• il y a 10 heures
Regardez "On refait le monde" avec Jean-François Amadieu, sociologue, spécialiste des mouvements sociaux, et professeur à l'université Panthéon Sorbonne, Paola Fabiani, porte-parole du Medef et vice-présidente en charge de l'entrepreneuriat, et Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE.
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 11 mars 2025.

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00:00Yves Galvi. On refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
00:04Les 19h15, c'est une petite musique que l'on entend de plus en plus dans le débat public.
00:09Il va falloir travailler pour plus, plus longtemps pour financer l'effort de guerre.
00:14Un commentaire du Président du Conseil d'Orientation des Retraites.
00:17Le corps a provoqué hier la colère des syndicats réunis en conclave.
00:20L'entrée progressive, plus ou moins explicite dans une économie de guerre,
00:24rendra secondaire sinon dérisoire les débats actuels sur l'âge légal à 64 ans.
00:29C'est notamment ce qu'a déclaré Gilles Berset, le Président du corps.
00:32Avec nous ce soir pour en débattre, Jean-François Amadieu, qui est sociologue,
00:35spécialiste des mouvements sociaux et professeur à l'Université Panthéon-Sorbonne.
00:39Soyez le bienvenu Jean-François Amadieu.
00:40Bonsoir.
00:41Paula Fabiani, vice-présidente du MEDEF en charge de l'entrepreneuriat et porte-parole du MEDEF.
00:46Soyez vous aussi la bienvenue.
00:48Et Mathieu Plan, qui est directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE.
00:52Bienvenue Mathieu Plan.
00:53Bonsoir.
00:54Arrêtons ce conclave lunaire, quoi, qui vise à réabaisser l'âge de la retraite.
00:57On est dans une situation critique sur le plan budgétaire, qu'il faut trouver des sommes importantes,
01:02des dizaines de milliards d'euros pour assurer la sécurité des Français et des Européens.
01:06Le stop ?
01:07Stop au conclave des retraites.
01:09C'est l'éditorial de François Langlais, jeudi dernier sur RTL.
01:13François qui nous disait en substance qu'il ne peut plus être question de revenir sur l'âge de départ à la retraite
01:17quand il s'agit de retrouver plusieurs dizaines de milliards par an pour financer le réarmement.
01:22Paula Fabiani, vice-présidente du MEDEF, je le rappelle.
01:25Vous cherchez un argument pour ne pas reculer sur l'âge de départ ?
01:29Non, non, on ne cherche pas d'argument.
01:32Mais en fait, la vraie question, c'est comment trouver un équilibre,
01:36et effectivement, comment on va financer ces retraites.
01:39Et derrière, se pose assez rapidement la question, pour passer quelques chiffres, du taux d'emploi.
01:45Pour remettre quelques chiffres importants, il me semble, et pour remettre le débat en perspective.
01:49Effectivement, le taux d'emploi en France, donc le nombre d'heures travaillées par habitant,
01:54on est à 664 heures, là où les autres pays en Europe, en moyenne, sont à 770 heures.
02:00Un autre chiffre, important aussi, il y a 4 Français sur 10 qui travaillent.
02:04Et donc effectivement, un des sujets de la retraite, et qui a une conséquence, c'est effectivement le taux d'emploi.
02:10On dit souvent qu'on est plus productif, et que dans la période où les Français travaillent,
02:14ils travaillent beaucoup et ils produisent beaucoup. Vous contestez ces propos ?
02:17Alors oui, ils sont plus productifs, mais ça ne compense pas le taux d'emploi.
02:21C'est-à-dire le nombre de personnes, quand on sait qu'il y a 6 Français sur 10 qui ne travaillent pas,
02:25pour différentes raisons, mais effectivement, si on prend un petit exemple qui me semble vraiment intéressant,
02:29si on prend les Pays-Bas, le taux d'emploi aux Pays-Bas est très élevé, il est à 80%.
02:35On gagnerait 140 milliards d'euros. Donc, ça se comprend, un des sujets, c'est le taux d'emploi.
02:42Il peut aboutir, ce qu'on clave ?
02:45Nous, on fait le maximum pour essayer d'échanger et de trouver des compromis.
02:51Maintenant, effectivement, comme l'a très bien dit Patrick Martin, le Président du MEDEF, c'est compliqué.
02:56Alors, est-ce que vous l'entendez, Mathieu Plann, cette petite musique qui monte en ce moment ?
03:00Je rappelle que vous êtes économiste à l'OFCE.
03:03Oui, on l'entend et on peut la comprendre. C'est vrai que la situation budgétaire est assez critique.
03:09On a 6 points de déficit public, ce qui nous met quand même dans une certaine difficulté vis-à-vis de nos partenaires européens.
03:15Et c'est vrai que la situation géopolitique a changé rapidement avec l'élection de Donald Trump.
03:19Désormais, on parle d'un effort de guerre, de défense important, surtout du côté de l'Allemagne,
03:24qui relance son économie de façon assez massive, on parle d'un plan de 1000 milliards.
03:27Et pour la France, on parle de 30 à 40 milliards d'efforts budgétaires supplémentaires pour la défense.
03:32Ça veut dire qu'aujourd'hui, il va falloir à la fois réduire le déficit qui était déjà à 6%
03:37et augmenter les dépenses militaires.
03:40C'est pas possible ?
03:41Tout est possible. Mais il y a des stratégies, il y a ce qui est supportable ou pas,
03:46il y a les marchés qui nous regardent, il y a la commission, il y a beaucoup de choses.
03:49Et donc la question c'est comment vous financez tout ça ?
03:51Donc c'est vrai que la solution idéale c'est plutôt d'augmenter le gâteau, c'est-à-dire la croissance.
03:56Et donc la stratégie c'est comment augmenter cette croissance ? Est-ce que c'est par les taux d'emploi ?
04:00Est-ce que c'est les taux d'emploi, d'ailleurs, la note du CEU met aussi le taux d'emploi des jeunes en avant,
04:04qui a quand même un marqueur assez fort.
04:07C'est-à-dire que dans les différentiels de taux d'emploi entre la France et les autres pays,
04:11notamment l'Allemagne, d'autres pays de la zone ou le Royaume-Uni,
04:15c'est pas uniquement le taux d'emploi des seniors le problème.
04:17Ou c'est pas uniquement la durée du travail quand on est en activité,
04:20c'est aussi le taux d'emploi des jeunes et l'insertion des jeunes sur le marché du travail,
04:23qui expliquent une partie de notre différence.
