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Après Okinawa au Japon ou la Sardaigne en Italie, la Martinique est devenue, en 2023, la cinquième zone bleue de la planète, une région où la population jouit d'une longévité hors-norme. Pourquoi l'ile, qui fait face à de multiples enjeux de santé publique, abrite-t-elle paradoxalement autant de centenaires ?

Turenne, 101 ans, Eloi, 99 ans et Georgette, 97 ans partagent de mêmes habitudes et une même philosophie. A travers les portraits intimistes de ces immortels et de leur indéfectible joie de vivre, ce documentaire dévoile les principaux ingrédients de leur longévité : alimentation saine et équilibrée, solidarité entre générations, et résilience hors du commun. Un mode de vie aujourd'hui menacé par de nouvelles habitudes, comme la généralisation de l'alimentation ultratransformée et les pesticides.

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Transcription
00:00C'est une partie de notre histoire, c'est un patrimoine qu'il faut protéger.
00:30C'est vraiment une chance pour la Martinique, c'est une vraie richesse.
00:48C'est une force pour nous d'avoir nos aînés, d'avoir nos parents à côté, toujours, ça nous renforce.
00:58En Martinique, nos grands-mères ou nos grands-pères, ce sont les piliers, comme on dit, ce sont les potomitans et ce sont nos trésors.
01:55Viens, Baba.
01:57Viens, Baba.
01:58Viens, Baba.
01:59Viens, Baba.
02:00Viens, Baba.
02:01Viens, Baba.
02:02Viens, Baba.
02:03Viens, Baba.
02:04Viens, Baba.
02:05Viens, Baba.
02:06Viens, Baba.
02:07Viens, Baba.
02:08Viens, Baba.
02:09Viens, Baba.
02:10Viens, Baba.
02:15Viens, Baba.
02:16Viens, Baba.
02:17Viens, Baba.
02:18Viens, Baba.
02:19Viens, Baba.
02:20Viens, Baba.
02:21Viens, Baba.
02:22Viens, Baba.
02:23Viens, Baba.
02:24Viens, Baba.
02:25Viens, Baba.
02:26Viens, Baba.
02:27Viens, Baba.
02:28Viens, Baba.
02:29Oh non, ça tient.
02:37Il n'y a pas une petite flèche pour moi ?
02:38Quand tu viens ici le matin, quand tu feras de la maison, vers quelle heure tu viens ici ?
02:51J'ai pas d'heure.
02:53J'ai pas d'heure à 7h, à 8h, à 10h, à n'importe quoi. J'ai pas d'heure pour venir.
02:58Ah oui. Alors, est-ce que tu penses justement continuer à 103 ans à revenir ici, dès que je marche ?
03:06Ton plaisir quand même, c'est de pouvoir encore regarder ça là.
03:10Ah oui. Je viens voir les bateaux qui circulent, je regarde.
03:15C'est une panorama explendide.
03:19J'étais chez d'oeuf la mer.
03:20J'étais chez d'oeuf.
03:23Qu'est-ce que ça te fait maintenant d'avoir 101 ans ?
03:27Ah oui, c'est banal.
03:29C'est banal, papa ?
03:30Ah oui, c'est banal ça.
03:32J'ai 100 ans, c'est comme si...
03:35T'as 50 ans ?
03:36Tu t'imagines ?
03:37C'est comme si je vais tant, tant, tant.
03:39Ah oui, oui, oui.
03:40C'est une chance.
03:49Je crois qu'il y a beaucoup de gens qui aient pas cette chance, d'avoir un papa à 101 ans aussi agréable.
03:58Pour nous, c'est du bonheur.
03:59C'est du bonheur que nous prenons et que nous allons essayer d'apprécier d'heure en heure, de jour en jour, de mois en année en année.
04:06Aujourd'hui, on a à peu près 400 centenaires en Martinique.
04:18Sur ce petit territoire d'environ 350 000 habitants, la densité des centenaires est extrêmement importante par rapport à la densité habituelle sur les autres territoires.
04:28Le profil de ces centenaires est relativement surprenant parce que la première des choses dont on imagine, c'est de voir des personnes plutôt fragiles, plutôt en situation de dépendance.
04:40Et on a des personnes avec qui vous échangez, qui cognitivement ne sont pas altérées, qui n'ont pas de déficience physique, qui se déplacent sans aide.
04:47C'est bien de vivre longtemps et de vivre longtemps en si bonne santé.
04:50Je suis le professeur Mathurin-Tabué-Tégo.
04:59Je suis le chef de pôle de gériatrie au CHU de la Martinique.
05:04Je suis un spécialiste du bienveillant.
05:07Vous avez quel âge ?
05:08Plus de 100.
05:11Quel est le secret de la longévité en Martinique ?
05:14Il y a certainement un secret.
05:15La longévité est multifactorielle.
05:18Bien s'alimenter, avoir une activité physique, avoir un réseau social favorable, être entouré.
05:24Tout ça sont des déterminants qui sont globalement connus pour le vieillissement.
05:30La Martinique est riche de par sa diversité culinaire, riche de par sa diversité culturelle, riche de par cette diversité de bien-être sur le territoire.
05:39Et l'ensemble de tous ces facteurs cumulés fait que finalement, on vit bien en Martinique et on vit de plus en plus longtemps et on vit longtemps en bonne santé en Martinique.
05:57Je m'appelle Georgette.
06:00J'ai 97 ans.
06:02J'étais couturière professionnelle, mais je continue à coudre, même sans les lunettes.
06:17J'ai commencé à coudre pour les gens, j'avais 16 ans.
06:21Jusqu'ici, j'aime beaucoup la couture.
06:22Quand je fais un travail pour une personne et que je vois que la personne est très bien habillée, ça me fait plaisir.
06:34Je ne me sens pas trop mal.
06:37Je pique ma petite douche moi-même.
06:40Je dors bien.
06:42Et je mange bien.
06:45Quand je me lève, je vois que je ne peux faire mes affaires.
06:48Ça me fait plaisir.
