Laurent Baca a reçu dans la nuit du 5 au 6 août 2014 une balle de 22 long rifle dans la tempe, puis son corps a été coulé dans du béton. Sa compagne Edith Scaravetti a, pendant quatre mois, soutenu qu’elle était sans nouvelles depuis qu’il était parti livrer des stupéfiants en Espagne. Finalement, le 20 novembre 2014, elle a avoué son implication dans la disparition de Laurent Baca, car cette hypothèse d’un « go fast » n’a pas tenu face à l’étonnement de la famille de la victime ainsi que suite aux investigations des enquêteurs.
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00:00:00C'est parti !
00:00:30Laurent Bacca, la victime.
00:00:35Emmurée dans son propre grenier.
00:00:37Edith Scaravetti, la coupable.
00:00:39Qui a coffré son conjoint au-dessus de la chambre des enfants.
00:00:42Mais à l'entendre, Edith Scaravetti, c'est elle la victime.
00:00:45De violence, d'humiliation, de viol.
00:00:48Victime pendant dix ans des maltraitances d'un homme alcoolique et toxicomane
00:00:51qui en avait fait sa chose.
00:00:54Jusqu'à lui graver ses initiales dans la peau.
00:00:56S'il n'obtient pas satisfaction, alors il se met dans des colères homériques
00:01:02et il est capable de la faire dormir à moitié nue dans le jardin, sous la pergola.
00:01:08Edith est complètement soumise dans la relation.
00:01:12Alors oui, un jour, elle a craqué.
00:01:15Elle fond en larmes et elle dit qu'elle est un monstre.
00:01:19Elle dit « je suis un monstre, je l'ai tué, j'ai tiré ».
00:01:23Le corps de Laurent Bacca est emballé dans des sacs en plastique,
00:01:28scotché, dissimulé dans un coffrage en béton
00:01:30qu'Edith Scaravetti a coulé elle-même dans le grenier.
00:01:34Poussée à bout, elle a voulu faire peur à Laurent, dit-elle.
00:01:36Mais le coup est parti tout seul.
00:01:38Un accident.
00:01:39C'est bête.
00:01:41Mais est-ce qu'elle est bien vraie, son histoire ?
00:01:43Comment est-ce que les enfants n'ont pas entendu leurs parents crier,
00:01:46se disputer, s'insulter, se menacer ?
00:01:51C'est extraordinaire.
00:01:53Accident, crime de sang-froid, crime calculé ?
00:01:58Que disent les policiers, les témoins, les balisticiens et les experts
00:02:01qui ont examiné Edith Scaravetti sous tous les angles ?
00:02:04On parle quand même d'une jeune femme
00:02:06qui pouvait parfaitement quitter ce milieu
00:02:09s'il était aussi toxique qu'elle l'a prétendu.
00:02:14Pourquoi cette femme a-t-elle été condamnée à deux peines différentes ?
00:02:17Une pour homicide involontaire,
00:02:20une autre pour homicide volontaire.
00:02:23Toulouse, 11 août 2014, au cœur de l'été.
00:02:49Il est 10h30 quand une femme pousse la porte du commissariat
00:02:54pour signaler la disparition de son conjoint, Laurent Bacca.
00:02:59Cela fait cinq jours qu'elle n'a plus de nouvelles de lui.
00:03:01On a l'impression d'une femme, en fait, qui vient,
00:03:09elle est quelque peu timide, réservée,
00:03:12elle ne se livre pas énormément.
00:03:14Elle s'appelle Edith Scaravetti,
00:03:17elle a 27 ans,
00:03:19son compagnon 36.
00:03:21Ils vivent ensemble depuis 10 ans
00:03:22et ils ont trois enfants.
00:03:25Son conjoint a disparu
00:03:27depuis le 6 août,
00:03:29sans prendre son téléphone,
00:03:31sans prendre ses papiers,
00:03:33ni ses moyens de paiement.
00:03:37Edith, elle nous dit que le jour de sa disparition,
00:03:41elle a levé les enfants,
00:03:42elle les a habillés,
00:03:43les enfants sont allés faire un bisou à leur papa
00:03:46et elle les a amenés au centre aéré,
00:03:49comme elle le faisait tous les matins.
00:03:53Quand elle est revenue,
00:03:54Laurent n'était plus là,
00:03:55la voiture était là,
00:03:56les papiers étaient là,
00:03:56le téléphone était là,
00:03:57mais lui n'était plus là.
00:04:00Il est parti à pied,
00:04:01donc de suite,
00:04:03on comprend qu'il y a quand même un problème.
00:04:06Personne ne l'a vu se faire kidnapper,
00:04:08ce n'est pas quelqu'un qui est malade
00:04:09au niveau psychiatrique,
00:04:11donc c'est vrai qu'il n'y a pas de caractère de gravité.
00:04:14Mais à la lecture,
00:04:16on comprend que dès le départ,
00:04:19il y a des choses anormales.
00:04:24Alors elle évoque un éventuel go fast,
00:04:28qui serait parti en Espagne
00:04:29pour amener éventuellement dans la drogue,
00:04:32sachant qu'il est consommateur de stupéfiants,
00:04:35qu'il en revend un petit peu.
00:04:37Elle part sur cette hypothèse-là.
00:04:40Laurent Baca a bien un casier judiciaire.
00:04:42Il a été condamné à un an de prison avec sursis
00:04:45et mis à l'épreuve pour détention,
00:04:47consommation et vente de produits stupéfiants.
00:04:50Mais l'affaire date de plus de 15 ans.
00:04:53Depuis, le père de famille semble se tenir à carreau.
00:04:56Les policiers appellent les morgues,
00:05:00les hôpitaux, les prisons,
00:05:01consultent la liste des gardes à vue
00:05:03des commissariats de la région.
00:05:05Ils appellent les gendarmes.
00:05:07Pas de traces de Laurent Baca.
00:05:10Alors au bout d'une semaine, le 18,
00:05:12ils convoquent ses proches.
00:05:13La famille, immédiatement,
00:05:18elle est inquiète
00:05:19parce que Laurent Baca
00:05:20était très proche, notamment, de sa mère.
00:05:23Tous les jours, il est en contact avec sa mère.
00:05:26Là, il n'y a aucune nouvelle de lui.
00:05:28Elle insiste aussi, la famille,
00:05:30sur le fait que ses enfants,
00:05:32c'est pareil, c'est pas normal
00:05:33qu'ils ne cherchent pas à les voir.
00:05:36Laurent Baca, c'est un père de famille
00:05:39qui fait des petits boulots
00:05:41pour essayer de s'en sortir,
00:05:43qui fait des travaux à la maison,
00:05:45qui joue son rôle, on va dire,
00:05:48de père, de frère, de fils,
00:05:51tout à fait classique.
00:05:53D'ailleurs, la famille Baca
00:05:55n'a pas attendu d'être convoquée
00:05:56aux commissariats pour remuer ciel et terre.
00:05:59Voilà plus de dix jours
00:06:00qu'elle alerte les amis, les voisins
00:06:02et qu'elle plaque des avis de recherche
00:06:04dans toute la ville.
00:06:09Le 14, trois jours après le signalement d'Edith,
00:06:12elle a contacté la presse locale
00:06:13pour diffuser un appel à témoins.
00:06:18C'est un appel à témoins très classique
00:06:19avec un numéro de téléphone
00:06:20qui incite les gens
00:06:22qui auraient pu voir quelque chose
00:06:23à prendre contact
00:06:25avec les services de police
00:06:26ou avec la famille.
00:06:28L'appel n'a rien donné,
00:06:29mais l'inquiétude de la famille Baca
00:06:31a touché les journalistes
00:06:32qui ont fait un gros papier
00:06:33sur cette disparition.
00:06:36Un article avec une photo
00:06:38j'ai en mémoire cette photo
00:06:40parce qu'il y a tout le monde.
00:06:42C'est-à-dire qu'il y a les parents,
00:06:44il y a les frères,
00:06:45la sœur Jennifer qui est très active.
00:06:48Par exemple, je me souviens
00:06:48que Jennifer est allée jusqu'en Espagne
00:06:51au poste frontière dans les hôpitaux
00:06:53pour essayer de voir s'il y avait une trace.
00:06:55Après tout, il aurait pu très bien décider
00:06:57d'aller faire un tour et avoir un accident.
00:06:59Donc, ils ont vraiment multiplié les démarches.
00:07:02Ils n'ont jamais lâché.
00:07:03La famille s'est mise sur la piste du go-fast
00:07:07qu'Edith a fini par lâcher
00:07:08à demi-mot,
00:07:10en disant que Laurent était
00:07:11sur un gros coup.
00:07:17Jennifer, la sœur,
00:07:18a appelé l'ambassade de France
00:07:19en Espagne, en Belgique,
00:07:20aux Pays-Bas,
00:07:22sans succès.
00:07:25La famille a aussi pris rendez-vous
00:07:27avec un pénaliste,
00:07:29spécialiste des affaires de stupéfiants.
00:07:31Donc, ils viennent voir un avocat
00:07:34qui a l'habitude de ce genre de choses
00:07:36pour savoir si c'est possible,
00:07:38pour demander des renseignements,
00:07:41pour voir comment on pourrait avoir
00:07:42des nouvelles du fils,
00:07:44savoir ce qui s'est passé, etc.
00:07:46Je pose des questions habituelles
00:07:48et je leur indique que s'il avait été
00:07:50placé en détention en Espagne,
00:07:52forcément, ils seraient au courant.
00:07:54Je leur demande un peu
00:07:55qu'ils m'expliquent qui est leur fils.
00:07:58Sur le portrait,
00:08:00tout le monde est d'accord.
00:08:02Laurent est un fils,
00:08:03un frère, un conjoint,
00:08:04un père aimant.
00:08:06Mais pas toujours facile à vivre.
00:08:09Surtout après quelques pétards
00:08:11et un coup de trop.
00:08:15Laurent Mbaka,
00:08:16c'est, vous savez,
00:08:17le profil du pénible
00:08:18de la fête de famille, vous voyez ?
00:08:20Le type qui va boire
00:08:21et une fois qu'il a bien bu,
00:08:24il va commencer à s'embrouiller
00:08:26un peu avec tout le monde
00:08:27ou à parler haut
00:08:28ou à parler mal.
00:08:29La famille, il n'a jamais caché.
00:08:31Les uns et les autres
00:08:32se voient tous les jours,
00:08:34tous les dimanches,
00:08:34ils vont manger ensemble.
00:08:36Ce n'est pas le fils
00:08:36que l'on voit une fois
00:08:37tous les trois ou quatre mois
00:08:38et dont on peut ignorer
00:08:40une certaine partie de vie.
00:08:42Absolument pas.
00:08:42Donc, à partir de ce moment-là,
00:08:46rien n'est compatible,
00:08:47en réalité,
00:08:48avec un trafiquant de drogue
00:08:49qui aurait une envergure suffisante
00:08:52pour se retrouver
00:08:53dans une situation embêtante.
00:08:56Les Bacas croient d'autant moins
00:08:57à cette piste du GoFast
00:08:59que Laurent a des problèmes de vue.
00:09:01Il est incapable de conduire la nuit.
00:09:03Dominique,
00:09:06d'après sa compagne,
00:09:07Laurent Baca aurait tenté
00:09:08un gros coup.
00:09:09Mais pourquoi ?
00:09:10Pour arrondir les fins de mois ?
00:09:12Pour se mettre à l'abri ?
00:09:13Ils avaient besoin d'argent ?
00:09:14Pourquoi ?
00:09:14La police va éplucher
00:09:15les comptes du couple.
00:09:18Lui fait des petits boulots.
00:09:19Il ne gagne pas beaucoup d'argent.
00:09:20Il est manutentionnaire.
00:09:21Il enchaîne les contrats courts.
00:09:22Et au moment de sa disparition,
00:09:24il ne bosse pas.
00:09:25Elle,
00:09:25elle bosse auprès
00:09:26de personnes âgées.
00:09:27Elle gagne le SMIC.
00:09:28Et ils ne sont pas imposables.
00:09:30Quand ils ont besoin
00:09:31d'un peu d'argent,
00:09:32elle fait appel à son père
00:09:34pour changer un bout
00:09:35d'électroménager
00:09:35ou pour les enfants.
00:09:37Et la maison où ils vivent,
00:09:39elle est à eux ou pas ?
00:09:39Non.
00:09:40La maison où ils vivent,
00:09:41elle est à la mère d'Edith.
00:09:42Elle en a hérité de son père.
00:09:44Elle leur prête cette maison.
00:09:46Donc,
00:09:46ils l'occupent gracieusement.
00:09:48Et Laurent Baca,
00:09:49en échange,
00:09:50fait des petits boulots
00:09:50dans la maison.
00:09:51Le couple n'a pas
00:09:52de biens immobiliers,
00:09:54pas de crédits,
00:09:55pas de dettes,
00:09:56pas d'économies,
00:09:57pas d'assurance-vie,
00:09:57pas d'assurance-décès.
00:09:59Donc,
00:09:59le couple s'en sort,
00:10:00mais il ne roule pas sur l'or.
00:10:01C'est pour ça,
00:10:02d'après Edith,
00:10:03que Laurent Baca
00:10:04aurait accepté
00:10:06ou l'aurait pu accepter
00:10:07de faire un gros coup de stup.
00:10:17Quelques jours plus tard,
00:10:19Edith repasse la porte
00:10:20du commissariat.
00:10:21Elle revient de nous voir
00:10:24avec une enveloppe
00:10:26qu'elle a trouvée
00:10:27à son domicile
00:10:28sur laquelle
00:10:29il y a le numéro
00:10:30d'un néné.