04:25Donc ça veut dire résoudre le problème de l'emploi, c'est mieux intégrer, garder plus longtemps les seniors en emploi,
04:30mais c'est aussi intégrer plus rapidement les jeunes.
04:32Ah bon, donc vous dites qu'il faut qu'ils boulonnent plus tôt ?
04:34Ah bah oui, mais il faut qu'il y ait du boulot pour ça aussi.
04:36Non, non, mais j'entends bien.
04:37Et donc aujourd'hui on a trouvé des stratégies qui sont assez intéressantes,
04:39qui s'appellent l'apprentissage, mais l'apprentissage a un certain coût budgétaire aussi.
04:42Donc aujourd'hui on est en train de rogner justement cette politique publique autour de l'emploi.
04:48Donc ce que je veux dire, c'est que cette stratégie, on est tous d'accord pour dire
04:50il faut augmenter le taux d'emploi, mais maintenant comment on fait pour augmenter le taux d'emploi ?
04:53C'est une autre question.
04:55C'est une bonne question, je pense, Amadieu.
04:57Oui, c'est très important de rappeler cette question du taux d'emploi, elle est bien connue.
05:00Et en effet ce double problème des jeunes et des seniors.
05:03Je vais le résumer, vous avez deux grandes discriminations en France très importantes,
05:08et la première d'ailleurs c'est la question des seniors.
05:10Tout le monde le sait depuis des années, on bute sur cette difficulté par comparaison européenne.
05:14C'est-à-dire ?
05:15C'est-à-dire que l'embauche aujourd'hui d'un senior au-delà, je vais le dire directement, de 43-45 ans,
05:22pour dire les choses clairement, on est senior très tôt en France,
05:25les chances de trouver un emploi sont très fortement diminuées.
05:29Pourquoi ? Parce qu'ils sont trop chers ?
05:31Non, ce n'est pas du tout une question de prix.
05:33Ah non, pas du tout.
05:34Vous savez que c'est souvent ce qu'on imagine en disant ça.
05:37Non, on le dit souvent mais pas du tout.
05:38Pour l'essentiel des emplois, on a affaire à des emplois qui sont peu qualifiés.
05:42Tout le monde a en tête le cadre ou le senior un petit peu plus coûteux.
05:45Non, ce n'est pas le cas.
05:46Ce sont des emplois peu qualifiés qui sont grosso modo un SMIC, un SMIC et demi.
05:51Ça ne change absolument rien.
05:53Si vous voulez, le fait d'être plus âgé ne change rien en réalité au coût de ces emplois.
05:59C'est simplement que les employeurs considèrent que ces salariés seniors,
06:05par exemple dans les métiers de la vente, de l'accueil, d'un certain nombre d'activités,
06:09ne sont pas, je vais employer cette expression, vous me pardonnerez, bankables.
06:12C'est-à-dire qu'ils ne plairont pas aux clients et puis on pense qu'ils seront en mauvaise santé.
06:17Bref, c'est tous les stéréotypes autour du senior.
06:21Mais il faut quand même savoir quelque chose qui explique la difficulté française.
06:26On reviendra sur les jeunes après, sur les seniors.
06:28C'est que la France bat des records mondiaux en matière de préjugés à l'égard des seniors.
06:34Dans toutes les comparaisons internationales, il faut savoir qu'en France,
06:37on a une vision particulièrement négative des seniors.
06:39Les employeurs à l'étranger et les pays en général, ce n'est pas juste les employeurs,
06:44ont une meilleure vision des seniors.
06:47Dans les pays d'Europe du Nord, dans beaucoup de pays, même aux Etats-Unis,
06:50dans beaucoup de pays, on n'a pas cette difficulté.
06:52Donc si vous voulez, quand on parle de taux d'emploi,
06:55plutôt que d'augmenter le temps de travail ou comme on l'entend,
07:00de passer à 36 ou 37 heures pour des salariés qui ont déjà un emploi,
07:03il est vrai qu'il serait quand même plus important de sortir du chômage de longue durée
07:08et des revenus de subsistance des gens qui ne trouvent aujourd'hui pas d'emploi.
07:13Donc pour les seniors, il faut vraiment voir la singularité française.
07:18Ce n'est pas par hasard si on a traîné pendant des décennies
07:20ce très faible taux d'emploi des plus de 55 ans.
07:25Et ça, c'est vraiment un problème français.
07:28Les jeunes aussi, puisque Défenseurs des droits a consacré aussi une enquête,
07:32d'ailleurs il n'y a pas très longtemps, à la question de l'accès des jeunes à l'emploi.
07:36Pas tous les jeunes, mais il y a des problèmes d'accès aussi.
07:42Donc en fait, c'est vrai que le taux d'activité en France, ça c'est la France,
07:45on le sait depuis longtemps, c'est finalement peu de gens qui travaillent.
07:49Comme vous l'avez dit, il y a peu de français qui travaillent.
07:52Et quand ils travaillent, il faut quand même le dire,
07:54parce que c'est un des problèmes posés en France.
07:56Toutes les comparaisons sur les conditions de travail et le management
07:59montrent qu'on a quand même un problème en France.
08:02Alors on verra la prochaine enquête sur les conditions de travail de la Fondation Dublin.
08:07Mais pour le moment, les résultats qu'on a, c'est que nous avons des salariés
08:13qui finalement, on dit que les français sont râleurs,
08:17mais au travail, ils ne trouvent pas que leurs conditions de travail soient très bonnes.
08:21Paola Fabiani, je vous regarde dans les yeux.
08:23Pourquoi vous ne voulez plus de moi ?
08:25Mais je veux de vous.
08:27J'en suis pas sûr, après ce que je viens d'entendre.
08:30Nous autres, les vieux chenocs.
08:32Si, si, alors là je vais vous répondre à deux titres, au titre du MEDEF,
08:35mais aussi au titre de mon entreprise, parce qu'effectivement je suis cheffe d'entreprise
08:38et notamment dans un métier des centres d'appel.
08:40Qu'est-ce que vous faites exactement ?
08:42On a créé des centres d'appel, nous sommes Wisecom, une société de centres d'appel
08:45et on l'a localisé en France, notamment à Paris, et maintenant à Jacques-Chiotis.
08:49Oui, ce qui est rarissime, je me permets de le rappeler.
