SMART IMPACT - Les entreprises s’engagent : recruter autrement avec Crit

  • il y a 6 mois
Nathalie Jaoui, présidente du Groupe Crit, revient sur l’engagement de son entreprise, spécialiste du travail temporaire et intérimaire. Recrutement inclusif, soutien aux personnes éloignées de l’emploi, partenariat avec la communauté Les entreprises s’engagent (initiée en 2018 par Emmanuel Macron pour une société plus inclusive et plus durable). L’invitée partage aussi son expérience en tant que mentor d’un jeune.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:06 L'invité de Smart Impact, c'est Nathalie Jahouy. Bonjour.
00:09 Bonjour.
00:10 Bienvenue. Vous êtes donc la présidente du groupe CRIT,
00:13 CRIT devenu mécène de la communauté Les Entreprises Sans Gages.
00:15 On va y revenir. Quelques chiffres, deux chiffres.
00:18 Un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros en 2023
00:22 et en France 450 agences d'emploi et d'intérim.
00:25 C'est un groupe qui existe depuis 60 ans.
00:28 On va beaucoup parler d'inclusion dans cette interview.
00:30 Ce thème, l'inclusion, quel part ça prend dans votre stratégie
00:34 et puis peut-être aussi depuis quand ça fait partie de la stratégie du groupe ?
00:38 Écoutez, le groupe existe effectivement depuis 60 ans.
00:43 Il a été créé par mon père en 1962.
00:46 Ça reste une entreprise familiale, cotée en bourse, mais entreprise familiale.
00:51 On a toujours beaucoup travaillé sur l'emploi, sur le recrutement,
00:56 sur la délégation de personnel.
00:59 Quand on travaille sur l'emploi, je crois que l'inclusion, elle va de soi.
01:05 C'est un métier qu'on aime ou qu'on n'aime pas d'ailleurs.
01:07 C'est assez étonnant.
01:09 On a intégré un certain nombre de personnes pour qui l'emploi
01:13 et la gestion de personnel n'étaient pas du tout dans leur scope.
01:16 Mais quand on aime, c'est quand même un métier de passion.
01:18 Et l'emploi, c'est quand même donner.
01:21 Et l'objectif, la mission, c'est effectivement permettre
01:24 à un certain nombre de personnes de pouvoir s'intégrer,
01:27 de pouvoir acquérir de l'expérience et de pouvoir se réaliser dans leur emploi.
01:32 - Oui, parce que par exemple, quand on parle de personnes éloignées de l'emploi,
01:35 ça fait partie des stratégies, redonner une chance, effectivement.
01:39 Mais je me suis toujours posé la question,
01:41 qui on met dans cette catégorie des personnes éloignées de l'emploi ?
01:44 Ça veut dire quoi, en fait ?
01:46 - On met les personnes qui n'ont pas de réseau,
01:49 les personnes qui n'ont pas les bonnes études,
01:52 les personnes qui sont sur des territoires, effectivement, assez défavorisés,
01:57 qui n'ont pas eu une éducation leur permettant d'eux.
02:02 Voilà, il y a beaucoup, beaucoup de facteurs.
02:05 Et donc, notre avantage, avec un réseau de 400 agences,
02:10 plus de 400 agences sur l'ensemble du territoire,
02:12 c'est justement de pouvoir créer ces liens.
02:15 C'est en même temps de la proximité,
02:17 et en même temps de travailler avec des personnes,
02:21 et en même temps de travailler pour le plus grand nombre.
02:23 - Oui, mais alors justement, on travaille pour le plus grand nombre,
02:25 mais est-ce que vous avez des programmes spécifiques, justement,
02:28 pour ces personnes éloignées de l'emploi ?
02:30 - Oui, bien sûr.
02:31 - Et alors, ça prend quelle forme ?
02:32 - On fait plein de choses, c'est-à-dire qu'on fait du mentorat.
02:36 Par exemple, 5 % de nos permanents sont engagés dans le mentorat,
02:41 c'est-à-dire, effectivement, aident,
02:43 prennent de leur temps sur le temps de travail
02:45 pour accompagner des jeunes pour revoir leur CV,
02:49 pour leur donner leur avis,
02:51 pour essayer de les orienter vers les bonnes activités.
02:54 On travaille sur la féminisation d'un certain nombre de métiers.
03:00 - Il y a encore des biais ou des a priori à combattre, bien sûr.
03:03 - Bien sûr, il y en a beaucoup encore.
