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"Le Baron Empain, trahison et pardon" / Le 23 janvier 1978, le baron Edouard-Jean Empain, 40 ans, PDG de l'un des plus puissants groupes industriels français, est enlevé en plein jour à Paris. Ses ravisseurs réclament à sa famille la somme de 80 millions de francs contre sa libération. Sa captivité va durer 63 jours. Au cours de l'enquête, la police met au jour certains aspects méconnus de la vie de la victime. Le baron Empain, ses proches, Alain Caillol, le cerveau de l'enlèvement, et les policiers chargés de l'affaire reviennent sur les faits.

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Transcription
00:00 Maintenant, les patrons sont quand même, depuis cette époque là, sont briffés.
00:04 Un bon chauffeur, il doit se rendre compte, un petit coup dans le rétro s'il est fait locher,
00:07 il arrive le matin, avant même que son patron sorte de l'immeuble,
00:11 il fait un petit tour dans le quartier, voir s'il n'y a pas de véhicules suspects.
00:13 Et dans l'affaire Ampin comme dans les autres,
00:15 les chauffeurs auraient vu quelque chose d'anormal et l'auraient signalé à la police.
00:19 Et maintenant, je pense qu'ils sont quand même beaucoup plus sensibilisés.
00:23 [Bruit de rétro-chasse]
00:24 [Bruit de rétro-chasse]
00:28 [Bruit de rétro-chasse]
00:31 [Bruit de rétro-chasse]
00:35 [Bruit de rétro-chasse]
00:36 [Bruit de rétro-chasse]
00:39 [Bruit de rétro-chasse]
00:44 [Bruit de rétro-chasse]
00:47 C'est une histoire extraordinaire.
00:51 On parle de, parfois, de polars, de livres policiers, de cinéma.
00:56 Libérer le baron, c'est la guerre.
00:59 C'était le capitaliste pur et dur, le salopard fini.
01:04 [Bruit de rétro-chasse]
01:05 Quand on enlève un monsieur et qu'on lui coupe le petit doigt et qu'on n'en veut qu'à son argent,
01:10 bon, je trouve que c'est pas très glorieux.
01:13 C'est un type qu'on a respecté, bien qu'on lui ait coupé un doigt.
01:17 [Bruit de rétro-chasse]
01:19 Il a meurtri un homme, il a cassé sa vie, il l'a mutilée.
01:24 Donc, il n'y a pas d'excuses.
01:25 [Bruit de rétro-chasse]
01:26 Il était l'un des plus grands patrons français.
01:38 Édouard Jean Empin, un baron puissant,
01:41 un homme d'affaires flamboyant à la tête du groupe Empin Schneider,
01:44 un empire du bâtiment, de la chimie, du nucléaire,
01:48 150 000 salariés à travers le monde.
01:51 Un matin de 1978, le baron Empin est victime d'un enlèvement contre rançon,
01:58 phénomène de mode des années 70.
02:01 Ses ravisseurs réclament une somme colossale, 80 millions de francs.
02:07 Et pour prouver leur détermination,
02:09 il n'hésite pas à le mutiler, à lui sectionner une phalange de doigt
02:13 pour l'envoyer à sa famille.
02:15 L'enlèvement du baron Empin, c'est un face-à-face impitoyable
02:20 entre voyous et limiers du 36 quai des Orfèvres.
02:23 Une histoire d'argent, d'amour, de trahison, d'espoir et de rédemption.
02:29 Plus de 35 ans après cet enlèvement,
02:32 que sont devenus Édouard Jean Empin et ses ravisseurs ?
02:36 Que pense le baron de ces geôliers ?
02:39 Quel regard portent policiers, avocats et magistrats sur cette affaire ?
02:43 Avec Imen Gouali, nous avons retrouvé les protagonistes de l'affaire Empin
02:49 pour analyser avec eux les conséquences et les répercussions de ce dossier hors normes.
02:55 - Il était 22h30 hier soir lorsque nous avons appris
03:02 que le baron Empin avait été libéré par ses ravisseurs et libéré sain et sauf.
03:07 L'affaire commence 2 mois plus tôt, le 23 janvier 1978.
03:13 Ce matin-là, le baron Édouard Jean Empin quitte son immeuble cossu
03:18 du 16e arrondissement à Paris.
03:20 Il est assis à l'arrière de sa Peugeot 604, conduite par son chauffeur.
03:25 Soudain, des hommes armés et cagoulés surgissent d'une camionnette
03:29 devant des témoins médusés.
03:32 - Ils nous disent qu'ils ont vu une estafette,
03:34 des individus en sortirent, emmener le baron de force,
03:39 et ils sont partis précipitamment.
03:41 L'enlèvement est rapide, 45 secondes.
03:46 Aussitôt, un dispositif policier est mis en place.
03:50 Les voitures sont fouillées, la ville est quadrillée.
03:54 Mais le baron Empin et ses ravisseurs se sont volatilisés.
04:00 (Bruit de tir)
04:02 Diane Empin, la soeur du baron, se souvient encore de ce jour-là.
04:09 - Comment apprenez-vous la nouvelle de l'enlèvement de votre frère ?
04:13 - La secrétaire d'Édouard Empin, mon frère, téléphone à ma mère
04:18 en lui indiquant "Votre fils a été kidnappé".
04:23 Moi, j'ai réagi.
04:25 A vrai dire, je n'ai pas... Kidnapping, je comprenais pas très bien
04:29 ce qui se passait en quelques minutes.
04:32 Je l'ai compris 2 heures après.
04:35 C'était un enlèvement, mais pourquoi ? Comment ?
04:38 - Vous êtes inquiète ?
04:40 - Inquiète, je pense que toute personne normalement constituée,
04:43 c'est avant toute chose, il faut libérer l'otage.
04:46 - Le problème, c'est que l'otage est introuvable.
04:49 Sa voiture, la 604, est retrouvée quelques heures plus tard
04:53 abandonnée dans un parking.
04:55 A l'intérieur, aucune empreinte, aucun indice pour identifier les ravisseurs.
05:01 Les policiers de la brigade criminelle, dirigés par Pierre Otavioli,
05:06 prennent l'affaire en main.
05:08 Le dossier est suivi au plus haut niveau de l'Etat,
05:11 car le baron Empin n'est pas n'importe qui.
05:13 - C'était l'héritier d'une énorme fortune.
05:17 C'était en même temps un ami du président de la République de l'époque,
05:21 Valéry Giscard d'Estaing.
05:23 Il faisait partie aussi du groupe Schneider,
05:25 dont la femme du président était également parente.
05:29 Disons que c'était un gros poisson.
05:31 - Claude Cancès, vous êtes commissaire de police,
05:49 chef de section à la brigade criminelle.
05:51 Cet enlèvement à l'époque, il intervient après une longue série
05:55 d'enlèvements qui vont marquer la France.
05:57 - Oui. Entre la fin décembre 1975 et le mois d'août 1977,
06:03 la France, et le 36 qu'elle les offère en particulier,
06:06 va avoir à faire face à une série d'enlèvements
06:09 comme le 36 n'en a jamais connu.
06:11 De l'affaire Azan jusqu'à l'affaire Mali,
06:13 en passant par l'affaire Révillé-Bourmont-Todorov
06:16 et une tentative d'enlèvement autaire.
