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Élus par les territoires, les sénatrices et les sénateurs connaissent le terrain et côtoient les acteurs de notre patrimoine agricole et nourricier, tout ce qui fait de la France un pays où le contenu de l'assiette relève d'un engagement quotidien.
Vincent Ferniot rencontre ces hommes et ces femmes, en compagnie d'un sénateur ou d'une sénatrice, sur son territoire. Ce mois-ci, rencontre sur le terrain avec Catherine Morin-Desailly, sénatrice centriste de Seine-Maritime. Année de Production :

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Transcription
00:00Retrouvez Manger, s'est voté avec le concours général agricole.
00:09Bonjour, petit matin beau mais un peu frisquet sous les remparts du château de Robert le Diable,
00:16un personnage légendaire du Moyen-Âge qui fait référence à Robert le Magnifique,
00:21le duc qui est le père de Guillaume le Conquérant.
00:25Ah, ça vous donne un élément ça, oui vous l'avez compris.
00:27Manger, s'est voté est en Normandie, en Seine-Maritime plus précisément
00:31et j'ai rendez-vous avec la sénatrice Catherine Morin de Sailly du groupe de l'Union Centriste
00:35qui m'a donné rendez-vous pas très loin d'ici, en contrebas, là-bas, à Rouen.
00:57Madame la sénatrice ?
01:07Bonjour Vincent, bienvenue à la fois Saint-Marcourt.
01:11Merci de m'accueillir dans ce lieu incroyable.
01:13Oui, c'est beau.
01:14Ah là là là là ! D'ailleurs, je crois que Rouen est reconnu pour ses maisons à pans de bois.
01:20Oui, c'est le plus grand ensemble au niveau européen en nombre de maisons à pans de bois.
01:25C'est fantastique.
01:26On va faire quelques pas dans la vieille ville ?
01:28Oui, avec plaisir.
01:29Qu'on parle un peu de vous.
01:32Catherine Morin de Sailly, vous êtes native d'ici ?
01:36Oui, j'ai habité toute petite rue de la République à quelques centaines de mètres.
01:40Donc c'est votre quartier d'enfance ?
01:41C'est mon quartier d'enfance, c'est aussi mon quartier de permanence parlementaire.
01:45C'est équidistant de l'hôtel de Ville-de-Ronde où j'étais adjointe à la culture
01:48et de l'hôtel de région aujourd'hui où j'exerce aussi des fonctions de conseillère régional.
01:53Donc je suis vraiment dans mon élément.
01:56Vous étiez prof avant d'être sénatrice.
01:59J'étais professeure d'anglais en effet quelques années, voilà, dans cette agglomération.
02:02Est-ce que c'est marquant pour vous ça, l'enseignement ?
02:06Oui, parce que d'abord je crois beaucoup en l'éducation.
02:09Et pour moi c'est très fondateur de tout le reste, sans éducation.
02:14On ne peut pas trouver de travail, on ne peut pas se former, on ne peut pas grandir tout simplement.
02:18Donc pour moi c'est essentiel.
02:21Vous êtes née dans une famille, m'a-t-on dit, où la politique était très importante.
02:26Ça causait beaucoup politique chez vous.
02:28Oui, c'est-à-dire qu'il y a toujours eu un engagement pour la politique.
02:32J'ai un aïeul qui était mère d'Oma, alors ça c'est au moment de la Révolution française pratiquement, un peu après.
02:37Et puis mon grand-père a été maire d'une commune de l'agglomération.
02:41Voilà, donc ça fait partie un peu de l'engagement naturel et familial.
02:46Mais comment est-ce qu'on passe de l'élu local à l'élu national au Sénat ?
02:52En 2004, il y a les élections régionales.
02:54Je suis tête de liste pour la Seine-Maritime.
02:56Et l'arrondissement de Rouen n'avait pas été représenté au Sénat depuis de nombreuses années.
02:59Et il fallait donc aussi assurer la parité parce qu'elle avait été votée quatre ans auparavant.
03:06La dernière fois, c'était quand ? La dernière réélection ?
03:082020.
03:09Et vous allez repiquer ?
03:10Et la prochaine, c'est 2026, bien sûr.
03:12Ah ben oui !
03:13Voilà, et ça fait 20 ans maintenant que je siège à la Haute Assemblée avec grand bonheur.
