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00:00Monsieur le Président, cher François Pellissier, mesdames et messieurs les administratrices et
00:12administrateurs de l'Alliance des médias, TV et Vidéo, mesdames et messieurs, merci beaucoup de
00:19m'accueillir ce matin en ce jour où votre syndicat adopte ce nouveau nom qui marque à la fois un
00:26tournant et un aboutissement logique avec l'arrivée de nouveaux membres pleinement installés dans le
00:32quotidien des Français. Je suis très heureux à titre personnel de pouvoir intervenir quelques semaines
00:37après ma prise de fonction et auprès d'interlocuteurs que j'ai eu l'occasion de pratiquer, de fréquenter
00:43assez longuement depuis une quinzaine d'années. Un nouveau nom pour le syndicat, des nouveaux membres
00:50donc qui ont investi à eux trois près de 900 millions d'euros dans la production audiovisuelle
00:55cinématographique entre 2021 et 2023. Des acteurs qui, venus du payant, investissent aujourd'hui
01:03le terrain de la publicité dans une période où parallèlement les chaînes de télévision
01:08gratuites ont elles-mêmes modernisé et considérablement enrichi leurs offres en ligne, des offres
01:14plébiscitées par le public comme par les annonceurs. Le nouveau nom, l'ADM TV, marque donc ainsi
01:23l'effacement de frontières qui paraissait étanche il y a quelques années et l'intégration
01:27réussie de nouveaux acteurs au bénéfice de la diversité de l'offre et de la création
01:32audiovisuelle. J'observe aussi que les évolutions récentes de la chronologie des médias dans
01:38le domaine du cinéma attestent également de cette intégration progressive vers un nouvel
01:43équilibre de notre écosystème. Cet équilibre est toutefois fragile, notamment pour les
01:52acteurs traditionnels du secteur, car bien sûr la télévision linéaire structure toujours
01:57le paysage audiovisuel, avec deux tiers de la durée d'écoute individuelle. Elle reste
02:04de loin le premier média en termes de force de frappe, le seul capable de réunir au même
02:09moment plusieurs millions, voire dizaines de millions de téléspectateurs, et elle finance
02:1580% des investissements dans la création. Le téléviseur lui-même continue d'occuper
02:22une place centrale dans la grande majorité des foyers, 89% des Français en possèdent
02:27au moins un, là où on annonçait il y a quelques années son repli progressif au profit des écrans
02:33individuels. Cette évolution-là n'a pas eu lieu. Et la plateforme TLT elle-même, elle
02:39a été évoquée à l'instant, demeure tout à fait attractive, comme l'a montré l'appel
02:44à candidature de 2024, 19 candidatures reçues pour 10 autorisations à concéder en gratuit
02:51et la sélection de deux nouvelles chaînes, T18 et OFTV, qui contribueront dès cet été
02:57à la diversité des programmes. Il y a donc des signes de résilience, de résistance,
03:03de dynamisme, et les bons résultats publicitaires de 2024 en attestent. Mais nous savons aussi
03:09que les tendances depuis long terme sont sans doute plus préoccupantes, comme l'étude
03:14réalisée l'année dernière par la DGMIC et l'ARCOM l'a montré. La part de marché
03:19totale de la télévision, linéaire et non linéaire, était de 28% en 2018. Elle est passée
03:26à 20% en 2024 et devrait passer progressivement à 17% en 2030. Les causes de cette érosion
03:36sont connues. Certaines sont intrinsèques aux médias, comme la baisse de la durée
03:42d'écoute de la télévision, notamment chez les jeunes, et aussi, c'est le corollaire,
03:47un certain vieillissement de l'audience. Mais la principale raison est sans doute à rechercher
03:52du côté de l'accaparement de ce marché par des acteurs, plateformes de partage
03:57de vidéos, moteurs de recherche, réseaux sociaux, qui, avec le développement des
04:04Smart TV, sont de plus en plus en concurrence frontale avec les médias traditionnels.
04:10Je rappelle que les Smart TV sont présentes dans 40% des foyers, mais elles représentent
04:1590% des achats. Donc les logiques de flux vont progressivement renforcer et très rapidement
04:22renforcer les constats en termes de stock. Ces acteurs ne sont pas soumis aux mêmes contraintes
04:28réglementaires ou fiscales et sont en situation d'imposer leur rapport de force en profitant
04:34de leurs algorithmes et de la connaissance fine qu'ils ont de leurs utilisateurs.
04:39Cette concurrence au sein même du poste de télévision n'est donc plus théorique,
04:45et c'est un point sur lequel je voudrais rappeler que l'ARCOM a publié en septembre
04:49dernier la liste des services d'intérêt général qui, en application de la directive SMA,
04:55des dispositions acquises de haute lutte, ont vocation à bénéficier d'une visibilité
05:00appropriée sur les principales interfaces et notamment les écrans d'accueil des téléviseurs.