06:18 Toutes ces affaires ont eu un dénouement heureux.
06:22 - Donc des enlèvements en France et aussi des enlèvements
06:25 ailleurs en Europe.
06:26 - Oui, surtout l'Italie. L'enlèvement avec demande d'argent
06:30 de sang était devenu une industrie.
06:32 Les brigades rouges, mais le grand banditisme.
06:35 - Quelles sont vos premières pistes après l'enlèvement du baron ?
06:38 - Les premières pistes dans toutes ces affaires en Saint-Etoche
06:41 aux proches, les gens du groupe, la famille.
06:44 Et là, on est dès le départ un petit peu dans le brouillard.
06:48 Si ce n'est qu'on sent assez rapidement que le baron Ampin,
06:53 qui est le PDG d'un des plus grands groupes européens,
06:56 manifestement, autour de lui, son environnement
06:59 n'est pas très sympa avec lui.
07:03 On sent très bien qu'il est parti, il reviendrait pas,
07:07 ça gênerait pas beaucoup.
07:13 - Pendant que les lignées de la crime explorent les premières pistes,
07:16 le baron Ampin, lui, est détenu par ses ravisseurs.
07:20 Il est séquestré dans des galeries souterraines de l'Oise,
07:23 sous une tente, dans le noir.
07:26 - Bien entendu, quand on est à l'intérieur de la tente et enchaînée,
07:30 on ne sait pas ce qui se passe à l'extérieur,
07:33 donc ça évite toute tentation de s'enfuir.
07:37 (musique)
07:43 - Alain Caillol, vous êtes le cerveau de cet enlèvement.
07:46 Pourquoi avoir choisi le baron Ampin pour cible ?
07:50 - Le baron Ampin, ça a été une cible par défaut,
07:55 parce qu'on avait fait une liste,
07:58 des hommes les plus riches de France
08:00 ou des femmes les plus riches de France,
08:02 et pour diverses raisons, on a éliminé ces gens-là.
08:06 - C'était qui, les autres cibles ?
08:08 - C'était évidemment Marcel Dassault.
08:12 Marcel Dassault, on l'a éliminé, pourquoi ?
08:15 Parce qu'il avait été déporté à Buchenwald,
08:19 et que nous, on était un petit peu gauchistes,
08:22 et qu'on savait qu'il était au mieux, enfin, pas au mieux,
08:25 mais bien avec le Parti communiste.
08:28 Et après, il y avait Liliane Bettencourt.
08:33 - Et vous avez renoncé aussi à l'élimination ?
08:36 - On l'a éliminée pour des problèmes,
08:39 comme l'endroit où on devait l'emmener,
08:42 il n'y avait pas de sanitaire, pas d'hygiène, pas de ceci,
08:47 on s'est dit, on va avoir sur les bras
08:49 un problème de bonne femme, ça va être compliqué.
08:53 - Et Ampin, comment vous en êtes venu à lui ?
08:56 - Par la presse. Par la presse, par la presse.
09:00 Parce que cette époque-là, je vous dis, c'était l'époque
09:03 quand la sub-hierurgie française se cassait la gueule,
09:07 on avait appris qu'ils avaient formé des milices patronales
09:11 pour casser les syndicats et les grèves,
09:13 enfin, on s'est dit, voilà, c'est le salaud du coin, c'est lui.
09:17 - Donc ce qui vous intéressait avant tout, c'était l'argent, mais si...
09:20 - C'était l'argent. C'était l'argent, mais si en même temps,
09:24 symboliquement, on pouvait rançonner
09:28 un méchant capitaliste,
09:31 bon, ben, voilà, c'était parfait.
09:33 - Dès le lendemain de l'enlèvement du baron,
09:38 Alain Caillol et ses complices contactent l'état-major du groupe Ampin Schneider.
09:42 Ils exigent qu'un cadre se rende à la gare de Lyon
09:45 pour y récupérer un message dans une consigne.
09:49 Là, les policiers qui l'accompagnent découvrent une demande de rançon.
09:54 80 millions de francs, c'est plus de 20 millions d'euros de nos jours,
09:59 une somme colossale.
10:01 Mais il y a aussi un mystérieux petit colis à l'attention de la famille.
10:07 - Dans un paquet enroulé dans du coton, dans de la ouate,
10:11 le bout d'un doigt, l'extrémité d'un auriculaire.
10:14 - C'est rassurant,
10:17 parce qu'on va vous couper un doigt
10:20 pour négocier quelque chose, ça vous donne du temps.
10:24 Dans une situation comme ça, vous craignez tout de suite le pire.
10:28 Donc tout ce qui n'est pas le pire est mieux que le pire.
10:32 - Pourquoi cette décision de couper le doigt du baron ?
10:37 - Nous, notre problème, c'est que ça aille très vite.
10:40 Et comment ça peut aller très vite ?
10:42 Il faut employer la terreur, c'est-à-dire vraiment marquer les gens.
10:48 Et effectivement, on l'a su après,
10:51 quand la police a reçu ça et les gens de la direction du groupe,
10:57 ils ont eu peur.
10:59 - C'est un moyen de pression.
11:01 - Voilà, c'est un moyen de pression, c'est rien d'autre.
11:04 - Qui s'en est chargé ? Comment vous avez-vous désigné ?
11:07 - J'ai toujours répondu à cette question, c'est une décision collective,
11:10 peu importe qui l'a fait.
11:12 Au moment où il a fallu le faire pour suivre le plan,
11:19 chacun s'est regardé en disant...
11:23 Bon, il y a eu un espèce de silence, on a dit "Allez, courte paille,
11:28 celui qui tourne la plus grande ou la plus petite, c'est lui qui le fait."
11:32 Et on l'a fait comme ça.
11:34 Mais c'est une responsabilité collective.
11:38 - Vous l'auriez fait si c'était tombé sur vous ?
11:40 - Oui.
11:42 - Comment le baron a-t-il réagi ?
11:45 - Alors, le baron... Silence radio.
11:51 Pas un mot, pas une plainte, rien.
11:56 Stoïcisme à la grecque, à l'ancienne.
12:01 On s'est dit "Merde, t'as vu ce mec, il dit rien, il tient la route."
12:08 Alors, est-ce que c'est parce qu'il a peur ?
12:10 En fait, non, c'était pas ça, c'est parce que le baron Empin, il est comme ça.
12:14 - Face à la détermination des ravisseurs,
12:18 les proches du baron Empin comprennent qu'il faut réagir vite.
12:22 Mais comment réunir 80 millions de francs ?
12:25 Pas simple.
12:26 D'autant que les avis divergent sur la remise de rançon.
12:30 - On va avoir deux attitudes différentes entre la famille et le groupe.
12:34 Le groupe va vouloir verser la rançon
12:37 de façon à essayer de nous doubler, ça, c'est clair.
12:41 Et puis, la famille, elle, elle va être convaincue par Pierre Ottavioli
12:45 qu'il faut surtout pas verser de rançon
12:47 parce qu'on n'est pas sûr du tout de retrouver l'otage.
12:50 Et puis, si vous voulez, il faut mettre fin à ce genre d'affaires
12:54 parce que, comme je vous dis, la 15e, ça fait beaucoup, quoi.