03:17Bon, on va découvrir la vallée de la Seine et ses alentours.
03:21Mais on commence quand même par la Manche ?
03:22Oui, oui, oui, je voudrais vous emmener absolument à Veul-les-Roses.
03:27Je veux vous emmener sur cette côte d'Albatte qui m'est chère aussi.
03:29Je suis partant.
03:30On prend la route ?
03:31On y va.
03:33Nous irons voir comment poussent les salades de Julien.
03:36Ce jeune maraîcher fournit chaque jour la cantine de Malonnais comme une voisine
03:39où nous rencontrerons le maire très engagé sur la qualité alimentaire pour ses jeunes administrés.
03:44Puis direction la ferme de la Quenne où Stéphane, Romain et Clément nous font découvrir leur beau fromage fermier et bio.
03:51Ensuite, on gagne les bords de Seine.
03:53Rendez-vous à l'abbaye bénédictine de Saint-Vendry avec frère Mathieu, moine et brasseur, qui nous fera goûter sa bière.
04:00Avant de pousser un peu plus loin jusqu'à Duclair pour s'asseoir à la table du maître canardier Arnaud Gentil.
04:05Mais d'abord, direction Veul-les-Roses, la perle de la côte d'Albâtre, pour y ouvrir de bon matin quelques huîtres.
04:12En route !
04:13Madame la sénatrice, j'ai l'impression qu'à Veul-les-Roses, les bancs des cahiers sont au bord de la plage.
04:28Oui, ben voilà, on y est. On va pouvoir les déguster. Là, les producteurs sont là.
04:31Bonjour !
04:34Bonjour madame la jointe, bonjour Hélène, merci de vous accueillir.
04:37Bonjour Hélène, merci.
04:38Bonjour Édic.
04:39C'est bien.
04:40Magnifique.
04:41Oh là là, regardez, ce petit soleil du matin sur les coquilles, on verrait presque au travers.
04:47Alors, l'huître de Veul-les-Roses, c'est une jeune huître, Hélène ?
04:52Oui, c'est une jeune huître. En fait, il y a eu à peu près il y a 30 ans des expérimentations dans le secteur. Les huîtres ici ont été implantées à peu près en 2004.
05:03Mais ce qui est important, c'est la reconnaissance, c'est le label européen aussi, c'est quelque chose sur lequel on travaille beaucoup pour que l'ensemble de la filière haute-école bénéficie d'une vraie reconnaissance.
05:13Je pense que pour une commune comme Veul-les-Roses, ça a changé un peu le visage du littoral du coup.
05:19C'est vrai que c'est une activité économique importante pour nous. Et puis, on a 4 ostréiculteurs, on a 10 hectares de production et je crois que ça génère à peu près 1,7 million de chiffre d'affaires par an.
05:36Alors, maintenant, parlons de l'âge de l'huître elle-même. C'est combien de temps de...
05:40Il faut 3 ans pour faire une huître commercialisable.
05:43Une huître, en fait, pousse soit en chair à l'intérieur, soit en coquille.
05:47Alors ici, on a quand même beaucoup de mauvais temps, donc les coquilles sont limées par les vagues.
05:52C'est plus important à l'intérieur, finalement.
05:54Donc, on a des huîtres de toute taille, mais qui est surtout très charnue.
05:56Donc, il ne faut pas de chance fier à la taille de la coquille.
05:58Non, non, pas toujours.
05:59Il faut l'ouvrir.
06:00Au contraire, quand elles sont bien rondes comme ça, c'est souvent qu'elles sont bien charnues.
06:03C'est une huître qui ne découvre qu'une semaine par mois pendant les grandes marées.
06:06C'est la pleine mer.
06:07Toutes semaines par mois ?
06:08Et il leur reste du temps, on leur fout la paix, alors ?
06:10Oui, elles sont en pleine mer, elles sont sous l'eau.
06:12Elles restent sous l'eau.
06:13Ah oui, mais ça, ça demande une anticipation du point de vue de la production pour aller faire le ramassage.
06:19Tout à fait, oui, oui.
06:19Il ne faut pas louper les grandes marées, parce que c'est là qu'on peut récupérer nos huîtres,
06:23les travailler, les retourner, retourner les poches, remettre des petites et récupérer des grosses.
06:28Alors là, je me pose une question.
06:30Comment est-ce qu'on gère les stocks ?
