"Il faut interdire l'accès des jeunes de moins de 15 ans aux réseaux sociaux" : =voilà ce que réclame l'ancien Premier ministre Gabriel Attal. Les experts de la santé appellent, eux, à une "prise de conscience collective" sur l'impact des écrans sur les enfants avant l'âge de six ans car ils "altèrent durablement la santé et les capacités intellectuelles". Écoutez l'analyse de Amine Benyamina, addictologue à l'hôpital Paul-Brousse de Paris, co-président de la commission en charge du rapport "Enfants et écrans".
Regardez L'invité de Yves Calvi du 29 avril 2025.
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00:00Yves Calvi, Aude Vernuccio, RTL Soir, jusqu'à 20h.
00:04Il est 18h17, bonsoir Amine Benyamina.
00:06Bonsoir.
00:07Vous êtes psychiatre, addictologue à l'hôpital Paul Brousse à Paris.
00:10Vous avez co-présidé la commission en charge du rapport Enfants et Écrans
00:13remis au Président de la République de l'année dernière.
00:16Il faut interdire l'accès des jeunes de moins de 15 ans aux réseaux sociaux.
00:20C'est ce que réclament l'ancien Premier ministre Gabriel Attal
00:22et le pédopsychiatre Marcel Ruffaut dans une tribune donc publiée aujourd'hui.
00:25Est-ce que vous approuvez ?
00:27Oui, parce que c'est dans l'esprit de la commission.
00:28Alors c'est vrai qu'on a écrit des choses dans lesquelles on a dû converger
00:32mais je comprends parfaitement.
00:34Alors ils l'écrivent avec une forme de provocation positive
00:39mais cet aspect doit être compris et il faut que ça doit imprimer la société.
00:46C'est une tribune, c'est très bien et la preuve je suis avec vous pour en débattre.
00:50C'est extrêmement important.
00:51Et bien justement, cette tribune elle évoque un cataclysme sanitaire.
00:54Les mots ont quand même un sens.
00:56Est-ce que c'est vraiment ce dont il s'agit pour nos jeunes ?
00:58Alors ils évoquent le stress, le trouble du sommeil, la santé mentale éventuellement.
01:02Tout est vrai.
01:03Tout est vrai.
01:03Tout est vrai, stress, trouble du sommeil, des difficultés de l'endormissement,
01:08sans parler des problématiques métaboliques, la prise de poids.
01:12On a vraiment affaire à, je parle de l'excès, que les choses soient claires.
01:16Il n'y a pas de bannissement du numérique.
01:18Que les choses soient claires, il faut le dire et répéter.
01:20L'outil numérique nous a permis de changer la vie, ça nous a permis de passer les trois ans du Covid,
01:28ça nous a permis de communiquer avec la famille quand la famille est loin.
01:35Donc que les choses soient claires.
01:36En revanche, c'est un outil tellement beau, tellement extraordinaire,
01:41qui nous a tellement facilité la vie, qu'on a oublié qu'il y avait des effets secondaires ou pervers.
01:45C'est 20 ans après qu'on s'est réveillés.
01:47Je m'avais invité une année ici, lorsqu'on a présenté la commission avec Servan,
01:51Mouton, la coprésidente.
01:52On a eu le sentiment d'avoir créé une révélation générale.
01:56Moi aussi, j'ai un problème à la maison.
01:59Moi aussi, j'utilise trop mon téléphone.
02:01Je me rends compte que finalement, sans ça, je ne peux pas vivre.
02:04Sans ça, je ne peux rien faire.
02:05Une question simple et je m'applique en dépit de mon âge.
02:07Si je regarde mon téléphone avant de m'endormir dans mon lit pendant plus de 10 minutes,
02:11j'ai remarqué que je mettais une demi-heure au minimum pour m'endormir.
02:15C'est le cas de moi.
02:17On l'analyse ça aujourd'hui ?
02:20Bien sûr, on sait ce qui se passe ?
02:21Complètement.
02:21On stimule, il y a la lumière bleue, on analyse, il y a une stimulation de l'attention,
02:26il y a une lumière bleue et l'organisme demande plus de temps pour de nouveau s'endormir.
02:31De toutes les façons, pour le sommet qui est fondamental, dès qu'il arrive, il ne faut pas le contraindre.
02:38Il faut laisser le téléphone dans le salon, il faut prendre un gros réveil des années 70,
02:43un peu comme les cas de Charlo, rappelez-vous, c'est des gros réveils.
02:46Et le téléphone doit être utilisé à bon escient.
02:48Très concrètement, comment est-il possible pour des parents d'interdire les réseaux à leurs enfants,
02:54à partir du moment où ils ont un portable entre les mains, ils peuvent faire ce qu'ils veulent, non ?