12:57 - Pourtant, malgré les instructions de la police de ne pas verser de rançon,
13:03 des négociations secrètes s'engagent entre le groupe Empin et les ravisseurs.
13:08 - On avait demandé une somme, ils nous ont proposé la moitié.
13:13 Bon, on l'a refusée parce qu'on avait décidé que c'était tant et pas la moitié.
13:20 - Et pourquoi vous refusez ? C'était quand même une somme conséquente.
13:23 - Oui, mais on... Parce qu'on avait demandé tant.
13:26 - 40 millions de francs.
13:27 - Oui, mais on vend pas... On leur a dit au téléphone, on vend pas des tapis.
13:31 C'est 80, c'est 80. Voilà.
13:34 - Vous jouez un peu avec les nerfs de la famille, des policiers, ou c'est l'inverse ?
13:38 - Non, non, non, mais non, mais on joue pas...
13:40 Mais attendez, on joue pas... On joue pas, on joue à rien du tout.
13:44 S'ils payent, là, s'ils... Au lieu de 40, ils apportent 80.
13:50 Il est libéré le lendemain. Voilà.
13:54 Pendant ce temps, les policiers, qui n'ont aucun indice sur les ravisseurs,
14:00 décident d'explorer la seule piste qu'il leur reste.
14:03 Le baron en peint lui-même.
14:05 Et ils découvrent la vie secrète de l'homme.
14:08 Joueur de poker, habitué des casinos, il a perdu 11 millions de francs au jeu.
14:14 Un créancier mécontent, aurait-il cherché à se venger en enlevant le baron ?
14:18 Ou bien le baron s'est-il fait enlever lui-même pour effacer l'ardoise ?
14:23 - Comme on a découvert qu'il était joueur,
14:26 on pense à ce folklore du doigt coupé chez les tricheurs.
14:30 Là, on s'est mis vraiment à creuser beaucoup.
14:32 Mais ça ne nous a pas apporté grand-chose.
14:35 L'image du grand baron se fissure un peu plus
14:39 quand la presse révèle que le joueur est aussi un coureur.
14:42 Ses infidélités s'étalent à la une des journaux.
14:45 La famille, terrée dans son quartier général de l'avenue Foch,
14:49 est harcelée par la presse.
14:52 - On était terrorisés de voir ce qui allait sortir dans les titres
14:56 parce que ça nous fait mal.
14:58 On a vu quand même à savoir que la presse, au 33 Avenue Foch,
15:03 avec un stéthoscope, avait passé dans une cheminée
15:07 pour écouter ce qu'on allait... Ce dont on parlait dans l'appartement.
15:11 Donc les choses sont allées très, très loin concernant la presse.
15:15 Le temps passe, l'enquête piétine
15:19 et les 8 ravisseurs du baron commencent à perdre patience.
15:23 - C'est vrai qu'on s'est trompés de cible au niveau des liquidités
15:28 et de la fortune personnelle.
15:30 On s'est trompés. On s'est trompés là-dessus.
15:33 Alors après, il y a la lassitude. Il y a une partie de l'équipe.
15:37 "Ouais, mais moi, j'ai pas vu mes gosses depuis 3 jours.
15:40 "Moi, on m'a embouti ma bagnole, il faut que je fasse changer le feu rouge.
15:44 "Moi, je peux pas le garder après-demain.
15:47 "Moi, ma femme, elle va chez le coiffeur."
15:50 Vous avez envie de les flinguer, ça vous pourrit l'ambiance.
15:53 Vous avez envie d'en finir.
15:55 - Vous en êtes venu à un moment donné à voter sa mort ?
15:58 - Bien sûr, parce que...
16:00 On le libère ou on le tue.
16:04 On le tue pour l'exemple, on en prend un autre, et là, ça paye.
16:09 Simplement, voilà, cette question, elle s'est posée.
16:16 Et alors, "Ouais, machin, ces salauds, il faut le buter.
16:20 "L'autre, non, on peut quand même pas faire ça, il nous a rien fait.
16:23 "En plus, il est gentil."
16:25 Donc vote.
16:30 4 oui, 4 non.
16:33 Revote.
16:35 Il y avait 5 oui, 3 non. Moi, j'ai voté sa mort.
16:40 - Vous avez voté sa mort ? - Oui.
16:44 Maintenant, le tuer, pas plus que le mutiler,
16:47 franchement, ça nous aurait pas amusé, c'était pas...
16:51 Mais en tout cas, moi, je l'aurais fait.
16:54 - Vous étiez prêt à le faire ?
16:56 - Si ça tombe sur moi, on le fait.
16:58 Après, on aurait retiré au sort qui le fait,
17:01 puis voilà, ça serait tombé sur quelqu'un.
17:03 Mais si c'est pas le but,
17:07 on veut tuer personne.
17:10 - Vous êtes content de lui avoir laissé la vie sauve ?
17:13 - Bien sûr. Bien sûr.
17:15 Parce qu'encore une fois, il s'est pas prévu.
17:18 - Vous êtes content de ne pas l'avoir tué, mais pour vous ou pour lui ?
17:23 - Mais pour lui, pour moi.
17:26 - 2 mois s'écoulent ainsi
17:30 lorsque les ravisseurs du baron fixent un rendez-vous
17:33 pour une remise de rançon aux représentants du groupe Ampin.
17:36 Jeudi 23 mars, 15h, au Fouquetz, sur les Champs-Elysées.
17:41 Mais c'est la police qui prend les choses en main.
17:44 L'inspecteur Mazieri, surnommé "le Chinois",
17:47 se fait passer pour le porteur de rançon.
17:49 Rançon factice, bien sûr.
17:51 S'ensuit un interminable jeu de pistes
17:54 qui mène le policier d'un café à un autre,
17:56 d'un message au fond d'une poubelle, au bistrot suivant.
18:00 - Eh bien, on s'attend à tout.
18:02 Sur l'itinéraire, à tout moment, ils peuvent m'intercepter.
18:06 Il faut prévoir une remise brutale,
18:08 une interception au cours du trajet
18:11 et pas forcément une remise en douceur à un lieu de rendez-vous.
18:16 - Ce petit jeu du chat et de la souris dure plusieurs heures.
18:24 Il est escorté à distance par ses collègues
18:27 de la brigade de recherche et d'intervention, l'Antigang.
18:34 - Robert Broussard, à l'époque, vous êtes le patron adjoint de la BRI.
18:38 Comment faites-vous pour monter le dispositif
18:40 qui va protéger Jean Mazieri, l'APA, qui doit remettre la rançon ?
18:45 - C'était très lourd. C'était très lourd.
18:47 Disons que j'avais à peu près 20, 25 gars de la BRI avec moi.
18:52 Il y avait des gens qui étaient à moto, véhicules, camionnettes,
18:57 différents véhicules de toutes sortes, complètement banalisés,
19:00 avec des tenues complètement également banalisées,
19:03 où on devait faire semblant de s'ignorer.
19:06 Nos gars étaient vraiment formés à ce travail de filature, de surveillance,
19:11 mais c'est nerveusement extraordinaire au point de vue fatigué.
19:15 - Quels sont les risques d'une telle opération ?