06:31Nous avons des bassins de stockage, mais les huîtres qui sont élevées à veule repartent dans le Calvados ou dans la Manche,
06:38selon les endroits où on a déjà des parcs.
06:41Il faut avoir des parcs ailleurs pour stocker les huîtres.
06:43On cause, on cause, mais moi je dis, le matin, c'est l'heure de l'huître, c'est de la bonne santé.
06:48C'est comme si on mangeait un petit morceau de la mer.
06:50Il y a plein de bonnes choses.
06:51Vous voyez, c'est quand même une huître charnue.
06:53Ouais, elle est belle.
06:54Chin, chin.
06:55Chin.
06:56Santé.
06:56Un bon goût iodé.
06:59Dites-moi Catherine, où est-ce qu'on va là ?
07:08On va chez Zembar et chez Bio.
07:10On va chez Julien.
07:11Nous sommes à Pissibauville, on n'est pas très loin de l'Orman.
07:13On est en pleine compagne normande, en paysage et bucolite.
07:17Julien, en plein soleil.
07:18Bonjour Julien, merci vraiment de nous accueillir.
07:20Comment allez-vous ?
07:21Merci, ça va bien.
07:22Ça va ?
07:22Julien, on est venu voir vos salades.
07:25Pas que vos salades, mais on se doute que là, cette saison, avec ce beau temps,
07:28ça doit sortir.
07:30Ça pousse ? Je vais vous montrer ça.
07:31Oui, on va regarder ça.
07:32On va aller voir ça avec plaisir.
07:33Avec plaisir.
07:36Et voilà, ça pousse.
07:38Ça pousse.
07:38Alors, vous faites du bio, vous ?
07:40Oui, ça se voit.
07:42Ça se voit quand c'est beaucoup enherbé.
07:44Eh oui.
07:45Entre les salades, on peut se dire qu'il n'y a pas de traitement chimique.
07:48Ouais, aucun traitement chimique.
07:50Effectivement.
07:50Comment est-ce que vous avez eu l'envie de démarrer une activité de maraîchage ?
07:56Je jardine depuis presque toujours, en fait.
07:58J'ai appris à jardiner avant d'apprendre à lire ou à écrire.
08:02Ah ouais ?
08:02Je faisais déjà mon petit jardin avec mes petits légumes, qui n'étaient pas aussi bons
08:05que ça.
08:05À quel âge ?
08:06Je vais avoir 5-6 ans, j'ai commencé à gratter la terre.
08:10Ah ouais ?
08:10Il y a des gamins qui ont des Playmobil et puis il y en a d'autres qui ont déjà
08:13les outils de jardinage dans la main.
08:14Alors, quand vous avez démarré, vous aviez du terrain dans votre famille ?
08:18Je me suis installé sur le corps de ferme de mes grands-parents, qui est très petit,
08:22même pas un hectare et demi.
08:23C'était pas facile, c'était pas gagné de faire quelque chose.
08:27C'était sans compter la commune de Maloney.
08:29On a trouvé comme une entente, ils me prêtent le terrain et je produis les légumes pour
08:35la cantine.
08:36D'accord.
08:36Madame la séatrice, quand on voit ça, on se dit que c'est un modèle qui doit servir
08:40un petit peu d'exemple, ce rapprochement entre les maires et leurs agriculteurs locaux.
08:47Oui, la région Normandie aussi, par exemple, dans ses lycées, a instauré le manger normand
08:51il y a presque 10 ans maintenant.
08:53Donc, l'obligation d'être en filière courte et puis surtout, il y a des expérimentations
09:00telles que celles-ci, qui peuvent être en effet des exemples à dépliquer.
09:04Combien vous produisez pour le restaurant scolaire chaque année ?
09:08Je dirais qu'une tonne, une tonne et demie de légumes.
09:10Une tonne et demie de légumes, sur une gamme de quoi ? D'une vingtaine de légumes ?
09:14Oui, ça doit être à peu près ça.
09:16Vous participez à la commission des menus ? C'est quelque chose de la commission des
09:18menus pour les écoles ?
09:20Non, alors moi je leur dis ce que je produis, ce que je vais avoir.
09:24Même si pour moi, ce n'est pas toujours évident de dire à l'avance quand vont arriver
09:27les salades, quand vont arriver les radis.
09:30Des moments, ça se joue à quelques jours.