00:10:31Ce néné,
00:10:32il s'avère que c'est
00:10:32un individu
00:10:33qui est connu
00:10:33de nos services
00:10:34pour du trafic de stup.
00:10:37C'est ce fameux néné
00:10:38qui va chercher
00:10:39la drogue de Laurent
00:10:40dans les quartiers
00:10:41ou sur les pointes de deal
00:10:42pour la lui ramener
00:10:44directement à la maison.
00:10:46Edith insiste.
00:10:48Qu'en cela ne tienne,
00:10:49on va l'appeler
00:10:50ce néné.
00:10:53Quand on lui dit
00:10:54que c'est par rapport
00:10:55à Laurent Mbaka,
00:10:56de suite,
00:10:57il répond à notre convocation.
00:11:00Car Laurent,
00:11:01néné le connaît bien.
00:11:03Peut-être même mieux
00:11:04que sa propre famille.
00:11:07Néné nous dit
00:11:07que Laurent Mbaka
00:11:09pouvait dépenser
00:11:10jusqu'à 800 euros
00:11:11par mois
00:11:11pour du stup,
00:11:13cannabis et cocaïne.
00:11:15800 euros par mois
00:11:16en coke et en fumette ?
00:11:18Waouh !
00:11:20Ça fait beaucoup
00:11:20pour un gars
00:11:20qui ne bosse pas souvent.
00:11:24Le portrait
00:11:24du bon père de famille
00:11:25se fissure.
00:11:27Un type qui se drogue
00:11:28toujours,
00:11:29qui a l'alcool mauvais,
00:11:30des copains
00:11:31pas très recommandables.
00:11:33Edith n'a peut-être
00:11:34pas tort.
00:11:35Il est peut-être
00:11:36monté sur un coup
00:11:37louche.
00:11:39Mais comme la famille,
00:11:41Néné n'y croit pas
00:11:41non plus.
00:11:42Laurent,
00:11:43dans une histoire
00:11:44de go fast ?
00:11:45Lui qui a la trouille
00:11:46de sortir
00:11:46avec une barrette
00:11:47de chit ?
00:11:48Sans rire.
00:11:50Et puis,
00:11:50il ne connaît
00:11:51personne dans le milieu.
00:11:53En tout cas,
00:11:55Néné est bien
00:11:56pessimiste
00:11:56sur le sort
00:11:57de Laurent.
00:11:59Néné,
00:11:59lui,
00:11:59pour lui,
00:12:00Laurent,
00:12:00il a disparu,
00:12:01il est mort.
00:12:03Car Néné,
00:12:04il a une autre idée
00:12:05en tête.
00:12:07Peu de temps
00:12:08avant sa disparition,
00:12:09Laurent lui a demandé
00:12:10un service
00:12:11assez particulier.
00:12:14Donner une bonne leçon
00:12:15à l'amant d'Edith,
00:12:17un animateur
00:12:18du centre aéré
00:12:19des enfants.
00:12:20Laurent a même fixé
00:12:21le prix,
00:12:221000 euros
00:12:23l'a raclée.
00:12:25Laurent Baca
00:12:26a découvert
00:12:27des messages
00:12:28dans le téléphone
00:12:29d'Edith Scaravetti
00:12:30qui laissent penser
00:12:32qu'elle aurait
00:12:33trompé
00:12:35Laurent Baca.
00:12:37Ça montre
00:12:38une facette
00:12:39de sa personnalité.
00:12:41On se rend compte
00:12:42qu'il peut
00:12:43être impulsif,
00:12:44nerveux,
00:12:46voire violent.
00:12:46Parce que
00:12:47qu'est-ce que c'est
00:12:47régler le compte ?
00:12:49Un amant,
00:12:52une raclée
00:12:52qui tourne mal,
00:12:54ça,
00:12:55ça parle mieux
00:12:55à la famille Baca
00:12:56qui se souvient
00:12:58maintenant
00:12:58d'un incident
00:12:59trois semaines
00:13:00avant la disparition.
00:13:05Lors d'un repas
00:13:06de famille,
00:13:07le téléphone
00:13:07d'Edith a sonné.
00:13:08C'est Laurent
00:13:09qui a pris
00:13:09la communication.
00:13:12Et là,
00:13:12il est tombé
00:13:13sur quelqu'un.
00:13:15Il expliquait
00:13:16en fait
00:13:16qu'il fallait
00:13:17qu'il arrête
00:13:18d'appeler,
00:13:19que ça allait
00:13:20mettre
00:13:20un coup d'arrêt
00:13:22à son couple,
00:13:23qu'il gâchait tout.
00:13:24Et Laurent
00:13:25a employé
00:13:27un ton,
00:13:28on ne peut pas dire
00:13:29qu'il était gentil
00:13:30avec lui,
00:13:30tout agressif.
00:13:32la famille Baca
00:13:35a compris
00:13:36qu'il y avait
00:13:37de l'eau
00:13:37dans le gaz.
00:13:40Est-ce qu'il n'y a pas eu
00:13:42quelque chose
00:13:43qui s'est passé ?
00:13:45Parce que,
00:13:45justement,
00:13:46Edith aurait peut-être
00:13:47voulu changer de vie,
00:13:49quitter Laurent
00:13:50et refaire sa vie
00:13:52avec quelqu'un d'autre.
00:13:53Enfin,
00:13:54une piste intéressante
00:13:55et facile à vérifier
00:13:56avec les FADET.
00:13:57Et de fait,
00:13:58les relevés téléphoniques
00:14:00d'Edith montrent
00:14:01qu'elle a bien noué
00:14:01une relation
00:14:02avec un animateur
00:14:03quelques semaines
00:14:04avant la disparition
00:14:05de Laurent.
00:14:08Il y a énormément
00:14:09d'appels
00:14:10et de SMS
00:14:11échangés
00:14:12au mois de juillet.
00:14:13Sur trois semaines,
00:14:14il y en a peut-être
00:14:14800 communications
00:14:17environ.
00:14:19Voilà un type
00:14:20à voir rapidement.
00:14:24Mais le gars
00:14:25devance les policiers.
00:14:27Il débarque
00:14:28de lui-même
00:14:28au commissariat.
00:14:32Je sais que vous allez
00:14:34me soupçonner,
00:14:35mais je n'ai rien
00:14:36à voir là-dedans.
00:14:38Lui
00:14:38est très amoureux
00:14:40d'elle.
00:14:42Presque lui
00:14:43plus qu'elle.
00:14:44Il se voyait
00:14:45au moment
00:14:46de récupérer
00:14:46les enfants.
00:14:48Il y a eu
00:14:48une fête aussi
00:14:50au niveau de l'école,
00:14:51une sorte de kermesse
00:14:52en fait,
00:14:53où là,
00:14:53ils ont échangé
00:14:54les numéros.
00:14:56Et par la suite,
00:14:57donc,
00:14:57ils se sont contactés.
00:14:59Ils ont beaucoup
00:15:00échangé par SMS
00:15:01et les sentiments
00:15:03se sont exacerbés
00:15:05au fur et à mesure
00:15:05des échanges.
00:15:08Mais l'animateur
00:15:09a vite compris
00:15:10qu'Edith cherchait
00:15:11surtout un ami,
00:15:11une épaule bienveillante.
00:15:13Pas un amoureux transi.
00:15:14Il nous explique
00:15:19qu'ils se sont embrassés
00:15:20une fois
00:15:21ou peut-être deux,
00:15:22enfin,
00:15:23très peu souvent,
00:15:25voilà,
00:15:25à l'écart
00:15:26des enfants.
00:15:28C'était absolument
00:15:29pas un amour
00:15:30torride,
00:15:31c'était une relation
00:15:32un peu adolescente
00:15:33en quelque sorte.
00:15:34Le dernier SMS
00:15:38d'Edith
00:15:38à cet homme
00:15:39date du 23 juillet.
00:15:41Elle ne pouvait pas
00:15:42lui parler,
00:15:43Laurent l'avait à l'œil.
00:15:45C'était 15 jours
00:15:45avant sa disparition.
00:15:47Les policiers
00:15:48vérifient tout de même
00:15:48l'emploi du temps
00:15:49de l'animateur
00:15:50les 6 et 7 août.
00:15:52Ils nous expliquent
00:15:55qu'il est pompier
00:15:56volontaire
00:15:57et qu'il était
00:15:58en mission.
00:15:59Donc nous,
00:16:00nous effectuons
00:16:01les vérifications
00:16:01et effectivement,
00:16:03le jour
00:16:04de la disparition,
00:16:05on se rend compte
00:16:06qu'il n'avait
00:16:07rien à voir,
00:16:08il n'était pas
00:16:09sur les lieux,
00:16:10il a un alibi.
00:16:12Une mission
00:16:13en Ariège.
00:16:16La piste de l'amant
00:16:18se dégonfle
00:16:18aussi vite
00:16:19que celle du Gophast.
00:16:22reste celle
00:16:23du cercle familial.
00:16:27On apprend
00:16:28par la famille Baca
00:16:29que Laurent
00:16:29a un fils aîné
00:16:31de 14 ans
00:16:31qui vit avec sa mère
00:16:33auprès de Nîmes
00:16:33et que Laurent
00:16:34est très très affecté.
00:16:37Il en pleurait même
00:16:37quand il en parlait
00:16:38à sa famille
00:16:39depuis cette séparation
00:16:40et qu'il avait fait
00:16:41à l'époque
00:16:42une tentative de suicide.
00:16:44L'homme aurait-il
00:16:45recommencé
00:16:45et réussi son coup ?
00:16:48On procède
00:16:50à des enquêtes
00:16:50de voisinage.
00:16:51on va jusqu'à
00:16:53vérifier
00:16:54des terrains vagues
00:16:55autour de la maison.
00:16:57On sonne
00:16:57de même des puits.
00:16:59Mais rien.
00:17:00Du coup,
00:17:01on appelle
00:17:01son ex-femme.
00:17:05On s'est posé
00:17:06la question
00:17:06de savoir
00:17:07s'il ne serait pas
00:17:08reparti
00:17:08voir ou chercher
00:17:10cet enfant
00:17:11pour le voir
00:17:11plus souvent.
00:17:13L'ex-compagne
00:17:14n'a pas de nouvelles
00:17:15de Laurent Baca non plus.
00:17:17Mais ce qu'elle apprend
00:17:17au policier
00:17:18marque un tournant
00:17:20dans l'enquête.
00:17:22En fait,
00:17:24le petit
00:17:25ne veut plus
00:17:25le voir
00:17:25parce qu'il y a eu
00:17:28des disputes
00:17:30violentes
00:17:30entre eux
00:17:31et l'enfant
00:17:32ne veut plus
00:17:33voir son père.
00:17:36Elle nous a
00:17:38dépeint
00:17:39Laurent Baca
00:17:40comme quelqu'un
00:17:41de violent.
00:17:42Elle nous parle
00:17:42de violence physique.
00:17:43on comprend
00:17:45qu'elle avait
00:17:47vécu
00:17:47des choses
00:17:49compliquées
00:17:50avec lui.
00:17:58Le pénible
00:17:59de la fête
00:17:59de famille
00:18:00serait donc
00:18:00aussi un type
00:18:01violent.
00:18:02Si c'est vrai
00:18:03qu'il maltraitait
00:18:04son ex,
00:18:05il maltraitait
00:18:05peut-être aussi
00:18:06Edith.
00:18:06Or,
00:18:07elle n'en a pas
00:18:07parlé.
00:18:08Comme elle n'a pas
00:18:09parlé non plus
00:18:09de son amourette.
00:18:10Et ça,
00:18:12c'est le type
00:18:12de cachoterie
00:18:13qui intrigue
00:18:13toujours les flics.
00:18:17On se rend compte
00:18:18qu'on a pris
00:18:19plein de choses
00:18:20par l'entourage
00:18:21du couple
00:18:23mais qu'Edith,
00:18:24finalement,
00:18:25ne nous a rien mis.
00:18:27Edith nous livre
00:18:28les éléments
00:18:30qu'au compte-gouttes.
00:18:31Elle est très discrète,
00:18:33très renfermée,
00:18:34presque distante,
00:18:36en fait.
00:18:37La famille nous dit
00:18:38qu'elle a
00:18:38son comportement
00:18:40a changé.
00:18:41Elle est moins
00:18:42proche d'eux.
00:18:45Edith vit
00:18:45quasiment
00:18:46cloîtré
00:18:48dans sa maison.
00:18:49Store baissé,
00:18:51il fait chaud
00:18:51au mois d'août.
00:18:52Dans le sud,
00:18:53on ferme les volets
00:18:53souvent pour garder
00:18:55la fraîcheur
00:18:55dans les maisons.
00:18:56Mais malgré tout,
00:18:57avec trois enfants,
00:18:59normalement,
00:18:59c'est une maison,
00:19:00ça vit.
00:19:01Mais là,
00:19:02l'impression
00:19:02que cette maison
00:19:03était morte.
00:19:05Il n'y avait
00:19:05personne dedans.
00:19:08Edith n'a pas
00:19:09participé aux recherches,
00:19:11elle a tergiversé
00:19:11pendant cinq jours
00:19:12avant d'aller signaler
00:19:13la disparition de Laurent.
00:19:15Et surtout,
00:19:16les premiers jours,
00:19:17elle semble avoir
00:19:18bien baladé
00:19:18la famille Bacca.
00:19:19Il était chez un ami.
00:19:24Ensuite,
00:19:25elle leur a demandé
00:19:26« Mais il n'est pas
00:19:27chez ton frère ? »
00:19:29Donc,
00:19:29à chaque fois,
00:19:31l'aversion évolue.