19:17 - Les risques d'abord, c'est de se faire remarquer par les preneurs d'otages.
19:23 Il est évident que quand on nous fait faire tout un parcours,
19:25 ils se placent à des endroits pour voir si le porteur de rançon est suivi ou pas.
19:30 - Donc c'est le jeu du chat et de la souris, mais...
19:32 - Continuellement.
19:33 - Mais vous, vous n'avez pas la main.
19:34 - Ah, voilà. On est là devant le fait accompli,
19:37 un petit peu l'itinéraire qu'on ne connaît pas à l'avance.
19:40 Et surtout, c'est que... Je m'excuse du terme, mais on voit des suspects partout.
19:45 Mais tout cela, c'est... J'allais dire, c'est quand même extrêmement crispant,
19:49 parce que vous n'êtes sûr de rien, voilà.
19:51 - Le jeu de piste dure 2 jours.
19:55 Policiers et ravisseurs sont à bout de nerfs.
19:58 Dernière étape, l'autoroute A6.
20:01 Les ravisseurs fixent rendez-vous aux Chinois
20:03 près de la borne téléphonique B16, au sud de Paris.
20:07 L'inspecteur Eric Jung est aux premières loges.
20:11 Il est alors policier à l'anti-gang,
20:13 chargé de protéger Mazieri, alias le Chinois,
20:16 qui se gare près de la borne téléphonique.
20:20 - Le Chinois descend, mais à ce moment-là, dans le même temps,
20:23 tout ça dans le même temps,
20:25 on voit jaillir, sortir comme sortir de la terre,
20:28 2 hommes cagoulés, d'un côté tenant des grenades,
20:31 de l'autre côté tenant un pistolet mitrailleur,
20:34 et qui passent par le monticule qui arrive à la borne B16.
20:37 - Nous, on déboule comme de fous du talus.
20:41 On monte dans sa bagnole et on s'en va.
20:43 On fait 4 km, à Donf.
20:49 - Alain Cailleul et son complice arrivent à hauteur
20:52 du mur anti-bruit de l'Elle-et-Rose,
20:54 poursuivi par les policiers de la Crim' et de l'Antigande.
20:58 - Là, tout bascule. Pourquoi ?
21:00 Parce que tout en haut du mur de l'autoroute,
21:02 il y a un intruant qui est là avec un pistolet mitrailleur,
21:06 et là, il ouvre le feu, et c'est une fusillade,
21:09 comme j'en avais jamais vue jusqu'à maintenant,
21:11 et ça pète de partout.
21:13 - Et mon copain, dans ces quelques secondes,
21:19 se prend une balle dans le dos à travers la porte.
21:23 Et après, on va partir.
21:25 Moi, je lève les mains, et ça continue à tirer.
21:31 Donc, je prends deux balles dans le bras.
21:33 Évidemment, là, les flics arrivent,
21:37 sortent mon copain qui meurt là,
21:39 et moi, je suis à poil, complètement à poil.
21:43 - Il y avait, je dirais presque,
21:45 cette odeur de poudre noire et de sang qui coulait.
21:48 Et je me suis précipité vers l'homme qui était par terre.
21:52 J'ai pris mon arme, j'ai armé le chien,
21:55 et je lui ai mis, avec le chien armé, mon revolver dans la bouche.
21:58 En le menaçant de le tuer, s'il ne nous révélait pas
22:00 où était le baron à pain, je lui ai dit,
22:03 "T'as vu, ton copain, il est mort, il a été tué.
22:05 "Si tu nous dis pas où il est, je te bute."
22:08 Et la personne qui est par terre, le voyou qui est par terre,
22:11 me regarde les yeux dans les yeux et ne dit rien.
22:14 Évidemment, je n'allais pas le tuer.
22:17 (Bruit de la foule)
22:19 - Alain Caillol est pour vous la seule piste
22:25 qui permet de retrouver le baron.
22:28 Il faut absolument que Caillol parle. Comment ça va se passer ?
22:31 - Caillol, qui est un type intelligent, a bien compris
22:35 que l'enquête en était à un point tel
22:39 qu'il fallait que le baron soit libéré.
22:42 Or, son gros souci, c'est qu'il savait que parmi les ravisseurs,
22:45 il y avait Georges Bertoncini,
22:48 ce que redoutait Alain Caillol, c'est que Bertoncini,
22:52 pour venger son copain du château
22:55 qui avait été tué lors d'interpellation à la fusillade,
22:58 ne tue à ce moment-là le baron à pain.
23:01 Et il dit à Ottavioli,
23:04 "Je suis prêt à téléphoner pour faire libérer le baron à pain."
23:07 Ottavioli lui dit, "Vous avez un téléphone là, sur son bureau."
23:10 Et je revois la scène comme si c'était hier.
23:13 Il prend le téléphone, le rapproche comme ça, là,
23:17 cache le combiné et fait le numéro.
23:20 Je crois pouvoir dire mot pour mot ce qu'il a dit.
23:23 "Libérer le baron, c'est la guerre."
23:27 - Le coup de fil d'Alain Caillol va payer.
23:32 Après 63 jours de captivité,
23:35 le baron à pain est enfin libéré.
23:42 - Pour moi, c'était miraculeux,
23:45 c'était magnifique, le travail qu'avait fait la criminelle.
23:49 Il était libre, maintenant respect.
23:51 Il demandait qu'une chose, c'est de rentrer chez lui,
23:54 voir son chien, son époux, ses enfants,
23:57 et dire, "Je suis libre."
23:59 - Jean-Edouard Ampin est libre, mais stupéfait
24:04 et déçu au plus haut point par l'accueil qui lui est réservé.
24:07 Car entre-temps, les révélations de la presse
24:10 sur ses frasques ont terni son image.
24:13 Sa femme et ses collaborateurs lui tournent le dos.
24:16 - Je m'étais dans des rêves fous,
24:19 imaginer que quand j'allais revenir,
24:21 c'était le retour de Monte-Cristo,
24:23 il va y avoir du monde au balcon,
24:25 tout le monde était là avec la bouteille de champagne,
24:28 le truc, le machin, "Youpi, comment on y va?"
24:31 Je m'étais imaginé une fête.
24:34 Et je vois que tous les gens ont une mine
24:38 effrayante, c'est-à-dire une suspicion, etc.
24:42 "Qu'est-ce qui s'est passé? Il va falloir que tu t'expliques."
24:46 "Il va falloir ceci, il va falloir ça."
24:49 "Expliquez, expliquez quoi?"
24:51 - Côté police, après le retour du baron,
24:54 l'enquête progresse rapidement.
24:56 Une bonne partie de la bande des ravisseurs
24:59 est arrêtée dans les mois qui suivent.
25:02 8 personnes en tout, 6 hommes et 2 femmes.
25:05 4 ans plus tard, le 2 décembre 1982,
25:09 le procès s'ouvre.
25:11 La vedette de l'audience, c'est le baron.
25:14 Sa déposition à la barre marque les esprits.
25:17 - Il va raconter exactement les faits
25:21 tels qu'ils se sont déroulés.
25:23 Et c'est sans doute le réquisitoire le plus lourd
25:28 qu'il pouvait faire contre eux,
25:30 sans haine, sans exagération,
25:34 sans donner du romanesque à quelque chose
25:38 qu'il n'en avait pas.