02:57Alors les parents sont souvent les pauvres culpabilisés.
03:00Je dis les pauvres, j'en fais partie, peut-être vous aussi, il y a beaucoup de gens qui nous écoutent.
03:05Non, il faut un mouvement de la société pour qu'il y ait une forme de catharsis général
03:09et qu'on soit soutenu par une espèce de fonds positifs.
03:18Les parents, jusqu'à présent, étaient isolés avec le problème du gamin à qui on retire les téléphones et c'est la crise.
03:26Maintenant, les parents se sont rendus compte qu'ils n'étaient pas seuls.
03:29Il y a eu un effet de révélation, je vous le disais, à la faveur de la commission, mais pas que.
03:33Et puis, il faut qu'il y ait une espèce d'écho qui vienne aussi des pouvoirs publics.
03:38On ne peut pas légiférer à l'intérieur des maisons.
03:40Ce n'est pas possible ?
03:41Je vous réponds directement à cette question.
03:43Merci.
03:43Voilà, c'est clair, vous ne l'avez pas posé, mais je pense que vous y pensez.
03:46Absolument.
03:47Ce qu'on peut faire, c'est dire aux enfants, voilà, tout le monde pense qu'il faut que tu fasses attention.
03:52Il y a un rapport, il y a des gens qui le disent, il y a des scientifiques, tu ne peux pas être seul à penser que tu as raison.
03:57Mais pour, dans ce cas-là, j'ai envie de vous dire, prenez une interdiction en moins de 15 ans, même si elle est symbolique.
04:02Est-ce que ce n'est pas envoyé finalement un message positif, alors qu'on aurait tendance,
04:05avec la permissivité qui est la nôtre aujourd'hui dans nos sociétés démocratiques,
04:10et sur lequel il ne faut absolument pas regretter les choses.
04:13Mais est-ce que ça ne crée pas, j'allais vous dire, un climat positif pour évoquer ces questions ?
04:19Oui, bien sûr.
04:20En même temps, lorsqu'on annonce les choses de manière très claire, qu'il n'y a pas de débat,
04:24parce qu'il n'y a plus de débat sur les aspects, je parle d'excès,
04:28ça permet de poser le cadre d'une discussion tranquille.
04:32Il n'y a pas de contestation.
04:34Lorsque le professeur Marcel Ruffaut et le Premier ministre Gabriel Attal parlent,
04:38ils ne parlent pas de rien.
04:39Ils parlent d'un certain nombre d'éléments sur lesquels ils ont constaté des choses,
04:42et je les comprends.
04:43Mais ils parlent aussi avec leur notoriété, et ça c'est intéressant.
04:47Ça nous aide aussi, nous dans les chômières, dans les consultations,
04:50et dans nos maisons, je le dis pour vos auditeurs,
04:53de pouvoir avoir des arguments solides à opposer à des jeunes.
04:56L'une des propositions de cette tribune est de faire ce qui a été fait pour les sites pornographiques,
05:01la vérification d'âge en ligne.
05:03Ça marche vraiment ?
05:04Alors pour les mesures, je ne vais pas rentrer dans les détails, je ne vais pas vous mentir Yves,
05:07il y a à chaque mesure des contre-mesures ou bien des effets pervers.
05:10On est en pleine discussion.
05:12Vous voulez dire que rien n'est parfait ?
05:13Rien n'est parfait.
05:13Là je sors d'une réunion avec la ministre du numérique, Mme Clare-Achapaz,
05:17où elle a rassemblé les associations de défense des enfants,
05:22les acteurs économiques et nous.
05:24Et puis on est en train d'essayer de trouver une solution.
05:26L'idée, vraiment, il faut trouver un chemin entre l'interdiction,
05:30entre l'eau propre qu'on peut jeter à un outil extrêmement précieux,
05:35et puis laisser nos enfants livrés à une économie de la captation
05:40qui a fait d'eux des captifs au sens quasi addictif du terme,
05:45avec ces outils fantastiques.
05:46Donc on essaie de trouver ce chemin.
05:48On va y arriver, j'en suis convaincu.
05:50Lorsque je vois l'internité avec laquelle la ministre a mené la réunion tout à l'heure,
05:54je suis sorti très optimiste.
05:57Des entretiens d'évaluation de l'addiction aux écrocs à l'entrée en sixième ou en seconde,
06:02c'est quelque chose qui peut vous paraître positif, nécessaire ?
06:05Ça ne me heurte pas.
06:07Ça a ses limites.
06:08Évidemment, vous parlez d'un clinicien, un addictologue, un psychiatre.
06:11Les échelles, c'est bien.
06:12On les trouve dans les magazines papiers glacés.
06:15Ça donne une petite orientation.