00:19:34Ils ont confiance en elle,
00:19:36mais ils ne la comprennent plus.
00:19:37Elle ne répond pas,
00:19:40elle est fuyante
00:19:41dans les rapports
00:19:42avec les uns
00:19:44et les autres.
00:19:45Elle est plus que taiseuse,
00:19:46elle est presque murée.
00:19:47elle cherche toujours
00:19:48des échappatoires
00:19:50pour éviter
00:19:51de répondre aux questions.
00:19:54Il nous explique aussi
00:19:55que quand on évoque
00:19:57la disparition
00:19:58de Laurent Bacca,
00:20:00elle tremble,
00:20:02elle n'est pas à l'aise.
00:20:04Le temps qui passe
00:20:05crée le soupçon
00:20:07et le nourrit.
00:20:09Il y a quelque chose.
00:20:10Nous,
00:20:14on a toujours
00:20:15le même point,
00:20:15en fait,
00:20:16parce qu'on ne voit pas
00:20:17ce petit bout de femme
00:20:18faire du mal
00:20:20à quelqu'un.
00:20:22On ne la voit pas
00:20:23liée à la disparition
00:20:24de Laurent Bacca.
00:20:28Les policiers
00:20:29qui doivent quand même
00:20:29vérifier cette piste
00:20:30reprennent les dépositions
00:20:31de la famille
00:20:32et des copains.
00:20:33Tout ça
00:20:34pour cerner le couple.
00:20:35C'est Edith Scaravetti
00:20:39qui travaille
00:20:40auprès de personnes âgées.
00:20:42Elle est très prise
00:20:43au niveau professionnel.
00:20:45Elle fait tout ce qu'elle peut
00:20:46pour jouer son rôle
00:20:47de mère
00:20:48et de femme active
00:20:49dans la vie professionnelle.
00:20:52C'est Edith
00:20:53qui fait bouillir
00:20:53la marmite.
00:20:55Et d'ailleurs,
00:20:56elle fait à peu près
00:20:56tout à la maison.
00:20:58Les trois enfants,
00:20:59c'est elle qui s'en occupe.
00:21:01Joue avec eux,
00:21:02surveille les devoirs,
00:21:03les accompagne à l'école.
00:21:04Le ménage ?
00:21:06Elle aussi,
00:21:07sans se plaindre.
00:21:09Laurent, lui,
00:21:10il donne des ordres.
00:21:14Il nous est dépeint
00:21:15comme un tyran
00:21:16du quotidien.
00:21:18Si quelque chose
00:21:18n'allait pas,
00:21:20il était parfois humiliant.
00:21:22Il était vraiment
00:21:22très compliqué à vivre.
00:21:25Il était maniaque.
00:21:27Il fallait qu'elle
00:21:28se démène.
00:21:29pendant que lui
00:21:34était assez
00:21:34tranquille.
00:21:40Dès leur rencontre,
00:21:42Edith et Laurent
00:21:42se sont installés
00:21:43dans la maison rose
00:21:44et confortable
00:21:45du grand-père d'Edith,
00:21:46dans le quartier
00:21:47de Saint-Simon
00:21:48à Toulouse.
00:21:49Un quartier
00:21:50un peu excentré
00:21:51mais cossu,
00:21:52à l'ambiance
00:21:52de village.
00:21:53C'est là que
00:21:58sont nés
00:21:58leurs trois enfants.
00:22:00Laurent s'y sentait
00:22:01chez lui
00:22:01et il invitait
00:22:03fréquemment ses copains.
00:22:06De préférence
00:22:06à l'heure de l'apéro.
00:22:11Mais début juillet,
00:22:13quelques semaines
00:22:13avant de partir
00:22:14en vacances,
00:22:15Edith en a eu
00:22:16ras-le-bol.
00:22:18Elle s'est rebellée
00:22:19pour la première fois.
00:22:21Elle a fait sa valise
00:22:22avec les gosses
00:22:23pour se réfugier
00:22:24chez son père.
00:22:25Elle s'est échappée
00:22:26mais Laurent
00:22:27va la rattraper.
00:22:29Il devait partir
00:22:30à Palavas.
00:22:32Edith n'était pas
00:22:33très chaude
00:22:33pour y aller
00:22:34mais Laurent
00:22:34s'était fait mal
00:22:35aux pieds,
00:22:35ne pouvait pas conduire.
00:22:37Est-ce que ça a été
00:22:37un prétexte
00:22:38pour qu'elle vienne
00:22:39à Palavas ?
00:22:39Peut-être.
00:22:44Edith a finalement
00:22:45accepté de partir
00:22:46une semaine
00:22:46au bord de la mer
00:22:47avec les enfants
00:22:47et leur père
00:22:48pour ne pas priver
00:22:49les petites vacances.
00:22:50Une semaine
00:22:52sans nuages.
00:22:55Laurent a réussi
00:22:56à recoller
00:22:56les morceaux.
00:23:00Jennifer Baca
00:23:01nous dit
00:23:02qu'après ces vacances-là
00:23:03à Palavas,
00:23:04elle les a pris en photo
00:23:05en train de s'embrasser.
00:23:06En fait,
00:23:07ça semblait
00:23:07aller mieux
00:23:08fin juillet,
00:23:09début août.
00:23:11La piste
00:23:12d'une bagarre conjugale
00:23:13s'éloigne.
00:23:13début octobre,
00:23:18deux mois après
00:23:19la disparition
00:23:19de Laurent Baca,
00:23:20les policiers
00:23:20sont persuadés
00:23:21que le père de famille
00:23:22est mort.
00:23:23Ils continuent donc
00:23:24à interroger
00:23:25tous les proches
00:23:26du couple
00:23:26et un jour,
00:23:28un témoignage
00:23:28relance leur enquête.
00:23:34Ce témoignage,
00:23:36c'est celui
00:23:36d'une collègue d'Edith.
00:23:38Les deux femmes
00:23:39se voient tous les jours,
00:23:41elles se relaient
00:23:42auprès des personnes âgées
00:23:43dont elle s'occupe.
00:23:45Et cette collègue
00:23:46raconte qu'elle a vu
00:23:46plusieurs fois Edith
00:23:47avec des bleus
00:23:48sur le visage.
00:23:51Un jour,
00:23:51elle s'était cognée.
00:23:53Un autre,
00:23:54elle était tombée.
00:23:55La collègue a insisté.
00:23:57Et Edith a fini
00:23:58par lui confier
00:23:59que Laurent n'était pas
00:24:00seulement un tyran
00:24:00domestique instable
00:24:02et alcoolique,
00:24:03il la tabassait régulièrement.
00:24:13La nuit venue,
00:24:15il lui faisait même
00:24:15vivre un calvaire.
00:24:18Elle m'a avoué
00:24:19qu'il avait,
00:24:20donc il,
00:24:21c'est Laurent,
00:24:21bien entendu,
00:24:22qu'il avait une carabine
00:24:23et qu'à plusieurs reprises,
00:24:24il la lui avait posée
00:24:25sur sa tempe,
00:24:26à Edith,
00:24:27lors de disputes
00:24:27diverses et variées,
00:24:28en disant
00:24:29qu'il ne la laisserait
00:24:30jamais partir.
00:24:31Parfois même,
00:24:32lorsqu'il était ivre,
00:24:33il quittait le domicile
00:24:34avec sa voiture.
00:24:35Il prenait
00:24:36la carabine avec lui,
00:24:37il partait au hasard,
00:24:38puis il la rappelait
00:24:39pour qu'elle vienne
00:24:40le chercher
00:24:40car il s'était perdu.
00:24:42Laurent était tellement jaloux
00:24:43qu'il l'empêchait
00:24:44d'avoir des amis,
00:24:46elle n'avait pas le droit
00:24:46d'être inscrite sur Facebook
00:24:47et à moi,
00:24:48elle m'appelait en cachette.
00:24:52Voilà,
00:24:52ça nous renseigne
00:24:53effectivement
00:24:54sur le fait
00:24:54qu'Edith pouvait subir
00:24:56une forte pression
00:24:58de la part de Laurent
00:24:59à la maison
00:24:59et était sous son emprise.
00:25:02Une emprise des violences
00:25:03dont Edith
00:25:06n'a donc pas pipé mot
00:25:07aux policiers.
00:25:10Dominique,
00:25:13les policiers
00:25:13ont demandé aux enfants
00:25:14ce qui se passait
00:25:15à la maison.
00:25:16Ça se passait comment
00:25:16d'ailleurs entre papa
00:25:17et maman ?
00:25:18Les enfants,
00:25:19ils ont 7,
00:25:208 et 9 ans
00:25:21qui vont répondre
00:25:22aux policiers
00:25:22avec leurs mots d'enfant
00:25:23mais qui sont déjà
00:25:24à cet âge-là
00:25:25des enfants
00:25:26qui se souviennent
00:25:27de ce qu'ils voyaient
00:25:27et voilà ce qu'ils répondent
00:25:29aux policiers.
00:25:29Papa faisait pleurer
00:25:30maman quand ils se disputaient.
00:25:32Ils allaient dans le garage,
00:25:33nous,
00:25:33on montait,
00:25:35on allait dans notre chambre.
00:25:36Ils se disputaient
00:25:37très souvent.
00:25:38Papa,
00:25:39des fois,
00:25:39il frappait maman
00:25:40et elle pleurait
00:25:41et l'un des gosses dit
00:25:42je l'ai vu une fois
00:25:43taper maman dans la cuisine
00:25:44et une autre fois
00:25:46derrière une voiture.
00:25:47Est-ce qu'ils se souviennent
00:25:48de la dernière fois
00:25:49qu'ils ont vu leur père ?
00:25:50L'un d'eux,
00:25:50oui.
00:25:51C'était le matin même.
00:25:52Il raconte qu'il ne sait pas
00:25:53si son père était vivant
00:25:54ou mort,
00:25:55il l'a vu dans le canapé
00:25:55et il a pensé
00:25:57que son père s'était endormi
00:25:58en regardant un film.
00:26:00Donc,
00:26:00les témoignages des enfants
00:26:01vont plutôt
00:26:02dans le même sens
00:26:03que le témoignage
00:26:04de l'ami d'Edith
00:26:05qui avait parlé
00:26:05de violences conjugales
00:26:06et donc l'instruction
00:26:08passe à la vitesse supérieure.
00:26:10Trois mois et demi
00:26:10après la disparition
00:26:11de Laurent Bacca,
00:26:13le cortège judiciaire
00:26:14débarque à 9h du mat'
00:26:15pour une perquise.
00:26:16Edith est en train
00:26:17de repasser son linge
00:26:18et ça ne sent pas la rose.
00:26:21Quand on est rentré
00:26:22dans cette maison,
00:26:24il y avait une odeur
00:26:25affreuse,
00:26:28une odeur
00:26:29de mort.
00:26:32Edith Caravetti
00:26:33nous a dit
00:26:34non mais les enfants
00:26:35ont été malades,
00:26:35ils ont la gastro,
00:26:36ils ont vomi toute la nuit
00:26:37donc c'est pour ça
00:26:39que ça sent
00:26:39un peu le vomi.
00:26:41On se regarde
00:26:42et on se dit
00:26:43on va aboutir
00:26:46à quelque chose.
00:26:50Les équipes se déploient,
00:26:52la police scientifique
00:26:53cherche des indices
00:26:53au rez-de-chaussée
00:26:54pendant que d'autres
00:26:55policiers inspectent
00:26:56le reste.
00:26:56On fait le tour
00:27:01des combles,
00:27:02là il y a
00:27:02de la laine de verre,
00:27:04il y a des archives,
00:27:05il y a des planches
00:27:06puisqu'il y a des travaux
00:27:07en fait qui étaient en cours.
00:27:10On fait le tour
00:27:11des chambres,
00:27:12le tour de la maison,
00:27:14le garage,
00:27:15rien à signaler.
00:27:15Ce qui nous a quand même
00:27:21frappé c'est que
00:27:22Edith Scaravetti
00:27:23était complètement détachée
00:27:25de la situation,
00:27:27elle pliait du linge
00:27:28dans son salon
00:27:29comme si de rien n'était,
00:27:31comme s'il n'y avait
00:27:31personne chez elle.
00:27:33Elle ne se pose même pas
00:27:35la question de savoir
00:27:36pourquoi on est là,
00:27:37tout ce qui se passe
00:27:38autour d'elle,
00:27:38c'est normal,
00:27:39elle n'est pas là,
00:27:40elle est dans sa bulle
00:27:41et elle ignore
00:27:44tout ce qui se passe
00:27:44autour d'elle.
00:27:45Et à un moment donné,
00:27:50elle s'adresse à nous
00:27:51et elle nous demande
00:27:53de la suivre à l'étage
00:27:54qu'il faudrait qu'on monte
00:27:56parce qu'elle a quelque chose
00:27:57à nous montrer,
00:27:57à nous dire.
00:28:00Donc là, on se dit,
00:28:02elle va nous expliquer
00:28:03où est Laurent
00:28:04parce qu'entre l'odeur
00:28:06et son comportement,
00:28:08on sent très clairement
00:28:09que quelque chose
00:28:11va aboutir aujourd'hui.
00:28:15elle s'assoit,
00:28:18elle prend sa tête
00:28:19entre ses mains
00:28:20et elle fond en larmes
00:28:22et elle dit
00:28:23qu'elle est un monstre.
00:28:25Elle dit,
00:28:25je suis un monstre,
00:28:26je l'ai tué,
00:28:27j'ai tiré,
00:28:28il est mort
00:28:29et elle désigne la tête.