06:49Je me lève pas.
06:53Eh bien, il y a des gens qui ne peuvent pas faire ça.
06:59Ce que j'ai appris à l'école, j'ai ça dans ma tête toujours.
07:0552 avant Jésus-Christ.
07:07Der Saint-Gétorix est vécu au siège mémorable d'Alésia par Julie César.
07:12L'an 800, Charlemagne est couronée en prière d'Occident à Rome par son ami le pape.
07:171492, mort.
07:22Mais je connais tout.
07:24Je vis seule, mais je suis très entourée par ma famille.
07:37J'ai mes enfants qui s'occupent de moi.
07:40J'ai 16 petits-enfants.
07:43Ils sont, je dis petits, mais des grands-enfants.
07:45Et j'ai 23 arrières.
07:51Je suis dans l'association des personnes âgées.
07:55Quand il y a des sorties, si je peux, je vais.
07:57Je ne m'ennuie pas, ça me va.
08:08On s'est marié en quelle année?
08:10En 44.
08:10En 44, tu as eu combien d'enfants?
08:12J'ai eu 20 enfants.
08:135 garçons, 3 filles.
08:17Elle a bien travaillé.
08:18Je suis avec mes amis, ça me plaît?
08:25Eh oui.
08:26On s'amuse, on rigole, on partage de tout.
08:32Je vais prendre la vie comme elle.
08:34Et la vie est toujours belle.
08:40On tue l'autre prochain, on fait la guerre, on fait tout.
08:43Mais la vie est toujours belle.
08:44C'est à vous de savoir comment il faut vivre.
08:58Les centenaires en Martinique, ils ont une joie de vivre.
09:03Le bonheur est là.
09:04Le bonheur est avec nos aînés.
09:07On est dans la motivation d'exister.
09:09On a des objectifs.
09:11Dans la projection de vivre, il y aura un meilleur.
09:14Je suis là aujourd'hui, mais je ne baisse pas les bras.
09:18Ils sont debout et fiers de l'être.
09:27Ce sont des centenaires qui sont au plus près aussi de la nature.
09:32La nature est luxuriante, elle est évidente.
09:35Ça alimente aussi toutes ces pensées, cette positivité.
09:44La zen attitude, c'est peut-être plus facile de l'avoir en pleine nature qu'en zone urbaine.
09:49L'eau, c'est la vie.
09:59L'eau, c'est la vie.
10:00Dans la Martinique, il est entouré de mer.
10:02Et vous allez voir que des personnes âgées, souvent le soir, vont prendre un bain de mer.
10:06Mais il n'y a pas que la mer, il y a également des rivières.
10:10Les gens vont prendre un bain à la rivière.
10:12En fait, c'est une cure de jouvence.
10:20Ces centenaires sont des personnes, en tout cas quand on regarde ceux de la Martinique,
10:25qui ont vécu plutôt dans le monde rural.
10:28C'est des personnes qui ont vécu en harmonie avec l'environnement.
10:31qui ont travaillé dans l'agriculture.
10:36Et je me dis, est-ce que c'est cette vie dans la nature,
10:38c'est cette vie en milieu rural qui préserve,
10:41qui leur a permis de vivre aussi longtemps en bonne santé.
10:44Et quand on se déplace dans les zones rurales en Martinique,
10:48on se rend compte qu'il y a une forme d'authenticité
10:52qui a été conservée pendant des années.
10:55Ici, on se trouve sur le Goumonde, au nord de l'île.
11:12C'est-à-dire qu'on est dans la partie verdoyante de l'île.
11:18Au Goumonde, nous avons 16 centenaires dans la doyenne à 110 ans.
11:22Et c'est une commune qui prend soin.
11:25Et qui a la chance d'avoir autant de centenaires.
11:28Bonjour, bonjour.
11:31Je m'appelle Gladys, j'ai 42 ans.
11:34Et ça fait 4 ans que je suis au sein de l'équipe Sentinelle.
11:40Bonjour, ma petite famille.
11:42Comment ça va ?
11:44Comment tu vas ?
11:46Ça va, merci.
11:47En tant que Sentinelle, je crée des liens avec nos centenaires.
11:50L'objectif, c'est épauler la famille
11:56via notre présence, notre sourire, notre soutien.
12:02Voilà.
12:02C'est comme je dis dans notre jarre aux Antilles,
12:04ce sont nos potos mi-temps.
12:06Donc, c'est une maison avec la poutre centrale.
12:10Si on n'a pas ces poutres centrales, on n'a rien.
12:12La maison, elle s'effondre.
12:13Eh bien, moi, je les vois comme ça, en fait.
12:15Je vois mes centenaires comme les poutres centrales de la commune.
12:19Ah, d'accord.
12:21Je préfère le verre.
12:21Elle préfère le verre.
12:23Le verre.
12:24Donne-moi le secret qui fait que tu sois déjà aussi radieuse,
12:29aussi belle.
12:30Et le secret que tu as par rapport à ton âge.
12:33Parce que cette année, il te donne 101 ans.
12:36Tu prends de mon âge ?
12:38Mais donne-moi ton secret.
12:39Aïe, aïe, aïe.
12:40Et si je veux arriver jusqu'à là ?
12:41Mon secret, c'est de marcher à pied.
12:45Monter, descendre, voyager, tout le monde.
12:48D'accord.
12:51Et là, tu me montres le petit circuit que tu fais le mat.
12:55C'est toi qui m'as dit.
12:57L'activité physique est aujourd'hui bien connue
12:59comme un marqueur du bien-vieillir.
13:03Sans forcément être de sportif de haut niveau,
13:06leur quotidien était fait de marche
13:08pour aller aux chambres, pour aller au travail.
13:11Dans ces territoires, on n'avait pas toute la route
13:13qu'on a aujourd'hui pour cette génération de centenaires.
13:16Et la sédentarité était très peu inscrite dans le quotidien.
13:23Monsieur Eloua, bonjour.
13:24Oui, je pense qu'on va faire.