05:06En clair, cela signifie que toutes les chaînes nationales gratuites de la TNT devront être
05:12accessibles sur ces interfaces dans les mêmes conditions que les services les mieux exposés.
05:19Alors depuis septembre, l'ARCOM dialogue avec les fabricants de téléviseurs, notamment
05:24pour réunir les conditions d'intégration de ces services dans les interfaces, mais au
05:33vu des enjeux que représente cette disposition en termes de visibilité et de concurrence,
05:38je ne peux qu'encourager tous les groupes de télévision à se concerter pour créer un
05:44point d'accès unique, un peu comme l'ont fait dans un autre domaine, les radios avec
05:48Radio Player.
05:50L'ARCOM, en tout cas, se tient à votre disposition pour faire avancer ces discussions
05:54et trouver des solutions communes rapidement.
06:00Ces tendances, ces fragilités, évidemment, nous les aurons à l'esprit lorsque nous lancerons
06:06vers la mi-avril une consultation publique sur l'usage de la ressource hertzienne disponible
06:11depuis le retrait du groupe Canal+, de la télévision payante, de la TNT payante.
06:15Cette consultation sera suivie d'une étude d'impact que nous publierons au début du
06:21mois de juillet et des conséquences à en tirer vraisemblablement à la fin de l'été.
06:26L'enjeu de la consultation consistera, sans a priori, et j'y insiste, à déterminer
06:32le meilleur équilibre entre, premièrement, l'amélioration de la qualité du service et
06:38selon quelles normes, quelles modalités techniques, quelles couvertures, avec quels coûts
06:42pour les diffuseurs, quels enjeux également en termes environnementaux, et deuxièmement,
06:49la structure, l'augmentation éventuelle de l'offre et, bien sûr, la question de la
06:53soutenabilité de son financement au vu du marché.
06:56C'est une consultation sur laquelle, comme toujours, nous sommes évidemment très demandeurs
07:02et nous serons très attentifs à toutes les contributions.
07:06Quel qu'en soit le résultat, quel que soit d'ailleurs également le résultat de la
07:11consultation que nous aurons à conduire en vue du renouvellement de la troisième vague
07:15de la TNT à partir de 2026 ? Les évolutions des usages sont trop puissantes pour que nous
07:21restions attentistes sur une question qui me tient à cœur, qui était également évoquée,
07:27je crois, dans le débat qui précède, sur les asymétries concurrentielles.
07:31Je voudrais ici en évoquer deux, deux catégories, la réglementation publicitaire d'un côté,
07:38les questions de transparence dans le marché d'autre part.
07:42D'abord, sur la question de la réglementation et des restrictions publicitaires, question
07:47qui relève essentiellement du pouvoir réglementaire, le régulateur n'ayant en la matière qu'un
07:53avis à formuler sur les évolutions envisagées.
07:55Sans surprise, un des premiers sujets dont mes interlocuteurs m'ont parlé depuis ma
08:01prise de fonction, c'est la question de l'interdiction à la télévision de la publicité pour les
08:06opérations de promotion de la distribution, question récurrente à laquelle je suis confronté
08:13depuis au moins une quinzaine d'années.
08:16Sur ce sujet, évidemment, extrêmement sensible, il y a à mes yeux deux façons de prendre
08:22la question. La première, c'est de se dire qu'une évolution n'est pas possible si elle
08:27ne garantit pas la préservation des médias essentiels et déjà fragilisés que sont la
08:33radio et la presse. Et c'est une préoccupation tout à fait légitime.
08:37La seconde façon de se poser la question est de se dire qu'il est un peu absurde que les
08:41transferts de budget, en particulier liés à la baisse tendancielle des investissements
08:47dans le courrier publicitaire, que ces transferts profitent essentiellement aux purs
08:52players digitaux, faute d'un inventaire suffisant pour les accueillir dans les médias
08:57historiques. C'est une question compliquée, ce sont des préoccupations ou des considérations
09:02légitimes. Je crois que nous devons collectivement chercher aussi sereinement que possible des
09:07solutions afin d'arriver à accroître les ressources globales pour les médias sans
09:12qu'au sein du secteur, personne n'est à y perdre. Autre sujet qui relève cette fois-ci
09:18plus directement de l'ARCOM, nous allons très prochainement lancer une réflexion sur
09:23les règles relatives à la publicité clandestine et sur celles applicables au placement de produits
09:27dans les programmes de flux. Là aussi, c'est une question qui ne fait pas l'unanimité.