25:40 Et là, il a une attitude où, vraiment,
25:45 il se réhabilite.
25:47 Si, réhabilitation, il devait y avoir.
25:49 C'est peut-être pas le bon mot,
25:51 mais il fait basculer son image
25:53 vers un aspect positif.
25:56 - Ni haine, ni désir de vengeance.
25:59 Le baron pardonne à ses ravisseurs.
26:02 Après 3 semaines d'audience,
26:04 les peines de prison s'échelonnent de 5 à 20 ans.
26:07 20 ans, c'est la peine dont a écopé Alain Caillolles,
26:10 qui était pourtant défendu à l'époque
26:12 par un ténor du barreau,
26:14 futur ministre, Georges Kiegemann.
26:16 - J'avais cette candeur de penser
26:18 que là où je passais, la sévérité trépassait.
26:21 Ben, non, non.
26:23 Alain a quand même été condamné à 20 ans,
26:25 ce qui était pas rien.
26:27 ...
26:33 - Aujourd'hui,
26:35 37 ans après l'enlèvement du baron Empin,
26:38 cette affaire reste unique,
26:40 car c'est le seul enlèvement
26:42 où le retour s'est avéré plus difficile
26:44 pour le prisonnier que sa captivité.
26:46 Pourtant, quelques jours seulement après sa libération,
26:49 le baron a envisagé de reprendre sa vie,
26:52 comme avant.
26:54 - Je lui demande, "Mais M. le baron,
26:56 "ça va se passer comment pour vous, maintenant ?"
26:59 Surtout qu'il avait énormément souffert.
27:01 Avec un sourire extraordinaire,
27:03 il me regarde et me dit,
27:05 "Mais vous savez, ça va rien changer pour moi.
27:07 "Vous savez, je suis né avec une cuillère d'argent dans la bouche
27:10 "et les choses vont s'effacer, le temps va passer
27:13 "et je continuerai à vivre comme j'ai vécu avant."
27:16 Et ça, ça m'a laissé... J'ai dit, "C'est pas possible.
27:19 "C'est pas possible." Et c'était pas moi qui me trompais.
27:22 C'était le baron Empin.
27:24 - Après son retour, le baron Empin se met au vert
27:27 pendant 8 mois, loin de chez lui,
27:30 envie de décompresser et de se reconstruire.
27:33 - Il est parti aux Etats-Unis
27:36 avec un de ses vieux amis d'enfance.
27:39 Et puis, il est revenu en France
27:42 et là, il a dit, "Je reprends la direction des affaires."
27:46 - Mais le baron Flamboyant a perdu de sa superbe
27:50 et sa légitimité est contestée à la tête de son propre groupe.
27:54 - Le fait que je sois par là a fait des...
27:57 Ce que j'appelle des appels d'air pour beaucoup de gens.
28:01 Ils ont donc voulu...
28:03 Certains, prendre ma place.
28:06 D'autres, prendre la place de ceux qui prenaient ma place.
28:10 C'est-à-dire que toute la hiérarchie,
28:13 ils voulaient monter d'un cran et...
28:16 Ils voulaient surtout pas que le baron revienne.
28:20 Qu'est-ce qui allait se passer ?
28:23 Tout le monde avait le devoir de baisser d'un cran.
28:26 - Le baron est poussé vers la sortie,
28:29 conséquence d'un enlèvement dont il n'est pourtant que la victime.
28:34 - Vous avez pris conscience du mal que vous aviez fait à cet homme,
28:40 non seulement physiquement, mais aussi psychologiquement et socialement ?
28:44 - Oui, parce que moi... Donc on avait les journaux.
28:47 On avait les journaux, ben oui.
28:49 En fait, on l'a tué, là.
28:51 - Il était détruit. Vous l'avez détruit.
28:54 - Oui, oui, bien sûr.
28:56 On l'a détruit sans doute, bien sûr.
28:58 On lui a niqué sa vie professionnelle.
29:01 Et peut-être une partie de sa vie sociale.
29:04 Oui.
29:05 - Et ça, vous le vivez comment ?
29:08 - Ben, aujourd'hui...
29:13 Je...
29:15 Ah, c'est tombé sur lui. Voilà.
29:22 - En 1981, le baron vend les parts de son groupe.
29:30 L'héritier tout-puissant repart de zéro.
29:34 - Une espèce de rage le saisit,
29:37 et tout d'un coup, il décide de vivre pour lui, en quelque sorte.
29:41 Hors du personnage qu'on avait fabriqué jusque-là pour lui.
29:45 - L'ancien capitaine d'industrie devient alors petit patron.
29:49 Il se lance dans l'import-export de matériel aéronautique
29:53 et dans l'immobilier.
29:55 - Bon, il a appris que...
29:58 Ben, la trésorerie d'une petite entreprise,
30:01 c'était difficile à gérer,
30:04 qu'il fallait faire attention.
30:06 Par rapport au groupe Rudanjou,
30:08 enfin, c'était quelque chose d'assez peu imaginable.
30:12 Mais franchement, il s'y est bien fait.
30:15 - Le baron ne retrouvera jamais le succès dans les affaires.
30:19 Il est même jugé pour banqueroute en 1998.
30:23 - Il a été relaxé de la banqueroute que l'on lui reprochait,
30:27 mais ça n'a pas été facile, effectivement.
30:30 - Pas facile non plus côté famille.
30:33 Les révélations dans la presse ont fait du mal.
30:36 Son couple se délite.
30:38 - De toute façon, j'ai été décrit comme une espèce de noceur mondain,
30:43 joueur à peine honnête,
30:46 avec des relations douteuses,
30:49 qui faisait des parties de poker dans des tripots d'arrière-salle.
30:53 Ma femme me l'a pas dit, mais m'a fait comprendre
30:57 qu'on peut pas...
30:59 On peut pas avoir...
31:01 Mes enfants peuvent pas avoir un père comme ça.
31:05 - Il divorce avec la princesse Sylvana, qui était sa femme,
31:10 et dont ils...
31:12 Ils étaient tous les deux très épris l'un de l'autre avant,
31:16 mais la révélation d'un certain nombre de choses
31:19 a fait que ça n'était plus possible.
31:23 - L'affaire du baron Empin reste emblématique dans l'histoire de la police.
31:32 Elle a marqué l'histoire du 36 quai des Orfèvres,
31:35 tout d'abord parce que c'est leur acte le plus long jamais connu en France,
31:39 mais aussi parce que la stratégie de fermeté de la police a payé.
31:43 Pierre Ottavioli, le patron de la brigade criminelle,
31:46 avait décidé seul de ne pas verser la rançon.
31:50 Claude Cancès, pourquoi décider dans une affaire d'enlèvement
31:54 qu'il n'y aura pas de remise de rançon ?
31:57 - Tout simplement parce que Pierre Ottavioli
32:01 avait compris que si on cédait une seule fois au ravisseur,
32:06 à ces grands, grands voyous, c'était fini.
32:10 On ne maîtrisait plus rien.
32:12 Et qu'il le dit souvent, il a dit souvent, Ottavioli,
32:15 les voyous n'ont qu'un objectif, l'argent.