13:29Bonjour.
13:31Au revoir.
13:32Ça va bien, merci.
13:33Comment tu vas ?
13:34Comment tu as passé ton week-end ?
13:36Parce qu'on avait un grand week-end.
13:38Comment tu as passé ton week-end ?
13:40Donc tu as été danser dimanche ?
13:53Hein ?
13:53Tu as été danser dimanche ?
13:55Je fais pas beaucoup, 20 de morceaux.
14:00Oui.
14:01Tu as fait quoi comme morceaux ?
14:03Tu as dansé quoi avec madame ?
14:04Je fais le salsa, le vase, le mazoukois,
14:10c'est mon plaisir, le mazoukois.
14:12Je fais tous les morceaux, quoi.
14:14Tous les morceaux ?
14:15Ah oui.
14:16Compas, zuc.
14:17Ah oui, le compas, oui.
14:19J'étais là.
14:20C'est ma passion.
14:24Qu'est-ce que tu aimais le plus dans la vie ?
14:27Dans la vie ?
14:29Ah bon, ça que j'aime, c'est la santé que j'aime.
14:32Le plus de la santé.
14:33Si vous n'avez pas la santé,
14:35je ne peux rien faire.
14:36Il faut avoir la santé pour travailler.
14:38Tout à fait.
14:39J'ai un ouvrier, j'ai un ouvrier, un bâtiment.
14:42Je vais le faire ailleurs.
14:45Ce qu'on constate chez eux,
14:46c'est que le travail a été leur pilier, en fait.
14:51Ça a été leur moteur.
14:54Ça a été leur force.
14:55Ça a été leur moyen de s'extirper de la vie
14:59et de tous les problèmes,
15:01même si ça n'a pas été évident tous les jours pour eux.
15:04Mais voilà le résultat.
15:06Travail acharné.
15:07Monsieur 99 ans, il est debout.
15:10On ne voit pas, en fait, l'usure.
15:13On ne ressent pas l'usure.
15:14Lorsqu'on regarde ses mains,
15:17on se dit, c'était un homme de bureau.
15:19Et pourtant, ce n'est pas ça.
15:21Il y a eu de l'agriculture dans ses mains.
15:23Il y a eu de la ferraille dans ses mains.
15:24Il y a eu un coutelas dans ses mains.
15:26Et tout est marqué sur le faciès.
15:30Tout est vu sur le faciès.
15:31Mon papa, il aime travailler.
15:53Il a eu une vie très difficile.
15:56Il a commencé à travailler très jeune.
15:58Entre l'âge de 10-13 ans,
16:01il était dans les champs.
16:02Il a travaillé à l'usine du Galion,
16:04l'usine qui produit le sucre et le rhum.
16:16Et puis, il a travaillé aussi dans le bâtiment.
16:19Il a été ferrailleur.
16:21Et à son âge, il continue à œuvrer toujours.
16:24Il a été ferrailleur.
16:34Il est prêt à le faire.
16:36Grèce ? Non.
16:37Grèce, pourquoi j'ai fait ça ?
16:38Ah oui, je veux faire.
16:39Oui, je veux faire.
16:43Attache là pour moi.
16:44Celui-là.
16:49Ah, tu fais faire deux tours.
16:50Ok.
16:51J'ai compris ça, oui.
16:52j'ai compris. Le matin, il se lève, il se lève comme s'il allait au boulot, en fait. Il a un
16:59programme dans la journée, il faut qu'il fasse sa déboussailleuse, il fera de l'herbe, il donnera
17:05à manger à ses bêtes, à ses poules, à ses coques. Voilà, ce sont ses rituels de tous les jours.
17:13Je pense que c'est ça qui le maintient, puisqu'il est toujours en activité, c'est quelqu'un qui
17:18bouge tout le temps, d'ailleurs, qui ne reste pas dans la maison, il est très physique
17:23mon père à son âge, très physique.
17:30Je pense que mon père, il a la chance, il a encore sa maison, ma mère est encore là,
17:36et la famille, on est soudés autour de lui, et je pense que ça c'est très important,
17:40ne pas être éloigné, ne pas être en EHPAD. On habite tous à côté de nos parents, moi
17:46j'ai ma maison à côté, il y a mes soeurs, mes nièces, il est assez bien entouré
17:50en fait, c'est comme un petit village, mais il n'y a que la famille autour de lui, je
17:55pense que ça aussi, et puis il y a ma mère, qui est encore là, je dirais que c'est l'homme
18:00le plus heureux, puisqu'il y a tout le monde à côté.
18:01La tradition martinique est quand même d'avoir des liens intergénérationnels. C'est normal,
18:18parce que la famille, elle est élargie, ce n'est pas simplement la famille nucléaire,
18:21papa, maman et les enfants, c'est la famille élargie. Papa, maman, les ondes, les tantes,
18:26les grands-mères, voilà. Donc tout le monde joue un rôle dans la famille, chacun a une place
18:30dans la famille. Finalement, nos parents se sont occupés de nous, nous devons à notre
18:35taux nous occuper d'eux. Et très souvent, dans la conception martiniquaise, mettre ses
18:41parents dans un EHPAD, c'est quasiment les mettre dans un asile, c'est les rejeter, c'est
18:46leur enlever leur humanité et c'est faire à deux des morts en permission.
19:00Je m'occupe de papa depuis 15 ans, depuis que je suis rentrée en retraite. Dès que j'ai
19:12pris ma retraite, j'ai dit que je reste avec mon père. Je ne voulais pas le laisser seul
19:15ici. Étant donné que maman est décédée, il était complètement perdu.
19:22C'était un grand bonheur pour moi. C'était un grand bonheur pour moi. Parce qu'elle est
19:31là et j'ai quelqu'un pour s'occuper de moi. Elle fait toutes mes affaires pour moi,
19:40elle fait toutes mes affaires, mais il y a des choses qu'elle ne fait pas comme sa maman.
19:44Il y a des repas, il y a des choses comme ça qui n'ont pas le même goût avec celle de
19:49sa maman. Mais j'en dis bien alors que je suis obligée.