08:51Et effectivement, on a beaucoup capitalisé sur les seniors,
08:54parce que pour nous c'est une manne essentielle,
08:56et j'irai sur ce que vous avez dit d'un point de vue sociologique,
08:59on travaille beaucoup sur ce mix justement, la complémentarité seniors-jeunes,
09:03puisque finalement on capitalise sur les seniors sur l'expérience de la vie,
09:07et c'est un vrai atout pour nos entreprises,
09:09parce qu'ils ont la connaissance de la vie,
09:11et par rapport à une population plus jeune qui souvent va faire son premier emploi
09:15et donc va aussi apprendre les codes du travail,
09:17les seniors sont un atout.
09:19Et on a développé une offre qui s'appelle « Les seniors parlent aux seniors »
09:21parce qu'on a une économie qui s'appelle la Silver Economy,
09:23qui est en pleine croissance,
09:25et qui effectivement permet de créer des emplois,
09:27notamment pour les seniors, parce qu'il faut avoir l'expérience de la vie pour parler à notre senior.
09:30Alors, tout ce que vous venez de nous dire c'est passionnant,
09:32mais j'ai envie de vous dire, ce qu'on aimerait bien c'est que les juniors parlent aux seniors,
09:34et réciproquement, vous voyez ce que je veux dire ?
09:36Bien sûr, mais je veux dire par là que c'est des pistes,
09:39et après, effectivement, le sujet du senior, mais le sujet du jeune aussi,
09:43c'est effectivement de créer les matches.
09:45C'est-à-dire qu'on a d'un côté des secteurs entiers qui sont des métiers en tension,
09:50et de l'autre côté, on a des jeunes,
09:52l'apprentissage, on défend fortement, permet ça,
09:54mais aussi des seniors,
09:57qui ne matchent pas parce qu'ils ne se trouvent pas forcément dans cet emploi,
10:00ou en tout cas, ils n'en ont pas connaissance,
10:02et ils ne voient pas comment arriver à cet emploi,
10:04et les entreprises ne sachent pas forcément comment leur parler.
10:06Donc il y a une vraie passerelle à créer qui est importante.
10:09Si je peux revenir une minute sur ce qui a été dit ?
10:11Oui.
10:12Sur la partie, je reprends ma casquette Medef, après cette parenthèse.
10:15Et si mes deux camarades sont d'accord ?
10:17Ils ont l'air d'être courtois comme garçons.
10:19Je suis totalement alignée.
10:22Il y a deux points.
10:23Je pense qu'il y a un point pour résoudre, finalement,
10:26c'est comment se donner les bouffées d'oxygène et les marges de manœuvre
10:29pour financer aussi bien notre modèle social,
10:31et éventuellement cette économie de guerre.
10:33Et pour ça, il y a, à mon sens, deux leviers que vous avez cités.
10:36C'est d'un côté, effectivement, la croissance,
10:38et donc le taux d'emploi, qui est un des phénomènes de la croissance,
10:41mais créer les conditions de croissance,
10:43et de l'autre côté, réduire les dépenses publiques.
10:46Dans un instant, vous entendrez, après le rappel des informations,
10:50Denis Gravouille qui est négociateur retraite de la CGT.
10:53C'était en fin de semaine sur notre antenne,
10:54il n'était pas forcément de très bonne humeur.
11:04Il ne va pas tarder à 19h30.
11:08RTL Soir, on refait le monde.
11:10Avec Yves Calvi.
11:11Et c'est Aude Vernoucho qui revient sur l'essentiel de l'actualité.
11:14Bonsoir Aude.
11:15Bonsoir Yves, bonsoir à tous.
11:16Le ton s'apaise ce soir entre Ukrainiens et Américains.
11:19Washington annonce la reprise de l'aide américaine
11:22et de l'échange de renseignements.
11:24De son côté, l'Ukraine soutient une proposition
11:26de cesser le feu de 30 jours avec la Russie.
11:28Cette proposition va être soumise à Moscou.
11:31Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio
11:34espère que les Russes vont accepter.
11:36Pendant ce temps à Paris, Emmanuel Macron a reçu
11:38les chefs d'état-major de 30 pays européens et de l'OTAN.
11:41A l'Elysée, il les appelle à passer à la planification
11:44des garanties de sécurité pour l'Ukraine.
11:46Également à retenir, l'état du pape François
11:49globalement stable avec une légère amélioration ce soir.
11:52Le souverain pontife de 88 ans est hospitalisé
11:55depuis 4 semaines pour une double pneumonie.
11:57Et puis en football, Liverpool reçoit le PSG ce soir
12:00à 21h. Match retour des huitièmes de finale
12:02de Ligue des champions. Match à suivre
12:04dans RTL Foot sur l'application RTL.
12:07Et dans une demi-heure, on retrouve Faustine Bollard
12:09pour son émission Héros.
12:10Et ce soir dans Héros, l'histoire hors norme
12:12de Morgane. Tout commence comme une très belle
12:14histoire d'amour pour cette jeune femme.
12:16Mais rapidement, le prince charmant va se révéler
12:19être un pervers narcissique dangereux.
12:21Rendez-vous à 20h pour ce témoignage
12:23très courageux avec Faustine Bollard.
12:25On vous retrouve à 20h au dernier show.
12:27A tout à l'heure.
12:31On refait le monde sur RTL.
12:34Nous n'allons pas échanger les droits sociaux
12:36pour l'effort de guerre. Combien de missiles
12:38pour arriver à payer les retraites des femmes
12:40par exemple ? C'est cette question-là qu'on pose.
12:42Il y a toujours une bonne raison pour s'attaquer
12:44au système de retraite. Le Covid, la crise économique,
12:46les comptes publics. Les Français ne sont pas résignés
12:48avec cette réforme qui a été passée à coup de 49.3.
12:50Et nous sommes, je vous le rappelle, avec le sociologue
12:52Jean-François Madieu, Paola Fabiani
12:54qui est vice-présidente du MEDEF et Mathieu Plein,
12:56directeur adjoint du département d'analyse et prévision
12:58de l'OFCE. Paola Fabiani,
13:00on a raison de lier l'effort de réarmement
13:02aux réformes sociales en cours, d'après vous ?
13:04La question,
13:06ce n'est pas l'un ou l'autre.
13:08En fait,
13:10c'est pas les
13:12canons ou les pensions.
13:14C'est effectivement de se trouver finalement
13:16des marges de manœuvre pour
13:18finalement financer les deux.
13:20Parce que quelque part, à ce jour,
13:22le problème c'est le financement.