00:28:35Mais où il est ?
00:28:38Elle nous dit,
00:28:38il est à mon grenier.
00:28:41Alors là,
00:28:42on est stupéfaits
00:28:43dans le sens où
00:28:45on a investi les lieux
00:28:48de façon assez rapide au départ,
00:28:51mais malgré tout,
00:28:52on y est allé.
00:28:54On n'a rien vu.
00:29:01Elle nous montre,
00:29:02elle nous désigne l'endroit
00:29:03et c'est insoupçonnable.
00:29:07Insoupçonnable.
00:29:08C'est une petite marche en béton
00:29:12qui va de part et d'autre,
00:29:15d'un mur à l'autre
00:29:15et il est là.
00:29:19Moi, je me suis demandé
00:29:20dans quel état
00:29:21on allait le retrouver.
00:29:23Je pensais qu'il était découpé
00:29:25parce que c'était très fin.
00:29:27Les pompiers commencent à casser,
00:29:35donc petit à petit,
00:29:36enlèvent des morceaux de béton
00:29:38et là, on découvre,
00:29:39emballé dans des sacs poubelles
00:29:41avec du scotch de déménagement,
00:29:43un corps.
00:29:50Pendant ce temps,
00:29:51au rez-de-chaussée,
00:29:53les experts de la police scientifique
00:29:55découvraient des traces
00:29:57de sang au niveau du sol
00:29:59de la cuisine,
00:30:01sur le canapé,
00:30:02dans le garage,
00:30:03donc,
00:30:04on avait les éléments matériels
00:30:06qui apparaissaient.
00:30:09Elle pleure énormément.
00:30:13Elle est soulagée aussi
00:30:14d'avoir avoué ce secret
00:30:17puisque, bon,
00:30:18elle avait quand même perdu
00:30:19quasiment 10 kilos.
00:30:22Donc, c'est que ça l'arrangeait, en fait.
00:30:25Les policiers recueillent
00:30:27les premiers aveux
00:30:28d'Edith Scaravetti
00:30:29chez elle.
00:30:34Dans la nuit du 5 au 6 août,
00:30:36Laurent Baca a bu.
00:30:38Trop.
00:30:39Comme d'hab.
00:30:40Il a regardé la télé, seul.
00:30:43Et à 3 heures du matin,
00:30:44il est monté la réveiller.
00:30:45Il a saisi la carabine
00:30:51qui se trouvait sur l'armoire
00:30:52dans la chambre.
00:30:55Il menace Edith Scaravetti
00:30:58avec cette arme
00:30:58qu'il brandit
00:30:59en sa direction
00:31:00et il explique
00:31:02qu'il va s'en prendre.
00:31:04Il lui dit son mini-toie,
00:31:05c'est-à-dire que
00:31:06sa fille lui ressemble beaucoup
00:31:08et donc il va
00:31:09pour ouvrir
00:31:11la porte de sa chambre.
00:31:12mais là,
00:31:13elle s'interpose,
00:31:14elle fait diversion,
00:31:15elle essaye de capter
00:31:16son attention
00:31:17pour qu'il laisse
00:31:17la petite tranquille dormir
00:31:19et effectivement,
00:31:21il la suit.
00:31:29Là, elle s'est dit
00:31:30pour ne pas que les enfants
00:31:31voient ou entendent,
00:31:33elle s'est dit
00:31:34je vais aller vers le salon.
00:31:36Là, au salon,
00:31:37de nouveau,
00:31:37il a bousculé,
00:31:38elle est tombée
00:31:39comme d'acheminée.
00:31:44Laurent s'est allongé
00:31:45sur le canapé,
00:31:47il a saisi
00:31:48la carabine
00:31:48par le canon,
00:31:50a pointé
00:31:51le canon
00:31:51sur sa tempe
00:31:52tout en provoquant
00:31:54Edith
00:31:55à lui disant
00:31:55mais vas-y
00:31:56en gros,
00:31:57si t'as des...
00:31:58vas-y.
00:32:02Il la met au défi
00:32:03en fait
00:32:04d'appuyer
00:32:04sur la détente.
00:32:06Donc elle, elle indique
00:32:07qu'une altercation
00:32:09s'ensuit.
00:32:09Elle a voulu
00:32:10lui faire lâcher
00:32:12l'arme
00:32:13et le coup
00:32:15est parti.
00:32:18Elle a entendu
00:32:19un claquement
00:32:19effrayée,
00:32:21elle a tout lâché.
00:32:22Elle ne sait même pas
00:32:23comment le coup
00:32:24est parti.
00:32:27Donc là,
00:32:28elle part se réfugier
00:32:30à la salle de bain
00:32:30pensant
00:32:33qu'il n'est pas mort
00:32:35et qu'il va
00:32:36la suivre.
00:32:39Elle reste
00:32:40prostrée,
00:32:41nous dit-elle,
00:32:42dans cette salle de bain
00:32:42pendant plusieurs heures
00:32:44puisque c'est la nuit
00:32:45et
00:32:47elle se rend compte
00:32:48à un moment donné
00:32:49que les enfants
00:32:49vont se réveiller,
00:32:50que c'est l'heure.
00:32:56Elle l'appelle
00:32:57Laurent,
00:32:58Laurent
00:32:58pour voir
00:33:00ce qui se passe
00:33:00pensant
00:33:01qu'il va
00:33:02se réveiller
00:33:03ou venir
00:33:04la réprimander.
00:33:06Elle redescend,
00:33:07elle voit que Laurent
00:33:08est toujours
00:33:08sur le canapé,
00:33:09il ne bouge pas.
00:33:11Donc elle lui
00:33:11met une couverture
00:33:12dessus,
00:33:14elle monte
00:33:14réveiller les enfants,
00:33:15elle les habille
00:33:16et elle les amène
00:33:18directement déjeuner
00:33:21à la boulangerie.
00:33:23Elle les pose
00:33:24au centre aéré
00:33:24et ensuite
00:33:26elle revient
00:33:26à la maison.
00:33:27Du haut
00:33:37de son mètre
00:33:37soixante-dix
00:33:38et de ses
00:33:38cinquante-six kilos,
00:33:40Edith a traîné
00:33:41elle-même
00:33:42le corps
00:33:42dans le garage.
00:33:45Elle dit
00:33:45qu'elle l'a
00:33:45laissée là
00:33:46quelques heures
00:33:46avant de décider
00:33:47de l'enterrer
00:33:48dans la couverture,
00:33:50sous la pergola,
00:33:52là où les dalles
00:33:52ne sont pas scellées.
00:33:53En plein jour,
00:33:56en fin de matinée,
00:33:58elle a creusé
00:33:58un trou dans la terre
00:33:59et y a fait glisser
00:34:01le corps
00:34:02avant de tout
00:34:04remettre en ordre.
00:34:08Mais en plein mois d'août,
00:34:09l'odeur est rapidement
00:34:10devenue insupportable
00:34:11et la couverture
00:34:13remontait
00:34:14dangereusement
00:34:15à la surface.
00:34:20Du coup,
00:34:21elle a pris le corps.
00:34:21Elle l'a sanglée,
00:34:24elle l'a tirée
00:34:25avec ce sangle.
00:34:30Elle l'a positionnée
00:34:31entre ces deux piliers
00:34:32et elle a coulé
00:34:35du béton.
00:34:35Donc,
00:34:35elle faisait
00:34:36son béton
00:34:37dans le garage,
00:34:39elle faisait
00:34:39des allées et venues
00:34:40avec un coffrage
00:34:42qui était fait
00:34:43avec des planches
00:34:44et des cartons
00:34:45d'archives
00:34:46qui étaient positionnés
00:34:47de manière à ce que
00:34:48le coffrage
00:34:48soit nickel.
00:34:51On est scotchés
00:34:55parce qu'elle nous dit
00:34:56oui, c'est moi
00:34:57qui l'ai tué,
00:34:57c'est moi
00:34:58qui l'ai monté là.
00:35:02Il faut,
00:35:03ouais,
00:35:03il faut en avoir.
00:35:05On a du mal à croire
00:35:06à ce qu'on voit
00:35:07en fait
00:35:07et à ce qu'on a entendu
00:35:08de ce que nous a dit
00:35:10Edith
00:35:10parce que
00:35:12voilà,
00:35:13c'est un petit bout
00:35:15de femme
00:35:16plutôt frêle
00:35:17et on se demande
00:35:19par quelle force
00:35:20elle a pu monter
00:35:21ce corps
00:35:23là-haut.
00:35:28La perquisition
00:35:29dure toute la journée,
00:35:30le balai
00:35:30des voitures
00:35:31de police
00:35:31et des magistrats
00:35:32n'échappe pas
00:35:33à la presse
00:35:34et l'info fuite.
00:35:39Le corps de Laurent Baccar
00:35:41a été retrouvé
00:35:41dans les combles,
00:35:42recouvert de ciment.
00:35:44Sa compagne
00:35:45serait passée
00:35:45aux aveux.
00:35:46La police a perquisitionné
00:35:48le domicile
00:35:48en présence
00:35:49de la jeune femme
00:35:49âgée de 27 ans.
00:35:51Il est rare
00:35:54que des femmes
00:35:55donnent la mort.
00:35:57Il est encore plus rare
00:35:58que des femmes
00:35:58s'organisent
00:35:59pour cacher le corps
00:36:01et que pendant
00:36:02plus de trois mois
00:36:04elles disent
00:36:05mais non
00:36:06mais il va revenir
00:36:07mais je veux
00:36:08qu'il revienne
00:36:09allant même
00:36:10jusqu'à dire
00:36:10à la famille Baccar
00:36:12qui l'interrogeait
00:36:13sur ses souhaits
00:36:14pour Noël
00:36:15je voudrais
00:36:16que Laurent revienne.
00:36:18La famille
00:36:19est effondrée.
00:36:21effondrée et sidérée.
00:36:23Laurent
00:36:23cimenté
00:36:24par leur belle-fille
00:36:25leur belle-sœur.
00:36:28Edith leur a donc menti
00:36:29pendant trois mois.
00:36:33Elle l'aimait
00:36:34en face
00:36:36d'une violence
00:36:37qu'il n'aurait
00:36:38jamais imaginée
00:36:40et d'une
00:36:40duperie
00:36:42d'une duplicité
00:36:43pour eux
00:36:45totalement inqualifiable.
00:36:47Les trois mois
00:36:47de silence
00:36:48sont pour eux
00:36:48véritablement
00:36:50la trahison
00:36:51la plus totale.
00:36:56La suite
00:36:56de la garde à vue
00:36:57aura lieu
00:36:57au commissariat central
00:36:58de Toulouse.
00:37:00Est-ce que l'accident
00:37:00est possible ?
00:37:01Est-ce qu'elle a pu agir seule ?
00:37:02C'est vrai qu'elle est menue
00:37:03Edith.
00:37:04Son avocat
00:37:05la rejoint
00:37:05et les interrogatoires
00:37:07ne vont pas tout à fait
00:37:08se dérouler
00:37:08comme les policiers
00:37:09s'y attendaient.
00:37:13Quasiment spontanément
00:37:14elle lâche tout.
00:37:17En fait
00:37:17on a l'impression
00:37:17qu'elle n'attendait
00:37:18que ça
00:37:18la découverte du corps
00:37:20pour pouvoir
00:37:20enfin être délivrée
00:37:22et se livrer
00:37:23par rapport à ce qu'elle a vu.
00:37:24Elle est en pleurs
00:37:26elle est complètement
00:37:26suffocante
00:37:28elle va effectivement
00:37:29livrer le calvaire
00:37:30qui a été le sien
00:37:31pendant une dizaine d'années.
00:37:32Edith est méconnaissable.
00:37:36La femme frêle
00:37:36et timide
00:37:37se lance dans une logorée
00:37:38que les policiers
00:37:38décident de ne pas interrompre.
00:37:41Depuis sa plus tendre enfance
00:37:42sa vie n'a pas été simple.
00:37:45Dès sa conception
00:37:45Edith était là
00:37:46pour rendre service aux autres
00:37:47elle est née
00:37:48parce que sa mère
00:37:49faisait une dépression
00:37:50après deux grossesses
00:37:52et deux garçons
00:37:53elle avait
00:37:53besoin d'une fille
00:37:55le père a cédé
00:37:56Edith est arrivée.
00:37:59Et depuis
00:37:59dans la famille
00:38:00Edith a toujours été celle
00:38:01sur laquelle on pouvait
00:38:02compter.
00:38:03Ses parents divorcent
00:38:05sa mère
00:38:05peu de temps
00:38:07après le divorce
00:38:07refait sa vie
00:38:08et
00:38:09elle s'occupe
00:38:11de son nouveau compagnon
00:38:13et elle laisse
00:38:13Edith
00:38:14gérer seule
00:38:15la maladie d'Alzheimer
00:38:16de son grand-père.
00:38:19Edith
00:38:19au lieu de continuer
00:38:20ses études
00:38:21et d'aller à l'école
00:38:22va faire le choix
00:38:23de s'occuper
00:38:24d'une personne
00:38:25qui de toute façon
00:38:26est totalement dépendante
00:38:27clairement.
00:38:28Cet homme a besoin
00:38:29d'une tierce personne
00:38:31de manière permanente.
00:38:32à partir de 16 ans
00:38:35elle n'avait
00:38:36aucune vie sociale
00:38:37pas d'amis
00:38:38elle sortait pas
00:38:39elle était dans
00:38:40cette maison
00:38:41elle gardait son grand-père
00:38:42et c'est ainsi
00:38:45que
00:38:45j'ai envie de dire
00:38:46le destin
00:38:47servile
00:38:48d'Edith
00:38:49commence effectivement
00:38:50à se profiler
00:38:51elle est prédisposée
00:38:52à se sacrifier
00:38:54pour l'autre.