19:53Madame aimait beaucoup son mari. Papa n'a ne devraient pas avoir souffri de quoi que ce soit,
20:07donc elle préparait le petit-déjeuner pour papa. Vous voyez ce que je fais là ? Exactement ce qu'elle
20:12faisait. Une salade de concombre. Et ensuite, on va lui mettre ceci et la papaye. Je lui mets
20:22tous les jours une vitamine C. Je lui ai fait ce matin le matité avec de la farine de manioc.
20:31C'est bon pour le transit. Papa a toujours mangé équilibré. Toujours. Il ne mange pas de plats préparés.
20:39Il ne veut pas de plats industriels. Dès que vous vous mettez sur la table, il vous a vu ouvrir ça.
20:45Il vous regarde et dites-vous bien qu'il ne mangera pas. Pour ne pas m'offenser, il ne me dira rien du tout.
20:54Mais il ne prendra qu'une pointe de fourchette. Le plat reste là.
21:00Quand on pense à la cuisine créole, on est dans l'alimentation de base. Elle est riche,
21:09elle est diversifiée, elle est consistante. On est dans cette idée de bien manger qui
21:15n'est pas les plats transformés d'aujourd'hui, mais qui sont dans la confection de la nourriture
21:21et de faire au mieux avec des éléments naturels. Que ce soit le fruit à pain, que ce soit la farine de manioc,
21:27il y a des choses, c'est des alimentations de base qui sont, oui, bonnes pour la santé.
21:33Le régime caribéen, c'est un régime qui est très proche du régime méditerranéen,
21:39puisqu'on est quand même dans un environnement où il y a la mer.
21:42Forcément, il y a du poisson et de tous les bienfaits de certains poissons,
21:48et des produits issus de l'agriculture locale et du saisonnier.
21:55On consomme local, on consomme la saison et on consomme des produits que l'environnement,
22:01que la nature nous produit.
22:03Je m'appelle Vladimir, j'ai 37 ans, je suis chef cuisinier.
22:31Je suis originaire de la Martinique, j'ai grandi en banlieue parisienne, à Saint-Nyde en 1993.
22:37Ça fait maintenant huit ans que je suis de retour sur mes terres natales.
22:40Je vais rajouter de l'eau, non ?
22:41Le feu, le charbon, tout bon, il diminue beaucoup.
22:44Je suis revenu en Martinique justement pour revenir à la découverte de mon terroir et de mes racines.
22:52Et en fait, ça me permet un peu de voir et de comprendre l'alimentation qu'avaient mes anciens, ma grand-mère, etc.
22:59Et de comprendre un peu leur mode de vie, leur mode de consommation à l'époque.
23:03Notre propre bouillon qu'on va faire avec la petite plantelle.
23:07Il y a ma grand-mère qui est là, qui va avoir 96 ans.
23:10Et puis il y a ma maman aussi qui est là, sa fille.
23:13Ce sont les deux femmes, mes deux piliers vraiment, qui m'ont appris à faire à manger et qui m'ont bercé vraiment dans la culture martiniquaise.
23:24Ah, Magisette, c'est quoi ton plat préféré ?
23:27Je mets beaucoup le riz.
23:28Le riz ?
23:29Le riz.
23:30Avec quoi ?
23:31Avec au rouge, la thé cochon, banane jaune.
23:34Je n'ai jamais aimé le tine.
23:36Le tine, en fait, c'est une variété de banane qui est verte qu'on mange en légumes.
23:41Je pense que j'en fais déjà revenir l'oignon.
23:47Je vais mettre un peu de sel parce que le sel va lui faire cracher son eau.
23:51Alors là, je suis en train de faire un calade.
23:54C'est une soupe locale.
23:56Et en fait, c'est une soupe qui est verte et qu'on fait avec toutes les feuilles du jardin.
23:59Donc les feuilles de choux.
24:01Si tu as de la pâte à douce, tu as des grandes feuilles avec la pâte à douce, tu peux prendre les feuilles de pâte à douce.
24:05Si tu as du dachine, qu'on appelle le tarot aussi en Guadeloupe, ça fait aussi des belles feuilles qu'on peut consommer aussi.
24:10Et qui sont là de façon un peu ancestrale.
24:12Le manioc aussi, où les premiers habitants vraiment de la Martinique consommaient du manioc.
24:17Il y en a certaines qui peuvent être considérées comme des mauvaises herbes.
24:20Et nos anciens, eux, les consomment et les consommaient.
24:23C'est une soupe traditionnelle que tu manges.
24:25Elle va te faire du bien aussi, tu vois, va un peu nettoyer ton organisme.
24:28Ça fait limite comme une espèce de purge intérieure, tu vois.
24:35Ça, c'est super, ça.
24:41Voilà.
24:43Là, t'as mis quoi, maman ?
24:44Alors, poivre blanc, bois d'enne.
24:47T'as mis ça, maman, le clou du roffre ?
24:49Oui, j'ai mis, j'ai mis.
24:50D'accord.
24:51C'est une cuisine qui est riche d'épices.
24:53De par notre histoire et par rapport à toutes les civilisations qui ont succédé
24:57et qui sont venues ajouter leurs pierres à l'édifice.
25:00C'est une cuisine qui est métissée.
25:01T'as une touche européenne, t'as une touche aussi africaine.
25:05Et après, un peu plus tard, après l'esclavage, tu as une touche indienne.
25:09Et en fait, c'est eux, par exemple, ceux qui ont apporté les épices.
25:12Tout ce qui est colombo, etc., les Africains aussi.
25:14Et en fait, tout ça, en fait, est venu se jumeler pour pouvoir créer cette cuisine-là.
25:19La noix de muscade.
25:21Tout ce qui est épices, curcuma, gingembre.
25:24Là, on a du clou de girofle.
25:26Tout ça a poussé autour de nous, dans la Martinique.
25:31C'est fantastique.