13:24Comment on fait pour financer et donc pour pouvoir
13:26investir ? Effectivement,
13:28dans notre modèle social, et puis de l'autre côté,
13:30dans l'effort de guerre.
13:32Jean-François Madieu, l'opinion publique qui semble rejeter
13:34largement la réforme Borne sur les retraites,
13:36est-ce qu'elle est prête à entendre ce discours, d'après vous ?
13:40C'est intéressant parce que
13:42si on
13:44demande aux Français des efforts
13:46travailler plus, par exemple,
13:48finalement,
13:50actuellement, dans les derniers
13:52sondages qu'on a, il y a une petite majorité
13:54qui serait quand même prête à le faire.
13:56Ce qui veut dire que si vous avez des argumentaires
13:58nouveaux, ce n'est pas impossible.
14:02On a des enquêtes sérieuses.
14:04Il y a eu un sondage sur le sujet, oui.
14:06Pardonnez-moi, un sondage ne fait pas
14:08le printemps. Non, je sais.
14:10Il en faut plusieurs, vous avez parfaitement
14:12raison. Il faut les multiplier.
14:14Surtout que ça dépend exactement de quelle mesure
14:16on est en train de parler. Voilà. Exactement.
14:18Puisque d'une mesure à l'autre, on voit des réactions qui peuvent être différentes.
14:20Mais
14:22on l'a déjà fait dans le passé.
14:24Je voudrais ajouter autre chose aussi, c'est que
14:26si la question, c'est de savoir,
14:28indépendamment de ce qu'en pensent les Français,
14:30si vous mettrez du monde dans la rue
14:32ou si ce sera compliqué,
14:34prenez toutes les réformes des retraites.
14:36Elles ont toujours été extrêmement impopulaires.
14:38Entre 66 et 75% des Français
14:40ont été contre, les salariés naturellement.
14:42Elles se sont faites.
14:44Parfois, les mobilisations étaient très importantes,
14:46notamment la dernière fois.
14:48J'ajoute, puisque c'était évoqué tout à l'heure
14:50par la CGT, la question du Covid,
14:52je rappelle que c'est ce qui avait, au contraire,
14:54arrêté une réforme,
14:56celle de la réforme par points des retraites.
14:58Donc, si vous voulez,
15:00en fait, la mobilisation
15:02sur ces sujets
15:04est extrêmement peu probable, en réalité.
15:06J'ajoute que les Français
15:08ont déjà acté, en réalité, le fait
15:10que l'âge de la réforme précédente
15:12est le report de l'âge.
15:14Donc, c'est un sujet, je dirais, qui est déjà
15:16derrière nous, avec, je dirais,
15:18un combat syndical qui a été perdu,
15:20mais ce n'est pas le premier, d'ailleurs, ces derniers temps.
15:22Donc, après,
15:24tout dépend
15:26de la nature de l'effort et du partage
15:28de l'effort qui est demandé aux Français,
15:30car ça reste le sujet, quand même, aussi,
15:32à partir du moment où vous le mettez en avant.
15:34En revanche, ce qui est une inconnue, et ça, je ne sais pas, il faudra voir,
15:36c'est comment les Français vont
15:38apprécier, comment ils apprécient
15:40le fait que
15:42on prenne argument de cette
15:44question de la défense et des dépenses
15:46nécessaires, en pleine négociation
15:48sur les retraites, et tout de suite, pour, je dirais,
15:50c'est un peu le sentiment que ça donne,
15:52sauter sur l'occasion,
15:54évidemment, c'est un peu, alors même qu'une
15:56négociation a lieu, et l'on tirerait tout de suite,
15:58c'est vrai que c'est un peu maladroit, je dirais, d'une certaine manière,
16:00d'autant plus que certaines parties,
16:02évidemment, des partis politiques, s'empressent de sauter
16:04sur l'occasion, et ne manqueront pas de le faire.
16:06Et là, on est au cœur de notre débat, Mathieu Plan.
16:08Oui, oui, au cœur du débat,
16:10la question, c'est, est-ce qu'il faut, effectivement,
16:12dissocier, conclave,
16:14de négociation des retraites,
16:16qu'il y a un cahier des charges, qui est de dire,
16:18est-ce qu'on peut faire différemment,
16:20c'est-à-dire, ne pas avoir 64 ans,
16:22mais pas alourdir le déficit
16:24des retraites à venir.
16:26Donc, il faut trouver d'autres modes de financement,
16:28est-ce que ça passe,
16:30il y a des points qui sont plus ou moins tabous,
16:32est-ce que ça passe par des hausses de cotisations,
16:34est-ce que c'est une hausse de la durée d'activité,
16:36donc voilà. Donc ça, c'était la négociation
16:38initiale. Est-ce que ça joue,
16:40là, je pense aussi que c'est tabou,
16:42est-ce que les pensions de retraite, aussi, sont mises sur la table,
16:44c'est-à-dire, est-ce qu'on demande un effort aussi retraité
16:46dans l'effort global, parce que,
16:48au fond, il y a quand même...
16:50Toutes les enquêtes faites auprès des retraités,
16:52nous disent qu'ils ne sont absolument
16:54pas d'accord. Et oui, quand vous dites à quelqu'un...
16:56On a trimé
16:58toute notre vie, ce n'est pas maintenant que vous allez nous...
17:00On va avoir un problème, là, quand vous entendez
17:02les discours, c'est qu'en fait,
17:04il n'y a pas de solidarité autour
17:06d'une espèce d'union, de
17:08réunion. Il faudra se retrousser les manches,
17:10et il va falloir payer. Et donc,
17:12certains disent, oui, mais si on fait ça, ça va nuire
17:14la compétitivité des entreprises. Si on fait ça,
17:16ça va réduire le pouvoir d'achat
17:18des retraités. Si on fait ça,
17:20ça va réduire les services publics.
17:22À la fin, en fait, forcément,
17:24il y a quelqu'un qui paie une entreprise ou un ménage,
17:26quel que soit le ménage. Est-ce que c'est des riches ?
17:28Est-ce que c'est la classe moyenne ?
17:30Et là, aujourd'hui, on voit qu'il n'y a pas du tout de consensus politique
17:32sur la ligne à suivre.