00:38:55C'est au cours
00:38:57d'une de ses rares sorties
00:38:59à 17 ans
00:39:00qu'Edith
00:39:00a rencontré
00:39:01Laurent Bacca
00:39:01il avait 10 ans
00:39:03de plus qu'elle
00:39:04et pas mal de bagouts
00:39:05c'est un peu comme un sauveur
00:39:10surtout qu'il est attentionné
00:39:11il la comprend
00:39:13pour elle
00:39:14c'est l'homme idéal
00:39:15Quatre mois plus tard
00:39:17Edith attend un bébé
00:39:19Laurent change alors
00:39:21complètement de visage
00:39:22Après avoir placé
00:39:25son grand-père
00:39:26dans un établissement
00:39:28spécialisé
00:39:29Laurent s'est
00:39:30véritablement
00:39:31imposé dans la maison
00:39:32investi
00:39:33il a investi
00:39:34les lieux
00:39:34et
00:39:35il était comme chez lui
00:39:37et il n'en partirait plus
00:39:38Edith raconte
00:39:41que Laurent
00:39:41est devenu
00:39:42de plus en plus agressif
00:39:43tandis qu'elle
00:39:45enchaînait les grossesses
00:39:46et devenait
00:39:47sa bonne à tout faire
00:39:48Quand il était à table
00:39:52il fallait que
00:39:53voilà
00:39:53qu'il soit servi
00:39:55son linge
00:39:56il fallait qu'il soit nickel
00:39:56tout le temps
00:39:58Le café
00:39:59il fallait que
00:40:00son café
00:40:01soit servi
00:40:02c'est elle
00:40:03qui plaçait
00:40:04tout ce qu'il fallait
00:40:05dans la machine
00:40:05il n'avait plus qu'à
00:40:06appuyer sur le bouton
00:40:07si ça n'allait pas
00:40:09ils ne mangeaient pas
00:40:10ensemble
00:40:10s'ils devaient regarder
00:40:11la télévision
00:40:12ou un film
00:40:13il ne fallait pas
00:40:14faire de bruit
00:40:15et les enfants
00:40:17une maison
00:40:18sa vie
00:40:19donc
00:40:20il fallait qu'elle
00:40:21les prenne dans la chambre
00:40:22qu'elle fasse des jeux
00:40:23avec eux
00:40:24pour les canaliser
00:40:24Il était en capacité
00:40:27d'exiger
00:40:27qu'elle le serve
00:40:29au quotidien
00:40:29comme elle le serve
00:40:30au niveau sexuel
00:40:31et donc
00:40:32Edith
00:40:33est complètement soumise
00:40:34dans la relation
00:40:35Et si l'on en croit
00:40:38Edith
00:40:38l'appétit sexuel
00:40:40de Laurent Bacca
00:40:41avait peu de limites
00:40:42Il arrivait que
00:40:46la nuit
00:40:47il la réveille
00:40:48pour avoir
00:40:49des rapports sexuels
00:40:50qu'elle ne
00:40:51trouvait pas
00:40:53forcément
00:40:54à son goût
00:40:54employait des méthodes
00:40:56un peu violentes
00:40:57qu'elle ne
00:40:59cautionnait pas
00:40:59mais auxquelles
00:41:00elle se soumettait
00:41:01parce que
00:41:03s'il n'obtient pas
00:41:04satisfaction
00:41:04alors il se met
00:41:06dans des colères
00:41:06homériques
00:41:07et il est capable
00:41:08effectivement
00:41:09de la chasser
00:41:10du lit
00:41:11de la faire dormir
00:41:12à moitié nue
00:41:12dans le jardin
00:41:13sous la pergola
00:41:14de la vilire
00:41:16d'injures
00:41:17et de se comporter
00:41:17de manière extrêmement
00:41:18dure à son égard
00:41:19Jamais à court
00:41:23d'humiliation
00:41:23Laurent Bacca
00:41:25s'avait appuyé
00:41:25là où ça fait mal
00:41:26sur les blessures
00:41:29qui n'ont jamais guéri
00:41:29à un moment donné
00:41:33elle nous
00:41:35elle nous explique
00:41:37qu'elle a été
00:41:38violée
00:41:39à 12 ans
00:41:40dans un camping
00:41:42en vacances
00:41:42avec sa famille
00:41:43on se dit
00:41:45mais quelle vie
00:41:46l'adolescente
00:41:54était partie
00:41:54prendre sa douche
00:41:55seule
00:41:55sa serviette
00:42:02est tombée
00:42:03un piège
00:42:07tendu
00:42:08par le violeur
00:42:09et ça
00:42:24elle ne l'a jamais
00:42:26raconté à personne
00:42:27elle nous a expliqué
00:42:29qu'elle n'avait pas voulu
00:42:31gâcher les vacances
00:42:32de tout le monde
00:42:32le seul à qui
00:42:37elle a raconté
00:42:38ça
00:42:38c'est Laurent Bacca
00:42:39à qui elle a fait
00:42:40confiance
00:42:41sauf que
00:42:43un soir de dispute
00:42:44il a raconté
00:42:47cet événement
00:42:48très intime
00:42:49qu'elle ne voulait pas
00:42:51forcément
00:42:52expliquer
00:42:53à qui que ce soit
00:42:54à sa famille
00:42:56et ce viol
00:43:00explique Edith
00:43:02Laurent le lui a fait
00:43:04revivre maintes fois
00:43:05vous avez des scènes
00:43:08qui glacent le sang
00:43:10parmi les scénarii
00:43:13pervers
00:43:14qui lui sont imposés
00:43:16il y a cette
00:43:16reconstitution perpétuelle
00:43:18de la scène de viol
00:43:19qu'elle a subie
00:43:19il prend du plaisir
00:43:21à lui réinfliger
00:43:22effectivement
00:43:22ses sévices
00:43:23en se substituant
00:43:25au premier bourreau
00:43:26ça c'est une réalité
00:43:32qu'elle a parfaitement
00:43:33décrite
00:43:33si elle avait pas eu
00:43:38les enfants
00:43:38elle serait partie
00:43:41mais
00:43:42comme elle connaissait
00:43:44le caractère de Laurent
00:43:45elle voulait pas
00:43:46lui laisser
00:43:48par exemple
00:43:49en garde alternée
00:43:50donc
00:43:50elle est restée
00:43:53avec lui
00:43:53une nuit
00:43:56raconte-t-elle encore
00:43:57quelques mois
00:43:57avant le drame
00:43:58il était si furieux
00:43:59qu'elle se refuse à lui
00:44:00qu'il a carrément
00:44:01attrapé la carabine
00:44:02il va la mettre en joue
00:44:07alors qu'elle est
00:44:08en position fétale
00:44:09recroquevillée
00:44:10dans le lit conjugal
00:44:11il ouvre le feu
00:44:12et le projectile
00:44:13va atterrir
00:44:14dans le matelas
00:44:15à 5 cm
00:44:16du corps recroquevillé
00:44:18d'Edith Scarvetti
00:44:18terrifiée par cette scène
00:44:26Edith n'a pourtant pas fui
00:44:28elle explique
00:44:30qu'elle a caché la carabine
00:44:31jeté le chargeur
00:44:31et les balles
00:44:32pour neutraliser l'arme
00:44:33avant de trouver
00:44:35enfin le courage
00:44:36de partir
00:44:36quelques semaines plus tard
00:44:37chez son père
00:44:38avec les enfants
00:44:38et puis les vacances
00:44:42sont arrivées
00:44:43elle a accepté
00:44:44de revenir
00:44:44pour les petits
00:44:45et retrouver l'espace
00:44:47d'une semaine
00:44:48l'homme aimant
00:44:48et gentil
00:44:49qu'elle avait connu
00:44:5010 ans plus tôt
00:44:50mais de retour
00:44:53à la maison
00:44:54le cauchemar a repris
00:44:56l'alcool
00:44:57la drogue
00:44:57la violence
00:44:58Edith était épuisée
00:45:00elle voulait dormir
00:45:01elle raconte
00:45:07que la veille du drame
00:45:08elle a pris du Valium
00:45:08et fait à malaise
00:45:09elle s'est retrouvée
00:45:11à l'hôpital
00:45:11Laurent a dû
00:45:14s'occuper des enfants
00:45:14et lui en voulait
00:45:16et il lui a fait
00:45:19une ultime scène
00:45:20dans la nuit
00:45:20du 6 août
00:45:21on n'a pas de raison
00:45:25de ne pas la croire
00:45:25sachant qu'elle
00:45:27déroule ça
00:45:28spontanément
00:45:30c'est pas quelque chose
00:45:32qui réfléchit
00:45:33quand elle
00:45:33les déclare
00:45:34ou quoi
00:45:35on n'imagine pas
00:45:38qu'elle ait pu
00:45:39mentir
00:45:40sur toute sa vie
00:45:41que ce soit
00:45:42dans sa jeunesse
00:45:43son enfance
00:45:44et sa relation
00:45:45avec Laurent Baca
00:45:47on n'imagine pas ça
00:45:48si jamais c'est ça
00:45:50là c'est du machiavélisme
00:45:52on n'avait pas l'impression
00:45:54qu'elle soit machiavélique
00:45:55un récit bouleversant
00:46:03mais pas de preuve
00:46:04de cette violence
00:46:05pas de certificat médical
00:46:06pas de plainte
00:46:07pas de main courante
00:46:08Edith Scaravetti
00:46:09n'a alerté
00:46:10ni les services sociaux
00:46:12ni la police
00:46:13le 21 novembre
00:46:14la juge
00:46:15la met en examen
00:46:15pour meurtre sur conjoint
00:46:17direction la prison
00:46:18de Seyss
00:46:19et la PJ
00:46:20se remet au travail
00:46:21pour tenter
00:46:21d'éclaircir
00:46:22les circonstances
00:46:22du crime
00:46:23dès la perquisition
00:46:26les policiers
00:46:27ont saisi la carabine
00:46:28elle était bien
00:46:30à l'endroit
00:46:30indiqué par Edith
00:46:31en haut de l'armoire
00:46:32de sa chambre
00:46:33une 22 longs
00:46:33rifle à répétition manuelle
00:46:35pas de chargeur
00:46:36pas de balle
00:46:38Edith a dit
00:46:39qu'elle les avait jetés
00:46:40pour neutraliser l'arme
00:46:41pouvait-elle penser
00:46:46comme elle le prétend
00:46:47que sans son chargeur
00:46:50la carabine
00:46:51était inoffensive
00:46:52on peut
00:46:55extraire
00:46:57le chargeur
00:46:59mais la cartouche
00:47:01qui a été chambrée
00:47:02elle est toujours là
00:47:03donc l'arme
00:47:04est toujours prête
00:47:04à tirer
00:47:05mais pour une personne
00:47:06qui ne connaîtrait pas
00:47:09vraiment les armes
00:47:10il n'y a pas vraiment
00:47:11de signe extérieur
00:47:12qui indique
00:47:12qu'il y a effectivement
00:47:13une cartouche
00:47:15dans la chambre
00:47:15donc que ce soit
00:47:16Laurent Baca
00:47:17ou Edith Scaravetti
00:47:19on peut envisager
00:47:21effectivement
00:47:21qu'ils aient pu penser
00:47:23que cette arme
00:47:24n'était pas
00:47:24n'était pas provisionnée
00:47:25n'était pas prête à tirer
00:47:27voilà qui va
00:47:28dans le sens
00:47:28de l'accident
00:47:29si Edith ignorait
00:47:31qu'il restait
00:47:31une cartouche
00:47:32dans le fusil
00:47:32pourtant
00:47:34il y a un problème
00:47:35la douille a disparu
00:47:38la chambre
00:47:38de la carabine
00:47:39est vide
00:47:39Edith ne se souvient pas
00:47:41avoir manipulé l'arme
00:47:43or si la douille
00:47:44n'est plus là
00:47:44quelqu'un
00:47:46l'a forcément éjectée
00:47:47après le tir
00:47:48si je veux
00:47:50extraire
00:47:52l'étui percuté
00:47:52il faut que je fasse
00:47:53cette manœuvre-ci
00:47:54et vous voyez là
00:47:57l'étui a été extrait
00:47:58de sa chambre
00:47:59donc je fais
00:47:59un petit mouvement
00:48:00en arrière
00:48:00et là l'étui
00:48:01va être éjectée
00:48:03de l'arme
00:48:04pour faire cette manœuvre-là
00:48:07il faut avoir
00:48:07quelques connaissances
00:48:09sur le fonctionnement
00:48:10de cette arme
00:48:11ça peut paraître
00:48:12contradictoire
00:48:13avec le fait
00:48:15de ne pas
00:48:16se rendre compte
00:48:17si l'arme
00:48:17est chargée
00:48:18ou pas
00:48:18mais Edith
00:48:20Scaravetti
00:48:21ne nous a pas
00:48:21apporté
00:48:22d'éléments précis
00:48:23et si ce n'était pas
00:48:25Edith qui avait tiré
00:48:26et si elle avait été aidée
00:48:28par sa famille
00:48:30par exemple
00:48:30ils ont été auditionnés
00:48:32on a vérifié
00:48:33les emplois du temps
00:48:34on a
00:48:35comparé
00:48:37leurs déclarations
00:48:38avec les éléments
00:48:39qu'on avait
00:48:39et ils avaient
00:48:40un alibi
00:48:40Reste à vérifier
00:48:43l'histoire du tir
00:48:44dans le matelas
00:48:45On a retrouvé
00:48:48effectivement
00:48:49la douille
00:48:49dans le matelas
00:48:50Dans le matelas
00:48:51il s'agit
00:48:52de trois fragments
00:48:53de projectiles
00:48:54ça correspond bien
00:48:55à un projectile
00:48:55de calibre 22
00:48:56long rifle
00:48:57mais il n'est pas possible
00:48:59de dater ce tir
00:49:00donc d'indiquer
00:49:01si ce tir
00:49:02intervient
00:49:03avant
00:49:04ou après
00:49:04la mort
00:49:05de Laurent Baca
00:49:05Sans certitude scientifique
00:49:09tout est possible
00:49:10Elle aurait pu tirer
00:49:12elle-même
00:49:13dans son lit
00:49:13et faire passer
00:49:14Laurent
00:49:14pour plus dangereux
00:49:15qu'il ne l'était
00:49:16Et d'ailleurs
00:49:20les violences conjugales
00:49:21Elles aussi
00:49:22il faut les étayer
00:49:23Il y a bien
00:49:25le témoignage
00:49:25de la collègue
00:49:26mais elle n'a pas vu
00:49:27Laurent frapper
00:49:27Les policiers
00:49:31ont besoin
00:49:31d'une preuve
00:49:32irréfutable
00:49:32Edith va leur en proposer
00:49:36une
00:49:36lors d'une visite
00:49:38de son avocat
00:49:39au parloir
00:49:39Elle lui révèle
00:49:41que Laurent
00:49:42comment dire
00:49:43l'a marqué
00:49:44dans sa chair
00:49:45Je la vois
00:49:48en train
00:49:49de dégraffer
00:49:49son corsage
00:49:50Je suis un peu
00:49:52interdit
00:49:52par la séquence
00:49:53et là
00:49:54elle me montre
00:49:55effectivement
00:49:55ce que je lis
00:49:57immédiatement
00:49:58comme étant
00:49:58des initiales
00:50:00LB
00:50:01Et je lui dis
00:50:09mais
00:50:09qu'est-ce que
00:50:10vous m'expliquez