09:33Non, pour l'instant, je n'ai pas de salade.
09:34Puis finalement, quatre jours après, si, si, les salades sont là, il a fait beau, ça arrive.
09:39Ça veut dire que la cantine, elle travaille un peu comme si vous étiez une amap.
09:43C'est-à-dire, elle a la cagette, elle doit cligner avec ce qu'il y a dedans.
09:47C'est quasiment ça.
09:49Qui fait les prix ? Est-ce que vous êtes obligé de vous adapter au prix que vous a indiqué
09:54la municipalité qui vous a prêté les terrains, donc vous sentez un engagement moral ?
09:58J'ai la liberté de faire mes prix.
10:01Après, ils ont la liberté de prendre ou pas au prix que je fais.
10:04Mais oui, les prix, moi je les fais pour que je puisse en vivre, c'est la base.
10:09Et à qui d'autres vendez-vous ?
10:10Alors, on vend principalement du particulier.
10:12Le vendredi après-midi et le samedi matin, les clients viennent là sur site.
10:17Comme ça, ils peuvent lutter un petit oeil aussi sur ce qu'ils pensent.
10:20Et on est aussi sur le marché de Maloney le dimanche matin.
10:23Toujours dans le local.
10:27Là, c'est bon, c'est prêt.
10:29C'est prêt pour ce midi à la cantine.
10:32Catherine, si vous êtes d'accord, on va faire un tour à la cantine ?
10:35Parce que j'aimerais bien voir comment c'est mis en œuvre.
10:36Merci, Julien.
10:37Merci à vous.
10:38Je vais retrouver les radis là-bas.
10:43C'est ici, la cantine ?
10:45Oui, on est dans le nouveau groupe scolaire de Maloney.
10:47On va rencontrer son maire, Guillaume Coutet, qui nous attend là-bas.
10:51Bonjour, bonjour.
10:52Bonjour.
10:53C'est le maire.
10:54Bonjour, Catherine.
10:55Bonjour, Guillaume.
10:56Nous, on a un petit peu faim.
10:57Je vais vous accueillir.
10:58Et moi aussi.
10:58Il y a qui est dans la cantine ?
10:59Ça tombe bien.
11:07C'est les radis de Julien.
11:08Bonjour, madame.
11:09Bonjour, madame.
11:10On peut en repiquer un.
11:11Je vais prendre un petit pour ne pas priver les élèves.
11:13Elles sont aussi bonnes que dans le champ.
11:15On en sort.
11:16Extraordinaire.
11:17C'est vraiment typiquement, Catherine, l'exemple type du locavorisme, du champ aux assiettes.
11:22C'est un circuit très court.
11:24Vous vous rappelez aussi que la restauration scolaire ne dépend pas du tout de l'éducation nationale,
11:28mais des collectivités, des mères, qui veulent bien mettre en place ce service rendu aux familles.
11:34Effectivement, c'est un vrai choix politique, déjà d'être en régie et de ne pas déléguer au privé.
11:40On fait à manger nous-mêmes, de faire en sorte de voir les enfants s'épanouir en mangeant, goûter.
11:44C'est la meilleure des récompenses pour les agents de la restauration.
11:47On a fait le choix d'une tarification sociale.
11:50Donc, on a des prix de 1 euro jusqu'à 4,10 euros.
11:53Sous condition de ressources ?
11:54Sous condition de ressources, oui, effectivement.
11:57Qu'est-ce que ça représente, le budget de la restauration scolaire dans votre commune,
12:01par rapport à ce que vous récupérez dans le ticket des familles ?
12:04Alors, en fait, par an, c'est 200 000 euros de recettes.
12:07Mais sur l'achat des matières premières, on est à peu près à 130 000 euros d'achat des denrées pour faire à manger.
12:15Et surtout, l'achat du matériel, puisqu'on est dans la cuisine.
12:18Et moi, depuis que je suis maire, j'hallucine sur les prix.
12:22Par exemple, cette année, sur le budget de la commune de Maloney, on change le lave-vaisselle.
12:2648 000 euros pour le lave-vaisselle.
12:29Bon, voilà. Donc, ça représente aussi un effort extrêmement conséquent.
12:33Comment est-ce que vous remontez à l'échelon national des idées qui naissent en département ?
12:38On a souvent des missions d'évaluation et d'information qui permettent justement de se rendre sur place
12:45et d'auditionner régulièrement des élus.