17:34Je rappelle juste qu'on a eu
17:36un budget assez récemment,
17:38mais un peu à minima par rapport à l'ambition initiale,
17:40et qu'on va très vite retomber dans un nouveau
17:42projet de loi de finances de 2026, qui normalement
17:44risque d'être beaucoup plus rigoureux,
17:46voire plus austère que ce qui était prévu
17:48pour 2025. Et à ça s'ajoute
17:50cet effort de guerre et le fameux conclave
17:52des retraites. Et donc là, on a du mal à voir
17:54la stratégie de moyen terme, en tout cas sur les équilibres
17:56budgétaires, et aussi également
17:58sur la croissance. Parce qu'aujourd'hui, on n'a pas vraiment de politique
18:00qui nous dise comment on va faire pour augmenter
18:02ce fameux taux d'emploi, cette croissance.
18:04Et si on demande aux actifs
18:06de travailler plus, alors c'est ce qu'on leur demande déjà avec
18:08la réforme des retraites. On augmente la durée
18:10d'activité et on reprend l'âge égal.
18:12Si après on leur dit aussi, il faut supprimer 35 heures
18:14ou faire 36, etc., mais pas payer plus,
18:16ils vont se dire, est-ce que finalement, dans l'équilibre
18:18générationnel, il n'y a pas un petit problème ?
18:20C'est-à-dire, est-ce qu'à un moment donné, la question...
18:22La question, au fond,
18:24si on est tous en difficulté
18:26et qu'il y a un point de vue budgétaire, il faut
18:28qu'il y ait une forme de solidarité générationnelle.
18:30C'est-à-dire, est-ce qu'on peut écarter complètement
18:32dire, bon ben, les retraités
18:34ont une garantie à vie de leur indexation de leur retraite.
18:36Si on demande aux jeunes, aux actifs
18:38de travailler plus longtemps,
18:40de travailler plus, pas pour gagner plus, en plus,
18:42est-ce qu'il y a une participation des retraites ?
18:44Je ne suis pas... Je mets ça sur la table,
18:46les retraites, c'est 400 milliards par an. Donc forcément,
18:48c'est difficile quand on dit, on va réduire
18:50la dépense publique, on va faire des efforts
18:52de dire, il n'y aura pas du tout d'effort
18:54aussi du côté des retraités. Alors, je ne suis pas pour prendre
18:56nos retraités. Ce que je veux dire, c'est que l'ensemble de la société
18:58va devoir faire un effort et il va falloir
19:00mettre ça autour de la table.
19:02La CEPME, la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises,
19:04propose une heure de travail supplémentaire
19:06par semaine.
19:08Dit comme ça, c'est presque gentil.
19:10J'ai envie de vous dire,
19:12ça passe plus aisément... Non, ça vous emporte.
19:14Non, non, mais je vais vous dire juste...
19:18Je ne vois même pas tellement l'utilité
19:20finalement d'une réforme comme ça, parce qu'on parle
19:22d'une heure. Je rappelle juste que
19:24un salariat à temps plein, en France,
19:26travaille 39 heures. La question, c'est la majoration des heures supplémentaires.
19:28C'est-à-dire qu'il va perdre
19:3010% sur son heure supplémentaire.
19:32A la fin, on n'aura pas changé le monde.
19:34Donc, je pense que les problématiques
19:36sont un peu plus profondes que ça.
19:38On n'aura pas changé le monde, Paola Fabiani ?
19:40C'est mignon, moi, une heure de travail par semaine.
19:42L'idée de la capitalisation,
19:44qui est derrière ça,
19:46est pour nous un enjeu majeur. Par contre,
19:48effectivement, est-ce que l'une heure
19:50suffira ? On ne pense pas que ce soit suffisant.
19:52Je vous rejoins. Nous, on a proposé
19:54deux axes qui sont
19:56assez clairs sur lesquels on travaille depuis longtemps.
19:58C'est, certes, évidemment, développer la capitalisation,
20:00mais dans une
20:02logique, d'une part, de diversifier les financements,
20:04d'autre part, aussi,
20:06de flécher vers l'investissement productif.
20:08Et puis, cette capitalisation
20:10viendra en complémentarité du système
20:12de répartition des retraites actuelles,
20:14puisque je rappelle qu'actuellement, on est sous le système
20:16de répartition. Donc, ce serait complémentaire, et ce serait
20:18géré de façon collective
20:20et paritaire par les acteurs sociaux.
20:22Donc, ça, c'est une des pistes. L'autre piste,
20:24pour rebondir par rapport à ce que vous disiez,
20:26qu'on propose, c'est la TVA sociale.
20:28La TVA sociale...
20:30Rappelant en trois mots le principe de la TVA sociale...
20:32Ce serait d'augmenter la TVA
20:34pour la flécher dans le financement
20:36du modèle social, mais
20:38cette TVA sociale aurait
20:40la vertu de
20:42dérépartir plutôt l'effort
20:44sur l'ensemble de la population
20:46et pas uniquement sur les actifs.
20:48Appelons que les actifs, c'est 4 sur 10.
20:50Ça va nous permettre de redébattre
20:52dans quelques instants. A tout de suite sur RTL.
21:22Étienne Gernel, sur notre antenne,
21:24il y a 48 heures, par ailleurs,
21:26journaliste au Haut Point.
21:28Nous faisons le point ce soir et nous vous posons cette question.
21:30Les Français vont-ils devoir travailler plus
21:32pour financer l'effort de défense ?
21:34Avec Paula Fabiani, qui est vice-présidente du MEDEF,
21:36Mathieu Plann, directeur adjoint du département
21:38analyse et prévision de l'OFCE,
21:40et Jean-François Madieu, qui est sociologue et spécialiste
21:42des mouvements sociaux, par ailleurs professeur
21:44à l'Université Pompéon-Sorbonne.
21:46Alors, on évoquait il y a quelques instants la TVA sociale.
21:48Elle impacte
21:50tout d'abord les plus pauvres. On est d'accord,
21:52Mathieu Plann ?
21:54Ça, c'est le risque de la hausse de TVA.
21:56La TVA, on dit que c'est un impôt...
21:58Alors, l'avantage, c'est que c'est une assiette large.
22:00Donc, une petite hausse de taux fait
22:02beaucoup de rendement. Le problème, c'est que
22:04le poids de la TVA dans les budgets est effectivement
22:06plus élevé quand vous êtes modeste, parce que
22:08vous n'épargnez pas et donc cette consommation est taxée,
22:10que les ménages plus aisés qu'on ne l'épargne.
22:12Donc, c'est vrai que, souvent, ça a un
22:14impact qui est plutôt dit régressif,
22:16même si cette assiette large est assez intéressante.