00:50:11Edith
00:50:11en réalité
00:50:12il vous a marqué
00:50:14de ses initiales
00:50:16oui
00:50:16et il l'a fait ailleurs
00:50:17je ne peux pas
00:50:18vous le montrer
00:50:18Je suis sidéré
00:50:25parce que je vois
00:50:26le compagnon
00:50:27a considéré
00:50:28devoir effectivement
00:50:29la marquer
00:50:30comme on marque
00:50:30un bétail
00:50:31parce qu'il la possède
00:50:33et qu'elle lui appartient
00:50:35Edith explique
00:50:37que Laurent a chauffé
00:50:38un couteau à blanc
00:50:39pour graver
00:50:40signer son corps
00:50:43L'avocat demande
00:50:45une expertise
00:50:46la juge accepte
00:50:49Ce ne sont pas
00:50:50des cicatrices
00:50:51de brûlure
00:50:51ça c'est certain
00:50:53Quant à leur localisation
00:50:55ces cicatrices
00:50:56elles se situent
00:50:58dans des zones anatomiques
00:50:59qui sont accessibles
00:51:01à la victime
00:51:01elle-même
00:51:02donc ce sont
00:51:03des cicatrices
00:51:04qui sont compatibles
00:51:05avec des blessures
00:51:07auto-infligées
00:51:09Non seulement
00:51:11ces scarifications
00:51:12ne suffisent pas
00:51:13à démontrer
00:51:13la violence
00:51:14de Laurent Bacca
00:51:15mais elles jettent
00:51:16le discrédit
00:51:16sur le récit d'Edith
00:51:17Difficile d'y voir clair
00:51:19dans ce huis clos meurtrier
00:51:21Alors pendant que
00:51:22la juge d'instruction
00:51:23continue d'interroger Edith
00:51:25des policiers
00:51:26élargissent encore
00:51:27le cercle des témoins
00:51:28Dominique
00:51:31les policiers
00:51:32entendent
00:51:33ou réentendent d'ailleurs
00:51:34les proches du couple
00:51:35ça fait une vingtaine
00:51:36d'amis en tout
00:51:37parce qu'ils voudraient
00:51:38comprendre
00:51:38ce qui se passait
00:51:40dans l'intimité
00:51:40l'intimité familiale
00:51:42de ce couple
00:51:42qu'est-ce que ça donne ?
00:51:43Alors pour certains
00:51:44Laurent était un gars
00:51:45bien
00:51:45réglo
00:51:46pas violent physiquement
00:51:48impérément
00:51:49l'un d'eux dit
00:51:50je n'ai jamais vu
00:51:51Laurent frapper Edith
00:51:52ni les enfants
00:51:53à l'opposé
00:51:54à l'opposé
00:51:55une majorité
00:51:56des personnes
00:51:56qui sont entendues
00:51:57soupçonnent
00:51:58des violences physiques
00:52:00et verbales
00:52:01dans le couple
00:52:02et voilà
00:52:02des extraits
00:52:03de leurs auditions
00:52:04qui sont ici
00:52:05Sobre
00:52:06c'était un homme
00:52:08charmant et blagueur
00:52:09mais il était
00:52:10souvent ivre
00:52:11et il avait
00:52:11l'alcool mauvais
00:52:12il avait une emprise
00:52:13sur elle
00:52:14il était odieux
00:52:15avec elle
00:52:15humiliant
00:52:16c'était un tyran
00:52:17en parole
00:52:18il a éloigné Edith
00:52:19de son entourage
00:52:20et ils disent quoi
00:52:22d'Edith
00:52:22elle est gentille
00:52:23elle est réservée
00:52:24elle est soumise
00:52:25c'est une esclave
00:52:26elle ne se confiait pas
00:52:28parce qu'elle avait peur
00:52:29de lui
00:52:29elle subissait
00:52:31en silence
00:52:31et une amie
00:52:32constate
00:52:33un jour
00:52:34qu'Edith a un hématome
00:52:35à l'oeil
00:52:36Edith lui répond
00:52:37je me suis pris une porte
00:52:39un autre témoignage
00:52:41sur des coups
00:52:42j'ai vu Edith
00:52:43avec des bleus
00:52:44Laurent s'est alors
00:52:45vanté de lui avoir
00:52:45mis un coup de tête
00:52:47des coups
00:52:47des menaces aussi
00:52:49Laurent a déjà brandi
00:52:50un couteau vers elle
00:52:51en proférant
00:52:52des menaces de mort
00:52:53ça c'est le témoignage
00:52:54d'un ami
00:52:55autre témoignage
00:52:56j'ai souvent pensé
00:52:57que l'issue
00:52:58au sein du couple
00:52:59serait inversée
00:53:01que Laurent
00:53:02tuerait tout le monde
00:53:03et qu'il se suiciderait
00:53:05mais est-ce qu'il y en a
00:53:06un ou une d'ailleurs
00:53:06qui est le témoin direct
00:53:08de ces violences physiques
00:53:09il y a une belle sœur
00:53:11une belle sœur
00:53:12qui raconte
00:53:12un jour
00:53:13Edith était enceinte
00:53:15de sa première fille
00:53:16elle était dans la chambre
00:53:17Laurent est monté
00:53:19la rejoindre
00:53:19moi j'étais en bas
00:53:20et j'ai entendu
00:53:21du vacarme
00:53:22je suis monté
00:53:23et elle dit
00:53:24sur procès verbal
00:53:25j'ai constaté
00:53:26qu'il lui avait
00:53:27retourné le lit dessus
00:53:28elle était bloquée
00:53:29sous le sommier
00:53:30il était ivre
00:53:32la même belle sœur
00:53:33raconte
00:53:34que quelques mois plus tard
00:53:35Edith est toujours enceinte
00:53:37Laurent l'empoigne
00:53:38par les cheveux
00:53:39et la belle sœur dit
00:53:40je ne sais pas
00:53:41jusqu'où ça aurait pu aller
00:53:42si je n'étais pas intervenu
00:53:43ces témoignages
00:53:44Dominique
00:53:45crédibilisent le récit
00:53:46d'Edith
00:53:46mais quelque part aussi
00:53:48ça lui donne
00:53:48un mobile
00:53:49oui c'est vrai
00:53:50Edith dit qu'elle l'a tuée
00:53:52accidentellement
00:53:53il faut reprendre à la base
00:53:55et tout vérifier
00:53:55donc la juge d'instruction
00:53:57décide en février 2016
00:53:59d'une reconstitution
00:54:00pour savoir
00:54:01si Edith était capable
00:54:03seule
00:54:03de monter le corps
00:54:05de Laurent Baccan
00:54:06jusque dans les côtes
00:54:07le 5 février 2016
00:54:11magistrats
00:54:12avocats
00:54:12experts
00:54:13et policiers
00:54:13se retrouvent tous
00:54:14à la maison rose
00:54:15du quartier Saint-Simon
00:54:16Edith Gravetti
00:54:19est là au milieu
00:54:20c'est un petit bout
00:54:21de femme
00:54:22qui est là au milieu
00:54:22et elle va
00:54:24avec un naturel
00:54:25parfaitement confondant
00:54:26reproduire des gestes
00:54:28qu'elle n'a pas pu
00:54:29improviser
00:54:30elle a reproduit
00:54:32les gestes
00:54:32qu'elle avait accomplis
00:54:33pour le magistrat instructeur
00:54:36l'enjeu est toujours le même
00:54:37est-ce que l'accident
00:54:38est plausible
00:54:39est-ce qu'Edith Gravetti
00:54:42a agi seule
00:54:42la juge lui demande
00:54:44d'abord de mimer
00:54:45la scène de violence
00:54:46dans la chambre
00:54:47puis sur le palier
00:54:50devant les escaliers
00:54:51les enfants
00:54:56sont à quelques centimètres
00:55:00quelques mètres
00:55:01j'exagère
00:55:02à la fois
00:55:03de la scène de violence
00:55:05telle qu'elle est décrite
00:55:06et du coup de feu
00:55:07comment est-ce que
00:55:08les enfants n'ont pas
00:55:09entendu leurs parents
00:55:10crier
00:55:10se disputer
00:55:13s'insulter
00:55:14se menacer
00:55:15c'est extraordinaire
00:55:16quand il va y avoir
00:55:19des choses
00:55:20qui peuvent poser problème
00:55:21Madame Scaravetti
00:55:23va se retrouver
00:55:25proche du malaise
00:55:27et donc on va la laisser
00:55:29s'asseoir
00:55:30on va la laisser tranquille
00:55:31et c'est très bien
00:55:32parce qu'humainement
00:55:32ce sont pas des choses
00:55:34qui sont simples
00:55:34sans doute
00:55:35mais on passera
00:55:37à une autre question
00:55:38après
00:55:38puis Edith Scaravetti
00:55:41explique que
00:55:42Laurence est couché
00:55:42sur le canapé
00:55:43le canon de la 22 long rifle
00:55:45sur sa propre tempe
00:55:46pour la mettre
00:55:48au défi de tirer
00:55:49on peut tout à fait
00:55:51malgré la longueur
00:55:51de l'arme
00:55:52appliquer
00:55:52soi-même
00:55:53la bouche du canon
00:55:54sur sa tempe
00:55:55et avoir encore
00:55:56un peu de marge
00:55:56pour
00:55:57avec un doigt
00:55:58ou l'autre
00:55:59actionner la queue de détente
00:56:00ce que dit
00:56:03Edith Scaravetti
00:56:04est plausible
00:56:05c'est possible
00:56:07comme le père noël
00:56:10c'est quand même
00:56:11relativement peu crédible
00:56:12vous savez qu'on a vu
00:56:13une dispute
00:56:14où le monsieur
00:56:14s'allonge
00:56:15et luttant le fusil
00:56:16ouais pourquoi pas
00:56:17je vais poser des questions
00:56:18à l'expert
00:56:20balistique
00:56:21et légiste
00:56:22là-dessus
00:56:22et eux ils vont dire
00:56:23oui il y a plusieurs hypothèses
00:56:25mais on ne peut pas trancher
00:56:25pourtant une chose est sûre
00:56:28le coup n'a pas pu partir
00:56:31tout seul
00:56:31on a fait subir
00:56:34des chocs à l'arme
00:56:34pour voir si le coup
00:56:36pouvait partir
00:56:37dans ces conditions-là
00:56:38mais non
00:56:39c'est seulement
00:56:39s'il y a une pression
00:56:40sur la queue de détente
00:56:41donc sur cette pièce-ci
00:56:43par contre
00:56:44est-ce que c'est
00:56:45une pression
00:56:46qui est volontaire
00:56:47est-ce que c'est
00:56:48une pression
00:56:49qui est due
00:56:49à une tentative
00:56:51de reprise en main
00:56:52de l'arme
00:56:52parce qu'il y a
00:56:53une dispute
00:56:54entre les deux protagonistes
00:56:55ça c'est quelque chose
00:56:57par nos examens
00:56:58qu'on ne peut pas indiquer
00:56:59est-ce que c'est
00:57:05le roi Mbaka
00:57:06qui lui-même
00:57:07a actionné la détente
00:57:08est-ce que c'est
00:57:09Edith Caraviti
00:57:09qui a
00:57:10par maladresse
00:57:12ou quoi
00:57:12actionné la détente
00:57:13est-ce qu'elle a fait
00:57:14volontairement
00:57:15pour moi
00:57:20c'est une exécution
00:57:21j'ai la conviction
00:57:23que
00:57:23elle lui a tiré
00:57:25une balle dans la tête
00:57:26pendant qu'il dormait
00:57:27alors est-ce qu'elle
00:57:28l'a tué
00:57:28au bout de la nuit
00:57:30ou est-ce qu'elle
00:57:31l'a tué
00:57:31en revenant
00:57:32d'avoir amené
00:57:33les enfants à l'école
00:57:34et qu'elle trouve
00:57:35cette espèce d'épave
00:57:36dont elle parle
00:57:37sur le canapé
00:57:39là étendu
00:57:40et qui ressemble
00:57:40à rien
00:57:41et qu'elle décide
00:57:42là
00:57:42là
00:57:43que le choc
00:57:44est tel
00:57:45que ça provoque
00:57:46un ras-le-bol
00:57:47qu'elle n'en peut plus
00:57:48elle se dit
00:57:49là j'en ai marre
00:57:50j'en ai assez
00:57:51je tire
00:57:51nous c'est ce qu'on a pensé
00:57:54voilà après
00:57:55Edith Scaravetti
00:57:58elle ne change pas
00:57:59sa version d'un iota
00:58:00c'est un accident
00:58:00ni la reconstitution
00:58:03ni la science
00:58:04ne permettent de trancher
00:58:05mais les parties civiles
00:58:08restent sur leur conviction
00:58:09d'autant qu'elles ne comprennent pas
00:58:11pourquoi Edith
00:58:12n'a pas appelé le 17
00:58:13je crois que la réaction
00:58:17légitime
00:58:19qui aurait dû
00:58:19probablement être la sienne
00:58:21c'est de prévenir
00:58:23les services de secours
00:58:25en disant
00:58:25voilà ce qui s'est passé
00:58:26il m'a frappé
00:58:28on s'est disputé
00:58:30il a pris le fusil
00:58:32le coup est parti
00:58:33et je pense que
00:58:35à ce moment là
00:58:37on l'aurait davantage cru
00:58:38on lui pose la question
00:58:41mais bon
00:58:42elle explique que
00:58:44elle n'a pas appelé
00:58:46pour les secours
00:58:46parce qu'elle savait
00:58:49qu'elle ne verrait plus
00:58:50ses enfants
00:58:51ensuite Edith explique
00:58:56comment elle s'est
00:58:57débarrassée du corps
00:58:58d'abord sous la pergola
00:59:00puis dans les combles
00:59:01et là
00:59:03elle bluffe tout le monde
00:59:05c'est assez impressionnant
00:59:10parce qu'elle a
00:59:12beaucoup de force
00:59:13par rapport à son gabarit
00:59:16c'est un mannequin
00:59:17qui est sanglé
00:59:18avec la sangle
00:59:19qui avait été utilisée
00:59:21au moment des fées
00:59:21et elle hisse le corps
00:59:24toute seule
00:59:25sachant qu'au moment
00:59:26où elle le fait
00:59:27elle a perdu du poids
00:59:27puisqu'elle était en détention
00:59:28donc elle avait maigri
00:59:30mais elle est arrivée
00:59:31à hisser le corps
00:59:32le ciment elle sait le faire
00:59:39elle savait
00:59:39où trouver les objets
00:59:41nous les a désignés
00:59:42elle a montré
00:59:44ce qu'elle avait utilisé
00:59:45où c'était
00:59:46où est-ce qu'elle les avait trouvés
00:59:48où est-ce qu'elle les avait remis
00:59:49c'était assez
00:59:50on va dire
00:59:52machinal
00:59:53on n'a pas de
00:59:54de doute
00:59:55particulier à ce niveau-là
00:59:57elle a
00:59:57elle a agi seule
00:59:58Dominique Edith Scaravetti
01:00:05elle a évidemment été expertisée
01:00:07par des psychiatres
01:00:08et des psychologues
01:00:08qu'est-ce qu'ils disent ?