12:47On travaille beaucoup les enjeux d'implication citoyenne.
12:49Et là, avec Julien, que vous êtes allé voir, c'est le meilleur exemple.
12:53Les enfants, ils savent que ce qu'ils mangent, c'est au bout de la rue.
12:55Et en plus, ils peuvent aller voir ce qui pousse.
12:57On travaille ça aussi avec le centre de loisirs.
12:59On travaille ça aussi avec l'équipe pédagogique.
13:01Ce n'est pas que la ville dans son coin.
13:03Et on est dans la totale application de la loi Égalisme,
13:06qui dit quoi ? Que les collectivités territoriales doivent pour 20% se fournir en circuit court, en produits locaux.
13:13Mais pas par obligation. Presque par engagement naturel.
13:16Là, c'est par engagement naturel, mais du coup...
13:18Non, c'est par obligation.
13:19Voilà. Donc, c'était du bon sens ce qui était promu d'emblée ici.
13:25Et c'est très important.
13:26Monsieur le maire, est-ce que dans votre cantine, les élèves mangent mieux et plus et jettent moins de feu ?
13:34Alors, mangent mieux, parfois plus.
13:37Et sur les déchets, justement, je vais vous faire voir quelque chose.
13:39Oui.
13:39Mais qu'est-ce que c'est que ça ?
13:50Qu'est-ce que c'est que ça ?
13:51C'est une poubelle ?
13:53C'est une forme de poubelle.
13:54Les enfants, à la fin de leur repas, trient eux-mêmes leurs déchets.
13:57Ce qui fait qu'on limite fortement le gaspillage.
14:00Parce que comme c'est le gamin lui-même qui doit vider, du coup, il mange un peu plus.
14:04Il préfère vider là que...
14:06C'est ça, il mange un peu plus.
14:07Et puis, ça fait aussi évoluer le rapport aux adultes.
14:10Les agents de restauration ne sont pas les bonniches qui vont nettoyer les assiettes, etc.
14:16Il y a un parcours de l'enfant global.
14:17Vous connaissez dans les estaminés du Nord, le jeu de la grenouille ?
14:21Voilà, non.
14:22Eh bien, en fait, on lance des palais.
14:25Ah bah, pas !
14:26Fort, vous !
14:28Ah !
14:29Si vous les mettez au bout de la table et qu'ils jettent leurs déchets, ça va être drôle, là.
14:32Ouais, mais nous, on apprend aux enfants qu'on ne joue pas avec la nourriture.
14:36Ça, c'est de la belle cantine, ça.
14:38Ah oui.
14:38Oh, Vincent, il faut que je vous arrête.
14:39J'ai une réunion en préfecture, donc je vous abandonne une heure.
14:42Pendant ce temps-là, je vous conseille, c'est pas loin d'ici, c'est à Boehro.
14:45Vous allez visiter le Grec, le Ken.
14:48Leur fromagerie, c'est un lieu important.
14:50D'accord, mais je peux venir de votre part ?
14:51Vous venez de ma part et vous m'en reparlerez tout à l'heure.
14:54Je vous abandonne.
14:54OK, merci.
14:55À tout à l'heure, Catherine.
15:01De belles prairies normandes, à une trentaine de kilomètres de Rouen,
15:05parsemées de pommiers, je vais voir Stéphane, qui est producteur laitier.
15:11Bonjour Stéphane.
15:12Bonjour Romain.
15:12Stéphane, je suis venu vous voir parce qu'on m'a dit que Stéphane se posait la question
15:17s'il devait prendre sa retraite, arrêter, vendre l'exploitation ou perdurer et transmettre.
15:23Quand les années passent, la question se pose.
15:25T'as le corps qui fatigue, honnêtement.
15:27Moi, je suis installé depuis 1990, j'avais 21 ans.
15:31Aujourd'hui, j'en ai 56 et maintenant, j'ai mal dans les genoux, j'ai du mal à arquer.
15:35Et il y a un moment où vous vous êtes dit, je largue tout ?
15:39Des fois, j'y ai pensé, oui. Surtout quand je n'avais pas d'associés. Maintenant que j'ai Romain et Clément, je n'y pense plus.
15:44Mais vous, avant d'avoir fait ce choix, vous avez produit du lait que vous apportiez auprès de Lactalis ?