22:18La question, c'est est-ce qu'on touche au taux de TVA réduit,
22:20au taux de TVA intermédiaire, au taux de TVA normal ?
22:22Forcément, ça peut avoir des effets assez différents.
22:24À moins que nos entreprises, Paola, Fabiani,
22:26soient prêtes à faire un effort supplémentaire.
22:28Qu'en pensez-vous ?
22:30Pour rappel, dans le nouveau budget, les entreprises
22:32ont déjà une charge de 13 milliards supplémentaires.
22:34Je le rappelle au passage.
22:36Et, au-delà de ça...
22:38Alors, la TVA sociale...
22:40Il faut toujours faire un petit effort en plus pour être ambitionnaire.
22:42Et, au-delà de ça, la TVA sociale,
22:44avec le point important
22:46de la réserve, de ne pas toucher aux biens
22:48de première nécessité, déjà.
22:50Et puis, d'une façon générale,
22:52la question,
22:54elle est finalement, parce qu'on parle
22:56d'économie de guerre, c'est comment on sait
22:58que pour une économie de guerre, il faut en fait une économie
23:00productive à ses pleines capacités.
23:02C'est comment on fait en sorte
23:04de mettre les entreprises en situation
23:06de pleine capacité de production.
23:08Et donc, effectivement, c'est derrière
23:10la croissance...
23:12Quelle est votre réponse à la question que vous venez de soulever ?
23:14La croissance, la productivité,
23:16attirer les talents, et puis
23:18donner les moyens aux entreprises
23:20de pouvoir être en pleine production. Donc, l'investissement
23:22et non pas les grèves encore plus
23:24de charges. Parce qu'on sait qu'une entreprise
23:26qui a de plus en plus de charges, au bout d'un moment,
23:28elle ne peut pas investir et elle ne peut pas se mettre en pleine capacité
23:30de production.
23:32Les syndicats ouvriers objectent que le taux d'emploi des seniors
23:34est aujourd'hui trop faible, que reculer encore là
23:36de l'âge de départ ne ferait
23:38qu'accroître les difficultés. Qu'est-ce que vous pensez
23:40de cet argument ?
23:42Est-ce que ça tient la route ?
23:44Je vous vois dubitatif.
23:46Je partage tout à fait ce point de vue.
23:48Il faut comprendre
23:50qu'une des réticences, une des difficultés
23:52dans l'emploi des seniors,
23:54c'est, en effet,
23:56la capacité qu'ils ont
23:58à tenir un certain nombre de postes.
24:00Il y a un certain nombre de postes de travail,
24:02c'est la question de la pénibilité,
24:04qui n'est pas sujet de discussion depuis déjà longtemps.
24:06Mais,
24:08pourquoi c'est une difficulté ?
24:10Il faut bien réaliser que quand vous reculez
24:12d'une année ou de deux années à un âge de départ
24:14pour des gens qui sont déjà
24:16âgés,
24:18j'apprendrai rien aux gens qui nous écoutent,
24:20mais les problèmes de santé, ils sont
24:22exponentiels en fin de vie.
24:24Vous comprenez, il y a une différence
24:26entre passer de 20 à 25 ans,
24:28ça ne change pas grand-chose par rapport à votre état
24:30de santé et à votre capacité
24:32à tenir des postes de travail.
24:34Passer de 60 à 64
24:36ou de 64 à 67,
24:38c'est plus la même chose.
24:40Quand vous regardez toutes les courbes
24:42pour les différentes pathologies,
24:44vous le voyez tout de suite.
24:46Sachant que c'est déjà part de l'image.
24:48La capacité à tenir les postes,
24:50et bien sûr, je l'ai dit tout à l'heure,
24:52le fait qu'aucun employeur
24:54ne souhaitera embaucher,
24:56il faut vraiment que les seniors restent
24:58en emploi. Parce que si, d'aventure,
25:00ils doivent retrouver un emploi,
25:02on sait très bien qu'au-delà de 60 ans,
25:04ça va être évidemment impossible.
25:06Il y a des solutions pour maintenir les gens jusqu'à la retraite,
25:08plus ou moins,
25:10au moment où ils atteindront
25:12l'âge de départ à la retraite,
25:14mais à partir de 55 ans,
25:16ce sera toujours très compliqué.
25:18Indépendamment de l'état de santé,
25:20les seniors en question.
25:22Je rappelle que le ministère du Travail
25:24indique que le taux d'emploi des seniors
25:26passe déjà de 77%
25:28pour les 55-59 ans
25:30à 38%
25:32pour les 60-64 ans.
25:34Oui.
25:36Ce qui est intéressant, c'est qu'on est autour
25:38des 60-64 ans, autour de
25:4040%, un peu moins.
25:42En 2000,
25:44j'ai regardé ça à l'instant, on était à moins de 15%.
25:46Donc il s'est quand même passé quelque chose
25:48entre-temps, une forte augmentation,
25:50et on est à peu près maintenant 10 points
25:52en dessous de l'Allemagne ou du Royaume-Uni.
25:54On a quand même convergé
25:56beaucoup, mais ça pose quand même des questions
25:58qui sont très fortes, c'est qu'effectivement,
26:00ce report de l'âge égal et l'augmentation du rythme de cotisation
26:02augmente les taux d'emploi quand même des seniors.
26:04Ça veut dire que les entreprises doivent garder les seniors
26:06en emploi plus longtemps, alors ça pose la question
26:08de leur productivité, de leur formation.
26:10Et je trouve que c'est un sujet qu'on a assez peu évoqué
26:12dans la réforme des retraites, parce qu'on a un choc
26:14démographique dans les entreprises.
26:16Et qu'en réalité, la pyramide des âges était déjà vieillissante,
26:18mais là, en plus, on va avoir,
26:20c'est pas moi qui le dit, c'est l'INSEE, en gros,
26:22la réforme des retraites, c'est 500 000 actifs de plus
26:24d'ici à 2030 seniors, dans les boîtes.
26:26Donc ça veut dire qu'il va falloir aussi
26:28les maintenir en emploi,
26:30mais faire en sorte qu'ils soient
26:32productifs, qu'ils soient formés,
26:34que tout soit
26:36fonctionne bien avec les autres salariés.
26:38Et on n'en parle pas assez.
26:40Et après, le deuxième point, ce qu'on voit souvent,
26:42c'est que si vous n'avez pas plus de sous-croissance et que vous générez pas plus d'emplois
26:44globalement dans votre économie,
26:46il peut y avoir des effets de vastes
26:48communicants avec les autres catégories d'âge.