01:00:10Alors les experts
01:00:11psychiatres
01:00:12psychologues
01:00:13décrivent tous
01:00:14l'emprise
01:00:15que Laurent a
01:00:16sur Edith
01:00:17ils observent chez elle
01:00:19un état dépressif
01:00:20une détresse psychologique
01:00:21en même temps
01:00:22qu'une sorte de
01:00:23froideur émotionnelle
01:00:25un détachement
01:00:25elle réprime ses sentiments
01:00:27elle met à l'écart
01:00:28ses émotions
01:00:29c'est une femme
01:00:30résignée
01:00:31et selon les experts
01:00:32son passage à l'acte
01:00:34est en lien avec
01:00:35les dispositions
01:00:36fragilisées
01:00:37de sa personnalité
01:00:39Mais est-ce qu'elle réalise
01:00:40la gravité de ses actes
01:00:41ou pas ?
01:00:41Non
01:00:42elle n'éprouve pas
01:00:43de sentiments
01:00:43de culpabilité
01:00:44pourquoi ?
01:00:45parce qu'il y a
01:00:46une distance
01:00:47entre elle
01:00:47et la réalité
01:00:49une incapacité
01:00:50à réaliser
01:00:52ce qu'il s'est passé
01:00:53donc une incapacité
01:00:54à culpabiliser
01:00:55elle reconnaît les faits
01:00:57mais elle ne semble pas
01:00:58les intégrer
01:00:59sur le plan psychique
01:01:00disent les experts
01:01:01elle parle
01:01:02de Laurent Baca
01:01:03au présent
01:01:03et elle a encore
01:01:04peur de lui
01:01:05elle ne réalise pas encore
01:01:07qu'il est mort
01:01:08elle dit
01:01:09j'ai toujours peur
01:01:10qu'il réapparaisse
01:01:11et qu'il s'en prenne
01:01:12aux enfants
01:01:12et elle se dit
01:01:14soulagée
01:01:14d'être incarcérée
01:01:15parce que c'est une autre vie
01:01:17elle dit en détention
01:01:18j'ai le sentiment
01:01:19d'avoir davantage
01:01:20de liberté
01:01:20que lorsque je vivais
01:01:22en couple
01:01:22et les experts
01:01:23concluent
01:01:24elles se sont écoutées
01:01:25elles sont soutenues
01:01:26c'est comme si
01:01:26elle était protégée
01:01:27en prison
01:01:28et les trois enfants
01:01:29elle en parle
01:01:29les trois enfants
01:01:30ou pas ?
01:01:30elle en parle
01:01:31et c'est surtout
01:01:32pour eux
01:01:33qu'elle se fait du souci
01:01:34elle souffre
01:01:35d'être séparée d'eux
01:01:37d'être éloignée d'eux
01:01:38en fait
01:01:39elle ne tenait
01:01:39que pour eux
01:01:40auprès de Laurent
01:01:41et elle explique
01:01:42qu'elle a toujours
01:01:44cherché
01:01:45à les protéger
01:01:46ça a été son souci
01:01:47principal
01:01:48à la fin de l'instruction
01:01:55Edith Scaravetti
01:01:56est finalement renvoyée
01:01:56devant la cour d'assises
01:01:57de Haute-Garonne
01:01:58pour meurtre sur conjoint
01:01:59son procès s'ouvre
01:02:01le 19 mars 2018
01:02:02l'accusé
01:02:03encoure la perpétuité
01:02:04mais dès l'ouverture
01:02:06des débats
01:02:06une autre affaire
01:02:07s'invite à l'audience
01:02:08l'affaire Jacqueline Sauvage
01:02:10grâce et liberté
01:02:15pour Jacqueline Sauvage
01:02:16voilà ce que scandent
01:02:17les manifestants
01:02:18le 4 décembre dernier
01:02:21Jacqueline Sauvage
01:02:22est condamnée en appel
01:02:23à 10 ans de prison
01:02:24pour le meurtre
01:02:24de son mari
01:02:253 coups de fusil
01:02:26dans le dos
01:02:27pour en finir
01:02:28dit-elle
01:02:28avec 47 ans
01:02:29de violence conjugale
01:02:30quasi quotidienne
01:02:31sans jamais porter plainte
01:02:33le procès Scaravetti
01:02:35il s'ouvre
01:02:36dans ce contexte
01:02:37et je dirais
01:02:38que la défense
01:02:39d'Edith Scaravetti
01:02:40n'a pas eu
01:02:40trop à en faire
01:02:42pour qu'en effet
01:02:44ce contexte
01:02:45lié à l'affaire Sauvage
01:02:46s'impose
01:02:46et s'invite
01:02:47au sein de la cour d'assises
01:02:49de Haute-Garonne
01:02:50effacée et timide
01:02:57Edith Scaravetti
01:02:58s'assoit dans un box
01:02:59qui semble trop grand
01:03:00pour elle
01:03:00on la sent
01:03:05en retrait
01:03:05complètement
01:03:06presque en retrait
01:03:07du monde
01:03:08et en fait
01:03:11au troisième jour
01:03:12elle se lève
01:03:13et elle prend
01:03:14enfin la parole
01:03:15et là
01:03:18elle va parler
01:03:19pendant
01:03:19deux heures et demie
01:03:21trois heures
01:03:21sans jamais demander
01:03:22à s'asseoir
01:03:23et elle va
01:03:24raconter toute sa vie
01:03:26le président
01:03:28de la cour d'assises
01:03:29ne l'interrompt pas
01:03:30et lui laisse
01:03:31le temps
01:03:32d'évoquer
01:03:32son quotidien
01:03:33avec Laurent Baca
01:03:34et puis
01:03:37dans un silence
01:03:38pesant
01:03:38allant bientôt
01:03:39au viol
01:03:39qu'elle a subi
01:03:40à 12 ans
01:03:40dans les douches
01:03:41d'un camping
01:03:42et à la manière
01:03:45dont Laurent Baca
01:03:46le lui faisait
01:03:47revivre régulièrement
01:03:48c'est un moment
01:03:55extrêmement marquant
01:03:57parce que
01:03:58bien sûr
01:03:59on se rend compte
01:04:01de
01:04:01de ce qui se joue
01:04:04dans ce huis clos
01:04:05familial
01:04:06et conjugal
01:04:06et elle dit
01:04:07ça m'a énormément blessée
01:04:09mais moi
01:04:10je me suis rattachée
01:04:12au fait
01:04:13qu'il m'avait
01:04:13vraiment écoutée
01:04:14il m'avait entendue
01:04:16quand elle raconte ça
01:04:18elle explique en fait
01:04:19les violences conjugales
01:04:20elle raconte en fait
01:04:22comment on se rattache
01:04:25à des petites choses
01:04:26même dans l'horreur
01:04:28lorsque la suspension
01:04:29intervient
01:04:30je découvre
01:04:32une édite
01:04:32complètement rincée
01:04:34au bord de l'épuisement
01:04:35parce que ça lui a coûté
01:04:37extrêmement à la fois
01:04:38psychologiquement
01:04:39et physiquement
01:04:39elle a à cette occasion
01:04:41tout livré
01:04:42elle a tout livré
01:04:44mais c'est toujours
01:04:46sa version des faits
01:04:47sur leur vie
01:04:48et sur le crime
01:04:49la question c'est de savoir
01:04:53est-ce que c'est un meurtre
01:04:54ou est-ce que c'est un accident
01:04:55et pour moi
01:04:56quand elle raconte tout ça
01:04:58je me dis
01:04:58bah oui effectivement
01:04:59ça peut être un accident
01:05:00et qu'est-ce qu'on fait
01:05:01dans ce cas-là
01:05:02le doute
01:05:03doit toujours profiter
01:05:04à l'accusé
01:05:04côté accusation
01:05:07son récit
01:05:08n'est pas satisfaisant
01:05:09l'accusé
01:05:10en a trop dit
01:05:11sur les violences conjugales
01:05:12et pas assez
01:05:13sur la mort
01:05:14de Laurent Bacquin
01:05:15on ne peut pas avoir
01:05:19des mobiles personnels
01:05:21des raisons subjectives
01:05:23de vouloir tuer quelqu'un
01:05:25et en même temps
01:05:26dire qu'on lui a tiré dessus
01:05:27accidentellement
01:05:28il y a une contradiction
01:05:29dans les termes
01:05:30on se dit
01:05:31cette dame
01:05:32va se faire
01:05:33être lourdement condamnée
01:05:34on est persuadé de ça
01:05:37parce que ses réponses
01:05:38ne sont pas satisfaisantes
01:05:40parce qu'on voit
01:05:41qu'il y a un loup
01:05:42on sent qu'il y a
01:05:43un calcul
01:05:44et on se dit
01:05:45ça ne va pas passer
01:05:46de fait
01:05:49les réquisitions
01:05:49sont intraitables
01:05:5020 ans de prison
01:05:52pour l'avocat général
01:05:54pas de doute
01:05:55c'est bien
01:05:55un meurtre volontaire
01:05:57aggravé par une
01:05:58dissimulation de cadavres
01:05:59et des mensonges
01:06:01on peut comprendre
01:06:05qu'elle ait tué
01:06:06Laurent Bacquin
01:06:07même
01:06:07si elle n'était pas
01:06:09en état légitime défense
01:06:10ce qu'on comprend moins
01:06:11c'est son attitude
01:06:12après les faits
01:06:13qui tout de même
01:06:14donne à son geste
01:06:16une couleur
01:06:16beaucoup plus sombre
01:06:18après 5 jours de débat
01:06:24la cour part délibérée
01:06:26et 3 heures plus tard
01:06:27c'est un choc
01:06:28pour tous
01:06:29le président de la cour d'assises
01:06:34arrive
01:06:35et il commence par dire
01:06:37je vais vous lire la décision
01:06:39non pas pour que vous
01:06:41l'acceptiez
01:06:41mais pour qu'elle soit
01:06:43comprise
01:06:43on se regarde avec le bonjour
01:06:48oulala
01:06:50oulala
01:06:53on est vers l'homicide
01:06:54involontaire
01:06:55et ça tombe
01:06:56Edith Scaravetti
01:06:58est reconnu coupable
01:07:00d'homicide involontaire
01:07:01sur Laurent Bacquin
01:07:02et il la condamne
01:07:03à 3 ans
01:07:04d'emprisonnement
01:07:05pour homicide
01:07:08involontaire
01:07:09Edith Scaravetti
01:07:11a déjà fait plus de 3 ans
01:07:12en prison
01:07:12elle est donc libre
01:07:14étant entendu
01:07:15que nous avions fait
01:07:163 ans et demi
01:07:17d'incarcération
01:07:18c'est pour nous
01:07:19une immense satisfaction
01:07:20comment dire
01:07:21on a reçu
01:07:22tellement de bave
01:07:23dans des cours d'assises
01:07:24que pour nous
01:07:25voir une mère de famille
01:07:26qui a 3 enfants
01:07:27et avoir la satisfaction
01:07:29d'imaginer
01:07:30que ces 3 enfants
01:07:31vont être auprès de la mère
01:07:32ce jour-là
01:07:33après que le verdict
01:07:35ait été prononcé
01:07:36c'est à l'évidence
01:07:37pour nous
01:07:38une immense récompense
01:07:39Edith ne comprend pas
01:07:41ce qui se passe
01:07:41moi je suis submergé
01:07:43j'en ai un souvenir
01:07:45très précis
01:07:45parce que
01:07:47c'est ces moments
01:07:48de justice
01:07:49qui nous obsèdent
01:07:50de notre côté
01:07:51c'est l'abattement
01:07:53c'est l'écœurement
01:07:55c'est l'écroulement
01:07:57mais que dire de plus
01:07:59mais les partis civils
01:08:02vont vite se rassurer
01:08:03il n'y a pas de doute