03:05 - Il y en a beaucoup encore.
03:06 - Sur les personnes qui sont issues de l'immigration,
03:08 qui n'ont pas forcément les bonnes études,
03:12 ou en tout cas celles qui sont en concordance avec les diplômes français.
03:17 - Et le handicap aussi, c'est forcément aussi une...
03:20 - Bien sûr.
03:21 - Je crois qu'il y a 30 000 intérimaires qui travaillent chaque jour grâce à Crit.
03:25 Je ne sais pas si vous l'avez quantifié,
03:27 mais il y a beaucoup de personnes en situation de handicap parmi ces intérimaires.
03:31 - Non, alors ce n'est pas la majorité.
03:32 On délègue à peu près 35 000 intérimaires.
03:34 Mais nous, on fait un gros travail d'accompagnement.
03:37 D'abord, on a des permanents qui sont en situation, effectivement, de handicap
03:40 et on est dans les quotas.
03:42 De temps en temps, il faut des critères et des contraintes.
03:44 - C'était bien d'avoir les contraintes.
03:46 - Oui, je crois qu'il y a des cas dans lesquels ça aide, oui.
03:50 On met du temps à s'adapter, peut-être, je crois que c'est nécessaire,
03:54 comme sur la parité, comme sur un certain nombre de domaines particuliers.
04:00 Donc nous, l'objectif, et on a aujourd'hui d'ailleurs aussi des personnes,
04:06 des intérimaires qu'on embauche en CD2i, en CDI intérimaire.
04:10 Et du coup, on peut les accompagner parce que ce qui nous intéresse,
04:12 c'est le parcours, en fait, d'emploi.
04:14 Et c'est pouvoir proposer des missions, soit,
04:17 parce que de temps en temps, on va nous faire le reproche que c'est du précaire.
04:20 En réalité, ce n'est pas tout à fait vrai parce que ça permet, effectivement,
04:24 de pouvoir accumuler un certain nombre d'expériences.
04:28 Parce qu'il y a des jeunes qui ne savent pas du tout
04:30 ce que c'est que le monde économique et le monde de l'entreprise.
04:32 Donc c'est important de pouvoir, en fait...
04:34 - Et qui, parfois, se disent "ce n'est pas pour moi".
04:36 Il y a aussi une forme d'autocensure, dans certains cas.
04:38 - Bien sûr, vous avez raison.
04:39 C'est-à-dire qu'ils voient ça de loin, ils se disent "les entreprises,
04:41 ce n'est pas pour moi".
04:42 Pour autant, aujourd'hui, l'emploi, c'est quand même les entreprises.
04:46 Et donc, c'est pour ça que les entreprises s'engagent.
04:53 Mais peut-être...
04:54 - On va y revenir, mais si vous voulez commencer à parler, on peut commencer à parler.
04:57 J'ai encore une petite question qui peut être pour les personnes en situation de handicap,
05:01 ou plus généralement, sur les biais de recrutement.
05:03 Ça, ça m'intéresse toujours parce qu'on en a tous, des biais.
05:06 Moi, je suis sûr que je recrute quelqu'un, j'ai un biais de recrutement.
05:08 Mais j'imagine que vous formez vos équipes, vos recruteurs.
05:12 Justement, et là, je parle du handicap pour dire,
05:14 ce n'est pas parce qu'il a ou elle a ce handicap que ce métier n'est pas pour lui ou pour elle ?
05:18 - Il y a certains métiers, quand même, en fonction du handicap, qui ne sont pas possibles.
05:21 - Oui, d'accord.
05:22 - Globalement, oui, c'est vrai, vous avez raison.
05:23 C'est-à-dire qu'il peut y avoir pas mal de préjugés.
05:27 Et donc, il faut réussir à passer à travers, effectivement, et faire tomber ces préjugés.
05:34 Donc, nous, on organise des informations en invitant un certain nombre de personnes,
05:41 des personnes aussi extérieures, des personnes handicapées,
05:44 qui vont venir, elles, parler de leurs expériences, petit à petit,
05:47 pour essayer de faire tomber, effectivement, ces préjugés.
05:51 - Alors, je voudrais qu'on parle, effectivement, de cette communauté.
05:53 Les entreprises s'engagent, dont Bsmart est partenaire, d'ailleurs,
05:58 et Smart Impact, par la même occasion.
06:00 Crit est devenu mécène depuis le mois de février.