15:52Oui, puis même avant 1997, on traitait aussi.
15:55Mais moi, j'ai quitté le système petit à petit parce que je ne m'y retrouvais pas.
15:58Dans le système industriel, parce qu'on était mal payé.
16:02Clairement, le lait vendu à un industriel, ça ne paye pas.
16:05Donc, vous avez fait le choix de la transformation.
16:07Parce que c'est le premier choix, c'est de dire, je vais aller au bout du produit fini, je gagnerai mieux ma vie.
16:12Alors, le premier choix, ça a été de passer en bio.
16:14D'accord.
16:15Et le deuxième choix, ça a été d'aller au bout du produit.
16:18Sans se faire piquer la plus-value par l'industriel.
16:21Par un intermédiaire qui...
16:23Et puis, moi, je dis toujours, le plaisir de faire du fromage ici et de le vendre, c'est d'avoir les retours des consommateurs qui vous disent, mais j'aime ton fromage, il est bon.
16:32Moi, j'ai livré pendant des années Lactalis, monsieur Lactalis.
16:36Il ne m'a jamais appelé pour me dire, ouais, ton lait, il est vraiment super bon.
16:38Bravo, Stéphane, tu fais du bon boulot.
16:40On aime ce que tu fais, c'est bien de faire du bio et tout.
16:44Non.
16:45Donc, voilà, ce n'est pas satisfaisant de travailler avec un industriel.
16:48Quand vous étiez gamin, on faisait du fromage sur l'exploitation ?
16:53En fait, mes parents étaient au début de l'industrialisation.
16:56On arrêtait de faire du produit fermier pour vendre à l'industrie parce que c'était moderne, parce que c'était du temps libre, une organisation du travail différente.
17:04Et puis moi, finalement, 40 ans plus tard, je fais la route inverse.
17:09Nous, on a pas mal de jeunes qui viennent ici en apprentissage et je les trouve assez curieux sur la façon qu'on a de travailler,
17:15que ce soit l'organisation du travail ou le fait de tout transformer.
17:19Romain, vous êtes issu d'une famille d'agriculteurs ?
17:22Pas du tout.
17:23Mon père était informaticien, ma mère infirmière.
17:25Je suis né dans un village où il y avait plus de vaches que d'habitants, donc clairement, j'étais mordu depuis petit.
17:30Mais par quel chemin vous êtes passé ?
17:31Je suis rentré dans une école d'ingénieur en agriculture, donc j'ai poussé juste comme doctorat là-bas en Irlande.
17:37Super titré, super capé.
17:38Je suis surdiplômé par rapport au métier que je fais aujourd'hui.
17:40Est-ce que le fait d'avoir, je dirais, ces jeunes avec vous a changé votre vision du métier ?
17:47Sur le foncier ici, l'avenir de la ferme, moi, je voudrais que les terres de la ferme ne fassent plus partie de la famille et des héritages.
17:56Aujourd'hui, c'est Romain et Clément plus que moi.
17:59Et puis, dans 30 ans, ça ne sera plus Romain et Clément, ça sera d'autres.
18:02Et d'apporter de la sécurité pour un site global où tu as une fromagerie, des vaches autour, des terres autour qui permettent d'alimenter les vaches.
18:11Tout ça, c'est un système global qui tient la route et il faut assurer la pérennité de l'ensemble.
18:16Moi, j'aurais pu aussi dire, finalement, je ne cherche pas de successeurs, je n'installe pas de jeunes et je revends ma ferme à l'agrandissement et je touche le jackpot.
18:25Ici, la terre, elle vaut de l'argent.
18:26Il faut les terres pour travailler en agricole. Une vache, il lui faut presque un hectare de bouffe par an.
18:32Donc, si tu n'as pas ces hectares-là, tu es dans la merde. Voilà. Donc, tout ça, c'est global.
18:37Ça veut dire que vous êtes moins riche, mais que vous êtes plus heureux.
18:40Carrément. Ben oui.
18:44Ça sent le fromage, ici.
18:46Oui, c'est une vraie cave.
18:47C'est une vraie cave, une vraie cave d'affinage.
18:49Qu'est-ce qui vous a incité, je dirais, à vouloir fabriquer de vos mains votre produit ?
18:56Revenir à des envies plus fondamentales.
18:58Quand j'ai découvert l'existence de fromages normands assez originaux et dans une idée de diversifier, moi, ça m'a attiré.