26:50Et forcément, si vous maintenez plus longtemps
26:52certains seniors en emploi, vous allez moins embaucher des jeunes.
26:54Donc il faut générer beaucoup d'activités pour absorber
26:56effectivement ce forme de
26:58choc démographique. Et le risque,
27:00aujourd'hui, je le rappelle aussi, c'est que ce se fasse
27:02en partie au détriment de l'emploi des jeunes.
27:04On voit que le taux d'emploi des jeunes reste quand même
27:06particulièrement bas par rapport aux autres pays.
27:08Donc je veux dire, on ne peut pas délier tout ça.
27:10C'est la question de la formation des seniors, l'accompagnement,
27:12les nouvelles technologies, etc. Et puis,
27:14l'insertion des jeunes sur le marché du travail.
27:16Pourquoi c'est si difficile d'insérer
27:18les jeunes sur le marché du travail ?
27:20Comment vous expliquez ça, Jean-François Amadieu ?
27:24En fait, c'est parce que
27:26quand on dit les jeunes...
27:28Et puis tous les métiers ne se valent pas, je veux dire, dans la difficulté
27:30physique notamment. Alors je sais qu'on est
27:32un pays égalitaire où on veut que tout le monde soit
27:34sur la même ligne, mais de temps en temps, on a peut-être le droit
27:36d'être intelligent aussi.
27:37Soyons clairs, n'importe quel employeur
27:39souhaite toujours avoir
27:41des salariés qui disposent d'expérience.
27:43Par conséquent, aucun employeur
27:45n'a envie de financer
27:47des gens qui débutent,
27:49d'où le succès de l'apprentissage,
27:51qui nous permet, évidemment, pour un prix
27:53beaucoup plus faible,
27:55en étant aidé,
27:57largement aidé, d'avoir...
27:59C'est une manière de résoudre le problème.
28:01À une époque, il y avait l'idée du SMIC
28:03jeune, il y avait l'idée de...
28:05Donc, on sait
28:07qu'il y a différents mécanismes
28:09pour essayer de
28:11favoriser l'emploi des plus jeunes
28:13parce que les employeurs, c'est normal,
28:15souhaitent toujours avoir des gens qui ont déjà de l'expérience
28:17et qui ne soient pas trop âgés.
28:19Bon, ça, c'est le raisonnement de base.
28:21Il a toujours été vrai.
28:23Alors, après, sur les jeunes, il y a aussi autre chose.
28:25C'est que, justement, quand on regarde
28:27l'enquête du défenseur des droits, il faut bien
28:29voir qu'il y a plusieurs types de jeunes.
28:31C'est pas que les employeurs, en eux-mêmes,
28:33discriminent les plus jeunes, trouvent que
28:35la génération Z ne veut plus rien foutre
28:37et qu'on ne veut pas les employer, etc.
28:39C'est pas ça. C'est le fait que
28:41dans l'ensemble de ce qu'est
28:43notre jeunesse aujourd'hui, on va avoir
28:45des employeurs qui vont être rétifs
28:47à l'idée d'embaucher certains profils.
28:49Ah, alors, je vous arrête là-dessus
28:51parce que je pense que tous ceux qui nous écoutent
28:53ont envie d'avoir la réponse. Ça me permet de faire un petit suspense
28:55un peu artificiel et de vous redonner la parole
28:57dans quelques instants.
28:59Yves Calvi. On refait le monde sur RTL.
29:01Yves Calvi jusqu'à 20h.
29:03On refait le monde sur RTL.
29:05C'est notre dernier rush
29:07dans cette émission consacrée à cette question.
29:09Les Français vont-ils devoir travailler
29:11plus pour financer l'effort de défense ?
29:13Alors, attention, on a prononcé les mots qui fâchent
29:15il y a quelques instants. Discrimination à l'embauche.
29:17Tous les jeunes ne se valent pas.
29:19Que me dit-on
29:21au sein de notre MEDEF sur ces questions ?
29:23Pour revenir
29:25déjà sur l'âge, ce que je disais, c'est que
29:27l'âge de la retraite, les pays
29:29autour de nous ont tous augmenté l'âge.
29:31C'est important de souligner. Et il faut
29:33aussi remettre en perspective, par rapport
29:35à, par exemple, 1995,
29:37on vit en moyenne, pour les
29:39hommes, 7 ans de plus
29:41qu'en 1995. Donc, à un moment, il y a forcément
29:43un effet ciseau à prendre
29:45en compte.
29:47Les femmes vivent
29:49jusqu'à 86 ans, les hommes, en moyenne.
29:51Alors, ça, c'est la grande injustice
29:53contre laquelle les personnes
29:55ne défilent.
29:57Je n'ai vu aucun syndicat qui
29:59souhaitait défiler pour dire que ce n'est pas normal,
30:01les femmes vivent plus longtemps que nous, et en meilleur état, donc.
30:03Un point qui me semble important
30:05dans ce qui a été dit, et je pense que le vrai
30:07point, le sujet, c'est
30:09le travail de la formation.
30:11Mais il vaut pour les jeunes comme il vaut
30:13pour les seniors. La bonne nouvelle, c'est que
30:15les compétences se périment de plus en plus vite.
30:17C'est une bonne nouvelle.
30:19Oui, parce qu'en fait, finalement,
30:21tout le monde va devoir se
30:23former, et les entreprises travaillent sur la
30:25formation de plus en plus, puisqu'on dit que les
30:27compétences, en 2030, se périmeront
30:29en 6 mois, là où en 2010, ça se
30:31périmait en 6 ans. Donc, au
30:33final, je ne sais pas si c'est forcément exagéré,
30:35mais ça donne une tendance. Donc, au final,
30:37on va tous devoir travailler dans une logique de formation.
30:39Et ça, c'est une bonne nouvelle pour justement faire
30:41matcher, encore une fois, les
30:43bonnes fonctions avec les profils
30:45des personnes, qu'ils soient jeunes, moins jeunes,
30:47ou seniors, pour pouvoir justement
30:49travailler sur ça. Et je pense qu'une des vraies
30:51clés de l'emploi, et du taux d'emploi,
30:53c'est la formation.
30:54Je vois un Jean-François Madieu songeur, mais je ne sais pas comment
30:56interpréter ce songe.