32:18 L'approche de la rançon va leur faire commettre des imprudences.
32:23 - Et en même temps, c'est un peu facile pour la police de dire,
32:26 on ne paie pas, mais la police prend aussi le risque
32:29 de mettre en péril la vie de l'otage ?
32:32 - Oui, bien sûr. Bien sûr. Bien sûr.
32:35 C'est un risque, mais que Ottavioli a pris.
32:39 Et encore une fois, qu'il a pris tout seul.
32:42 Parce que quand on dit que sa hiérarchie administrative
32:45 et donc politique et judiciaire
32:48 a été d'accord avec sa stratégie,
32:52 c'était un accord, mais...
32:54 Allez, soyons clairs, du bout des lèvres.
32:57 - Après une longue série d'enlèvements dans les années 70,
33:01 Edouard Jeanpin a été le dernier patron kidnappé,
33:04 le dernier sur le territoire de la police judiciaire parisienne.
33:08 Car après lui, 2 autres patrons ont été kidnappés en France.
33:14 - Il y a eu l'enlèvement d'Henri Lelievre,
33:18 qui était un banquier milliardaire qui habitait dans la Sarthe
33:21 et qui a vu un jour débarquer 2 policiers chez lui,
33:25 qui se sont révélés, bien sûr, être des faux policiers,
33:27 parce que c'était mestrine.
33:29 Il avait demandé 6 millions de francs, qu'il a obtenus.
33:32 Et puis l'autre enlèvement, qui ressemble un peu à ça,
33:35 c'est Jacques Hiver, qui était un petit voyou,
33:38 qui, dans les Charentes, enlève un PDG d'une croustillerie,
33:42 Maury Larivière.
33:44 Alors là, on descend encore, lui demande 3 millions de francs.
33:47 - Michel Maury Larivière a été libéré sans remise de rançon
33:51 avant que son ravisseur, Jacques Hiver,
33:54 ne soit arrêté et condamné à 20 ans de prison.
33:57 Quant à Jacques Mérine,
34:00 il n'a pas profité bien longtemps de sa rançon.
34:03 3 mois plus tard, il est abattu par la police, porte de Clignancourt.
34:07 A chaque fois, la police a gagné,
34:09 même si, à l'époque, elle travaillait avec des moyens
34:12 qui, aujourd'hui, peuvent sembler parfaitement désuets.
34:16 - Nous avions des véhicules banalisés vraiment très repérables
34:20 et des talkie-walkie assez peu fiables.
34:23 Maintenant, avec les téléphones portables,
34:26 avec les balises, les GPS,
34:28 ce serait effectivement beaucoup plus facile.
34:31 Là, on se repérait sur des petits plans de banlieue
34:34 qu'on avait dans la main, c'était quand même assez compliqué.
34:37 D'autant que dans une affaire d'enlèvement,
34:40 les premières heures sont capitales.
34:42 A la fin des années 70,
34:44 la recherche d'informations sur la victime n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui.
34:48 - Aujourd'hui, vous allez prendre Internet,
34:52 et sur le net, vous allez avoir tout le curriculum vitae de ce monsieur,
34:56 des photos, des adresses, ses relations, son groupe.
35:00 Vous pouvez aller chercher dans le groupe.
35:02 Enfin, en quelques minutes, vous avez une masse d'informations.
35:05 Nous, à l'époque, on avait un vieux "Ouze-vous"
35:08 dans le bureau du directeur de la PJ, 3 étages en dessous.
35:11 Et puis autrement, il fallait envoyer une équipe dans la famille
35:15 pour essayer d'en savoir un peu plus.
35:18 On envoyait une équipe à la société.
35:21 On appelait les renseignements généraux et la DST.
35:24 Et on avait les mêmes renseignements que sur Internet,
35:26 mais en une demi-journée, quoi.
35:28 - Si l'enlèvement du baron Empin se passait aujourd'hui,
35:32 comment est-ce qu'on procéderait techniquement
35:34 au niveau de la police scientifique ?
35:36 - Alors, déjà, assez rapidement,
35:38 je pense, une partie de la bande serait identifiée.
35:40 Pourquoi ? Parce que dans les véhicules
35:43 qui ont été abandonnés, les staffettes volées,
35:46 la voiture du baron Empin,
35:49 les techniciens de la police technique et scientifique
35:52 auraient trouvé des petits cheveux, des traces,
35:55 sur lesquelles on peut trouver des ADN,
35:57 des relevés de traces papillaires.
35:59 Et comme tous ces gens-là étaient connus, fichés,
36:02 on aurait identifié certainement plusieurs membres de la bande
36:05 assez rapidement.
36:07 - Quel autre moyen ? - Les caméras !
36:09 À Paris, il n'y avait aucune caméra, dans Paris.
36:12 A l'époque, maintenant, je peux vous dire
36:14 qu'on aurait vu certainement le trajet d'une partie du convoi.
36:18 On aurait plus rapidement identifié certainement membres de la bande,
36:22 ce qui ne veut pas dire qu'on les aurait arrêtés aussitôt.
36:25 Ça, c'est une autre paire de manches.
36:27 Mais ça nous aurait déjà mené sur une piste intéressante.
36:30 - Est-ce que ce serait aussi facile, aujourd'hui,
36:32 d'enlever un patron comme ça l'a été
36:34 quand on a enlevé le baron Empin ?
36:37 - Beaucoup plus difficile. Pourquoi ?
36:39 Maintenant, les patrons, depuis cette époque-là, sont brifés.
36:43 Il y a non seulement des services officiels,
36:45 je pense à la DGSI, la ancienne DST, etc.,
36:48 et même des entreprises privées qui vont dans les entreprises
36:52 pour donner des conseils non seulement au patron, au chauffeur,
36:55 pour faire en sorte qu'ils aient leur attention éveillée.
36:59 Un bon chauffeur doit se rendre compte,
37:01 un petit coup dans le rétro, s'il est filoché.
37:03 Il arrive le matin, avant même que son patron sorte de l'immeuble,
37:06 il fait un petit tour dans le quartier,
37:08 voir s'il y a pas des véhicules suspects.
37:10 Et dans l'affaire Empin, comme dans les autres,
37:12 les chauffeurs auraient vu quelque chose d'anormal
37:14 et ils leur auraient signalé à la police.
37:16 Et maintenant, je pense qu'ils sont quand même
37:18 beaucoup plus sensibilisés.
37:20 - Du côté des Ravisseurs, 37 ans après l'enlèvement du baron,
37:27 les rangs se sont clairsemés.
37:29 Alain Caillolle est l'un des seuls survivants.
37:33 - Ils sont morts de vieillesse, de maladie, de banditisme.
37:38 Voilà, ils sont morts.
37:40 Donc, des années de placard, la pauvreté, la maladie,
37:46 la vieillesse, pas sympa.
37:48 - Parmi les disparus, Georges Bertoncini,
37:52 proxénète et trafiquant marseillais
37:54 qui avait été copié de 15 ans de prison
37:56 pour la séquestration du baron.
37:58 Libéré en 1989, il replonge,
38:02 5 ans plus tard, pour trafic de cocaïne
38:04 entre la France et la Colombie.
38:06 Il est mort en prison en 2001.