19:08On a quatre références. Il y a une tome, une raclette, la meule ou les meules qui nous entourent, qui est notre gamme à pâte cuite, et puis un fromage fumé.
19:21Ah, là où vous travaillez avant, même si vous sortiez des fromages, vous les voyez blancs, vous n'occupiez pas de l'affinage, et puis des fois, ça se perdait un peu dans les méandres.
19:30On maîtrise tout, de A à Z. La production alimentaire qui sert à nourrir les bêtes jusqu'au client final et avec toutes les étapes intermédiaires, c'est un bébé, c'est une vie.
19:43Écoutez-moi, je vais vous dire un truc, Stéphane. Ça me donne envie de goûter, quand même.
19:55Je ne m'attendais pas à trouver ça en Normandie, en Seine-Marie-Kéme.
19:58C'est assez étonnant, oui.
20:12Ah, Catherine !
20:14Ah, Vincent !
20:14Je n'étais pas sûre de vous retrouver.
20:16Mais si ! Vous voyez, je vous attendais à Saint-Vendry.
20:18Oui, c'était votre rendez-vous avec votre éminence grise.
20:22Frédéric, il nous accueille.
20:23Merci de nous recevoir dans cette magnifique abbaye bénédictine.
20:28Mais je ne comprends pas très bien le rapport avec le sujet qui m'occupe, qui est la gastronomie, la cuisine, etc.
20:34Ici, on fabrique de la bière.
20:36Et c'est la seule bière en France qui est brassée par des moines.
20:41C'est unique.
20:42Donc, je voulais vous faire partager ça.
20:44Mais Saint-Vendry qui a créé, pas cette abbaye-là, mais l'abbaye originelle, c'est quoi ? VIIe siècle ?
20:50Donc, il ne connaissait pas encore la bière au houblon, mais son successeur a demandé que les moines en aient toujours à leur disposition.
20:57Donc, au IXe siècle.
20:58Ensuite, au XVe siècle, une porte sculptée de notre cloître présente une frise de houblon.
21:05Donc, en 2016, on s'est lancé, le 1er décembre, ça fera 10 ans l'an prochain, on s'est lancé dans la confection de notre propre bière.
21:12– Finalement, la bière a été produite de manière beaucoup plus précoce que le cidre et le calvados, auxquels on fait souvent référence en parlant de Normandie.
21:20La bière, c'est aussi de la production et de l'artisanat de Normandie.
21:23– Exactement.
21:24Et à présent, il semble que la Normandie soit une des régions les mieux pourvues en brassées artisanales.
21:29– On visite un petit peu ?
21:31– Eh bien, je vous convie à pénétrer dans notre charmante boutique.
21:34– On vous suit.
21:34– On vous suit, frère.
21:35– Voilà, alors, frère Mathieu, je vous laisse expliquer tous les aspects techniques de la fabrication et de la richesse de ce produit.
21:51Parce que moi, je vais retourner à la boutique.
21:53– Il y a du bonheur.
21:53– Il y a pas mal de monde.
21:54– Merci et à bientôt.
21:56– Où s'est logée cette volonté de faire de la bière ici à Saint-Bandry ?
22:03– Avant, on faisait de la microcopie ici.
22:05Donc, on faisait de la reproduction sur microfilm.
22:07Et on était tous d'accord pour retrouver une activité manuelle faite par les moines ici.
22:13– Longtemps, les moines ont été copistes.
22:15Vous avez été microcopistes, en fait.
22:16– C'est ça.
22:16On appelait ça le scriptorium 2.0.
22:19– Ah, c'est bien.
22:20– Et du coup, c'est aussi les frères qui ont aidé à designer la première bière.
22:25Parce qu'au réfectoire, ils étaient sans filtre avec nous en disant
22:27« ça, c'est dégueulasse, ça, ça pue, ça, c'est joli, ça, ça a une belle mousse, etc. »
22:33– Est-ce que c'est un projet bataillé ?
22:34– Ah ben oui, le brassin n'attend pas.
22:36– On s'est un peu plus calmes maintenant.
22:38Mais donc voilà, du coup, c'était vraiment les frères.
22:41Et après, l'idée, l'abbé a bien senti qu'il ne fallait pas que ce soit un projet personnel,
22:45mais d'unir toute la communauté.