25:33Et toutes ces choses-là, en fait, vont venir s'additionner,
25:35vont nous apporter des bienfaits.
25:37On va le remercier comme ça.
25:39On va le mettre dedans.
25:44Ça va donner du goût.
25:45Et en plus de ça, ça va être bon pour le corps.
25:49Il y a beaucoup d'aromatiques, ici.
25:51Il y a aussi beaucoup de piments.
25:53Ça remonte en goût et c'est des oligo-éléments qui renforcent le plat.
25:59Voilà.
26:00Et là, après, on va laisser la magie au péril.
26:02C'est bon.
26:03C'est chaud ou pas, maman ?
26:04C'est chaud.
26:05C'est comment, maman ?
26:06Ça va, Doudou ?
26:07Ça va ?
26:08C'est très bon.
26:09Un petit coup de cuivre est moitié.
26:10Ah, non, non.
26:11C'est bon.
26:12Pour comprendre les vertus des produits que je cuisine, j'aime bien aller me fournir à la ferme Petit Cocotier.
26:22C'est une ferme qui se trouve au pied du volcan de la montagne Pelé, dans le nord de Lille.
26:29Et ici, ce qui est intéressant, c'est qu'elle cultive des produits et des légumes comme le faisaient nos anciens,
26:37en respectant la tradition locale de nos aînés.
26:53Ah, t'as vu, Marnimia, la saison quand les pommes d'eau arrivent ?
26:56Ouais.
26:57Ouais.
26:58Ici, ça, ça couvre de rose.
26:59Il y a vraiment la neige rose tellement tout ça, c'est des pommes d'eau, tu vois ?
27:02C'est en même temps.
27:03Et donc, quand ça rentre en fleurs, eh ben, ça arrose partout.
27:06Tout le chemin devient rose.
27:07Tiens, regarde.
27:08Les fleurs, voilà.
27:09Tu vois, il y en a déjà quand même, hein ?
27:11Magnifique.
27:12On a huit fois plus de centenaires ici que dans d'autres régions dans le monde.
27:24Parce qu'en fait, la réponse est aussi dans notre alimentation.
27:2785% de la biodiversité de la planète est en zone tropicale.
27:32Dans cette zone tropicale, il n'y a que 36 hotspots au monde.
27:37Hotspot, c'est le jargon scientifique, c'est là où la biodiversité est la plus concentrée.
27:41La martinique fait partie de ces 36 hotspots.
27:44On a une diversité immense ici.
27:47Avec des nutriments, un apport nutritif, sans comparaison, en fait.
27:52Tu vois la cocoterie au fond, là ?
27:54Oui.
27:55Lorsque mon arrière-grand-père est arrivé, il a commencé par ça.
27:59Voilà.
28:00Ça fait quatre générations.
28:01Mon arrière-grand-père est venu ici.
28:05Il n'y avait personne, c'était des paysages, comme tu vois derrière.
28:08Et on a repris le flambe avec mon frère il y a plus de dix ans maintenant.
28:11Ici, justement, on renoue avec l'agriculture de toujours.
28:16On fait du vivrier, du maraîcher et du fruitier.
28:19Là, on arrive vraiment dans le berceau de ce qu'on fait ici.
28:23Là, tu es dans un champ d'ananas.
28:25Quand tu arrives, tu te dis, bon, ça ressemble à un champ.
28:28Voilà.
28:29Par contre, tu as vu comment il y a de la vie déjà.
28:31Il y a des papillons par autour.
28:32Il y a leur essai tout.
28:33Pourquoi ?
28:34On ne met pas d'intrants chimiques de synthèse.
28:35On ne met pas de pesticides.
28:36Voilà.
28:37L'ananas, c'est un polyfrui.
28:39C'est un lego de fruits.
28:40C'est des fruits différents.
28:41C'est-à-dire, chaque œil que tu vois là est un fruit indépendant.
28:45D'accord ?
28:46Chaque fruit a besoin de nutriments.
28:50Et comme tu préserves ton sol à la sortie, tu as quelque chose de nutritif incomparable.
28:56La nature fait bien les choses.
28:58C'est-à-dire que s'il faut 13 mois pour qu'un ananas puisse pousser, on lui laisse 13 mois.
29:02On lui crée les conditions nécessaires pour que lui puisse pousser sainement
29:06et pour nous apporter aussi le maximum de nutriments, de bienfaits et de goûts.
29:11On voit tout de suite la différence.
29:13La première fois que j'ai mangé un ananas de petit cocotier,
29:16mais ils sont sucrés, ils sont fantastiques.
29:19Et du coup, je suis tombé amoureux.
29:21Attendez-moi, là.
29:22Attendez-moi, là, juste là.
29:26Regarde, maman.
29:28Roku.
29:29Regarde le Roku, là.
29:31Regarde le Roku.
29:36Ils sont beaux, hein ?
29:38Les Roku sont fleurs au fond, mais je ne veux pas aller jusqu'aux fleurs.
29:41Ils sont fraîches comme ça, ils sont magnifiques.
29:43Le Roku que tu vois là, puisque c'est très joli.
29:48Voilà, c'est très joli le Roku.
29:49Voilà la couleur magnifique que ça te donne.
29:51Comment c'est beau.
29:52Et voilà.
29:53Et cette scène-là est assez connue.
29:55Voilà, c'est cette scène que les Indiens font.
29:59Parce que les gens de l'Alaska jusqu'au Brésil, au Mexique et tout, connaissent le Roku.
30:05Les Américains, on les appelle les peaux rouges parce qu'ils mettent ça toute la journée sur eux.
30:08Ça te nourrit la peau, ça te protège du soleil, ça te donne un bon mosaille et ça éloigne les moustiques.
30:14C'est quand même assez puissant.
30:16Le Roku n'a pas forcément de goût.
30:18On va dire, mais on pourra le confirmer.
30:20C'est pas comme le poivre ou le sel.
30:22Mais de manière, dans la coutume, on le mettait avant que la sauce tomate débarque, dans les années 50.
30:28On faisait du beurre rouge.