01:08:04l'avocat général
01:08:05va faire appel
01:08:06j'aurais
01:08:08beaucoup mieux
01:08:10compris
01:08:11un verdict
01:08:12d'acquittement
01:08:12il aurait été
01:08:14douloureux
01:08:15mais il aurait été
01:08:16beaucoup plus
01:08:17rationnel
01:08:17et peut-être
01:08:18beaucoup plus courageux
01:08:20là c'est un verdict
01:08:21intermédiaire
01:08:23qui a un caractère
01:08:26absurde
01:08:27Edith Scaravetti
01:08:33retrouve son emploi
01:08:34d'aide à domicile
01:08:34et surtout
01:08:35ses trois enfants
01:08:36et quand son procès
01:08:37en appel s'ouvre
01:08:38devant les assises
01:08:39de Montauban
01:08:39le 13 mai 2019
01:08:41elle comparaît libre
01:08:42elle risque
01:08:43une nouvelle fois
01:08:44la prison à vie
01:08:45l'avocat général
01:08:53n'a pas changé
01:08:54David Senna
01:08:54portera encore
01:08:55l'accusation
01:08:56aux côtés
01:08:56d'un président
01:08:57moins disposé
01:08:58cette fois-ci
01:08:59à écouter
01:09:00les plaintes
01:09:01de l'accusé
01:09:01on sent que ça va pas
01:09:04être le même procès
01:09:05on sent que ça va pas
01:09:08être les mêmes questions
01:09:09que la personnalité
01:09:12d'Edith
01:09:13pas trop ce qui nous
01:09:15intéresse
01:09:15ce qu'Edith a vécu
01:09:17pourquoi le crime
01:09:18est arrivé
01:09:18ça va pas être
01:09:19au cœur du sujet
01:09:20cette fois pas question
01:09:23de s'apesantir
01:09:24sur les violences conjugales
01:09:25ou l'emprise
01:09:25que Laurent Bacca
01:09:26a exercé sur sa compagne
01:09:27on parle quand même
01:09:29en la personne
01:09:30d'Edith Scaravetti
01:09:31d'une jeune femme
01:09:32qui a 27 ans
01:09:33au moment des faits
01:09:34qui habite Toulouse
01:09:36qui a une intelligence
01:09:39supérieure à la moyenne
01:09:41qui a su mener à bien
01:09:43un parcours scolaire
01:09:46une formation
01:09:46un emploi
01:09:48qui a conquis
01:09:49une autonomie
01:09:50une certaine indépendance
01:09:51et qui pouvait parfaitement
01:09:53quitter ce milieu
01:09:54s'il était aussi toxique
01:09:56qu'elle l'a prétendu
01:09:58on parle pas
01:10:00de la France
01:10:00des années 40
01:10:0250
01:10:02au fin fond
01:10:04de la campagne
01:10:05une position
01:10:07que partage
01:10:08le président
01:10:08on a très franchement
01:10:11l'impression
01:10:12que sa conviction
01:10:14est faite
01:10:14à lui
01:10:15président
01:10:16et
01:10:17qu'il veut
01:10:18un tout autre procès
01:10:19que le premier procès
01:10:20Lui
01:10:23ce qui l'intéresse
01:10:24beaucoup
01:10:25c'est ce qui va se passer
01:10:26après la mort
01:10:28de Laurent Bacca
01:10:29et il va y avoir
01:10:30des moments
01:10:30extrêmement gênants
01:10:33où il va diffuser
01:10:35les photos
01:10:35à la cour d'assises
01:10:37de la reconstitution
01:10:38en commentant
01:10:39à chaque fois
01:10:40en disant
01:10:41mais là madame
01:10:42quand vous le déterrez
01:10:43il y a l'odeur
01:10:44il y a les fluides
01:10:46de putréfaction
01:10:47comment avez-vous fait
01:10:50madame
01:10:51vous l'avez mis où
01:10:52vous l'avez porté
01:10:54sur le dos
01:10:54répondez
01:10:56qu'est-ce que vous voulez
01:10:59qu'elle dise
01:10:59et puis ensuite
01:11:01quand il est en haut
01:11:02vous avez déjà fait
01:11:03de la maçonnerie
01:11:04oui j'en ai fait
01:11:05bon
01:11:05et vous allez
01:11:07lui faire
01:11:08une sépulture
01:11:09de ciment
01:11:09et il est au-dessus
01:11:11de vous
01:11:11au-dessus des enfants
01:11:12qu'est-ce que vous voulez
01:11:13qu'elle dise
01:11:13si on prend
01:11:15qu'un petit bout
01:11:16et qu'on laisse
01:11:17accoster l'autre
01:11:18et bien la justice
01:11:19ne peut pas
01:11:20s'être rendue
01:11:20quand on commet
01:11:23un accident de tir
01:11:24ce qui peut arriver
01:11:26on n'enterre pas
01:11:28quelqu'un
01:11:28au fond du jardin
01:11:30en plein été
01:11:31et encore moins
01:11:31dans un sarcophage
01:11:32donc les débats
01:11:35ont sur ce point
01:11:36été plus équilibrés
01:11:37sans qu'il ne soit
01:11:38excessif par ailleurs
01:11:39la charge
01:11:41s'est tout de même
01:11:42durcie
01:11:42la partie civile
01:11:44elle-même en convient
01:11:45la gêne
01:11:48on l'a tous ressenti
01:11:50dans ce procès
01:11:51il y a eu
01:11:53deux ou trois jours
01:11:54on était mal
01:11:55Edith Scaravetti
01:11:58a vécu un procès
01:11:58en appel
01:11:59pour moi
01:12:00à mon idée
01:12:01comme on n'en souhaite
01:12:03à personne
01:12:04Edith Scaravetti
01:12:09était en lévitation
01:12:10dans l'impossibilité
01:12:12de prendre
01:12:15fait des causes
01:12:16pour sa cause
01:12:17à elle
01:12:17et même physiquement
01:12:18on la voit
01:12:20toute seule
01:12:20sur ce banc
01:12:22dans cette immense
01:12:23box vitrée
01:12:24et on sent
01:12:25qu'elle se
01:12:25recroqueville
01:12:26sur elle-même
01:12:26elle est
01:12:28tétanisée
01:12:29prostrée
01:12:30elle se rend bien compte
01:12:32que cette fois-ci
01:12:33c'est pas la même chose
01:12:34et qu'il se pourrait
01:12:35très bien
01:12:36qu'elle perde
01:12:37ses enfants
01:12:37Pourtant
01:12:40l'avocat général
01:12:41prononce des réquisitions
01:12:42moins sévères
01:12:42qu'en première instance
01:12:4315 ans
01:12:45de réclusion criminelle
01:12:46Je propose
01:12:48cinq ans de moins
01:12:48parce que les débats
01:12:50m'y ont conduit
01:12:51tout avait été dit
01:12:53absolument tout
01:12:54on a parfaitement compris
01:12:56au terme de ces débats
01:12:57comment elle l'avait tué
01:12:59volontairement
01:13:00indépendamment
01:13:01de toute agression
01:13:02dans le même temps
01:13:03de l'action
01:13:04cela s'est-il passé
01:13:05au cours de la nuit
01:13:06comme le dit
01:13:07Edith Scaravetti
01:13:08ou alors
01:13:08au contraire
01:13:09au matin
01:13:10après qu'elle ait
01:13:12accompagné
01:13:13ses enfants
01:13:13à l'école
01:13:14personne n'est capable
01:13:16de le dire
01:13:16avec certitude
01:13:17il est beaucoup
01:13:18plus vraisemblable
01:13:19que les faits
01:13:20ont eu lieu
01:13:20dans un huis clos total
01:13:21Laurent Bacca
01:13:23étant seul
01:13:23dans la maison
01:13:24c'est plus probablement
01:13:26comme ça
01:13:27que les choses
01:13:27ont pu se passer
01:13:29donc on est dans
01:13:30l'atteinte
01:13:30à la personne
01:13:31à la fois
01:13:32l'intégrité
01:13:33la vie humaine
01:13:34et la dignité
01:13:34ça justifiait
01:13:35une peine importante
01:13:36une peine sévère
01:13:37qui pouvait être
01:13:38de 15 années
01:13:39c'est-à-dire que
01:13:41ce qui était établi
01:13:42par tout le monde
01:13:43et qu'il a bien voulu
01:13:44concéder du bout
01:13:44des lèvres
01:13:45cette espèce
01:13:46de chemin
01:13:47de croix
01:13:48subi par cette femme
01:13:50et bien
01:13:51il n'en tiendra
01:13:52absolument pas compte
01:13:53dans ses réquisitions
01:13:55il considérera
01:13:57qu'au moment
01:13:58où elle
01:13:58aurait tiré
01:14:00sur son copain
01:14:02c'est
01:14:04dans le cadre
01:14:06d'une tranquillité
01:14:07d'esprit remarquable
01:14:08le verdict
01:14:13tombe
01:14:13à l'opposé
01:14:16du verdict
01:14:16de première instance
01:14:18cette fois
01:14:20c'est la thèse
01:14:20de l'homicide
01:14:21volontaire
01:14:22qui a été retenue
01:14:23Edith Caravetti
01:14:27est-elle coupable
01:14:29d'avoir donné la mort
01:14:31à Laurent Baca
01:14:32la réponse est oui
01:14:33est-ce qu'elle a fait
01:14:34volontairement
01:14:35la réponse est oui
01:14:36et donc derrière
01:14:38il prononce
01:14:39la peine de 10 ans
01:14:40de réclusion criminelle
01:14:4110 ans
01:14:44au lieu de 3
01:14:45en première instance
01:14:46pas de cris
01:14:48pas de larmes
01:14:48on s'efface
01:14:50on regarde ses souliers
01:14:51on n'existe pas
01:14:53on s'oublierait presque
01:14:55c'est ça
01:14:56Edith Caravetti
01:14:57c'est un monde
01:14:58qui change pour elle
01:14:59qui bascule
01:15:00d'un moment à l'autre
01:15:02c'était un verdict
01:15:04qui reconnaissait
01:15:06la valeur
01:15:07de l'interdit fondamental
01:15:09le premier commandement
01:15:10tu ne tueras point
01:15:11pas de permis de tuer
01:15:13il y avait
01:15:15d'autres possibilités
01:15:16d'agir
01:15:16que de tuer
01:15:18pour se protéger
01:15:18si Edith Caravetti
01:15:20était agressée
01:15:21mais en même temps
01:15:23elle était accessible
01:15:24un an et demi après
01:15:25à la libération conditionnelle
01:15:28qui ne poserait
01:15:29aucune forme de difficulté
01:15:31compte tenu
01:15:32de la personne
01:15:33qu'elle était
01:15:34donc
01:15:34je dirais que tout le monde
01:15:36je dirais
01:15:38a pu voir
01:15:39ses intérêts
01:15:40reconnus
01:15:40la famille Baca
01:15:43est soulagée
01:15:44d'autres se posent
01:15:46des questions
01:15:46ça fait un peu peur
01:15:49de se dire
01:15:50c'est un même dossier
01:15:52ce sont les mêmes
01:15:53protagonistes
01:15:54c'est les mêmes faits
01:15:56et on arrive
01:15:56à un verdict différent
01:15:59et on se dit
01:16:00qu'est-ce qui va arriver
01:16:01à ces enfants
01:16:02où est-ce qu'ils vont aller
01:16:03qu'est-ce qu'ils vont faire
01:16:05Edith Caravetti
01:16:14ne s'est pas pourvue
01:16:14en cassation
01:16:15elle n'a pas demandé
01:16:16de grâce présidentielle
01:16:17elle est retournée
01:16:18en prison pendant 14 mois
01:16:20avant d'obtenir
01:16:20une libération conditionnelle
01:16:21pour conduite
01:16:22irréprochable