06:16Mais le plus important, c'est lorsqu'on a affaire à vraiment une addiction,
06:21c'est le cas de le dire,
06:22il faut évaluer évidemment les dégâts, les dommages
06:24et voir s'il n'y a pas une problématique psy ou une souffrance derrière.
06:27Alors une autre tribune a été publiée aujourd'hui,
06:30signée par cinq sociétés savantes,
06:31dont la Société Française de Pédiatrie.
06:33Elle appelle à interdire les activités sur écran pour les enfants de moins de six ans,
06:37car je cite,
06:37« Elles altèrent durablement leur santé et leur capacité intellectuelle ».
06:41Là encore, c'est le constat que vous faites en tant qu'addictologue ?
06:44Alors moi, je ne vois pas les enfants si jeunes.
06:46Je les vois plus anciens, plus vieux, comme on dit,
06:483, 13, 14, 15 ans, mais c'est vrai que ça commence très tôt.
06:52On est bien d'accord.
06:53Alors ces sociétés qui ont signé cela,
06:55elles se sont appuyées sur une littérature scientifique claire.
06:59Elles proposent des choses sur lesquelles, évidemment, il peut y avoir un débat.
07:02Mais je comprends la logique avec laquelle.
07:05Rappelez-vous que lorsqu'on a remis le rapport il y a une année,
07:11vraiment une année,
07:12on avait dit de 0 à 3, de 3 à 6.
07:13Et on avait expliqué qu'il y avait un accompagnement de 3 à 6.
07:18Les sociétés savantes fortes de la littérature qui est sortie proposent autre chose.
07:22Là, sur les mesures, nous on en a proposé des choses,
07:26sur les mesures, évidemment, le dernier mot reviendra aux politiques.
07:30On est bien d'accord.
07:31Ils en sont où dans les politiques ?
07:32Vous avez rencontré cet après-midi la secrétaire d'État chargée du numérique.
07:36Alors, j'ai quand même le sentiment que ça commence à de nouveau frétiller.
07:39Je vous rappelle que lorsqu'on a remis le rapport le 29 avril de l'année passée,
07:43il y a eu une dissolution, voire deux.
07:45Il y a eu une dissolution, voire deux ou trois gouvernements, il me semble.
07:49Oui, je perds le compte.
07:51On a eu des Jeux olympiques.
07:53Ensuite, il y a des éléments d'ordre politique international qui sont arrivés.
07:57et je pense que les écrans sont passés à côté.
08:01En revanche, il ne me l'a pas dit, mais je sais que c'est un sujet
08:04qui tient beaucoup à cœur à celui qui a commandé le rapport, le président de la République.
08:09Et je suis convaincu qu'il est...
08:11Il a envie d'être actif.
08:12Je pense que c'est un sujet qui lui tient à cœur.
08:15Et je pense, sans rien trahir de ce qu'il peut avoir comme hiérarchie,
08:20c'est quelque chose auquel il tient.
08:22Et je comprends, et c'est tant mieux pour nous.
08:24C'est un combat important, d'après vous ?
08:25C'est un combat de société.
08:27C'est nos enfants, c'est les citoyens de demain.
08:30On est dans une internationale d'un vrai cynisme, d'une économie nouvelle.
08:37Absolument l'économie de la captation,
08:39avec une technologie qui enferme nos enfants,
08:43qui peut même les rendre malheureux,
08:45parfois même qui peut les pousser à des actes graves,
08:49comme des actes de violence, de suicide,
08:52ou bien des actes de violence.
08:53Tout le monde connaît ce film Adolescence,
08:56que je cite, moi, auprès des familles,
08:57dans lesquelles, qui a été très beau,
08:59une très belle série,
09:02et on voit un acte terrible d'un enfant qui tue une camarade de classe,
09:06parce qu'il a été, d'une certaine manière, endoctriné,
09:09de manière numérique.
09:09Merci infiniment Amine Maniamina,
09:11vous êtes psychiatre, addictologue à l'hôpital Paul Brousse.
09:14Je rappelle votre livre,
09:15Addiction manuelle du premier secours,
09:17qui vient de paraître aux éditions Marabou.
09:20La bataille d'Angleterre continue
09:21pour le Paris Saint-Germain en Ligue des Champions,
09:23après Manchester, Liverpool, Aston Villa.
09:25Le PSG est à Londres pour affronter Arsenal.
09:28Est-ce vraiment le match le plus difficile de la saison ?
09:31Quelles sont les forces et les faiblesses des Anglais ?
09:33Je poserai toutes ces questions à notre consultant foot sur RTL,
09:36Alain Bogossian.
09:37Rendez-vous à 18h40.
09:37RTL Soir
09:40Yves Calvi