, elle n'est pas bonne
24:49pour les émigrés, mais elle n'est pas bonne pour les Français
24:51non plus. On a des problèmes sur l'éducation.
24:53On a des problèmes sur l'intégration.
24:55Et, il faut être honnête,
24:57on a aussi des problèmes
24:59qui sont liés
25:01à l'islam
25:03et à cette culture
25:05qui ne veut pas non plus inventer un vivre-ensemble.
25:07Mais avant, c'était les catholiques
25:09qui avaient fait ça. Donc, on doit pouvoir
25:11y arriver. On doit pouvoir expliquer
25:13qu'on peut être
25:15penser une religion, mais considérer
25:17qu'au centre de la France,
25:19il y a une laïcité qui est possible.
25:21Et le rôle de la publicité là-dedans,
25:23on va terminer là-dessus, sur l'image,
25:25la diversité qu'on expose.
25:27Il y a eu des progrès, quand même ?
25:29Ça, il y a eu énormément de progrès. Il y a un retour en arrière
25:31parce qu'aux Etats-Unis,
25:33ça hurle tout d'un coup à l'envers.
25:35Je pense qu'il faut être calme.
25:37Il y a un moment donné où c'était
25:39presque
25:41excessif. C'est un peu ça
25:43qu'on a appelé beaucoup.
25:45Non, à chaque fois, moi, je pense
25:47qu'on ne peut pas résumer les gens par des noirs,
25:49des jaunes, des blancs. Et donc,
25:51à chaque fois que vous faites une pub, un noir, un jaune,
25:53un blanc, un truc, c'est un systématisme.
25:55Quand on est arrivé à dire
25:57qu'on ne pouvait pas traduire, quand on était
25:59un blanc, un livre fait
26:01par un noir, non mais attendez,
26:03c'est pas possible.
26:05Mais la diversité, c'est une immense
26:07richesse. Donc, comment
26:09est-ce qu'on lui donne son vrai rôle d'immense
26:11richesse et qu'on continue,
26:13malgré tout ce qu'on entend, et ce retour
26:15tout d'un coup sur... Et beaucoup
26:17d'entreprises ont été courageuses.
26:19Elles ont dit qu'elles ne retourneraient pas en arrière,
26:21que la diversité était intéressante.
26:23Vive l'Europe !
26:25Merci beaucoup, Mercedes Serra. C'est une belle
26:27dernière phrase. A bientôt sur
26:29Be Smart for Change. On passe tout de suite à notre rubrique
26:31Start-up.

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