30:30Le courbouillon de poisson en Guadeloupe ne se fait pas sans beaucoup.
30:34Et cette chose qui finalement ne donne pas tellement de goût, juste une couleur rouge,
30:40c'est l'un des plus grands antioxydants du monde.
30:47Je pense que beaucoup du secret de l'ama antinique, c'est qu'on a peut-être pas écrit,
30:53mais on a entendu, on a su et on a répété certains gestes,
30:58certains rituels qui nous préservent jusqu'à maintenant
31:00et jouent très fortement dans notre longévité.
31:03Et en effet, qu'est-ce qu'on dit souvent, c'est que ton repas, c'est ton premier médicament,
31:07l'aliment, c'est le premier médicament.
31:11C'est le secret dans le jardin criant.
31:13Les gens ont toujours eu à côté de chez eux un petit jardin avec des tomates, avec des bananes,
31:27de l'oignon pays, du persil, une poule.
31:30Alors là, vous aviez un piment, là vous aviez des ignames.
31:34Sur un espace comme celui-là, on pouvait manger toute une année.
31:37Quand on a arrêté l'esclavage, si vous voulez, pour expliquer l'histoire,
31:41quand l'esclavage s'est arrêté, ça veut dire que finalement,
31:45il fallait que les gens soient rémunérés.
31:49Mais tout le monde ne trouvait pas du travail.
31:51Donc ils se sont retournés vers la terre.
31:53L'histoire du jardin criole, c'est ça.
31:55L'histoire du jardin criole, c'est le jardin de la maison où finalement,
31:58on sait qu'on a besoin de choses, on sait qu'on n'a pas d'argent,
32:00et bien on plante ce dont on a besoin pour se nourrir.
32:03C'est la notion de l'autosuffisance.
32:07C'est bon, c'est sucré.
32:10Oui, oui.
32:12Tiens.
32:13Pas du chien à moi, là.
32:14Oui.
32:15C'est propre.
32:23Tiens.
32:24Merci.
32:26Ah, c'est la conne, je vais manger la conne.
32:30C'est comme ça, c'est la tenue à l'autre.
32:32C'est bon.
32:37Ah aussi, là.
32:39On est sur l'exploitation de mon père,
32:41puisqu'il a hérité quand même pas mal de terrain de son père.
32:45C'est bon, hein ?
32:46Oui.
32:47Mon père, il était déjà à l'âge de 10, 13 ans, sur les champs, ici,
32:52à cultiver la terre.
32:54Et je pense que ça lui a permis aussi de tenir jusqu'à maintenant,
32:58puisqu'il mangeait que des produits du terrain, en fait.
33:01C'est ça qui nourrissait tout le monde.
33:02Même nous, hein.
33:03Nous, on mangeait que des choses qui a été plantées par mon père, en fait.
33:07Là aussi, c'est du...
33:10C'est du basilic, ça ?
33:12Oui, oui, oui.
33:13Basilic.
33:14Ah, j'en dis bon.
33:17Le jardin créole, c'est aussi des plantes pour nous soulager.
33:20La toumo, l'anis, des choses du patchouli, la cannelle.
33:27Et qui fait que, derrière la maison, à proximité demain,
33:31on va pouvoir se soigner et manger aussi.
33:35Alors, la toumo, elle est utilisée de la racine à la feuille.
33:39Elle peut même se manger comme ça.
33:41Et elle porte bien son nom, à tous mots, guérit tous les mots.
33:45Nous avons ça systématiquement dans tous les jardins.
33:50C'est une plante très utilisée pour ses vertus,
33:55sur plusieurs problématiques de santé.
33:58Certains parlent des problématiques infectieuses,
34:00des problématiques digestives,
34:02et se consomment parfois sous forme de thé.
34:15On va vous faire l'infusion de l'après-midi après le repas.
34:19Vous avez la toumo que l'on met dans toutes nos effusions.
34:23Peu importe l'infusion que vous avez à faire,
34:25vous prenez de la toumo.
34:27Les personnes âgées ont beaucoup confiance
34:31en leurs plantes médicinales.
34:33Parce que c'est des transmissions orales.
34:35J'utilisais ça quand j'avais une blessure.
34:37Papa me donnait ça dans mon enfance,
34:39quand j'avais une infection,
34:41quand j'avais mal au ventre.
34:43Et les gens le reproduisent.
34:45Il a déjà refroidi.
34:47Tu peux...
34:49Maintenant, sur les travaux sur la longévité,
34:51que ce soit le modèle animal ou autre,
34:53je n'ai pas d'éléments qui montrent que ces plantes
34:57ont un impact majeur sur la longévité.
35:00Le Martiniquais, enfin, pour beaucoup de ceux qui viennent d'Afrique,
35:12mais qui viennent aussi d'Inde,
35:14les pays asiatiques,
35:16les gens ont toujours été en lien avec la nature.
35:19Ils se sont toujours soignés avec les plantes, avec la nature.
35:22D'ailleurs, il faut parler de ça.
35:24La société Martiniquais est multiforme, multiculturelle,
35:29elle est multiethnique.
35:33Donc, cet apport culturel, ce mode de vie,
35:36les saveurs, la connaissance des plantes qui est différente,
35:40tout ça a apporté des éléments supplémentaires,
35:44à la fois sur les modes de vie, sur les habitus
35:47et probablement sur la résistance,
35:50à la fois psychologique et la résistance physique.
35:54La population Martiniquais a souvent été une population mélangée,
36:10avec des gens qui ont pour beaucoup vécu la misère et la souffrance.
36:15Mais cette misère et cette souffrance, aussi tenace qu'elle ait pu être,
36:19leur a donné la force, le courage, la volonté et puis une santé de fer.
36:23« Papa, tu t'es vu ? Regarde, il y a ton casque colonial ! »
36:28« Il est très jeune, là, notre papa. »
36:33« Voilà ma mère. »
36:37« À notre avis, la longévité vient de la famille parce que le père de papa, il est né en Martinique,
36:43de deux parents indiens qui revenaient de Pondichéry.
