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Xerfi Canal a reçu Andreas Kaplan, Président et professeur à la Kuehne Logistics University, ancien doyen ESCP Business School, pour parler de la recherche dans les business schools.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour André Ascaplan.
00:09Bonjour Jean-Philippe.
00:11André Ascaplan, vous avez été dix ans membre du comité exécutif de SCP Business School,
00:15vous êtes aujourd'hui président et doyen de la Kuhn Logistics University à Hambourg, en Allemagne.
00:21Dans votre ouvrage, vous posez brutalement la question, vous dites « Research overrated
00:27or under-exploited ? » Est-ce qu'elle est surcotée finalement la recherche ou est-ce
00:32qu'elle est sous-exploitée ? Comment il faut comprendre ça ?
00:35Bon, premièrement, à mon avis, elle est sous-exploitée parce que la recherche,
00:40pour moi, a quand même un avantage ou une force parce qu'elle va différencier les écoles de
00:47commerce de, justement, des nouveaux entrants du EdTech, du BigTech, parce qu'eux, ils rentrent
00:54sur le marché de l'enseignement supérieur ou du management, mais ils sont non académiques,
00:58non accrédités, ils ne font pas de la recherche. Donc, c'est bien qu'il y a de la recherche au
01:04sein des écoles de commerce. Maintenant, le type de recherche qu'il y a actuellement,
01:09ça ne va pas le faire à long terme. Je m'explique. Actuellement, la recherche est
01:17souvent déconnectée du monde de l'entreprise, pas intégrée assez dans les cours et extrêmement
01:25coûteuse. La recherche est extrêmement coûteuse. Si on prend un article du type Alpha dans les
01:32meilleures revues au monde, 300, 400, 500 000 euros par article, si on fait le calcul. Enfin,
01:39on compte le temps de travail d'un professeur pour écrire un tel article et le salaire. Il y
01:46en a 2, 3, 4 co-auteurs par article et on n'écrit pas un tel article tous les ans. Donc,
01:52j'entends déjà que les gens vont dire oui, mais ça, c'est à cause des salaires aux Etats-Unis. Non,
01:57non, faites le calcul. Même avec les salaires en Europe, ça monte assez rapidement. Et donc,
02:03si au même moment, vous avez de la concurrence de ces EdTech, le BigTech qui propose des programmes
02:10non-accrédités, certes, mais des programmes très bas de prix, 1 000 euros, 2 000 euros,
02:15et à un certain moment, les étudiants, les parents, les entreprises vont se demander,
02:19mais pourquoi je subventionne la recherche qui coûte tellement ? Et donc, il faut expliquer,
02:25il faut valoriser autrement et beaucoup plus, et c'est pour ça que c'est sous-exploité,
02:31beaucoup plus la recherche auprès des entreprises, auprès des étudiants, même auprès des parents.
02:36Il faut revoir les systèmes d'incitation pour les réorienter vers la valorisation de la recherche
02:41et vers cet impact de la recherche. Exactement. Il faut utiliser la recherche pour vraiment
02:47montrer aux étudiants à quoi ça sert aux entreprises. Pour le moment, c'est un argument
02:53quand je fais, rarement, quelquefois, je fais du conseil auprès des établissements, et j'entends
02:59oui, mais la recherche est importante parce qu'on l'intègre dans les cours, et donc les cours
03:03deviennent meilleurs. Et je suis d'accord, ça c'est vrai, et j'achète l'argument. Maintenant,
03:09dans la réalité, c'est souvent pas le cas comme ça, parce que déjà, les grands chercheurs qui
03:16publient dans ces revues-là, normalement, ils ont une décharge en heures d'enseignement. Et je
03:21comprends parce qu'on ne peut pas tout faire, et on a besoin du temps pour faire de la recherche,
03:25mais au même moment, l'argument qu'un cours devient meilleur si j'intègre la recherche,
03:30et les chercheurs, ils ont une décharge des heures de leurs heures de cours, ça tient pas
03:36la route. Après, normalement, ces chercheurs, souvent, ils ont des cours de base, là non plus,
03:41parce que c'est moins de travail de préparation, comme ça ils ont plus de temps pour leur recherche.
03:46Donc là aussi, il n'y a pas vraiment de la recherche dans les cours de base, ou encore,
03:51ils font, ils enseignent dans les cours pour des doctorants, et ils discutent leur recherche avec
03:59les doctorants. Mais là non plus, les étudiants en master, ils ne vont pas être exposés à la
04:05recherche. Et peut-être comme troisième argument que ça ne tient pas la route, l'argument, bon
04:11chercheur ne veut pas dire bon pédagogue. Donc si je dis les cours deviennent meilleurs parce qu'il
04:16y a de la recherche dedans, il faudrait quand même, en premier lieu, regarder est-ce que c'est
04:20un bon pédagogue, et après si c'est un bon pédagogue, je peux dire, et en plus, il fait de
04:25la recherche, donc les cours deviennent encore meilleurs. Actuellement, on le sait tout, toute
04:31la carrière d'un professeur dépend presque uniquement de sa recherche, de ses publications,
04:36et pas vraiment de la pédagogie. Donc là aussi, ça ne tient pas la route. Merci André Ascaplan.

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