06:03 C'est-à-dire que vous étiez membre de la communauté depuis, je crois, 4 ans, c'est ça ?
06:06 - 2020.
06:07 - Oui, donc 4 ans, et vous êtes mécène depuis février.
06:10 Pourquoi cette présence renforcée ? Qu'est-ce que ça signifie ?
06:13 - En fait, je faisais partie depuis 2020.
06:17 Sylvain Raymond et Thibaut Biguilly m'avaient proposé, en fait,
06:22 de venir au comité d'orientation au moment où les entreprises s'engagent ont été créées,
06:27 parce qu'ils connaissaient déjà mon implication sur ces sujets.
06:31 Et ils m'avaient proposé d'être présente.
06:35 Et en fait, on a été présente, j'ai été présente, l'entreprise a été présente et tous les salariés.
06:41 Et donc, du coup, on a fait beaucoup d'actions.
06:43 On a mené beaucoup d'actions sur les territoires.
06:46 On a mené des opérations qui étaient assez intéressantes aussi.
06:51 Par exemple, on a 400 agences, une agence, un projet.
06:54 C'est-à-dire qu'on a dit à chacune de nos agences,
06:57 choisissez un projet, principalement sur l'emploi, l'inclusion, la diversité,
07:03 et vous allez le défendre.
07:05 Et ensuite, on fait des challenges.
07:07 Alors, ça tournait autour du handicap, de la féminisation, de l'immigration, de la diversité, etc.
07:12 - Toutes les thématiques qu'on a abordées.
07:14 - Toutes les thématiques avant.
07:15 - Et c'est intéressant parce que ça, ça recoupe, pardon de vous interrompre,
07:17 ça recoupe cette logique de maillage territorial, départemental,
07:21 de la communauté et des entreprises s'engagent.
07:23 C'est vraiment cette volonté d'être au plus près du terrain.
07:27 - C'est ça.
07:28 Et cette volonté, effectivement, ensuite, de devenir mécène,
07:31 c'est parce qu'on est un soutien de la communauté, des entreprises s'engagent,
07:38 parce qu'il faut quand même noter quelque chose qui n'est pas si fréquent que ça.
07:44 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le public et le privé acceptent, comprennent, reconnaissent
07:54 que l'un et l'autre ont besoin de tout le monde, des uns et des autres.
07:59 - C'est assez nouveau, ça ?
08:00 - Et ça, c'est assez nouveau. Et ça, c'est assez remarquable quand même.
08:03 C'est-à-dire qu'on ne dise pas simplement le public, c'est le bien commun, national,
08:11 et les entreprises, c'est que le profit.
08:13 Et ça, cette reconnaissance-là, de la part du gouvernement,
08:19 de la part de, effectivement, durant cette période, je pense qu'elle est très importante.
08:26 Et je pense que c'est important de reconnaître aussi qu'on est là.
08:31 - Oui, et puis, ce qui est intéressant, on le dit à chaque fois quand on est avec une entreprise
08:35 qui vient dans le cadre de ce partenariat avec les entreprises s'engagent,
08:38 c'était un peu chacun dans son silo pendant des années.
08:41 Et là, on essaye de commencer à tisser des liens et ça ne fait pas de mal.
08:45 Je suis d'accord avec vous. Je voudrais revenir sur le mentorat parce que vous-même, vous êtes mentor.
08:50 - Oui.
08:51 - Alors, avec qui, depuis quand, comment ça se passe ? Je suis curieux de ça.
08:54 - Moi, je suis mentor d'un jeune homme issu de Côte d'Ivoire et qui, effectivement, a fait des études là-bas
09:06 et qui a fait des études en France aussi en université et qui a un diplôme qui est adorable, très poli,
09:14 qui se présente très bien, mais qui, finalement, n'a pas de réseau et qui n'a pas de connaissances, en fait,
09:24 vraiment de l'entreprise. Et donc, de fait, l'idée, c'est de lui apprendre à faire son CV,
09:32 c'est de le mettre sur des stages, de comprendre et de l'aider à savoir, lui, ce qu'il veut faire,
09:37 dans quel type de secteur d'activité il peut avancer.
09:40 C'est un travail, effectivement, de suivi de longue haleine, mais c'est vraiment intéressant.
09:46 - Merci beaucoup, Nathalie Jahoui. A bientôt sur Bismarck.
09:49 On passe à notre débat, le pacte vert, au cœur des enjeux de ces élections européennes.
09:54 Merci.

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