36:47Et c'est eux qui ont raconté à mon père comment ils sont arrivés en Martinique. »
36:52« À la fin de l'esclavage, les planteurs de canne à sucre avaient besoin de main de vos marchés. »
36:58« Ils sont allés la chercher en Inde. »
37:00« Sa grand-mère lui a raconté que c'est comme ça qu'elle est arrivée en Martinique. »
37:04« Ils ont chargé un bateau. »
37:06« Et après, le commandant du bateau leur a demandé de venir le soir. »
37:10« Ils vont faire une petite fête pour... »
37:14« Comme ils avaient très bien travaillé, donc on fait une petite fête. »
37:17« Et emmenez vos amis, emmenez vos voisins, si vous voulez. »
37:21« Ça, c'est ce qui s'est passé. Ils ont emmené leurs voisins et leurs amis. »
37:24« Et le bateau a levé l'encre. »
37:27« Ça s'appelait des raptes. »
37:29« Alors, ils sont arrivés en Martinique. »
37:31« À ce moment-là, ils ont été enrôlés par les béquets qui n'avaient plus d'esclaves. »
37:35« Donc, ils ont été enrôlés. »
37:36« Et ils avaient promis qu'on leur a fait des contrats de cinq ans. »
37:40« Et dans cinq ans, le bateau reviendrait les chercher. »
37:43« Et le bateau n'est jamais pour eux. »
37:45« Si nous sommes là, c'est parce que nos grands-parents indiens sont des gens très résistants. »
37:50« Ce sont les plus résistants qui sont arrivés, les plus résistants qui ont vécu,
37:55qui ont survécu dans les cales de bateaux infestés de toutes sortes de microbes. »
37:59« C'est parce qu'ils étaient très résistants. »
38:02« En fin de compte, nous avons ça en nous. »
38:05« Je crois que cette résilience, elle vient de l'espoir que l'on met dans ce que l'on vit,
38:12en se disant que demain sera meilleur. »
38:15« Et c'est ça, cette forme de résilience que nous avons ici. »
38:19« En dépit des souffrances, en dépit des défis et de ce qui se passe,
38:24on a cette volonté d'exister, de faire et de montrer que l'on peut encore. »
38:28« Et ça, en Martinique, c'est vrai que les gens, malgré les difficultés,
38:31ont trouvé les moyens de rebondir et d'exister. »
38:33« La résilience est indéterminante, j'en suis convaincu, de la longévité. »
38:45« Quand on discute avec ces centenaires, quand des choses sont négatives,
38:49ils banalisent et ils passent au-dessus. »
38:51« Ils arrivent finalement à ne prendre que le positif. »
38:57« Ils ont eu beaucoup d'obstacles dans leur vie,
38:59qui, pour certains, auraient été le début de la fin ou la fin de la vie. »
39:04« Ils ont su passer au-dessus. »
39:06« Les gens qui vont vivre très longtemps, c'est des gens qui ont échappé
39:10à toutes les situations de stress qui précipitent vers la mort. »
39:16« On peut penser aussi à une période très difficile pour nos aînés,
39:27la Seconde Guerre mondiale. »
39:29« Et ça, c'était une précarité, une difficulté de vie,
39:32où il y a eu vraiment des liens qui se sont resserrés
39:35et on était en mode de survie. »
39:39« Je venais ici parce que mon père faisait des bateaux,
39:47je venais ici avec mes frères.
39:49On se baignait dans la baie.
39:51Alors, je sais nager.
39:54Avec mes parents, j'étais heureuse
39:56parce qu'on sortait, on allait au cinéma.
40:01Et puis, à 12 ans, la guerre a commencé.
40:05Alors, c'était pas la même chose.
40:07Tout était fermé, il y avait rien à manger.
40:12Il y avait un repas par jour, à 4 euros, que l'on mange faisait.
40:16Et on mangeait tout ce qu'on rencontre.
40:18Il n'y a rien.
40:19Pas de paris pour faire du pain.
40:21Il n'y a du tout.
40:22Ce qu'on a à la maison au jardin, c'est ce qu'on mangeait.
40:25Il n'y avait rien.
40:27Et puis, il y avait beaucoup de militaires dans la commune.
40:32Et on a souffert, on a souffert.
40:37S'il y a du bien, on prend du bien.
40:41S'il y a du mauvais, on prend du mauvais.
40:42On vit quand même.
40:46On prend la vie comme elle est.
40:47Je crois que cette résilience, elle vient aussi de l'espoir.
40:58L'espoir, ça a été que la nature, et plus tard, que Dieu veille sur nous, nous protège pour un meilleur demain.
41:08En Martinique, on a...
41:21Mais comment vous dire, mais c'est...
41:23Être sec à la population, la croyance, la spiritualité.
41:27Être sec.
41:27C'est une manière de mettre l'espoir dans quelque chose d'immatériel.
41:36Parce qu'on est quoi à l'immatériel ?
41:38Ça m'a fait plaisir d'aller à la baisse de la vie.
42:07J'aime beaucoup entendre ce que le Père dit à l'Homélie.
42:12Après l'Évangile, il parle de ce passage de Jésus, quoi, de tout.
42:17Pour voir comment on vit, puisqu'il faut aimer les prochains.
42:22Notre Seigneur, il a été conçu.
42:25La religion, c'est aussi prendre un temps pour soi.
42:28Alors, médicalement ou scientifiquement, on le sait.
42:32Par exemple, la méditation a été prouvée.
42:35La méditation qui ressemble à la prière.
42:37Et nous voulons aussi.
42:40Ce sont des endorphines, c'est la sérotonine.
42:43Ce sont des neurotransmetteurs positifs qui vont donner du bienfait au cerveau.
42:50Appartenir à une communauté fait que tu as une identification.
43:04Mais tu luttes contre l'isolement social.
43:07Tu vois du monde avec une sollicitation des fonctions cognitives.
43:12Et les interactions sociales sont un bienfait sur la santé.
