• il y a 6 ans
Né le 24 décembre 1879 selon le calendrier Julien (en usage en Russie à cette époque), Nikolaï Medtner est de quelques années le cadet de Rachmaninov et de Scriabine, qui lui ont longtemps fait de l’ombre avant que sa musique soit l’objet d’un nouvel engouement, grâce notamment aux interprétations du pianiste Emil Guilels mais aussi à celles de Svetlanov qui, pianiste lui aussi, a toujours défendu cette musique.
Récitaliste et concertiste, Medtner fut également professeur au conservatoire de Moscou mais choisit de quitter la Russie soviétique en 1921. Il vécut aux États-Unis puis à Paris et s’installa finalement à Londres, où il mourut. Il eut la chance extravagante de susciter l’enthousiasme du Maharadjah de Mysore (dans l’état de Karnataka, en Inde), qui lui permit d’enregistrer ses propres compositions.
La plupart des œuvres de Medtner (quatorze sonates, trois concertos, des œuvres de musique de chambre, des mélodies) sont destinées au piano ou utilisent le piano. Elles font preuve, pour le dire vite, d’une violence à la manière de Scriabine, d’une effusion à la manière de Rachmaninov (qui plaçait Medtner très haut et, installé aux États-Unis dès 1917, lui apporta un réel soutien lors de ses tournées américaines), mais aussi d’une nostalgie la musique d’un Brahms. Medtner ne s’est jamais reconnu dans les recherches pratiquées par ses contemporains, comme il s’en est expliqué dans son ouvrage La Muse et la mode (1935) où il défend « les lois sacrées de l’Art éternel ». Comme l’écrit le pianiste Alexandre Paley, « par ses origines, il incarne la conjonction de l’âme russe et de l’esprit allemand. Loin de moi l’idée de minimiser son art de la mélodie, mais on ne peut nier que son génie réside avant tout dans un sens très germanique de la polyphonie. »
La dixième sonate de Medtner, dite Sonata-reminiscenza, ouvre le cycle des « Mélodies oubliées » qui comprend huit autres pages plus brèves, toutes baptisées danza ou canzona, sauf la dernière, Alla reminiscenza, qui renoue avec le sous-titre de la sonate. Celle-ci s’ouvre sur un motif en forme de ballade brahmsienne indiqué Allegretto tranquillo. La musique trouve rapidement des accents passionnés avant qu’à cette première séquence succède un épisode tumultueux, agité, où Medtner multiplie les recherches de couleur et d’intensité et qui peu à peu retombe dans l’ambiance attendrie du début.
Texte par Christian Wasselin

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