Sous la direction de Pablo Heras-Casado, l'Orchestre philharmonique de Radio France joue l'Alborada del gracioso de Ravel. Extrait du concert donné le 3 novembre à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Muisique.
Immédiatement après avoir achevé les Miroirs pour piano, Ravel en orchestre la troisième pièce, Une barque sur l’océan. Insatisfait du résultat, il attend douze ans avant de réaliser la version symphonique d’Alborado del gracioso, quatrième morceau du recueil. Cette fois, la réussite est éblouissante, la diaprure instrumentale compensant la diminution de la nervosité percussive et l’originalité de l’écriture pianistique.
Comme la Rapsodie espagnole de 1908, cette « Aubade du bouffon » évoque une Espagne mystérieuse et brûlante, propice aux passions extrêmes. Des dissonances mordantes, héritées du flamenco, émaillent la première partie, tandis que l’épisode central laisse s’épancher une sensualité douloureuse. Ravel a-t-il songé à L’Anniversaire de l’infante d’Oscar Wilde ?
Dans ce conte publié en français en 1889, un nain ignorant sa difformité aime l’infante de la cour d’Espagne ; découvrant son apparence lorsque la jeune princesse lui tend un miroir, il meurt de désespoir. On perçoit dans Alborada del gracioso semblables détresse et cruauté, notamment dans la section conclusive qui combine les mélodies des deux parties précédentes. La danse saccadée du bouffon, sa « sérénade grotesque » (titre d’une pièce pour piano écrite par Ravel vers 1892-1893) sont sœurs de La Valse (1920), qui transposera bientôt l’image d’un monde anéanti.
Immédiatement après avoir achevé les Miroirs pour piano, Ravel en orchestre la troisième pièce, Une barque sur l’océan. Insatisfait du résultat, il attend douze ans avant de réaliser la version symphonique d’Alborado del gracioso, quatrième morceau du recueil. Cette fois, la réussite est éblouissante, la diaprure instrumentale compensant la diminution de la nervosité percussive et l’originalité de l’écriture pianistique.
Comme la Rapsodie espagnole de 1908, cette « Aubade du bouffon » évoque une Espagne mystérieuse et brûlante, propice aux passions extrêmes. Des dissonances mordantes, héritées du flamenco, émaillent la première partie, tandis que l’épisode central laisse s’épancher une sensualité douloureuse. Ravel a-t-il songé à L’Anniversaire de l’infante d’Oscar Wilde ?
Dans ce conte publié en français en 1889, un nain ignorant sa difformité aime l’infante de la cour d’Espagne ; découvrant son apparence lorsque la jeune princesse lui tend un miroir, il meurt de désespoir. On perçoit dans Alborada del gracioso semblables détresse et cruauté, notamment dans la section conclusive qui combine les mélodies des deux parties précédentes. La danse saccadée du bouffon, sa « sérénade grotesque » (titre d’une pièce pour piano écrite par Ravel vers 1892-1893) sont sœurs de La Valse (1920), qui transposera bientôt l’image d’un monde anéanti.
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