43:15Les secrets de la longévité, c'est quelque chose de plurifactoriel.
43:22On vit bien parce qu'on s'alimente bien, parce qu'on a une activité physique,
43:26parce qu'on a un environnement favorable.
43:28Des facteurs liés à l'environnement et à tout autre.
43:31Mais il y a également des facteurs intrinsèques
43:33qui sont des facteurs liés à l'individu, qui sont liés à la génétique.
43:38Mais ça, on ne l'a pas encore.
43:39Ça, c'est le temps de la recherche qui peut être un peu plus long.
43:41Est-ce que la génération de demain, on aura autant de centenaires ?
43:52On voit que sur le territoire, le mode de vie a totalement changé.
43:56Alors, comment s'est passée la journée ?
44:06Eh bien, pas trop mal.
44:07Toujours en pleine forme.
44:09Les gens comme toi qui sont passés, il n'y en a pas dix mille.
44:12C'est vrai, c'est vrai.
44:13Qui ont traversé le temple.
44:14Et pourquoi tu as 97 ans ? Pourquoi tu as tenu ?
44:17Et pourquoi ?
44:21Je ne sais pas.
44:22Ah ouais, d'ici 50 ans, il y a plus de gens de 100 ans.
44:25Moi, je ne vais pas prendre ton âge.
44:26C'est sûr.
44:28Si je veux faire un parallèle avec le taux d'obésité qu'il y a à Martinique aujourd'hui.
44:32Oui, je me demande pourquoi cette taux d'obésité.
44:36C'est parce qu'on mange mal.
44:38C'est parce qu'on mange mal.
44:39Parce que dans mon temps, je vous disais, venez manger.
44:44Mais actuellement, les parents disent à leurs enfants, qu'est-ce que tu veux manger ?
44:48Je ne connais pas ça.
44:52Moi, je disais, je fais ce que je dois faire.
44:54Venez manger, c'est tout.
44:56En tout cas, les choses ont bien changé depuis 50 ans à Martinique.
45:01On est passé d'un monde à un autre, à une vitesse pharaonique.
45:06C'est extraordinaire.
45:08Je ne suis pas si vieux que ça.
45:10Quand je me revois à l'un, au lycée, à 12 ans et aujourd'hui, c'est un autre monde.
45:17Moi, je passe dans la nature, je prenais une canne de guayave, etc.
45:19C'était ça la différence.
45:20Tous les enfants aujourd'hui sont vers les fast food, vers le repas facile.
45:24Ce n'est pas du tout la même vie.
45:26Et je ne crois pas que ce record que nous avons dans le monde de longévité,
45:31qu'on va le garder longtemps.
45:33Je ne pense pas.
45:40Le modèle est en train de disparaître parce que nous sommes dans un processus de socialisation
45:48qui s'appelle l'assimilation.
45:50Et ce processus de socialisation dit qu'il veut harmoniser,
45:54c'est-à-dire que tout le monde doit avoir le même comportement.
46:00Nous sommes dans une société qui s'y urbanise de plus en plus.
46:10qui s'oxydentalise à outrance.
46:15Et puis les fast food qui arrivent et qui encombrent jusqu'au jardin.
46:23Ce mode de vie-là nous conduit à remettre en cause ce que les anciens faisaient,
46:29qui leur a permis sans aucun doute de vivre encore pendant des années.
46:32Les menaces, elles sont multifactorielles.
46:41C'est ce qu'on appelle la malbouffe, les snackings, ce stress, ce burn-out.
46:45Les maladies chroniques sont prévalentes sur le territoire.
46:49Quand je dis maladies chroniques, c'est l'hypertension,
46:52c'est l'insuffisance rénale, c'est le diabète,
46:54les accidents vasculaires.
46:55Il y a une prévalence supérieure à l'hexagone.
46:596 personnes sur 10 sont en surpoids sur le territoire,
47:04dont 30% 3 sur 10 en obésité.
47:09La sédentarité s'est installée.
47:11La jeune génération a été longuement également exposée
47:14à certains produits phytosanitaires.
47:23La société d'aujourd'hui est touchée par le chlordécone.
47:29C'est un produit qui a été fait pour tuer les charançons de la banane,
47:33qui est extrêmement violent.
47:35La conséquence, c'est que ça a créé des cancers.
47:42Le chlordécone est un pesticide
47:45qui a été diffusé à partir des années 70-80,
47:50qui a une durée de vie malheureuse de plusieurs siècles.
47:55qui fait que la pêche aujourd'hui est interdite,
48:04aussi bien en rivière,
48:05même la consommation d'eau en rivière
48:08et la pêche à proximité du littoral.
48:15Ça a une incidence sur les cancers,
48:18certains cancers qu'on appelle hormonodépendants,
48:21dont celui de la prostate.
48:22Le taux d'incidence est nettement plus élevé qu'en hexagone.
48:33Tout ça peut contribuer à modifier la trajectoire
48:36et peut-être ralentir la dynamique
48:39de la longévité qu'on a sur le territoire.
48:41Mais ce n'est pas une fatalité.
48:45Bien vieillir se prépare quand on est jeune.
48:47Il faut qu'on puisse avoir de la promotion de la santé,
48:50qu'on puisse mettre de l'énergie chez les jeunes,
48:52puisque c'est ces jeunes aujourd'hui
48:54qui sont les centenaires de demain.
48:55Les centenaires en Martinique,
49:18moi je les considère comme les bibliothèques.
49:22Ce sont des références.
49:29C'est un exemple à suivre à la fois sur l'alimentation,
49:31sur le mode de vie,
49:32sur les rapports intergénérationnels,
49:34sur la famille,
49:37sur la joie de vivre.
49:39Et puis sur l'espoir.
49:41Sur l'espoir.
49:44Grâce à eux, nous avons encore
49:46un lien avec l'hier.
49:52Si nous perdons
49:54des liens avec nos racines,
49:56nous sommes comme des arbres sans racines
49:58et donc nous sommes voués
49:59à mourir et à disparaître.
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