30:58Non, c'était simplement sur
31:00l'idée des
31:02compétences qui se sont périmées au bout de 6 mois
31:04en 2030. J'étais en train de réfléchir
31:06aux différents types d'emplois et me demandais dans quel
31:08type d'emploi on allait vraiment vérifier
31:10cette règle. Je ne suis pas sûr que dans les centres d'appel,
31:13mais c'est possible.
31:14C'est intéressant de regarder dans quels emplois.
31:16Mais c'est vrai.
31:18Plus l'IA passant,
31:20en plus arrivant, c'est vrai que ça va changer
31:22les choses.
31:24Mais sur la formation,
31:28oui, c'est vrai qu'un des problèmes
31:30posés, c'est d'ailleurs pour les
31:32seniors, et pas seulement pour les jeunes,
31:34c'est aussi le fait qu'ils continuent à
31:36être formés, car c'est un des problèmes dans les entreprises.
31:38Souvent, ils ne sont plus dans les plans formation, on considère que c'est
31:40trop tard. Les entreprises ont fait des efforts
31:42depuis quelques années pour essayer de
31:44les inclure.
31:46Mais ça reste
31:48effectivement un problème pour les salariés plus âgés.
31:50On peut revenir un petit instant
31:52sur la pénibilité ?
31:54On a vite glissé
31:56tout à l'heure.
31:58Limer la tôle toute sa vie
32:00n'est pas exactement la même chose
32:02que d'être derrière un micro comme moi tous les jours
32:04dans un studio
32:06très agréable et au cœur de Neuilly.
32:08Or, cette question,
32:10elle n'est jamais abordée au bout d'un moment.
32:12Si, elle est abordée. Elle est même souvent abordée.
32:14Elle est peut-être maltraitée, c'est un autre problème.
32:16Maltraitée,
32:18vous n'avez pas la solution.
32:20C'est-à-dire que soit vous mettez
32:22des critères très précis, ça devient une usine à gaz.
32:24Et en fait, c'est très compliqué à mettre en place.
32:26On pourra toujours en mettre en cours, selon vous.
32:28Soit on prend des critères médicaux, mais on attend que les gens soient malades
32:30pour déclarer la pénibilité, ce qui ne serait pas terrible.
32:32Soit on fait des choses très simples et ça ne marche pas.
32:34Je pense que c'est un sujet
32:36qui est majeur. Vous avez raison.
32:38Parce que le cadre
32:40qui, effectivement,
32:42a des conditions de travail
32:44qui sont plutôt bonnes, qui aiment son travail,
32:46qui est plutôt bien payé, n'a pas du tout
32:48les mêmes conditions qu'une femme
32:50qui va faire le ménage,
32:52quelqu'un qui va travailler en extérieur dans le bâtiment.
32:54Voilà. Donc, tout ça, effectivement,
32:56on n'est pas du tout exposé de la même façon à cette difficulté.
32:58En plus, le télétravail en rajoute une couche.
33:00C'est-à-dire que tout le monde n'a pas accès aussi au télétravail.
33:02Et donc, c'est vrai que la question de l'âge
33:04et de la possibilité d'avoir accès à la retraite
33:06n'est pas du tout la même si vous avez commencé à 16 ans
33:08et que vous êtes dans des métiers difficiles.
33:10Ou si vous commencez après avoir fait 5 ans d'études
33:12et être cadre et faire du télétravail.
33:14Donc, évidemment, il y a une inégalité qui peut être terrible.
33:16Il me semble que vous êtes d'accord.
33:18Il y a un point, je pense, pour prendre un peu de hauteur
33:20par rapport à chaque cause. Parce que si on les
33:22dissocie, c'est compliqué de trouver une logique.
33:24La question
33:26qui peut se poser, c'est vraiment, et
33:28ce sur quoi on travaille au Medef, c'est
33:30l'anticipation du plan de carrière.
33:32Parce que là, on parle formation, on parle pénibilité,
33:34on parle différents sujets qui
33:36sont des sujets réels.
33:38Mais la question, c'est, et on voit que
33:40les pays qui ont réussi à augmenter leur taux
33:42d'emploi, des seniors notamment, puisque là, on parle
33:44de ça, ce sont les pays
33:46qui ont travaillé sur l'anticipation des carrières.
33:48Et ça s'anticipe assez tôt.
33:50C'est-à-dire que ce n'est pas au moment où on devient
33:52senior que ça s'anticipe.
33:54C'est bien avant pour, justement, essayer
33:56de, fur et à mesure, créer les parcours
33:58qui permettent d'éviter ou de
34:00minimiser, quand c'est possible, les situations.
34:02Et puis, surtout, de créer d'autres
34:04emplois plus adaptés.
34:06Ça vous semble une réponse ?
34:08Oui, enfin, c'est évident que...
34:10Enfin, ce n'est pas évident, mais en tout cas, c'est important.
34:12Pardon, je ne vais pas dire que c'est évident, mais c'est important
34:14de définir, effectivement, des stratégies
34:16de moyen-long terme. Et les autres
34:18pays, ce que je voulais dire, ce sont aussi des pays qui sont beaucoup plus en
34:20tension et qui misent là-dessus. Parce qu'ils
34:22ont besoin de trouver la main-d'oeuvre adaptée.
34:24Alors que nous, au fond, c'est
34:26quand même... Il y a un réservoir de main-d'oeuvre inutilisé
34:28qui permet de piocher plus facilement.
34:30Et donc, il y a cette stratégie d'investissement de moyen-long terme.
34:32Parce que, s'ils veulent augmenter leur capacité de production,
34:34ils sont obligés d'investir sur les jeunes, les seniors
34:36et bien les former.
34:37Voilà ce que nous pouvions vous dire ce soir.
34:39Je vous signale que demain, à 7h40,
34:41l'invité de notre matinale sera le ministre
34:43de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Et dans un instant,
34:45c'est Faustine Bollard que vous retrouvez pour son
34:47émission Héros. Bonsoir, Faustine. Qui est votre invité ?
34:49Bonsoir, Yves.
34:51On va donner la parole à Morgane, ce soir.
34:53Morgane qui est encore traumatisée par sa rencontre
34:55avec celui qu'elle pensait être le prince
34:57charmant, l'homme parfait.
34:59Cet homme, en fait, multipliait
35:01les conquêtes. En parallèle,
35:03il menait des vrais doubles, voire
35:05triples vies. Les victimes avaient même
35:07fait un WhatsApp commun pour raconter
35:09leur cauchemar à toutes. A tout de suite
35:11dans Héros sur RTL.
35:13RTL, il est 20h.

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