09:33Raison de plus, là encore, pour en parler et pour faire évoluer et évaluer les effets
09:39à la fois en termes de recettes, mais aussi en termes de protection du consommateur et de
09:44qualité des programmes. Là encore, il faut trouver le bon équilibre entre la préservation
09:50de ce qui fait la spécificité des médias, des producteurs de contenu et puis le dynamisme,
09:57la préservation du modèle économique. De manière plus générale que ces questions spécifiques
10:02de placement de produits, notre objectif collectif doit être de viser plus d'équité et d'harmonisation
10:09entre les médias traditionnels et les plateformes, mais, et c'est un point important, sans
10:14alignement par le bas de la régulation, un alignement par le bas qui n'est véritablement
10:19pas défendable dès lors qu'il s'agit de protection des consommateurs ou de santé publique
10:24que l'on pense à l'alimentation ou à la lutte contre les addictions.
10:29J'ai pour ma part pris connaissance hier avec intérêt de deux orientations dans un rapport
10:34d'inspection ministérielle qui a été subrepticement divulguée. La première de ces orientations
10:42applicables à la radio semble acter l'inefficacité de certaines mentions légales et invite à leur
10:48refonte. La seconde, plus générale, plus vaste et plus importante, fait, je cite, de l'application
10:55équitable des règles aux plateformes, un préalable à tout relèvement des exigences.
11:00Et ce rapport invite à réviser les règles européennes en la matière, en particulier
11:06le principe du pays d'origine. Je crois que ce sont sur ces questions, sur ces orientations
11:11que nous devons travailler dans les prochains mois.
11:15Seconde catégorie d'asymétrie que je souhaitais évoquer ici, celle qui concerne la transparence
11:21du fonctionnement du marché publicitaire. En France, le marché publicitaire média est
11:26traditionnellement transparent et même très transparent avec la loi Sapin, avec le rôle
11:31que joue Médiamétrie. Le fonctionnement du marché de la publicité digitale est sans doute
11:37moins transparent, puisque les plateformes sont le plus souvent propriétaires de leur système
11:42de mesure d'audience, avec des méthodes de calcul qui ne sont pas toujours elles-mêmes
11:47les plus transparentes. Et ces acteurs peuvent ainsi négocier avec des annonceurs qui n'ont ni les moyens
11:53de vérifier la réalité des audiences qu'on leur vend, ni non plus la capacité de faire l'impasse
11:58sur des supports qui sont trop importants pour être écartés. C'est une des questions
12:04dont s'est saisi le règlement européen sur la liberté des médias, règlement adopté en 2024,
12:10avec pour objectif assumé de soutenir les médias qui produisent de l'information professionnelle,
12:15en affirmant les principes de transparence, d'impartialité, de comparabilité des systèmes
12:22de mesure d'audience. C'est, je crois, également l'objet de travaux en cours au sein du comité
12:27cross-média de Médiamétrie, qui associe plusieurs plateformes pour élaborer une méthode
12:33de mesure d'audience unifiée, quel que soit le canal de diffusion. Tout cela va évidemment
12:40dans le bon sens, et l'ARCOM y contribuera activement dans les prochains mois, si on
12:46fait appel à nous. Pour finir, je voudrais vous faire partager deux convictions, qui sont
12:53celles du régulateur. La première, c'est que l'enjeu collectif n'est pas de défendre
13:00les supports historiques par principe, ou même parce qu'ils sont français, même s'il y a
13:04des questions de souveraineté. L'enjeu, c'est la capacité à produire et à diffuser
13:11des programmes ambitieux, et en particulier une information de qualité. Une information
13:16de qualité, c'est un bien public, capital pour nos démocraties. C'est un bien qui
13:20n'a pas de prix, particulièrement en ce moment, mais comme on dit souvent, il a un
13:24coût, et donc sa production doit être soutenue. La seconde conviction est qu'à l'heure
13:30de la convergence entre audiovisuel et numérique, les logiques de confrontation
13:34entre supports, télévision, radio, presse, services délinéarisés, ou de concurrence
13:42entre public et privé n'ont plus vraiment lieu d'être. La vraie frontière, pour nous,
13:47elle se situe ailleurs, entre d'un côté les médias qui acquièrent, qui produisent,
13:52qui diffusent, que ce soit de la création, du sport, de l'information, et de l'autre,
13:57les supports qui captent une richesse qu'ils ne créent pas, et bien souvent
14:01ne redistribuent pas. Nous devons donc y répondre, en demeurant
14:05unis autour de cet écosystème créatif qui a été
14:08mis en évidence et à l'honneur ce matin, tout en intégrant
14:13progressivement les acteurs qui n'y sont pas encore.
14:17Je vous remercie beaucoup, et je vous souhaite un bon appétit.

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