38:09 Mais la justice n'a pas jugé tous les Ravisseurs du baron empin,
38:14 car 3 d'entre eux ont échappé aux poursuites.
38:17 L'un d'eux, toujours vivant, coule des jours tranquilles.
38:21 Caillolle ne l'a pas balancé.
38:24 - Alors, je vais pas vous demander son nom.
38:27 - Non. De toute façon, c'est périmé.
38:29 C'est un rescapé et c'est un garçon en plus
38:31 qui n'a pas de casier judiciaire.
38:33 - Qui n'en a jamais eu.
38:35 - Qui n'en a jamais eu.
38:37 Et qui, après ça, a refait sa vie.
38:42 Il a eu une période...
38:45 Il était très jeune, du reste.
38:47 Un peu chaude.
38:49 Il a eu beaucoup de chance.
38:53 Il y a des gens qui sont éjectés de l'avion
38:55 quand ils crashent.
38:57 Et puis le mec, il a été éjecté de l'avion.
39:00 - Et comment est-ce qu'il est passé, entre les mailles du filet ?
39:02 - Pas identifié.
39:04 - Et personne ne l'a donné ?
39:06 - Et personne ne l'a donné, voilà.
39:08 - Et que fait-il aujourd'hui ?
39:10 - Aujourd'hui, il travaille à l'étranger, ça va pour lui.
39:13 Alain Caillolle est libéré en 1989,
39:18 après 11 ans de prison.
39:20 11 années pendant lesquelles il s'est intéressé à la littérature.
39:24 Il publie alors un livre sur la correspondance de Georges Sand,
39:28 écrit en détention.
39:30 Cette nouvelle carrière d'écrivain lui permet
39:32 de recroiser la route d'une vieille connaissance,
39:35 le policier qui lui a mis le canon de son arme dans la bouche
39:38 pour le faire avouer.
39:40 - 15 ans après, c'est-à-dire après avoir effectué sa peine,
39:42 voilà que lui fait un livre,
39:44 que moi, j'ai quitté les flics,
39:47 et je suis journaliste à France Inter,
39:50 et qui va être mon invité de plateau
39:52 pour une émission enregistrée.
39:55 Au cours de cette émission, Alain Caillolle ne reconnaît pas Eric Jung,
39:59 le flic reconverti en journaliste.
40:02 - A la fin, je lui dis "M. Caillolle, on se connaît, tous les deux."
40:06 Elle me dit "Ah bon, on se connaît ?"
40:08 Je lui ai dit "Oui, vous parlez même de moi dans votre livre."
40:12 Page 103.
40:14 Et là, je vois la tête de Caillolle qui change,
40:16 je lui dis "Mais c'est pas possible, vous n'êtes pas...
40:19 "Vous n'êtes pas le flic qui..."
40:21 Je lui dis "Si."
40:22 Elle me dit "Mais c'est vous."
40:24 Je dis "Oui, mais vous marquez dans votre livre,
40:26 "je savais qu'il n'aurait pas tiré."
40:28 "Et à quoi vous l'avez su ?"
40:30 Elle me dit "Parce que je l'ai lu dans vos yeux."
40:32 Et depuis, j'ai gardé des relations...
40:36 Amicales n'est pas le mot,
40:38 mais des bonnes relations avec Alain Caillolle,
40:40 que je revois régulièrement.
40:42 - Après quelques années de vie tranquille,
40:46 Alain Caillolle replonge à son tour en 2001
40:48 pour trafic de cocaïne.
40:50 Décidément, pas facile de se ranger.
40:54 - Je dirais que j'ai un agacement à voir que Caillolle a replongé.
40:58 C'est un peu dommage que finalement,
41:00 il ait jamais vu d'autres moyens de réaliser ses ambitions
41:04 que de tomber dans les infractions,
41:07 parce que, au fond,
41:11 j'aurais bien vu Caillolle comme maître de conférence université,
41:17 un peu trop enclin à regarder avantageusement ses étudiantes
41:21 et menant une espèce de vie de dandy, quoi.
41:25 Il y a aucune cruauté chez Caillolle.
41:28 Quand il joue les durs, il se force un peu.
41:31 - Le braqueur amoureux des belles lettres
41:34 refait 5 ans de prison et sort en 2009.
41:37 3 ans plus tard, il publie son 2e livre, "Lumière".
41:42 C'est le titre de sa vérité sur l'enlèvement du baron Empin.
41:46 - Je voulais lui demander pardon collectivement
41:50 au nom de tous, comme lui, il l'a fait.
41:54 Parce que, généralement, les gens qui sont des malfaiteurs,
41:58 qui ont des victimes, ils font de la...
42:00 Et puis, ils s'en foutent.
42:02 Moi, je lui ai dit que j'étais désolé.
42:05 Désolé que ça soit tombé sur lui,
42:07 désolé qu'on lui ait bousillé sa vie.
42:11 Voilà. Qu'est-ce que vous voulez que je lui dise de plus ?
42:15 Je suis désolé.
42:17 - Ce qui est vrai. - Ce qui est vrai.
42:19 - Ce qui est vrai.
42:20 - Dans votre livre, vous avez parlé de syndrome de Stockholm inversé.
42:24 Qu'est-ce que vous entendez par là ?
42:26 - C'est-à-dire que le temps passant,
42:30 Empin étant dans une tente,
42:33 un tel lui donne à manger, un tel à boire, une cigarette.
42:37 Enfin bon, des liens secrets.
42:40 Et puis, on discute.
42:43 Tu fais du tennis, tu fais du ski, tu sors en boîte,
42:47 tu chopes des gonzesses.
42:50 Bon.
42:51 Et en fait, Empin,
42:54 il représentait l'idéal des mecs qui étaient là.
42:59 Être jeune, être beau, être riche,
43:03 être... Voilà. Tout ce que...
43:05 - Tout ce que vous vouliez tous. - Tout ce qu'on voulait tous.
43:08 Donc, il y a eu, avec le respect, une espèce d'admiration,
43:12 comme les gens qui admirent des stars de cinéma.
43:14 - Vous avez rencontré le baron Empin
43:17 à l'occasion de la sortie de votre livre.
43:19 Ça a été un moment d'émotion ?
43:21 - Quand je l'ai revu ? Ah oui, bien sûr.
43:23 Alors, si vous voulez une anecdote,
43:26 quand on l'a pris et que je lui ai lu
43:30 ou donné nos conditions,
43:32 je l'ai tutoyé d'entrée.
43:35 Et je l'ai toujours tutoyé quand il était en détention.
43:40 Aujourd'hui, j'arrive pas à le tutoyer.
43:42 J'arrive pas, j'arrive pas.
43:44 Alors, quand vous parliez de respect, ça doit être ça.
43:47 J'arrive pas à le tutoyer.
43:49 C'est un espèce de seigneur, Empin,
43:52 parce que...
43:54 Il vous reprochera jamais rien.
43:56 Il... Il est au-dessus.
44:00 C'est un type... Pour ça, il est impressionnant.
44:11 - Diane Empin, que pensez-vous
44:13 des excuses d'Alain Caillolle à votre frère ?
44:16 - J'ai pas d'excuses.
44:18 Pour moi, il a...
44:21 Il a meurtri un homme.