22:46Et on s'est surtout laissé porter par les gens qui venaient à notre rencontre.
22:50Enfin voilà, on s'est vraiment senti accompagné par Dieu.
22:53On n'a pas fait beaucoup de démarches.
22:55Et tout est venu à nous assez naturellement.
22:56– On a mis un petit bouquet d'épices pour appeler le gruit monastique du Moyen-Âge.
23:07On l'a grillé, on lui a donné des arômes de caramel ou des choses comme ça.
23:11– Quand même.
23:12– Merci Catherine de m'avoir amené à Saint-Vendry.
23:17– Alors Catherine, vous comprendrez qu'on vienne à Duclair pour terminer cette journée au restaurant du parc.
23:27Parce qu'il y a une tradition gastronomique en Seine-Maritime qui a tendance un peu à se perdre.
23:33Et moi, je voudrais la maintenir.
23:34Ce sont les maîtres canardiers.
23:36– Ah, ça tombe bien parce que je suis canardière.
23:38– Vous êtes canardière ?
23:39– Oui, je suis, savez-vous, canardière d'honneur.
23:41– Vous êtes canardière d'honneur ?
23:43– Oui, oui.
23:43Donc moi aussi, je soutiens les maîtres canardiers.
23:46– Alors je vous apprends quasi rien.
23:47On va retrouver Arnaud Gentil, on va se faire canarder ?
23:50– Voilà, exactement.
23:50– Mais on ne va pas se faire plumer.
23:51– Non, on est d'accord.
23:53– Comment allez-vous ?
23:54– Les canardiers.
23:55– Ah oui, vous vous trouvez au restaurant du parc.
23:58– Bonjour, c'est bon.
23:59– Bonjour, c'est bon.
23:59– Bonjour, c'est bon.
23:59– Bonjour, c'est bon.
24:03– Eh oui, madame la sénatrice.
24:04Ce sont les sénateurs et sénatrices qui cuisinent, qui mettent la main à la pâte à la fin.
24:09– On va aller se mettre à table et puis on va attendre le canard.
24:12Le canard au sang, il est découpé en salle.
24:16– Bien, madame la sénatrice, d'abord merci de m'avoir amenée dans ces si beaux endroits avec un temps incroyable.
24:23– On a de la chance.
24:23– Vous avez la Seine et la mer.
24:26C'est déterminant ce nom de Seine-Maritime, ça ressemble au département ?
24:30– C'est un territoire qui est complet.
24:33Vous avez l'agriculture, vous avez la pêche, vous avez aussi l'industrie qui a été rendue possible sur la vallée de la Seine
24:40et aussi cette mutation industrielle que nous avons vécue.
24:43En réalité, la Normandie, et particulièrement la Seine-Maritime, elle est riche de tout.
24:48– Il y a aussi la volonté de tout le temps transformer, réfléchir, aller de l'avant.
24:52– Oui, nous sommes des entrepreneurs, c'est-à-dire que nous avons des savoir-faire, nous avons des expertises,
24:58le défi écologique, le défi climatique, il faut aussi pouvoir s'adapter.
25:02Et vous êtes par exemple dans un département où il y a beaucoup de forêts, le chêne n'aura disparu d'ici 50 ans.
25:07Nous apprenons déjà à anticiper, transformer, replanter.
25:12Voilà, c'est vraiment très très caractéristique aussi des gens de ce territoire.
25:17Voilà, l'entrepreneuriat, l'aventure.
25:19– Donc vous restez des Normands, des Vikings, des gens de la mer ?
25:23– Toujours, toujours en mouvement, toujours en mouvement, en quête de toujours mieux.
25:27– Quid du train ? Parce que c'est un vrai sujet, ce train qui relie Paris au Havre.
25:32– Oui, c'est la raison pour laquelle la région a investi de manière colossale depuis 10 ans,
25:38avec des fréquences plus régulières, une plus grande fiabilité.
25:41Et donc pour nous, c'était une priorité.
25:44– Ah, je vois le canard qui arrive par le train.
25:46Oh le joli bestiau !
25:48Merci messieurs, les chefs canardiers, merci Catherine.
25:52Merci à vous tous de nous suivre sur Public Sénat.
25:55et on se retrouve évidemment bientôt sur la plateforme publicsénat.fr dans Mangez, c'est voté.
26:19C'était Mangez, c'est voté avec le concours général agricole.

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