44:25 Il a cassé sa vie.
44:27 Il l'a mutilé. Donc, y a pas d'excuses.
44:30 Il a...
44:32 changé une famille.
44:35 Donc, j'ignore.
44:38 Le silence engendre le mépris.
44:41 - Vous regrettez aujourd'hui ?
44:43 - Je regrette rien du tout de ce que j'ai fait.
44:47 Simplement, la bonne question, c'est
44:49 si vous pouviez recommencer votre vie,
44:51 est-ce que vous referez pareil ?
44:53 Voilà. Non.
44:54 - Effectivement, si c'était à refaire...
44:56 - Voilà. Si c'était à refaire, je ferais pas de délinquance
44:59 et pas de banditisme. Aujourd'hui.
45:01 Parce qu'aujourd'hui, je sais des choses que je savais pas.
45:04 Mais...
45:06 Voilà. Moi, j'assume ma vie comme elle a été.
45:09 - Et où vivez-vous aujourd'hui ?
45:11 - Livre, Internet,
45:13 théâtre un petit peu, puis voilà, ciné.
45:16 - Ça vous va, comme vie ? - Parfait.
45:19 Parfait.
45:20 Moi, je suis un petit retraité à la con.
45:24 Je suis pas ce que j'aurais souhaité ou voulu être.
45:28 Et voilà, c'est comme ça.
45:30 - Vous êtes un retraité tranquille.
45:33 - Tranquille...
45:35 Oui, tranquille, qu'est-ce que ça veut dire ?
45:38 Je suis plus un malfite, si c'est ça que vous voulez dire.
45:41 - L'affaire Empin a fait couler beaucoup d'encre au moment des faits.
45:50 Elle a suscité des passions
45:52 et reste ancrée dans la mémoire criminelle des Français.
45:55 Un souvenir ravivé en 2009,
45:57 lorsque le réalisateur Lucas Bellevaux
45:59 porte à l'écran une adaptation
46:01 largement inspirée de l'enlèvement du baron Empin.
46:04 - Allô ?
46:06 - Le scénario ressemble beaucoup à l'affaire,
46:09 mais c'est une transposition contemporaine.
46:12 Le personnage principal, joué par Yvan Attal,
46:15 s'appelle Stanislas Graff.
46:18 Lucas Bellevaux, pourquoi avez-vous décidé d'adapter cette histoire au cinéma ?
46:23 - Parce qu'à l'époque du rap, j'étais assez jeune,
46:27 j'étais adolescent,
46:29 et finalement, j'avais pris ça un peu à l'âge léger,
46:32 en me disant, ouais, finalement,
46:34 c'est un bon exploiteur, etc.
46:36 Il a eu ce qu'il méritait.
46:38 Et en revoyant après le baron raconter son histoire,
46:41 raconter sa captivité,
46:43 je me suis dit, mais ce que cet homme a subi,
46:46 c'est épouvantable,
46:48 on ne peut le faire subir à personne.
46:51 Donc je me suis dit, il faut faire un film
46:53 pour montrer ce que c'est qu'une captivité de ce type-là
46:56 et montrer qu'un homme, quel qu'il soit, est un homme.
46:59 - Qu'est-ce que vous vouliez faire ressortir dans votre film ?
47:02 - La souffrance d'Empin, à tous les moments,
47:08 sa force et sa dignité, certainement,
47:10 et puis l'abomination que ça représente,
47:13 une histoire comme ça.
47:15 Attraper un homme et dans les heures qui suivent,
47:18 lui couper un doigt avant même de lui parler,
47:21 pratiquement, comme ça.
47:23 Et puis c'est un homme réduit à l'état d'animal,
47:26 et encore un animal maltraité.
47:28 Donc il fallait parler de ça, oui.
47:31 - Quel regard portez-vous sur les ravisseurs dans votre film ?
47:35 - Un regard extrêmement dur.
47:37 C'est juste des types qui décident de gagner de l'argent
47:40 et qui sont prêts à tuer un individu, à l'enchaîner.
47:44 Je suis extrêmement sévère.
47:46 - Le baron a déclaré publiquement
47:48 qu'il avait apprécié le film. Ça vous a touché ?
47:51 - Oui, ça m'a touché, parce que c'était...
47:55 J'ai vécu comme une grande responsabilité
47:59 le fait de raconter l'histoire de quelqu'un qui vivait encore,
48:03 qui était une histoire extrêmement dure, extrêmement intime.
48:06 Si lui ne s'y retrouvait pas,
48:08 s'il s'était senti ou trahi, ou sali, ou maltraité,
48:12 ça aurait été quelque part une torture supplémentaire.
48:15 Et je ne voulais pas ça.
48:17 J'ai fait le film justement, pas pour le réhabiliter,
48:20 mais en tout cas pour dire, voilà,
48:22 cet homme n'était coupable de rien.
48:25 Musique douce
48:28 ...
48:31 - Aujourd'hui, le baron Empin a 77 ans.
48:34 Il partage son temps entre la région parisienne et Monaco.
48:38 Remarié, grand-père et arrière-grand-père,
48:41 il s'est reconstruit et savoure sa 2e vie.
48:45 ...
48:50 - Diane Empin, comment va votre frère aujourd'hui ?
48:53 - Aujourd'hui ? Ce qui nous a sauvés dans tous ces événements,
48:57 c'est que nous avons toujours gardé un certain humour.
49:00 C'est notre éducation, peut-être aussi notre étoile.
49:03 Le rire et le partage. Donc aujourd'hui, il va bien.
49:06 - Ça lui a donné davantage d'authenticité.
49:09 Il est devenu plus accessible, plus humain, plus proche.
49:16 Je me souviens d'une conférence de presse qu'il avait donnée
49:19 un peu après sa libération où il avait dit, au fond,
49:22 il perçoit que le bonheur, ça consiste à se lever le matin,
49:25 à prendre un bon café, à prendre une douche,
49:28 à embrasser les siens et à partir travailler.
49:31 Voilà, c'est... Au fond, je pense à rediriger
49:35 vers une forme assez simple du bonheur.
49:39 - Des bonheurs simples comme la chasse
49:42 ou les vacances à la montagne.
49:45 - Il a des amis qui lui sont restés fidèles.
49:49 Vous savez, ça sert aussi... Quand on a été au Panthéon
49:54 et qu'on redevient un monsieur tout le monde,
49:57 on mesure aussi la qualité de ses amis, de ses vrais amis.
50:01 - Est-ce que vous diriez qu'aujourd'hui, il est un homme apaisé ?
50:05 - Sur un contexte familial, il est apaisé.
50:10 Il a retrouvé ses enfants. On l'aime.
50:14 On est chaleureux, on est heureux, on rit. Donc il est apaisé.
50:18 - C'est un homme qui a trouvé sa place dans la vie.
50:22 - C'est un homme qui a trouvé sa place dans la vie.
50:26 - C'est un homme qui a trouvé sa place dans la vie.
50:30 - C'est un homme qui a trouvé sa place dans la vie.
50:34 - C'est un homme qui a trouvé sa place dans la vie.
50:38 - C'est un homme qui a trouvé sa place dans la vie.
50:42 - C'est un homme qui a trouvé sa place dans la vie.
50:46 [Musique]

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